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Critiques de William Makepeace Thackeray (110)
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La Foire aux vanités

« La foire aux vanités » a pour théâtre les vies de la bonne société anglaises du 19ème siècle.

Nous y suivrons deux couples dans leur installation et, à travers eux, tout un univers d'orgueils et de vanités recouvert d'un verni superficiel de bienséance. Amélia, jeune fille de bonne famille aussi gentille et bonne poire que lisse et effacée (« dont l'excessive douceur dégénérait presque en faiblesse »), et Rebecca, orpheline sans le sou mais aussi maligne qu'hypocrite et manipulatrice (aimant la société et en ayant « besoin à tout prix, comme un fumeur d'opium ne peut se passer de sa pipe »), étaient pensionnaires ensemble. La première est promise à un bel avenir avec un fiancé de longue date, la seconde à la pauvreté et au travail de gouvernante. Mais dans la vie, rien n'est jamais acquis. La société n'est pas aussi figée qu'elle en a l'air : il suffit de savoir jouer la comédie… et de tirer les bonnes ficelles !





Thackeray lève le rideau sur cette société toute entière régie par l'étiquette plus que par l'étique, où le rang social, portés aux nues au moins autant que l'argent, fait naître le poison de la vanité. Ce dernier incite à vouloir s'élever dans la société, à posséder plus d'importance, plus d'argent, souvent au détriment de la qualité des relations et d'une certaine idée de la morale. Il infiltre insidieusement chaque action, chaque pensée, chaque parole dans ce but ultime, et finit par pourrir ce terreaux d'âmes errantes, ambitieuses, orgueilleuses, et désireuses de briller à leur tour.





« A eux deux, ils donnaient l'exemple de la vanité des choses humaines ; ils désiraient, chacun de leur côté, ce qu'il ne leur était point donné d'avoir. »





Ainsi, comme son nom l'indique, « la foire aux vanités » ne dénonce pas simplement un seul défaut (l'orgueil) en tant que tel. Il révèle et expose, dans tout ce qu'elles ont de plus secret et personnel comme de plus prétentieux et éclatant, toutes ces petites vanités diverses et camouflées du quotidien, soigneusement entretenues par chacun, comme les plus grandes et prétentieuses vanités institutionnelles créées et cautionnées par la société. A travers deux couples de jeunes adultes faisant difficilement leur entrée dans le monde, l'auteur retrace, avec un miroir grossissant, les travers, rides et imperfections d'une société fardée par le paraître et l'égoïsme de chacun.





« De tous les vices qui dégradent la nature humaine, l'égoïsme est le plus odieux et le plus méprisable. Un amour exagéré de soi-même conduit aux crimes les plus monstrueux et occasionne les plus grands malheurs dans les Etats comme dans les familles ».





Si l'auteur annonce un lever de rideau sur ce théâtre des vanités, c'est un théâtre de marionnettes dont les ficelles, plus ou moins grosses, sont tirées par les sujets les plus habiles. Alors, dénonciation du système de cette époque, qui pousserait aux actions les plus viles pour escalader l'échelle sociale…? Pas seulement ! Car l'histoire est transposable encore de nos jours : les réseaux de relations et de pouvoir, les jeux d'argent et les chantages, les arrivistes infatigables et les nantis vampirisés, les querelles d'héritage, les mariages volages, les amitiés intéressées, les jugements sur l'apparence, la volonté de briller, les ravages des addictions aux jeux ou à l'alcool… Ceux qui manipulent, ceux qui subissent.





En réalité, là est l'histoire : « La gloire de ce monde, comme on dit, est bien passagère ».

Cette citation du livre rappelle un rite d'intronisation sensé rappeler au Pape qu'il n'était qu'un homme et qu'il devait se garder de tout orgueil ou vanité. Comme l'indique son titre, ce roman est donc une réflexion sur la nature passagère et vaine de la vie humaine.

La foire « aux vanités » comprend aussi bien l'orgueil du vaniteux que l'acception latine du mot « vanitas » (de « vanus », vain) c'est-à-dire ce qui est vide, creux, inutile et illusoire.





Et Thackeray de conclure : « Vanitas vanitatum ! qui de nous est heureux en ce monde ? qui de nous arrive enfin au terme de ses désirs, ou, quand il y parvient, se trouve satisfait ? ».

Avec ce « Vanitas vanitatum », l'auteur rappelle l'universel de ce qu'il décrit, car lié à l'être humain quel qu'il soit ; Comme s'il voulait dédouaner ses personnages et nous inciter à nous regarder d'un peu plus près nous-même.

Ces mots sont en effet extraits d'un passage de la Bible, dans lequel on retrouve l'idée étayée par l'auteur :

« Vanité des vanités, dit l'Ecclésiaste, vanité des vanités, tout est vanité.

Quel avantage revient-il à l'homme de toute la peine qu'il se donne sous le soleil? (…)

J'ai vu tout ce qui se fait sous le soleil; et voici, tout est vanité et poursuite du vent.(…) ».

Cette dernière phrase répond d'ailleurs également à un autre passage du roman (« L'expérience a démontré depuis longtemps que les plus heureux sont toujours les plus éloignés du soleil. (…) tout ici bas n'est que fumée et vanité »), mais on n'en finirait plus d'explorer ce roman, tant il est foisonnant.





