AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Sylvain Prudhomme (472)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Par les routes

Le titre m'a de suite attirée, cette histoire de routes, d’autostoppeur ne pouvait que réjouir la personne en moi qui a tant aimé voyager sous cette forme, le pouce levé ! Tout un art, toute une éthique. Un appel, une addiction.....



Alors cet autostoppeur je l'ai vite apprécié en le découvrant par la voix de son grand ami Sacha. Seulement je n'ai pas toujours compris ses raisons de partir aussi souvent alors qu'il est marié à Marie, une charmante traductrice, papa d'un petit Augustin... Il est habité par un besoin vital du partir, de la route, de la rencontre tout en sachant qu'il passe à côté d'autre chose, d'être là avec les siens, ceux qu'il aime. Il en est conscient mais il part ...



C'est un récit des plus ordinaire, sans fioriture aucune, histoire de vie, tout le long du livre j'ai imaginé qu'il allait arriver quelque chose et puis, en vain .. rien ou presque .. rien et tout à la fois. Je me suis laissée porter par ces êtres amoureux des livres, entre Sacha écrivain et Marie traductrice et puis le voyage, c'est toute la France que nous traversons du nord au sud, de l'est à l'ouest. Les descriptions sont parfois rapides comme parfois lentes à la vitesse de certains automobilistes, des kms parcourus en une journée, des noms de villes, de villages remplissent des pages ..... Ennui ? Non pas vraiment, mais mon doigt s'est vu tourner une ou deux pages plus rapidement.



Je pourrais écrire des lignes et des lignes sur le sujet, sur ce que ce livre réveil en moi, parce que ce ne sont pas des photos comme l’autostoppeur que j'ai pu faire lors de mes aventures en stop mais des cahiers noircis d'encre pour aussi raconter la RENCONTRE.



Mais les rencontres est-ce que ça se raconte ? J'aurais tendance à dire ça se vit !



Par les routes roman de la rencontre, rencontre sur les routes, et rencontre entre Sacha et Marie, rencontre de l'intime. Entre le partir et l'attente. Entre le être ailleurs et le être là. Entre Amour et amitié.



A tous les autostoppeurs ... Les paysages infinis poétiques et symboliques, historiques et pathétiques .... 0 nos belles régions... à savoir encore voir, découvrir, observer, RENCONTRER
Commenter  J’apprécie          173
Par les routes

"Par les routes" propose de faire un bout de chemin avec un quarantenaire en équilibre entre deux vies : celle qu'il a eu, celle à laquelle il aspire.

Des retrouvailles inattendues avec un ami auto-stoppeur perdu de vue, un double envié, un jumeau qu'il lui a fallu quitter pour se protéger, vont le guider dans cette introspection. Car finalement, à quoi aspire-t-il ?

C'est l'enjeu de cette quête littéraire : identifier au fil des pages, des rencontres, des souvenirs, des instants de vie, ce qui compte vraiment, et

se (re)construire.



La langue est simple, fluide, sensitive, ronde. Suinte le plaisir des mots choisi, sussurés, goutés, déglutis, digérés. La poésie est entre les lignes, autant que la poétique de la rencontre dont ce roman se veut l'éloge.

Et comme aucun propos n'est trivial, qu'il y a du bon à prendre dans le ying et le yang, le propos se construit lentement, au rythme du voyage. Une joie émerge de cette lenteur : se rendre "simplement disponible pour ça".



Sylvain Prudhomme nous propose un texte habité et apaisé, une douceur de vie entre la fatalité de l'être à rester ce qu'il est, juste un homme, et l'extraordinaire richesse des probables qu'offrent les rencontres, qu'il faut savoir mesurer et saisir, pour continuer à grandir, partager... ou s'échapper.



Cet auteur, que je découvre, offre de l'espace au lecteur, en déroulant son récit, il nous propose "juste" de l'accompagner. Sylvain Prudhomme n'oblige pas à la compréhension, ne formule pas d'idées ou de concepts, au mieux il fait référence, mais surtout il formule un contexte et donne quelques clés. A nous lecteur d'ouvrir les portes comme nous le souhaitons.

