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Critiques de William Makepeace Thackeray (110)
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La Foire aux vanités

Amateurs de romans victoriens, arrêtez-vous un long instant pour découvrir cette Foire aux Vanités comme je l'ai fait avec curiosité. Si mon appétit pour ce genre a été satisfait à la lecture de ce roman , j'en vois encore davantage aujourd'hui (au regard de ma modeste expérience quant à ce genre de littérature) les défauts : régulièrement, le lecteur est entraîné hors de l'action, hors de la scène, pour de longues digressions moralisatrices, misogynes et, disons-le, racistes. Là sont les défauts de ce genre qui ne choquaient certainement pas à l'époque ! Je suis persuadée qu'il faut, pour savourer cette oeuvre ambitieuse, prendre du recul et adopter l'attitude d'un voyageur ethnologue.



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Mémoires d'un valet de pied

Excellent roman, bourré d'humour et cynique à souhait , au style bien plus subtil qu'il n'y paraît au premier abord, Mémoires d'un valet de pied a su me conquérir, alors que j'avoue que le premier chapitre m'a fait un peu hésiter.

Je pense qu'il faut laisser le temps au style de cette critique acerbe de saisir un lecteur, le lecteur moderne risque de le trouver en effet un chouia alambiqué, mais ensuite....

Le narrateur et personnage principal est un valet d'un cynisme consommé et à travers ses yeux, nous découvrons...que le monde entier est peuplé de coquins! Plus que la première partie, le premier maître qu'il sert, c'est le second, qui arrive au quart du roman, peut-être au tiers, qui se révèle le plus intéressant: fripouille autant que le valet,il nous entraîne crescendo dans l'intrigue, comédie de manipulations où tout le monde réclame de ses bons sentiments...et lorgne les pièces d'or!



Épatant!
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La Rose et l'Anneau

Ce récit est le dernier des contes dits "de Noël" publié en 1854 par Willian Thackeray.



Il est ainsi qualifié parce la tradition le désigne comme un conte pour enfant, bien que "La Rose et l'Anneau" soit plutôt un divertissement pour adulte et une fable politique.



Il a été publié durant la guerre de Crimée qui opposa l'Angleterre à la Russie de 1853 à 1856 : il porte la trace des affrontements sanglants qui firent un grand nombre de morts et trace un drolatique mais sombre portrait des gouvernants : princes usurpant la couronne, traitres, monarques veules et cruels à la fois, ou sottement va-t-en guerre, tous les rouages de cette comédie sont grinçants et font désespérer de la nature humaine.



Heureusement la fée Réglisse veille et parvient à offrir au récit un "happy end". C'est tellement miraculeux qu'on n'y croit pas trop et que la farce tragique des affrontements d'egos reste gravée dans l'esprit du lecteur.



La rose et la bague sont deux talismans qui confèrent à leur possesseur un charme inouï et irrésistible : mais on constate bien en cours d'action qu'ils ne sont que des objets soumis au sort habituel des objets, et susceptibles de se perdre ou de tomber entre de mauvaises mains ; ils n'offrent de garantie ni contre les mauvais sentiments, (notamment la vanité et la colère), ni contre les aléas du voyage.



Etudier, respecter la parole donnée et cultiver la modération sont les seules voies d'accès à un possible perfectionnement ; mais la faiblesse intrinsèque à la nature humaine expose à des rechutes, rien n'est jamais gagné.



C'est agréable, farfelu, grinçant, cynique et finalement moraliste, comme tout conte l'est en principe.
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La Foire aux vanités

Rebecca Sharp, jeune fille sans le sou veut s'élever dans la société tandis que Amelia, la pureté incarnée, ne pense qu'à son mariage avec le beau capitaine Osborne.



Difficile de résumer ce roman de plus de 1000 pages et qui offre une galerie de personnages (le sous titre du livre étant Roman sans héros) tous plus intéressants les uns que les autres !



La foire aux vanités porte très bien son nom. La fortune est comme un manège : elle tourne. Et nos personnages ne perdent aucune occasion de la renverser.



Immense fresque des moeurs d'une certaine société du XIXe siècle anglais, Thackeray n'est pas tendre avec ses personnages et les dépeints sans concession. Pour autant, il n'est jamais méchant et son oeuvre est surtout très ironique.



Entre l'humour de ses saillies, le ridicule de certains personnages, les évidentes manoeuvres intéressées des autres, et les apostrophes du narrateur au lecteur, j'ai bien rigolé. Seule Amelia m'a prodigieusement agacée !



Oui il y a quelques longueurs, mais étonnamment peu pour un roman de cette taille et de ce siècle !



En bref, c'était une super lecture et en 10 jours j'étais venue à bout de ce pavé ! Les histoires de rentes n'ont plus aucun secret pour moi !



En plus une nouvelle adaptation est passée sur arte et est sortie en dvd récemment !
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La Foire aux vanités

Voici un livre étonnant qui va vous demander quelques efforts mais quel livre !

C’est pour moi une totale découverte et j’avoue que je n’avais pas compris que j’allais passer plus que quelques jours en sa compagnie ; en effet le livre fait 960 pages et on espère toujours que cela va nous plaire. En même temps, le nombre de pages ne me gène pas plus que cela mais c’est toujours mieux quand le livre nous plaît !

Thackeray est un auteur du XIXème siècle alors oui les phrases sont longues, le vocabulaire est riche, les références historiques assez complètes, et les personnages assez complexes. Ce n’est pas un auteur de la littérature contemporaine, donc il faudra un peu de concentration et peut-être si vous êtes comme moi un peu de calme autour de vous. C’est un livre qui m’a réappris à prendre mon temps et à déguster chaque ligne de ma lecture. C’est une sensation très agréable et qui rappelle que la lecture est avant tout un plaisir et pas une course. Il faut se laisser guider par l’auteur.

