AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Christiane Besse (Traducteur)
EAN : 9782020536363
344 pages
Seuil (01/04/2005)
3.69/5   156 notes
Résumé :
Difficile de vivre avec sa médiocrité, sa gaucherie, ses maladresses, sa timidité féroce. Avec ses torts et travers pathétiques, désopilants, ses délires gestuels et verbaux hilarants, Henderson Dores revêt bien des caractères de Woody Allen. Nul hasard alors si le jeune quadragénaire s'est résolu à une installation à New York. Pour cet Anglais, il n'y a guère que les États-Unis pour en finir une bonne fois pour toutes avec les complexes. Expert en tableaux pour une... >Voir plus
Que lire après La croix et la bannièreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
3,69

sur 156 notes
5
3 avis
4
9 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
Se moquer des américains qui rient d'un anglais complexé est-il un compliment à l'anglitude (l'anglicité, l'anglotisme...) ?
Curieusement, il m'a fallu beaucoup de temps pour prendre ce livre au second degré et sourire. Je ne voyais au début qu'un héros assez peu sympathique qui se jetait dans des ennuis évidents, comme la victime potentielle des films d'horreur qui néglige tous les signes avant-coureurs. Je me disais que j'étais dans un scénario stéréotypé : on sait 90% des opéras peuvent se résumer par : la basse essaye d'empêcher le ténor de coucher avec la soprano. le théâtre de Corneille peut-il se caricaturer en lutte entre l'amour et le devoir ? La littérature depuis plus d'un siècle semble trop souvent tourner autour d'un homme incapable de choisir entre son épouse et sa maîtresse. Bref, tout ça me semblait assez lourd. Ensuite, les membres d'une famille du sud des États-Unis sont caricaturés de telle façon que j'ai compris que c'était une farce, pas si éloignée de Tom Sharpe. Et de catastrophe potentielle en accumulation de maladresses, le rouleau compresseur se fait plus massif et s'approche de notre malheureux anglais, que j'ai fini par prendre en pitié, sans le trouver pour autant très sympathique au milieu de toute cette plouquitude.
Le côté positif c'est l'imagination de William Boyd, qui construit des personnages épatants, les anime au service d'une action virevoltante, tire les nombreuses ficelles de sa dentelle de récit avec un talent admirable.
Commenter  J’apprécie          320
C'est quelque chose qui nous échappe, à nous qui ne sommes ni Anglais ni Américains, mais qui à force de lectures anglaises, commence à m'apparaître. Cette étrange relation d'amour-haine-envie qui fait de beaucoup d'écrivains anglais les chantres d'une relation transatlantique qui pourrait ressembler à celle que vous ressentiriez pour un cousin, inculte, vulgaire mais qui a réussi. Ce parvenu vous insupporte mais vous l'enviez parce que tout, chez lui, est plus grand, plus fort, plus riche, plus puissant. Trivialement, vous ne le supportez pas parce que vous avez compris qu'il l'a plus longue que vous. On retrouve ça chez le Carré, par exemple, chez lequel la CIA n'a presque jamais le beau rôle, comme si ses moyens tellement supérieurs, son arrogance insupportable, sa mesquinerie condescendante vis-à-vis de l'ancienne mère patrie devenue satellite, devaient fatalement la conduire vers des sommets de prévisible bêtise.
Ici, même si le personnage principal, anglais cultivé, expert chez un marchand d'art new-yorkais, avoue son admiration pour l'Amérique, il y a bien quelque chose de ce choc culturel que l'usage d'une langue commune ne parvient pas à masquer. Surtout dans le Sud profond où Henderson, malgré sa bonne volonté, ne parvient même pas à se faire comprendre. Cela donne quelques scènes savoureuses lorsqu'il tente de parler comme les autochtones.
Henderson confronté à l'Amérique profonde ressemble un peu au personnage d'un Anglais sous les Tropiques qui, lui, était confronté à la réalité stupéfiante de l'Afrique et à sa propre bêtise. de New-York à Atlanta, notre héros policé et cultivé va tomber de Charybde en Scylla en devant subir les caprices d'une petite garce de quatorze ans, ceux d'un centenaire végétarien qui voudrait vendre quelques tableaux impressionnistes, les menaces de son fils qui, lui, ne veut pas et de concurrents prêts à toutes les extrémités pour le mettre hors jeu.
Reste le plan sentimental et, si plusieurs ouvertures attrayantes s'offrent à lui, disons qu'il y a parfois des aléas qui font qu'il y a loin de la coupe aux lèvres. On suit avec plaisir et le sourire aux lèvres les mésaventures de notre Anglais chez les anciens Confédérés (d'où le titre) et ses dérisoires tentatives pour se faire accepter. Et si l'on se doit de lui donner raison lorsqu'il demande un verre pour boire sa bière dans un bar (pardon, j'allais écrire dans un pub), force est de constater que… « le barman lui jeta un regard lourd de soupçons – comme s'il avait demandé où se trouvaient les toilettes pour dames – avant de farfouiller sur des étagères sous le bar et de lui offrir un verre épais, rayé et à moitié opaque. » Mais dans un bar, on se fait toujours un ami, non ? « Vous frappez pas, le réconforta Beckman. de toute façon, ils vous prennent tous pour des pédés, vous les Anglais. »
Du régime alimentaire assez particulier qui lui est imposé et des embarras gastriques qui en découlent, en passant par la traversée maritime et mouvementée du hall d'un grand hôtel (style Las Vegas) d'Atlanta ou par une demande en mariage embarrassante, jusqu'à la traversée nocturne de Manhattan dans une tenue que nous qualifierons d'exotique, peu de choses seront épargnées à notre si sympathique Henderson, toujours jovial et prêt à engager la conversation : « Ca pourrait être pire, avait dit Henderson, amical. En Angleterre, il neige. le préposé aux taxis s'était retourné, le blanc des yeux jaune comme du beurre : L'Angleterre, qu'elle aille se faire foutre ! »
Mais on ne décourage pas un Anglais si facilement, Rule Britannia ! Car, dans l'adversité, et Dieu sait si, de l'adversité, il va en prendre vent debout et plus que son compte, un Anglais fait toujours front en opposant l'arme absolue : le flegme !
Lecture facile, lecture joyeuse, lecture surprenante (les ultimes difficultés, on ne les voit pas venir), un excellent Boyd, un de plus.
Commenter  J’apprécie          230
Pour les amateurs de William Boyd, cette oeuvre de jeunesse (1984, il a 32 ans), très inspirée par le surréalisme et l'absurde, sera un délice de plus.

