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Critiques de Shlomo Sand (63)
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La mort du Khazar rouge

Seules les plantes ont besoin de racines, tandis que les femmes et les hommes veulent se faire pousser des ailes



La première fois que j’ai entendu parler d’Yitzak Litvak c’est à Nice dans un appartement situé non loin de l’hôtel où je logeais. Il était à la fois bien présent et pourtant déjà assassiné (« Ligoté, le corps du professeur Yitzhak Litvak gisait sur le lit défait », 1987). C’est la force de la littérature de permettre cette interpénétration des temporalités, comme par ailleurs l’activation de personnages en ressemblance non fortuites.



Sauf erreur, il n’y avait pas de musique en cet fin d’après-midi là. J’invite cependant les lectrices et les lecteurs à écouter une pièce de Bela Bartok avant d’ouvrir l’ouvrage. Iels découvriront plus tard pourquoi…



Cordoue-Tolède (1157-1180) en prologue, une rencontre avec de jeunes Khazars. Le temps oublié ou maquillé par les histoires modernes construites rétrospectivement « exploitant des traditions anciennes, les retournant sur elles-mêmes, leur conférant une signification nouvelle, tout en se prévalent de s’inscrire directement dans leur lignée »…







Pour débuter, une histoire que certain·es, par mollesse d’esprit, désignerait comme juive.



« Vous connaissez l’histoire de la compétition entre le FBI, le KGB et le Shabak pour attraper un lapin dans la forêt ?







Au bout d’une demi-heure, les trois agents sortent d’entre les arbres. L’américain et le Russe ont chacun un lapin en main, l’Israélien, en revanche tient un écureuil. « C’est quoi ça ? » lui demandent les deux autres. « Il a avoué qu’il était un lapin au cours de l’enquête »



Des meurtres, du sexe, des services secrets, des universitaires et des recherches… Ne comptez pas sur moi ni pour flairer et poursuivre des pistes, ni pour réaligner les temps de 1987 à 2007, ni vous guider sur les routes de Tel-Aviv à Jaffa ou dans les rues de Paris.



Shlomo Sand nous plonge dans des réalités de la société israélienne, les mythes et les fantasmes – dont le récit biblique – qui la structure, le groupe révolutionnaire « Le Flambeau », le milieu universitaire, les services secrets, les liens invisibles qui lient les institutions dans le clandestin, des ami·es, des amant·es et des traitres…



Un policier, « un étranger au sein de la police », son histoire dans l’histoire, ses souvenirs et ses convictions, « Il n’avait jamais compris pourquoi on respectait ceux qui s’adressent à Dieu dans la prière et que l’on traite de fous ceux qui affirment que Dieu leur a parlé », sa capacité à saisir et douter…



Des livres publiés dont le volumineux L’empire khazar du VIIe au XIIIe siècle, des portraits de femmes et d’hommes sculptés finement au scalpel et d’autres dans leurs méprisables préjugés et mesquins intérêts, la rhétorique révolutionnaire « empreinte de religiosité », la réinterprétation permanente contre l’immobilisation et la fixation, le double et les variations qu’il permet, les descendant·es de descendant·es d’ancêtres, le puzzle dont les morceaux ne s’accordaient pas tout à fait, les entrailles de la guerre en permanence, ce gant de fer de la raison « qui finissait toujours par maitriser l’imagination » et chez l’auteur les plats épicées mêlant imagination et réflexion, le faux coupable pour (dé)raison-d-état, la Nakba qui n’a jamais pris fin, une lettre et des documents « si tu veux bien » signée le Khazar rouge, des personnages laissé es comme en jachère…



Vingt ans, une histoire se répète, un filament nouveau colore des fils anciens. Certains personnages dessinés par Shlomo Sand sont particulièrement séduisant·es par leurs oscillations ou leur intégrité.



Des passés, les temps du prosélytisme, le royaume judéo-yéménite, l’ancien mythe chrétien de la « Dispersion », le monde universitaire et « les semi-mensonges transformés en lieux communs », le récit imaginaire et le mythe national, Yitzak Litvak enfoui sous terre et cette part de lui-même désormais conservée dans le cloud, les relations d’ordre religieux à des lieux et leur accaparement exclusif, le récit d’un nouveau genre généré par l’addition d’« un Khazar rouge, une étudiante gauchiste et un Yéménite bien roulé », une piste avant de passer à la suivante, la possibilité de « remonter lentement en arrière pour comprendre les autres meurtres », celles et ceux qui peuvent être tué·es et la doctrine bafouée « en aucun cas, on ne tue des juifs »…



2008, la parution d’un essai rédigé « collectivement » par les deux assassinés à vingt ans d’intervalle et par une étudiante devenue professeure, l’amour envers la « gazelle » ou le « faon »…



L’érudition et l’ironie mises au service de la création littéraire pour le plus grand plaisir de la lectrice et du lecteur. Un roman qui vous entraine bien plus loin que la résolution d’énigmes meurtrières. Une incitation à percer les nuages des fumigènes qui obscurcissent nos vues, à questionner l’invention du passé.



« Vous savez pourquoi Dieu n’a pas été admis au professorat ?



Non…



Parce qu’il n’a écrit qu’un seul livre en hébreu, et qu’il n’est même pas certain qu’il en soit réellement l’auteur. »
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Ce que la Palestine apporte au monde

Une nouvelle livraison de la revue Araborama, coéditée par Le Seuil et l'Institut du Monde Arabe, consacrée à la Palestine, la meilleure manière de rendre hommage à un "pays" et à son peuple, plus que jamais meurtris comme l'actualité nous le rappelle. Plus que "ce que la Palestine apporte au monde", l'essentiel du recueil, nourri par les plumes des meilleurs chercheurs, journalistes et écrivains, arabes ou européens, sur la question, évoque d'ailleurs ce que la colonisation israélienne provoque, spoliation et morcellement dramatiques du territoire, humiliation et répression permanentes, privations et paupérisation, et la résistance palestinienne à cette infinie et désespérante guerre d'usure. Mais la dernière partie met aussi en pleine lumière, à travers des contributions consacrées au keffieh, aux créations visuelles, à la musique ou à la littérature palestinienne, le "souffle culturel" d'un peuple, cette énergie qu'il nous faut soutenir, ces voix qu'il nous faut entendre, pour qu'il continue à survivre. A lire, évidemment par petits bouts, mais d'urgence !
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Comment la terre d’Israël fut inventée

Comme en réponse aux critiques acerbes à l’encontre de son précédent ouvrage au titre provocateur, "Comment le peuple juif fut inventé", Shlomo Sand, militant laïc post-sioniste et d’extrême gauche, livre sans concession un nouvel opus, "Comment la terre d’Israël fut inventée". Dans un cadre géopolitique très instable, Shlomo Sand dénonce le Sionisme comme la secte dominante sur le Judaïsme de toujours, détruit l’idée d’un peuple élu associé à une unicité raciale du Peuple juif, démonte le roman national d’Israël construit sur des mensonges ou des approximations.



