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Critiques de Vassili Grossman (178)
Vie et Destin

quel bouquin.... On peut s'en servir pour le jeter à la gueule du voisin, je m'en suis servi pour caler un barbecue dans mon jardin. Un pote nain (détail sans grande importance) s'en est servi pour monter sur le canapé. Ma femme m'a menace de le foutre dans les chiottes si je ne cessai pas de me plonger dedans en rentrant du taf. Un gilet jaune l'a descellé pour le balancer sur des CRS.

Y a pas à chier en plus de tout cela il faut le lire. Quel régal. Il est aisé de comprendre qu'il a mis à mal le gouvernement (oui ça me fait marrer d'utiliser ce terme pour parler de l'URSS) soviétique. Les types avaient les genoux qui claquaient à la première lecture et en plus en le faisant tombé y en a un qui s'est concassé un orteil (bien fait mec)

Le type est sévèrement burné fallait oser, d'ailleurs ils l'ont même pas foutu en zonzon car même entre 4 murs il aurait été capable de transformer le camps en village vacance avec des géo et des services civiques.

S'il n'était pas si gros il aurait mérité d'y retourner (ca me fait penser à des trucs ca tient) car une seule lecture ne suffit pas à en faire le tour et saisir ce qui se cache derrière chaque porte.

Grosse référence ce livre, il n'est pas mis à la lumière comme il le mériterait car entre extrêmes des 2 bords il y a toujours des points de convergences;

Je recommande vivement. Et régalez vous
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Vie et Destin

Beaucoup de critiques comparent Vie et Destin à Guerre et Paix, et donc Vassili Grossman à Léon Tolstoï. L’objet des deux œuvres est le même : décrire le destin de groupes d’hommes et de femmes, notamment de familles, confrontées à la guerre, offertes en sacrifice.



Les points de vue sont divers : celui du petit soldat de 19 ans, jeté dans la fournaise, celui de l’officier d’artillerie ou de chars sans illusion, qui va au sacrifice en toute conscience, celui du puissant commissaire politique, qui poursuit dans la steppe les intrigues nouées au KGB à Moscou, enfin celui de la maman rendue folle par la perte de son fils.



Les Russes ne sont pas seuls en cause : Grossman, bien avant « Shoah » de Lanzmann décrit le martyr du Peuple juif pris au piège des villes ukrainiennes ou biélorusses. Il cite aussi un point de vue allemand, avec le personnage de Liss, SS bureaucrate chargé d’une importante mission auprès de Himmler, dans la ligne définie à Wannsee.



D’ailleurs, les deux camps sont soumis au totalitarisme, à sa cruauté, à ses emprisonnements et a ses déportations arbitraires : cette position a valu au livre de ne pas être publié du temps de l'URSS.



Ce livre est utile à l’historien, mais il est aussi un grand livre humaniste, dont beaucoup de passages, par leur écriture, forcent l’admiration, celui-ci par exemple :



« Novikov sentait qu’ils parviendraient à leurs fins, qu’ils seraient plus forts, plus malins plus intelligents que leurs ennemis. Cette masse de bravoure, de calcul, de savoir faire, toute cette richesse humaine de combattants qui pouvaient être au choix méchants, bons, coléreux, braves, prudents et une fois unis ils devaient vaincre car ils constituaient une trop grande richesse pour être battus ».

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Vie et Destin

C'est en lisant le Divan de Staline que j'ai découvert cette oeuvre de Vassili Grossman; à la première lecture, j'ai constaté que les nombreux personnages étaient amenés un peu brusquement, sans présentation préalable et j'aurais souhaité qu'on me fournisse une liste de ceux-ci en début de roman. Jusqu'à ce que je constate, en fouillant dans Babelio, qu'un autre titre précédait Vie et Destin, Pour une juste cause... tant pis, j'ai continué car tout dans ce récit est poignant : la reconstitution des discussions des généraux soviétiques et allemands lors de la bataille de Stalingrad qui allait décider de l'issue de la Deuxième Guerre mondiale, les scènes émouvantes des camps d'extermination des Juifs, la société soviétique sous Staline décrite avec justesse et subtilité jusque dans les discussions entre amis et cette crainte d'en avoir trop dit ou pas assez. Et enfin, l'amour familial qui englobe toute histoire.
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Vie et Destin

