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Citations de Serge Joncour (2425)


Soudain, la lumière dans le pavillon chancela, et puis l'électricité se coupa net, d'un coup. Cette fois, c'était noir total.Plus de télé, plus de lumière dans aucune pièce. Le pavillon avait maintenant des allures de rafiot tabassé par la tempête, complètement à la dérive parce que piégé dans le grand courant d'air que faisait la vallée, sans électricité plus rien ne marchait ici, la chaudière s'était arrêtée, bientôt il n'y aurait plus de chauffage, tout était plongé dans le noir, avec en prime les quatre mômes qui se refilaient leur angoisse, chialant en choeur. .. [...]
La mère sortit des bougies et la vieille lampe tempête. Dans ce pavillon il n'y avait même pas de radio à piles pour savoir ce qui se passait dehors et ailleurs dans le monde. Alors toute la famille se retrouva là, à guetter les bruits de plus en plus violents à la lueur des bougies, comme dans le temps.
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( Après l'accident nucléaire de Tchernobyl)
A cent kilomètres à l'Ouest de Berlin, la RDA était sur le point d'inaugurer une hypercentrale, la plus grandes de toutes, quatre réacteurs de conception soviétique comme Tchernobyl, et contre cela il n'y avait rien à faire, aucun moyen de manifester de quelque façon que ce soit. Depuis deux jours Constanze avait des visions d'apocalypse, elle voyait des villes vidées de leurs habitants, des forêts d'arbres desséchés, des rivières sans vie, c'est pourquoi elle avait eu besoin d'appeler, pour elle l'univers d'Alexandre symbolisait tout le contraire, un monde fait de pairies,d collines et d'air pur, elle ne cessait d'y penser. C'est d'ailleurs la question qu'elle lui avait tout de suite posée, savoir si les prés sentaient toujours aussi bon la menthe fraîche.
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Pour le reste, le monde moderne s'élaborait de plus en plus loin d'ici, les villes aspiraient tous les crédits et si les élus trouvaient de l'argent pour construire des autoroutes et des ronds-points, c'était uniquement pour se rapprocher des villes. Pendant ce temps, les chemins de terre restaient sans bitume et les départementales étaient gagnées par l'herbe.
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- Mais m'man, aujourd'hui les gens n'ont plus le temps de faire des daubes, le collier, le paleron, tout ce qui met deux heures à cuire, de nos jours, ça part en haché, sinon ça se vendrait plus, le monde change, aujourd'hui toutes les femmes travaillent...
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Alexandre était fasciné par la pulsion révolutionnaire qui soulevait ce bonhomme,ça le captivait autant que ça lui faisait peur, car il n'avait aucune envie d'avoir des embrouilles avec les gendarmes, l'idée même qu'un jour ils débarquent à la ferme, ou qu'ils le convoquent, ne serait-ce que pour un stop brûlé, ça lui faisait la trouille.
D'avance Crayssac vivait la scène, le bazar que ça ferait ces cohortes de brebis larguées dans les ministères, et Giscard retenant son braque de Weimar et son Labrador, ses deux toutous chics qu'il avait fait voir dans 30 millions d'amis, histoire de bien affirmer qu'il avait un coeur.
- Crois-moi que ça sera un beau bordel!
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A force de jouer la carte du gars placide qui se contrôle, du type posé et fiable, il se sentait obligé de l'être. Mais c'est épuisant de passer pour un mec bien. Cet homme qu'il s'efforçait d'être il savait bien qu'il n'existait pas.
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- Il faut de l'action, parce que c'est bien beau les sit-in, les squats, les bagarres avec les forces de l'ordre, mais dans la lutte faut être plus décisif, sinon c'est du folklore, les écolos se contentent de s'allonger sur la route pour empêcher les camions de passer, alors que le mieux serait de les faire sauter avant qu'ils démarrent...
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Dans le couloir il ne retrouva pas cette odeur de patchouli qui environnait toujours Constanze, une fragrance entêtante donnant la sensation qu'elle sortait tout juste d'une fumigation paradisiaque. Cette fille lui plaisait plus que tout, même si pour des tas de raisons il la savait intouchable, déjà parce qu'elle était étudiante, allemande,, qu'en prime elle avait un an de plus que lui, et surtout parce que Caroline ne supporterait pas qu'il ait une aventure avec une de ses locataires. Pour toutes ces raisons elle lui plaisait au-delà de tout.
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Vivre à la campagne n'avait jamais été un agrément pour elle mais une lutte, un combat quasi physique avec tout un tas d 'ennemis urticants ou piqueurs.
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Tu vois, Alexandre, je ne sais pas comment tu t'y prends avec tes bêtes, mais le respect de la terre, c'est par là que ça commence. Regarde ces fraisiers, je laisse faire les limaces, d'habitude on n'en a pas mais cette année, avec les retours de lune, c'est en plein.Eh ben tant pis, c'est la nature qui décide, on mangera moins de fraises, mais jamais je ne mettrai du cuivre ou une de ces saloperies... Les bébêtes, ça ne se tue pas!
