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Critiques de Tim Willocks (598)
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La mort selon Turner

*** Rentrée littéraire 2018 ***



Outch, j'ai été percutée par Turner, un mec comme on en voit peu dans les romans. Ça fait très longtemps que je n'avais pas rencontré un personnage aussi surpuissant , à la fois testostéroné et porteur de valeurs fortes.



«  T'es un homme qui sait comment sont les choses. Ce qui se résume à juste de la merde. Rien n'a de sens. C'est un putain de chaos. Mais quelque part dans ce gigantesque océan de merde pure, l'homme qui voit comment sont les choses doit choisir les merdes qui semblent le plus de valeur et les défendre. C'est peut-être une femme qui te donne l'impression de mesurer trois mètres. Ça peut être le drapeau d'un pays qui t'enterrera sans y penser plus qu'un chat qui enfouit sa merde dans sa litière. C'est peut-être une fille sans nom allongée morte dans la rue. Mais c'est surtout de savoir que si tu refuses de le faire, si tu prends le fric et que tu te barres, tu ne serais plus qu'un le fantôme de toi-même. Tu ne seras rien. C'est ce sentiment que tu as dans le sang, quand tu sais qu'il foncer, jusqu'à ce que tu t'écrases. » lui dit un de ses adversaires.



Ce mec qui sait comment sont les choses, c'est Turner. Il a le regard d'un psychopathe mais est devenu flic et jette toute ses forces obstinées pour arrêter celui qui a tué involontairement lors d'une nuit de beuverie une jeune SDF noire puis a fui. Un jeune blanc friqué couvé par maman. Et il est prêt à s'écraser pour que justice soit faite, refusant la corruption qui gangrène l'Afrique du Sud et sa police.



Une bombe dégoupillée qui m'a fait penser au Nicholaï Hel ( du fabuleux Shibumi, de Trevanian ), capable de tout, y compris de survivre dans un désert de sel. Incroyable scènes de survie ... juste parce que ceux qui s'opposent à lui ont commis la petite erreur de le balancer là en compagnie d'un cadavre, et qu'un cadavre tout frais, c'est 60% d'eau ... hum je vous laisse deviner la suite ...



On est là en plein western ( sud-africain ) avec tout le décor, des mines de manganèse, le désert, le poor lonesome cow-boy, des desperados mandatés pour tuer le gêneur dont la tête est mise à prix, des morts qui s'empilent, des affrontements musclés et une boss d'anthologie.



Mais on est surtout en pleine tragédie gréco-shakespearienne. La Boss, c'est une Lady Macbeth mais sans roi, contrôlant toute la région grâce à sa fortune. Son fils, c'est un Hamlet en puissance, protégé de tout jusqu'au jour où, même pas au courant qu'il a tué tellement il était bourré, on lui cache tout et lorsque ces yeux se décillent, les dilemmes cavalent dans sa tête. Il y a même une Juliette black qui l'aime cet Hamlet-Roméo mais qui a cédé sous la pression de la mère en le quittant quelques temps avant. Décidément, il y a quelque chose de pourri dans le royaume de Lady Macbeth.



Tout cela est emballé par une écriture précise et rock'n roll, furieuse, qui te tient en haleine, collé aux basque de ce Turner qui connait si bien la mort. Ça dépote, ça pétarade ça pulse, bref je me suis éclatée.

Brillant, magistral, jouissif !

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La Religion

Cela fait plus d'un an que "La religion" attendait patiemment dans ma PAL que je me décide enfin.

Alors que dire ? Qu'en dire ? Simplement que c'est énorme, puissant et flamboyant !

Ma passion pour l'histoire a été largement comblée car la trame de ce roman se déroule pendant le siège de Malte par les armées de Soliman (le magnifique), et la réalité historique quant aux faits est pour ce que j'en sais parfaitement respectée. Donc, si vous connaissez cet épisode historique il n'y aura pas de suspense car l'issue en est connue, il ne s'agit pas d'une uchronie.

Cela dit rassurez-vous, car ce récit épique va vous donner plus que son content d'émotions, de tragédies et de suspense...

"La religion", c'est sous ce terme que se désignent les chevaliers de l'ordre des Hospitaliers et ultimes défenseurs de cet avant-poste sur le chemin de l'expansion musulmane, là encore réalité et fiction vont être combinées avec talent par Tim Willocks qui à l'instar d'un Druon avec "Les rois maudits" va nous inviter dans l'intimité de toutes les composantes de ce roman, Papauté, Inquisition sans oublier le camp "d'en face" avec des incursions instructives côté musulman.

Il est utile de savoir que les personnages majeurs de ce roman ont réellement existé, en passant, je sais maintenant pourquoi la capitale de Malte est ainsi nommée.

Il y a surtout l'histoire dans l'histoire, et là je pense qu'il n'y manque rien (j'y reviendrai), amour, trahison, loyauté, cruauté, amitié, espoirs. Une spirale infernale dans laquelle on se retrouve aspiré totalement, Mattias Tannhauser, le personnage principal va symboliser à la perfection les tourments qui peuvent être imposés à un homme aux moments clés de sa vie à travers les choix qu'ils devra faire, j'ai aimé ce personnage car il est vrai dans ses émotions, ni ange ni démon, juste terriblement humain, un homme qui va essayer de survivre en composant au mieux avec ses intérêts et ses sentiments.

Car des sentiments il y en a, et toute la gamme des émotions qui les accompagnent aussi.

Je pensais, après tant de lectures, connaître toutes les ficelles et être immunisé, j'ai revu mon jugement, il faut dire que l'auteur est assez imprévisible, le pire n'étant jamais certain.

Côté combat c'est brutal et sanglant, l'auteur n'est pas avare de détails ( y compris olfactifs), cela dit, il réussit à traduire ce qu'ont pu être les guerres de cette époque, on est loin de l'aspect très visuel des films qui donnent des rêves de gloire aux plus jeunes, et contexte oblige, les scènes de combats seront nombreuses et très réalistes.

J'ai également apprécié la quasi totalité des dialogues, des réparties souvent ciselées et souvent instructives quand il s'agissait de rhétorique, car il y est aussi question de religion ou de politique, les deux se confondant souvent.

J'ai parfois été stupéfait (Bors et son tonneau de brandy...).