Aussi "Par les routes" lu comme un road-movie réaliste n'offrira que peu de plaisir. Par contre si vous vous laisser porter par ce texte intimiste, par la finesse et la capacité de l'auteur à ouvrir des chemins de réflexion alors vous connaîtrez une grande joie, non à le dévorer, mais à le déguster !



Une très belle lecture, mon coup de coeur de cette rentrée littéraire ;-)
Commenter  J’apprécie          170
L'Enfant dans le taxi

Simon enterre son grand père Malusci et apprend à cette occasion qu’il a eu un enfant avec une allemande lors de l’occupation alliée à l’issue de la seconde guerre mondiale. Cette découverte et l’enquête qu’elle déclenche pour retrouver « M » est le cœur de ce roman très bien écrit, avec beaucoup d’empathie, de pudeur, de cheminements incertains, de fausses pistes, mais une volonté farouche d’aboutir. Une histoire émouvante de recherche de filiation, de quête du père et de réhabilitation qui sonne juste et solutionne un secret de famille longtemps enfoui.
Commenter  J’apprécie          160
Par les routes

J’ai lu ce roman comme l’on part en auto-stop... ne m’arrêtant qu’à certaines rambardes, le temps de reprendre le souffle pour mieux reprendre la route.

Moi, l’inconditionnelle férue de Kerouak et de Bouvier, génétiquement baroudeuse et sans cesse en quête de

ce « défaut de ligne droite », je me suis embarquée à bord de ces

« paquebots » que sont ces mots, ne gardant qu’une seule

« mélancolie » , le terme du voyage ; ce moment tant repoussé où la lecture s’achève.

Et ne demande qu’à être reprise, pour un autre trajet.

Et puis il y a ce passage, page 88 :

« Être adulte c’est ne plus savoir tomber. » ; qui dit tout, sans rien dire en apparence.

Mais la rambarde est là : entre le tout et le rien. Quelque part, sur la route.



Merci pour ce moment de lecture qui ne

demande qu’à être prolongé, sur la route.



Mona Azzam
Commenter  J’apprécie          162
Par les routes

Sasha, la quarantaine, écrivain, vient s'installer dans la petite ville de V. dans le sud de la France.

Lors d'une soirée chez son cousin il rencontre Jeanne qui lui parle très vite de "l'autostoppeur" qu'elle souhaite qu'il rencontre.

Il se trouve que Sasha connait cet autostoppeur, il s'agit de son ancien ami de jeunesse, lorsqu'ils étaient étudiants. Et quand il le retrouve il fait la connaissance de sa compagne Marie et de leur fils Agustin.



L'autostoppeur aime partir, parcourir la France en autostop, rencontrer des gens, tous différents, mais qui ont le point commun d'avoir osé ouvrir la porte de leur voiture pour le transporter, d'avoir ouvert une fenêtre sur leur vie, leur intimité.



Petit à petit Sasha se rapproche de la famille de son ancien ami qui, lui, reprend ses activités d'autostoppeur de plus belle et s'éloigne d'eux insensiblement.



Ce texte nous parle de départ et d'absence, de voyage, de ce que c'est que d'être là , d'être loin, d'être présent tout en étant absent et inversement.

C'est un livre qui parle d'amitié, d'amour, de désir, de liberté.



L'écriture de Sylvain Prudhomme est ronde, pleine de douceur et de calme, c'est comme si il nous susurrait l'histoire, qu'il nous la racontait à voix basse au coin du feu. Il nous fait pénétrer dans son texte, dans son monde, avec finesse et grâce.

J'ai aimé cette petite mélancolie teintée de joie et de bonheur, une simplicité offerte pour profiter de la vie, là ou là-bas (?!).