Thackeray est un auteur de l’époque victorienne qui cache bien son jeu ! Malgré l’époque, malgré le fait qu’il est quand même « très anglais », Thackeray est un auteur atypique qui s’autorise des écarts incroyables. Il joue sans cesse avec son lecteur, il le fait participer, l’interpelle et lui demande quelques fois son avis ! Il se moque de ses personnages, des femmes certes mais notons aussi que les hommes en prennent pour leur grade, il se moque des Anglais et des Français (c’est très incisif - !-) et … il se moque de Napoléon. L’humour est présent à chaque page pour qui sait décoder l’écriture de Thackeray. C’est riche, drôle, décalé, cynique, ironique et très original.

Mais derrière cet humour, ce livre dénonce malgré tout beaucoup de travers de la haute société anglaise de cette époque : la hiérarchie dans les familles, l’étiquette, l’argent, l’héritage, les mariages arrangés, les amis qui n’en sont pas, l’éducation des femmes, la notion de réussite dans les hautes classes, le clergé, l’éducation et la place des enfants, l’armée et j’en oublie certainement.

Les personnages sont vraiment intéressants : ils sont complexes, ils ont beaucoup de relief et pour ne rien gâcher ils sont très caricaturaux de la haute société anglaise. Ils maîtrisent la rhétorique de manière prodigieuse. Ils n’ont pas peur de se ridiculiser pour l’étiquette qui est pour certains le seul et unique but dans la vie.

Arrêtons-nous quelques instants sur le singulier personnage de Becky Sharp. Elle est sans un sou et enfant d’un artiste peintre et d’une danseuse. Autant dire qu’elle est plutôt mal partie dans la vie. Mais elle est aussi belle, actrice, débrouillarde, audacieuse, attirante, calculatrice, séduisante, indiscrète, sans complexe et dépourvue de tout sentiment maternel. Elle arrive toujours à ses fins et utilise tous les moyens légaux ou non pour y arriver. Elle va déployer tout au long de l’histoire une énergie incroyable pour se hisser dans les plus hautes sphères de la société et son parcours est tout juste étonnant !

Donc, oui je vous conseille ce classique qui sort de l’ordinaire car c’est drôle et rythmé. Je n’ai pas vu le temps passé avec ce livre. Le plaisir de lecture que j’ai eu a largement compensé les efforts que j’ai dû faire à certains moments ! Bonne lecture !
Lien : https://ideeslivres.jimdo.co..
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La Foire aux vanités

Comme c'est bon de se plonger dans un roman classique à l'écriture soignée ( même si je ne peux profiter du texte original, la traduction est élégante)!

Quoiqu'un peu long et avec quelques diversions typiques du 19è siècle, ce roman est effectivement un chef d'oeuvre. L'auteur se permet de porter des jugements sur ses propres personnages, il fait mine de les abandonner à leur triste sort pendant plusieurs chapitres, revient à eux ou jette "un voile pudique" sur certaines péripéties...

Les deux héroïnes - que tout oppose ( naissance, famille, caractère, destin)- se sont rencontrés en 1815, à la veille de Waterloo, dans un pensionnat pour jeunes filles. Rebecca la perfide s'attachera à s'élever de sa condition d'orpheline sans le sou, quitte à mentir et à trahir, tandis qu'Amelia la naïve connaîtra une existence de déchéance. Les personnages masculins semblent fades à côté d'elles!

Tous les personnages sont truculents et je crois que l'auteur s'est beaucoup amusé à écrire ce roman.
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Mémoires de Barry Lyndon

Je connaissais déjà Thackeray pour avoir lu avec grand plaisir " La foire aux vanités". Celui-ci est un peu différent. D'abord dans la structure narrative, puisqu'il s'agit d'un récit à la première personne qui donne de savoureux moments sur le regard que porte le personnage sur lui-même. Ensuite, sur le sujet lui-même: aventures que l'on peut qualifier de picaresques du héros à travers l'Europe. Et encore une fois, personne n'est épargné par la plume incisive et satirique de l'auteur.Il est amusant de savoir que l'auteur ne recommandait pas la lecture de son oeuvre, il l'avait même "interdite" à sa fille: la preuve que certains livres ont besoin du recul de l'histoire pour être appréciés convenablement, le recul mais surtout la connaissance des conséquences de certains travers notés par les contemporains mais n'ayant pas encore "causé de dégâts". A méditer!
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Mémoires de Barry Lyndon

Quels mémoires!!! Et Barry Lyndon!!! Quel personnage??? On retrouve cette touche des personnages truffés de vanités et de frivolités dans ce personnage de Barry qui en lui seul incarne toute forme d'anti héros! Oh comment décrire ces mémoires de notre cher Barry? Il incarne en lui seul, tous les protagonistes du roman, tous les conflits! Où qu'il aille, un scandale surgit! Est-ce un opportuniste, un voleur, un imposteur, un vaniteux, un arrogant, un manipulateur, un téméraire ou simplement un homme qui a du mal à porter avec bravoure son identité...

Cette fois-ci, l'auteur de La Foire aux vantés que j'ai beaucoup me plonge dans un ressenti très mitigé...
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Le livre des snobs

Si la quintessence de l'oeuvre de Thackeray reste pour moi "Vanity Fair", "The Book of Snobs" n'en représente pas moins un exemple truculent. Les mots, cinglants comme des coups de fouet, nous rappellent à chaque instant le passé de parodiste de l'auteur. Le sarcasme, son cheval de bataille, est relevé ici des couleurs chatoyantes de ses personnages.

L'oeuvre est bien inscrite dans son siècle. On y retrouve tous les travers de la société victorienne, ses inégalités en particulier, mais là où le génie de l'auteur opère, c'est que le snobisme qu'il décrit, lui, ne connaît pas de frontière sociale. Liberté, égalité, snobisme.
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La Foire aux vanités

Vanity Fair 1846-1847

William Makepeace Tackeray (1811-1863)



Veuf de facto



Chez la plupart des génies du monde créatif de la littérature, de la peinture et de la musique, combien sont partis trop tôt et nous ont certainement privés de bien des chefs d'oeuvre encore, combien aussi portaient en eux la marque d'une vie où l'on voit bien que les ingrédients étaient là pour leur inspirer une grande oeuvre. La richesse d'une vie ne fait pas forcément l'artiste, mais quand même je pense que point de destin exceptionnel, point de grande oeuvre et que la qualité de celle-ci se fait l'écho de l'intérêt que suscite sa production.