Je ne dévoilerai rien ici de l'histoire car il y a trop d'événements et d'interactions pour ne pas spoiler, je terminerai juste en parlant de la force des personnages, dont Carla et Amparo, deux beaux portraits de femmes, de Bors bien sûr, et les méchants ne sont pas mal non plus (vous verrez).

Je crois que je n'ai jamais été aussi prolixe, c'est dire si j'ai aimé :)
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La Religion

La Religion est un roman historique qui vous emporte loin des réminiscences du monde actuel sauf aux espaces temps des pauses que vous vous octroierez. Telle est la densité du récit et l’attention requise insufflée.

Nous sommes en guerre à un moment précis qui, comme dans toute caractéristique belligérante oppose deux forces qui s’affrontent, mais avec au moins un arsenal de combat équivalent. Alors si l’Iliade maltaise dont l’action se situe en 1565 est en beauté ce que fut celle de la Grèce antique, irons-nous pourtant jusqu'à en plébisciter l’exercice ? Non pas, mais l’humanité certainement. Il en est ainsi quand Tim Willocks nous entraîne dans la magnificence du récit, que ce soit par la maîtrise tonitruante de réalisme, la description des lieux, des massacres, le sang, les fèces ou par la puissance poétique des exhortations, des chants, des attachements et du nôtre par un effet miroir, de révolte ou de contrition envers les personnages. Passant les lignes de combat auprès de Soliman le Magnifique, sultan des Ottomans, dans l’ordre militaire des Janissaires et monté sur un akhal-teke à robe d’or, ou encore, parmi les Chevaliers de l’ordre de Malte, autant dire du côté de l’islam ou bien de celui de la chrétienté. Un voyage émouvant conté avec beaucoup de charme et d’érudition qui pèse son poids de langues et d’écriture.

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La mort selon Turner

Un western sud-africain d'une puissance magistrale !



L'atmosphère glauque surgit dès le début.

On pénètre au coeur d'une société d'Afrikaners corrompus qui exploite sans vergogne la misère .

Margaux le Roux, richissime propriétaire de mines de manganèse règne sans faillir sur une vaste contrée avec l'aide de ses sbires et d'une police locale aveugle .

Mais, cette fois , c'est Turner, flic intègre de la criminelle qu'elle devra affronter pour épargner à son fils une condamnation .



Tout le récit est porté par la personnalité de Turner .

On découvre peu à peu , par bribes , les horreurs subies par le peuple noir africain, tout est prétexte à massacres et sa famille n'y a pas échappé .

La résilience a fait de lui un lion , un justicier , un super -héros qui se bat jusqu'au bout .

Et pourtant , Turner est zen , c'est un pacifique qui utilise plus volontiers le taï-chi-chuan pour se défendre . Enfin, quand on voit dans quel état il met l'adversaire par simple pression d'un doigt , il est juste terrifiant !

Mais, là , ses adversaires déclenchent une vraie guérilla alors, il devient guerrier et se déchaîne ...



Il faut quand même souligner que plus on avance dans le récit , plus l'hémoglobine coule à flots avec mode d'emploi détaillé de telle ou telle arme de poing , sa marque etc... Mais, le rythme effréné , le suspense a balayé toutes mes réticences .



En revanche , l'auteur nous offre une leçon magistrale de survie dans le désert et celle-là, croyez- moi est impossible à reproduire à l'identique en télé-réalité !



Ce roman a le pouvoir de divertir en dénonçant à chaque instant les méfaits de la colonisation et de l'apartheid .

Il est dense , fort , palpitant .

On a même droit à une touche love-story pour l'attendrir un brin !

J'avais bien noté quelques petites critiques comme des répétitions ou des longueurs mais à présent , la lecture achevée , tout cela me paraît bien futile .



Première rencontre avec cet auteur . Elle m'est offerte par l'équipe de Masse Critique Privilégiée et les Editions Sonatine que je remercie grandement pour ce cadeau .





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La mort selon Turner

Je tiens avant tout à remercier vivement Babelio et les éditions Sonatine qui m'ont permis de découvrir ce très bon livre dans le cadre d'une masse critique privilégiée, un vrai bonheur, merci...

Après réflexion, cependant, je me demande si on doit remercier des gens qui vous transportent dans une histoire où, il faut bien le dire,"ça tire" dans tous les coins!!!!!

M'étant tiré sans dommages (tout le monde ne pourra pas en dire autant) de situations très délicates, je reviens au principal, l'intrigue. Nous sommes au Cap, en Afrique du Sud. Un groupe d'hommes en goguette . Une jeune femme de couleur qui fouille une poubelle pour prolonger son existence sur terre. Une fausse manoeuvre, une marche arrière non contrôlée et la voilà envoyée "ad patres" un peu plus tôt que prévu. Les hommes s'enfuient , sans même un regard pour leur victime....D'ailleurs, qui est-elle?Que vaut son existence par rapport à celle de celui qui l'a renversée ? Le mieux serait d'étouffer l'affaire, c'est si souvent le cas semble-t-il dans le pays.

Oui, mais il y a le flic Turner et le flic Turner ne l'entend pas de cette oreille. Et c'est parti...Attachons nos ceintures, ca va tanguer fort...

Je vous raconte tout cela mais ça, ce sont les toutes premières pages, ca démarre "in media res"et ça cessera à la dernière page que vous atteindrez vite tant vous n'aurez qu'une envie au fil des chapitres,"en savoir plus,en savoir plus ". Ne commencez pas cette lecture en début de soirée , vous risquez d'y passer la nuit.

Et puis, pour vous permettre de passer une nuit calme, autant vous le dire, il y a quelques passages d'une grande violence, susceptibles de favoriser les cauchemars.

Pour ma part, j'ai été séduit par l'intrigue, la force ou la faiblesse des personnages, le personnage de Turner, les descriptions de ce pays lointain et la corruption des institutions.Tout se tient, s'enchaîne et, surtout, vous oblige à tourner les pages, comme je l'ai déjà dit.

Ce livre aurait pu s'intituler "Seul contre tous" ou encore "Tous pour un , un pour tous".

J'espère que, comme moi, vous passerez un bon moment et, surtout, que "vous vous en sortirez" car je suis certain que quelques balles perdues vont encore siffler à vos oreilles.

