Phase d'éveil
Tout a commencé lorsqu'Ange77, amie chère de Babelio, m'a proposé une lecture commune.
Compulsant avec frénésie sa liste de livres restant à lire, j'ai pu constater que nous en avions un certain nombre en commun. Mais sans hésiter, d'un commun accord, nous avons choisi telles deux âmes soeurs littéraires Le somnambule de Sebastian Fitzek.
Elle parce qu'elle avait adoré Thérapie du même auteur, et moi parce que je suis en pleine découverte de thrillers allemands et que Fitzek est depuis trop longtemps déjà sur ma liste d'auteurs à lire.
Nos planètes étaient alignées.
Nous avons même pu commencer notre lecture en même temps, à la micro-seconde près.
Et d'ores et déjà, je remercie Ange77, ma complice et meilleure amie, ma correspondante et confidente, pour ce fabuleux moment de lecture que nous avons partagé.
Et je reviens vous parler du livre à proprement parler ... juste après ma sieste !
* * *
Phase de sommeil
En me levant, mon regard est immédiatement attiré par la lumière de veille de mon ordinateur.
Je m'y installe donc et je lis ce que mon alter-ego a écrit.
Non mais quel ramassis de conneries ! Quelle hypocrisie ! C'est pas possible d'être aussi benêt.
La vérité, je vais vous la dire : Ange77 m'a supplié de bien vouloir lire un livre en même temps qu'elle. J'en ai sélectionné une dizaine, pour faire ma bonne action du jour. Et elle a choisi Le colis de Sebastian Fitzek. J'emmène donc le roman dans mon sac de voyage, puisque je partais en vacances, et quand le moment attendu ( enfin, "attendu", façon de parler hein ) arrive, elle m'annonce qu'elle ne retrouve pas son roman, qu'il est dans des cartons dans son grenier où il y a des rats et où il fait soixante-dix degrés à l'ombre. Et qu'est-ce que j'y peux, sérieux ? Elle pouvait pas y réfléchir avant ? Résultat des courses, nous avons du nous rabattre sur Le somambule, un autre Fitzek, et c'est moi qui ai fait des kilomètres et des kilomètres pour le récupérer sous une canicule qui m'a liquéfié. A peine de retour, j'avais un message qui me disait "Bon, comme j'ai eu aucune nouvelle j'ai commencé sans toi !". J'étais fatigué, dégoulinant de sueur, j'étais à deux doigts de prendre le livre et de le balancer par la fenêtre. Je n'ai même pas pu prendre de douche, j'avais déjà dix chapitres de retard.
Une véritable torture que cette lecture commune !
Et maintenant je verrouille mon texte, on verra bien si mon double osera publier cette version en lieu et place de son introduction lisse et mielleuse.
D'autant que je lui réserve quelques petites surprises.
* * *
Phase d'éveil
Trop courte cette sieste ! Enfin, j'ai pourtant dormi deux heures mais j'ai l'impression de ne pas avoir fermé l'oeil. D'ailleurs j'ai bien l'impression qu'un intrus est rentré chez moi en mon absence. J'ai retrouvé mon clavier d'ordinateur caché dans un compartiment de mon congélateur, et en outre quand j'ai entré le mot de passe pour débloquer mon écran de veille il ne fonctionnait plus. Ou alors je perds la tête ?
Enfin je l'ai réinitialisé, copié sur un bout de papier désormais bien caché, et c'est reparti.
Le somnambulisme, et Fitzek nous l'explique très bien, n'est pas à proprement parler des agissements inconscients qui ont lieu lorsque nous sommes endormis. C'est un état de troisième conscience, qui n'est donc ni celle de l'éveil, ni celle du sommeil. Etat durant lequel les personnes atteintes de ce trouble peuvent agir on ne peut plus normalement ( manger, se promener, discuter ) ... ou devenir de parfaits petits schizophrènes.
"Quand je dors, je me transforme. Je ne suis plus moi-même."
Le cas bien réel de Kenneth Parks est d'ailleurs rapidement mentionné au sein du livre. Le 24 mai 1987, ce Canadien apparemment heureux mais souffrant de parasomnie a conduit en pleine crise de somnambulisme durant vingt-cinq kilomètres, se rendant chez ses beaux-parents. Il a agressé son beau-père et tué sa belle-mère avant de se rendre à la police. Le jury l'a déclaré innocent à l'unanimité étant donné qu'il n'était pas conscient de ses actes.
Dans le roman de Fitzek, le somnambule s'appelle Léo Nader. Il a lui aussi été victime de troubles du sommeil alors âgé de onze ans, à la suite d'un violent traumatisme.
Devenu adulte, alors que son cabinet d'architecture est en plein essor et qu'il a épousé la somptueuse et richissime Natalie, photographe de renom, les crises recommencent. Ils ont réussi à emménager dans un luxueux appartement où les locataires sont triés sur le volet, mais le rêve devient bientôt cauchemar.
