AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Vassili Grossman (178)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Vie et Destin

Premièrement, avant de parler de la très bonne qualité de ce roman historique, il faut se rendre compte de la chance qu'on a de pouvoir accéder à ce "témoignage". Celui-ci aurait pu coûter la vie de l'auteur, qui a eu un très grand courage pour dénoncer les dérives totalitaires qu'a connu l'URSS. La préface du livre est donc très intéressante à lire pour le coup, elle permet d'entamer le livre avec une idée plus précise du contexte.



Ce roman, confisqué dans un premier temps, puis recomposé, raconte plusieurs histoires autour de la bataille de Stalingrad. C'est la suite d'un premier livre de Vassili Grossman (que je n'ai pas encore lu) mais qui peut se lire directement.

Nous assistons au destin de plusieurs protagonistes : Soldats, chercheurs scientifiques, des généraux etc... On retrouve surtout des familles brisées, des fils et filles perdues, des parents disparus.

'La terre s'habitue à tout. La terre lui sert de lit et le ciel de couverture. Mais il y a une chose à laquelle il est impossible de s'habituer, c'est d'être séparé de ses enfants." Page 152.



Vassili Grossman nous évoque l'atrocité de la guerre, ses tragédies. Il fait des liens entre l'URSS et l'état nazi : Les camps de concentrations ; l'antisémitisme ; La censure ; Les condamnations à morts "abusives" et tant d'autres convergences.

L'URSS, se proclame à cet instant combattant du mal (contre le fascisme), mais comme le dit l'auteur dans une analyse très intéressante : Le combat contre le mal pour le bien entraîne justement les pires actions. En effet, on ne se fixe plus de limites morales pour combattre le mal.



Il faut aussi souligner la qualité d'écriture de Vassili Grossman, il a une très belle plume pour détailler des situations atroces. La précision de certaines scènes (celle de Sofia Ossipovna avec l'enfant dans le camp) me reste figé dans un coin de ma tête plusieurs jours après sa lecture.

La lettre est aussi un moment fort de ce roman, il me semble d'ailleurs que l'écrivain a perdu sa mère pendant cette guerre.



Les personnages (bien que très nombreux) sont très approfondis en général. Il est intéressant de voir le parcours psychologique de certains d'entre eux (Victor Pavlovitch ; Krymov ; Lioudmila etc...). Certes, il vaut mieux être équipé d'une fiche de personnage pour s'y retrouver, c'est une lecture exigeante qui demande de la concentration.

Personnellement, je suis convaincu de l'apport de tant de personnages, ça permet d'avoir un œil sur la situation dans l'ensemble (personnages du côté soviétique et allemand, occupants de postes de très grandes responsabilités à plus anodins, de divers âges, de diverses opinions politiques).



De mon humble avis, une lecture de cet acabit ne peut que mériter un cinq étoiles sur cinq.









Commenter  J’apprécie          60
Pour une juste cause

Puisqu’il est de bon ton de raisonner en « actes », ce « Pour une juste cause » est l’acte 1 du roman fleuve « Vie et destin » de Vassili GROSSMAN. Il représente une immense fresque de plus de 1000 pages sur la bataille de Stalingrad qui s’étalera entre juillet 1942 et février 1943, mais aussi et surtout à son déclenchement, soit l’invasion de l’U.R.S.S. par les troupes nazies malgré le pacte de non agression germano-soviétique de 1939.



Au cœur de cette épopée, la famille Chapochnikov, dont presque tous les personnages principaux du romans sont intimement ou plus indirectement liés. Auprès des nombreux personnages fictifs y évoluent d’historiques, retraçant ainsi avec une rare précision cette guerre au cœur de la deuxième guerre mondiale.



Le roman fait la part belle au quotidien, au mode de vie des soviétiques durant cette période : généralisation des kolkhozes, outils de travail dépassés, bavardages informels en famille sur les mesures à prendre sur l’invasion allemande, l’amour entre protagonistes, défense du stalinisme malgré les difficultés à se nourrir, à survivre devant l’agression. Étalage sans concession de la fierté russe, mais nombreux éléments sur l’esprit de compétition, entre soldats notamment.



Pour l’aspect purement guerrier, nombreuses mises en abyme sur les stratégies militaires de part et d’autre, des attaques repoussées aux encerclements en passant par les attentes, longues. L’essence est un élément primordial du récit : il faut sans cesse ravitailler les engins de guerre et l’Allemagne a en partie la mainmise sur les carburants. Les usines sont le centre d’affrontements violents puisqu’elles renferment nombre de matières premières utiles à la guerre et qu’elles deviennent de fait un enjeu majeur. GROSSMAN n’oublie pas l’exode massif de familles entières vers l’est pour fuir l’armée nazie et les combats, tout comme il tient à préciser certaines alliances internationales signées et non respectées. La violence est omniprésente, quoique pas exagérée par des superlatifs de mauvais alois : « Les immeubles mouraient comme meurent les hommes. Les uns hauts et maigres, s’affaissèrent sur le côté, les autres, trapus, restèrent debout, tremblants et chancelants, éventrés, laissant voir tout ce qui jadis était caché : les portraits au mur, les lits à deux places, les bocaux de céréales, une pomme de terre à moitié épluchée sur une table recouverte d’une toile cirée maculée d’encre ». Épluchée aussi avec force détails la situation à Stalingrad durant cette période troublée et prise de folie.