Bon, je vous laisse, bonne chance, amies et amis, et, j'espère de tout coeur "à bientôt". Moi, je mesure la chance que j'ai eue...Je vous souhaite....la même mais...
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La mort selon Turner

Ce pays arc-en-ciel me déroute toujours tout autant. Ce n'est pas le premier livre que je lis et dont l'action se situe en Afrique du Sud mais j'en suis toujours tout autant renversée. Je suffoque. Ici, Turner, flic noir, ne lâche pas la bride de l'enquête sur la mort d'une jeune fille noire, écrasée (littéralement) par la voiture d'un jeune riche blanc . Ce jeune et ses amis étaient sortis dans un township boire un coup. Voilà le topo ou presque. S'en suit, il est vrai, un "massacre sur trois jours" (ça ferait un bon titre de film ) dans la campagne . Il est vrai aussi que j'aurai pu me passer des détails de survie de notre héros dans le désert , ça m'aurait épargné des nausées. Il est vrai aussi que ce récit en est un de cowboy assez déroutant, spectaculaire et sanglant. Un justicier, incorruptible, exemple de probité, qui ne lâchera pas le morceau. Mais ce qui est le plus inquiétant c'est ce que nous raconte Tim Willocks sur l'Afrique du Sud.

Est-ce possible qu'une population soit aussi totalement indifférente aux sentiments?

Est-ce possible de vivre dans une société qui banalise à ce point la violence ? Est-ce possible , qu'après l'apartheid, malsain, révélé et compris de tous en plus de tout ce que ces peuples ont vécu, subsiste cette répugnance mutuelle ?

Est-ce possible d'accepter que des officiers de police condamnés pour meurtres et viols et autres soient toujours en service ?

(Plus ou moins 20,000 meurtres par an, vous imaginez 50 meurtres par jour?? Ce pays surnommé la capitale du viol avec ses 110 viols déclarés par jour ...)

Tim Willocks avec La mort selon Turner nous révèle que rien n'est réglé, ne le sera peut-être jamais et que de cette cohabitation forcée surgira toujours le dilemme de la moralité, de la conscience élastique, des enjeux économiques et sociaux énormes et des politiques pleines de bons sentiments . Une lecture dérangeante mais oh combien éloquente.
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La mort selon Turner

Ce que j’ai ressenti:



***Rencontre explosive!



C’est rare, mais je tenais à le dire: je veux revoir, à tout prix, Radebe Turner! Il incarne cette idée de justice dans sa plus noble définition, envers et contre tout, en dépit de tout…Et ça, c’est précisément, tout ce que j’aime. Bref, j’ai adoré ce personnage, j’ai eu un coup de foudre pour cet homme de valeur, de sagesse, et sacrément déterminé. Un héros taillé, démesurément, pour les causes perdues…Un flic qui mène sa propre défense pour les êtres de « rien », ceux qu’on oublie au détour d’un carrefour, ceux qu’on laisse mourir à côté d’une poubelle, ceux dont personne ne se soucie…Lui, il va en faire son « leitmotiv », et je peux vous le dire que cette mission ne se fera pas dans la dentelle, ni dans les sourires entendus et hypocrites pour la hiérarchie …Un feu incroyable anime cet inspecteur, et il brûlera tout sur son passage…



« -Que justice soit faite même si les cieux dégringolent… »



***A feu et à soif…



Le décor est planté en Afrique, Lankopf, Cap-Nord. L’air est irrespirable de trop de poussière, de trop de pouvoir empoisonné. Entre la chaleur abrutissante et la corruption imprégnée, difficile de se sentir bien sur ce petit bout de terre, à quelques pas d’un no man’s land de perdition…En partant, comme cela, bille en tête pour rendre justice à cette jeune fille sans nom, contre la famille Le Roux, dirigeante sur des kilomètres à la ronde, Turner n’avait pas idée des lourdes conséquences qu’il va engendrer. L’auteur plonge son héros en plein enfer, mais il le fait avec panache,lui donnant une assurance surdimensionnée et une soif de justice incompressible, qui ne va plaire à la reine des lieux…La descente policière n’est qu’un apocalyptique chaos à l’image de l’édifice de puissance de Margot Le Roux: un western des temps modernes en terre africaine, avec fusillades et actes de violences en tout genre…



« Trouve la force du fer dans ton âme. Si le fer n’est pas là, c’est qu’il n’y a plus rien. »







***Une plume flamboyante!



Tim Willocks m’a conquise dès le premier chapitre…Il a une écriture sensitive, furieuse, poétique, palpitante, empathique, magistrale qui fait que l’on ressent l’intensité de ces drames, la misère de cet environnement, la chaleur extrême, les inégalités honteuses, et la douleur intime de Turner. Je suis restée scotchée dans la scène du désert de sel, c’est presque insoutenable, et cela prouve bien que l’auteur a un immense talent. On a l’impression d’y être, de voir carrément l’horreur sous nos yeux, de sentir les effets de la déshydratation, de goûter le sel de ses scènes de violences, de toucher de près, la poisseuse main mise de la corruption, d’entendre la mort, à pas fracassant…Avec un tel personnage qui pousse cette envie de justice vers son idéal ultime et cette plume incroyablement sensible et bouleversante, j’ai eu un coup de coeur pour ce thriller noir. Stupéfiant, inattendu et puissant, mais vraiment, un énorme coup de coeur!







« Je suis donc assis dans une voiture avec un homme mort, mort avec de la poésie aux lèvres. »







Ma note Plaisir de Lecture 10/10
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La Religion

Je voulais en savoir plus sur Malte et les Chevaliers de l'île de Malte et là, j'ai été servie.

Sur fond de guerre de religion, les bas instincts font surfaces, chez certains tous les coups sont permis pour obtenir ce qu'ils veulent.

Même le Pape envoie une bulle qui absout les soldats et la population pour leurs crimes de guerre, du coup tout le monde repart de plus belle au combat. C'est hallucinant toute cette violence. Seuls quelques personnages gardent la tête froide et somme toute restent intègres. Et pendant tout ce temps, Matthias Tannhauser, notre héros, se promène d'un camp à l'autre sans aucun soucis car il connaît très bien les deux camps, leurs coutumes et leur religion. Il est là pour nous montrer l'absurdité d'une guerre où tout le monde se bat pour Dieu.

Finalement malgré énormément de violence, j'ai bien aimé ce roman pour sa trame historique très intéressante et pour la réflexion qu'il nous apporte sur le bien fondé des guerres de religion.