En disant cela, je pense à William Makepeace Thackeray, à un élément près, l'un des plus grands auteurs que l'Angleterre ait connus qui fut géante sous l'emprise victorienne.



Il va sans dire que leur vie écourtée comporte sa part de drame.

Un père qui amasse une grosse fortune dans la Compagnie des Indes, William le fils qui ne percevra pas sa part d'héritage et qui va s'employer dans des jobs de subsistance comme le journalisme, métier courant à l'époque qui permettait de repérer les talents de la plume, ils se commettaient en chroniques, en feuilletons, mais il faut bien admettre que si le journalisme nourrissait son homme, Thackeray ne pouvait concevoir ces avantages que comme une rampe de lancement vers son activité artistique car il n'avait cure d'une réussite dans le monde de la bourgeoisie et la noblesse anglaises : il vomissait le système synonyme de mesquineries.



On pense aussi à sa rencontre avec Miss Isabella Shawe, irlandaise, qu'il épousa, lui donna trois filles et qui finit internée pour dépression nerveuse. de plus jeter son dévolu sur une irlandaise dans la société victorienne n'était pas à coup sûr le meilleur parti qu'il fallait prendre pour se faire bien voir.



Thackeray, âme bien née, qui va connaître néanmoins dans son activité journalistique une pleine réussite, lui procura une aisance financière notable. Alors que chez les hommes, c'est selon les perspectives de chance créatrice quand la femme est tenue éloignée ou internée comme on voudra, ici en situation de veuf de facto, lui c'est à coup sûr la mise à profit de cette absence pour écrire et va connaître une activité littéraire intense, un succès grandissant. On imagine son désarroi et sa souffrance quand même à titre individuel, mais le grand homme ne se plaint pas : il souffre dans sa chair en prenant sur lui et vaque à ses occupations d'artiste avec un aplomb extraordinaire et là il croit voir la clef de ce monde à travers sa capacité exceptionnelle d'en appréhender tous les vices les plus vicieux, les alliances, les mésalliances anglaises si merveilleusement décrites dans la Chance de Barry Lindon avec une pensée aimable pour les irlandais en souvenir peut-on dire de sa femme irlandaise dont la vie à ses côtés n'était plus possible.



A travers tous ses voyages à l'étranger et grâce à sa position dominante en Angleterre, l'homme se fait connaître comme un observateur pointu des moeurs futiles de la société anglaise que la moralité victorienne rejette, il va en recueillir tous les ferments pour en faire des satires grinçantes.



Vanity Fair



Que les fortunes se fassent dans la Foire aux vanités - j'ai envie de laisser le titre original tellement cela me semble anglais : Vanity Fair - cela me semble naturel et aller de soi, qu'elles se défassent au gré des circonstances touchant les protagonistes vont moins de soi et semblent répondre comme l'écho pour favoriser la trame riche de l'aventure des deux jeunes amies Amélia et Becky si différentes de naissance. Les destins feuilletonnesques des jeunes femmes se croisent de manière folle -attention à ne rien louper de l'intrigue au risque de s'y perdre-, malgré tout une certaine moralité victorienne semble toujours remettre les pendules à l'heure.. On est sous le charme du génie littéraire qu'est William Makepeace Thackeray et qui va influencer avec Trollope, Eliot.. plusieurs générations d'auteurs littéraires dont les noms nous sont connus, mais en deca néanmoins du grand victorien.



Ma préférence va plutôt à l'auteur en question qu'à Dickens que tout opposait, cela est probablement dû à la qualité inégale des hommes et à leurs idées.



Le grand écrivain mourra à la cinquantaine, j'aurais pu le dire plus tôt. Se sentant moins créatif, il mangeait, buvait trop, aimait les piments épicés (mon point commun avec lui). Un AVC l'emporta et il y eut une foule de gens à son enterrement..



Est-ce qu'on peut comprendre pourquoi secrètement j'aime tant Londres quand j'ai le sentiment d'être (physiquement) sur les traces de cet énorme William par exemple où je peux admirer son buste à l'abbaye de Westminster, et où l'ombre de sa démesure se propage hors du temps comme le géant non pas d'un siècle, mais de plusieurs à la fois. C'est une espèce d'artiste reconnaissable entre mille qui ne peut vous laisser seul et indifférent. Les artistes, il me semble aussi sont tous cabots, mais pour Thackeray, il me semble que non ; dès lors qu'il ne s'est plu senti créatif, il cessa d'écrire naturellement. Avait-il quelque chose à perdre ? grand dieu que non ! sa vie non plus ne lui disait plus rien, ce qu'il avait à dire au monde, il l'avait déjà dit. Peut-être subissait-il aussi le contrecoup de ses années solitaires paradoxalement réussies publiquement avec le sentiment d'une vie intime qui lui aura manqué. Je ne suis pas dans sa peau pour savoir s'il avait encore de grands desseins, mais je pense que les choses se sont taries comme ça, sans que la vie reprenne le dessus autrement que par des artifices. Ca ne sert à rien de se raconter des histoires..



"La bienveillance et le sentiment ennoblissent les actions les plus anodines"
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Le livre des snobs

Un pur régal mais je l’avoue, à petite dose.



Avec une plume affûtée et une bonne dose d’humour et de dérision, Thackeray nous donne à déguster des portraits de toutes les sortes de snobs qu’il connait !



Bourgeois, nobles, roturiers, riches ou voulant le paraître, personne n'échappe au snobisme, pas même lui.



Des tableaux truculents assaisonnés de codes et rites sociaux à peine exagérés ! Je ne peux que vous en recommander la lecture.



CHALLENGE XIXème SIÈCLE 2020
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La Foire aux vanités

A travers les destin croisés de Rebecca, arriviste séductrice et égoïste, et d'Amélia, douce et passive jeune fille, l'auteur nous plonge au cœur de la foire aux vanités dans laquelle se mêlent les petits et gros travers de la société du début du 19e siècle.