Dans ce récit vertigineux, le temps semble figé : alors que de nombreux événements se déroulent sur le terrain, les dates n’avancent pas, ou peu, c’est à mon sens l’un des aspects majeurs du livre. La nature est beaucoup dépeinte, sans doute parce qu’elle aussi possède une place de choix, notamment la Volga et ses eaux majestueuses qui jouera un rôle prépondérant dans la victoire soviétique. GROSSMAN n’oublie pas non plus que les animaux souffrent au quotidien de cette guerre, dépérissent ou tentent de trouver une porte de sortie, se recroquevillent sur eux-mêmes ou amorcent un baroud d’honneur.



La guerre par le prisme de personnages fictifs en croisant des réels, ça nous rappelle forcément quelque chose. En effet, on peut voir « Pour une juste cause » puis « Vie et destin » comme les « Guerre et paix » du XXe siècle, d’autant que les accents sont bougrement tolstoïens dans l’écriture. Et puis il y a les chiffres, eux aussi dans la démesure : pour ce premier volet, 176 chapitres en plus de 1000 pages présentant des centaines de personnages dont la plupart ne feront qu’un tour rapide, mais tout de même 33 personnages principaux énoncés comme une sorte de généalogie au début du récit. Ils n’auront bien sûr pas tous le même destin (la version proposée est ponctuée de 131 notes très instructives).



GROSSMAN trempe aussi sa plume du côté de l’Allemagne nazie, il brosse notamment au cœur du récit un portrait au vitriol d’HITLER, comme pour tenter de comprendre son parcours depuis la première guerre mondiale : « L’Allemagne vaincue eut besoin des idées d’un Hitler faisant son microscopique homme de chemin. Aujourd’hui, il est devenu évident que le surhomme fut engendré par le désespoir des faibles et non par le triomphe des forts. Les idées de liberté individuelle, d’internationalisme, d’égalité sociale de tous les travailleurs sont celles d’un homme sûr de la puissance de son esprit, de la force créatrice de son labeur. Ces idées-là ne connaissent qu’une seule forme de violence : celle de Prométhée à l’égard de ses chaînes ». HITLER avait prévu la fin de la guerre pour novembre 1941, il voyait le nazisme régner sur le monde pour 1000 ans. L’Histoire lui prouvera ses torts.



« Qu’elle aille se faire foutre, la vie ! », pourtant les combattants russes sont courageux, un brin têtes brûlées, ils défendent leur patrie vaille que vaille contre l’agresseur nazi, malgré le brasier que va devenir la ville de Stalingrad, ses quartiers flambants comme de vulgaires allumettes, la panique de la population, mais toujours l’espoir.



Dans ce roman, GROSSMAN n’utilise jamais le mot « U.R.S.S. » pour désigner son pays, comme s’il refusait le stalinisme. Cependant, malgré quelques pistes, il ne met pas la nuque de STALINE sur le billot, il ne critique pas ouvertement sa politique. « Pour une juste cause » (sorti tout d’abord en version censurée en 1952, il paraîtra en version intégrale en 1954, juste après la mort de STALINE survenue en 1953) s’attelle à mettre l’accent sur la défense soviétique durant cette bataille sanglante et éprouvante, repoussant les assauts de l’envahisseur nazi. Il se fait patriote, admirateur de la stratégie militaire. Le livre va remporter un franc succès qui donnera les coudées franches à GROSSMAN pour dépeindre l’envers du décor en 1962 : « Vie et destin ». Mais stoppons ici puisque, d’une part cette chronique est suffisamment longue, d’autre part parce que nous avons déjà évoqué « Vie et destin » dans nos colonnes, vous pourrez vous reporter au lien suivant pour en savoir plus sur le « destin » de ce livre si votre curiosité est piquée :



https://deslivresrances.blogspot.com/2018/05/vassili-grossman-vie-et-destin.html



Quoi qu’il en soit, ces deux oeuvres de GROSSMAN représentent une documentation historique de haut vol et se placent comme une seule œuvre, l’une des plus surdimensionnées de la littérature russe du XXe siècle.



https://deslivresrances.blogspot.fr/
Lien : https://deslivresrances.blog..
Commenter  J’apprécie          60
Vie et Destin

Un roman magnifique et malheureusement peut connu, c'est le guerre et paix du 20 ième siècle avec toute la force et la violence du siècle auquel il se rattache. Une plongée dans le Stalingrad assiégé avec des personnages d'une profondeur folle et d'une humanité immense, tout ça sous la folie destructrice de 2 régimes totalitaires qui s'affronte et qui se ressemble tant. Un véritable chef d'oeuvre de la littérature russe que Grossmann a passé 20 ans à écrire et qui n'a jamais été publié de son vivant dans son pays, un manuscrit sauvé in extremis du KGB grâce à une copie précieusement gardé et déchiffré à l'étranger.
Commenter  J’apprécie          60
Carnets de guerre

Les carnets de guerre d'un écrivain/journaliste juif et ukrainien pendant la Seconde Guerre Mondiale,le tout est accompagné de notes et de précisions de la part des auteurs du livre,afin qu'on comprenne mieux le contexte et qu'on ne se laisse pas berner par certaines erreurs ou vision trop optimistes/pessimistes de Grossman.



