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Critiques de William Shakespeare (1638)
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Othello

Othello, le Maure de Venise. Dès le titre, Shakespeare introduit le thème de la différence - et de sa perception - qui régit une grande partie de la pièce.

Mais qui est Othello exactement ? Ou plutôt, quelle image nous donne-t-on d'Othello ?

Othello est un général - venu d'Afrique du Nord, donc - crédule et aveuglé par le cocon, son second "chez lui" qu'il s'est créé avec son amour pour Desdémone au retour de batailles contre l'empire ottoman. A la différence de l'homme idéal de l'époque élisabéthaine - qui est bien sûr Anglais et protestant - Othello est un homme faible, car il se laisse guider par ses passions - faute qui chez le Barde mène toujours à une fin tragique.

D'un point de vue plus personnel, j'ajouterai qu'Othello n'est pas un personnage sympathique, non pas à cause de sa "faiblesse" mais car c'est un personnage sans grand relief qui se cache derrière la question de l'honneur et de ses exploits militaires pour ne pas montrer qu'il s'aime lui plus que tout autre chose - ou personne.

C'est grâce à cette faille narcissique que Iago, vexé de ne pas avoir eu le poste qu'il convoitait, réussi peu à peu à manipuler le Maure.

Dans cette pièce qui a de fortes ressemblances avec Roméo et Juliette (dont je ne suis pas une grande fanatique..), c'est bel et bien Iago qui donne toute sa saveur à l'intrigue. Il met en avant tout ce qui "gêne" dans l'homme (la fourberie, l'envie, la rancœur, l'orgueil) mais qu'on préfère taire. Shakespeare lui donne, en quelque sorte, le rôle qu'ont les fous dans ses autres pièces : celui de révélateur, de miroir du genre humain.

Tout l'intérêt de la pièce se trouve dans les stratagèmes dont Iago use (et abuse!) pour installer le doute de façon permanente dans l'esprit d'Othello. Pour cela il passe par des arguments et scénarios parfois invraisemblables, mais qui répétés deviennent vérité ; il en vient même à se lamenter du fait que les bonnes intentions ne sont jamais récompensées. Au final, cette séduction par le discours rend Iago indispensable pour Othello car il se met en position d'être le seul qui puisse le comprendre. En cela on peut aussi voir la modernité de l’œuvre de Shakespeare, car depuis quelques années c'est bel et bien ce que décrivent les psychologues lorsqu'ils parlent des pervers narcissiques.



Comme le Tartuffe de Molière, Iago se pare des masques de l'honnêteté et de la loyauté et nous montre à nous lecteurs/spectateurs que les mots, comme les apparences, peuvent être trompeurs et des armes bien affutées pour tromper.

En dehors de la vision simpliste de l'Autre pendant la Renaissance anglaise avec le noir contre le blanc (Othello contre Desdémone) et toutes les associations encore plus simplistes qui y sont associées ; Shakespeare a tout de même su montrer la difficulté de rencontrer l'Autre avec ses différences et la méfiance qu'elle engendre. Paradoxalement, il nous montre Othello croyant dur comme fer aux pouvoirs mystiques du mouchoir mais demande d'abord des preuves "visibles" de la trahison de Desdémone. Une fois de plus, cette faiblesse se retournera contre lui...



Même si je n'ai pas trouvé cette pièce génialissime, on y trouve quand même tout le talent de Shakespeare qui sait définir ce qui fait l'être humain quelle que soit l'époque - et dit avec une langue superbe, bien que la traduction d'Yves Bonnefoy, beaucoup plus ampoulée que celle du Barde de Stratford ne rende pas cette dimension.

Et surtout, ce contre quoi Shakespeare nous met en garde une fois de plus : les "coups de sang" et l'impatience qui peuvent amener l'être humain à perdre en une fraction de seconde ce qu'il avait mis beaucoup de temps à construire.
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Hamlet

Oh, combien d'encre a déjà fait couler cette superbe oeuvre de Shakespeare et combien de larmes ont été versées pour elle, je n'ose l'imaginer.

Aussi, je ne prétendrai pas à faire une critique que vous n'auriez pas déjà lue probablement des dizaines de fois, ni même apporter des éléments nouveaux que vous ne sauriez déjà mais sachez seulement que cette pièce, que j'avais déjà lu lorsque j'étais à la fac (il y a donc dix ans de cela), je l'ai relue et la relirai probablement encore avec autant de plaisir. Certes, il s'agit là d'une tragédie (donc, comme ce nom l'indique, rien de très réjouissant) mais quelle poésie dans ces vers, quelle beauté dans cette folie douce amère dont se croit atteint le prince du Danemark, le jeune Hamlet.



