Citations de William Boyd (601)
C’étaient, avait dit Philip, certains aspects dans les « rapports d'événements contraires » qui l'avaient d'abord alerté : rapports obligatoires qui décrivaient des malades abandonnant les essais à cause d’effets secondaires apparemment modérés : souffle court, accès de fièvre temporaires. Ce qui lui avait paru étrange, Zembla-4 étant si bénin. Il avait donc décidé d’enquêter personnellement un peu plus avant, et, après avoir visité les quatre hôpitaux et examiné en détail les rapports médicaux, il avait découvert, avec horreur, que, parmi les quelques dizaines de « sortants » (des chiffres parfaitement normaux pour des essais de cette ampleur), quatorze étaient morts un peu plus tard en soins intensifs.
- Ces morts n'ont aucun rapport avec le Zembla-4, avait aussitôt déclaré Keegan. Il s'agissait en premier lieu d'enfants très très malades, rappelez-vous. Nous avons traité des milliers d'enfants au Zembla-4 au cours des trois dernières années. Il n'y a aucune signification statistique.
-Je sais ce qui se passe, déclara Philip. C'est l'affaire du Taldurene qui recommence.
- Ces morts liées au Taldurene sont encore contestées », affirma Keegan, avec l'espoir d'être convaincant.
Il connaissait l'histoire - chacun dans l'univers Pharma la connaissait : cinq malades sur quinze étaient morts d'une défaillance rénale dans une particulière phase 3 des essais du Taldurene. Et parce que les patients souffraient déjà d'une hépatite, tout le monde avait présumé que leur mort n'avait aucun rapport avec le produit testé. Ce qui s'était révélé faux.
Je crois sincèrement que nos instincts préhistoriques fonctionnent encore à plein régime dans certaines situations, surtout en matière de sexualité et de séduction, et s’expriment dans nos tripes, loin en dessous de la peau, loin du cerveau.
Espérer, ça ne coûte rien
Être un grand acteur, c'est être capable de dire "Passe-moi le sel, s'il te plaît", sans avoir l'air pompeux. Être un grand acteur, c'est être capable de dire "Horreur ! horreur ! horreur !" sans avoir l'air bizarre, étrange, stupide ou pompeux.
« Rien n’est plus douloureux qu’un amour détruit » .
« C’était comme arracher la croûte d’une écorchure: en fait , il voulait des cicatrices , il eût été mal d’essayer d’oublier, de tout effacer .Chaque pénible souvenir qui rôdait ici avait joué son rôle: tout ce qu’il était aujourd’hui était le résultat de la vie qu’il avait menée à l’époque .Il confirmait la justesse de tous les pas accomplis depuis sa fuite en Écosse . »
Que savons-nous de la vie intérieure de nos enfants ? Seulement ce qu'ils choisissent de nous en révéler.
"Un bon troc n'a rien d'un vol."
A mesure que nous avançons dans l’avenir, le paradoxe deviendra plus clair – clair et obscur, obscurément clair. Plus nous savons, moins nous savons. C’est drôle, mais je peux vivre très heureux avec cette idée. Si ceci est notre monde moderne, alors je me sens un homme très moderne.
"Ma vie semble suivre une voie qui ne me correspond pas - je suis le passager d'un train, mais je n'ai aucune idée du chemin qu'il prend ni de sa destination finale." (p. 206)
"On joue tous la comédie, n'est-ce pas ? Presque toujours. Chacun d'entre nous."
Mais la plupart des gens ne laissent guère de trace ni d'archives une fois leurs biens dispersés, quand les souvenirs personnels se brouillent puis s'effacent à mesure que les générations suivantes s'éteignent elles aussi.
Malky marqua une nouvelle pause avant de se lancer dans son exégèse et d'expliquer en quoi ce texte oublié dans un livre oublié de la bible entrait en résonance avec la vie des bonnes gens rassemblées aujourd'hui dans l'église St Mungo, Brodie se recula sur sa chaise pour écouter. Au fil des ans, il en avait entendu des dizaines, des homélies comme celle ci, et il en était venu à les considérer comme des sketches, des numéros de music hall qui permettaient à son père de lâcher la bride au cabotin en lui. Malky ne croyait pas plus en ses propos que tout autre charlatan ou bonimenteur. Pour lui, il s'agissait d'exercer son pouvoir et d'attirer les louanges. Il assenait à ses ouailles quelques vérités bien senties et les renvoyait à leur morne vie après les avoir absoutes et éclairées, parfois titillées,voire outrées.
La beauté du paysage, le succès de leur entreprise ne pouvaient compenser l'ennui de leur train-train quotidien. Elle avait des masses de domestiques, mais la chaleur l'incommodait toujours autant ; Le soleil ne convenait pas à son teint trop clair. Chaque insecte visait en elle une proie délectable. Elle transpirait sans cesse, et ses vêtements collaient perpétuellement à sa peu irritée. Elle avait régulièrement de la température. Ses voisins étaient distants et antipathiques, les distractions rares à Moshi, et Erich n'était pas très porté sur les bals et les mondanités.
Nous voyons tous le monde différemment. Il n'y a rien d'étrange à cela. C'est le principe même : nous en avons chacun une vision personnelle.
Il sentait instinctivement que la seule manière d’éviter d’être repéré dans une ville du vingt et unième siècle était de ne tirer aucun avantage des services qu’elle offrait –téléphonique, financiers, sociaux, municipaux ou autres.
« Toute biographie est une œuvre de fiction, mais une fiction qui doit coller aux faits » .
Extrait du prologue de l’ouvrage LE ROMANTIQUE .
Les êtres blessés, imparfaits, déséquilibrés, déréglés, malades, se cherchent entre eux : qui se ressemble s'assemble.
En sortant de son bain, il trouva Hazel assise en petite tenue, en train de se faire les ongles. Vivre en Afrique offrait deux agréments, se dit-il gaiement, et deux seulement : la bière et le cul. Le cul et la bière. Il ne savait pas très bien dans quel ordre les placer - peu lui importait en fait - mais c'étaient les seules choses dans sa vie qui ne le décevaient pas constamment. Parfois, oui, mais pas de la manière cruelle et arbitraire avec laquelle le reste du monde s'employait à le piéger et à le frustrer. C'était ce qu'il y avait de plus fiable dans cet affreux pays et - se dit-il avec suffisance, tout à coup en pleine forme et plutôt content de lui - il s'en payait certainement pas mal des deux.
Là se retrouvait le redoutable effet secondaire de la timidité : parce qu'il manquait de la confiance en lui nécessaire pour refuser, rejeter, et passer son chemin, il lui était beaucoup plus facile de se conformer. Cet abominable après-midi, quand Mélissa entrée en coup de vent les avait découverts, il ne faisait pas l'amour à Agnès : il se conformait.
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