Un roman assez passionnant, si on lui fait grâce de quelques longueurs et généralités un peu douteuses. L'auteur se pose en observateur désabusé des mœurs de ses personnages qu'il décrit avec complicité à son lecteur. Son ton direct est un des charmes du roman, malgré une certaine tendance à la morale rigide de son temps.



Les personnages sont très inégaux. Amélia est un peu trop passive et invariablement gentille pour être intéressante autrement que dans ses malheurs (qu'elle a en plus le mauvais goût de supporter avec patience et douceur!). Rebecca lui vole clairement la vedette. Elle commence avec un certain capital sympathie, pauvre jeune fille livrée à ses propres moyens pour se faire une place dans le monde, mais le met à rude épreuve par ses manigances et sa tendance à se servir sans scrupules des gens autour d'elle. Quelques moments de bons sentiments laissent planer une ambiguïté sur son insensibilité, et le lecteur se fera son propre avis sur elle, mais ce qui est sûr c'est que les chapitres qui lui sont dédiés ne sont jamais ennuyeux.



Côtés hommes, le vertueux Dobbin tente de contrebalancer sa fadeur en étant plus ou moins le seul homme correct du livre. Osborne est le modèle de l'égoïsme et Rawdon Crawley a une jolie évolution qui le rend plus intéressant que son entrée dans le récit ne le laisse supposer.



Les personnages secondaires sont TRÈS nombreux, et comme pour les personnages principaux leur intérêt varie. Mention spéciale à la vieille Miss Crawley pétrie de contradictions, à l'infréquentable sir Pitt et à la gentille Briggs. Malheureusement, l'auteur a un peu tendance à étaler le pédigrée et la vie passée de ses personnages, et ce même s'ils ne font qu'une brève apparition dans le récit. C'est logique si l'on considère que ce "roman sans personnages" a été conçu par Thackeray comme une peinture de la société, et qu"il se sert de tous ses personnages pour nous en présenter certaines facettes, qu'elles aient un rapport avec l'intrigue ou non. Malgré cela, le rythme du récit en pâtit.



Mais pour qui a le courage de s'attaquer au petit millier de pages de ce roman, je conseille l'expérience, à la quelle je reviendrais d'ailleurs sûrement.
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La Foire aux vanités

Aujourd'hui, je vous présente une œuvre que j'adore, que j'ai déjà lu plusieurs fois, dont j'ai vu et revu les adaptations et qui me ravie à chaque fois ! Il s'agit de "La foire aux vanités" de William Makepeace Thackeray.

Rebecca Sharp est la fille d'un artiste anglais maudit et d'une française, danseuse de cabaret. Elle devient orpheline alors qu'elle est encore très jeune. Très vite, elle aspire à une vie au dessus de sa condition, plus "glamour" et rocambolesque. Alors qu'elle quitte le pensionnat de Miss Pinkerton à Chiswick, Becky n'a qu'une idée en tête, conquérir la société anglaise, s'élever et cela peu importe le prix.

La foire aux vanités fait partie de ces romans qui peuvent effrayer, plus de 1000 pages, classique, mais qui en même temps nous fascinent. On hésite, on se lance dans les adaptations, on en regarde une, puis deux, on les revoit et on finit par se rendre à l'évidence, ce roman, on veut le lire ! Et très vite, on se retrouve à tourner les pages à une vitesse folle, à le terminer bien trop vite et à se demander pourquoi on ne l'a pas lu plus tôt ! Car ce roman n'est rien de moins qu'un chef d'œuvre qui mêle subtilement récit social, roman de mœurs et histoire d'amour. L'écriture de cet auteur est étonnamment fluide pour un classique, il n'y a aucune longueur, des descriptions courtes, des personnages croqués à la perfection et surtout un humour et un second degré qui rythment si bien le récit.

Vraiment, pas un instant d'ennui avec ce roman incroyable. Le rythme est vraiment très intense et confère beaucoup de suspens au récit. Les procédés d'écriture de Thackeray jouent avec le lecteur, le laissant dans l'ignorance de certains faits pour venir mieux le surprendre quelques chapitres plus loin. Et ces petits coups de théâtre fonctionnent à merveille et m'ont souvent laissés sans voix. Et l'auteur ne lésine pas non plus sur le sarcasme, tournant régulièrement ses personnages en ridicule et nous montrant bien souvent leurs petits secrets qui auraient dû rester tapis dans l'ombre. Autant dire que l'on se régale, que l'on rit et s'amuse. Un pur délice !

Pour conclure, je vous dirais de ne pas hésiter, de ne surtout pas vous laisser rebuter par les 1000 pages de ce roman classique, car à coup sûr, ce récit d'un autre temps saura vous charmer et vous fasciner par ses aspects modernes et son écriture d'une grande beauté et d'une belle ironie. Un roman qui pour moi fait partie de mes œuvres anglaises victoriennes préférées. Un auteur qui, je trouve, n'a pas en France la reconnaissance qui lui est due. Si vous aimez Dickens ou Gaskell, vraiment lisez Thackeray, je parie que son charme opérera sur vous.

Ps: si vraiment malgré tous mes arguments, les classiques ne sont pas votre "cup of tea" , au moins voyez la mini série de la BBC de 2018 en sept épisodes. Elle est très fidèle à l'œuvre originelle et très moderne dans sa réalisation et tout simplement délicieuse. À consommer sans modération. ❤❤❤❤❤

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La Foire aux vanités

Un classique de la littérature anglaise du XIXe siècle, au même titre que Jane Austen, Thomas Hardy et bien sûr de Charles Dickens ; William Thackeray, nous apporte sa verve et son jugement de la société de son époque. Une satire que nous retrouvons également avec Honoré de Balzac - la Comédie Humaine…



Sous le règne de George III, en Angleterre, nous allons partager le départ dans la vie, de deux jeunes filles ; aux caractères diamétralement opposés, Miss Amelia Sedley et Rebecca Sharp. La première issue d’une famille bourgeoise, charmante, aimable, souriante, généreuse ; bref une naïve « madeleine », […était en même temps, beaucoup trop humble, trop soumise pour oser concevoir une opinion personnelle] ; et Miss Rebecca d’origine modeste, charmante, intelligente, et surtout sans scrupule.