Presque tout y est : la retraite de 1941,l'offensive allemande stoppée devant Moscou,la bataille de Stalingrad,la bataille de Koursk,la reconquête des territoires perdus,les abominables massacres de " la Shoah par balles " (dont la mère de Grossman sera l'une des victimes),l'horreur de Treblinka et Maidanek,les terribles souffrances de la ville de Varsovie,la bataille de Berlin ...



Grossman était envoyé sur le front et une fois sur place il interrogeait les soldats,les officiers,les généraux,les civils,les déportés,les prisonniers,les infirmières ...



Entre ce qu'a vécu Grossman et les nombreux témoignages divers et variés qu'ils partagent avec nous,ce livre regorge d'anecdotes parfois drôles,touchantes,joyeuses et souvent tristes,terribles,dures voir franchement insoutenables (le passage sur l'organisation de Treblinka et sur le cheminement des déportés de leur montée dans le train jusqu'à la chambre à gaz est sans doute ce que j'ai lu de plus dur dans ma vie).



Grossman relate bien l'horreur de la guerre pour les soldats comme pour les civils.



Il rend aussi hommage aux soldats et aux civils tués ainsi qu'à l’héroïsme des combattants soviétiques et au courage de la population.



Il évoque bien évidemment la cruauté des fascistes et les très nombreuses exactions dont ils se sont rendus coupables.



Mais ce livre ne fait pas non plus l'impasse sur les crimes d'une partie de l'armée rouge (notamment le viol,le vol et le pillage),les nombreuses erreurs/crimes de Staline et certaines méthodes très discutables utilisées dans l'armée soviétique.



Un livre qui raconte aussi la vie de Grossman avant et après la guerre,le bonhomme aura beaucoup de problèmes avec la censure et ses œuvres majeures (dont son chef d’œuvre " Vie et Destin ") ne seront publiées que plusieurs années après sa mort,d'abord à l'étranger puis en Russie après la chute de l'URSS.



Donc si vous êtes intéressé par la Seconde Guerre Mondiale en général et par les événements de la guerre Germano-Soviétique en particulier,je vous recommande ce livre mais soyez préparés parce que c'est pas toujours très joyeux ...
Commenter  J’apprécie          62
Pour une juste cause

II - Correspondant de guerre pour "L'Etoile Rouge", Vassili Grossman eut tout le temps d'assister aux combats qui marquèrent le siège de Stalingrad et qui durèrent de juillet 1942 à février 1943. Il y puisa l'idée de "Pour Une Juste Cause" qui, on ne s'en étonnera pas, est avant tout une oeuvre très engagée, patriotique et nationaliste. L'auteur nous dépeint la lutte de géants qui opposa son pays à l'Allemagne nazie en nous présentant tout un lot de personnages plus ou moins attachants, dont les membres de la famille Chapochnikov. Si l'on excepte les absurdités administratives de l'armée, les instances soviétiques ne sont pas critiquées.



Sans être ennuyeuse, cette partie du livre dépasse rarement le niveau d'un honnête roman de propagande. Mais tout va changer avec "Vie & Destin."



Quand il s'attaque à cette deuxième partie, Grossman est un homme gravement ébranlé par la guerre : il y a perdu son fils aîné et il a été l'un des premiers à entrer à Treblinka. Pire encore : sa mère, à laquelle il dédiera "Vie & Destin", est morte dans un ghetto. En d'autres termes, ce Russe d'origine juive, qui ne parle pas le yiddish et qui a été élevé dans une famille non pratiquante, se voit appelé, pour la première fois, à réfléchir à son identité.



Pour couronner le tout, si l'on peut dire, la sortie, en 1952, de "Pour Une Juste Cause", et sa démolition en flammes par un critique empressé aux ordres du Généralissime, font comprendre à Grossman que ce socialisme soviétique pour lequel il s'est battu est en train de relever le flambeau hitlérien contre les juifs. Oh ! bien sûr, Grossman avait entendu parler des pogroms mais tout cela se passait sous le régime tsariste et était d'autant plus inconcevable dans l'URSS marxiste-léniniste de l'après-guerre que les Soviétiques d'origine juive s'étaient battus comme les autres contre l'envahisseur ...



Et pourtant ... (A Suivre ...)
Commenter  J’apprécie          62
Pour une juste cause

За правое дело suivi de Жизнь и судьба

Traduction : Luba Jurgenson pour "Pour Une Juste Cause" et Alexis Berelowitch et Anne Coldefy-Focard pour "Vie & Destin"



I - Aucun livre n'a jamais été présenté de cette manière sur notre forum et il n'y en aura sans doute pas d'autre. Les deux volumes peuvent se lire séparément et ont été édités tous deux séparément et pourtant, il ne nous viendrait pas à l'esprit de les présenter l'un sans l'autre car la spécificité de "Vie & Destin", son caractère unique non seulement dans la littérature russe mais aussi dans la Littérature tout court, ne se perçoit pleinement que par opposition à ce que son auteur avait conçu comme la première partie de sa fresque, "Pour Une Juste Cause."