Lire sur le blog les 7 chapitres/6 pages de chronique !
Lien : http://quidhodieagisti.kazeo..
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Comment la terre d’Israël fut inventée

L’invention de traditions nationales comporte souvent davantage d’imitations et de plagiats que d’inspirations originales



Shlomo Sand poursuit son œuvre de décryptage, de de-mythologisation, de démystification des histoires, de l’histoire et des mots. Après, Les mots et la terre – Les intellectuels en Israël (Fayard, 2006, réédition Champ Flammarion) et Comment le peuple juif fut inventé (Fayard, 2009, réédition Champ Flammarion), « de mon point de vue, constitue fondamentalement une récusation de la conception essentialiste et ethnocentrisme, anhistorique, de la définition du judaïsme et de l’identité juive passée et présente, en s’appuyant sur des matériaux historiques et historiographiques », voici l’analyse de l’invention de la « terre d’Israël ».



Shlomo Sand présente son objectif : « L’objectif que je m’assigne dans ce travail consiste à explorer les modes d’invention de la « terre d’Israël » dans ses métamorphoses en tant qu’espace territorial où s’exerce l’autorité du peuple juif, lui même invention résultant d’un processus de construction idéologique ». Il ajoute en fin de prologue « Dans le présent essai, l’essentiel du débat tendra à démonter le principe du ”droit historique” ainsi que les récits nationaux qui l’accompagnent et qui visent à conférer une légitimité morale à la prise de possession de l’espace. Ce volume constitue ainsi une démarche critique à l’encontre de l’historiographie institutionnelle, et par là même il se préoccupe des caractéristiques de l’importante révolution paradigmatique opérée par le sionisme sur le judaïsme en voie d’épuisement ».



Dans ce long prologue, commençant par des souvenirs, l’auteur souligne différents éléments sur lesquels il reviendra dans son ouvrage, dont notamment, l’absence de frontières réellement définies de l’État dans lequel il vit, « le caractère colonisateur, ethnocentriste et ségrégationniste de toute l’entreprise nationale, depuis ses débuts », le « mythe supra-historique d’un peuple exilé et errant », ou le « saut imaginaire dans le temps », les différences entre « communauté de destin » et « communauté d’appartenance », la logique « jurico-historique », les utilisations a-historique des concepts de peuple, de nation, les inventions théologiques (La « terre d’Israël » est « à l’origine une invention chrétienne et rabbinique, autrement dit une invention théologique tardive, et absolument pas politique »), l’atteinte à la population ”indigène” inhérente à la logique nationaliste, la culture du peuple yiddish, le judaïsme et la spiritualité intérieure (« Le judaïsme voit la fin de l’exil métaphysique essentiellement dans le salut messianique entretenant, certes, un lien spirituel avec le lieu, mais sans y jeter un dévolu à caractère national, tandis que, pour le sionisme, la fin de l’exil imaginaire s’incarne dans la rédemption virile de la terre, et dans la création d’une partie terrestre moderne qui, du fait de son mythe fondateur, se trouve encore sans frontières définies et fixes, avec tous les dangers dont cette situation est porteuse »), les manipulations sémantiques du sionisme (« La réussite de cette ingénierie linguistique a contribué à la construction d’une mémoire ethnocentriste, et elle s’est poursuivie plus tard avec la transposition de noms sur des parties du pays, des quartiers, des rues, des vallées, des cours d’eau »), « l’étonnante enjambée par dessus le long temps non juif du lieu », le « costume d’apparat religieux » du sionisme laïc, la nationalisation de Dieu, etc…



J’ajoute une citation, malgré sa forme « J’ai eu l’occasion de l’écrire ailleurs, sous une formulation différente : ce ne sont pas tant les porte-parole hébraïques qui pensent à l’aide du mythe de la terre d’Israël, mais c’est la terre mythologique qui se pense à travers eux et façonne ainsi l’imaginaire d’un espace national dont on ne mesure pas toujours suffisamment les incidences politiques et morales ».



Avant le livre proprement dit « En mémoire des habitants d’al-Sheikh Muwannis qui, dans le passé, ont été arrachés à ce lieu où je vis et travaille aujourd’hui ». L’auteur y revient dans un bel épilogue intitulé « Un village pour mémoire ».



L’université de Tel-Aviv est située « sur les ruines et les terres d’un village arabe dont la vie s’est éteinte le 30 mars 1948 » et l’auteur ajoute « Ainsi les habitants d’al-Sheikh Muwannis, poussés dans l’abîme de l’oubli, disparurent des pages de l ’histoire de la ”terre d’Israël” ».



Shlomo Sand indique que « L’inspiration éthique d’une partie des stratégies narratives que j’ai adoptées trouve son origine dans cet étrange voisinage entre destruction et construction, dans cet insupportable frottement entre un passé escamoté et un présent qui assaille et secoue ». Il nous rappelle, contre la fable de l’abandon de leurs villages par les populations palestiniennes, l’existence du plan Daleth et de son « objectif de créer une continuité territoriale sous pouvoir sioniste », ce qui impliquait l’expulsion des habitant-es, l’utilisation de « véritable acte de terreur », de massacres comme à Deir Yassin.



Al-Sheikh Muwannis, mais aussi « qu’en plus des quartiers arabes de plusieurs villes plus de quatre cent villages ont été écrasés et effacés de la ”terre d’Israël” lors de la guerre de 1948, parfois même après la fin des combats ».



L’auteur évoque aussi des relations avec ses élèves (« je m’applique à les sensibiliser au fait que toute mémoire collective est toujours, dans une certaine mesure, le produit d’une construction culturelle poreuse, dans la plupart des cas, des préoccupations et des courants d’opinion du présent »), de son métier d’enseignant, du présent et du passé « le temps présent découle certes du passé, mais il façonne aussi assez librement ce dernier ».



J’espère que ces quelques indications tirées du prologue et de l’épilogue donneront envie de lire ce livre.



Sans détailler les cinq chapitres qui le composent, je voudrais néanmoins souligner quelques éléments, comme sur l’histoire « en histoire, l’après explique beaucoup plus l’avant que le contraire », sur l’univers spirituel juif « L’interprétation consistant à doter les juifs du courant rabbinique d’un sentiment patrimonial sur la terre d’Israël paraît empreinte d’une large part d’anachronisme. Il s’agit en fait d’une transposition d’un sentiment de propriété sioniste moderne sur l’univers spirituel juif traditionnel, dont le rapport au site reposait sur des caractéristiques mentales prémodernes et totalement apolitiques », sur la place de ”L’an prochain à Jérusalem” « prière pour une rédemption prochaine et non pas appel au passage à l’acte »



Il convient aussi de constater, contre les écritures travestissant le passé, écartant d’un silence éloquent, les mille trois cents ans durant lesquels la population était très majoritairement musulmane, « En dépit de tous les efforts et de l’aide logistique apportée de temps à autre d’Europe, la Palestine ne devint jamais réellement une terre chrétienne. Pendant toute la longue histoire qui s’étend du VIIe siècle jusqu’à la seconde moitié du XXe siècle, soit durant mille trois cents ans, elle est demeurée, clairement un morceau de terre musulmane » (L’utilisation de ”terre chrétienne” et ”terre musulmane” ne me semble pas juste sémantiquement).