Lien : https://enviedepartagerlesli..
Commenter  J’apprécie          160
Les orages

Dans ce recueil d'instants de vie(s), on se demande où l'auteur nous emmène, comme cet écrivain qui tente de faire un film, le film de sa vie. Mais, ici, S. Prudhomme plutôt que de raconter une seule vie, choisit de nous faire traverser quelques moments importants, décisifs, d'inégales importances ou gravités, comme si l'on croisait ces gens en chemin et qu'on les quittait, ignorant beaucoup de leur passé, et rien de leur avenir. Et tout ceci dans l'ordre naturel, d'une naissance à un décès, jusqu'à une renaissance même. Des cendres qui viendront nourrir un arbre, chêne ou amandier.
Lien : https://www.facebook.com/liv..
Commenter  J’apprécie          150
Par les routes

Vous avez sans doute vu passer l’année dernière cette histoire d’amitié entre un écrivain installé dans une petite ville du Sud et « l’autostoppeur », jamais nommé autrement, homme marié et père de famille, qui pourtant, part régulièrement sur les routes, drogué qu’il est au hasard, aux rencontres et aux conversations inopinées.

Ce roman se remarque d’abord par le style, la façon d’écrire les questions dans les dialogues sans point d’interrogation, donnant ainsi l’impression d’interrogations vagues, ni vraiment nécessaires, ni venues du fond du cœur. Cela donne une tonalité particulière aux dialogues, une langueur, une impression de deux monologues côte à côte.

Sinon, si le versant amitié du roman est convaincant, l’histoire sentimentale m’a laissée de marbre. Il reste que la fin, jolie et poétique, rattrape les passages plus faibles, ou un peu répétitifs.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
Commenter  J’apprécie          150
Par les routes

« Le monde se divise en deux catégories. Ceux qui partent. Et ceux qui restent. » et vous, vous appartenez à laquelle ?



Le narrateur et personnage principal, Sacha, déménage dans une petite ville du sud-est de la France, pour changer d’air et écrire son roman. Coïncidence, il retrouve un vieil ami qu’il n’a pas vu depuis vingt ans : l’autostoppeur. Alors que Sacha aspire à une vie tranquille, sédentaire, sans attache ; l’autre continue ses aventures en stop, parcourant la France entière. Pourtant, l’attendent désespérément sa femme et son fils…



L’autostoppeur, dont on ne connaitra jamais le prénom, s’apparente à un mirage, un rêve, au point de se demander s’il existe vraiment ou si on l’a inventé au fil de la lecture. Ce surnom, c’est un moyen aussi de le rendre encore plus distant, insaisissable. En outre, Sacha attise notre curiosité en nous précisant que s’il n’a pas vu l’autostoppeur depuis si longtemps, c’est parce qu’il lui avait demandé autrefois de sortir de sa vie. Mais cette intrigue reste en suspens tout au long du roman, reléguée au dernier plan, comme pour montrer que les disputes ne sont qu’éphémères, on en oublie aussi vite les raisons, une fois passées.



Nous sommes suspendus à la plume de l’auteur, arrêtés dans le temps par ces innombrables voyages. La seule marque de son écoulement est l’envoi des cartes postales par l’autostoppeur des différents villages qu’il découvre. Il choisit de dénuer son texte de toute marque de ponctuations, hormis les points, bien entendu. Ici, ni points d’interrogation pour questionner, ni points d’exclamation pour s’exprimer passionnément. Le lecteur choisit lui-même l’intensité des propos qu’il veut donner aux personnages. En plus de lire, il participe d’autant plus à créer fictivement ces personnages et leurs émotions.