L'axe central des deux volumes, c'est le siège de Stalingrad. Rappelons brièvement que le sort de l'Europe et de la Seconde guerre mondiale s'est décidé à Stalingrad et que, sans l'héroïsme du peuple russe tout entier et de ses soldats, les Alliés auraient peut-être réussi à abattre Hitler mais cela leur aurait pris infiniment plus de temps. L'affirmer n'est ni faire mentir l'Histoire, ni dénier aux Américains l'importance que revêtit pour nous leur intervention dans le conflit. Mais il faut garder à l'esprit que, au moment où débute "Pour Une Juste Cause", l'Europe entière, à l'exception de l'Italie fasciste, de l'Espagne, d'obédience franquiste, et de la Grande-Bretagne de Sa Gracieuse Majesté, est envahie par les Nazis. On peut chipoter sur les distinctions entre les pays annexés (comme l'Autriche ou une partie de la Pologne), les pays effectivement occupés (comme la France) et les pays satellites (comme la Roumanie ou la Hongrie) mais la réalité s'impose : l'Europe appartient aux nazis.



Pour une raison connue de lui seul, Hitler prit la décision de rompre le pacte que l'Allemagne avait signé avec l'URSS le 23 août 1939. L'idéologie nazie des "sous-hommes" incluait largement les Slaves et cette arrogance de ceux qui s'auto-proclamaient comme appartenant à la "race des Seigneurs" allait entraîner leur perte. Car si l'attaque allemande du 22 juin 1941 fut pour Staline comme un véritable coup de massue - et l'homme n'était pourtant pas facile à déstabiliser, on le sait - il allait très vite se reprendre et, à sa manière très particulière, exiger et obtenir du peuple russe un effort si gigantesque, si surhumain, qu'il finit par renverser la vapeur de l'énorme machine de guerre allemande.



Toutefois, le 22 juin 1941, l'armée allemande se trouve aux portes de la taïga : l'Ours soviétique semble sur le point de rendre l'âme et le reste de l'Europe se tait, comprenant avec horreur que la conquête de l'URSS, si on l'ajoute à toutes les précédentes et aux victoires remportées également en Asie et en Afrique, marque la naissance d'un monde entièrement soumis au nazisme. (A suivre ...)
Commenter  J’apprécie          62
Vie et Destin

Ce livre retrace l'épopée d'une famille à travers la période trouble de la seconde guerre mondiale et du stalinisme. Comment vivre quand l'être humain n'est plus pensant, espérant mais souffrant et subissant ? Comment survivre quand son environnement devient un glauque de haine, d'inhumanité et de délation ? Où trouver la force de continuer par delà la torture et la mort ?

Ce livre puissant, écrit sans complaisance mais sans ressentiment est à lire car c'est presque un documentaire sur un temps noir qui ne doit pas s'effacer de notre mémoire.

818 pages ne sont pas de trop pour décrire cette atrocité.
Commenter  J’apprécie          60
Carnets de guerre

Ecrits au jour le jour, publiés ou non dans “L’étoile rouge”, le journal de l’armée, censurés souvent, ce recueil d’articles présentés par Beevor donne à voir la réalité de la guerre en Russie, le terrible “front de l’est”, lieux de toutes les barbaries. La censure, souvent teintée de l’antisémitisme traditionnel russe, exacerbé par Staline, a veillé à ne pas mettre en avant l’holocauste par balles, ni les complicités réelles et supposées de certains soviétiques. Il ne faut pas nier la participation de certains Ukrainiens ou Baltes à côté des Nazis. Mais n’oublions pas que l’Ukraine, de par sa position géographique, a été la principale victime de la guerre. Il a fallu des décennies pour que le pouvoir admette le caractère génocidaire des massacres de Baby Yar à Kiev. Quelques années après la fin de la guerre, l’antisémitisme, sous couvert de lutte contre le “cosmopolitisme” a commencé avec le “Complot des blouses blanches”. La mort de Staline a mis fin à cet épisode que Himmler n’aurait pas renié. Ces carnets peuvent servir d’introduction à l’ouvrage majeur de Grossman, “Vie et destin”, un des livres essentiels qu’il faut lire absolument avec “Les récits de la Kolyma” de Chalamov, bien supérieur, à mon avis, à l’Archipel du Goulag, sans opposer l’un à l’autre. Dans cette séquence on pourra s’intéresser au “Livre noir” dont la publication a été combattu, pour les raisons évoquées.
Commenter  J’apprécie          50
Pour une juste cause

En retrouvant la famille Chapochnikov, j'ai eu le sentiment de pousser la porte d'une maison familière. C'est l'anniversaire d'Alexandra Vladimirovna, le thé, la chaleur du repas partagé, tous sont réunis là, trois générations jusqu'aux petits fils à la vieille de partir au front. Je me suis sentie chez moi, par la force des mots de Grossman, tellement proches de la réalité humaine de ces années de guerre dans lesquelles il fut lui même plongé comme correspondant . Ma première lecture du livre remonte aux années 90 et depuis, « Pour une juste cause » est resté dans l'ombre de « Vie et destin » que j'ai relu trois fois et qui est devenu mon livre de référence. Je m'aperçois à cette relecture de « Pour une juste cause » que cette négligence n'est pas justifiée, au contraire.Ce roman se lit comme une genèse du suivant et il est passionnant de suivre l'écrivain dans la construction de son épopée, de réfléchir avec lui au profil de ses personnages, qui change entre les deux volumes, de guetter à travers les lignes ce qui fera la force du livre suivant avec cette lucidité exceptionnelle qui lui fera décrypter le stalinisme à l'échelle humaine de chacun de ses personnages.

