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Critiques de Sylvain Prudhomme (472)
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Légende

Matt et Nel sont amis, le premier est un grand gaillard cinéaste amateur, le deuxième photographe est descendant de bergers. En voulant faire un film sur « La Chau » boite de nuit qui anima de nombreuses soirées de la région, Matt découvre alors le destin tragique de deux cousins de Nel, disparus en pleine force de l'âge. Fabien croque la vie à pleines dents tandis que Christian jeune homme torturé et violent, se réfugie dans l'alcool et la drogue. Malgré une certaine réticence de Nel, Matt décide de recueillir des témoignages de cette époque. Les portraits se font plus précis, kaléidoscope d'une époque, d'une jeunesse insouciante terrassée notamment par le Sida.

Sylvain Prudhomme nous invite sur une terre harassée de soleil, bercée par une certaine mélancolie, aux portes d'Arles.

Les descriptions minutieuses permettent de ressentir presque physiquement l'amour des personnages pour ces lieux chargés de souvenirs, renforce forcément notre empathie pour ces hommes attachés à leur terre. Le style est des plus agréable, on s'installe dans ce roman, comme on feuillette un album photos entre tristesse et gaité. Nous interrogeant aussi sur nos propres souvenirs qui nous ont construits. Un roman fin, profond sur des années souvent charnières, porté par la belle plume de Sylvain Prudhomme.

Si la rentrée littéraire est de ce calibre là, notre rentrée à nous sera plus douce. Une belle découverte. Merci aux Éditions Gallimard et à Babelio pour ce très beau cadeau.
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L'Enfant dans le taxi

Que de non-dits asphyxiant des générations entières de familles.



Ne serait-ce que pour cette écriture ciselée, ce livre mérite d’être lu. J’aurais envie de dire que cet auteur a une plume qui lui est personnelle. La composition des phrases, des paragraphes et l’imbrication des idées les unes dans les autres, m’ont interpelé. Elle lui est propre et peut ne pas convenir à tous les lecteurs…mais ça, au fond, c’est vrai pour bien des livres.



Dans ce roman Sylvain Prudhomme soulève la poussière de d’ssous les tapis, celle qui y est depuis deux générations déjà et sans que ces dernières ne le sachent. Oui, la poussière était là depuis toujours, créant une ambiance indéfinissable provenant d’un malheur passé, d’un drame refoulé, en tout cas d’une période de vie peu louable.



C’est à l’enterrement de son grand-père, le taiseux Malusci, que Simon apprend par son oncle Franz qu’ils ne sont pas les seuls descendants de ce patriarche. Juste avant de se marier avec Imma et d’avoir plusieurs enfants et petits-enfants, Malusci avait été en Allemagne en toute fin de seconde guerre mondiale. Il y avait connu un grand amour auprès de la fille de paysans vivants et accueillants régulièrement des soldats de différentes origines. Malusci avait cette délicatesse des traits et cette finesse de personnalité qui ne pouvaient qu’attirer une jeune fille côtoyant un monde rural plutôt rude. Un enfant a été le fruit de ces quelques semaines de totale passion. Oui mais, la vie a vite rattrapé ce couple d’amoureux pour les remettre sur les rails définis par la société à ce moment-là.



Ah! Secret de famille quand tu nous tiens, plus aucun gouvernail ne répond aux commandes.

L’auteur n’a pas de réponse non plus, mais son état d’esprit et les questions qu’il se pose sont intéressantes. Les thèmes de l’abandon, de la réparation et de la justice sont judicieusement abordés. Et c’est là que se trouve toute l’intérêt de ce roman.
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Les orages

Treize nouvelles de moments de vie où tout peut basculer, par choix, à cause du destin, par espoir ou désespoir. Une chose est certaine, les personnages connaissent tous un grand sentiment de solitude quelque soit l'entourage. Leur vie va basculer, on retient notre souffle, on a peur pour eux, comme si on anticipait la catastrophe et je crois que c'est la force de ces orages, le talent de cet écrivain, la chute n'est peut-être pas celle qu'on attendait.



Un coup de cœur pour souvenir de la lumière avec ce père dans un certain déni face à la maladie de son enfant et de sa certitude de la guérison face aux médecins et sa femme complètement désarmés et Awa beauté pour l'abnégation de cette femme.



Le taille-haie avec ce petit-fils qui suit son grand-père sur un terrain escarpé pour récupérer l'engin en vain, m'a beaucoup fait sourire.