J’ai beaucoup aimé ce livre, que j’ai trouvé très poétique. Il livre de belles leçons sur l’amitié, la vie, l’amour et l’écoulement du temps. Plus encore, c’est un livre humainement renversant, qui nous sommes de regarder la nature autour de nous, de parler à notre voisin dans le train, de vivre la vie comme une aventure et, surtout, de profiter.
Lien : https://littecritiques.wordp..
Commenter  J’apprécie          150
Les Grands

L'histoire réelle mais romancée de musiciens célèbres des années 70, un livre plein de sensualité, de nostalgie, une histoire d'amour mélancolique. Un récit à plusieurs tiroirs entre présent et passé, où l’histoire de ce groupe mythique recoupe l’histoire de la Guinée-Bissau, la guerre contre les portugais, l’indépendance, la corruption et le pouvoir de l’armée, la vie difficile des émigrés. L’auteur nous raconte d'un ton juste l’Afrique et les africains et le lecteur s'immerge complètement dans leur musique. Laissez vous entraîner, par ce roman qui est une véritable pépite.
Lien : http://notreavis.canalblog.c..
Commenter  J’apprécie          150
Légende

Matt, constructeur de toilettes sèches anglais, et Nel, photographe petit-fils de berger sont amis. Tous deux aiment ce pays de la Crau, près d'Arles, ce pays de la Camargue écrasée de soleil, des friches. Tous deux aussi s'intéressent aux vies fulgurantes de Fabien et Christian, cousins de Nel, à l'enfance libre, puis une vie de pilote pour l'un et chasseur de papillons pour l'autre. Des vies qui ont été marquées par les soirées de la Chau, et bien plus tard, les fléaux qui décimèrent les générations dans les années 80's. Matt veut réaliser un film autour de leur histoire.



Légende est un roman qui s'inscrit dans la durée, qui se laisse apprivoiser en douceur, nous plongeant progressivement dans une ambiance assez mystérieuse, intrigante, pudique, avec ses parts d'ombres franches comme celles qui se découpent dans la Crau. Des ombres qui vont très lentement laisser place à des portraits complets, à des liens familiaux, à des destinées croisées. Les personnages du présent et du passé nous apparaissent peu à peu plus familiers. Ils nous touchent, nous émeuvent.



Le texte est ciselé, beau, exigeant, rapportant les dialogues et les pensées de chacun de la façon la plus directe qui soit.



Une post-face indique que le photographe Lionel Roux (Odyssée pastorale, écho à Nel du roman), ami de l'auteur, lui a raconté cette histoire de Jean-François et Alain Gueyraud dont il s'est librement inspiré.



Une belle surprise de la rentrée littéraire 2016, un récit humain, des portraits comme des hommages, loin de l'autofiction, proche des souvenirs et des relations entre les hommes. Pour que l'écriture et les récits fassent perdurer nos mémoires, intimes et collectives, une époque libertaire révolue.




Lien : http://chezlorraine.blogspot..
Commenter  J’apprécie          150
Les Grands

Couto, guitariste guinéen, apprend la mort de Dulce, ex-chanteuse de son groupe Super Mama Djombo et surtout amour de sa jeunesse. Touché par la disparition de la femme de sa vie, Couto se remémore toutes les années de succès du groupe et de tournée à travers les pays lusophones. Des souvenirs douloureux de son passage dans l'armée guinéenne. Il garde cependant un regard distant et naïf sur le sujet, conscient qu'il était alors jeune et immature. La mélancolie due au départ de beaucoup de ses amis pour des pays européens cherchant espoir de réussite. La tendresse et la sensualité de ses rapports avec la belle et ensorcelante Dulce.



Prudhomme nous fait connaître l'histoire mouvementée de ce pays profondément marqué par le mélange des peuples et des cultures, la corruption des politiques et leur instabilité au pouvoir, l'armée omniprésente et bien sûr le fantôme de la colonisation portugaise. De ce livre filtre merveilleusement l'amour de Prudhomme pour la Guinée Bissau et pour l'Afrique. Il y mêle français, créole et portugais dans une danse des langues.



De l'émotion, de la poésie et de la musique. Les mots sont chants, l'écriture est musique. Voilà un livre magnifique pour l'illustrer.