Oui, les deux livres sont différents. Grossman écrit « Pour une juste cause » sous le feu des combats, à partir de 1943, il a en tête la fresque historique qu'il veut construire, « Vie et destin est déjà en gestation à travers les premiers chapitres publiés, tout entiers dominés par la bataille de Stalingrad. La lecture du livre fait ressentir à quel point Grossman est alors entièrement habité par l'invasion du pays par les armées allemandes et par les déconvenues militaires de l'armée rouge en 1941. Il revient longuement sur la stupeur du pays alors, et s'attache ensuite à montrer comment il relève la tête et organise les conditions de la résistance, par les armes ,mais aussi par un effort énorme de production, les industries étant transportée à l'est. Grossman prend soin de montrer que la victoire se joue également loin des champs de bataille. La première partie du livre les présente, dans le recul inexorable de l'armée rouge jusqu'au Don, que les armées ennemies finissent par franchir, la route est ouverte pour Stalingrad. La deuxième partie du livre est centrée sur la bataille de Stalingrad, de l'assaut des bombardiers contre la ville le 23 aout 42 à 16h aux premiers combats acharnés dans les rues et les bâtiments de la ville en septembre. Les chapitres consacrés aux combats pour le contrôle de la gare, sont emblématiques de ce que sera la suite de la bataille, les soldats russes se battent jusqu'au dernier sans rien céder des positions occupées. Grossman prend soin de montrer la volonté de chacun de s'engager ainsi, sans que l'ordre de Staline de ne plus reculer ne soit rappelé pour l'occasion.

Dans les usines ou sur les champs de bataille, c'est bien le peuple russe qui paie le prix de la guerre.

Peuple magnifique, dans sa simplicité et son désir de vivre, magnifique dans cet élan vital qui le pousse à résister coûte que coûte. Grossman est un peintre de l'humain, si près de tout ce qui fait agir et penser ces hommes et ces femmes, que son popos a la force de l'universel et prend une actualité féroce en ces temps de guerre de la Russie contre l'Ukraine. La résistance des Ukrainiens est toute entière dans les pages de Grossman.Il est un écrivain messianique, dont la lucidité politique et idéologique s'est forgée progressivement, jusqu'à la pleine maturité de sa pensée, telle qu'elle s'exprime dans « Vie et destin » et ensuite dans « Tout passe ». Il est interessant d'en apercevoir les prémices dans « Pour une juste cause ». Ses personnages plongés dans la guerre révèlent leur nature profonde. La confrontation entre le bien et le mal, qu'il développera dans « Vie et destin » est déjà là, dans ce premier opus. Elle s'exprime à travers les figures évoquées. L'héroïsme y occupe une place importante ,les petites mesquineries, lâchetés au quotidien, sont présentes aussi, malgré la relecture de la censure qui a tenté de les gommer. Grossman condamne le conformisme des idées reçues qui préfère regarder la norme que s'intéresser aux individus. La cadette des Chapochnikov en montrera elle même l'exemple dans le jugement hâtif qu'elle porte sur Tokareva à l'orphelinat. Les plus belles figures brossées par Grossman sont celles des personnages secondaires qui ne font que traverser le récit et traduisent toutefois la force et la grandeur humaines au quotidien, ainsi l'ouvrier Vavilov qui regrette de n'avoir pas eu le temps de couper le bois avant de partir au front et figurera parmi les derniers tués dans les combats de la gare.

La construction du récit elle aussi, annonce la symphonie de « Vie et destin ». Hitler et Mussolini ouvrent le roman avec la décision d'envahir l'URSS, les soldats allemands sont mis en scène dans leur quotidien, du soldat Bach à von Paulus, Stalingrad, les steppes du Don, celles de l'outre Volga, Kazan Kouybichev, Moscou, sont autant de champs d'action. La critique du stalinisme n'est pas développée explicitement mais elle est totalement en germe dans l'hymne convaincu que Grossman adresse à l'humanité à travers chaque individu respecté et glorifié pour ce qu'il est.

Un livre majeur.
Commenter  J’apprécie          50
Vie et Destin

Que dire de plus que toutes les critiques élogieuses qui accompagnent ce chef d'oeuvre absolu depuis sa parution ?

Que ce fut mon coup de coeur de lecteur en 2021, une année pourtant riche de très bonnes lectures, me concernant.

Qu'il se mérite et qu'il est utile de s'équiper d'une liste des personnages pour s'y retrouver au début, mais qu'ensuite tout s'articule facilement.