J’ai de plus particulièrement été intéressé par le chapitre « De la réforme puritaine à la mode évangélique » dans la partie 3 du livre, par les analyses du judaïsme versus le sionisme, dont « Il y a là quelque chose de nouveau car l’affirmation d’une définition nationale politique, et non pas religieuse, du judaïsme était jusque-là inconnue dans la tradition juive », par les développements sur la construction de l’imaginaire national « La création d’un mythe crédible et stable requiert d’étendre sur ses fondations une strate de représentations imagées ”antiques”. Cela oblige impérativement à remodeler totalement celles-ci mais, comme point de départ, elles sont aussi utiles qu’irremplaçables. Ce type de processus s’est répandu chaque fois qu’il s’est agi de construire une mémoire nationale au sein de la majorité des collectivités humaines, à l’ère moderne ».



Sans oublier l’impossibilité de forger un État démocratique sur une base ethnico-religieuse.



« A cause de la fiction qu’elle a engendrée et son manque d’assurance sur sa propre identité culturelle nationale (notamment face à l’espace moyen-oriental), cette ethnie israélienne imaginaire n’a cessé de manifester une relation de mépris, imprégnée de peur, à l’égard de ses voisins, et s’est refusée jusqu’à aujourd’hui à vivre à égalité et en intégration avec ”l’autre”, présent en son sein ou à coté d’elle ».



Une invitation à analyser non seulement cette mythérritoire, mais aussi nos réalités, les évidences, les mystifications, les mythologisations, les naturalisations de rapports sociaux, d’événements historiques, d’inventions humaines, ici et ailleurs.



Et, en suivant l’exemple des travaux de Shlomo Sand « briseur des glaces de l’oubli », un miroir pour disséquer comment furent inventés nos propres passés…
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Comment le peuple juif fut inventé : De la Bi..

J'avais entendu parler du livre comme d'un livre polémique, certes, mais d'une grande qualité quant à sa rédaction et à son engagement.

Il nous montre que les Juifs ne sont pas un peuple au sens de catégorie ethnique qui aurait traversé les siècles, comme nous le dit la Bible et le sionisme ethnocentriste. Non, ils se sont construits par agglomération de communautés très diverses qui se sont converties à différentes périodes, le plus souvent par opportunisme, que ce soit à l'instigation d'un souverain (selon le principe du "cujus regio ejus religio", le roi impose sa religion à ses sujets), ou des individus eux-mêmes.

Donc il relègue les notions de "Terre promise", de "peuple élu", des "douze tribus" entre autres, à de la propagande sioniste selon la doxa post-1967 (guerre puis occupation de la Cisjordanie et de Gaza).

J'ai été particulièrement intéressé par des faits méconnus comme l'existence d'un vaste empire juif celui des Khazars en Asie centrale durant 5 siècles, du VIIIe au XIIIe siècles. Ethniquement, sa population serait celle des steppes d'Asie centrale plus proche du type mongol que du soi-disant type proche-oriental. Il serait probablement à l'origine - du moins partiellement - des communautés juives d'Europe de l'Est.

Les Palestiniens actuels seraient, eux, issus ... des paysans juifs de l'Antiquité qui n'auraient pas quitté la province romaine de Palestine à la destruction du temple de Salomon en 70! Cette thèse aurait été soutenue par un courant sioniste de gauche dont faisait partie David Ben Gourion premier président de l'État d'Israël, pour pousser à la solution d'un État unitaire binational.





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Une race imaginaire

Shlomo Sand est prof d'histoire à Tel Aviv.

Je l'ai découvert par hasard en l'entendant sur France Inter du temps de la-bas si j'y suis.

J'ai dévoré ses 3 bouquins "Comment le peuple juif fut inventé", "comment la terre d'Israël fut inventée" et "Comment j'ai cessé d'être juif". Ces 3 bouquins sont des livres d'historien bourrés de citations et de références. Passionnant mais pas si facile à lire.

Ce n'est pas le cas d"Une race imaginaire", court, facile et concis.

Sand remonte aux débuts de l'histoire de la chrétianisme et remet en cause l'idée selon laquelle il se serait édifié après et en opposition au judaïsme. Au contraire, c'est bien le judaïsme qui s'est constitué sous la pression du christianisme

Ce renversement de point de vue est trés largement documenté et illustré. Il dépasse le vocable d'antisémitisme qui présuppose la notion de race. S'il y a antisémitisme, il y a sémitisme et donc une race sémite.

Il montre et démontre concrètement comment le sionisme s'est constitué en réaction à la judéophobie au travers des histoires personnelles de Nordau et Herzl.



Ce livre montre au passage la connerie de Macron qui va jusqu'à assimiler antisionisme et antisémitisme.

A l'heure de l'extension des territoires occupés,

Sand ne se prive pas de flinguer la politique de Netanyahu et de prendre fait et cause pour la cause palestinienne.

Une belle réflexion donc,lucide et humaniste, sur Israël et le sionisme, son rôle vis-à-vis des Palestiniens. Une lecture éclairante pour tous ceux qu'intrigue l'amalgame entre religion, culture et hérédité dans la pseudo-identité juive.

Je recommande chaudement ce petit livre qui se lit en 2 heure
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La fin de l'intellectuel français ?

Cet ouvrage est un brillant essai de l’historien israélien Shlomo Sand. Critique à la fois par sa position et ses arguments, il donne d’entrée de jeu le ton en posant le postulat que la figure de l’intellectuel contemporain a-t-elle encore lieu d’exister ?



Cette réflexion ne pouvait pas mieux tomber quand justement cela faisait un petit moment que je m’interrogeais sur la figure de l’intellectuel d’aujourd’hui…et ce constat que je dressais en parcourant ma bibliothèque où j’avais élu mes auteurs et mes histoires favorites. Grave ou heureux constat, il n’y avait que des écrivains classiques et très peu de contemporains ! Mon petit panthéon perso ne contenait pas Patrick Modiano, Michel Houellebecq, ou encore Tatiana de Rosnay mais plutôt Balzac, Duras, Zweig ou Céline…Ce constat me faisant penser… mais est-ce-qu’ils y a encore aujourd’hui une pensée, une âme, un univers qui soit encore capable de me bouleverser intellectuellement au point de renier les anciens maitres ?