Est-il fou ? Je ne le pense pas...il a vu un spectre, celui de son père assassiné par son oncle mais qui n'a jamais ressenti pas la présence à ses côtés d'un être cher récemment disparu, et qui plus est, dans des conditions plus que douteuses. Je ne pourrai pas affirmer n'avoir jamais éprouvé ce sentiment-là, ou du moins avoir eu envie de croire. Le spectre révèle donc à son fils comment son propre frère (dorénavant nouveau Roi du Danemark étant donné qu'il a aussi pris sa place dans les couches de la Reine Gertrude, à peine deux mois après sa mise en bière) s'y est pris pour l'assassiner et réclame vengeance !

L'esprit d'Hamlet est donc torturé, il est vrai, mais qui ne le serait pas après une révélation pareille ? Que doit-il faire ? Prendre l'épée et faire à nouveau couler le sang ? De son côté, le Roi, Claudius, pressentant le danger fait tout pour éloigner Hamlet du royaume du Danemark afin de préserver sa place sur le trône.



Hamlet se retrouve donc seul face à son destin car, bien que la présence de ce spectre au château lui ait été révélée par trois gardes et par son ami Horatio, sur qui d'autre peut-il réellement compter ? Qui le croira ? On le prendra pour fou (et lui-même s'amusera à jouer de cette folie) et cela arrangera bien les affaires de son oncle ou d'autres qui seraient tout autant avides de pouvoir que lui et qui ont voué leur cause à Claudius, car, comme chacun le sait, le premier ministre (pour ni citer que lui) se doit d'être fidèle à celui qu'il sert et lui vouer sa dévotion la plus grande.



Je n'en dirai pas plus en ce qui concerne l'intrigue car je pense encore une fois que je ne vais faire que répéter ce qui a déjà été dit moult et moult fois mais j'insiste sur le point que cet ouvrage, bien qu'il s'agisse d'un drame dans lequel beaucoup de sang coulera, est de toute beauté. A lire et à relire sans faute !



Ah oui, j'oubliais de vous préciser que la raison qui m'a poussé à relire cette pièce est que, faisant parti d'une modeste troupe de théâtre, notre professeure a décidé de nous faire monter sur scène pour interpréter...Hamlet. Que de grandes ambitions, n'est-ce pas ? Je ne sais pas si nous serons à la hauteur mais au moins, j'aurais pris énormément de plaisir à travailler sur ce texte !

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Henri VI, tome 2

Les parties d’Henry VI sont des boules qui roulent dans différentes directions.

Lol, désolé pour le jeu de mot vaseux ; j’écoute trop les Grosses Têtes.

Ce que je veux dire, c’est autant j’ai détesté la première partie, autant là j’ai trouvé ça excellent.



Au niveau du talent théâtral, on n’est pas encore au summum. Pourtant, Shakespeare glisse quelques scènes humoristiques au milieu de ce Game of Thrones dramatique qu’est la cour d’Henry VI. Il n’invente rien. La réédition que je possède est celle de François-Victor Hugo qui clôture les pièces de monceaux de notes. En particulier, on trouve les textes correspondant aux scènes dans les chroniques historiques de Hall ou de Holinshed. L’auteur habille le texte historique et fait rire avec cet habit. Par exemple avec cette scène de duel entre un armurier et son apprenti, le second accusant le premier de trahison. L’armurier est sûr de vaincre mais se soûle avec ses voisins avant le combat, permettant à l’apprenti terrifié de vaincre.

Shakespeare parvient aussi à faire rire – jaune – avec la rébellion de Jack Cade. Un type qui mène des troupes de pauvres diables, très populiste genre Pol Pot , satisfaisant l’envie de ses hommes de massacrer les intellectuels (il suffit de savoir écrire) et songeant à la couronne.



Mais l’intérêt principal de la pièce est dans la chronique de ce prélude a la guerre des Deux Roses – une période sur laquelle on a peu écrit en France. J’ai appris plein de choses, du coup. Les combines pour faire tomber le lord Protecteur Humphrey de Glocester. L’ambition de Suffolk et son amour partagé pour la reine Marguerite d’Anjou (était-ce vrai, ou est-ce de la romance théâtrale, je ne sais). L’organisation du clan York autour du duc Richard, qui bat les troupes du roi à la première bataille de Saint Albans (1455). Et surtout, la vision d’un roi aux antipodes de son père, guère batailleur, peu porté à l’exercice du pouvoir, pieux en diable, laissant les mauvaises herbes des complots se développer à loisir autour de lui.



Le Shakespeare de Henry V retrouvé. Ravi, je suis by Jove.

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Macbeth

Une critique sur Macbeth? Non, que peut-on ajouter sur un « classique » qui a fait l’objet de tant de discussions et de thèses ?