Un conseil en passant : le groupe existe toujours. Dulce est vivante et continue de chanter. Alors profitez-en ! Ecoutez leurs titres pendant votre lecture et laissez-vous emporter, loin, très loin.
Commenter  J’apprécie          150
L'Enfant dans le taxi

Quelle finesse ! Quand il s'agit de conter la révélation d’un secret de famille ou la fin tout en douceur d'un amour qui aura duré vingt ans, SYLVAIN PRUDHOMME sait trouver les justes mots, construire les longues phrases enivrantes, infuser les ambiances, les paysages, les visages de tous ces héros à la vie simple et belle en toute humanité.

L'ENFANT DANS LE TAXI, le roman d'une famille bousculée dans un monde de doux.

Vivifiant et si bien écrit !
Commenter  J’apprécie          140
L'Enfant dans le taxi

Sylvain Prudhomme nous amène sur les chemins des secrets de famille, des secrets qu'il appartient à chacun de découvrir. Un jeune allemand qui tente de retrouver son père et cet homme, le narrateur, auquel on révèle une bribe du secret de famille lors de l'enterrement du grand-père. De cette révélation nait une quête de vérité. Quel rôle joue cette quête alors que le narrateur vit une séparation conjugale?

Il est des livres comme Un enfant dans le taxi qui se terminent sur des ouvertures: beaucoup de choses ont été dites, bien plus sont pensées ou suggérées. A nous de poursuivre l'histoire. Une lecture que je recommande.
Commenter  J’apprécie          143
Par les routes

Je ne sais pas pourquoi je n'arrive pas à mettre le maximum d'étoiles pour ce livre que pourtant j'ai adoré; peut-être à cause de l'histoire qui n'en est pas vraiment une.

Selon moi, il s'agit presque plus d'un conte philosophique que d'un roman.



Le narrateur, Sacha, vient de s'installer dans une petite ville du sud. Dès son emménagement, il retrouve un ami de jeunesse, "l'autostoppeur" -dont on ne saura jamais le nom- et on comprend que ça a été une amitié dévastatrice mais que les deux hommes sont décidés à passer à autre chose. L'autostoppeur lui présente sa femme, Marie, leur fils Agustin. Et toute l'histoire se déroule là, dans les allers et venues de cet homme qui passe son temps sur les routes et essaie de convaincre les siens. Il va de jeu en jeu, prend des Pola de toutes les personnes qui le véhiculent, pense à les regrouper un jour en une grande fête, et en attendant s'amuse finalement à quitter les autoroutes et découvrir la France par les noms de villages les plus jolis, les plus drôles, les plus incongrus.

Tous ces jeux m'ont séduite, m'ont donné envie aussi j'avoue! L'histoire d'un doux dingue racontée par son copain qui finit par vivre sa vie... Et la sensibilité du narrateur est à fleur de peau; ce personnage est tellement touchant.



Un très joli récit qui donne à la fois envie de prendre la route et de se poser sur sa propre route.
Commenter  J’apprécie          140
L'Enfant dans le taxi

Sylvain Prudhomme a d’abord un style : des phrases mots succèdent à celles enchevêtrées de propositions aux formules précieuses et évocatrices. Ce travail de dentellière est un régal que l’on déguste dès la lecture des premières lignes. Puis, le sens de l’intrigue happe rapidement avec une phrase de deux pages pour révéler un secret qui ne se dit toujours pas ! Ce jeu de cache-cache s’effectue pendant six pages. En chemin, il y eut un cimetière, des visages boursouflés de douleur, et un croque-mort qui se prend pour un psychologue, et enfin la colère de Simon, le narrateur.



L’enfant dans le taxi commence par la rencontre entre une fermière et un soldat français que ses parents hébergent au bord du Lac de Constance. Puis, à la suite d’un enterrement, les langues se délient à la fin de la cérémonie. Alors, plutôt que d’avoir à expliquer pourquoi le petit-fils, Simon, est venu seul, un invité s’attarde avec lui sur l’existence de M., qui devient quelques lignes plus loin, le fils allemand de Malusci, le grand-père enterré.