Que des nombreux morceaux de bravoure littéraire qui constituent ce livre, bouleversants, certains m'ont plus bouleversé que d'autres. Ainsi en est-il de la lettre de la mère de Strum, Anna Semionovna, de la scène de la mort de Sofia Ossipovna dans la chambre à gaz d'Auschwitz, de la chute et de la faillite morale de Strum, pris au piège et qui signe une lettre de dénonciation d'un de ses amis…

Quel choc littéraire mes amis, quel choc tout court !

Commenter  J’apprécie          50
Vie et Destin

Objet littéraire non identifié, cet énorme roman reconstitué, auquel il manque des fragments, comme un vase antique, se situe à la suite d'un autre livre qui n'a pas grand-chose à voir semble -t- il avec celui-ci, et laisse au lecteur un gout étrange d'inachevé. Il n'empêche, Grossman fait éclater avec évidence les ressemblances entre les deux totalitarismes qui s'opposent à Stalingrad et présente une vue saisissante de la vie quotidienne au temps de Staline. Chef d'oeuvre.
Commenter  J’apprécie          50
Vie et Destin

ne pas manquer l'excellent documentaire sur Arte: Le manuscrit sauvé du KGB

"Vie et destin" de Vassili Grossman 17 janvier 2018.présentation d'Arte:

"La bouleversante histoire d’un écrivain, le Russe Vassili Grossman, et de son roman "Vie et destin", l’une des charges les plus violentes jamais portées contre le régime stalinien.

C’est l’histoire d’un manuscrit qui a fait trembler le Kremlin. Un livre "arrêté" en octobre 1961, au petit matin, et enfermé dans les sous-sols de la Loubianka, le siège du KGB. "Pourquoi ajouterions-nous votre livre aux bombes que nos ennemis préparent contre nous ?", avait écrit Mikhaïl Souslov, l’éminence grise de Staline, à Vassili Grossman qui plaidait la cause de son livre. Sauvé de la disparition grâce au courage d’un réseau de dissidents, parmi lesquels le physicien Andreï Sakharov et l’écrivain Vladimir Voïnovitch, Vie et destin ne paraît en France qu’en 1983. "J’ai été stupéfait comme peu de livres m’ont stupéfait, raconte l’écrivain Olivier Rolin. Pour moi, c’est l’un des monuments du XXe siècle."



Commenter  J’apprécie          51
Pour une juste cause

Le roman de la bataille de Stalingrad, par Vassili Grossman, qui l'a vécu au plus proche : on suit la bataille depuis l'approche des Allemands jusqu'au moment de bascule où les Russes prennent le dessus. Pour cela, l'auteur convoque dans une fresque monumentale de nombreux personnages (soldats, ouvriers, paysans), chacun ayant, à la mode russe, prénoms, patronymes et multiples diminutifs (ce qui gêne parfois la compréhension).

Le style est riche, ampoulé et très graphique. L'esthétique communiste n'est jamais loin : esthétique du travail à l'usine ou dans les champs, esthétique du sacrifice de l'individu pour la société, etc. Il faut lutter un peu pour passer au-delà de la propagande et apprécier le texte.

Mille pages qui pourraient sembler imbuvables de prime abord, mais qui se lisent quand même pas si mal...
Commenter  J’apprécie          50
Stalingrad choses vues

Grondements sourds de ces âmes vouées à une mort sans partage.

Au fil de ces pages les témoignages de ces mots se succédant deviennent litanies.

Triste mois de septembre de cette année sanguinaire.
Commenter  J’apprécie          50
Vie et Destin

Pour parler d'un tel livre, je m'interdis tout sens de la mesure.



Vie et destin est plus qu'un récit de guerre au réalisme saisissant ou une critique du totalitarisme, auquel on le réduit souvent (comme l'oeuvre de tous les auteurs étiquetés "dissidents"). Ce qui le rend remarquable avant tout, c'est sa réflexion philosophique sur la forme et la nature du bien et du mal. On serait même presque tenté d'y voir une application de la métaphysique hégélienne, à savoir faire parler l'histoire pour en tirer la vérité ultime de l'âme humaine. Faute d'une étude approfondie sur ce point, je le laisse en suspens.



L'idée maîtresse de l'ouvrage est aussi simple à comprendre que profonde : toute tentative d'élaborer une théorie du bien, au moyen d'une doctrine religieuse, philosophique ou nationaliste, ne peut qu'échouer et causer beaucoup de mal. La bonté n'existe qu'au niveau individuel, elle est sans pensée, spontanée. Donc la bonne action ne se préoccupe pas de sa finalité, contrairement à tout système doctrinal :



"Plus [la bonté] est insensée, plus elle est absurde et impuissante et plus elle est grande. (...) L'amour aveugle et muet est le sens de l'homme."



Plutôt que de me perdre en 30 lignes de citation, je vous renvoie au chapitre 15 de la deuxième partie (les écrits d'Ikonnikov), qui constitue la clé de voûte de l'ouvrage.