Ne craignez pas pour autant une assommante morale religieuse : Toute la force de cette fresque est qu'elle demeure, sur la forme autant que sur le fond, définitivement romanesque. Il est amusant d'appliquer la trame du récit à la société d'aujourd'hui, ou même à un microcosme déterminé, un échantillon connu - de notre entourage ou de la vie publique - pour y déceler ce que la plume de Thackeray dépeignait en son temps avec justesse, humour et précision. Et n'est-ce pas tellement logique, humain et donc universel ou presque, cette propension à vouloir dominer, tirer les ficelles, posséder, briller… En un mot, à vouloir toujours plus, au détriment parfois de valeurs morales. Dans cette « foire aux vanités », l'argent est-il une fin, un moyen, ou un prétexte ? L'égoïsme est-il une cause ou une conséquence ? L'ambition, l'envie de briller sont-ils des phénomènes créés par la société, ou profondément individuels et humains ? Sommes-nous le miroir de notre société ou celle-ci est-elle le nôtre ?





C'est donc bien, fidèlement à son sous-titre et nonobstant les piques ironiques de son auteur, un roman sans héros, fait de gens comme vous, moi et l'entièreté des personnes qui nous entourent. Mais quels portraits nous sont taillés et épinglés par Thackeray : Il a un vrai talent pour la peinture sur mots, on ne s'ennuie pas ! En s'adressant directement à son lecteur avec humour et provocation, le narrateur omniscient n'enlève rien de notre proximité avec ses acteurs, tant leurs coeurs et âmes sont brillamment dépeintes, données en jugement et débattues. 1000 pages durant lesquelles vous serez spectateur actif, pris à parti de cette fresque qui demeure, sur la forme, savoureusement anglaise, et sur le fond, joliment (d)écrite et intéressante.

A présent je n'ai plus qu'à lire son pendant : « le bûcher des vanités » de Tom Wolfe ! Après avoir dénoncé nos vanités, on les brûle ?





« Adieu, adieu, mes enfants, refermons la boîte et rangeons nos marionnettes, car le spectacle est terminé » !
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Mémoires de Barry Lyndon

Enthousiasmée par la lecture des Mémoires d'un valet de pied, une chronique drôle et légère, j'ai entamé avec confiance ma lecture des

Mémoires de Barry Lyndon du royaume d'Irlande .........et grande fût ma déception...Les aventures picaresques du jeune Barry se succèdent mais j'y ai trouvé beaucoup de confusion, énormément de personnages qui déboulent d'un peu partout, et surtout un humour que j'attendais et qui n'a jamais pointé le bout du nez. Le héros est antipathique à souhait - roublard, fat, imbu de sa personne, et souvent naïf au point de se faire berner par le premier venu.......les aventures qui se succèdent ne sont pas drôles et souvent narrées de façon très brouillonne. Le seul avantage que j'y ai trouvé est la peinture des mœurs et des conditions des jeunes recrutés de force dans les armées...

Mon rythme de lecture a été poussif, j'ai quelquefois lu en diagonale et j'ai eu plus d'une fois l'envie d'abandonner.... Je suis parvenue au bout sans réel plaisir de lecture, une lecture donc que je ne recommande pas...........
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Le livre des snobs

William Thackeray publie des chroniques à partir de 1842 dans un hebdomadaire satirique - Punch - dans lequel il distille au fur et à mesure des numéros, ses définitions et surtout donne des exemples humoristiques, caustiques et toujours intelligents de snobs.

C'est une galerie de portraits qui concerne toutes les catégories sociales, commençant par la royauté et les Lords jusqu'au militaires, en passant par les étudiants, les juges, les fonctionnaires, les Clubs réservés aux classes privilégiées. Comme Dickens, il s'amuse à inventer des patronymes caractérisant le personnage qu'il épingle...

Avec verve, intelligence et liberté de ton, Thackeray dresse le tableau d'une société anglaise du XIXème siècle et sa plume vive rend ce récit particulièrement drôle et léger.
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Le livre des snobs

Le snobisme est-il un défaut d'aristo ou de prolétaire? quand et comment convient-il d'être snob? le snobisme est-il le comble de l'élégance ou de la vulgarité? le bobo est-il une variante du snob? le snob, un parfait crétin ou un esprit supérieur? un dégénéré ou un barbare? rouler en Jaguar, c'est snob? et en Solex? le snob est discret. Non, pas du tout, il est matuvu. Il s'habille haute-couture. Il s'habille trash. Il reste tout nu. Il se livre à des orgies. Il est végétarien. Il est célibataire. Il fait des vers. Il est inculte. Il refuse le Prix Nobel.



