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Citations de Sarah Chiche (414)


Je ne me souviens pas de la voix de mon père, de son regard ni même de ce que pouvait bien être l’entendre rire ou partager un bon repas à ses côtés. C’est peut-être la raison pour laquelle j’ai trouvé à loger mon squelette dans le corps des lettres tracées une à une dans des carnets puis dans des livres. Pour donner une représentation aussi imagée que possible de cette forme de vie : mon centre de gravité ne se trouve ni entre mes jambes ni dans ma tête, mais dans l’abîme où je flotte, jusqu’à devenir l’abîme lui-même quand j’écris ou que j’aime - ce qui, chez moi, revient d’ailleurs au même. Cet abîme n’a pas de genre ni de sexe. Je ne me considère pas comme une femme ni comme un homme. Tout au plus suis-je un personnage au sein duquel vivent d’autres personnages, tous parlant entre eux et formant une constellation dont je ne connais pas l’épicentre.
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...car peut-être ne vivons-nous tout à fait que quand nous rêvons, parfaitement heureux et parfaitement inertes, contre la personne que nous aimons et avec qui nous venons de faire l’amour, le reste, tout le reste du temps n’étant consacré qu’à tenter de nous fondre dans le troupeau de l’espèce animale humaine, en attendant que la nuit nous avale tous, un par un, et à gesticuler sous les étoiles avec une certaine dignité, certains s’essayant même à « laisser une trace », alors qu’il n’y a aucune différence entre la trace que laisse un lichen arraché du mur et nous, sauf qu’il est un lichen accroché à un mur et que nous nous figurons que les gargouillis de notre âme produisent une certaine harmonie et ont donc une certaine importance, alors que, de toute évidence, nous avons le même destin qu’un lichen qui un jour se met à pousser sur un mur, puis un jour en est arraché. Ce n’est pas vrai que nous nous desséchons en prenant de l’âge. Nous nous détachons simplement de ce qui, pour nous, n’était pas une question de vie ou de mort. Je tente de me rappeler la personne que j’étais avant que l’amour me fasse m’abolir. Je ne m’en souviens plus.
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Ah, celle-là, sa mère est complètement folle, tous les ans elle va faire un séjour chez les dingos, les dingos parce qu'elle est dingo, et elle aussi, la menteuse qui raconte partout qu'elle est une petite princesse juive et que son père est explorateur en Afrique, elle finira dingo chez les dingos.
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C’était long l’enfance. Beaucoup trop long. La vraie vie, la grande vie n'arriverait jamais.
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On sait ce qu'est la dévalorisation. Plus perçante est la haine de soi. Elle méduse. On se regarde comme les autres vous regardent, comme un être qui aurait tout pour être libre et heureux, et qui rencontre cette haine féroce de soi, dans laquelle toutes vos pensées se réfugient pour vous faire mourir de l'intérieur. Mais ce qui tue, ça n'est pas seulement la douleur morale. Ce qui tue, c'est aussi la condescendance et le mépris de ceux qui pensent que la douleur d'un deuil qui se prolonge relève d'une paresse de la volonté ou d'une faiblesse complaisante.
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Mon grand-père était bon comme le ciel bleu, c’est-à-dire avec sérénité.
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La maladie de votre père, je le comprends aujourd'hui , n'était pas à proprement parler la maladie d'un seul homme, mais la maladie humaine. Elle s'attaque en priorité aux plus doués. Pas aux illuminés, non. Aux êtres qui dissèquent tout, trop épris d'analyse et de raisonnement pour ne pas vivre leur intelligence comme une malédiction. Ils creusent les terres de l'esprit pour trouver de l'or, trop longtemps, trop loin, tant et si bien que coupant à travers la peau des âmes ils finissent par tomber sur leur propre carcasse collée à l'os du monde.
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- Tu m'as donné le jour et la nuit. Je n'ai jamais pu aimer à moitié, aimer du bout du cœur, aimer sans me jeter dans un brasier ardent, et c'est à toi, maman, que je le dois.