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La mort selon Turner

Au Cap, l'on aime faire la fête... Partis pour y passer une nuit, quatre amis qui, visiblement, ont un peu forcé sur l'alcool, vont écourter leur soirée. Et pour cause, Dirk Le Roux, au volant du Range Rover, fait une malheureuse marche arrière et écrase, contre un container, une jeune femme qui y cherchait de quoi manger. Son beau-père, Hennie, prend les choses en main, ignore les regards suppliants de la jeune SDF, reprend le volant et la direction de Langkopf et fait taire Jason qui suggère au moins de prévenir une ambulance. Qui peut se soucier d'une pauvre fille comme elle ? Et qui pourrait remonter jusqu'à Dirk qui, d'ailleurs, ne se rappelle absolument de rien. Personne, peut-être, excepté Radebe Turner, flic de la brigade criminelle du Cap. Grâce au portable de Jason, malencontreusement perdu sur place, il ne lui faut pas beaucoup de temps pour démasquer les meurtriers fuyards, même si l'un d'entre eux, Dirk Le Roux, est le fils de Margot, une femme très puissante qui règne sur les mines de manganèse...



Dans un township du Cap, une jeune femme pauvre et paumée trouve la mort dans d'atroces circonstances. Son coupable, qui s'ignore parce que trop bourré au moment des faits : un jeune homme riche, de bonne famille, promis à un brillant avenir. Son entourage, au courant, va tout faire pour empêcher le flic chargé de l'enquête de parvenir à ses fins. Mais Turner, droit dans ses bottes, réclame haut et fort justice, quitte à semer des cadavres ici et là, et peu importe l'origine sociale du coupable, les bâtons mis dans les roues, le chantage ou encore les mises en garde. Voilà un roman très noir, violent, glauque parfois, et macabre. Sur fond de racisme, de corruption, de magouilles en tout genre, le duel qui oppose Turner et Margot Le Roux va très vite tourner au drame. À leurs côtés, des hommes sans scrupule, amoraux. À un rythme effréné, à la plume vive, immersive et palpitante, multipliant les rebondissements et les scènes d'horreur, ce roman nous entraîne dans les contrées les plus sombres de l'âme humaine et ce, au cœur d'un décor désertique et suffocant.

Un roman puissant et implacable...
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Les douze enfants de Paris

Après un premier roman historique épique et haletant, « La Religion », Tim Willlocks remporte à nouveau les suffrages élégiaques de la presse avec son nouveau livre « Les douze enfants de Paris ». Honnêtement, on se demande un peu pourquoi... Le roman commence pourtant bien avec une description frappante et haute en couleur du Paris du XVIe siècle. Dans les premières pages, on emboite le pas à Mattias Tannhauser, chevalier de Malte et ancien mercenaire, alors qu’il franchit les portes de la capitale pour venir y retrouver son épouse Carla et leur enfant à naître. Malgré sa grossesse, la jeune femme a été convoquée par la reine-mère Catherine de Medicis pour venir jouer de la musique au mariage de Marguerite de Valois et de son cousin béarnais Henri de Navarre. Mais, comme chaque amateur d’Histoire le sait, ce que Paris fête aujourd’hui, elle le déchirera demain... La nuit même de l’arrivée de Tannhauser, le massacre de la Saint-Barthélemy débute et quand le chevalier se précipite chez la veuve protestante qui hébergeait son épouse, il découvre la maisonnée dévastée, ses membres massacrés et la jeune femme disparue. Dévasté par l’angoisse et ivre de rage, Tannhauser se lance à la recherche de Carla, laissant dans tout Paris une trainée de cadavres et de blessés mutilés.



Avant de rentrer dans le vif du sujet, je voudrais d’abord pousser un petit coup de gueule contre les critiques de la presse française. Après avoir parcouru une demi-douzaine de chroniques, j’ai l’impression que deux journalistes sur trois rapprochent « Les Douze enfants de Paris » des romans des Guerres de Religion d’Alexandre Dumas. C’est idiot. Le seul point commun entre Willocks et Dumas, c’est qu’ils ont tous les deux écrit sur la Saint-Barthélemy, point-barre (et encore, Dumas n’y consacre-t-il qu’une poignée de chapitres) ; narrativement et stylistiquement, ils n’ont rien à voir l’un avec l’autre. Loin des intrigues de Cour que nous promettait la quatrième de couverture du roman de Willocks et qui formaient le cœur de l’œuvre de Dumas, « Les Douze enfants de Paris » se déroule presque intégralement au ras des pavés de la capitale. Le personnage principal évolue dans un enfer de boue, de crasse et de sang où les membres de la noblesse ne font que de fugitives et spectrales apparitions. Non que ce parti-pris soit une mauvaise idée, au contraire ! C’est même un des gros points forts du récit et les premières 200 pages séduisent par leur réalisme, leur crudité et leur noirceur décomplexée.



Le problème, c’est que le roman ne fait pas 200 pages, mais 900 pages et que ces 900 pages sont remplies à 80% de baston. Attention, je n’ai rien contre un peu d’action, mais un roman de cette longueur constitué presque exclusivement de têtes coupées, de membres tranchés et de ventres ouverts, c’est trop, beaucoup trop ! Je ne jouerai pas non plus les vierges effarouchées : je savais à quoi m’attendre en matière de violence brute en ouvrant le roman – la Saint-Barthélemy, ce n’est pas une guerre, c’est un massacre et on ne décrit pas un massacre en mâchant ses mots – mais la violence n’est pas seulement crue chez Willocks, elle est surtout redondante et, au final, assez lassante. Faut dire que, même avec la meilleure volonté du monde, il n’y a pas mille façons de décrire une mort violente, et, qu’au bout de la vingtième décapitation, Willocks commence forcément à se répéter… A force de regarder Tannhauser courir à travers la ville et enchaîner combat sur combat, j’ai fini par être tout à fait blasée, à bailler quand j’aurais dû frémir et à confondre ses innombrables et médiocres adversaires les uns avec les autres. Oh, je comprends le message qu’a voulu faire passer l’auteur : l’absurdité des massacres religieux, la folie du meurtre, etc… N’empêche, je me suis un peu emmerdée.