Est-ce-qu’un écrivain contemporain est-il capable de m’émouvoir en me jetant à la figure son style telle une claque vivante qui puisse me faire frémir et me transporter dans un ailleurs ? J’attends encore ce moment décisif qui me montrera la voie de la vraie littérature retrouvée comme j’aimerais l’entendre venir jusqu’à moi… Cette affirmation n’est pas une prétention, mais un désir profond ; un espoir de voir naître enfin un esprit éclairé qui puisse venir catalyser toutes ces valeurs perdues, sinon dissimulées. Ou est-moi qui suis aveugle pour ne pas savoir reconnaître une pépite parmi toutes celles… Oh où est donc la littérature avec un grand « L » qui avait le monopole avant ? Je veux dire par là, une littérature dépouillée de ces parasites que sont les médias et la politique. Ainsi à la lecture de cet essai, j’aime à voir ici, à travers le défi de poser cette question polémique, les prémisses d’un plaidoyer pour défendre la figure de l’intellectuel responsable et surtout sincère envers les problèmes de son temps. Cette envie de lecteur coïncide avec, je pense, les aspirations de ce livre de Shlomo Sand qui est là pour nous faire réfléchir ensemble sur la question. Une question sérieuse qui vaut le coup, au moins d’être posée. Son analyse apparait au fil de la lecture des chapitres lucide et bien documentée.



La fin de l’intellectuel français pose en effet la question de la sacralité que l’on pose et que l’on associe à l’écrivain. En cela l’analyse de Paul Bénichou dans son « Sacre de l’écrivain », permet à posteriori de se poser encore actuellement la question de la pertinence de trouver réunis sous une même intelligence, des personnes capables de réfléchir à l’unisson sur de vrais sujets et pas seulement des romans cinématographiques ou des essais politiques surmédiatisé grâce à la position ethnarque de leurs auteurs.

Mais là où l’essai est très intéressant à lire, c‘est aussi dans la remise en cause des principes acquis avec les intellectuels du XXème siècle. Dans son avant-propos, l’auteur défie les mythes en faisant le désolant constat que les auteurs que l’on a su estimer, aduler, surenchérir même dans notre jeunesse n’ont pas été si sincères que cela avec nous…et qu’il est un temps où nous aussi nous avons grandi et où nous nous sommes réveillés en nous disant : "mais en fait, c’était un leurre, un mensonge, une mascarade ?". Alors on nous aurait dupés comme on l’a fait quand on était petit avec les contes de fées ? La littérature au même titre que les contes et le théâtre est-elle, elle aussi, une merveilleuse fable ? N’y a-t-il pas une chose plus terrible pour un auteur que de perdre son propre public en perdant son « aura » auprès de lui ? Perdre sa confiance peut-être vécue comme une désolation voire une défaite pour l’auteur.

S.Shand résume bien cette idée : « L’accumulation de petites vérités est susceptible de corroder et de remettre en cause de grandes mythologies. Beaucoup de héros des lectures de jeunesse sont amenés à perdre de leur aura lorsque leurs lecteurs parviennent à maturité. Le mythe de l’intellectuel que je m’étais forgé à un âge relativement jeune m’a bien poussé à acquérir un savoir, il a stimulé mon engagement politique et m’a ouvert les portes de l’écriture ». C’est ça, oui c’est ça on s’est forgé un mythe autour de l’intellectuel car il a su à un instant T nous stimuler l’intellect, nous faire réfléchir dans le bons sens pour nous élever et nous épanouir l'esprit en ravissant notre imaginaire.



Seulement cette admiration a montré ses limites une fois grandissant et nous nous sommes mis à s’intéresser aussi à l’homme, au-delà d’une simple appréhension de l’œuvre… et là quelques déceptions dans l’enclos sacré de notre mystification de l’auteur : ce qu’il a écrit ne lui ressemble pas, c’est un autre « moi » qui l’a écrit. Bien sûr tous les écrits n’ont pas forcément besoin d’être sincères mais quand ils le sont et qu’ils « collent » parfaitement à la personnalité et à l’esprit de l’écrivain, c’est encore mieux et rajoute à son estime. Qui sont-ils vraiment ? Leurs écrits sont-ils le miroir de leur être ? Comment des écrits qui nous ont touchés peuvent nous dégouter en grandissant ? Ou alors pour éviter ce fléau, il faut faire cette part distinctive entre l’œuvre et l’écrivain, l’œuvre et la vie ? Nécessairement je pense que oui si on ne veut pas être victime de la déchéance de notre idole. Une dualité qui doit séparer ou bien rassembler ? Soit disant au passage, cette dualité serait intéressante de transposer dans un exercice muséographique. Puisque le style est devenu de moins en moins perceptible dans les livres, ne peut-il pas l’être au sein d’une maison d’écrivain qui devrait respirer justement l’esprit, l’âme de l’écrivain en ses lieux ? Comment (l’auteur donne l’exemple de Sartre) être moins sûr de Sartre tout d’un coup ? Désillusion ou lucidité ? Ainsi même avec les auteurs classiques, la remise en cause reste possible.



L’essai pointe sur d’autre problèmes intéressants : notamment sur les relations de pouvoir qu’exercent les intellectuels. Avis mitigé sur leurs gouvernances, le chapitre « Marx et sa descendance Capital symbolique ou politique » traite de cette question en émettant l’existence à la fin du XIXe siècle en plus d’un « capital économique », d’une toute autre arme à destruction massive, « le capital du savoir » : « le capital du savoir a été utilisé par des hommes comme moyen de domination sur d’autres humains ». Mise en avant ici d’une vision moins brillante de l’intellectualisme. Un côté, à mon sens, intéressant d’aborder car il fait partit de cette histoire qui semble vivre un déclin sinon une crise. Ce sont au moment des Affaires Dreyfus que plusieurs points de vue sur l’intellectuel émergent, rendant encore plus complexe cette figure. L’auteur insère ici plusieurs définitions croisées afin de nous restituer le vrai visage de l’intellectuel du XIXe-XXe siècle; du moins le visage qu’il a bien voulu se donner en fonction du contexte politique du moment.



Autre question primordiale soulevée et qui a toute sa place dans un essai réflexif comme celui-ci, celle de la figure de l’intellectuel de demain : à quoi ressemblera-t-il dans un monde aussi globalisé que le nôtre ? Cette interrogation est légitime car elle induit une rupture avec la conception d’il y a encore quelques décennies ; une réflexion nourrie des exemples précédents de figures marquantes. L’intellectuel dans la société post-contemporaine : un beau sujet sur lequel méditer quand lorsque chaque semaine, s’organise en France des manifestations et des grèves qui tournent parfois aux émeutes populaires et n’ont plus rien à voir avec l’objet de revendication de départ : les droits au travail et à la liberté… Quelle figure intellectuelle aujourd’hui peut se hisser au-dessus du politique pour pouvoir répondre à toutes ces questions essentielles ? Shlomo Sand donne un constat : l’intellectuel d’aujourd’hui est moins engagé et donc moins au service de l’intérêt général. Les causes en sont la montée de l’individualisme, la mondialisation, l’émergence des mass-média et d’internet. Somme toute, un cocktail prévisible qui allait marquer de son empreinte cet impact irrémédiable. C’est à partir de là que l’essai, prend à mon sens peut-être une trop forte dimension politique…Mais une partie, qui je le reconnais est nécessaire pour démontrer que c’est certain, l’intellectuel ne sera plus appréhendé comme un "mage". Techniquement c’est impossible.