Le snob vous emmerde.
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La Foire aux vanités

Ce roman compte de nombreux personnages, mais s'attache surtout à deux jeunes femmes, la douce et charmante Amelia Sedley et l'ambitieuse et rusée Rebecca Sharpe. La première ne rêve que de vivre le parfait amour avec son fiancé de toujours, la seconde n'aspire qu'à s'élever aussi haut que possible dans la société. Le reste du récit, ce sont des héritages perdus ou espérés, des mariages secrets, des intrigues amoureuses, politiques et financières, des histoires d'honneur et des cœurs inconstants. Les richesses se font et se défont, les bonnes fortunes succèdent aux coups du sort et Napoléon qui revient de l'île d'Elbe. En chacun des personnages, à des degrés divers, la vanité domine les comportements, de la coquetterie la plus anodine à l'orgueil le plus écrasant. « Il était très préoccupé de ses pensées, de ses désirs, et dominé surtout par une vive admiration pour les charmes triomphants de sa personne. »



L'auteur ponctue généreusement sa fiction d'adresses au lecteur : il professe tout ce que la morale victorienne attend des jeunes gens et tout ce qu'elle réprouve. Ses conseils oscillent entre bienveillance et ironie, et il est tout à fait délicieux de lire entre les lignes. « Oui, vous aurez beau dire, il n'y a rien de tel que les gens de votre famille pour se charger de vous mettre en morceaux. » Thackeray s'amuse à imaginer comment il aurait pu conduire son récit, sur un autre ton ou dans un autre genre, tout ça pour revenir à son premier fil après avoir ébloui l'auditoire de sa virtuosité littéraire. L'auteur n'est pas tendre envers les mœurs vaines de ses contemporains et il se moque de l'attachement aux choses matérielles qui écartent d'une vie de vertu, tant chez l'homme que la femme. « Le sexe barbu est aussi âpre à la louange, aussi précieux dans sa toilette, aussi fier de sa puissance séductrice, aussi convaincu de ses avantages personnels que la plus grande coquette du monde. » Et c'est à peine si William Thackeray voit en l'amour une qualité tant il fait souffrir les cœurs et se montre versatile.



Comme nombre de romans du mon cher 19e siècle, La foire aux vanités est un texte riche, ample, épique et étourdissant. C'est une grande fresque sociale et morale qui, par certains aspects, a vieilli, mais qui garde une forme de bon sens universel. Ce roman était mon pavé de l'été, et une fois encore, les iques européens ne me déçoivent pas.
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La Foire aux vanités

Amelia et Rebecca quittent le même jour, et ensemble, l’institution où elles ont fait leurs études. Leurs destins respectifs semblent tout tracés : à la première, bien née, tout paraît devoir naturellement réussir alors que la seconde, d’un milieu beaucoup moins favorisé, semble devoir se contenter de jouer les rôles d’appoint. Mais pas si simple ! Peu armée pour faire face aux vicissitudes de l’existence, Amelia a tendance à se comporter de façon passive devant les coups du sort qui l’accablent alors que Rebecca, elle, est bien décidée à utiliser, sans s’encombrer de considérations morales, tous les moyens possibles et imaginables pour faire sa place au soleil. Pour parvenir à ses fins, elle dispose de nombreux atouts : sa beauté, son magnétisme, son intelligence, son absence totale de scrupules. Un vaste champ d’action s’ouvre à elle : le monde dans lequel elle fait son entrée est en effet peuplé de toutes sortes d’êtres faibles, veules, superficiels, qui n’accordent d’importance qu’à l’argent, qu’au statut social et à l’impression qu’ils font sur autrui. La fameuse vanité.



Pendant plus de mille pages, William Thackeray va nous dresser un tableau saisissant et plein d’humour de toutes les bassesses, mesquineries et prétentions humaines et, par la même occasion, de la société anglaise de son temps. On ne s’ennuie pas un seul instant. Sa verve, son ironie, sa façon de s’adresser directement au lecteur ont des accents résolument modernes. Les portraits qu’il nous brosse de la multitude de personnages qu’il met en scène également. Il y a des agissements et des « types » humains qui sont universels.

À cet égard la description des comportements à l’arrière, lors de la bataille de Waterloo, est particulièrement savoureuse. Suite à de fausses informations, Napoléon est donné vainqueur. On assiste alors à un sauve-qui-peut général d’anthologie dont Rebecca va, quant à elle, savoir tirer judicieusement profit. Ce personnage de Rebecca est, à mon sens, extrêmement complexe. William Thackeray ne peut pas ne pas donner l’impression qu’il réprouve ses agissements, mais, en même temps, on sent bien qu’il ressent une certaine tendresse pour cette femme qui s’efforce de tirer parti, du mieux qu’elle peut, des failles d’une société injuste.



Encore un écrivain qui n’a malheureusement pas, en France, la reconnaissance qu’il mérite.
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Le Grand diamant des Hoggarty

Samuel Titmarch, jeune provincial sans fortune, se voit offrir par sa tante Lady Hoggarty particulièrement fortunée, une épingle de cravate ornée d'un diamant, un cadeau pour encourager le début de carrière du jeune homme à Londres. Treizième clerc dans la compagnie d'assurances créée 4 ans plus tôt et gérée par son directeur Mr Brough, Samuel bénéficie de tout l'aura que procure l'illusion de la fortune potentielle que représente ce diamant, les portes s'ouvrent, les protections affluent si bien qu'il progresse très rapidement dans la société, sous la houlette du Directeur. Ce dernier compte sur sa jeune recrue pour capter et obtenir la gestion de l'immense fortune de Lady Hoggarty. Samuel se voit jouer le rôle de rabatteur, et va, bien malgré lui, alimenter le système mis au point par Mr Brough et qui s'apparente à une pyramide de Ponzi.