II - Correspondant de guerre pour "L'Etoile Rouge", Vassili Grossman eut tout le temps d'assister aux combats qui marquèrent le siège de Stalingrad et qui durèrent de juillet 1942 à février 1943. Il y puisa l'idée de "Pour Une Juste Cause" qui, on ne s'en étonnera pas, est avant tout une oeuvre très engagée, patriotique et nationaliste. L'auteur nous dépeint la lutte de géants qui opposa son pays à l'Allemagne nazie en nous présentant tout un lot de personnages plus ou moins attachants, dont les membres de la famille Chapochnikov. Si l'on excepte les absurdités administratives de l'armée, les instances soviétiques ne sont pas critiquées.



Sans être ennuyeuse, cette partie du livre dépasse rarement le niveau d'un honnête roman de propagande. Mais tout va changer avec "Vie & Destin."



Quand il s'attaque à cette deuxième partie, Grossman est un homme gravement ébranlé par la guerre : il y a perdu son fils aîné et il a été l'un des premiers à entrer à Treblinka. Pire encore : sa mère, à laquelle il dédiera "Vie & Destin", est morte dans un ghetto. En d'autres termes, ce Russe d'origine juive, qui ne parle pas le yiddish et qui a été élevé dans une famille non pratiquante, se voit appelé, pour la première fois, à réfléchir à son identité.



Pour couronner le tout, si l'on peut dire, la sortie, en 1952, de "Pour Une Juste Cause", et sa démolition en flammes par un critique empressé aux ordres du Généralissime, font comprendre à Grossman que ce socialisme soviétique pour lequel il s'est battu est en train de relever le flambeau hitlérien contre les juifs. Oh ! bien sûr, Grossman avait entendu parler des pogroms mais tout cela se passait sous le régime tsariste et était d'autant plus inconcevable dans l'URSS marxiste-léniniste de l'après-guerre que les Soviétiques d'origine juive s'étaient battus comme les autres contre l'envahisseur ...



Et pourtant ... (A Suivre ...)
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Tout passe

Ivan Grigoriévitch rentre chez lui, après 30 années passées au goulag.



Staline est mort. Et Ivan Grigoriévitch est libre. Il a été arrêté jeune homme et revient vieux. Il retourne au monde des vivants, de ceux qui n’ont pas été détenus dans l’enfer du goulag.



L’ancien zek retourne sur ses terres natales et fera quelques arrêts au passage.



Ivan reverra les gens qui ont continué à vivre, qui ont dû louvoyer pour survivre, qui ont dénoncé, qui l’ont dénoncé.



Il croisera la lâcheté, la souffrance, l’amour et surtout une question lancinante : tout ceci a-t-il eu un sens ?



Vassili Grossman, dans son dernier roman, offre une plongée poignante dans la vie des russes sous Staline.



Sa plume est toujours aussi émouvante que dans son chef d’œuvre, Vie et destin, pour croquer la famine ou la déportation. Mais il s’interroge aussi sur les raisons pour lesquelles tout ceci arrive en Russie.



Son roman, écrit entre 1955 et 1963, témoigne d’une incroyable lucidité sur la situation politique, les mensonges étatiques et ses terribles dérives.



On sent que l’auteur veut donner à comprendre ce que s’est joué dans son pays, de montrer à ses lecteurs la réalité soviétique.



Mais du coup, ce côté démonstratif m’a un peu dérangé et explique pourquoi je n’ai pas ressenti le complet chavirement ressenti avec «Vie et destin ».



Je dirais que pour les lecteurs qui ne sont pas habitués à lire de la littérature russe relative à cette époque, ce roman est une bonne porte d’entrée, accessible.



Pour les autres, s’ils ne l’ont pas déjà lu, je leur conseillerai davantage Vie et destin.
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Vie et Destin

Un roman fleuve qui retrace à travers la destinée des membres et proches de la famille Chapochnikov les heures où le système stalinien a failli basculer.

Intéressant à plus d’un titre :

- L’analyse politique est implacable totalitarisme en mettant sur le même plan l’emprise des systèmes fasciste et communiste sur la vie quotidienne des hommes. Le poids immense du système soviétique basé sur la terreur et la délation régit tous les rapports humains et vient s’immiscer au sein même des familles.