Ces scènes de la vie quotidienne qui deviennent des orages sont inquiétantes, voire menaçantes mais surtout pour nous lecteurs. Les personnages se contentent de vivre et de faire face.
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Les orages

Ils sont seuls.

Seule comme peut l'être une femme qui attend son mari, avec ses filles, sur une île en Bretagne, et dont le mari arrive mais qui sent qu'un gouffre de malentendus s'est ouvert en son absence (« L'île »).

Seule comme peut l'être cette femme, quelque part en Casamance, qui a économisé centime après centime pour s'acheter un salon de coiffure, et qui va devoir tout donner pour soigner son petit frère atteint d'un cancer ‘(»Awa beauté)

Seuls comme ce couple a pu l'être, devant la situation critique de leur enfant malade, dormant presque à même le sol dans un réduit de quelques mètres carré pour rester à son chevet (« Souvenirs de la lumière »)

Ou seul comme un homme qui revisite une dernière fois l'appartement où il a vécu, où il a passé ses meilleurs moments, et qu'il va rendre parce que d'autres locataires vont l'investir (« l'appartement »).

Mais toujours la lumière apparaît, que ce soit au sens propre, avec une description de paysage (« la nuit ») ou au sens littéral comme à la fin de la nouvelle « L'île » ou finalement « L'orage a lavé les ardoises et les chemins. Lavé le ciel. Lavé jusqu'à la mer étale au loin. le regard fend l'air. Devant la maison les champs mouillés brillent » - sans doute ma nouvelle préférée de ce recueil.

La dernière de couverture nous dit que Sylvain Prudhomme « explore ces moment où un être vacille, où tout à coup il est à nu. » Ecrites entre Mai et Septembre 2020, ces nouvelles partent de l'intime, de ces moments de basculement, de ces heures de vérité, déterminantes pour la suite.

Je connaissais l'écriture de Sylvain Prudhomme que j'avais appréciée avec « Les grands », puis « par les routes », un style très attachant qui évoquer parfois Olivier Adam en plus resserré.

Un auteur à découvrir donc, et ce recueil de nouvelles peut être une très bonne introduction à son écriture fine et qui touche juste.

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Par les routes

Ce roman "Par les routes" aurait bien pu s'appeler "L'autostoppeur". A mon avis l'un des héros de ce roman qui n'a pas de nom ni de prénom. L'autre héros c'est Sacha. A eux deux ils ont connu une belle amitié dans leur jeunesse et un jour on ne sait pourquoi elle est devenue toxique. Sacha, écrivain, vivant à Paris, décide de se mettre au vert et s'installe en Provence dans un petit village appelé V. On ne sait pas si c'est le hasard ou non, mais l'autostoppeur qui l'a connu jadis habite dans ce même village avec femme, Marie, et enfant Agustin. Pour Sacha, le célibataire, qui voulait être au calme et vivre en ermite avec pour seuls bagages, une valise de vêtements et une de livres...c'est raté. Très vite, son cousin l'invite , il y rencontre Jeanne, une collègue de ce dernier, qui elle, lui fait connaître un couple dont le mari n'est autre que l'autostoppeur. Sacha va leur rendre une petite visite. L'autostoppeur est surpris mais n'hésite pas à lui présenter sa petite famille. De temps à autre, l'autostoppeur part en vadrouille à travers la France sans femme ni enfant. Il prends soin de photographier les généreux voyageurs qui le prennent et échangent leurs adresses e-mail. de là il envoit des cartes postales à sa famille et à Sacha. La fin est très belle mais je ne vous en dit pas plus.



C'est un véritable récit de voyage à travers les petits villages ayant un nom symbolique pour lui. Tels que : Orion, Autruche, Bulle, Oust ou encore Marguerittes. Vous pouvez regarder sur des cartes ou sur un GPS (c'est ce que j'ai fait pour certains), ces villages ou lieux-dits existent vraiment. Au delà se joue une belle romance, bien écrite. Un livre dont on ressort grandie. Un livre où le hasard et la lenteur ont toutes leurs places. Pour ma part, c'est un livre dépaysant. Je ne peux que vous le recommander.
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Les orages

J’avais été séduite par le précédent roman de Sylvain Prudhomme, « Par les routes » qui décrit avec délicatesse l’amitié et le désir amoureux entre trois personnages. Dans "Les orages" qui regroupe treize nouvelles touchantes de simplicité et de vérité, j’ai retrouvé avec plaisir la plume tout en finesse de l’auteur.