Dommage dans un sens, car « Les douze enfants de Paris » n’est pas non plus un mauvais roman et quelques belles idées et beaux personnages m’ont permis de m’accrocher jusqu’au bout, notamment le personnage de Grymonde, monstre difforme et touchant régnant sur la pègre parisienne, sa mère un peu sorcière Alice, et surtout ces douze enfants de Paris évoqués dans le titre du roman. Quand les hommes deviennent loups, le loup se transforme parfois en ange gardien et, au rythme de ses sanglantes déambulations, Tannhauser recueillera autour de lui une petite tribu d’enfants perdus. Orphelins de fraîche date ou miséreux de toujours, ceux-ci s’accrocheront désespérément à cette figure meurtrière mais curieusement bienveillante à leur égard. Entre deux effusions de sang, naissent alors quelques moments d’émotion et le lecteur maussade s’éveille assez pour s’attendrir sur ses petites vies balayées par la folie des adultes. C’est beau, c’est bien, mais ce n’est pas assez pour compenser les lourdeurs de l’ensemble du roman.

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La Religion

Le croissant ottoman contre la croix du Christ.



Un pavé de près de mille pages pour transporter celui qui s'y risque dans l'hallucinant siège de Malte de 1565 opposant chrétiens et musulmans, dans un déchaînement de combats épiques et de cruautés en tout genre. Dans cet enfer des armes et de l'horreur, Tim Willocks réussit à captiver son lecteur en l'entrainant tambour battant, à la suite d'un aventurier mercenaire amoureux, des belles et gentes dames musiciennes, et d'une galerie de personnages secondaires tordus, torturés, tonitruants.



Batailles, violences, morts en pagaille, têtes coupées et tripes à l'air, le ton est donné et ferait passer Alexandre Dumas pour un enfant de choeur.



Je suis restée captive mais éreintée tout au long de cette lecture, particulièrement fascinée par la documentation historique, la reconstitution de la géographie des combats, de la ville de LaValette et de ses bastions sous la mitraille. Quatre mois de siège, trente mille morts turcs, trois mille morts chrétiens sans compter la population civile d'une ile dévastée.

Bagatelle...puisque l'Ordre des Chevaliers de Saint Jean en tire un magistral prestige.



Que n'a-t-on pas fait subir à l'Homme au nom de la vraie foi!

On restera donc toujours le mécréant de quelqu'un?



Ps: Nos personnages vont partir se refaire une santé dans les guerres de Religion à la française. Une petite Saint Barthelemy pour rester en forme?

Opus 2: Les enfants de Paris.

(J'ai besoin d'un peu de douceur, il va rester dormir quelque temps dans ma Pal...)

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La mort selon Turner

J'ai découvert Tim Willocks il y a vingt-cinq ans au travers du dyptique « Bad City Blues », « Les Rois écarlates », une lecture en forme d'uppercut, qui m'avait laissé exsangue, étourdi par la férocité inouïe qui se dégageait de ces deux romans.



C'est ainsi avec un mélange d'appréhension et de curiosité que j'ai ouvert « La mort selon Turner » dont l'intrigue située en Afrique du Sud évoquait d'autres lectures moins éprouvantes, les très beaux romans noirs de Deon Meyer.



Lors d'un week-end trop arrosé au Cap, Dirk, un jeune Afrikaner écrase sans même s'en rendre compte une jeune noire qui a le malheur de se trouver derrière son Range Rover. Les hommes de confiance de Margot Le Roux, qui accompagnent son fils Dirk lors de sa virée « festive », décident d'abandonner la jeune femme agonisante et de quitter les lieux illico.



Partie de rien, Margot Le Roux a bâti un empire au milieu de nulle part, en devenant la reine des mines de manganèse du Cap-Nord, et protègera à tout prix sa progéniture, qui se destine à une brillante carrière d'avocat. Dans une Afrique du Sud post-apartheid gangrénée par une violence et une corruption omniprésente, l'abandon d'une jeune noire sans domicile à son triste sort ne représente que l'écume de la banalité du mal.



Personne ne semble vraiment se soucier d'un délit de fuite consécutif à un accident. Personne sauf Turner, un flic noir de la brigade criminelle du Cap, qui convainc son chef, le capitaine Venter de le laisser se déplacer sur place, dans ce coin paumé situé à plus de six cent bornes du Cap, où Margot règne tel un seigneur féodal d'un autre temps.



En quelques heures, Turner reconstitue le déroulé de la dernière soirée d'une jeune femme à la dérive, et comprend que, s'il décide de continuer son enquête et d'appréhender Dirk, il sera seul contre tous. Mais il n'est pas homme à abandonner, ni à se laisser impressionner par le pouvoir absolu que semble détenir Margot sur la région, surtout lorsqu'il s'agit de sauver l'honneur d'une pauvre fille, dont personne ne se soucie, morte dans d'indicibles souffrances.



En décidant de poursuivre, envers et contre tous, la procédure censée conduire à l'arrestation pour homicide involontaire de Dirk Le Roux, Turner va déchainer les enfers et faire face au déferlement d'une violence aussi sauvage qu'inéluctable. En nous entraînant jusqu'au coeur des ténèbres du désert du Cap-Nord, dans la croisade de son héros sans peur ni reproche, Tim Willocks nous dépeint un tableau dont la laideur et l'épouvante évoquent l'oeuvre de Hieronymus Bosch.



Athlète à la peau d'ébène et aux yeux verts, expert en arts martiaux, tireur d'élite, flic qui hait la police, Turner a parfaitement compris que si le meurtre, même involontaire, d'une jeune femme sans domicile ne compte pas, alors plus rien ne compte. Son combat contre Margot et ses hommes de main évoque l'Archange Gabriel face au Dragon, et apparaît comme une forme de métaphore biblique de la lutte sans merci que se livrent le Bien et le Mal.



« La mort selon Turner » est un roman dont la violence fuse telle la balle chemisée sortie du canon d'un Magnum 357, où, excepté Turner, chaque homme a son prix. Malgré la fureur, malgré les compromissions, une forme de beauté languide, telle une fleur du mal sur le point d'éclore, émane du combat sans répit que mène son héros pour la mémoire d'une jeune femme oubliée.

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Les douze enfants de Paris

Et voilà, je viens de finir les 24 heures chrono de la Saint-Barthélémy, je me suis jetée à corps perdu dans la bataille. Encore une quête de pouvoir et de richesses sous couvert de guerre de religion. En une nuit, l'éblouissante Paris est devenue l'éclabloussante Paris avec ses rues pavées de cadavres.