Le Stars and Bars, c'est le premier drapeau de la Confédération sudiste et esclavagiste (1861-1865), qui inspire aujourd'hui le drapeau de l'Etat de Géorgie.

Le héros, comme souvent chez Boyd, est un homme (encore) jeune, Anglais, poursuivi par des forces obscures vouées à sa perte. Notez bien qu'il les attire, par sa timidité, sa couardise et sa maladresse, même si son statut social et ses études à Oxford en ont fait un expert en art. Fraichement arrivé aux Etats-Unis, la grande maison de vente aux enchères pour laquelle il travaille l'envoie en Géorgie conclure la vente d'une petite collection privée d'Impressionnistes. Il est tout content de cette mission de confiance. Las, la famille détentrice de la Collection est une caricature du Sud profond, qui évoque « Fantasia chez les ploucs ».


Alcool, cupidité, violence, perversion sexuelle, sans oublier des péchés plus véniels, tels que l'hypocrisie, le végétalisme ou l'abus du rock et de la country, vont essayer de rendre sa mission impossible. On retrouve dans ces tribulations un peu des épreuves initiatiques imposées aux jeunes amants de la « Flute enchantée », et le thème de l'homme bourgeois transformé en SDF dans la grande ville (cf : Boyd, Orages ordinaires, 2010).

Cela se lit avec beaucoup de plaisir, et on en a même tiré un film, avec Daniel Day Lewis dans le rôle principal, mais je ne l'ai pas vu et ne peux donc rien en dire ..