- L’enfer des camps nazis y est particulièrement décrit de façon saisissante : il est difficile de retenir ses émotions lors de la scène emmenant Sofia et David à la chambre à gaz. Il est aussi incroyable qu’un système parallèle puisse prendre place à l’intérieur des camps, jusqu’à pouvoir penser organiser matériellement un soulèvement.

- La bataille de Stalingrad est un des temps forts du roman : elle est vécue au niveau des hommes du front, côté allemand et côté russe. L’épisode du bastion de la maison 6bis est prenant ?

Cependant, la lecture du roman outre ses longueurs est plus que difficile : il m’a fallu plus de 300 pages (et l’aide de Wikipedia) pour m’y retrouver dans la kyrielle de personnages et de pouvoir tisser les liens qui les reliaient.

Après des moments de doute et beaucoup de persévérance, il reste tout de même un roman puissant dénonçant les systèmes totalitaires pour leur absurdité et leur caractère humainement destructeur.

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Vie et Destin

Je demande à mon collègue ce qu'il est en train de lire. Il me parle de Vassili Grossman. Ce nom me dit quelque chose. J'entends le mot Stalingrad. L'information tombe d'un coin de ma tête. Ah oui...ce Guerre et Paix du 20ème siècle...

Cela n'est pas pour moi...mais mon collègue m'en parle plus amplement, me titille, me donne envie de me lancer dans ce périple. Mais il me met en garde sur la complexité et la diversité du roman...Ces paroles restent et m'intriguent.



Quelques semaines plus tard, je termine un roman. le choix du nouveau se pose. Les paroles de mon collègue reviennent. Suis-je prêt ? Je commence Vie et Destin avec quelques à priori..



Et il avait raison...

Que ce roman fut complexe !



Il n'a pas été facile à appréhender. Les personnages sont nombreux et parfois difficilement reconnaissables (je fais référence aux appellations, patronymes...). Les lieux et les histoires changent, les personnages restent mais changent de manière constante. le récit n'est pas linéaire et ce n'est pas toujours facile.



Au-delà des destins croisés de tous ces personnages, l'oeuvre nous apporte une réflexion incroyable sur le système soviétique (et sur la notion de liberté, de peur, de patriotisme que cela implique)...Par ses personnages, Vassili Grossman nous donne une image de la société soviétique face à ce système en constante évolution. Et face à cela, les hommes et les femmes ne s'y retrouvent pas toujours....



Je voudrais même l'accent sur deux moments du roman.

Même si le passage de la lettre que Strum reçoit de sa mère m'a terriblement marqué, il en est un autre encore plus bouleversant : les derniers instants de Sofia et du petit David au sein d'un camp d'extermination. Rarement, je n'ai ressenti une telle proximité avec les personnages, de la sortie des wagons jusqu'à cette fin tragique dans une chambre à gaz....



Enfin, je reviendrai aussi sur cette conversation entre l'officier SS et le bolchévique, deux personnages totalement opposés, dans un camp allemand. Une conversation politique (mais aussi philosophique) extraordinaire ! Ce moment reste un passage marquant pour la plupart des lecteurs et des critiques et je comprends pourquoi !



Vie et destin est un roman complexe, qui m'a demandé beaucoup d'énergie, de temps et de concentration. Mais cela reste un témoignage incroyable, un roman que l'on se doit de lire par la richesse du réalisme et des réflexions qu'il apporte.
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Vie et Destin

C'est une œuvre impressionnante, remarquablement explicite, dans sa dénonciation des abus du régime stalinien, et courageuse pour son époque. A ce titre, elle doit être lue. Certaines tranches de vie sont intéressantes et pathétiques. Les protagonistes sont très nombreux et leurs caractères finement dessinés.
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Vie et Destin

Une fresque monumentale. Et si je me suis un peu perdu parmi la foule des personnages dont les noms, prénoms et surnoms se mêlaient quelque peu, j’ai vraiment vécu à leurs côtés tant l’écriture de Vassili Grossman est remarquable. Un choc littéraire, vraiment.
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Vie et Destin

Un grand roman historique russe. Vie et destin est à la bataille de Stalingrad, ce que Guerre et paix est à la défaite de Napoléon. Un chef d'oeuvre, illustrant très bien ,dans la fiction, les thèses philosophiques et sociologiques développées par Hannah Arendt dans son ouvrage, le système totalitaire : stalinisme et nazisme sont les deux facettes d'un même mal. Voir à ce sujet les citations données et notamment celle où l'officer SS discutge avec son prisonnier communiste.
Lien : http://jcfvc.over-blog.com
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Carnets de guerre