Ces fragments de vie qui touchent à l’intime se racontent à la première ou troisième personne, ils nous font toucher du doigt, chacun à sa manière, la fragilité humaine.

Chaque histoire est un instant qui compte dans une existence. Dans « les cendres » un homme va à l’enterrement de son père et se revoie, enfant, sur la banquette arrière de la voiture avec ses parents qui parlent de leur mort. Dans « L’appartement », c’est d’un déménagement qu’il est question, et de toute une existence sur laquelle on claque la porte. Dans « Balzac », le narrateur rencontre un curieux personnage venu, comme lui, s’éloigner de Paris dans ce village discret. Dans « La nuit », une femme en vacances s’énivre de soleil et de mer jusqu’à trouver l’apaisement.

La nouvelle « souvenir de la lumière » qui débute le recueil est assez extraordinaire. Le narrateur raconte cette rencontre fugace avec un homme qui a passé plusieurs jours au chevet de son enfant malade. Chambre 817. Avec ce seul détail, le narrateur cherchera à voir cette chambre pour tenter de remonter le temps et revivre le drame intime de cet homme. C’est une histoire lumineuse et troublante. Mais toutes les histoires de Sylvain Prudhomme ne se laissent dévoiler qui peu à peu pour révéler toute la sensibilité des personnages avec leurs faiblesses.

J’ai eu un coup de cœur pour « Awa beauté ». Awa est employée de maison en Casamance. Tout en préparant le repas, elle rêve à son projet de salon de coiffure, mais la réalité va la rattraper. La sobriété avec laquelle est racontée cette histoire la rend encore plus bouleversante.

N’attendez pas de chutes spectaculaires à ces récits, ils n’en ont pas besoin pour capter l’intérêt du lecteur.

L’écriture délicate de l’auteur se prête à merveille à ces fragments de vie ordinaires fragiles comme des porcelaines de Saxe et pourtant si intensément vivants et émouvants.

Un style à découvrir, un beau recueil à savourer.



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Par les routes

J'aime de plus en plus la plume et l'univers de Sylvain Prudhomme. Après la surprise Les grands, le plaisir de Légende, j'avoue que Par les routes m'enthousiasme à tous les niveaux. Ses thèmes, son ambition, la souplesse de son rythme qui rend si agréable de cheminer sous sa plume. Comme pour Légende, une histoire d'amitié, un brin de nostalgie, l'exploration de ce qui relie les hommes. Là s'arrêtent les points communs. Ici, il est question des routes que chacun emprunte, chemins de vie, sentiers intimes ou routes nationales. Les ici, les ailleurs et les possibles.



Avec deux sacs pour seuls bagages, Sacha a quitté Paris pour s'installer dans une ville du sud-est de la France que l'on ne connaitra que par son initiale, V. En quête du calme propice à l'inspiration de l'écrivain, persuadé que "on voit mieux dans le peu. On vit mieux. On se déplace mieux, on conçoit mieux, on décide mieux". A peine arrivé, il apprend que celui qu'il appelle "l'autostoppeur", un ami qu'il n'a pas vu depuis seize ou dix-sept ans habite également à V. avec Marie et leur fils Agustin. Il y a longtemps, Sacha et l'autostoppeur ont parcouru les routes, dans le monde entier, en stop. L'autostoppeur a désormais une entreprise de réparation en tous genres, une compagne et un fils, mais il continue à s'offrir des escapades de quelques jours, toujours en stop. Tandis que Sacha s'installe, l'autostoppeur multiplie les départs, sous l’œil bienveillant, compréhensif, puis de plus en plus dubitatif de Marie. Pourtant, il n'est pas question de fuite, plutôt d'une quête, d'une envie de rencontres... Se forme ainsi une drôle de cohabitation entre ceux qui restent et celui qui part, revient de plus en plus tard sans pourtant jamais vraiment les quitter.



Comme c'est agréable de prendre le temps, d'avancer lentement, tranquillement, guidé par la poésie qui se glisse par surprise au détour des pages. On n'a qu'une envie : attraper une carte Michelin, repérer des villages et se tracer un chemin selon l'humeur du jour. On sourit des trouvailles de l'autostoppeur dont les noms des étapes sont autant de messages et de clins d’œil adressés à ceux qui sont restés à V., petites bulles de poésie, petits brins de tendresse. L'espace et le temps prennent une autre dimension, comme apprivoisés. La notion de famille se trouve joliment remaniée. Il flotte un agréable sentiment de liberté, de bien-être. La sensation d'appartenir au monde.