Au fur et à mesure que Simon doit gérer sa famille monoparentale, il s’appuie sur certains membres de la famille pour chercher les réponses à un secret que tout le monde connaît mais dont personne ne parle. Certains, même, cherchent à l’en empêcher. Mais, l’esprit libéré de Simon lui permet de se pencher sur cette histoire dont il reconnaît, lui-même, qu’il ne sait vraiment pourquoi elle l’attire.



Évidemment, l’écrivain échappe à tous les points attendus du genre. Il surprend tout le temps et jusqu’à la fin : un fils caché mais si proche, un amour pendant la guerre dont déjà l’écrivain a parlé dans un précédent roman et le narrateur découvrant sa nouvelle vie familiale.



Sylvain Prudhomme crée une partie de cache-cache littéraire menée entre le récit du ressenti de son narrateur, Simon, qui essaye de s’inventer un nouvel équilibre et la recherche d’un oncle, lointain et pourtant déjà si présent. Mais, réduire L’enfant dans le taxi à ces deux axes ne peut rendre compte de sa puissance narrative.



Sylvain Prudhomme maîtrise parfaitement les codes de l’intrigue et ceux de la fiction. Et, le court roman L’enfant dans le taxi le prouve en déplaçant un déni vers une nouvelle ouverture de la généalogie familiale quitte à en inventer tous les paragraphes !
Lien : https://vagabondageautourdes..
Commenter  J’apprécie          133
Les orages

Après "Par les routes", le roman de Sylvain Prudhomme en 2019, qui m'avait vraiment éblouie par son style, sa façon d'aimer ses personnages jusqu'au plus profond, j'ai acheté "Les orages" dès sa sortie. J'y ai découvert treize histoires, treize moments, treize éclats de lumière dans lesquels des personnages vivent un moment important, ou bouleversant, ou intime, même une femme prenant son bain juste avant de quitter l'hôtel de ses vacances...

Cet homme, par exemple, rencontré par le narrateur au bord d'une route, pleurant et riant à la fois, qui se rendait compte, d'un coup, que sa vie changeait grâce à la guérison de son fils de 5 mois, après quinze jours de terreur, enfin la lumière... ou ce vieil homme qui refuse d'accepter qu'il perd un peu la tête, et qui décide, au grand dam de son fils, d'aller chercher son taille-haie électrique pour tailler la haie, pourtant devenue trop grande pour lui... Awa, beauté sénégalaise qui a économisé toute sa vie pour ouvrir un salon de coiffure, l'homme qui a vendu son appartement, et en fait un dernier tour pour se rappeler de tout ce qu'il y a vécu...

C'est avec profondeur, par petites touches pourtant légères, que l'auteur effleure ces personnages à un moment privé, personnel, dont ils se souviendront. Ces histoires sont belles, simples, et poétiques. J'ai beaucoup aimé.


Lien : https://melieetleslivres.wor..
Commenter  J’apprécie          130
Par les routes

Entre le roman de fiction et le récit de soi, Sylvain Prudhomme raconte le parcours d’un homme qui lui ressemble comme un frère. Ecrivain, reporteur, il s’installe dans une ville de province dans le Sud de la France pour y écrire et prendre du recul. Là, il rencontre des années plus tard l’autostoppeur, avec qui il a partagé maintes errances du temps de leur jeunesse.

Par un jeu de miroir inversé, l’autostoppeur installé dans une vie conjugale et familiale, reprend la route alors que l’écrivain s’installe dans une vie casanière faite de sorties de classe et cuisine familiale. En écho à une errance et à une vie éclatée, les cartes postales de l’autostoppeur sont autant de bouteilles à la mer à destination de ceux qui sont restés à la maison. Ecrit à la première personne, le récit navigue entre le regret d’une vie jeunesse enfuie, l’amitié des premiers jours plus intense qu’un amour installé, le désir d’une vie autrement, les désenchantements qu’apportent l’âge adulte. Quelque chose entre le renoncement et l’acceptation.