“Ne serait-ce que lire, cela est infiniment pénible. Le lecteur doit me croire, il n’est pas moins pénible de l’écrire. Peut-être quelqu’un posera-t-il la question : mais pourquoi donc l’écrire, pourquoi rappeler tout cela ? Le devoir de l’écrivain est de rapporter l’horrible vérité, le devoir civique du lecteur est en prendre connaissance.”



Toute personne se posant des questions sur la guerre, sur l’Ukraine et au-delà sur l’histoire de la deuxième guerre mondiale vue du côté russe pour une fois se doit d’ouvrir les Carnets de guerre de l’auteur de Vie et Destin autant pour la qualité littéraire que pour la qualité d’un témoignage de première main depuis la retraite en 1941 jusqu’à Stalingrad puis la reconquête jusqu’à Berlin. Appareil critique, choix pertinent de textes, commentaires éclairants, cet ouvrage vous fera regarder les conflits armés d’un autre regard sur “la vérité impitoyable de la guerre”.



Envoyé sur le front le 5 août 1941 pour le journal officiel de l’armée rouge, Krasnaïa Zvzda, lu aussi par les civils, l’écrivain-journaliste Vassili Grossman (Berditchev, Ukraine, 1905 – Moscou, 1964) sut porter un regard profond sur les hommes aux prises avec l’horreur, publier l’indicible et conserver l’impubliable sous la surveillance constante des politrouk .


Lien : https://www.quidhodieagisti...
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Vie et Destin

Vie et destin, de Vassili Grossman

Roman ? Documentaire ? Fiction ? Réalité ? Dans cette fresque, Vassili Grossman emprunte son style au roman pour nous dépeindre des faits historiques. Tour à tour poignant, dérangeant, enivrant, cette œuvre met en lumière la grande histoire de l’URSS en guerre à travers le destin d’une famille.

Et Vassili ne nous épargnera rien… nous foulons Stalingrad assiégé, les doutes et les questionnements du peuple russe, la famine, les laboratoires, le totalitarisme, Treblinka.

Le petit père des peuples est il si différent du Führer dans son totalitarisme et le régime de terreur qu’il a mis en place ? Il convient au lecteur d’en juger. Vassili Grossman nous amène à un questionnement sans truchement, et tandis que les protagonistes de cette famille se démènent pour sauver leurs vies, ils engagent également un combat plus intime du bien contre le mal.

Véritable ode à la vie, Vie et destin est un roman extraordinaire, plein d’espoir et d’humanité. Déroutant…

Un auteur extraordinaire qui mérite sa place au panthéon des grands auteurs russes.

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Carnets de guerre

Impressionnant. Si vous croyez avoir tout lu sur la 2ème guerre mondiale sans avoir lu les Carnets de guerre de Vassili Grossman, détrompez-vous. Grossman nous dit tout ce qui a permis aux Russes de tenir pendant le conflit, une combinaison de résilience, de sacrifice et de peur. Les armées soviétiques avaient des détachements qui suivaient les attaques et tuaient impitoyablement tout soldat qui battait en retraite. Un officier de l'armée rouge dit qu'il se considère comme mort depuis le jour où il a été affecté à Stalingrad. Donc il n'a rien à perdre puisqu'il est déjà mort.



On voit bien d'ailleurs que les deux armées étaient commandées par des fanatiques, puisque l'attitude d'Hitler de celle de Staline avaient beaucoup de points communs. Les deux étaient brutaux et jusqu'au-boutistes, ordonnant à leurs troupes de se faire massacrer jusqu'au dernier plutôt que de reculer.



Grossman se fait un devoir d'interroger tous les témoins possibles, qu'ils soient officiers, simples soldats ou civils pris au milieu des combats. Le livre se présente souvent sous forme de petites phrases capturées sur le vif plutôt qu'un récit bien ordonné, mais qu'importe.



Le chapitre sur Treblinka est horrible, d'une part parce que l'auteur nous raconte l'étendue des horreurs qui s'y sont déroulées, mais aussi parce qu'il essaie d'expliquer rationnellement la raisonnement des bourreaux. Âmes sensibles s'abstenir ...