Son épouse Natalie prend ses jambes à son cou, le visage meurtri, en boîtant, effrayé par son conjoint. En parallèle, Léo a égaré son alliance, mis ses chaussures au micro-ondes, et il sait que dans cet état troisième il est capable de tout.
Même de faire du mal à la femme qu'il aime. Sans pouvoir s'en souvenir.
Et son épouse semble avoir totalement disparu des radars.
Dès lors, il appelle à l'aide. Son ancien psychiatre se souvient de lui, mais il s'apprête à partir en voyage. Ses propos sont cependant plutôt rassurants.
Il prévient même la police, mais ils doivent attendre deux semaines avant de pouvoir commencer à rechercher un adulte disparu.
J'étouffe un premier baillement, puis un second. Allez, je suis presque au bout de mon paragraphe.
Il ne reste donc d'autre choix au sympathique Léo que d'enquêter sur lui-même, et de découvrir ce qu'il fait en réalité quand il est endormi afin de découvrir la solution du mystère.
Et il faut à tout prix que j'aille me faire du café. Mais je n'ai même pas le courage de me lever de mon fauteuil.
Je crois bien que je suis en train de piquer du nez.
* * *
Phase de sommeil
Ah, ça fait plaisir d'être de retour !
Vachement bien caché le nouveau mot de passe … Dans le premier tiroir à droite, bien en évidence …
Bon, vous l'aurez compris, moi la lecture c'est pas trop mon truc. Je préfère sortir m'amuser en ville et picoler, regarder des trucs cochons sur internet, ou creuser des tunnels la nuit. Comme Antyryia ( non mais quel pseudo ridicule ... ) n'utilise quasiment jamais son garage, j'ai d'ailleurs commencé à creuser un souterrain qui devrait m'emmener jusqu'en Belgique.
Histoire de rendre une visite surprise à cette si chère Ange77 en débarquant directement dans sa salle de bain. J'irai probablement au grenier ouvrir tous ses cartons pour voir combien de temps ça lui aurait pris pour retrouver Le colis. Cinq minutes ? Dix ? En fonction, j'adapterai ma punition. Mais bon, soixante kilomètres environ, même en ligne droite, ça va me prendre un peu de temps. J'ai déjà creusé un puits, installé une échelle rudimentaire sous une trappe, et creusé une galerie d'une bonne centaine de mètres.
Alors que je m'apprête à continuer, j'entends comme des gémissements à proximité.
Je l'avais complètement oublié celle-là ! Un petit souvenir de ma virée de l'avant-veille, ligotée et baillonnée. Encore en vie de toute évidence.
N'écoutant que mon bon coeur ( et aussi pour maintenir plus longtemps le plaisir de la torture j'avoue ), je retire la muselière de ma jeune victime afin de lui donner un peu d'eau. Et elle me mord la garce ! Jusqu'au sang ! Ses dents ne veulent pas lâcher mon poignet !
Seul un bon coup de pelle parvient à lui faire lâcher prise.
Quant à moi, après avoir creusé quelques centimètres supplémentaires, je remonte désinfecter ma morsure et mettre un pansement avant de m'installer devant l'ordinateur.
Et là, j'ai une idée de génie !
Bon, je n'ai pas lu cette histoire de somnambule de Sébastian Fitzek, mais mon autre moi prend tellement de notes à chaque fois que j'ai un résumé complet de l'histoire, des citations surlignées.
"Presque comme s'il avait un second visage."
Celle-ci est rigolote, non ? Mais le plus drôle, ce serait de raconter la fin aux lecteurs de mon timide jumeau. Tous les membres de Babelio le détesteraient et il recevrait des messages d'insultes ! Ca serait topissime !
Alors, à la fin, Léo s'aperçoit qu'en réalité il ...
* * *
Phase d'éveil
Eh bien ... On dirait que je me suis encore endormi devant mon ordinateur hier soir.
Mais qu'est-ce que j'ai au poignet ? C'est vraiment douloureux. Je soulève le pansement et j'aperçois des traces ... de dents ?
Et pourquoi je suis tout habillé et que mes vêtements sont couverts de poussière ? Pourquoi mes chaussures sont pleines de boue ?
"Il y a tellement de choses que je fais pendant mon sommeil et dont je ne me souviens pas ..."
A ce moment je constate que ma chronique du somnambule a curieusement avancé, et je lis avec effroi ce que l'autre moi a accompli cette nuit.
Ca explique tout. Y compris mes courbatures et la fatigue toujours omniprésente.