Belle écriture, quelques fulgurances. Une auto-méditation à lire avec bienveillance, faute de quoi on peut être vite agacé par le ronronnement de cette ego-histoire

Commenter  J’apprécie          132
Par les routes

Il y a d’abord la couverture, ce regard, un regard droit, perçant, un regard qui vous scrute, un regard qui vous happe. Et puis quand vous ouvrez le livre il y a les mots. Ils m’ont aussi tout de suite emportée, ces mots, cette lettre "V", comme ville, celle où Sacha va s’installer, V comme vivre, vouloir, voyager, vagabonder… "Par les routes", le dernier roman de Sylvain Prudhomme, porte bien son titre et a réussi à m’emmener avec lui sur les routes de la vie.



Pourtant, je ne sais trop comment écrire ce que j’ai ressenti. Alors je vais faire simple et tenter de remettre en ordre tous ces articles, noms, adjectifs et verbes à l’infinitif qui valsent dans ma tête et vous dire :

J’ai aimé les personnages. Sacha, écrivain, a quarante ans. Il a décidé de repenser sa vie, changer d’air, déménager à V., seulement lesté de deux sacs. Il s’installe dans un petit appartement aux murs vert amande. L’autostoppeur, un ami perdu de vue depuis une quinzaine d’années, vit aussi à V., possède sa petite entreprise de bricolage en tout genre et continue de courir les routes de France. Marie, sa femme, douce et tranquille, traductrice, qui accepte les départs réguliers de son homme et Agustin, leur fils, enfant solaire, qui s’accommode de la situation.

J’ai aimé l’écriture de l’auteur, sobre et élégante, parfois mélancolique, sa manière de raconter sans asséner, sans juger. Il est question de routes, de gens rencontrés par hasard, de voitures trouvées sur une aire d’autoroute. Il est question d’amour, d’amitié, d’hospitalité, de fuites et de retours. Et l’amour danse et varie, et les fuites deviennent de plus en plus nombreuses et de plus en plus longues. L’amour de Julien pour Marie demeure et pourtant il s’en va. L’amour de Marie demeure et pourtant petit à petit il se modifie. Julien déserte le nid et Sacha s’y installe, subrepticement comme si Julien organisait sa fuite finale. Il y a dans ce roman une belle ode à la liberté, une atmosphère, une certaine monotonie qui jamais ne m’a ennuyée et toujours enveloppée.



En un mot j’ai aimé et même plus cette histoire étrange où finalement pas grand-chose ne se passe mais où les sentiments persistent, les envies s’exacerbent, les gens se rencontrent et se détachent. Et puis, ce n’est pas tous les jours que je peux voir écrit dans un roman : "Je me suis demandé où il était, à cet instant précis. Sur un panneau j’ai aperçu les capitales noires du nom Châteaubriant." Qui connaît encore cette petite ville ? Ma ville natale, celle de mon enfance et de ma jeunesse.



"Par les routes", un roman envoûtant jusqu’au final pour le moins fantastique.


Lien : https://memo-emoi.fr
Commenter  J’apprécie          130
Par les routes

" Le monde se divise en deux catégories. Ceux qui partent. Ceux qui restent."



Sacha est un écrivain d'une quarantaine d'années, il a quitté Paris pour s'installer à V., une petite ville du sud-est de la France pour y "mener une vie calme, ramassée" et pour écrire un livre. Il apprend que son ami d'adolescence avec qui il n'a plus aucun contact depuis dix-sept ans est également installé à V. Son ami, nommé "l’auto-stoppeur" tout le long du roman vit là avec Marie et leur fils de neuf ans Agustin. Sacha et l’auto-stoppeur ont parcouru les routes en stop jusqu'à ce que Sacha lui demande de sortir de sa vie. A V. son ami vit de petits boulots et continue de partir sur les routes régulièrement, laissant sa compagne Marie, traductrice de romans italiens, et leur fils. Partir est pour lui un besoin. Éternellement avide de nouveautés, il ne fuit pas, il aime sa compagne mais il a besoin de rencontres. " Je le fais pour les rencontres. Pour les moments avec moi-même. Pour les endroits que ça me fait découvrir."



