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Citations de Sarah Chiche (414)


Vénérer les reliques des saints n'a jamais fait de nous des saints.
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Les Japonais nomment Takotsubo, qui veut dire “piège à poulpe”, ce syndrome où, à la suite d’une rupture amoureuse, d’un deuil ou d’un choc émotionnel intense, le cœur se déforme, ses muscles s’affaiblissent et deviennent si paresseux que, tout à coup, littéralement, il se brise.
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C'était la conscience de ne rien regretter, que de la vie j'acceptais tout, le meilleur comme le pire, et que si c'était à refaire, je consentirais à revivre point par point tout ce que j'avais vécu, même si certaines de ces expériences m'avaient laissée pour morte, puisque j'étais tissée de tout cela, et que c'était bien tout cela, le pire comme le plus brûlant, le plus obscur comme le plus lumineux, le plus trivial comme le plus intense, et le choix de la solitude pour me tenir éloignée des critiques des uns comme des éloges des autres, qui m'avait donné la possibilité de flotter, paisiblement, dans le vide des choses, jusqu'à devenir moi-même ce vide dans lequel on se laisse démembrer par l'amour.
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Tu aimes donc les livres à ce point? me dit-il. Comme ton père. Ton père aussi aimait les livres comme on peut aimer des êtres.
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Je me sens tapissée d’une substance opaque, qui tache de nuit tout ce que je regarde. Les maisons sont ternes. Les arbres, desséchés. Le ciel, sale. Viennent des rêves où tout recommence. Ce sont des rêves où toutes les couleurs semblent plus vives : les bleus sont plus tranchants, les rouges plus brillants, les blancs plus laiteux. J’ouvre une porte. Les gens qui sont morts ne sont pas morts. Leur visage est lumineux. Ils me prennent dans leurs bras. Je ne suis plus seule. Je n’ai plus peur. Je n’ai plus froid. Quand j’ouvre les yeux, je mets de plus en plus de temps à me souvenir qu’ils sont vraiment morts. Persiste, pendant plusieurs heures, le sentiment qu’ils sont toujours là, et qu’ils vont venir me chercher, et tout sera pardonné. Les portraits de mes grands-parents, de mon père et de mon oncle gisent sur mon oreiller. Je colle mon visage au leur. Je veux rentrer dans les images, mais mes dents se mettent à claquer. La terreur s’abat sur moi. Mes yeux n’arrivent plus à se détacher des affaires de ma grand-mère : je ne peux ni les toucher ni les jeter. Et du fond d’une valise éventrée, l’œil d’argent du dragon ornant la soupière de ma grand-mère me regarde, prêt à me calciner. Ma bouche reste fermée
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Car il n'est, ici, pas question d'avoir des rêves personnels. La perfection n'en tolère pas.
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(...) ces accusations viennent en général des mêmes qui fantasment sur le prix insensé des séances d'analyse sans savoir que bon nombre d'entre nous travaillent en institution où les séances sont gratuites et que pour ceux d'entre nous qui travaillent en libéral, il nous arrive de recevoir certains patients très démunis pour quelques euros (j'ai bien dit quelques euros et non pas quelques dizaines d'euros).
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De quel droit devrions nous être assignés, à vie, à ce que nous avons été à un moment donné ? Un jour, nous sommes le fantôme de notre vie, une loque en errance sous notre linceul de peau. Deux ans, cinq ans, ou vingt ans plus tard, nous sommes tout autres, la vie nous a repris sous son aile et les horreurs par lesquelles nous sommes passés appartiennent à un passé dont nous n'avons rien oublié mais qui semble appartenir à une autre vie. C'était nous, mais ça n'est plus nous.
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C’est ça, le miracle de l’art : nous raconter en un détail des choses incroyables sans jamais les dire tout à fait.
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Il y avait, au moment même où Goya vivait à Bordeaux, un Autrichien du nom de Gall. Il était médecin et absurdement persuadé qu’on pouvait déterminer l'intelligence, le caractère ou les faiblesses morales d’un individu en étudiant la forme de sa tête. Il avait divisé la surface du crâne en aires, chacune prenant en charge une vertu ou un vice particuliers, une bosse étant la preuve irréfutable du développement d’une faculté; un creux, son défaut: ici, le sens esthétique des couleurs ; ailleurs, la sagacité; plus haut, le goût pour la volupté ou le penchant au meurtre. À sa suite, persuadés d’avoir mis au jour le secret des caractères humains, croyant qu’on pouvait avoir la bosse de la ruse, de la volupté ou du crime, à Londres, à Delhi, à Berlin, à Paris, tout un tas de savants se mirent à tâter des crânes de génies, de fous, de putains ou de criminels. Plus qu’une vague, c’était une véritable épidémie, comme l’avait été l’exorcisme et comme le furent les tables tournantes. On retrouve même la doctrine des bosses chez Balzac ou Poe. C’est aussi à ce moment-là qu'on commença à entreposer dans les recoins de certains hôpitaux des coupes de têtes dans des bocaux, dont vous avez peut-être déjà vu des reproductions dessinées : d'un côté, le visage intact, les yeux clos ; de l’autre, les os et la cervelle mis à nu. p. 142
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Les réseaux sociaux ont remplacé la ville.