Commenter  J’apprécie          140
Henderson Groves la quarantaine est un désastre ambulant. Il a quitté son Angleterre natale pour débarqué aux Etats-Unis espérant laisser derrière lui ses fardeaux. Expert en tableaux, il est chargé d'une mission, obtenir une vente de tableaux impressionnistes propriété d'un riche sudiste. Flanqué de sa belle-fille une ado délurée, il se rend dans le village de Luxora plage.Le personnage de Groves est à lui seul un roman, introverti, maladroit, incapable de prendre les bonnes décisions, il accumule les bourdes involontairement. Et bien évidemment devant un tel uluberlu, le lecteur lui s'amuse. Tout à tour cocasses, cauchemardesques ses péripéties nous ravissent alors que le pauvre Henderson collectionne les catastrophes. Boyd à travers un humour très british réussit malgré la farce à rendre ces personnages attachants. Et comme c'est un formidable narrateur, on compatit aux affres du pauvre Groves. A lire assurément.
Commenter  J’apprécie          160
On ne s'ennuie jamais avec William Boyd.Dans cette histoire un Anglais timide, incapable de s'affirmer, toujours dépassé par les évenements décide de s'exiler au U.S.A. pour se guérir de sa timidité. Pauvre lui qui ne réalise pas qu'il vaudrait mieux se guérir de sa timidité avant de partir pour l.Amérique.Cette situation donne lieu a toute une série de rebondissements rocambolesques.Boyd aime beaucoup s'amuser des Anglais qui s'installent a l'étranger, mais n'aller pas croire que les américains s'en tirent indemnes , bien au contraire.J'ai toujours beaucoup de plaisir a lire William Boyd. Quand je ressent le besoin de rire un peu (parfois beaucoup) c'est vers lui que je me tourne, ca ne rate jamais.
Commenter  J’apprécie          120

Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Henderson avait été tout d'abord et aussitôt attiré par Irène parce qu'elle ressemblait énormément à une fille qui travaillait chez un boucher, en Espagne, et autour de laquelle il avait tissé de brûlants fantasmes sexuels qui avaient animé, quelques années plus tôt, des vacances par ailleurs banales et sans intérêt. Il achetait de la viande à cette fille deux fois par jour, parfois même trois, sans jamais rien dire d'autre que jamon, chuletas de cerdo, es todo, gradias. La fille, au contraire de ses clients bronzés ou rougeoyants, était pâle comme si elle n'allait jamais au soleil. Elle avait des épaules larges et des bras solides. Elle découpait la viande avec force et habileté. Debout de l'autre côté du comptoir de marbre ensanglanté, Henderson avait du mal à respirer lorsqu'elle lui tendait des sacs de plastique lourds et gluants remplis de côtelettes, steaks, foie, blancs de volaille et tout autre morceau dont il pouvait dénicher le nom dans son dictionnaire. Comme il habitait l'hôtel, il lui fallait jeter le tout en chemin. Cet été-là, il dépensa une fortune en chair non consommée.
Commenter  J’apprécie          50
Henderson laissa échapper un cri de surprise. Il avait entendu parler de cette nouvelle race d'établissements américains : l'hôtel sur le thème pays des merveilles, cathédrale séculière, parc de verdure, mais son imagination n'avait pas été à la hauteur. Les plantes poussaient partout, les fontaines jaillissaient, la lumière était pâle, neutre et sans ombres.
Un cow-boy s'approcha et lui tendit une pagaie.
"Grands dieux ! Mais c'est pour quoi faire ?
_ Pour la pirogue, Monsieur.
_ Vous voulez dire qu'il faut que je pagaie jusqu'aux ascenseurs ?
_ Je peux le faire pour vous, Monsieur, mais beaucoup de nos invités préfèrent naviguer eux-mêmes.
Il vit un couple intrépide s'embarquer, la femme piaillant de délice.
Le cow-boy le conduisit vers une pirogue, déposa la valise à l'avant, l'aida à embarquer et...lui donna une poussée : "Bon séjour au Monopark 5000."
Henderson se retrouva dérivant au milieu du lac. Hésitant, (il) trempa le bout de sa pagaie dans l'eau et donna deux légers coups. La pirogue glissa trop facilement et alla frapper le flanc d'une autre (embarcation).
_ Pardon ! dit-il en riant. Je n'ai pas encore attrapé le coup! Ha ha !
Il enfonça sa pagaie et la pirogue décrivit un bel arc, passant sous la proue de navigateurs plus compétents.
"Hé ! Gaffe aux rapides ! lança l'un d'eux.
_ Comment ? cria-t-il, un peu inquiet, par-dessus son épaule. Il ne lui paraissait pas inconcevable que dans sa poursuite fanatique de la vérisimilitude, la direction de Monopark 5000 eût installé de véritables chausse-trappes naturelles : rapides, hauts-fonds, alligators.
Commenter  J’apprécie          30
Il songea un moment à ses prochaines retrouvailles avec Irène. Elle n'avait pourtant pas un caractère à pardonner aussi vite. Peut-être lui avait-il manqué ? Peut-être, spécula-t-il, était-elle tombée amoureuse de lui ? Mais il s'avéra que cette hypothèse dépassait les pouvoirs de son imagination.
Il s'installa sur son instrument de torture et attendit que la nuit passe. De temps à autre, grondements et détonations alarmants s'échappaient de son estomac gonflé à mort. Ce dont il avait besoin, c'était de nourriture molle : de cholestérol, de carcinogènes et de viande rouge. Le régime d'Alma-May était trop râpeux : plus fait pour un animal, un robuste herbivore, un chameau ou une girafe; une bête avec une gueule remplie de molaires meulières et pour qui déchiqueter une écorce d'arbuste représentait le plus exquis des repas. Son type d'homme à lui, modèle XXème siècle, n'était pas conçu pour de telles rigueurs. S'il ne recevait pas de monosodium de glutamate dans les prochaines vingt-quatre heures, il risquait la crise d'épilepsie.
Commenter  J’apprécie          50
Malheureusement sa mauvaise humeur parut détendre Bryant comme si celle-ci n'avait été jusqu'ici irritée que par sa conscience même de leur relation adulte-enfant. Elle mit la radio... (et) proféra des remarques du genre : "Hé ! Regardez cette chouette bagnole !" ou bien : "J'ai passé un week-end à Philadelphie, une fois." Henderson confina ses réponses à des monosyllabes. Puis elle dit :
_" Vous savez que vous avez vraiment plein de poils qui vous sortent des oreilles ?"
Henderson le savait parfaitement : cela faisait partie de la liste des changements physiques alarmants qu'il avait enregistré récemment. Et tant qu'on y était, il avait aussi beaucoup trop de poils dans les narines pour son goût. Il n'avait certainement pas envie qu'on le lui rappelât.
"Ce sont des choses qui arrivent, tu sais, dit-il. En vieillissant le corps change. Ca t'arrivera à toi aussi. Lorsque tu seras une dame d'âge mûr, il se passera dans ton corps des choses qui ne te feront pas tellement plaisir.
_ Je me ferai faire de la chirurgie plastique.
Elle haussa les épaules :
_ Bon et alors quel âge avez-vous ?
_ Trente-neuf ans.
_ C'est tout ?
_ Comment ça, c'est tout ?
_ J' sais pas. Je croyais que vous étiez plus vieux. Je veux dire Grandpa Wax a aussi des poils dans les oreilles. Vous en avez presque autant que lui. Alors j'ai cru que vous étiez, vous comprenez, plus vieux."
Henderson se sentit rougir. Ce culot. Petite garce. Il essaya de penser à une manière de prendre sa revanche.
Commenter  J’apprécie          20
Là se retrouvait le redoutable effet secondaire de la timidité : parce qu'il manquait de la confiance en lui nécessaire pour refuser, rejeter, et passer son chemin, il lui était beaucoup plus facile de se conformer. Cet abominable après-midi, quand Mélissa entrée en coup de vent les avait découverts, il ne faisait pas l'amour à Agnès : il se conformait.
Page 51
Commenter  J’apprécie          110

Videos de William Boyd (15) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de William Boyd
Au sommaire de la Critique, deux livres :
"Drive", recueil de poèmes de Hettie Jones resté jusqu'à présent inédit en France et disponible dans une édition bilingue chez Bruno Doucey (traduction de l'anglais (Etats-Unis) : Florentine Rey et Franck Loiseau).
"Trio", le nouveau roman de William Boyd paru au Seuil et traduit de l'anglais par Isabelle Perrin.
Nos critiques du jour : Marie Sorbier, rédactrice en chef du magazine I/O Gazette et productrice d'Affaire en Cours sur France Culture et Laurent Nunez, écrivain et éditeur.
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (429) Voir plus



Quiz Voir plus

ARMADILLO, LE PETIT SOLDAT

Le héros de ce roman est ...........

William Boyd
James White
Lorimer Black
Jonathan Roscoe
Michael Bottom
Conrad Milliband
Waldemar Strike

15 questions
11 lecteurs ont répondu
Thème : Armadillo de William BoydCréer un quiz sur ce livre

{* *}