L’ascension de Miss Rebecca, grâce à ses mensonges, ses intrigues et surtout, d’un égoïsme démesuré, vont la porter au pinacle des honneurs. A l’opposé de sa sœur de cœur, qui va connaître les affres de la ruine et du désespoir.



Que dire de ces gens vaniteux, sans cœur, assoiffés de plaisir, dont la vie est généralement peu édifiante, et irrémissible.



Une critique sans pitié de la société anglaise, dont la vanité en l’occurrence, peut être transposable aux autres cours européennes ; où seuls l’apparence, les préjugés et le pouvoir de l’argent consacrent à ces sociétés, un parfum inégalé de la bêtise et de l’injustice humaine.


Lien : https://bookslaurent.home.bl..
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La Foire aux vanités

Vanity Fair


Traduction (pour l'édition Marabout) : Lucienne Molitor





C’est sûr, voici un roman d’un âge déjà respectable puisque son auteur naquit en 1811. Et pourtant, passées les première pages (ne faut-il pas toujours un minimum de temps pour installer les personnages dans leur décor ?), il nous apparaît d’emblée extrêmement moderne. Il est rare en effet que, contrairement à son illustre contemporain, Charles Dickens, Thackeray use et abuse des "tics" d’écriture propres aux écrivains de l’époque.


Certes, vous trouverez bien çà et là quelques appels au lecteur qui sont en revanche pratiquement absents de l’oeuvre d’une Jane Austen mais, rassurez-vous : rien de comparable à ceux d’un Hugo ou, je le répète, d’un Dickens (pourtant plus sobre que notre génie national).


Le thème principal de cette "Foire aux Vanités," c’est le destin parallèle de deux jeunes pensionnaires de l’Institut de jeunes filles de Chiswick Mall. La première, Amelia Sedley, dite Emmy, possède au début tout ce qu’il faut avoir pour réussir dans la vie : des parents à l’aise et aimants, un frère à la situation solidement établie aux Indes, un amoureux tout trouvé, George Osborne et les rêveries habituelles à son âge. La seconde, Rebecca Sharp, dite Becky, est par contre orpheline, et pauvre, qui pis est. Rien, rien, Becky n’a rien, sauf l’assurance d’un poste de gouvernante (et l’on sait ce que signifie cette situation dans l’Angleterre pré-victorienne, pour ne rien dire de ce qu’elle deviendra sous Victoria) dans une famille de nobliaux à la campagne, les Crawley.


Amelia est douce, résignée, généreuse, paisible et sans grande imagination. Disons les choses telles qu’elles sont, même si Thackeray demeure galant à son égard sauf peut-être dans les dernières pages où sa passivité un peu ovine finit visiblement par lui taper sur les nerfs, elle n’a pas grande personnalité. Becky pour sa part en déborde : jolie, vive, rusée, intelligente, pleine d’humour, sans beaucoup de scrupules, c’est une "battante" comme on dirait de nos jours et qui, en conséquence, utilise tous les moyens pour aboutir à ses fins, à savoir une situation respectable.


Ces deux personnalités si dissemblables connaîtront les guerres napoléoniennes, les conséquences de Waterloo où George Osborne trouvera la mort et mille et une autres aventures que je vous laisse le plaisir de découvrir. Tout cela saupoudré d’une bonne dose d’humour voltairien qui n’épargne pas plus les hommes que les femmes. Car Thackeray n’est finalement pas si misogyne que cela et sa vision des hommes de son siècle n’est guère tendre. Quant aux femmes, il reconnaît à maintes reprises que la Société les tient dans un semi-esclavage et leur laisse en fait fort peu de chances de réussir quelque chose.


Voilà pourquoi, sans doute, il conserve toute sa sympathie à sa Becky qu’il représente plus comme une demi-garce que comme une garce dans l’acception pleine et entière du terme. C’est visiblement son enfant chérie, sa préférée, celle qui, au-delà son cynisme, venge en quelque sorte nombre de ses soeurs en féminité. Anglo-saxonnisme oblige, elle n’a ni la grandeur classique ni la flamboyance froide d’une Mme de Merteuil mais elle n’est pas sans nous évoquer parfois la silhouette féline de l’inoubliable marquise.


Et le talent et l’humour de Thackeray sont si grands et touchent si juste le coeur du lecteur que, la dernière page refermée, celui-ci s’aperçoit avec étonnement et non sans amusement que, finalement, Becky Sharp est devenue l’une de ces vieilles amies à placer en paix sur une étagère de bibliothèque, non loin de Jane Austen (dont Thackeray, à mon sens, se rapproche plus par le style et surtout les idées sans parler de la causticité) et, bien sûr, de Charles Dickens, peut-être plus universel mais aussi parfois un peu trop utopiste. ;o)
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La Rose et l'Anneau

Encore une découverte sympathique que je dois aux critiques de 5Arabella ! La princesse est belle et est une jeune fille accomplie, le roi règne sur un royaume en paix et est aimée de ses sujets, il y a une bonne fée… Non, cela serait trop simple et même trop simpliste pour un conte. Les enfants veulent de la méchanceté, les enfants veulent avoir peur. Il y a donc des lions prêts à dévorer les petites princesses, des cachots noirs peuplés de bêtes répugnantes, la fée est une vieille femme qui verse des malédictions aux baptêmes des enfants, la reine est grosse et bête, la princesse n’est belle que grâce à un anneau magique qui la rend charmante, le roi est bête et alcoolique, la gouvernante ambitieuse, le jeune prince prétendant est bête – oui beaucoup de bêtise ! Les perfections des personnages des contes peuvent rendre jaloux ; lorsqu’ils sont plein de défauts, ils sont comme nous, et peuvent donc faire rire les lecteurs. Les noms mêmes des personnages sont ridicules – chevalier des Epinards, roi des îles Saucisses… Une lecture légère et amusante, qui retourne les topoï habituels des contes.
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La Foire aux vanités

Rebecca est irrésistible...

