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Citations de Serge Joncour (2425)


Aujourd’hui on ouvre sa porte au monde pour ne pas savoir ce qui se passe chez soi.
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On avait abandonné tous ces travaux qui supposaient d'être en nombre, ces tâches qui avant rassemblaient les familles, de même, pour les patates, il n'y avait plus besoin de passer deux jours à quatre pattes, à présent la machine faisait la récolte cent fois plus vite, si bien que les grands-parents avaient triplé leur surface de Bintje et de Rosa dans les terres du bas. Pour remplir les rayons en vrac du Mammouth, il fallait coller à la demande, voir de plus en plus grand. Pour le bétail, c'était pareil...
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Pourtant je le savais, depuis toujours je le savais, qu'il y a des êtres pires que des pièges, des êtres toxiques, les rencontrer c'est courir à sa perte.
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La centrale à béton était paumée en plein territoire calcaire, à des kilomètres de toute habitation, néanmoins il faudrait qu'il y retourne, d'autant qu'à cause de ces vents forts prévus pour durer selon Météo-France, le chantier serait fermé toute une semaine, ça lui laisserait le temps de retirer la bande de la caméra, ou d'en vérifier l'angle pour s' ôter toute angoisse, et de faire ça calmement.Alexandre s'assit à la grande table, posa ses coudes comme si on venait de lui servir un verre, sinon que devant lui il n'y avait rien d'autre que ce panier à fruits toujours désolant en hiver. Il prit deux noix, les cala l'une contre l'autre dans sa paume et n'eut même pas besoin de serrer fort pour qu'elles se disloquent dans un bruit retentissant.
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La nature est un équilibre qui ne se décide pas, qui s'offre ou se refuse, en fonction des années.
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Au moment de rentrer dans l'appartement, Alexandre se sentit chahuté par des émotions contradictoires.
D'un côté il avait une profonde envie de se mêler à cette assemblée disparate et nombreuse, à cette ivresse, d'un autre il était retenu par des tas d'a priori cruels et la timidité. De ne pas être à la fac le disqualifiait dans tout un tas de conversations, face à ces étudiants un peu plus âgés que lui il avait l'impression d'être terriblement jeune, mais surtout terriblement ringard, complétement à l'écart de leurs vies et de leurs préoccupations.
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La mère et le père arrivèrent pour se mettre à table .Alexandre dut d'abord leur résumer la situation, l'explosion de la centrale nucléaire, le nuage radioactif, les deux mille morts annoncés à Tchernobyl, Tchernobyl, ça devient instantanément facile à prononcer, une ville jusque-là inconnue, dont on apprenait ce soir qu'elle existait.
( Mardi 2 avril 1986)
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Alexandre alluma la télé pile au moment du jingle du journal d'Antenne 2 [...]

Chaque fois il goûtait ce petit dépaysement quotidien, seulement ce soir-là, dès l'annonce des titres, il y eut des mots glaçants dans la bouche du présentateur, des mots comme des coups de lame, " Accident nucléaire", " Deux mille morts", et surtout " l'URSS demande l'assistance de l'Allemagne et de la Suède..." Entendre dire à la télé que cette URSS super puissante demandait de l'aide aux nations ennemies était proprement inouï. [...]