Tannhauser est de très mauvaise humeur sa famille est en danger, Carla,enceinte, a été enlevée et Orlandu à disparu.Tout au long du roman, Mattias et Carla n'auront qu'un but sauver leur famille, chacun de son côté va affronter la mort et dans le même temps, la vie pleut sur eux avec la naissance de leur fille et des enfants qui se joignent à eux et qu'is vont prendre sous leurs ailes.

Et c'est dans cet univers en huit-clos car toutes les portes de Paris sont fermées que tous les personnages seront confrontés à des actes extrêmes par amour, ils comprennent l'horreur de leurs actes mais ils n'ont pas le choix si ils veulent sauver leurs protégés (il convient de dire que c'est une autre époque bien moins humaine que la notre, où la fin justifie les moyens). Tim Willocks étant médecin,il se fait l'immense plaisir de nous offrir moult détails d'anatomie lorsque Tannhauser se transforme en machine à tuer, un vrai régal !

Dans ce livre, ce qui est très intéressant c'est cette dualité de tous les instants qui m'a fascinée. Les personnages que je connaissais depuis son autre livre : La religion, sont plus approfondis, ils trainent leurs vieilles blessures. En fait tout ce qui leur est arrivé auparavant conditionne et justifie leurs actions mais en même temps au plus profond des ténèbres ils conservent cette lumière et cet amour qui les animent.

Ce livre est sensé faire partie d'une trilogie, Tim Willocks a mis la barre très haut car ses personnages ont pris de l'épaisseur avec une certaine part de mysticisme qui n'est pas sans me déplaire. Le prochain tome va être un sacré défi pour lui. En attendant quelques mois de repos me feront le plus grand bien après toute cette agitation.
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Les douze enfants de Paris

Paris, 1572, ça pue la saleté, la merde et les entrailles. Ça pue aussi le huguenot, ce mécréant qui se croie supérieur et que les catholiques haïssent plus que tout. Pas grave, la Saint Barthélemy c'est pour aujourd'hui...



Matthias Tannhauser est de retour et vous allez vite voir qu'il n'est pas content. C'est pas grave, nous, on est bien content de revoir sa trogne.



Il n'est pas content donc, car sa femme enceinte en visite à Paris a été enlevée. Et ça Matthias, il ne va pas le pardonner. Et ils vont prendre cher ceux qui se mettront en travers de sa route. Parce que quand tu mords Tannhauser, il fait un malheur !



Après un dantesque et époustouflant "La Religion", Tim Willocks nous conte la suite des aventures de Matthias Tannheuser dans un nouvel opus apocalyptique au cœur de Paris. Un Paris de cauchemar avec des habitants crades, des rues souillées et emplis de souillons. Un Paris dégoulinant de sang et croupissant sous les cadavres en putréfaction.



Mais comment se renouveler après un premier volume qui frappait (c'est le cas de le dire) aussi fort ?



Ce second opus malgré des qualités évidentes n'est pas du même acabit.

L'histoire de la Saint-Barthélemy telle qu'elle nous est contée ici est moins opulente et riche que le siège de Malte du livre précédent.

L'envie d'en proposer un pavé de 1000 pages devient dès lors une opération risquée. Surtout que le choix de Willocks a été de délaisser l'aspect politique au détriment du massacre. Inévitablement, l'auteur enchaîne les longueurs et les répétitions. De plus, 1000 pages de massacre, ça peut vite faire beaucoup.

Cette dernière affirmation est évidemment exagérée à escient par votre chroniqueur, Tim Willocks ayant une large palette d'émotions à faire passer. Et plus d'un tour dans son sac à malices.



1) Ce livre, c'est avant tout une magnifique histoire d'amour qui va faire vibrer chaque parcelle de votre corps. Vous serez vite subjugués par ce lien indéfectible qui unit Matthias à Carla, sa femme. Deux êtres aux caractères et tempéraments diamétralement opposés mais aux âmes inexorablement mêlées.



2) Mais ce n'est pas tout, au delà de la violence extrême, c'est bien le rapport à l'enfant, le questionnement sur la maternité et la paternité qui sont au centre du livre.

La difficulté de donner naissance à un enfant (physiquement ou métaphoriquement), de l'élever, de lui donner une direction, une voie, un chemin. Que ce soit pour un jour ou pour la vie.

La paternité n'est-elle que biologique ou se développe-t-elle intuitivement ? Comment se positionner en modèle ? Avec quelle légitimité ? Oui, ce livre est loin d'être aussi bourrin qu'il en a l'air et son titre n'est pas anodin. L'est-il jamais quand il est judicieusement choisi ?



3) Les personnages principaux (et il y en a beaucoup !) sont admirablement croqués. A commencer par Tannheuser évidemment, cette espèce de guerrier aux talents multiples, icône fascinante d'un monde en perdition, un vengeur quasi-indestructible et à la rage meurtrière. L'autre personnage effarant créé par Willocks est Grymonde dît l'Infante, sorte de Quasimodo au QI et à l'intelligence développés dont la puissance fait rugir les pages où il figure. Et évidemment, tous autres enfants du titre couvés par Matthias et dont chacun est un joyau de la couronne apposé sur le crâne de Willocks.

Pour le reste du casting, on se perdra plus dans la multitude de personnages secondaires mais vu les durées de vie de beaucoup d'entre eux, ce n'est pas bien grave.



On pourra donc reprocher à Tim Willocks son manque d'ambition au niveau de la trame et une répétition des scènes gores à outrance. Oui mais voilà, le bonhomme est talentueux et même ses répétitions valent leur pesant d'or. C'est répétitif mais c'est viscéral, charnel, organique.

Il puise son écriture dans le sang, tel un encrier mortel, pour alimenter sa verve et faire bourgeonner les sensations qu'il plante en nous tout le long de son récit.



Et pourtant, dans ce bruit, ce tumulte, cette fureur émerge de la sagesse, du bon sens, de la pensée philosophique et pacifique. La patte Willocks. Cet homme a un talent fou.



"C'est un mauvais jour, dit Tannhauser, mais il passera, comme le font tous les jours, bons ou mauvais. Et même dans un mauvais jour, on peut trouver de bons moments, en cherchant bien."



"- Pourtant les saisons tournent.

- Ah, elles tournent ! Comme le font les étoiles, comme une roue sans s'arrêter. Elles ne connaissent ni mois, ni années, ni commencement, ni fin, parce qu'il n'y a pas de fin. Il n'y a que ce qui vient après. Combien de temps dure un rêve ? Ou un souvenir ? Ou une étreinte ? Et si on ne peut pas répondre à ça, comment pourrons-nous dire combien de temps dure une vie ? Sans parler de la Vie Elle-même ?"