L'univers de Sylvain Prudhomme s'affirme au fil des livres et je sais désormais que je le retrouverai avec envie. Une fois n'est pas coutume, j'ai bien envie d'installer Par les routes sur ma table de chevet, histoire d'en donner un petit morceau à picorer à mes rêves chaque soir. Et vous savez quoi ? Je ne regarderai plus jamais les noms des villes et villages de la même façon.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Les orages

Dans "Les orages", un recueil d'histoires paru le 7 janvier aux éditions Gallimard, on retrouve avec énormément de plaisir la plume Sylvain Prudhomme qui nous avait enchanté avec Par les routes, lauréat mérité du Prix Fémina 2019.



Dans ce recueil de treize nouvelles sensibles et délicates comme des gouttes de pluie, Sylvain Prudhomme insiste sans en avoir l'air sur ces instants d'une vie où la vie bascule sans qu'on n'en s'en rende vraiment compte.



A travers une écriture épurée, dépouillé, sobre, mais qui sait bien se ménager petites bulles de poésie et autres brins de tendresse, Prudhomme cible ces petites tempêtes personnelles et tourments intérieurs -deuil, maladie, vieillesse, peur...- qui peuvent transformer à jamais nos existences d'êtres humains...



Sylvain Prudhomme raconte si joliment ces moments d'abandon, lorsque nos orages intérieurs réveillent nos angoisses enfouies profondément en nous.



"Quel est ce bonheur qui me fait trembler, qui me redonne force et vie? Je me sens délivré. Tout me semble bon, tout a un sens. Tout est vrai".

Cette phrase de Fédérico Fellini; citée en préambule de ces tempétueux "Orages" prouve à quel point Sylvain Prudhomme donne à l'art- littérature et cinéma notamment des facultés exceptionnelles, tel un pansement très efficace à poser sur nos cicatrices intérieures et autres fêlures intimes.

Un très beau recueil de textes courts mais percutants, dont la beauté nous frappe en plein coeur : une lecture idéale pour se réjouir déjà de cette nouvelle année !


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Par les routes

Sacha retrouve un ami perdu de vue depuis vingt ans, qui vit avec Marie (traductrice) et leur fils Agustin. L'autostoppeur (l'ami en question) prend régulièrement la tangente pour sillonner la France. Marie fatigue, d'autant plus que Sacha le narrateur, tel un coucou est prêt à prendre sa place dans le nid familial. "Par les routes" laisse un sentiment mitigé, tant l'intrigue reste somme toute banale et que le lecteur (en tout cas moi) se pose souvent la question, mais où veut en venir Sylvain Prudhomme ?

Pourquoi cet homme sacrifie peu à peu un univers familial harmonieux ? Il faut avouer que les motivations sont bien loin d'être évidente !

Entre indifférence pour les personnages et ennui (pour le lecteur), Prudhomme allonge ses pages de listes de villes, villages, églises etc... qui laisse perplexe.

On s'accroche tout de même car, l'auteur est assez malin pour susciter un brin de curiosité, mais je dois avouer que "légendes" son précédant roman était bien meilleur.

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Par les routes

Le voyage commence à V. une petite ville du sud-est de la France, la France de la Provence, des petits villages où il fait bon vivre. Sacha, notre narrateur, vient d’y emménage pour mener à bien son projet de roman. Quelle n’est pas sa surprise d’y rencontrer l’autostoppeur, son inséparable ami de jeunesse, que la vie avait cependant réussi à éloigner, maintenant marié à Marie et papa d’un petit Agustin, attachant et fougueux, comme on peut l’être à 9 ans.

L’autostoppeur, dont on ne connaîtra pas le nom, a gardé l’habitude qu’il a souvent partagé avec Sacha, de partir muni d’un sac à dos et d’un panneau de carton sur lequel est indiqué une destination, pour le plaisir de découvrir un territoire, un village, un hameau inexploré.

Même si le plaisir de la route est son moteur, c’est surtout l’envie de partager quelques heures avec des inconnus qu’il prend soin de photographier avant de continuer sa quête de nouveauté.