Rien qu'à voir la tronche livide du présentateur on comprenait que quelque chose d'incroyablement grave était en train de se passer.
( Mardi 29 avril 1986)
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- Tu sais, Jean, avec tout ce qui se passe actuellement, je suis pas sûr que ce soit une bonne idée de mettre des laitières dans le troupeau. Faut pas s'amuser à mélanger les animaux comme ça, ça ramène plein de microbes, oublie pas l'adage, "Quand on achète des bêtes, on achète aussi la maladie. "
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Alexandre avait écouté Constanze lui raconter tout ça, il entendait sa voix à l'autre bout du fil, se demandait s'il rêvait. C'était d'un exotisme déboussolant.
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A chaque chassé-croisé de vacanciers il y avait des bouchons de deux heures à Cahors, Brive, Caussade et Gourdon, des dizaines de milliers de voitures qui traversaient les centre-villes. Alexandre savait que le vieux lui disait ça pour l'amener lui aussi à la lutte, quelle qu'elle soit ,d'ailleurs il avait le regard qui s'allumait chaque fois qu'il remettait l'autoroute sur le tapis. Mais pas une seconde Alexandre n'imaginait un viaduc bâti au-dessus de la vallée, ni une deux fois deux voies au milieu des prés, ça ne se pouvait pas.
- Tu vois, moi je m'étais bien juré que jamais le téléphone passerait par mes champs, et t'as vu le résultat. Le progrès, c'est comme une machine, ça nous broie.
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- Tant mieux, ça tombe bien. Quand on fait une pub pour le jambon, il faut surtout pas monter de cochons, sinon les consommateurs prendraient peur. Les consommateurs c'est pas avec du réel qu'on les fait rêver, le réel ils sont dedans tous les jours, le chômage, l'inflation, Tchernobyl, le sida, l'explosion de Challenger, le réel c'est tout ce qui nous pète à la gueule...
- Et donc, pour vendre des yaourts faut pas montrer de vaches ?
- Exact ! Jamais de vaches pour les yaourts, mais par contre faut montrer la laitière, une belle blonde aux joues bien rouges, et des fleurs dans les près, e l'herbe, un ruisseau, du ciel bleu, mais surtout pas de paille ni de mamelles... La publicité c'est fait pour vendre du rêve, pas des vaches. Et encore moins des cochons.
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Des tas de reportages montraient à quoi ressemblerait le monde en "l'an 2000", des tonnes d'illustrations et de photomontages renvoyant toujours à des décors urbains, des croquis futuristes et des articles parlant de cités tout en hauteur, un univers d'édifices exclusivement verticaux, et dans tout ça rien qui concernait la campagne, rien sur les arbres ou les forêts, comme si en l'an 2000 la nature n'existerait plus et qu'il n'y aurait plus que des villes. Jamais ces beaux croquis futuristes ne s'attachaient à représenter quelle forme auraient les prairies et les collines au troisième millénaire, pour les futurologues le monde paysan était figé à jamais dans ses usages, ringard pour l'éternité.
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A la grande surprise d'Alexandre, Constanze ne trouva pas cela désuet ni archaïque, au contraire ça lui semblait beau de vivre en pleine nature, libre en quelque sorte, elle lui dit qu'il était l'être le plus libre qu'elle ait jamais rencontré.
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 Les grands moments de l’Histoire sont la consigne de nos souvenirs personnels.  
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Sur ce point Giscard avait gagné. Pour les siècles des siècles il resterait le Président qui aurait suspendu des fils de caoutchouc noir tout le long des routes, tendus entre des pins morts. Grâce à lui tout le monde avait le téléphone, en ville comme dans les vallées, et même en montagne. Les fils noirs de Giscard couraient partout dans les campagnes. A la limite ç'aurait été la honte d'avoir un chemin qui mène chez soi sans le moindre poteau ni fil de quoi que ce soit, ça aurait voulu dire qu'on était vraiment hors du coup.
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La pénombre gagnait tout. Constanze était si belle, pensa Alexandre, il aimait ses paroles, sa voix, l'accent qui animait son sourire, même quand elle ne parlait pas sa grande bouche dessinait un large contentement universel, un sourire permanent.
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En les voyant, Jean se consola en se disant que durant deux ou trois années encore Vanessa resterait à la ferme. Quant à Agathe, il se passerait bien encore six ou sept ans avant qu'elle s'envole. Sans amertume le père faisait ce constat, Alexandre, lui, c'était la valeur sûre, seulement il faudrait acheter un tracteur neuf pour l'amadouer, parce que le John Deere devenait aussi dur à manoeuvrer qu'une porte d'écluse.
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Le père était inquiet, le nouveau directeur de l'hypermarché lui avait fait lire un rapport, un document plein de tableaux et de photos qui montrait que la chair des vaches élevées en plein air était d'un moins beau rouge que celle des vaches qui passaient leur vie sans bouger. Malgré l'éclairage bien pensé des grandes surfaces, une belle viande riche en pH était moins brillante qu'un morceau de vache amorphe, si bien que des bêtes de pleine nature comme les leurs, des bêtes vivant au grand air dans des vastes prairies, des bêtes avec du muscle bien persillé, eh bien elles produisaient une viande qui, une fois sous blister, offrait un rouge moins vendeur, plus sombre. Cette viande était pourtant cent fois meilleure mais, une fois en barquette sous les néons, elle se vendait moins. Et le père, ça le rendait fou.
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Depuis que Louis avait passé la ferme à son fils il n'était pas tranquille, non pas à cause de celui-ci, mais des nouvelles normes en tous sens, des heures de paperasses que ça supposait.Pour le moindre mouvement de brindilles sur l'exploitation il fallait ouvrir un dossier.
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