Toutes ces remarques posent la question de sous quel visage prendra la figure de l'intellectuel du XXIème siècle, si on peut encore parler pour ce siècle, de forme d'intellectualisme ? "C'est la définition même du mot "intellectuel" qui est mis à mal par ces nouvelles figures, comme ces "lanceurs d'alerte", qui ont émergé grâce à internet". Cette réflexion nous permets donc d'y voir peut-être non pas la disparition mais l'émergence d'une nouvelle forme, encore inconnue, de l'intellectuel. C'est sur cela que le livre clôt. Si la société évolue en même temps que ses paradigmes, à quoi ressemblera l'intellectuel du futur ? Évoluera-t-il en marge des institutions qui le contrôle ou du moins, l'influe dans ses pensées ? Devra-t-il nécessairement être engagé ? L'archétype idéal que l'on se faisait de l'intellectuel du XIXe-XXe siècle n'est pas forcément le même attendu pour les générations à venir. Un nouvel âge d'or est toujours possible…



Ainsi, une vision qui donne le point de vue corsé mais compréhensif de l'auteur.

Je conseille, pour compléter cette lecture et prolonger le débat, de consulter aussi l'essai de Philippe Vilain "La littérature sans idéal". Pour un autre plaidoyer cette fois-ci…celui du style en littérature L'ouvrage permettra de retrouver ce même type de problématique et ce même constat sur le désenchantement de la littérature aujourd'hui.

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Comment la terre d’Israël fut inventée

Quels éléments définissent un Etat, quelles sont ses frontières, son héritage ?



Une recherche intéressante d'une Histoire que je maitrise mal et qui m'a appris de nombreux points (vous en trouverez notamment dans la partie citation) sur la situation souvent épineuse de cette région du globe. L'écriture est agréable quoique un peu austère (à la manière des que-sais-je). Je pense que ce livre trouvera un intérêt auprès de ceux et celles qui sont intéressé(e)s par le sujet, mai en aucun cas il ne s'agit d'un ouvrage de vulgarisation.



Me voilà bien avancé comme Shlomo Sand est historien et polémiste il faudra à mes heures perdues tenter de me faire un avis objectif sur la question !
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La mort du Khazar rouge

Peut-on tuer à cause d'un livre histoire ?

Ça dépend du livre...

Shlomo Sand, professeur d'histoire à l'université de Tel-Aviv, est l'auteur de deux livres qui ont été controversés. Leurs titres "Comment le peuple juif fut inventé" et "Comment la terre d'Israël fut inventée" explique d'emblée pourquoi ils n'ont pas plu à tout le monde.

Il n'est pas question de résumer ici les thèses de l'auteur ( je ne peux au demeurant qu'en conseiller la lecture, ils sont très accessibles et dénués de tout pédantisme universitaire). On peut cependant les exposer ainsi : l'archéologie démontre le caractère mythique des évènements racontés dans la Bible. Le judaïsme apparaît vers le septième siècle av JC en Judée, parmi les autochtones Cananéens. Après la destruction du Temple par les Romains en +70, il n'y a pas de dispersion des Juifs. Ils restent sur place. La preuve en est qu'ils se révoltent à nouveau n +132 (révolte de Bar Kochba). En revanche il y a eu des conversions massives au Judaïsme sur tout le pourtour de la Méditerranée. Là est l'origine des Juifs orientaux ou Sépharades. Ces points ne font pas controverse dans la communauté des historiens et sont attestés par l'archéologie. Voir à ce sujet les ouvrages d'Israël Finkelstein, directeur du département d'archéologie de l'Université de Tel Aviv.Mais Sand est attaqué sur la deuxième partie de ses théories, concernant l'origine des Ashkénazes, Juifs d'Europe orientale. Selon Sand, ils ne descendent pas des Hébreux du premier siècle, mais d'un peuple de la Steppe, les Khazars, dont le royaume a existé jusqu'au 13eme siècle dans la région de la Caspienne, convertis au Judaïsme au 8eme siècle.

Évidemment cette thèse remet en cause les justifications historiques du Sionisme, créé précisément par des Ashkénazes au 19 ème siècle, puisque les descendants des Khazars n'auraient aucun lien avec la Palestine. Tout le monde ne l'accepte donc pas, malgré les preuves indiscutables de l'existence du royaume juif des Khazars.

Et voilà le point de départ de notre roman : un universitaire israélien qui a travaillé sur les Khazars est assassiné en 1987. Puis un autre 20 ans plus tard. Et..

On ne raconte pas un roman policier.

Parce qu'il s'agit d'un véritable roman policier, il y a une enquête, des rebondissements. Les personnages sont crédibles. On apprend aussi énormément de choses sur la société israélienne.

Shlomo Sand a réussi avec succès le passage souvent difficile au roman.

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La mort du Khazar rouge







Schlomo Sand est un universitaire, historien à l'Université de Tel Aviv.  Il a écrit des essais: Comment le peuple juif fut inventé,(2008)Comment la terre d'Israel fut inventée (2012), comment j'ai cessé d'être juif (2013) La fin de l'intellectuel français? (2016) qui ont été édités en français, et bien sûr, d'autres publications, antérieures ou non traduites. 



La mort du khazar rouge est une fiction, un polar de 383 pages, se déroulant sur 20 ans de 1987 à 2007. L'enquête commence avec le meurtre d'un universitaire Litvak, historien, qui s'apprêtait à publier un livre sur les Khazars, royaume s'étendant de l'Ukraine au Caucase ayant adopté la confession juive. Ces travaux dérangeant une partie des universitaires israéliens. Le policier Emile Morkus est un Arabe chrétien de Jaffa  fait équipe avec Shimon Ohayon un juif marocain. Peu d'indices pour élucider cet assassinat. D'autres assassinats - le frère jumeau de Litvak - une étudiante gauchiste, ne sont pas plus résolus, le procès du violeur de l'étudiante aboutit à une erreur judiciaire. Après un nouvel assassinat, 20 ans plus tard  l'enquête reprend. La victime est un autre historien, un orientaliste.  Son sujet de recherche :  Himyar, un royaume  yéménite également converti au judaïsme au IV ème siècle de notre ère. 