L'auteur porte un jugement très objectif sur les évènements, ce qui lui vaudra des ennuis avec la censure. Grossman dénonce l'horreur des massacres de juifs, mais ses reportages sur le sujet seront toujours censurés par le pouvoir soviétique. Lors de l'entrée de l'armée russe en Allemagne, il décrit comment les soldats héroïques de l'armée rouge se transforment en bandits, pillant tout ce qu'ils trouvent, détroussant les prisonniers de guerre juste libérés, allant même jusqu'à violer leurs compatriotes russes qui avaient déjà eu le malheur d'être emmenées prisonnières en Allemagne.



Ses Carnets de guerre nous apprennent aussi l'immense espoir d'une partie du peuple soviétique à la fin du conflit, lorsque beaucoup de gens croyaient en l'avènement d'une ère meilleure et la fin de la répression stalinienne puisque l'ennemi était vaincu. Il nous montre aussi le sort des malheureux Polonais qui n'ont échappé au nazisme que pour tomber sous le joug tout autant impitoyable des soviétiques.
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Carnets de guerre

1. Cette édition est composées d’extraits choisis et commentés par Antony Beevor . Le texte en lui-même est celui d’ « Années de guerre » dont je redonne le commentaire que j’ai déjà fait : document fascinant et capital : celui d’un grand écrivain directement impliqué dans les combats de la deuxième guerre mondiale en Russie , de Stalingrad à la prise de Berlin. Les effroyables tueries du front , la découverte des massacres de juifs en Ukraine (d’où il est originaire et où périt sa mère) , la découverte des camps (il est le premier à décrire Treblinka) sont autant de terribles épreuves qu’il rapporte dans ces carnets.
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Vie et Destin

Attention, gros morceau ! J’avoue que j’ai pas mal hésité lors de ma dernière virée au village du livre de Montolieu. Il faut dire que l’édition de « Vie et destin » que je tenais entre les mains n’était pas la plus sexy qui puisse exister. En résumé, un bon pavé (plus de 800 pages), mal imprimé, en tout petit, il y a définitivement de quoi rebuter le lecteur le plus motivé. Finalement, vous vous en doutez bien, j’ai fini par repartir avec, entre autres (difficile de repartir à vide de Montolieu !), ce livre sous le bras.



Vous l’aurez compris, « vie et destin » est un livre exigeant. Sa lecture m’a vraiment demandé des efforts, mais à force de m’accrocher, j’ai réussi à rentrer pleinement dedans. Mais ce fut un combat de longue haleine ! Le livre est présenté partout comme un monument du XXème siècle et force est de constater que cette réputation n’est pas usurpée. Vassili Grossman, fervent communiste au départ, est devenu au fil des années un « ennemi du peuple » au sens du régime soviétique. Il nous propose en filigrane de cette peinture de l’Union Soviétique autour de la bataille de Stalingrad une critique en règle du régime en montrant les similitudes entre nazisme et communisme : polices politiques, existence de camps de concentration, neutralisation des opposants par la terreur et la répression, nationalisme d’Etat qui cherche l’élimination des minorités, antisémitisme. On comprend que ce livre n’était pas du goût du pouvoir, qui l’a fait saisir par le KGB. Disparu pendant 20 ans, il a finalement été miraculeusement retrouvé.



« Vie et destin » est un roman polyphonique qui nous fait suivre la vie d’une multitude de personnages, physiciens, prisonniers de guerre, militaires ou simples particuliers, en Union Soviétique pendant la seconde guerre mondiale, et plus particulièrement autour de la bataille de Stalingrad (1942-1943). Leurs destins vont se tisser et s’entrecroiser pour nous faire vivre tout un pan de cette période de l’histoire. Le destin de Sturm, le physicien, est saisissant et très révélateur de la dérive de la société soviétique. Un beau jour, ses recherches sont critiquées par considérées comme pro-occidentales, juives et opposées à la doctrine officielle. Sturm vit alors dans la crainte et l’angoisse d’une arrestation, de plus en plus isolé, tous se proches se détournant de lui. Et un beau jour, il reçoit un appel de Staline lui-même et va retrouver son poste, son prestige et ses amis. Moyennant quand même la signature d’une lettre niant les arrestations arbitraires du régime. Glaçant !