Le Grand diamant des Hoggarty , est un roman très enlevé de Thackeray , un roman dans lequel il s'approprie le milieu affairiste de la city de Londres en y plongeant un jeune provincial candide qui va vite se trouver propulsé bras droit du directeur, celui-ci le manipulant allègrement pour extorquer des fonds dans la famille proche de ses collaborateurs. Les combines décrites sont quelquefois difficiles à suivre, je n'ai pas toujours tout compris mais l'essentiel est là et s'est reproduit à l'identique récemment dans l'affaire Madoff avec l'appel de fonds constant pour verser des dividendes aux nouveaux investisseurs, spoliant ainsi les investisseurs historiques, un montage qui s'écroule dès que de trop nombreux investisseurs réclament ensemble leurs dividendes.

Thackeray y décrit également l'attitude servile d'une certaine partie de l'aristocratie ou de la bourgeoisie qui déroulent le tapis rouge et ouvrent facilement leurs portes, aveuglés par le moindre signe de richesse ostentatoire...

Le Grand diamant des Hoggarty est donc une lecture d'apparence légère mais très instructive sur le milieu affairiste du XIXème siècle, qui malheureusement perdure au XXIème siècle ; un roman qui m'a réconcilié avec Thackeray , après la lecture décevante de Barry Lyndon...
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Mémoires de Barry Lyndon

Chef d'oeuvre de Thackeray de l'époque victorienne avec Eliot, Dickens et Trollope, est avec la Foire aux vanités, un des romans anglais que je préfère. Toute une flopée d'écrivains de moins bonne facture les ont suivis, voire imités et les ont faits un peu oublier malheureusement.



L'immoralité du roman est présente du début à la fin. On ne compte pas les épisodes où quoique l'on entreprenne dans cette Angleterre sur fond belliqueux, tout n'est que souricière, où le héros "Redmond Barry", un irlandais du peuple, ou irlandais tout court vu de l'anglais, se met dans de sales draps, et par son entremise, c'est une peinture des vices de la société anglaise du 18e à laquelle on assiste. Les riches restent riches ou se tirent toujours d'affaire, ils sont tous de connivence et sarcastiques, et les braves qui émergent restent des misérables sur le bord de la route, ou connaissent une mort sans pitié. "Barry Lyndon", qui le devient par mariage avec la Comtesse Lyndon, personnage atypique, attire cependant la sympathie, il se relève une fois, deux fois, trois fois .. mais son sort est inexorable, le cumul de revers qu'il se prend finit par miner ses chances d'en réchapper un jour. Il est attendrissant dans la relation avec sa mère, avec son fils qu'il couvre d'une attention sans failles, et malgré cela en univers hostile, le pire est à prévoir ; il est impitoyable avec son beau-fils.., on ne garantit pas de la vie de ce dernier pour un coup de baston supplémentaire, mais le jeune anglais de la lignée Lyndon lui fera subir un sort plus rude encore ..Un tel concentré de haine est à son zénith !..



La langue de l'auteur est superbe, le milieu peint du 18e irlandais et surtout anglais est fantastique. William Makepeace Thackeray: un grand maître anglais à lire.



Le cinéma, la télévision ont requinqué plus près de nous cette oeuvre éblouissante, grâce au génie de Kubrick qui lui a donné une tonalité d'éclairage à la bougie sublime dans ces fonds de campagne ou de bocages anglais et irlandais.
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La Foire aux vanités



je viens de finir ce livre, et la seule chose que je lui reproche, c'est de m'avoir fait mal aux mains, parce que 950 pages dans les mains pendant plusieurs heures, ça crée forcément un problème ... surtout si on ne peut vraiment pas arrêter de lire pour passer à autre chose comme je l'ai fait tant de fois ! Au contraire, on relit certains passages qui sont trop succulentes, alors ...

Dieu que cet homme possédait de délicatesse, de sensibilité, de bon sens et d'humour pour écrire un tel chef d'oeuvre , j'ai lu dans la préface que ce livre l'avait pratiquement "tué" et ça ne m'étonne pas et me rend triste. Merci Mr Thackeray, on vous adore !
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La Foire aux vanités

Voilà un livre qui serait plus lu s'il était deux fois plus court. Il faut un certain courage pour aborder ce millier de pages. Mais le courage est récompensé, car s'il y a quelques longueurs, elles ne sont pas si nombreuses et le voyage vaut le détour.

Thackeray fut longtemps le rival de Dickens, rival malheureux puisqu'il n'eut jamais le succès de celui-ci, sauf quand Stanley Kubrick adapta Barry Lyndon au cinéma.

Roman victorien par excellence, La Foire aux Vanités nous plonge dans le Londres post-napoléonien. Le roman débute d'ailleurs en 1814. Cinq personnages principaux, tous assez médiocres finalement, mais sur des plans très différents, animent une comédie sociale, entre bourgeoisie et aristocratie, en passant par la misère et le foisonnement des domestiques. La figure de Becky Sharp, manipulatrice et séductrice de haut-vol émerge et donne au roman son originalité, qui vient compenser l'abondance de bons sentiments.