Ce gars-là avait des idées bien arrêtées sur les produits phytosanitaires, ce n'était pas la peine de se lancer dans la discussion, alors Alexandre opta pour l'humour.
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Dans la famille, Caroline était bien la seule à avoir confiance en l'avenir. Dans trois ans elle décrocherait son premier poste, elle viserait l'académie de Toulouse ou de Montpellier, elle enseignerait dans une banlieue, car si certains ne retenaient des banlieues que les rodéos et les voitures volées, elle-même y voyait une jeunesse en manque de culture, une jeunesse en quête de distractions autres que le shit et les mobylettes, une terre de promesse. Même Giscard venait de s'en rendre compte, investissant enfin de l'argent dans ces cités provisoires qui n'en finissent pas de durer.
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Pendant des semaines, la nation tout entière avait été soudée par la même angoisse , pour une fois les villes comme les campagnes avaient enduré le même drame, les villes en voyant la température monter jusqu'à 59° dans les bus, et les campagnes en voyant se dessécher les récoltes et les forêts. Pendant des semaines, villes et campagnes avaient communié dans la même soif... ( juillet 1976)
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Alexandre ne faisait que de constater ce besoin de bouger qui les prenait toutes, aussi bien ses soeurs que Constanze. Les pays s'ouvraient les uns aux autres, le monde semblait s'apaiser, les grandes puissances parlaient maintenant de désarmement, dans cette grande sphère calme et prospère le êtres comme les marchandises ne connaissaient plus de frontières, la mondialisation heureuse jetait des millions de gens dans les avions. Chaque nuit, il en voyait de plus en plus là-haut, dans le ciel, il en était écoeuré.
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- Et bien ce monde-là ne tourne pas rond. Congeler de la viande pour que les gens la mangent à cent, deux cents ou deux mille kilomètres de là, de ce monde j'en veux pas.
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Entre cette sécheresse qui n'en finissait pas et ces coups de chaud sur le causse, on vivait un juillet de feu. Les animaux sauvages eux-mêmes montraient des comportements bizarres. La nuit ,les chevreuils venaient boire près des maisons, ils lapaient le fond d'eau qu'on leur avait laissé dans des baquets, mais bien souvent les sangliers les renversaient pour se vautrer dans la boue mince que ça produisait.
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Plutôt que de chialer comme tout le monde
je basculai dans l'éclat, celui de l'irrépressible rire,
fou de surcroît, celui-là même que l'on dit être du cétacé.
p 120
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Visiblement la pente était rude, c'était étrange de voir Franck dans ce décor, avec ce polo et ce pantalon qu'il venait de déchirer dans les ronces. Les herbes étaient plus hautes qu'il n'y semblait, pour progresser là-dedans il devait lever les genoux comme s'il marchait dans l'eau. Il n'avait pas la démarche d'un homme capable d'affronter ça, surtout pas avec ses mocassins en veau retourné. Il était essoufflé et en nage, c'est alors qu'en plus de son coeur qui lui battait dans les tempes, il entendit plein d'insectes qui lui tournoyaient autour, au loin il y avait même des cigales qui stridulaient frénétiquement, en fait ce silence était un faux silence. Et là son téléphone sonna, du moins il crut l'entendre. Il le sortit bien vite de sa poche, l'en extirpa comme s'il devenait brûlant. Mais il n'y avait rien, pas le moindre appel manqué. Ce n'était qu'une sonnerie fantôme, un genre de mirage. Il paraît que ça arrive chez les gens vraiment accros.
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C'est devenu si courant de trouver l'autre dès qu'on le cherche, de l'atteindre immédiatement par un coup de fil ou un texto, tandis que là face à ces collines infinies, il ne pouvait rien. Alors il se reprit, il fit comme si elle était là, près de lui, à lui dire de se calmer.Il se dit qu'elle devait être partie en balade, qu'elle avait commencé sa première randonnée, oui, c'est ça, si elle avait voulu venir ici, c'était pour marcher, profiter pleinement de ce coin paumé.
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En bas au village, pour faire accepter la présence de l'Allemand, Fernand le maire eut l'astuce d'inventer que cet homme était un saint, que c'était par hauteur d'âme qu'il avait refusé de devenir soldat, par refus de tirer sur des Français, parce que ce Boche-là aimait les Français, contrairement aux autres.
Il fit courir le bruit qu'il était un pur pacifiste,un indocile qui rejetait les ordres et refusait de verser le sang. En plus de Fernand le maire, Couderc le maitre, l'instituteur, corroborait ses dires , tous deux voulaient rassurer la trentaine d'habitants qui restaient au village, surtout des femmes. De toute manière ce mont d'Orcières quand bien même le pape ou Dieu lui-même viendrait s'y installer, on continuerait de le maudire.
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(...) si l'ont dit des voyages qu'ils forment la jeunesse, les lectures font bien plus, elles apprennent à envisager le monde depuis mille points de vue dispersés.
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