En bref, une lecture exigeante mais indispensable pour mieux comprendre tout un pan de notre histoire.
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Pour une juste cause

Pour une juste cause est la première partie du témoignage bouleversant de Vassili Grossman sur la bataille de Stalingrad, qu'il a couverte pendant la seconde guerre mondiale.



C'est un roman de guerre. Et quel roman de guerre ! L'auteur a une puissance narrative guerrière trop particulière. Sa plume chante une épopée à la gloire d'un peuple qui a répondu à l'appel de la patrie. Il raconte au lecteur comment la guerre fait mal à la vie des hommes et à celle des villes. Mais il raconte, aussi, les engagements envers une patrie en détresse.



Et ce en mettant en scène, tous les détails de la bataille de Stalingrad. le départ des soldats pour la guerre ; les déchirements familiaux, les questions innocentes des enfants, les larmes amères de la peine, les sourires timides de la joie, l'amour et la tendresse, le courage et la persévérance. Et le combat qui se ne met pas à genou. Tout est présent dans ce roman, même les petits détails de la Volga, le fleuve mythique, sont présents.



Pour une juste cause est un hymne de l'union soviétique qui s'écoule de la Volga. C'est un roman qui porte bien son titre, parce que la patrie reste toujours une juste cause.
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Vie et Destin

Du temps, un esprit disponible alors pourquoi ne pas se lancer dans la lecture de vie et destin "le roman du XXe siècle".

Ma lecture de "pour une juste cause" première partie de cet grande saga n'est pas très éloignée, juste deux mois, les enjeux, les scènes sanglantes sont toujours présents dans ma tête. J'en suis restée à l'époque où l'on pouvait croire au communisme.

Je ne sais pas en commençant cette lecture qui y croit encore mais j'apprends qu'à la guerre les conflits individuels peuvent se régler très vite ... un différent entre le commandant d'un régiment d'infanterie et son commissaire .... problème réglé ... une bombe est tombée sur le P.C du régiment ... les deux hommes sont morts.

Stalingrad ... quel meilleur résumé du ressenti de chacun que "c'est la plus grande défensive que l'Histoire ait connue, mais qu'en est il de l'offensive ?"

Alors je vais vivre quelques jours en compagnie de tous ceux qui ont approché de près cette tragédie humaine que fut Stalingrad.



1942 .... Stalingrad ...Le symbole de la résistance des hommes les uns contre les autres ... des russes enclavés ... des allemands enclavés ... jusqu'à la solution finale.

19 novembre 1942 ... début de l'offensive pour établir l'encerclement de la VI armée allemande.

2 février 1943 ... Stalingrad libéré... l'armée allemande vaincue sur ce front ... les hostilités allaient reprendre plus loin.



Des sentiments, des commentaires jalonnent cette très longue lecture ....

Assister ou plutôt vivre dans le ghetto et ressentir le bien être d'être enfermé avec des gens qui ne vous méprisent pas, être l'un d'eux, juste l'un d'eux et pas cet autre méprisable, ne plus se sentir comme du bétail mais juste une femme malheureuse, se sentir mieux ... Un comble !

L'information ... qu'est ce qu'informer .... il paraît que c'est éduquer un lecteur et non pas l'informer... il y a des choses à ne pas dire, à ne pas écrire ... on peut même parfois oser écrire que dans les villages on enterrait le blé ... on mourrait de faim dans le seul but de nuire à l'état soviétique et ... pendant ce temps dans les kolkhozes les enfants étaient repus de bons bouillons, de bonnes croquettes et de côtelettes !

Une dernière discussion avant la fin, la recherche des erreurs ... première erreur, aucun repentir ne pourra expier ce que nous avons fait ... deuxième, nous n'avons pas compris ce qu'est la liberté ... troisième erreur, l'instinct de conservation a poussé les gens à changer pour ne pas périr... une conclusion : les communistes se sont créés une idole !

Nous partons avec Sofia pour ce qu'elle sait être le dernier voyage, mais, l'optimisme est un opium comme un autre !

Nous comptons avec Nahum parce qu'on ne sait pas quoi faire d'autres, combien de corps, pardon il faut parler de figures, ont été brûlées et qu'elle est la moyenne atteinte par individu chargé de brûler les charniers !