S'il fallait comparer La Foire aux Vanités à nos romans français, nous serions entre Balzac et Zola. Mais nous avons affaire à un roman anglais, moins froid que ceux de nos compatriotes. Thackeray se montre nettement moins optimiste que Dickens sur la nature humaine, mais son esprit satirique le rend plus drôle. Tout est vanité; même la littérature...
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La Foire aux vanités

« Vanitas vanitatum, omnia vanitas », « vanité des vanités, tout est vanité », cette locution latine qui ouvre et clôt le Livre de l’Ecclésiaste (partie de la Bible hébraïque) illustre très bien le roman de Thackeray qui d’ailleurs la mentionne dans son texte. Pourtant vanité est un mot qui comporte plusieurs sens. Celui de l’Ecclésiaste doit être compris dans le sens de ce qui est vain, futile alors que l’acception moderne du terme se rapproche plus de la notion d’orgueil. Mais finalement, La Foire aux Vanités met en scène les deux sens même si celui d’orgueil est plus évident.



Thackeray nous présente donc sa foire aux vanités comme un spectacle de marionnettes, il met en scène une multitude de personnages dont il précise bien qu’aucun n’est prépondérant. Pourtant le lecteur en retient surtout un : Rebecca Sharp alias Mistress Rawdon Crawley. Car si l’un des personnages symbolise à lui seul les deux sens du terme vanité, c’est bien celui-là. Rebecca, Becky pour les intimes, est issue du milieu populaire mais sera élevée parmi les jeunes filles de haut rang grâce à un acte de charité. Elle est destinée à devenir gouvernante mais Becky a de bien plus grandes ambitions.

Elle n’hésite sur aucun moyen, n’a aucun scrupule pour parvenir à ses fins. Séduisante, intelligente, rusée et dotée d’un excellent sens de la répartie, Rebecca tour à tour séduit, amuse et agace. Difficile pour le lecteur de se positionner dans ces conditions, on l’aime et on la déteste mais toujours est-il qu’elle ne laisse pas indifférent. Becky n’est pas non plus sans me rappeler un personnage balzacien qui regroupe à peu près les mêmes traits de caractère. Oui Becky me fait un peu l’impression d’être une version féminine de ce cher Vautrin.



« C’est à ma petite cervelle », se disait tout bas Becky, « que je dois d’en être venue où je suis. Du reste, pour rendre justice à l’humanité, il faut avouer qu’elle est bien bête. »



A côté de Becky, évoluent bien d’autres personnages que Thackeray a su dépeindre avec minutie en insistant particulièrement sur leur principal défaut : la vanité. Tous ont ce travers mais l’expriment de façons très diverses. J’ai beaucoup aimé tous ces personnages dans lesquels on retrouve forcément un peu de soi, il est donc difficile de les condamner totalement et on s’attache automatiquement à eux.



Il faut dire que Thackeray fait tout pour faire entrer son lecteur dans la danse … pardon … dans la foire. Il s’adresse directement à lui, lui donnant du « cher lecteur » ou « ami lecteur » , style qu’a employé aussi Charlotte Brontë dans Jane Eyre (dont la deuxième édition est d’ailleurs dédiée à Thackeray). Mais surtout, Thackeray ne lésine pas sur les sarcasmes, tourne en ridicule ses personnages et s’arrange toujours pour nous en montrer ce qui aurait du rester honteusement dans l’ombre. Autant dire qu’on se régale, qu’on s’amuse, qu’on rit et que ce roman est un délice de lecture.



Les chapitres sont assez courts et s’enchaînent rapidement. Selon l’évolution du récit, ils alternent entre plusieurs personnages. Chaque chapitre a un titre qui encourage bien souvent à poursuivre sa lecture avec curiosité. Par exemple :

« Le moyen de mener grand train sans un sou de revenu » ou encore :

« Où le lecteur se trouve introduit dans la meilleure société » mais aussi :

« Charade en action qu’on donne à deviner au lecteur ».



Le contexte n’est pas non plus oublié. Contrairement à de nombreux romans de l’époque qui se contentent de faire évoluer leurs personnages dans un cadre géographique restreint et dans une sphère hermétique aux évènements extérieurs, Thackeray, lui, insère son récit dans l’Histoire et dans le monde. On assiste au retour de Napoléon sur la scène européenne, à la bataille de Waterloo, on vogue des côtes britanniques au continent, France, Belgique, Allemagne mais aussi vers les colonies. Bref, l’auteur ancre son histoire dans une époque et on la sent vivre. J’avoue avoir apprécié d’avoir le point de vue anglais sur la bataille de Waterloo et la période des Cent jours.



Thackeray parsème aussi son récit de quelques digressions consacrées à la critique de la société, à des conseils sur l’éducation des enfants, ou sur comment se comporter en société pour se faire bien voir, sur l’absurdité de la guerre, sur le devoir de charité des plus aisés envers les plus pauvres.