3.5/5


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Green River

L’enfer c’est pour maintenant. Une mutinerie provoque le chaos au sein d’une prison répondant au joli nom de « Green River ». Dans ce déferlement de haine et de violences, Ray Klein dont la sortie est imminente, se lance dans le sauvetage de l’infirmerie ou c’est retranché Devlin, psychiatre judiciaire dont il est tombé raide dingue amoureux. Mais le parcours du combattant est truffé de barjots en tout genre.

Voilà un roman qui m’a à la fois passionné et tout autant irrité. Passionnant indiscutablement le roman de Tim Willocks à ces qualités. Dans un huit-clos haletant, extrêmement anxiogène, cette plongée dans le monde carcéral est remarquablement décrite. Ici pas de petites frappes, non que du lourd du psychopathe, du violeur, du meurtrier froid comme la glace. Des milliers d’années d’emprisonnements pour la lie de l’humanité. Les combines, l’hyper violence, la folie tout cela est montré remarquablement. L’intrigue ne nous laisse pas de répit.

Mais car il y a mais pour moi, pourquoi Willocks nous parle de cul de façon aussi récurrente. Pas besoin d’en mettre plein les pages (si je puis me permettre) du crade, du cru, de l’ignoble tout y passe. OK pour les taulards on imagine leurs fantasmes déviants mais pourquoi Devlin, la psychiatre judiciaire pense comme eux. S’imaginant sans cesse avec le sexe bandant d’un de tarés prêt à l’honorer. Si c’est pour faire dans le graveleux et la surenchère c’est réussi. Mais cela n’apporte absolument rien à l’intrigue, bien au contraire.

Et puis, que dire d’une fin qu’on voit venir avec ces grands sabots, sans la moindre finesse (avec happy end et tout le tintouin) indigne d’un roman qui ce veut noir de chez noir.

Un trois étoiles tout de même mais pas d’accord avec le grand Ellroy qui voit dans « Green river » le plus grand bouquin écrit sur le monde carcéral.

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La Religion

Je ne m'imaginais pas que l'île de Malte, où je suis allée dernièrement et où je n'ai été que d'éblouissements en éblouissements, avait été le théâtre de telles atrocités !



Il faut dire que Tim Willocks s'y connait pour décrire par le menu les batailles, que ce soit au corps à corps, au mousquet ou au canon, en l'occurrence ici les combats pendant le siège de Malte par les Ottomans contre les chevaliers Hospitaliers, en 1565.

L'ensemble de ceux-ci est appelé « La Religion », et est dirigé par La Valette, le grand maître, dont le nom sera repris après les presque quatre mois de siège pour désigner la capitale de Malte, « Valetta ».



Mais rassurez-vous, ce roman n'est pas seulement un condensé dans toute son horreur de tous les combats (et je peux vous assurer que les détails scatologiques, les blessures de toutes sortes ne nous sont pas épargnés !), c'est aussi l'histoire de Mattias, enlevé enfant par les Turcs et devenu janissaire pendant des années, puis qui, à l'âge de la maturité, revient à la Chrétienté et se forge une réputation de dur à cuire.

C'est à Messine que nous le retrouvons et c'est de là qu'il partira pour une mission périlleuse, retrouver l'enfant d'une belle dame aux yeux verts, délicate, musicienne et désespérée.

Je vous passe les détails, mais l'intrigue est bien là, l'amour et le sexe aussi, mais également l'amitié et les beuveries, le tout chapeauté par l'Inquisition non avare de ses méthodes tordues sous la torture…



Bref, un roman foisonnant de presque mille pages, documenté à souhait sur les lieux, la façon de vivre, les rivalités religieuses (les chevaliers de l'ordre de Malte sont puissants et cela ennuie fortement l'Eglise), sur l'esprit du temps où les femmes n'ont pas grand-chose à dire, où tout se règle souvent par des intrigues ou par la violence.

Tout n'est pas noir dans ce roman, car la fidélité, la loyauté et la reconnaissance sont le moteur de toutes les actions, le tout servi par un style truculent, réaliste et poétique à de nombreux moments.



Vous n'avez pas peur des récits de bataille, du sang, du pus, des asticots ?

Vous aimez les scènes d'amour torrides ?

Vous avez une âme chevaleresque ?

Ce récit est pour vous. Accrochez-vous, le siège de Malte a duré des semaines et des semaines, les chevaliers ont besoin de renfort, courez-y !

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La mort selon Turner

Turner est un flic, noir, bourré de principes.

Si, c'est possible.

Aussi, lorsque le corps sans vie d'une pauvre gamine de couleur fut découvert, renversé par la bagnole d'un jeune Afrikaner blindé tenant moyennement la marée et visiblement couvert par môman, femme puissante à la poigne de fer, Turner s'est dit qu'il allait jouer à l'extérieur, sur terrain miné.

Visionnaire, le gars.



Vous aimez les westerns originaux ?

Alors direction l'Afrique du Sud, Cap-Nord pour être précis, où la reine Margot le Roux règne sans partage sur ses généreuses mines et la kouasi entièreté de la populace, aidée en cela par moult gâchettes avides de plaire à madame.

Le territoire est hostile.

Les chances de survie avoisinant les 0 % pour qui n'aurait pas la carte.

Illusoire d'imaginer un seul instant l'ami Turner arriver, la fleur au fusil, afin d'alpaguer le petit le Roux promis à une brillante carrière sans que sa mère ne mette tout en oeuvre pour l'en dissuader.

Les flingues allaient cracher.

Les macchabées mordre la poussière.



J'ai tout aimé.

L'ambiance, le rythme, la description de ce pays peu propice au partage, à l'égalité des chances, au respect de son prochain.

S'il est une chose que l'on vénère à Cap-Nord, ce sont ses biens et sa famille.

Quiconque renierait ce postulat s'exposerait à de très dangereux griefs. Léthales, les représailles, puisqu'en ce bas monde la justice ne semble s'abreuver qu'à deux mamelles, la corruption et le pouvoir.

J'ai adoré ce flic intègre, parfaitement conscient de son infortune en devenir mais y allant franco, se sachant parfaitement condamné sans aucun espoir de franchir la ligne d'arrivée.



La Mort selon Turner.