On entend les discussions autour du syndicat, celui qui appelle aux sacrifices :

"avant la guerre, on doit se préparer à la guerre, pendant la guerre, on le sait : "tout pour le front", après la guerre, le syndicat appellera à travailler pour effacer les conséquences de la guerre."

Les temps sont durs mais on essaie encore de réfléchir collectivement, de penser, de discuter ... aujourd'hui comme hier autour des verres de thé .... le temps de la désespérance avec les verres de vodka n'est pas encore là !

Assister en simple spectateur à un entretien où l'issue est l'envoi d'un grain de café dans la tête avec avant, l'injection d'une petite dose d'élixir !

Une idée de la guerre comme une autre avec un poème d'un anonyme :

"camarade, en ta longue agonie,

Ne crie pas au secours, c'est trop tard.

Laisse-moi réchauffer mes mains transies

Au-dessus de ton sang qui s'égare.

N'aie pas peur, ne pleure pas ni ne sanglote :

Tu n'es pas blessé, mais seulement abattu.

Laisse-moi plutôt prendre tes bottes.

Car j'ai encore à me battre, vois-tu. "

Une analyse très fine du bien, faire le bien pour qui ? comment ? mais surtout quel bien ... le tien n'est pas forcement le mien et on assiste à des carnages fait au nom du bien ! ... et l'histoire recommence encore et toujours, les hommes font le bien et le malheur arrive !

Un questionnement comme un autre :

"Que doit ressentir un physicien qui sait que ses découvertes profitent à Hitler ? Pouvez-vous vous représenter un physicien juif, dont on abat les proches comme des chiens enragés, et qui se réjouit en faisant une découverte, quand cette découverte, contre sa volonté, renforce la puissance militaire du fascisme ?"

Ne pourrait on pas imaginer changer Hitler par Staline et fascisme par stalinisme ?

Visiter un bâtiment en construction comme un autre, une usine qui se doit de combiner toutes les nouvelles technologies dans le but de garantir une efficacité remarquable et comprendre l'utilisation future du lieu .... une usine d'élimination massive d'individus avec recyclage de tout ... et la question "dites-moi : peut-on avoir une idée approximative de la quantité de juifs dont il s'agit ? » ... et la réponse " vous avez dit : millions?"

Quelques temps passés avec ceux qui descendent du convoi de la mort mais encore suffisamment vivant pour aller vers la mort... cette longue marche vers ces bâtiments, ... cet arrêt pour que le tri puisse se faire entre les encore utiles et les inutiles .... ces vestiaires préalables à la douche ... l'entrée dans le tourbillon de la dernière salle et le déclenchement du ventilateur jusqu'à ... plus rien !



Un tour d'horizon ...

Vu d'Allemagne .... un front difficile, la préparation de massacres ethniques à grand rendement, des camps de prisonniers où les conditions de survie sont liées au fait de participer à l'élimination des ennemis du peuple avant sa propre élimination ... le travail de collaboration à l'élimination des juifs avec toutes les petites compromissions possibles avec sa morale ...

Vu de Stalingrad.... un front inimaginable, des ruines, des sous sols, une survie inhumaine qui mêle des hommes les plus différents, des hommes qui juste devant la mort osent encore parler, discuter, contester, qui se contentent d'espérer voir le jour se lever le lendemain...

Vu des fins fonds de l'URSS, des pays éloignés du front où on essaie de survivre loin du front, des villes, ces lieux où il n'y a rien pour la population locale alors pour ses immigrés il n'y a pas grand chose non plus ... il reste à participer comme on peut à l'effort de guerre, rêver au temps ancien où il faisait bon vivre, rêver à ceux qui sont si loin qu'on ne sait ce qu'ils sont devenus...



Et puis les réflexions

sur le bien, le mal, leurs définitions ...

Sur l'antisémitisme ici, là ou ailleurs mais toujours de plus en plus prégnant, insupportable et de plus en plus évident de chaque côté des belligérants !

Sur la montée au pouvoir des dictateurs ... comment un peuple a pu choisir un homme comme Hitler comme conducteur ... comment l'héritage de Lenine a pu être cannibalisé par un homme comme Staline ?

Sur la montée de notre propre honte devant notre silence, notre laisser faire ... comment peut on arriver à se taire, à accuser ceux dont on partageait les idées hier encore !