Rebecca est indomptable...

Rebecca est envoûtante...

Rebecca est sidérante...

Rebecca est inexorable...

Rebecca est inénarrable...



En 1848, William Thackeray Makepeace fait publier son roman monumental, La Foire aux Vanités. Aussitôt, l'oeuvre suscite l'engouement des lecteurs qui sont subjugués par le parcours hors norme de son anti-héroïne, Rebecca Sharp. Car dans cet ouvrage satirique, personne n'est épargné par la causticité de la plume de Thackeray ; bourgeois, aristocrates, puissants ou petites gens, tous voient leurs vicissitudes dévoilées au grand jour ! Dans l'Angleterre du début du XIXe siècle, deux jeunes femmes quittent le pensionnat où elles ont grandi : la première, Amélia Sedley, est une jeune fille insouciante (Amélia vient d'un mot grec qui signifie négligence). Issue de la bonne bourgeoisie, c'est une fille candide, douce, néanmoins égoïste et exclusive lorsque d'autres femmes sont à proximité de son bien aimé, le séduisant George Osborne. La seconde, Rebecca Sharp, est une orpheline, fille d'un peintre sans le sou et d'une artiste de cabaret. En Anglais, « sharp » signifie pointu, péremptoire, ou encore ingénieux. Comme le sous-entend son patronyme, Rebecca est effectivement digne de ces épithètes. Alors que la douce Amélia semble promise à un bel avenir, Rebecca semble destinée à mener une vie de gouvernante effacée et bien rangée, dans un univers qui la méprise et la piétine depuis toujours. Mais notre aventurière, car c'est Rebecca qui oriente la majorité des événements qui se déroulent dans ce chef-d'oeuvre, n'a nullement l'intention de laisser la société décider de la place qu'elle doit occuper : dotée d'une répartie à vous laisser sans voix, d'un charme saisissant, et de talents de chanteuse et de comédienne, Rebecca est bien décidée à user de ses atouts pour se hisser au sommet de la société et se faire un nom aux côtés des personnages les plus illustres de l'Angleterre, quitte à recourir à des impostures ignominieuses. Et voilà comment Thackeray démontre avec génie les travers de sa société. Rebecca, en digne autodidacte, n'a aucun mal à se fondre dans le décor tout en conservant ce charme bien à elle qui la distingue des autres, et identifie rapidement les vices ou défauts d'autrui. Ainsi, le frère d'Amélia, Joseph, est un homme coquet et efféminé outrageusement soucieux de son apparence, le capitaine George Osborne, est un élégant hautain et orgueilleux. Personne n'est épargné. Nous pourrions même dire que le narrateur et Rebecca sont complices, dans la mesure où tous deux raillent et mettent en lumière les travers des autres. Il est vrai que nous pourrions avoir des scrupules en observant les machinations orchestrées par Rebecca pour arriver parmi les puissants. Mais au fond, n'est-elle pas la victime d'une société qui la rejetée depuis l'enfance ? N'est-ce pas la misère qui l'a conduite à déployer toutes ses ruses afin de survivre ? D'une certaine façon, le parcours de Rebecca dans le roman de William Thackeray Makepeace illustre un phénomène assez récurrent en psychologie : le fait que la victime devienne le bourreau de ceux qui l'ont malmenée. Et c'est ce à quoi le lecteur assiste dans La Foire aux Vanités. Rebecca prend sa revanche. Car cette âme tourmentée ne désire rien d'autre que de la reconnaissance, ainsi que du respect ! Et au fur et à mesure que notre anti-héroïne progresse dans son parcours, elle devient de plus en plus impitoyable, et son ambition ainsi que sa convoitise n'en deviennent que plus échevelées. Ainsi notre aventurière s'égare-t-elle au milieu de robes, de joyaux et autres fioritures de pacotille qui l'enivrent. Mais tout n'est pas noir ou blanc : même les personnages les plus avenants, comme Amélia, présentent de mauvais côtés comme l'égocentrisme. À l'inverse, Rebecca et son époux Rawdon peuvent susciter la pitié et l'attachement du lecteur, surtout lorsqu'on découvre à quel point Rawdon se montre généreux et bienveillant envers son fils, ou que Rebecca prend la mesure des mérites du Major Dobbin.C'est le portrait d'une société fondée sur l'apparence qui se révèle sous la plume de William Thackeray Makepeace, au sein de laquelle chacun dissimule ses vices ou ses travers sous le vernis des convenances. J'ai été particulièrement frappé par la relation ambiguë qui s'établit au cours de l'oeuvre entre Rebecca et Lord Steyne, qui, à bien des égards, n'est pas sans rappeler les rapports entre Louis XV et madame du Barry. Tout le monde devrait lire ce roman phénoménal qui demeure brûlant d'actualité, tant les critiques qu'il abrite pourraient s'appliquer à la société de surconsommation dans laquelle nous vivons aujourd'hui. Car, ainsi que nous le rappelle constamment le titre, la foire aux vanités n'est qu'un château de cartes, vain mirage qui peut s'écrouler du jour au lendemain, emportant inexorablement avec lui ce qui a fait la grandeur de certains.
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La Foire aux vanités

Angleterre – vers 1815

Les jeunes Amelia Sisley (17 ans) et Rebecca Sharp (19 ans) quittent l’Institut pour jeunes filles de Chiswick Mall et rejoignent Londres, où le père d’Amelia est un négociant aisé. Amelia a passé six ans à l’Institut, recevant l’éducation donnée à une jeune fille de son rang. Rebecca, quant à elle, de condition modeste, y a été hébergée gracieusement pendant deux ans : elle a pu suivre quelques enseignements en échange de ceux qu’elle prodiguait elle-même en français, langue qu’elle maîtrise car sa mère était française.