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Qui sait combien de pièces de théâtre ou de romans renferment, sous le couvert de la fiction, de authentiques aveux concernant des crimes ou des disparitions inexpliquées.
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régnait l'inhibition victorienne à l'égard de la sexualité, qu'on imagine facilement au principe des hystéries de la patientèle bourgeoise de Freud
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[…] les Popesco sont la quintessence de tout ce que tu exècres, les Popesco se vautrent dans leur suffisance et leur béatitude, c’est une profanation, oui, une profanation de tout ce que tu as pu constater de l’engagement de ces psys que tu as vus à Vienne travailler auprès des enfants réfugiés, ou bien à Paris dans ces services hospitaliers où tu les as vus soigner, oui soigner, des schizophrènes ou des mélancoliques avec un dévouement et une abnégation qui forçaient ton respect, une profanation infecte, ignoble, infâme du dévouement de cet ami qui pratique à la campagne, reçoit des patients pour dix euros ou en échange d’un déjeuner, et qui, une fois, est allé faire une séance à domicile avec un agriculteur qui avait, posé sur la chaise à côté de lui, un fusil chargé, tu sais très bien que la psychanalyse est une grande aventure individuelle, morale et existentielle, tu sais très bien que c’est grâce à la psychanalyse que tu as pu aimer et travailler, mais tu sais très bien aussi que c’est à cause de gens comme les Popesco que la psychanalyse est aujourd’hui nulle, arrêtée, prostituée, disqualifiée, ridiculisée, déconsidérée, parodiée, ou que tu n’as pas voulu rentrer dans une société de psychanalyse, pas voulu te faire la petite esclave de petits-maîtres […].
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Les morts ne sont pas avalés, ni par l’eau ni même par la terre. Ils continuent de marcher parmi les vivants. Quand nos souvenirs avec nos proches s’effacent dans le lointain de chambres, d’écoles, de fêtes d’anniversaire, de champs, de sentiers de montagnes ou de plages, que nous n’arpentons même plus dans nos songes, restent les récits que nous tenons des autres. Puis, un jour, ces autres s’évaporent eux aussi. La dernière personne qui pouvait nous parler de la personne que nous avons perdue meurt à son tour ; et, dans cette césure fatale, le temps devient, dit-on, irréversible.
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Notre sensibilité au mal et à la catastrophe est façonnée de manière souterraine par Goya. Ce qu’il montre est bien plus efficace que n’importe quel discours sur la guerre ou les passions humaines.
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Je ne rêve pas de mes morts, ils flottent dans le néant que je deviens, dans ces moments-là, à mes propres yeux. Je les vois en arrière de mes yeux. Et moi, je ne sais pas dans quel lieu je me trouve quand ça arrive, parce que j'ai disparu. C'est comme si j'avais perdu la ligne de mon existence, mes organes, ou que j'étais déjà morte, ou plutôt que je l'avais toujours été et que le passé arrivait depuis le futur. (p301)
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Mais quand je songe aux monstres que nous avons été, à la façon dont un certain nombre d'événements se sont morbidement engrenés les uns dans les autres, et à ma responsabilité dans cette tragédie, ces vies perdues reviennent me hanter. (p27)
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Il y avait quelque chose de pourri dans notre royaume. Je le sentais confusément. J'avais neuf ans. Et bien d'autres rêves ridiculement plus petits, solitaires et féroces, sans remède aucun. Les enfants savent tout mais ne comprennent rien. Leur égoïsme et leur silence les protègent - et, parfois, les rendent, malgré eux, monstrueux.
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Après les invitations au restaurant, les promenades le long des quais ou au marché aux puces, la barque au bois de Boulogne, les soirées au cinéma, il l'emmène chez lui. Elle ne rentrera plus jamais chez elle.
Sa robe quitte ses épaules. Il la porte jusqu'à son lit, prend son visage entre ses paumes, scrute son regard, frotte le bout de son nez contre le sien, embrasse ses yeux, lèche sa langue, la tète, l'aspire, et entre en elle comme on saute un fleuve de feu.
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