Thackeray m’a parfois rappelé Balzac par son plaisir à piquer là où ça fait mal mais peut-être le fait-il de façon beaucoup plus ironique en utilisant surtout l’humour et le ridicule comme armes :



« Autrement vous pourriez m'attribuer à moi les moqueries dédaigneuses de miss Sharp en présence de ces pratiques de dévotion qu'elle trouve si ridicules, son rire insolent à la vue du baronnet ivre comme le vieux Silène. Loin de là, au contraire, ce rire part d'une personne qui n'a de respect que pour l'opulence, d'admiration que pour le succès. On en voit beaucoup de cette espèce vivre et réussir dans le monde, gens auxquels il manque la foi, l'espérance et la charité. Attaquons-les, mes chers amis, sans relâche ni merci. Il y en a d'autres encore qui ont pour eux le succès, mais chez eux tout est sottise et platitude; c'est pour les combattre et les marquer qu'on nous a donné le ridicule. »



Je vous quitte sur cet extrait en vous conseillant vivement de vous lancer vous aussi dans La Foire aux Vanités. Je sais, c’est un pavé, mais qui se lit très vite et qui nous manque une fois terminé.


Lien : http://booksandfruits.over-b..
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Ivanhoé à la rescousse ! (Rebecca et Rowena)

Si comme moi votre enfance a été marquée par les vieux films hollywoodiens des années 1940 , 1950, comme l' Ivanhoé de Richard Thorpe avec la sulfureuse Elizabeth Taylor en Rebecca, vous comprendrez sans doute pourquoi ce titre m'a interpellée.

Ces classiques hollywoodiens ont cela de pédagogique qu'ils m'ont permis de connaître l'histoire d'ivanhoe sans l'avoir lu et Thackeray sans l'avoir lu. Il était donc temps d'y remédier, et ce court roman me paraissait être parfait pour commencer l'exploration de cet auteur britannique.



Il est vrai qu'il faut aimer l'humour (exercice déjà difficile en littérature), et avoir quand même un minimum de références.



C'est avant tout un exercice de style auquel s'est livré Thackeray avec ce pastiche dans lequel il imagine comment le roman de Sir Walter Scott aurait pu finir. Une véritable fan fiction avant l'heure ! Et l'exercice a été exécuté avec brio !

Dans son épopée, Ivanhoé s'ennuie dans son morne quotidien dans un château du Nord de l'Angleterre avec sa femme si dévote. Mais ouf ! Le départ en croisade est un bon prétexte pour lui échapper et retrouver la Juive qui occupe ses pensées (un blasphème pour cette société qui voit un retour à la dévotion). Le romancier ne lésine pas sur les jeux avec les codes du roman de chevalerie en vogue au XIXème siècle, les répétitions, les juxtapositions, l'outrance y compris dans des scènes solennelles qui en deviennent ridicules. Ce qui est brillant dans ce roman c'est que Thackeray reprend les grands thèmes et motifs de ce type de romans (l'orientalisme, la morale chrétienne, l'amour courtois, les exploits guerriers, etc) mais se les réapproprie pour mieux leur tordre le cou. Ainsi, le portrait du Roi Richard "Coeur de Lion" est plus fidèle aux chroniques du 12ème siècle, et il n'a rien d'une figure idéalisée...c'est un Plantagenet parmi d'autres, obsédé par la guerre. Ainsi, tout en ne se prenant pas au sérieux en apparence , on le voit à travers les nombreuses interjections au lecteurs, aux références à d'autres romanciers prolifiques du XIXème comme Dumas, ou les hyperboles, à aucun moment le lecteur ne remet en cause l'érudition de son auteur.



C'est aussi un texte que j'ai trouvé très moderne pour l'époque car il donne une place judicieuse aux personnages féminins. Dans la version originale, le titre est d'ailleurs "Rebecca and Rowena", la femme dont Ivanhoé rêve et celle qu'il a épousé. Mais "l'étrangère" fait preuve d'un esprit peu commun pour un personnage du XIXème, sans être malicieuse ou manipulatrice.



De quoi me donner envie de lire d'autres romans de William Thackeray.
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La Foire aux vanités

Il n'y a pas grand chose à en dire : quand c'est parfait, c'est parfait.

Brodons un peu, tout de même, puisque nous sommes là pour ça. Il s'agit d'un des grands romans de la littérature anglaise du XIXème. Si vous aimez Middlemarch, lancez vous sans hésiter. Vous y trouverez intrigues, amours, mariages et déconvenues. J'aime le travail de l'auteur sur les différents personnages. Il a su leur donner un caractère, une âme, un souffle de vie, tout simplement.

Le petit plus ? Les apartés de l'auteur où il nous propose avec verve et humour son point de vue sur l'évolution de la situation. Le petit moins ? Une fin qui traine un peu en longueur selon moi (le voyage en Allemagne).

Je vous quitte avec un citation qui retrace bien l'ambiance de cette oeuvre et qui, je l'espère, vous donnera envie de vous y plonger :

"Quand le nouvelliste, en mariant son héros et son héroïne, leur a fait faire ce qu'on appelle le grand saut, il tire en général la toile sur ce tableau. Eh ! mon Dieu ! le drame est-il donc fini ? Les soucis et les luttes de la vie respectent-ils cette limite ? En un mot, ne trouve t-on plus que des objets couleur de rose sur les terres du mariage ? Doit-on croire que la femme et le mari n'aient plus alors qu'à gagner paisiblement, au milieu des plus douces étreintes et des plus ineffables jouissances, le terme de leur vieillesse ?"
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Mémoires d'un valet de pied



Le dénommé John Herbert Sigismond Fitz Roy de la Pluche est domestiques mais un domestique soucieux de son rang. Il sert tout d’abord chez Altamont qui se révèle exercer un métier tout à fait honorable mais en bas de l'échelle. Lorsqu’il l’apprend, John décide de le quitter et de ne s'engager désormais qu'auprès de gentilshommes. Il devient ainsi le valet de pied de l'honorable Hector Percy Cinqpoints dernier fils d’un comte et pair.