Je déteste les critiques qui spoilent les polars. Ne comptez pas sur moi pour vous donner plus de détails sur l'intrigue qui est très bien conduite et qui tient le lecteur en haleine.



En revanche, j'ai pris grand intérêt  à retrouver vingt ans d'histoire d'Israël :  la première Intifada, les espoirs nés à Oslo ,l'assassinat de Rabin en 1995...Grand intérêt également à découvrir tout un pan d'histoire du peuple juif sous un angle que j'ignorais (les khazars, non, mais le royaume yéménite complètement).





Rencontre avec un écrivain que j'ai eu le plaisir d'entendre sur des vidéos de Youtube qui m'ont appris que la fiction était basée sur des faits réels : Litvak, le personnage a été inspiré d'un historien Abraham Polak qui a vraiment étudié les Khazars, le  policier arabe d'un véritable policier.
Lien : https://netsdevoyages.car.blog
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La mort du Khazar rouge

Pour un premier roman, c'est un coup de maitre. Ce beaucoup-plus-qu'un polar est surtout une réflexion sur la difficulté de déconstruire le mythe fondateur biblique de l'État moderne d'Israel, domaine de prédilection de l'historien et professeur d'université israélien Shlomo Sand. Parallelement a la dimension criminelle, le récit met donc en scene le profond malaise que provoque, dans le milieu universitaire israélien, la remise en cause de l'histoire officielle du peuple juif. Dans le livre, ce malaise est lié chez certains au refus de ce qui est percu comme un mensonge justifiant occupation territoriale et discriminations ethniques alors que, chez d'autres, il est beaucoup plus lié au danger que représente une telle remise en cause subversive pour leur carriere académique.



Roman a l'intersection entre histoire, idéologie et politique, c'est aussi une observation psychologique fine et décapante du milieu académique israélien rayon histoire, avec lequel le professeur Shlomo Sand avait apparemment un compte a regler.



Ce livre se veut un message de paix dans le contexte du conflit israélo-palestinien sous la forme d'une fiction criminelle autour d'une remise en question historique qui, elle, n'est pas fictive. Une telle remise en question est inévitablement percue par certains comme une atteinte a leur identité et, de ce fait, déchaine leur fureur ou, tout au moins, une forte réprobation et c'est la que la fiction rejoint peut-etre la réalité, crimes en moins heureusement.



Apres avoir lu ce livre, je me fais la réflexion que les Juifs sont comme une grande famille animée de relations passionnelles et parfois conflictuelles mais toujours subordonnées a l'appartenance familiale. Moi qui ai perdu mes racines, me prends alors a regretter de ne pas faire partie de cette famille meme si, comme toute grande famille, celle-ci contient des secrets pouvant etre perturbants. En tout cas, je me réjouis de lire le prochain roman de Shlomo Sand.
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Comment j'ai cessé d'être juif

J'ai été assez déçue par ce livre qui même si il m'apporte énormément d'informations me semble totalement incohérent par moment, par exemple : l'auteur confond les arabes et les musulmans, contrairement à ses dires on m'a enseigné que l'on n'a exterminé des juifs en Allemagne, mais aussi des homosexuels, des tziganes... Donc la théorie du grand complot s'effondre lorsque j'avais 14 ans au collège! Je ne me souviens pas de tout mais ensuite j'ai du mal à croire au reste (forcément).

SI je suis parfaitement d'accord de son point de vue sur les religions en général, je ne comprends toujours pas qu'il compare le christianisme, le judaïsme et la religion musulmane (qui ne porte pas le même message sur l'égalité des sexes et sur l'importance de la vie).

J'aimerais gentiment aussi apporté aux critiques politiques qu'il fait que rien n'est jamais parfait bien sûr, mais aucun comparatif par exemple français, nous sommes censé être un état laïque est pourtant nos lois ne sont pas respectés pour des questions de religions des musulmans, en fait maintenant on a carrément jeter l'éponge.

L'auteur nous a raconté une anecdote plein de sagesse sur le fait que sa fille de 5 ans ne comprenait pas que pendant la Pâque juive on remercie DIeu d'avoir envoyer les dix plaies d'Egypte, car cela signifie tuer des nouveaux nés innocents. Donc un splendide exemple de l'horrible "logique" religieuse qui ne saute pas aux yeux des adultes, mais à ceux des enfants innocents.

Dans le genre moins sauvage, comment expliquer à ma fille que certaines mères de mon école viennent voilées chercher leur enfant (alors que c'est strictement interdit)? Comment dire certaine règles ne sont pas respectées par les plus grands car ils pensent que l'avis d'un livre poussiéreux est plus important que la vie actuelle?Je ne parle même pas d'une femme dans le tram qui avait l'avait apeuré car elle portait le voile intégrale; comme lui expliquer que non ce n'est pas un monstre( car dans son esprit ça ne peut être que ça), c'est une personne qui a choisi de porter ça car... (impossible, vu que je ne peux me l'expliquer à moi-même).

Vous l'avez compris, encore un livre qui se veut révélateur et qui reste dans le politiquement correct. Mais le fait est que dès qu'on aborde le thème des religions, c'est impossible, et c'est une vrai athée qui vous le dit.
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Comment le peuple juif fut inventé : De la Bi..

Voici un livre fascinant et important. Fascinant par son sujet, la création d'une histoire nationale mythique dans le but de créer une communauté politique et de légitimer sa revendication territoriale. Important par le terrain qu'il étudie, le "peuple juif" et la revendication de ses représentants sionistes sur les terres de la Palestine mandataire puis, au delà, de ce qui est nommé par eux Eretz Israël.

"Comment le peuple juif fut inventé" n'aurait pas pu être écrit par quelqu'un d'autre qu'un chercheur israélien. Tout autre auteur aurait été taxé d'antisionisme au mieux, d'antisémitisme au pire (Shlomo Sand montre d'ailleurs qu'en Israël les deux notions sont parfois volontairement confondues).
Lien : http://quoideneufsurmapile.b..
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La mort du Khazar rouge

L'intrigue est bien menée, mais tout l'intérêt du livre réside dans la partie historique et subversive du livre.

Toute la complexité d'Israël se retrouve dans la multiplicité des origines du peuple juif qui, comme beaucoup de peuple qui place la religion à la racine de son histoire, en a fait un mythe qui ne supporte aucune contradiction.

De cette absence de critique ne peut que naître l'oppression et le rejet de l'autre.
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La fin de l'intellectuel français ?