Grossman ne pouvait être un pacifiste : il s'est retrouvé face à un ennemi qui a voulu détruire sa patrie et exterminer sa race. Mais il met en garde contre un préjugé qui corrompt le sens de toute guerre : celui de croire qu'elle est menée au nom d'un Dieu, d'une nation, d'une classe sociale. Ces derniers ne sont pas la fin recherchée de la lutte, mais un moyen collectif d'obtenir ou préserver une existence individuelle libre.



Après s'être frotté à la pensée de Grossman, on ne considère plus les rares soubresauts des consciences nationales (pourtant mourantes en Europe) de la même façon. 25 ans après la "fin de l'histoire" et le triomphe des démocraties libérales en Europe, le profond et subtil humanisme de cet ouvrage garde quelque chose de subversif.
Commenter  J’apprécie          50
Vie et Destin

Un conseil préliminaire: avant d'entamer la lecture de ce monument de la littérature mondiale, allumez une symphonie de Chostakovitch, de préférence les 5ème, 7ème (dite "Léningrad") 8ème (dite "Stalingrad") et 13ème (dite "Babi Yar"). Vous verrez à quel point la grande musique se marie si bien avec la grande littérature, à plus forte raison lorsqu'elles ont été composées l'une comme l'autre dans le même contexte historique, à savoir l'URSS stalinienne, la Grande Guerre Patriotique contre l'envahisseur nazi et la Shoah.



Le philosophe Alain avait affirmé qu'il ne fallait pas espérer trouver de pages équivalentes à Guerre et Paix. Il n'a pas vécu assez longtemps pour découvrir Vie et Destin.



Le compositeur Alban Berg s'était exprimé ainsi sur la sixième symphonie de Mahler: "la seule Sixième, en dépit de la Pastorale de Beethoven." En le paraphrasant, je dirais volontiers concernant Vie et Destin: "L'un des plus grands romans historiques, en dépit de Guerre et Paix".



Vie et Destin mérite en effet amplement d'être considéré comme le Guerre et Paix du front de l'Est de la Seconde Guerre mondiale, pour ne pas dire celui du 20ème siècle. Si je n'étais pas limité par le seuil de six livres, je crois que je n'hésiterais pas à emporter ce livre sur mon île déserte.



On y retrouve certains caractéristiques propres aux grandes fresques historiques russes: la recréation d'un monde dans son ensemble, créant une continuité entre les espaces marqués par la guerre et celles de l'arrière à la paix précaire, des personnages dotés d'une vie pleine et entière (professionnelle, sentimentale, intellectuelle, sociale) et pas seulement traités comme des personnages historiques, le primat donné à des personnalités anonymes au regard de l'Histoire (c'est à dire ceux crées par l'auteur) et non aux grands hommes.



Vie et Destin, c'est aussi le récit de la prise de conscience de l'identité profonde qui existe entre les totalitarismes staliniens et hitlériens, de la tragédie que portent en elles toutes les utopies, toutes les idéologies les plus généreuses à l'instar du christianisme ou du communisme, à savoir le fait qu'elles finissent toujours par légitimer des entreprises d'oppression des hommes. C'est également la révélation de la perversité propre aux régimes totalitaires, où sauvegarder son intégrité est une épreuve de chaque jour, face aux exigences de délation qu'impose le stalinisme, comme en témoigne la fin du roman, où Strum, inspiré du romancier lui-même, est contraint de signer une lettre de critiques envers un collègue physicien.



C'est aussi avant tout le tableau intérieur d'un déchirement de l'auteur entre une identité russe, dans laquelle il s'est toujours reconnu, au point qu'il célèbre au détour d'une page "la grandeur du peuple russe en armes, depuis Souvorov" et une identité juive auquel il est renvoyé, d'abord par les nazis, meurtriers de la mère de Sturm comme de Grossman lui-même (la dernière lettre de la mère envoyée à son fils est sans doute un des passages les plus poignants du roman), ensuite par le régime stalinien lui-même au cours de la campagne contre le complot des blouses blanches, commis supposément par les Juifs.



Cependant, au milieu de ce désespoir, c'est également une profession de foi déchirante en une bonté de la nature humaine, en la liberté, contre laquelle le mal demeure impuissant, comme en témoigne le discours d'Ikonnikov, qui suit la conversation entre Liss, officier de la Gestapo et Mostovskoi, le vieux bolchevik prisonnier d'un camp de concentration nazi.

Liberté auquel aspirent d'ailleurs les Soviétiques eux-mêmes, qui se battent contre l'envahisseur nazi avec l'espoir que le monde de l'après-guerre sera celui de la libération de la terreur stalinienne, comme en témoignent le major Erchov, qui monte une cellule de résistance à l'intérieur du camp de prisonniers de guerre où il est détenu avec Mostovskoi et Ikonnikov, ainsi que le capitaine Grekov, en première ligne à Stalingrad (le passage de sa confrontation avec le commissaire politique Krymov est à cet égard révélateur).