Cependant ce gentilhomme est désargenté et gagne sa vie en trichant quelque peu au jeu et en ne payant pas ses dettes. Ayant réussi “un bon coup”, il quitte l’Angleterre et ses créanciers et s’installe à Paris où il se met en quête d’une héritière. Mais dans cette chasse il se trouve avoir affaire à son propre père à qui il a eu le tort de refuser un prêt. Le tout toujours à travers le regard de John. On se bat avec les pires armes et sans le moindre scrupule quant à la parenté ou tout autre X mais toujours avec une parfaite élégance dans le langage. Ce contraste entre les paroles et les actes créé un humour irrésistible. Comme l’est celui entre l’apparente parfaite correction de John et ses indélicatesses. Ainsi lit-il un courrier qu’il doit porter pour s’assurer que l’on ne s’est pas trompé d’adresse. Et ce n’est qu’un des multiples exemples de sa roublardise.

C’est jouissif, aristocrates, femmes, domestiques,... Chacun est X sous la plume virulente de Thackeray.

Une lecture qui n’occupera que quelques heures et qui me paraît parfait pour égayer un jour de pluie.

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La Foire aux vanités, tome 1

Pour ce premier tome de la Foire aux vanités, on est un peu pris de court avec l'auteur, le style qu'il emploie nous surprend. On se croirait entrain de papoter avec un ami qui nous fait des potins les plus drôles. Et pour un début de lecture, ça parait amusant, agréable. L'atmosphère est tellement hilare que même notre héroïne ne sombrera du tout dans le chagrin une fois que son premier plan de mariage échoue...ce n'est qu'une partie remise. Un livre qui promet beaucoup de rigolade!

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La Foire aux vanités

Vous en avez assez des héroïnes au cœur pur, romantiques et tendres, délicates petites violettes se pâmant pour une rose, une valse et le feu des yeux d'un beau ténébreux?

Vous êtes las des colombes effarouchées, des rêveuses qui songent "aux histoires d'avant, d'honneur et de grands équipages où les bons sont habillés de blanc" (vous l'avez?)?

Si vous en êtes, alors "La Foire aux Vanités" devrait vous plaire! Regardez-la qui arrive, la jolie brune au charme ambigu... Méfiez-vous, elle vous a remarqué... et Messieurs, elle est comme la rose: belle mais piquante!

Elle, c'est Becky Sharp. Cette jeune fille qui lui tient le bras, beauté blonde et éthérée, c'est son amie Amelia Sedley. Elles viennent de quitter le pensionnat et sont prêtes à se lancer dans le monde impitoyable de l'Angleterre des années 1800. Si la seconde a une famille et du bien, il n'en va pas de même de la première: fille d'un artiste déchu et d'une danseuse française, elle n'a rien. Sauf de la volonté. De l'ambition. Du culot. Ce qu'elle souhaite? La richesse. Le pouvoir. Une position sociale.

Son ascension commence maintenant grâce à l'amitié de la généreuse Amelia qui a invité son amie à séjourner chez ses parents en attendant que Becky n'aille prendre son poste -ô combien ingrat- de gouvernante dans une famille bourgeoise.

C'est qu'Amelia a un frère voyez-vous... Il n'est ni très beau, ni très finaud mais il a des espérances... Tout pourrait aller très vite, mais les parents Sedley veillent au grain et n'ont pas vraiment d'affection pour la petite arriviste dont s'est entichée leur fille chérie...

Et ce n'est que le début... mais si vous restez plus longtemps à la foire, vous rencontrerez les comparses de nos deux amies: le ténébreux capitaine Dobbin -qui frôle parfois le ridicule-, George Osborne, jeune premier un peu fat, le tribu Crawley de l’inénarrable Sir Pitt à Rawdon. Ces personnages vont passer leurs vies à se croiser, de détester, s'aimer. A vivre et à tenter de faire leur chemin dans l'incroyable bazar qu'est l'existence.

Oh non, non! Ne partez pas! Ce roman n'est pas un pensum moralisateur et ennuyeux. Grands dieux, non! Il est caustique, cruel, ironique et fait une peinture sans concession de la société anglaise, il fait réfléchir mais il est aussi tellement, tellement drôle, profond, rythmé. En un mot comme en cent: il est complètement réjouissant! Un délice!