Il ne faut pas laisser les intellectuels jouer avec les allumettes



« J’ai simplement voulu projeter quelques faisceaux de lumière sur certaines périodes et quelques formes de discours, choisies dans cette brève histoire particulière »



Dans son avant-propos, qui résonne particulièrement pour moi, Shlomo Sand parle, entre autres, de son malaise « face à une partie des matériaux inclus dans le concept d’« intellectuel ». », de sa passion de la lecture, « voguer joyeusement vers des contrées magiques », de livres qui excitaient sa curiosité et « nourrissaient mon imagination quelque peu poétique », des errances de Jean Paul Sartre et de Simone de Beauvoir (et du souvenir de Bianca Lamblin), des intellectuels « parisiens », d’Albert Camus…



L’auteur analyse certains mythes à défier, comme le film de Claude Lanzmann Shoah et l’oubli des persécution des populations juives à l’ouest du Rhin. Il indique « L’accumulations de petites vérités est susceptible de corroder et de remettre en cause de grandes mythologies » et rend hommage à Simone Weil, André Breton, Daniel Guérin ou George Orwell, « ils ont tenu bon face aux trois plus grands crimes du siècle : le colonialisme occidental, le stalinisme soviétique et le nazisme allemand, sans dédouaner aucun d’eux à l’aide d’une quelconque justification philosophique à base libérale, nationale ou de classe ».



Je m’attarde sur son introduction « La cité et la plume », les interventions des intellectuels (il est dommage que l’auteur ne traite pas du caractère fortement genré de ce groupe social), « Après l’instauration du suffrage universel masculin, dans les années 1870, et de l’enseignement obligatoire, dans les années 1880, on a assisté à la lente constitution d’un collectif intellectuel autonome, d’un genre nouveau, qui accompagnera la vie politique pendant près d’un siècle, et accédera à un statut privilégié dans le champ culturel français », le caractère « extraordinaire » du traitement de Louis Althusser étrangleur de sa femme (voir sur ce sujet le superbe article, « La banalité du mâle », de Francis Dupuis-Déri dans Nouvelles questions féministes : Imbrication des rapports de pouvoir… et sa caractérisation : « un tueur de femme plutôt banal »), les caractéristiques (et leurs causes historiques) du statut de l’intellectuel en France, la définition comme « intellectuel parisien ».



Shlomo Sand analyse les caractéristiques des « producteurs de biens symboliques », la notion et l’histoire de l’« intelligentsia », la place « des événements consécutifs au procès militaire d’Alfred Dreyfus », les définitions variables historiquement des « intellectuels », l’« intellectuel » producteur de « haute culture », les « érudits », le capital symbolique comme rapport social, la démocratisation de l’enseignement supérieur et ses effets, l’univers des symboles, les marges d’autonomie des intellectuels par rapports aux pouvoirs institutionnels ou économiques…



L’auteur rappelle la défense « des pratiques criminelles, appliquées en URSS » par maint-e-s intellectuel-le-s prestigieuses/eux, les éminents érudits ayant soutenu le régime nazi Allemagne, ou les béquilles du « maoisme et de ses gardes rouges, précisément durant les années les plus totalitaires de la Chine », etc. Je pourrai allonger la liste des forfaitures…



Shlomo Sand parle aussi des intellectuels publics, « La plupart des intellectuels n’ont rien contre l’image que leur renvoie le miroir, et l’autocritique se fait rare dans leurs propres écrits », de la dérive conservatrice, de l’assimilation « anti-intellectualisme » et « anti-totalitarisme » et interroge : « quelle est la motivation principale de la production intellectuelle » ?



Transformation des rapports sociaux, du climat idéologique, « Autrement dit : la place et le statut de l’intellectuel dans l’arène publique sont-ils les mêmes qu’à la fin du XIXe siècle, tandis que seules ses valeurs auraient changé ? Les « moyens de production » classiques de l’intellectuel sont-ils encore la source de ses modes de manifestation dans notre univers spirituel ? ».



Sans négliger pour autant les paroles peu audibles dans les médias et la place publique, le bouillonnement réflexif sur de multiples blogs, sites et parfois ouvrages, je partage cette appréciation de l’auteur en fin d’introduction : « alors que l’intellectuel parisien moderne est né dans le combat contre la judéophobie, le crépuscule de l’intellectuel du début du XXIe siècle s’inscrit sous le signe d’une montée de l’islamophobie »



Dans la première partie « Les clercs dans la tourmente du siècle », Shlomo Sand revient en détail sur les affaires Dreyfus (il explique pourquoi, il considère qu’il y a deux affaires), la première apparition des « élites érudites » sous la forme d’un groupe organisé. (Je note que l’engagement des écrivains et des peintres en 1848 et en 1870 est omis).



L’auteur analyse la place sociale des intellectuel-le-s, de celles et ceux qui prennent parole publique. Il y reviendra dans son développement pour mieux cerner la base matérielle (y compris les dimensions idéelles) de leurs actions. Le « producteur de culture » n’est pas désincarné et ne peut être abordé par ses seules « motivations idéologiques ».



L’auteur brosse un tableau d’un certain nombre d’intellectuels, Voltaire, Jean-Jacques Rousseau, Auguste Comte, Alexis de Tocqueville, parle de l’essai de Julien Benda « La trahison des clercs », de celui de Paul Nizan « Les Chiens de garde » et du « Plaidoyer pour les intellectuels » de Jean-Paul Sartre. Je n’ai pas les compétences pour entrer dans le détail de toutes ces analyses. Ni dans celles des positionnements de certains comme Raymond Aron ou Michel Foucault. Mais d’autres textes, comme ceux de Paul Nizan ou Pierre Bourdieu, me sont plus familiers. Je connais quelques unes des « errances » de certain-e-s et leur soutien à des états dictatoriaux.



Quoiqu’il en soit, les analyses, souvent pleines d’humour, de Schlomo Sand ouvrent sur des réalités trop souvent mises sous le tapis.



Il convient, en effet, de mener une analyse sociologique des « fractions pensantes », de l’« intelligentsia corporatiste », de l’« intellectuel étatique », de l’intelligentsia « hors classe », ou de l’« intellectuel organique », de leurs intérêts ou de leurs statuts.



Il me semble utile de rappeler les insertions dans les rapports sociaux, les motivations ne pouvant être réduits à la politique de la parole. Reste que la réduction sociologique ne fait pas justice à l’autonomie de la pensée, ni à l’épaisseur de l’intervention politique. Même si, pour reprendre une juste expression de Jean-Pierre Terrail, il convient de ne pas induire une sous-estimation de la consistance sociale des fractions de certains groupes sociaux.

La discussion devrait se poursuivre. Je ne suis pas sûr que le pessimisme soit de rigueur aujourd’hui (Voir le rôle joué par les étudiant-e-s ou les personnes diplômées et privées d’emploi, dans de multiples révoltes et luttes de part le monde.



Un chapitre est consacré au « charme discret du fascisme », aux intellectuels de droite extrême, leur rôle dans l’entre-deux guerres et la collaboration.