« Par les routes » est un livre étrange et fascinant qui raconte celui qui part mais aussi et surtout ceux qui restent. Sacha, Marie, Agustín restent et se rapprochent. Ils comprennent la nécessité de l’ailleurs, du toujours plus, du toujours plus loin, mais ils restent et attendent.



Ce livre plein de tendresse est à la fois une histoire d’amitié, une histoire d’amour, une histoire de partage, c’est magnifiquement écrit. J’ai apprécié chaque instant de ces ballades « Par les routes », avec cependant le regret d’avoir dû poser mon sac lorsqu’arriva le point final.



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L'Enfant dans le taxi

Un roman très court, sur les couches de silence d’une famille, depuis une soixantaine d’années. L’histoire refait surface, petit à petit au cours d’une conversation, après la mort du patriarche Luciano Malusci. Est-ce une habitude ou une décision délibérée, d’enfouir les secrets ? Pas de scandale, ne pas faire de vagues, c’est plus facile, c’était pour le bien de tout le monde.



A la fin de la guerre, Luciano vivait dans une ferme au bord du lac de Constance, attirée par la fille du fermier, une très belle allemande, un désir très fort les réunit, qui donnera naissance à une petite graine, qui a pour prénom M.



Après l’enterrement du grand-père, « C’était arrivé à ce moment précis et contre toute attente cela n’avait rien dû au hasard, ni à l’indiscrétion involontaire d’un invité, ni encore moins à la lecture d’un acte ou d’un courrier que j’aurais commis l’indiscrétion de consulter. Non : ç’avait été le fait d’un homme, appelons-le Franz, de sa décision calme, mûrement réfléchie depuis des jours, ou prise peut-être pendant le trajet retour du cimetière qu’il avait passé à remuer sa frustration d’avoir une fois de plus gardé le silence, ne supportant plus de se plier à l’omerta générale. »



Quelques mots soufflés en douce à Simon le petit-fils, tellement inattendu, l’effet d’une petite bombe. Curieux, il interrogera chaque membre de la famille, il veut comprendre ce qui s’est passé, pourquoi M, a été mis à l’écart ? Il va le rechercher, tout le monde va devoir se souvenir, beaucoup de questions le taraude, leur comportement. Que sont devenus l’allemande et M ? vivent-ils toujours au bord du lac ?



Cette histoire est aussi celle de Simon qui vient de se séparer de A, la mère de ses deux enfants. Une séparation, comme beaucoup de couples aimeraient la vivre, sans aucune méchanceté, malgré ce moment pénible, entre eux, il y a toujours beaucoup d’amitié et de respect.



L'Enfant dans le taxi de Sylvain Prudhomme, un récit plein de tendresse sur les non-dits, des rebondissements, une jolie intrigue, beaucoup de douceur.

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Les Grands

Couto le grand musicien, le guitariste du célèbre groupe Bissau-Guinéen des années 70, Super Mama Djombo, est aujourd'hui un homme triste, Dulce, son grand amour, est morte. Elle ne chantera plus, il ne pourra plus la serrer dans ses bras, même s'il ne le fait plus depuis qu'elle a épousé l'homme fort du régime, celui que Couto a connu pendant la guerre d'indépendance contre les Portugais.



Couto marche dans les rues, il promène sa nostalgie et ses souvenirs. Ses amis le saluent, ensemble ils évoquent le bon temps et Dulce. L'idée d'un concert qui serait un hommage à la chanteuse nait dans leurs esprits. Ce soir, Ils vont chanter pour elle, ce soir où Couto le sait, le pays va encore connaître un coup d'état fomenté par l'armée, par le mari de Dulce.



Sylvain Prudhomme signe ici un magnifique roman africain dont la sensuelle musique de son écriture traduit toute la beauté et la violence d'un pays.

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Les Grands

J'ai eu l'honneur de rencontrer l'auteur, et par la même occasion, de lui poser quelques questions sur l'article que j'ai rédigé sur lui dans la foulée pour le journal pour lequel j'écris. N'ayant jusqu'à présent jamais rien lu de lui, je voulais tout de même savoir de qui et de quoi exactement j'avais parlé dans mon article, même si j'en avais eu un bref aperçu lors de cette soirée-rencontre. J'ai donc acheté son dernier livre le soir-même (à savoir avant-hier), autant vous dire qu'il ne m'aura pas fallu longtemps pour me faire une première opinion sur cet auteur et vous en rendre compte ici...opinion et premier avis qui sont plus que positifs d'ailleurs !