Par amitié pour Rebecca, Amelia l’a invitée à passer une semaine chez ses parents. Elle devra ensuite rejoindre Crawley-la-Reine, fief du sir Pitt Crawley, afin d’y occuper un poste de gouvernante auprès de ses deux filles.

Une fois à Londres, Rebecca fait la connaissance du frère aîné d’Amelia, le certes gros mais riche et célibataire Joseph. Résolue à s’élever socialement, elle se met en tête de l’épouser et entreprend dans ce but de grandes manœuvres de séduction …



Ainsi commence « La foire aux vanités », gros roman anglais réputé, autour duquel je tournais depuis une paire d’années mais sans parvenir à me lancer (je suis toujours frileuse lorsqu’il s’agit de s’aventurer dans un pavé 😉 ). A défaut, j’ai entrepris il y a quelques mois de regarder sa dernière adaptation télévisée, via une mini-série sortie en 2018 … abandonnée en route (je ne savais même plus si j’avais été au bout mais en lisant le roman j’ai tout « reconnu » jusqu’à la bataille de Waterloo, j’en ai conclu que je m’étais arrêtée là).



Avec le roman, que je me suis décidée à lire fin mai (oui, je ne rédige ce billet que maintenant, pressée par la deadline du Mois anglais, heureusement que j’avais en cours de route couché mes impressions par écrit !), la tentation de l’abandon ne s’est manifestée à aucun moment. Il faut dire, déjà, qu’à l’écran l’âge des interprètes ne correspondait pas à celui, très jeune, des deux principales protagonistes du livre, qu’on n’est pas dans la tête (ou le cœur … quand cœur il y a !) de ces demoiselles, qu’il y a parfois des évolutions peu expliquées (je pense par exemple à celle du comportement d’Osborne par rapport à Amelia, bien mieux exposée dans le roman où on voit le travail de sape de ses sœurs, incapables de saisir le tempérament de la miss, qui s’éteint dès qu’elle est confrontée à leur compagnie) et, surtout, qu’on n’a pas droit à la prose du sieur Thackeray et ça, ce n’est pas rien ! Grâce à elle, je n’ai éprouvé nulle lassitude à la lecture, malgré mon absence d’attachement pour les personnages.



Car la plume de Thackeray (j'ai lu le roman en français, non pas dans la première traduction qui en a été faite, maintenant libre de droit (on peut la trouver en version numérique gratuite, donc) mais dans la traduction contemporaine de Lucienne Molitor, davantage à mon goût (j’ai comparé les premières pages)) est un régal de vivacité et d’humour, je mets au défi le lecteur qui s’y frotte de ne pas y succomber. Tenez, prenez une des premières interventions de la véritable héroïne de notre roman, Rebecca, une jeune personne qui n’a pas la langue dans sa poche (comme notre auteur) lorsqu’elle explique à Amelia à quel point elle est satisfaite de quitter l’Institut et sa directrice, miss Pinkerton :

« Cette maison me fait horreur […] et j’espère bien ne plus jamais la revoir ! Je voudrais qu’elle fût au fond de la Tamise, et si miss Pinkerton était engloutie avec elle, je ne ferais pas un pas pour me porter à son secours, je vous prie de le croire. Oh ! Comme je voudrais la voir se débattre dans l’eau, avec son turban et tout, ses jupes flottant derrière elle, et son nez pointant en avant telle la proue d’un bateau ! »



« La Foire aux vanités » fut d’abord publié en feuilleton, entre 1846 et 1847. Dès le début, Thackeray y explique son dessein au lecteur, peindre la société qui l’entoure comme la Foire aux vanités qu’elle est en réalité, une scène où chacun joue sa pantomime, mu par des désirs et des ambitions égoïstes, superficiels et vains, sans souci des autres. Par la suite, il ne manquera pas d’évoquer régulièrement cette image de la Foire aux vanités, illustrée par la teneur de son récit, quand il ne s’adressera pas à nouveau à son lecteur pour lui rappeler le fond de son propos. Ainsi dans ce chapitre 8 :

« Mais mon aimable lecteur se souviendra que j’ai intitulé cette histoire La Foire aux vanités, et qu’à la Foire aux vanités, on rencontre toutes les vanités, toutes les méchancetés, toutes les folies, toutes sortes de grimaces, de mensonges et de prétention. Et chacun est tenu de dire la vérité telle qu’il la connaît, que l’on porte le bonnet à sonnettes du fou ou la toque du sage. Dans cette entreprise, il est vrai, on risque de mettre au jour bien des choses déplaisantes. »



Ces « choses déplaisantes », il les dévoile en satiriste à la causticité duquel rien ni personne n’échappe, à part peut-être William Dobbin, amoureux d’Amelia invisible à ses yeux, qui semble être le seul personnage à réunir intelligence et sensibilité. Pour les autres, quand il y a sensibilité, elle risque d’être débordante, je pense à Amelia, encline aux emportements larmoyants et sentimentale au point d’en être sotte car elle en perd tout discernement. Rebecca n’est pas épargnée (mais elle n’en aurait pas demandé autant), même si on note chez l’auteur une certaine considération affectueuse pour celle qu’il appelle « notre petite aventurière » ou « notre petite intrigante » : après tout, c’est elle qui a eu le moins de chance à la naissance, donc sa volonté de rectifier les choses à son avantage ne se justifie-t-elle pas ? En tout cas, elle est dans le roman la plus intelligente (davantage que la vieille Miss Crawley, retorse mais pas toujours capable d’échapper aux visées des uns ou des autres), sans guère avoir de cœur (tout juste manifeste-t-elle une vague compassion à l’égard d’Amelia avant Waterloo), puisqu’elle n’aime ni son mari ni son fils : tout ce qui l’intéresse est son propre succès.