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La Foire aux vanités, tome 2

Le deuxième tome est le moment de la récolte. En effet, les personnages récoltent ce qu'ils ont semé dans le premier tome par rapport à leurs actes. Et, il n 'y a pas que de la vanité, il y a aussi de la modestie en pensant évidemment à deux personnages Amelia et Dobbin qui ont gardé la pureté de leurs sentiment...
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Mémoires de Barry Lyndon

Ce livre est bizarre. Barry Lyndon, qui porte ce nom après son mariage avec la veuve Lady Lyndon, riche, est assez pénible. Malgré tout on lui pardonne ses frasques et sa haute opinion de lui-même car il ne cache rien de ses actes les pires comme les meilleurs. Parmi les meilleurs il y a son amour pour son fils. Dans les pires son côté calculateur et son ambition. Il est prêt à tout pour être reconnu mais il avoue tout ce qu'il déploie pour arriver à ses fins. J'ai eu un peu de mal à continuer la lecture après son mariage mais après la naissance du petit c'est devenu plus fluide. L'écriture quant à elle est très belle.
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La Foire aux vanités

Voici un classique que j'ai pris plaisir à lire plus jeune. Je me souviens du jour où un prof de littérature nous a sorti cette brique et nous a dit : voilà l'oeuvre que vous devrez lire pour ce cours !!! Vous pouvez être certain que nous avons tous criés au scandale, comment pouvait-il nous demander ce volume impressionnant dans un semestre... et bien, le mandat fut rempli !!! Et en plus, je me souviens combien les pages se tournaient facilement et rapidement !!!

Un roman rempli, très dense, un brin (!) satyrique... Une belle grande fresque d'une époque victorienne de conventions et guindée. Un classique très intéressant !
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La Foire aux vanités

Le fait que William Makepeace Thackeray naisse à Calcutta en Inde peut être vu comme un pur hasard ou comme un signe du destin. En effet toute la "philosophie" qui sous tend La Foire aux vanités est un avatar du Boudhisme, me semble-t-il. Mais n'est pas Siddartha Gautama qui veut et aucun de nos héros victoriens empêtrés dans leurs illusions n'atteindra l'Eveil !

Ce que Thackeray veut montrer (et non démontrer) dans son roman c'est l'universalité des passions qui conduisent les Hommes. Et parmi celles ci la vanité (un des cinq "poisons" du Boudhisme qui nous empêchent de voir la réalité en face) semble bien mener les humains dans un univers lui même mené par une force aveugle et cyclique. J'entends "vanité" au sens biblique du mot , pour l'autre définition la prétention suffisante , Joe Sedley un acteur de la Foire aux vanités nous en offrira un bel exemple. Car il est temps de redescendre sur terre et de laisser là ces , peut-être, fumeuses élucubrations comparatives !



Donc l'Angleterre du début du 19e siècle. Un milieu aisé de commerçants enrichis, de petits aristocrates, d'officiers incultes, bref la "gentry". le moteur de cette société c'est l'argent. Pour paraître. Pour se faire présenter à la Cour par exemple. Pour jouer au jeu des sommes folles que nous n'avons pas. Paraître. Pour acheter les plus beaux chevaux , pour inviter les Lords du Parlement, pour son train de vie : domestiques,chasses,vins de Bordeaux. Paraître encore et toujours. Vanité, vanités.

C'est dans ce milieu que l'auteur va lâcher deux petites jouvencelles tout juste sorties du pensionnat de Miss Pinkerton : Miss Amelia et Miss Rebecca.L'une, douce et aimable, riche de potentialités au propre comme au figuré car fille d'un riche négociant de la City, l'autre , Rebecca, est une orpheline sans le sous, douée d'un caractère à l'opposé de son amie. On dirait aujourd'hui qu'elle a les dents qui rayent le parquet . A priori leur destin semble tracé. Pour l'une un riche mariage pour l'autre au mieux une place de gouvernante. Mais la roue tourne, Shiva fait danser le Monde. Rebecca l'orpheline se hissera par le mensonge et la rouerie dans les hautes sphères de la société d'où la chute n'en sera que plus dure. Notre douce Amelia, si bonne et un peu godiche avouons le,expérimentera le trajet inverse. Pour les âmes sensibles, sans dévoiler les péripéties, je peux annoncer cependant une happy end !

Autour de ces deux héroïnes s'agitent de beaux monstres , la plupart passant la plus grande partie de leur temps à la recherche d'argent, le moteur indispensable pour paraître. Certains courent les dots, d'autres supputent leurs chances d'hériter de leur vieille tante. Un monde à la Hogarth.

Thackeray a la verve jubilatoire. L'ironie et le sarcasme, l'humour aussi, sont omniprésents. La Foire aux vanités est présentée par l'auteur dans une courte préface comme un théâtre dont lui même manipulerait les acteurs ; et il s'en prive d'autant moins qu'il intervient souvent dans le roman . Bref c'est Dieu himself. Plus encore que son intrigue somme toute minimaliste le roman m'a captivé par le côté "Choses vues". L'histoire est en phase avec L Histoire. Thackeray est peintre quand il nous montre les préparatifs de la bataille de Waterloo, quand il nous décrit la campagne anglaise, quand il consacre plusieurs pages merveilleuses à l'embarquement de la bonne société sur le "ferry" pour la Hollande sur lequel , déjà , on embarquait les voitures....à chevaux ou quand il nous ressuscite l'atmosphère d'une petite cour princière allemande.

J'ai lu ce livre dans sa première traduction française du 19e siècle (Georges Guiffey). Il paraîtrait qu'une nouvelle traduction plus moderne existât. Dans celle ci (Folio) le préfacier Sylvère Monod met précisément en garde contre les archaïsmes typiques 19e de Georges Guiffey. Bof...je peux vous assurer que cela ne m'a point gâté mon plaisir !

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