Avec "Les Grands", Sylvain Prudhomme rend hommage à un pays dans lequel il a vécu pendant deux ans, la Guinée- Bissau et surtout à un groupe de musique en particulier qu'il a beaucoup écouté lorsqu'il était là-bas (et qu'il continue d'ailleurs d'écouter, je n'en doute pas) : Super Mama Djombo. C'est en apprenant la mort de Dulce, la chanteuse du groupe et celle qui fut son premier amour que Couto, le guitariste, se souvient. Même si cet ouvrage n'est pas raconté à la première personne, Couto n'en demeure pas moins le protagoniste et surtout, le fil conducteur de ce roman. Bien entendu, tous les membres du groupe (qu'il s'agisse des anciens membres dont certains sont parti du pays pour tenter de se reconstruire une vie en Europe ou des nouveaux qui se sont joint après la reconstruction du groupe) gravitent autour de ce personnage phare qu'est Couto. Bien que le groupe n'ait plus la renommée qu'ils avaient fut un temps, étant même devenus des figures légendaires de la Guinée-Bissau, Super Mama Djombo a le mérite de continuer à se produire sur scène et d'exposer ses idées.

L'histoire se déroule en 2012, à la veille du second tour des élections présidentielles et autant dire que le contexte historique n'est pas des plus sereins, dans un pays où l'armée est omniprésente. Même si le lecteur ressent cette ambiance lourde et pesante, son regard est cependant constamment tourné vers la douleur que ressent Couto après la nouvelle de décès de Dulce. Même s'il est vrai qu'ils avaient tous deux refait leur vie, rien ne peut effacer la perte d'un premier, voire même, pourrait-on dire ici, d'un unique, puissant et véritable amour !



Un roman extrêmement riche, autant sur l'histoire de la musique et son importance dans le pays, que sur L Histoire (avec un grand H) de la Guinée-Bissau que sur les sentiments, autant amoureux qu'amicaux ou encore ceux que l'on ressent envers son pays natal et ses terres d'origine. A découvrir !



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Par les routes

Il faut laisser Sylvain Prudhomme nous prendre la main pour nous entrainer sur les traces de l’autostoppeur, même s’il n’est pas facile d’entrer dans le roman. Il n’impose rien, à chacun de trouver son rythme, sa respiration pour le suivre sur cet étrange chemin.

Le narrateur, c’est Sacha, quarantenaire désabusé, qui débarque à V. où il va retrouver cet ami perdu de vue qu’il ne nommera que par ce nom étrange et réducteur d’autostoppeur.

Sacha va commencer une nouvelle vie tout en se rapprochant peu à peu de Marie, l’épouse de l’autostoppeur et de son fils de neuf ans. Ensemble, ils vont attendre et suivre l’itinéraire sinueux de cet homme insaisissable, toujours parti sur les routes, le pouce tendu. Les photos qu’il envoie sont autant de traces pour ne pas perdre sa trace si légère. Sacha, lui, va découvrir le bonheur d’être en famille, la famille que l’ami toujours parti lui confie et lui « prête » par accord tacite.

Ce roman nous convie à la fois à un voyage immobile avec ceux qui restent et attendent le retour du voyageur dont les retours ne sont que de très brèves pauses avant un nouveau départ et à ces méandres dans des lieux inconnus et sans attraits sauf ceux que lui trouve l’autostoppeur.

L’autostoppeur a une consistance très floue, mais peut-être n’est-il que le double de Sacha, son fantasme rêvé ? Car, ne l’oublions pas, c’est Sacha et lui seul qui raconte de bout en bout cet étrange odyssée toujours recommencé.

On pourrait penser que ces errements le long des petites routes de France, ces villages traversés, ces rencontres éphémères vont finir par nous lasser. C’est sans compter sur le charme de l’écriture, la dimension romantique et la poésie du texte qui nous entrainent toujours plus loin. Sylvain Prudhomme sait nous faire partager ce plaisir du voyage sans but précis, si ce n’est un nom de village, cette aventure dans la France profonde, et ce goût du partage au gré des rencontres. On se plait à découvrir des noms de lieux insolites, à s’étonner de de petits détails insignifiants. Il y a une philosophie du voyage proche de celle des pèlerins qui prennent le chemin en le vivant au jour le jour, avec cet élan vers l’autre, l’inconnu et accueillant avec un bonheur simple tout ce qu’il peut leur apporter à chaque détour.