Le dernier chapitre, assez succulent, est consacré au « crépuscule des idoles » à la domestication de certains. Shlomo Sand aborde des questions difficiles, comme par exemple les rapports entre « l’universel et le spécifique ». Il souligne la compartimentation et la professionnalisation universitaire, l’hermétisme des discours théoriques, la langue peu commune de l’université. L’auteur évoque, à travers quelques exemples, le renoncement à l’utopique pour un fantasmatique combat anti-totalitaire, masquant, à peine, un soutien à l’ordre néolibéral, au monde tel qu’il est.



« Autrefois, l’intellectuel universel et subversif se caractérisait par sa force critique des injustices sociales et, en même temps, par une tendance à idéaliser les mondes hostiles au sien. Le cours des choses s’est inversé : le nouvel intellectuel, médiatique et consensuel, se reconnaît à son conservatisme, qui célèbre la hiérarchie sociale et la culture politique ambiante, tandis qu’il voue aux gémonies tous ceux qui, de l’extérieur ou de l’intérieur, la défient et la menacent ».



Enfin, l’auteur aborde les mass media, l’espace public, quelques-un des porteurs de parôles (c’est volontairement que je mets un ironique accent circonflexe !), la mise en avant privilégiée du « détail », les promptes réactions le plus souvent confuses et superficielles…



Dans la seconde partie, « Islamophobie et « Rhinocérite » des clercs », Shlomo Sand déploie une incisive critique de Michel Houellebecq. Il souligne la haine des personnes considérées comme musulmanes ou de l’islam distillée par cet auteur. Il mène avec brio une entreprise de démasquage de Charlie. Ses rappels sur l’islamophobie et la judéophobie sont aussi salutaires. Reste que si je partage bien de ses argumentations autour de « Je ne suis pas Charlie » (voir en complément son texte publié sur le blog), je diverge d’avec lui, sur l’appréciation, très unilatérale, de la manifestation après les meurtres autour du journal et de l’hyper-casher.



L’ironie mordante de l’auteur se manifeste dans ses analyses sur Alain Finkielkraut, Eric Zemour, les soutiens à Oriana Fallaci et son livre islamophobe, Bernard-Henry Levy et d’autres dont les signataires d’appels militaristes… Et, l’auteur se remémore un « héros de sa jeunesse : Missak Manouchian »…



Un regard lucide sur des « élites » d’une certaine scène intellectuelle, scène bien trop médiatisée, car la mise en scène en est très médiocre, le texte souvent exécrable, et les acteurs/actrices guère sympathiques dans leurs fantasmes identitaires et leurs mots de haine…



Le titre de cette note est une phrase de Jacques Prévert cité par l’auteur.
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Comment le peuple juif fut inventé : De la Bi..

Shlomo Sand est un historien franco-israélien né en 1946 à Linz. Il professe à l’université de Tel Aviv. Dans ce pavé de près de quatre cent cinquante pages, il nous offre une thèse audacieuse mais réaliste, il met au jour les contradictions que colporte le sionisme qui cherche à faire correspondre la réalité à sa « légende » biblique, celant par là même volontairement certains pans de l’histoire des juifs. Là où l’histoire et la science nous apprennent que les races n’existent pas, qu’il n’y a que l’espèce humaine avec ses multiples variétés, le sionisme veut absolument trouver le gène juif qui justifierait l’homogénéité des descendants de Moïse après leur exil prétendument forcé à la suite de la destruction du Second Temple de Jérusalem, jusqu’à trouver des spécificités physiques aux Juifs (qui seront reprises par Hitler et les nazis pour exécuter leur diabolique œuvre).

Ce texte, soutenu par plus de cinq cents notes et références, est extrêmement bien écrit, détaillé, impossible à résumer en quelques lignes, mais très édifiant et mettant des noms et des explications sur des histoires que racontent les sionistes allant à l’encontre des faits historiques toujours têtus.
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La mort du Khazar rouge

J'avais lu l'essai de Shlomo Sand "Comment le peuple juif fut inventé", je connaissais donc ses thèses avant de lire ce roman policier. Hormis quelques maladresses dans certains dialogues ou quelques recours un peu grossièrement ficelés dans l'action, la lecture est très agréable, les personnages sont plutôt bien développés, l'enquête est intéressante. Les questions soulevées dans les essais universitaires de Sand sont évidemment au cœur de l'action et je trouve que l'idée du polar pour rendre plus accessible un travail universitaire peut-être un peu hermétique est très bonne.
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Comment le peuple juif fut inventé : De la Bi..

Un excellent essai très documenté sur l’histoire du « peuple juif», la naissance du sionisme et la création de l’état d’Israël qui a certainement exigé un travail titanesque de recherche. C’est aussi un très courageux exercice de réflexion sur les notions de nation, de démocratie et citoyenneté. Shlomo Sand pointe les contradictions et les ambiguïtés de « l’ethnocratie »israélienne et préviens contre les dangers des théories biologistes pour le justifier.

Un livre très instructif que je recommande vivement à tout le monde.
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Crépuscule de l'histoire

Cet essai a pour principal objectif de faire l'histoire de la façon dont les historiens ont considéré leur discipline, son statut, son rôle, son potentiel, ses limites. Très documenté, il fait en quelque sorte l'histoire de l'historiographie, soit une histoire au cube assez méta... Pour ceux qui ne s'intéressent pas trop à l'Histoire comme discipline, passez votre chemin. Pour les autres, et surtout pour les amateurs de sciences sociales en général, le livre résume bien l'évolution du statut de ces disciplines, et des limites quant à leurs résultats du fait d'un biais idéologique particulièrement fréquent.
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La mort du Khazar rouge

Cela fait un moment que je suis curieuse des théories de l'historien israélien Shlomo Sand concernant le lien entre les Juifs et la terre d'Israël, alors je me suis dit que son polar serait une façon plaisante et aisée de m'y confronter, et c'est vrai !

Emile Morkus, enquêteur arabe palestinien et chrétien est amené à enquêter sur le meurtre d'Yitzhak Litvak, historien de l'université de Tel-Aviv qui a développé des thèses dérangeantes pour la mythologie nationaliste du sionisme (celles de l'auteur si je ne me trompe pas). Ses thèses sur les Khazars, peuple d'Europe centrale, qui s'est converti au judaïsme et serait l'ancêtre des Juifs askhénazes, remet en cause le lien entre le peuple juif et la terre d'Israël. De même que sa remise en cause de la Diaspora appuie cette idée de conversions en différents points du globe. L'histoire est étymologiquement "enquête", comme il le rappelle, et tout nationalisme une fiction que l'on construit et raconte.

C'est passionnant, très intéressant d'un point de vue historique mais aussi politique et social puisqu'on apprend beaucoup sur ce pays controversé, rempli de paradoxes et de contradictions, et cela sous la plume d'un auteur israélien, ce qui appuie cette image de pays contrasté.

L'enquête est traditionnelle, parfois un peu convenue, mais je ne me suis pas du tout ennuyée parce que j'ai beaucoup appris !

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