Le talent narratif selon Willocks.
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Doglands

Doglands ou l'art d'envoûter sans y toucher.



Très honnêtement, je n'attendais pas grand chose de ce livre.

Des chiens qui parlent, bon, à part Scouby-doo, Droopy, Perry (mais si, Hong Kong Fou Fou), la Belle et le Clochard, les 101...et c'est là que je m'aperçois en avoir croisé quelques-uns, quand même, mais aucun de la trempe de Furgul.



Croisement d'une mère, ascendant lévrier de compet' d'élevage, avec Argal, ascendant figure mythique libre comme l'air, ce tout jeune chiot allait rapidement devoir ne compter que sur son formidable héritage génétique pour échapper à Dedbone, son tortionnaire, et répondre à l'appel des Doglands.



Formidable roman poétique et sauvage aux multiples ramifications, Doglands a du chien, c'est indubitable.

Un univers sale, où les mélodies du bonheur se font rares, et des personnages attachants au futur incertain, l'on sent de suite le monstrueux moment de lecture en devenir pour peu que le récit initialement développé poursuive sur sa lancée.



Il fait mieux que celà.

En s'auto-alimentant constamment sans toutefois gaver, il se renouvelle sans cesse tout en développant un sens du rythme affirmé combiné à de véritables moments d'émotion pure.



Il s'appelle Furgul et il est une légende en marche.

Un chien en quête de vengeance, d'amour, de soi et de paternité.

Le programme est vaste, son approche d'une justesse confondante et d'une sobriété redoutable.



Ne vous laisser pas embobiner par une quatrième de couv' étonnamment discrète.

Tout comme Furgul, répondez à l'appel des Doglands, vous ne tomberez pas sur un os.
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La mort selon Turner

Lauréat du Prix "Le point du polar américain" lors du dernier quais du polar, "La mort selon Turner " de Tim Willocks, n'a assurément pas volé sa récompense.



Changement de braquet pour Tim Willocks, scénariste pour Speilberg ou Michael Mann et romancier habitué des romans historiques, un peu à la Alexandre Dumas ( Les douze enfants de Paris notamment).



Ici, il va chasser sur les traces de l'immanovible Deon Meyer, et nous livre un western sombre et cruel sur l'Afrique du Sud, qui se situe au Cap ( où l'auteur britannique n'a jamais mis les pieds mais qu'il restitue formidablement) .



Le roman commence lorsqu'un jeune afrikaner de très bonne famille renverse une jeune SDF noire. Il décide, avec les personnes qui l'accompagnent de la laisser agoniser sans prévenir les secours.



C'est sans compter sur Turner, flic noir de la Criminelle, bien déterminé à retrouver le coupable de ce crime resté impuni, mais notre héros seul contre tous, aura fort à faire vu que le meurtrier est le fils de Margot Le Roux, une femme d'affaires très riche qui tient les rênes de grosses activités minières de l’État et qui a bien l’intention de protéger sa progéniture



La mort selon Turner est une flamboyante tragédie Shakespaerienne, avec de temps en temps une ambiance un peu à la Tarantino, le portrait d'un combat pour la justice d'un homme seul contre les institutions, sous fond de ségrégation raciale.



L'intrigue policière est bien solide, mais l'auteur va plus loin avec son portrait d'une Afrique du Sud dans laquelle les cicatrices liées à l'Apartheid restent fortement tangibles, tant les frontières économiques, sociales et bien évidemment raciales sont encore totalement palpables et gangrènent encore toute la société.



Un polar plein de souffle et d'humanité, aux allures de western mais aussi plein de violence et de testostérone, autrement dit le lecteur en a largement pour son argent !!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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La mort selon Turner

Aaaah! Ça, c'est du thriller, et du bon, avec tous les codes du genre. Mais c'est aussi de la littérature. de la métaphysique. Et de l'intertextualité. Eh ouais.

Soit la femme blanche richissime qui pense que tout s'achète. Et l'homme noir (on est en Afrique du Sud) version moine Shaolin, expert en zénitude, qui ouvre ses chakras plus que sa bouche, tueur impavide et policier intègre.

Donc ça défouraille à tout va, le sang sèche sous le soleil ardent du désert du Kalahari, ça peut même être gore au-delà du supportable - mais du gore justifié, pas du gros rouge qui tache pour remplir le contrat: de l'insoutenable nécessaire.

Et dans ce monde quasi aux antipodes du nôtre, "L'Étranger" de Camus en fil conducteur; la millionnaire du bush brandissant Meursault comme modèle d'indifférence, retranché de la comédie humaine. Bon, me disais-je in petto, mais que vient faire ici ce roman? La mort sous le soleil, oui bien sûr, mais z'encore? La réponse se trouve à la toute fin du roman J'en ris encore. Je suis sûre que les ¾ du livre ont été écrits pour la beauté de cette citation inattendue...

Et je parierai aussi que cette désinvolture envers Camus est un hommage supplémentaire à Sartre. Parce qu'on retrouve dans ce roman deux des thèmes chers à l'auteur de pièces philosophiques comme "La P. respectueuse" ou "Le Diable et le bon Dieu". Dans la première, Sartre exprime sa détestation du "salaud": le salaud, c'est celui qui est persuadé de son bon droit, de sa bonne foi. le salaud est persuadé que Dieu (ou l'Histoire, ou la Vérité) est dans son camp et autorise, ou justifie, tout ce qu'il se croit tenu d'accomplir. C'est Margot: parce qu'elle est assez riche pour donner du travail à toute une contrée, parce qu'elle s'est faite elle-même quand les autres végètent, elle croit ne rien devoir à la loi ou aux sentiments d'autrui. Mais Turner, son adversaire, n'est finalement pas plus estimable que Margot. La pièce "Le Diable et le bon Dieu" a pu être appelée une "tragédie du bien": "Le monde est iniquité, si tu l'acceptes, tu es complice ; si tu le changes, tu es bourreau..."

Pour faire ce qui est juste, Turner tue sans relâche. Pour faire ce qui est mal, Margot avait proposé réparation. L'intégrité mérite-t-elle le carnage? le justicier a les mains sales et le lecteur la nausée...

Mais au fait, pourquoi ce titre sublime "La Mort selon Turner"? Hein? Finalement, je crois savoir pourquoi le héros de Tim Willocks s'appelle ainsi: Turner comme page-Turner. Oh que oui.
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