Sacha, lui, a choisi l’immobilité. Pourtant, le fait de suivre la trajectoire de l’autostoppeur va modifier en profondeur sa vie.

L’écriture, légère, tout en demi-teinte, est d’une grande poésie et le talent de Sylvain Prudhomme transforme des situations banales en grandes épopées romanesques.

Du grand art et une belle lecture.





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L'Enfant dans le taxi

Un beau roman sur la quête des origines, à l’écriture pour le moins torturée et, du coup, assez fatigante. Tout à fait dans le droit fil de l’état d’esprit du narrateur, qui vit une rupture avec sa conjointe et, en même temps, le décès de son grand-père, patriarche de la famille. Au moment des obsèques un beau-frère le met sur la piste d’un secret de famille qui se met à l’obséder et à le pousser à enquêter. A partir de là, il plonge avec finesse le lecteur dans les secrets d'une famille marquée par l'Histoire. Seul bémol, le lecteur ne saura jamais ce qui a vraiment provoqué le profond déclic et le départ de cette quête. C’est confus, plein de détours et, objectivement , je suis restée un peu sur ma faim, pas tant sur le secret lui-même, passionnant, très bien mis à jour, malgré une grand-mère récalcitrante, et avec talent, mais surtout sur le versant psychologique, qui reste énigmatique, faute d’un portrait du grand-père ouvrant une quelconque piste. Intéressant, sans plus. Mais je m‘attendais à plus, à mieux, ...
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L'Enfant dans le taxi

Mort du patriarche. le grand-père, la légende taiseuse et houleuse. La famille resserrée et unie dans la célébration posthume du défunt, dans sa capacité à entourer de sollicitude la veuve nonagénaire. Alors qu'est-ce qui pousse le narrateur, fraichement séparé de sa compagne A., à exhumer un secret de famille ? Et qu'est-ce qui pourrait nous intéresser dans cette mise au jour ?



A ces deux questions, aucune réponse franche ne sera donnée. En revanche, le style, la construction du récit sauront nous inviter à une promenade autour de ces interrogations. Comme souvent, ces dernières révèlent plus de celui qui les pose que les réponses qu'elles devraient trouver. Elles disent davantage sur la manière dont chacun peut, à partir de la connaissance d'un événement, choisir de mener sa vie, en dépit de toute générosité, de toute morale, de toute justice. Le déni comme moteur et pourvoyeur d'une existence paisible. Admirable portrait d'Imma, la grand-mère du narrateur. Elles disent aussi la quête de ce qui est moins la vérité historique qu'une forme de réflexion, forcément subjective, forcément égocentrée. Comme si L Histoire ne nous parlait que lorsqu'elle se faisait reflet de notre psyché.



Et pourtant, il n'est pas question ici de justice à exiger, de révélation fracassante ou de réparation. Il n'y a aucune prétention à une légitime transparence, à la croyance en une seule et unique vérité que l'on aurait indûment dissimulée. Juste la persistance d'une quête de sens, la sensibilité aux éternels drames de l'abandon, de la capacité à vivre avec ce « sans », d'une manière ou d'une autre. (Franz et Julie comme une belle variation sur ce thème.) Un très joli roman doux amer et plus profond que ce qu'il m'avait semblé aux premiers abords.

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Par les routes

🎶 J’étais sur la route toute la sainte journée,

Je n’ai pas vu le doute en toi s’immiscer.🎶



Ce roman est moitié road trip, moitié sur place ; je m’explique : alors que Sacha, écrivain, la quarantaine fringante mais un peu flemmarde, quitte Paris et s’installe à V., village en Provence, afin de trouver l’inspiration pour son xième roman, il retrouve un ami perdu de vue depuis quinze ans, ami surnommé l’auto-stoppeur. Dans leur vie de jeunes adultes, ils ont parcouru des milliers de kilomètres dans des voitures de passage à hauteur de leur pouce levé. Leurs chemins se sont séparés à la demande de Sacha. Pourquoi ?



Dès les retrouvailles, l’amitié renaît de ses cendres, et Sacha est rapidement intégré dans le cercle familial de son ami, marié à Marie, et heureux papa d’Agustín, leur garçon d’une dizaine d’années. Une vie confortable et plutôt sédentaire pour cet homme ayant la bougeotte.