Chez Thackeray, les femmes ne sont pas à leur avantage : l’homme n’est pas avare de lieux communs éculés concernant leur comportement, notamment les unes vis-à-vis des autres, semblable en cela à ses contemporains. Mais, en y regardant de plus près, qui est à son avantage chez lui ? Entre le fils de famille criblé de dettes mais comptant sur la mansuétude et la bourse de son père et la fille que ses années de pension n’ont pas préparée à affronter ses semblables, il y a place pour des hypocrites, des fats, des roués ou des dupes : qu’on soit malin ou stupide, on ne trouve pas vraiment grâce aux yeux de notre acerbe auteur. Car en réalité, chacun ne vise que son propre intérêt et il n’y a que l’amour, même chez un rustre comme Rawdon, qui s’accorde avec la sincérité. Et de toute manière les sentiments, lorsqu’ils interfèrent à l’occasion, ne parviennent pas à gripper les rouages d’une société où il importe avant tout de réussir, quel qu’en soit le prix … à faire payer par les autres, de préférence (on peut vivre à crédit aux dépens de plus pauvres que soi : Thackeray démontre que qui ne paie pas ses dettes s’enrichit !).



Chronique de mœurs ancrée dans l’histoire de son époque (la peinture de la société anglaise, installée à Bruxelles pendant la période entourant la bataille de Waterloo, ce dont je n’avais jamais entendu parler, est passionnante), « La Foire aux vanités » est un roman enlevé et piquant, qui a bien mérité sa place parmi les classiques de la littérature anglaise.




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Mémoires de Barry Lyndon

Je ne suis pas spécialement fan de Stanley Kubrick mais je suis fan de Barry Lyndon, pour moi l'un des plus beaux films du cinéma mondial. C'est en traînant sur Babelio que j'ai appris que le film était basé sur un roman écrit par un illustre inconnu: Makepeace Thackeray. Je l'ai acheté et, après l'avoir laissé moisir au fond de ma liseuse durant près d'un an, je l'ai lu. Fausse autobiographie, Les Mémoires de Barry Lyndon du royaume d'Irlande narrent les aventures du personnage le plus odieux qui ait infecté la littérature: Redmond Barry. Orphelin ruiné, amoureux malheureux, esclave-soldat, joueur-arnaqueur professionnel, chasseur de dot, mari infâme, beau père violent, père attentionné; on suit l'ascension et la chute de cet incroyable narrateur, avec amusement, effroi, dégoût, compassion (si si) et sentiment de justice. Autant le film est esthétique et grave, autant le roman est picaresque. D'abord, l'écriture est délicieuse, entre Voltaire et Jane Austen; ensuite le personnage est incroyable: il est d'une fatuité sans borne, ce qui le rend ridicule; d'une misogynie stratosphérique qui ferait passer Tarik Ramadan pour le fondateur du MLF; il est violent, menteur, de mauvaise foi, ingrat mais... on ne peut pas s'empêcher de lui reconnaître l'intelligence diabolique et la force motrice de celui qui a su se hisser au dessus de sa condition. Force est de constater qu'il s'est fait tout seul et qu'il a bravé bien des obstacles pour devenir (durant quelques années) "le personnage le plus fashionable d'Europe" !

Deux petits bémols ont légèrement infléchi mon grand plaisir de lecture: quelques passages un peu trop longs et une fin bâclée, précipitée.
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La Foire aux vanités

Il y a certains classiques qui effraient autant qu’ils intriguent. À mes yeux, La foire aux vanités pourrait tout à fait se ranger dans cette catégorie. Son format pavé (de plus de mille pages) me décourageait d’avance, aussi je n’avais jusqu’ici jamais sauté le pas même si j’étais extrêmement curieuse de savoir ce que pouvait renfermer ce grand classique de la littérature anglaise. Si j’avais su… Ce roman m’aura accompagnée pendant près de deux mois, oui, mais quel voyage dans le temps ! L’écriture de Thackeray y est délicieuse, et finalement pas si inaccessible que ça. Si cette lecture n’a malheureusement pas été un coup de cœur, je garderai longtemps en tête le personnage de Rebecca Sharp (qui me fait un peu penser à la perfide Milady de Winter des Trois mousquetaires).



Thackeray nous présente sa foire aux vanités comme un véritable spectacle de marionnettes. De nombreux personnages se croisent, font face aux vicissitudes de la vie, et tentent (un peu comme ils peuvent) d’assouvir leurs ambitions. Becky Sharp et Amelia Sedley dominent la danse. Amélia est plutôt bien née et d’une grande douceur, mais plutôt passive face à son destin. Ambitieuse et déterminée, Rebecca sait se mettre le monde dans la poche, quitte à manquer de loyauté. Malgré leurs défauts, il est difficile de les condamner totalement… Car le pouvoir de Thackeray est aussi là : nous rendre ses personnages attachants, car profondément humains.



Les chapitres sont plutôt courts, et s’enchaînent rapidement. J’ai réussi à apprécier le côté satire sociale de ce roman. Par l’humour, et le ridicule des propos ou des actions de certains personnages, l’auteur égratine gentiment certains aspects de la société. L’absurdité de la guerre ou encore la question du paraître sont entre autres évoquées. Thackeray a tout autant un réel talent de conteur, et j’ai de plus adoré me retrouver transportée dans l’Angleterre du XIXe siècle. De nombreuses classes sociales sont représentées, ce qui permet d’avoir une vraie vue d’ensemble de la vie de cette époque. D’autant plus que le contexte historique n’est pas mis à l’écart. L’intrigue imaginée par Thackeray est pleinement ancrée dans l’Histoire. Les ambitions de Napoléon. La bataille de Waterloo. Nos personnages devront aussi faire avec…



Je n’ai cependant pas apprécié cet écrit autant que je l’aurais souhaité, la faute à quelques longueurs et à plusieurs passages avec lesquels je n’ai pas réussi à accrocher. On pourrait également reprocher à l’auteur le côté parfois caricatural de certains de ses personnages. Mais n’est-ce pas pour mieux servir son aspect satire sociale ? Côté dénouement, je suis plutôt satisfaite du final proposé par le romancier. J’ai maintenant pour projet de découvrir l’adaptation télévisée (série) de ce roman, imaginée par la BBC en 1998.
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