L'un des plus beaux romans au monde, à l'écriture flamboyante d'humanité et de grandeur épique. Pour reprendre de nouveau les propos d'Alain, les seuls mots qui me viennent à la bouche sont les suivants: "Lisez, relisez ces pages éternelles."
Commenter  J’apprécie          50
Pour une juste cause

III - Comme Stalingrad pour la Seconde guerre mondiale, cette découverte marque le tournant décisif dans l'oeuvre de Grossman. Mais il ne tombera pas dans le piège de l'auto-apitoiement, il fera beaucoup mieux : l'horreur imposée aux Juifs par les Nazis, il fait en sorte de la dépeindre comme un fléau universel, capable d'atteindre du jour au lendemain l'Humanité tout entière. Vous faut-il une preuve ? Le sort infligé à Sturm, alter ego vraisemblable de l'auteur dans le roman et physicien dont se détournent peu à peu, après la guerre, parce qu'il est juif, tous ses bons "camarades", qu'ils aient ou non leur carte au Parti, voilà cette preuve, froidement et presque cliniquement détaillée par un homme à qui les siens ont fait perdre ses dernières illusions.



On admirera l'ironie avec lequel l'effacement progressif de Sturm dans et par une société soviétique qui se soumet à l'antisémitisme stalinien est justement stoppé par un appel téléphonique du Coryphée suprême, désormais soucieux, en raison des progrès américains en la matière, des théories sur l'atome du physicien déchu ...



Sturm est sauvé, certes : mais les autres ? Les autres Juifs, bien sûr mais aussi tous les autres qui, sans être juifs, pourrissaient dans les isolateurs ou dans les camps de travail du régime ? ...



On ne peut que demeurer muet et admiratif devant l'humanité profonde qui a permis à Vassili Grossman non seulement de transcender ses chagrins personnelles - en tant que fils, en tant que père, en tant que juif - et de trouver la force de faire si tôt le lien entre les deux grands totalitarismes du XXème siècle, mais aussi de refuser l'auto-apitoiement facile de ses pairs pour se préoccuper avant tout de la souffrance humaine universelle. Ce faisant, il faisait de "Vie & Destin", dont tous les exemplaires manuscrits furent, en principe, confisqués par le KGB en 1961, un livre lui aussi universel qu'il ne faut pas hésiter à lire. S'il y a un homme qui mérita un jour le titre si galvaudé à notre époque de "citoyen du monde", ce fut bien Vassili Grossman : lisez "Vie & Destin" - vous comprendrez. ;o)
Commenter  J’apprécie          51
Vie et Destin

Ce livre, puissant et effectivement sans complaisance, ne relate pas seulement une période que l'on ne doit pas oublier : il va beaucoup plus loin ! Il pose la question de l'être humain en général : au-delà du stalinisme, de la Seconde Guerre Mondiale et du fascisme, comment l'être humain est -il capable d'affronter des situations extrêmes, jusqu'où l'homme est-il capable d'aller? Peut-il réussir à garder un brin d'humanité, de générosité, de lucidité? Comment peut-il survivre face à des choix inéluctables mais contraires à ses convictions et à sa nature? Comment supporter la culpabilité?

Un livre, selon moi, inoubliable, indispensable. Il a transformé ma façon d'appréhender les choses, la vie.. Un des quelques livres que j'emmènerai sur une île déserte.
Commenter  J’apprécie          50
Tout passe

Voilà un des plus beaux livres qu’il m’ait été donné de lire. Fluide et profond, léger et grave. Alain Finkielkraut en conseillait la lecture dans son ouvrage “Un cœur intelligent”, merci.

“Vivre, cela signifie être un homme libre. ”

Et s’inscrivant en faux contre Hegel déclarant : “Tout ce qui est réel, est rationnel”. Vassili Grossman écrit pour l’éternité : “Tout ce qui est inhumain est insensé et inutile.”

Vassili Grossman (1905 – 1964) s’est peu à peu éloigné de la “ligne”. Cet ouvrage interdit circulant en URSS sous le manteau fut traduit pour la première fois en 1971. Il est un des livres les plus importants qui nous soient parvenus de Russie. Un cri d’angoisse, un appel vers la liberté, qui nous concerne tous.



Lire la suite sur Quid Hodie Agisti


Lien : http://www.quidhodieagisti.fr
Commenter  J’apprécie          50
La Madone Sixtine - Repos éternel

Grossman a vu à Moscou la célèbre toile de Raphaël avant que l’URSS ne restitue la toile à l’Allemagne d’où les troupes l’avaient rapportée en temps que prises de guerre. L’émotion ressentit fut violente, tant elle remuait en lui des souvenirs douloureux, souvenirs qu’il évoque dans ce court texte. Grossman, comme correspondant de guerre de “Krasnaïa Zvesda”, le journal de l’armée rouge est arrivé avec elle à Treblinka. La Madone évoque les mères portant leurs enfants vers les chambres à gaz, les paysannes déportées vers le Goulag, les massacres des grands procès de 37… Il conclut avec “optimisme”, la beauté de la Madone survivra aux horreurs humaines, ce qu’elle fait depuis quatre siècles. Puisse -t-il avoir raison…
Commenter  J’apprécie          40




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Vassili Grossman (1476)Voir plus

Quiz Voir plus

Un couple : un tableau et son musée (n°1/2)

"La Joconde" de Léonard de Vinci :

Musée du Louvre à Paris
Galerie des Offices à Florence

10 questions
214 lecteurs ont répondu
Thèmes : peinture , art , culture généraleCréer un quiz sur cet auteur

{* *}