L’arrivée de Sacha va servir de catalyseur à l’auto-stoppeur, sa passion nomade se ravive, le démange au point de laisser sa famille au bord du chemin et parcourir les routes de France sac au dos, cheveux au vent, au gré des itinéraires des conducteurs qui acceptent de parcourir un bout de chemin avec cet insolite passager dans leur habitacle.

C’est un roman particulier, qui m’a plu, sans que je puisse expliquer vraiment pourquoi : l’humanisme qui s’en dégage, le temps qui passe, la poésie d’un texte attendrissant, la musicalité des noms de villes, villages, hameaux français traversés par l’auto-stoppeur, le hasard de belles rencontres et la bienveillance transparaissant à chaque page; la mayonnaise a pris et je l’ai dégustée avec plaisir.

Un roman qui fait du bien à l’âme, sans prise de tête.



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Par les routes

Ce roman est comparable, peut-être volontairement pour l'auteur, aux aléas de l'auto-stop -- pratique qui a grandement régressé avec l'arrivée des moyens de réservation de trajets par internet -- en ce sens qu'il démarre assez fort avec de belles pensées, puis s'enlise gentiment dans un petit mélo amoureux, et se termine par une très belle page sur la constellation d'Orion, ce qui me permet de lui décerner le même nombre d'étoiles qu'en possède le célèbre baudrier. Sinon...



Les personnages ne sont guère attachants, en tout cas aucun des deux hommes, bien paumés dans leurs incertitudes. Marie sort du lot tant bien que mal en exhibant "ses petits seins adorablement blancs" mais si elle est une bonne traductrice, elle manque elle aussi d'esprit de décision sur le long terme, lequel l'aurait sans doute aidée à conduire son existence mieux qu'en subissant les inconstances de son compagnon auto-stoppeur.



On peut tout de même voir dans ce livre une réflexion sur le bonheur et c'est l'une de ses réussites. Mais alors elle illustre aussi l'impossibilité de partager certains plaisirs lorsqu'ils sont vraiment singuliers -- faire de l'auto-stop sur des semaines entières sans but précis -- et donc la nécessité de les vivre seul hors d'une amante et d'une famille.



J'ai quand même aimé l'écriture alerte et les dialogues quelquefois savoureux ainsi que les pointes d'humour qui apparaissent selon que chacun puisse les apprécier et, bien sûr, quelques belles phrases sur les saisons, la chute des feuilles des platanes ou l'hiver dans le nord de la France.
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Par les routes

Petit coup de cœur pour ce roman qui prône la liberté et l’amitié. Sacha vient s’installer en Provence, dans la ville où son compagnon de FAC y vit avec sa femme et leur fils. Étrange personnage qui ne peut pas s’empêcher de partir sillonner les routes de France en auto-stop à la rencontre de ses semblables. Besoin vital qu’il a du mal à expliquer. C’est comme ça, c’est tout ! Il va partir de plus en plus souvent et de plus en plus longtemps, les courriers qu’il envoie aux trois êtres les plus chers à son cœur vont s’espacer aussi.

L’auteur nous fait voyager en France en choisissant des noms rigolos. Et tout ça sans bouger de chez moi à moins que l’envie aussi nous prenne, qu’on attrape son sac à dos et... Belle coïncidence puisque je l’ai lu le week-end dernier alors que j’étais dans le Morvan où des photos étaient exposées à l’accueil du camping. Je m’interroge sur l’une d’elle et on me répond : C’est l’équipe d’un championnat d’auto-stop. 74 duos étaient au départ en Suisse. L’équipe féminine qui a gagné a fait 350 kms. Étonnant, non !
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L'Enfant dans le taxi

« Puisque depuis toujours dans l'ordre des familles le crime c'est de parler, jamais de se taire. »

Et il aura fallu seulement quelques mots lors d’un enterrement pour que le secret d’une naissance soit dévoilé et qu’une envie d’ailleurs resurgisse chez Simon. Pour que l’absent devienne quête. Ou simplement détournement, pour oublier sa séparation d’avec A.

C’est donc l’histoire d’une quête et d’un deuil. La quête d’un père par un jeune garçon abandonné, la recherche d’un grand-oncle inconnu (ou délaissé) par un adulte en quête de vérité et le deuil d’un couple par un écrivain largué .

Ça parle d’amour, d’abandon, de rupture, de la vie en 1946 dans l’Allemagne vaincue, de musique, de silence et d’acceptation.

Et ça se lit d’une traite
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