Dans un premier temps Marie comprend, accepte et guette l'arrivée des cartes postales et des enveloppes bourrées de polaroids que leur envoie son compagnon des quatre coins de la France, de villages aux noms plus surprenants les uns que les autres car ce sont souvent les noms des villages qui guident la route de l'auto-stoppeur de Joyeuse à Saint-Pompont en passant par Ogres pour le plaisir de son fils. Il établit de jolies relations avec les automobilistes qui le prennent en stop, les prend en photo, leur demande leur adresse, rêve de les réunir un jour, eux qui forment pour lui une deuxième famille, la famille de ceux qui un jour l'ont aidé.



Curieusement, depuis que Sacha est là, l'auto-stoppeur part de plus en plus, de plus en plus longtemps. Une manière de laisser à Sacha sa place auprès de Marie ?



J'aime beaucoup l'univers de Sylvain Prudhomme fait de douceur, de tendresse teintée de mélancolie. Il met ici en scène deux amis aux choix de vie complètement opposés, l'un est sans cesse sur le départ malgré ses attaches familiales, l'autre est sédentaire sans attaches. Des philosophies de vie différentes que l'auteur expose sans jamais porter de jugement. J'ai aimé tous les personnages, la fragilité et l'ambivalence de Marie, la douce tranquillité d'Agustin... Avec une intrigue minimaliste et un style sobre et poétique Sylvain Prudhomme a su me captiver en racontant tout simplement la vie, l'amour, l'amitié, l'attachement, le désir et la liberté. Un roman parfaitement rythmé qui fait du bien par sa fraîcheur, sa délicatesse et sa simplicité sans jamais tomber dans la mièvrerie. Mais finalement un roman beaucoup plus profond qu'il n'en a l'air...
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
Commenter  J’apprécie          130
Légende

La route d'un écrivain est parfois sinueuse ; après être passé par feu Le serpent à plumes puis Léo Scheer, Sylvain Prudhomme semble avoir trouvé où poser ses valises, de manière définitive on l'espère, auprès des éditions L'Arbalète Gallimard - et ça lui réussit. On sent bien l'écrivain qui n'est pas à son premier coup d'essai ; l'écriture est toute en nuance : pensée, pesée, posée, elle ne s'emballe jamais, il y a une constance qui fonctionne comme une mécanique bien huilée - d'ailleurs à tel point que cela deviendrait, au fil des pages, un léger défaut, mais seulement très léger. Légende retrace les vies, destins et parcours de plusieurs amis réunis dans ce livre par le souvenir d'un lieu mythique : la Chou, une maison perdue au milieu d'une pinède où se passaient des fêtes dont le succès toujours grandissant, et pour le moins inattendu, l'avait fait se muer, la maison, en véritable boîte de nuit. Les portraits des protagonistes sont attachants, bien faits, tout en douceur, ce qui contraste parfois avec leur comportement, puisqu'il s'agit quand même de "durs" dont la passion est de se taper une bouteille de whisky en entier pour ensuite aller chercher des noises à d'autres "bandes". Il règne dans ce roman / récit une ambiance de fin d'été, de souvenirs fantasmés d'une époque meilleure, plus folle, celle de la jeunesse - on a d'ailleurs presque tous le souvenir d'un été bien précis, celui d'un premier amour, d'une soirée où nous avons dansé sur une musique bien particulière ou que sais-je encore, non ? Et c'est bien cette sensation qui émane de ce texte vraiment bien ficelé ; on s'y laisse prendre, ça glisse, trop même : on aurait aimé, parfois, de-ci delà, quelques aspérités sur lesquelles trébucher... reste que le voyage sur cette route du sud et des souvenirs fut bien agréable - merci l'écrivain.
Commenter  J’apprécie          130




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Sylvain Prudhomme (2264)Voir plus

Quiz Voir plus

Complète ces expressions françaises

Prendre le taureau…

Par la queue
Par surprise
Par les cornes

20 questions
6 lecteurs ont répondu
Thèmes : expressions françaisesCréer un quiz sur cet auteur

{* *}