La prison intérieure ... on pouvait y passer des jours, des mois, des années et puis on se retrouvait condamné à dix ans sans droit de correspondance .... ce qui signifiait qu'on avait été fusillé...

Et puis la victoire avec le dégagement de Stalingrad, les simples soldats heureux de profiter du silence, du pain, de l'oignon et de la vodka ... et les généraux prêts à se déchirer pour savoir qui allait avoir la gloire, la victoire !



Une conclusion comme une autre :

"un homme qui veut rester un homme sous le fascisme peut faire un choix plus facile que de sauver sa vie : la mort. »

Je vous laisse imaginer que l'on peut facilement remplacer fascisme par ....



Une citation encore ...

Tu sais, tantine, la vieille génération a toujours besoin de croire en quelques chose : pour Krymov, c'est Lénine et le communisme, pour papa la liberté, pour grand mère le peuple et les travailleurs. Mais tout cela nous semble idiot, à nous, les jeunes. D'ailleurs, c'est bête de croire. Il faut vivre, sans croire à rien.

Une solution facile ?
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Pour une juste cause

Stalingrad.

Difficile d'évoquer ce nom sans le relier à la Seconde guerre mondiale, à cette bataille terrible qui y fit rage et qui reste un moment décisif de ce conflit.



Vassili Grossman était journaliste, envoyé sur le terrain pour relater ces terribles affrontements.



Il publiera deux romans fleuves (plus de mille pages chacun) qui narreront la bataille de Stalingrad au travers du destin d'une famille, les Chapochnikov, et leurs proches.



Ces deux romans sont "Pour une juste cause" et "Vie et destin". J'ai lu ce dernier en premier, cette lecture consistant une véritable claque littéraire. La finesse de l'analyse politique, les récits des combats, les émotions ressenties au cours des pages m'avaient laissés sans voix, même si à certains moments la multiplicité des personnages était venue contrarier ma lecture.



D'où mon achat du premier "tome" pour en apprendre davantage sur le passé des personnages qui m'ont tant marqués.



Mon impression est cependant plus mitigé. Si je retrouve une plume acérée et criante de vérité pour évoquer les scènes de combat, un certain nombre de longueurs m'ont gêné.



Là où "Vie et destin" offre une critique d'une incroyable lucidité des régimes nazi et soviétique, "Pour une juste cause" se présente davantage comme une élégie, un hommage au peuple russe, de ses soldats, ouvriers, techniciens... qui ont défait l'armée allemande.



On sent, tout de même, poindre ça et là les prémisses des critiques qui seront développées plus tard.

Si vous ne deviez en lire qu'un seul sur les deux, jetez-vous sur "Vie et destin". "Pour une juste cause" vous permet de l'approfondir en quelque sorte mais il n'a pas la même force.

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Oeuvres

La préface de Tzvetan Todorov est précieuse. le texte est à priori bien établi par rapport à des éditions plus anciennes (pour Vie et destin au moins). Le choix éditorial a été de ne retenir que les textes postérieurs à la prise de conscience antistalinienne de Grossman. C'est un parti-pris éditorial qui se justifie pleinement par un souci de cohérence. La lecture des derniers textes fait particulièrement sens après celles des romans. Mais on pourra aussi consulter avec profit ailleurs les textes absents de ce volume, dont les Carnets de guerre.

Quitte à se lancer dans Vie et destin (qui prend la moitié de la place au moins), autant se procurer ce beau et utile volume.
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Vie et Destin

Les réflexions philosophiques de Grossman sur le bien et le mal, la vie et le destin sont parfois un peu lourdes et didactiques. Mais ces aspects sont largement balayés par le roman et la grande humanité de tous les personnages du livre. Grossman fixe son roman autour de Stalingrad présenté comme le point de bascule de la seconde guerre mondiale mais en fait point de bascule également de la Russie, de l'empire sovitétique, bascule du monde occidental, parallèlement les personnages basculent tous également dans le doute, les remises en cause et grandissent au travers des épreuves terribles qu'ils subissent. Grossman apporte une image terrifiante des totalitarismes (nazie et communiste) et des conséquences sur l'homme et son humanité perdue tout en gardant un espoir que par le besoin absolu de liberté l'homme consevera son humanité malgré tout.
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