Je vais rapidement finir mon billet - après tout, les internautes qui me liront penseront probablement qu'il s'agit d'une forme d'humour noir en lien avec le roman - et ensuite je descendrai au garage avant d'appeler la police si c'est nécessaire. Même si l'envie d'être interné ne me réjouit guère, ça ne peut décemment pas durer comme ça.
"Est-ce que je deviens fou ? Ou n'est-ce qu'une illusion ?"
Mais le plus urgent pour l'instant, c'est évidemment de vous parler de ce roman et de ce que j'en ai pensé.
L'ambiance est mystérieuse et oppressante, chaque fin de chapitre nous accorde un nouveau rebondissement, et les phénomènes inexplicables s'accumulent les uns après les autres.
"Une fois de plus, la résolution d'une énigme en a fait surgir une autre."
Le somnambule amène le lecteur de surprises en suprises, semble devenir totalement irrationnel par moments, certaines des énigmes proposées sont impossibles à résoudre, n'ont pas la moindre logique.
"Léo secoua la tête, incapable lui-même de trouver une explication qui remettrait son monde sur les rails."
Sa mémoire est telle une passoire, il ne se souvient ni d'avoir offert une croisière à ses parents, ni de ce qu'il a pu faire de la maquette de l'hôpital pour enfants pour lequel son cabinet d'architecture a répondu à une appel d'offre.
Même son meilleur ami le croit devenu fou.
Parce que finalement, c'est ce que relate le somnambule : La plongée dans la folie d'un homme qui perd tous ses repères, qui s'aperçoit que toutes ses conclusions sonr erronées, et qui se fustige à l'idée de ce qu'il a bien pu faire à son épouse. Il navigue entre rêve et réalité, reprend conscience dans les endroits les plus insolites, lutte pour ne plus s'endormir mais sa réalité est comme un mirage, il est comme prisonnier d'un délire incompréhensible qu'il a lui-même créé et qui s'intensifie encore et encore page après page, maintenant le lecteur en haleine.
On ne lit pas Le somnambule, on le dévore. Dès les premières pages Sebastian Fitzek nous happe dans son intrigue à la fois simple à suivre et complexe quand il s'agit d'imbriquer tous les éléments, et il ne nous lâche plus. Comprendre et savoir deviennent primordiaux.
Absolument rien n'est laissé au hasard, et le moindre petit détail a son importance.
Mais ( parce qu'il y a presque toujours un mais ), il est tout d'abord dommage d'en apprendre aussi peu sur le somnambulisme, sur son fonctionnement, alors que c'est le thème central du roman. Je n'avais pas besoin d'explications scientifiques détaillées, mais juste d'en savoir un peu plus sur le mécanisme du cerveau qui engendre cette état de troisième conscience, sur ses causes, sur la façon éventuelle de le neutraliser à court ou long terme.
Et ensuite, si Fitzek parvient à retomber sur ses pieds et que chaque insondable mystère finit par s'emboîter et trouver sa place dans le gigantesque puzzle de l'auteur allemand, je n'ai pas pu m'empêcher de trouver la conclusion un peu trop facile par certains aspects ( même si j'ai adoré certains rebondissements totalement inattendus ).
En résumé, plaisir de lecture : 100% ... et intérêt de la lecture beaucoup plus discutable en revanche.
Merci à Angie d'avoir bien voulu éclairer ma lanterne concernant quelques zones d'ombre qui subsistaient encore au terme de notre lecture.
Très bon choix pour cette première co-lecture, j'espère qu'il y en aura d'autres.
Et en parlant de lanterne, je vais aller prendre une lampe-torche : C'est l'heure de me rendre au garage.
Mais en voyant mon lit, je me dis que m'allonger un court instant ne me ferait pas de mal.
"Surtout, ne pas m'endormir."
* * *
Phase de sommeil
Non mais c'est pas vrai, il va tout faire foirer l'autre imbécile.
Personnellement je n'ai aucune envie de finir mes jours en hôpital psychiatrique ou derrière des barreaux.
Je vais même lui rendre service puisque s'il s'imagine qu'il aura accès à tous ses romans sanguinolants qui ont fini par avoir raison de sa santé mentale et qu'il pourra tranquillement rédiger des chroniques entre quatre murs, il se met le doigt dans l'oeil jusqu'au coude. On dirait que j'interviens pile au bon moment.
Pas le temps de sauver la fille par contre, ou ce qu'il en reste.
J'ai donc rebouché le haut du tunnel avec un peu de ciment. Ca m'étonnerait que mon alter-égo aille chercher plus loin.
Et je profiterai une autre fois d'un long sommeil en le prolongeant avec la dose nécessaire de somnifères pour me rendre en Belgique en train.
A la limite, ça sera encore plus simple.
Et pour enfoncer définitivement le clou : N'allez surtout pas lire la critique d'Ange77 : Après tout ce qu'elle m'a fait subir, elle ne le mérite pas.
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