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Alors, elle décide qu’elle ne dépendra jamais de rien, ni de personne. Sa mère, elle la sortira de là, et un jour elle lui fera une vie, entièrement nouvelle, une vie riche, une vie heureuse et belle, coûte que coûte, par n’importe quel moyen, - et peut-être entend-elle déjà le son étrange de cette formule dans sa tête, tout l’avenir inconnu qu’elle est en train de changer en une aiguille à percer les cœurs et les âmes par sa beauté.
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Depuis l’enfance, je réponds à ce panneau muet, cette ardoise brandie par mon père sur son lit de mort, ce geste ultime d’écriture. J’y réponds par l’écriture.
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La fin d’une histoire ne signifie pas la fin de l’amour.
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Peut-on vivre plusieurs vies au sein d'une même vie ? Peut-on "refaire"sa vie ou s'agit-il d'une autre vie ? Refaire sa vie suppose qu'il y aurait donc un début, une fin, et qu'on pourrait, à un moment donné, raturer tout ou partie de ce qui a déjà été fait, pour le refaire, différemment. Il existe cependant des configurations différentes : on voit des êtres que le chagrin ou l'angoisse avait laissés pour morts renaître sous une tout autre forme.
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Toute naissance est la mort naissante d'un idéal : les enfants ne ressembleront jamais trait pour trait à la façon dont leurs parents et leurs grands-parents les ont rêvés. Toute éducation est un échec : les parents et les grands-parents blessent toujours, souvent même sans le vouloir, un enfant.
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Quand ce jour advient, on est supposé faire un choix, celui de mourir à son tour ou de continuer à vivre. Je n’ai pas fait ce choix. Je n’en veux pas. (…) J’habite l’ardeur avec toi. Dans la mort des soleils, je ne vois que ton visage ; et je ne tiens pas à ce que cela change.
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On dresse donc des enfants à haïr, à mort. Quand ils sont suffisamment conditionnés à la haine, par une alternance de caresses trompeuses et d’humiliations inavouables, quand leur tête est assez colonisée par des histoires atroces, qui les précédent et dont ils sont les fruits malades, on les lâche dans ce qu’ils prennent à tort pour la liberté, mais qui n’est qu'une autre cage, juste plus vaste.
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C'était une douleur qui avait l'immensité du monde. Ce n'est plus rien. Pas même une question. Une histoire, scellée dans les nuits d'enfance, qui m'a percutée, et tuée, il y a des siècles.
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Que voulez-vous, vous êtes irrécupérable. Vous avez l’âme noire, vicieuse, d’un serpent peinturluré en biche. Quoi que puisse en penser mon vieux père, que vous avez réussi à berner par vos charmes, comme vous en bernez tant d’autres, moi, je ne vous trouve aucune excuse. Non. Vous n’êtes qu’une concubine entre les mains d’un garçon qui ne sera jamais un homme. Je suis le frère de Harry. Et au nom des miens, au nom de l’état dans lequel vous avez mis mon frère, je vous le jure: vous ne ferez jamais partie de notre famille. Nous ne vous recevrons plus: ni demain, ni les autres jours. AC
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Nous vivons, en permanence, dans et avec nos morts, dans le sombre rayonnement de nos mondes engloutis; et c'est cela qui nous rend heureux.
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Mes yeux s’arrêtent sur la bague de fiançailles qui brille à son doigt, puis sur son visage éclatant de beauté et de santé, ses yeux limpides, son nez fort, ses seins haut perchés que son débardeur blanc cache à peine, et la peau cuivrée de son cou. L’enfant asthmatique que je tenais dans mes bras, la nuit, dans la salle de bains où j’avais fait couler assez d’eau chaude pour l’empêcher d’étouffer, s’en est allée avec le printemps. Et que ce printemps qui vient pour elle soit mon automne m’attendrit en même temps qu’il me blesse. Elle est d’une beauté évidente, immédiate, solaire, sans opacité aucune. C’est une beauté qui fait du bien au cœur quand on a perdu le goût des choses, comme se mettre au soleil réchauffe quand on sort de l’eau fraîche.
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Depuis le début, il savait qu'elle mentait, qu'elle lui avait menti sur tout. Elle restait cette forteresse sans porte ni fenêtres sous le plancher de laquelle il était persuadé que se trouvait le plus beau des trésors, son moi profond, qu'un jour il exhumerait, pour la sauver et la transformer.
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