Mais juste dire que même si l’œuvre date du début du 17e siècle et malgré que ce soit du théâtre, le texte est accessible. Bien sûr, il faut un peu d’imagination pour les costumes et les décors…



Macbeth, c’est une histoire de meurtre et de trahison. S’il est moins fréquent aujourd’hui qu’on fasse égorger ses amis, il n’y a qu’à jeter un œil sur la scène politique pour voir d’anciens partenaires aux prises avec des tentatives d’assassinat médiatiques…



Une critique sur Macbeth? Non, j’aurais trop peur que les spectres des sorcières du destin viennent me hanter…

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Hamlet - Macbeth

Hamlet est très certainement la pièce de théâtre la plus célèbre et mythique de Shakespeare. Une nouvelle fois, j'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ce texte si poignant. L'histoire vous la connaissez tous. Je ne vais pas m'attarder sur cette dernière. Hamnet était le petit garçon de Shakespeare, emporté par la maladie alors qu'il n'était qu'enfant. le tragédien en a beaucoup souffert. Il y a très certainement, ne serait ce que dans le titre, une intention d'inscrire une part de cette blessure dans son texte. Ce fantôme, père de Hamlet, roi assassiné par empoisonnement par l'oncle de Hamlet. Cette mère, qui deux mois seulement après la mort du roi, se marie avec le régicide. L'amour impossible entre Ophélie et Hamlet, la tragédie inévitable pour ces deux personnages. Certains passages sont parmi les plus universels de la littérature du XVIIème siècle. Au final, après m'être plongé dans la lecture de Macbeth, du Roi Lear et de Hamlet, je puis vous dire que mon texte préféré fût celui de Macbeth. C'est très subjectif bien évidemment.
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Macbeth

Ayant vu de nombreuses adaptations au cinéma et pour la dernière d'entre elles, sur Apple TV, avec une interprétation phénoménale de Denzel Washington en Macbeth et Frances McDormand en Lady Macbeth, il me fallait me confronter au texte originel. Shakespeare et son Macbeth ont une portée universaliste et même psychanalytique avant l'heure. Mettre une note à une oeuvre telle que celle là est un peu présomptueux. Qui sommes nous pour juger une pièce de théâtre ayant atteint un degré tel de reconnaissance, qu'elle en est devenu proverbiale. Connu de tous et cela dans toutes les cultures du monde. Macbeth fût écrit en 1606 mais sa première représentation eût lieu en 1611 au Globe, le théâtre de Shakespeare. L'histoire nous la connaissons tous avec le crime absolu d'alors, le régicide du roi Duncan par Macbeth dont le poison mortifère et la folie assassine fût inoculé par l'influence de Lady Macbeth. Macbeth voit son rêve fou d'être couronné roi d'Ecosse se réaliser. Les sorcières lui ont promis ce titre dans leurs visions. Mais seulement, Macbeth n'aura point de descendance, tel est le prix à payer. Figure du tyran absolu, être sanguinaire, cruel et sans scrupule, Macbeth incarne tout ce que l'Angleterre shakespearienne exècre. La mythologie shakespearienne est tout entière incarné par cette tragédie "Macbeth" qui fût à l'histoire du XVIIème siècle et après, l'équivalent des textes mythologiques grecs durant l'Antiquité.
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Roméo et Juliette

Si j'avais déjà lu des oeuvres de Shakespaere, j'ai tardé à découvrir Roméo et Juliette, drame qui est souvent cité comme un modèle d'histoire d'amour, mais qui n'est peut être pas aussi bien connu que cela. Roméo et Juliette dans l'imagerie populaire semble être l'archétype de la passion amoureuse, au point que les prénoms de Roméo et Juliette sont galvaudés. Certes ces deux jeunes gens sont amoureux, ou plutôt ils connaissent le coup de foudre, mais leur idylle est très brève, ne vivant que quelques jours, et les protagonistes sont très jeunes, Juliette n'a pas encore atteint l'âge de 14 ans. Quel aurait été la valeur de cet amour inscrit dans la durée? Ce qu'il faut surtout retenir de ce drame, c'est la tragédie née de la haine de deux familles, qui conduit au tombeau plusieurs jeunes gens. Oeuvre trop souvent (mal) citée, Roméo et Juliette n'est pas ma pièce préférée de William Shakespeare... Je lui préfère de loin "Le roi Lear".
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Le roi Henri IV, tome 1

Voici donc enfin l’histoire de la vie d’Henry IV roi d’Angleterre.

« Coupez ! On la refait. »

Voici l’histoire des tribulations du prince de Galles Henry, futur Henry V, et du maître de la pantalonnade sir John Falstaff.



C’est vrai quoi ! C’est quoi ce titre qui nous fait croire que l’on va détailler la vie du papa d’Henry V alors qu’en fait on veut nous raconter les premiers soubresauts de la vie d’adulte du fiston ? Henry IV est très effacé dans cette pièce, à peine un faire-valoir. Il prenait davantage de place dans Richard II, alors qu’il n’était encore que Bolingbroke.

La pièce entrecroise deux sujets : d’une part la révolte de la famille Percy, associée aux Gallois de Glendower et aux Écossais de Douglas, contre le roi Henry IV, et d’autre part les frasques du jeune prince de Galles et de son bon compagnon Falstaff. Selon moi, elle est beaucoup trop déséquilibrée au profit du second sujet. Ce sont un peu les interludes comiques qui prennent le pas sur la narration de l’Histoire. Richard II – qui présentait aussi des éléments de comédie – était nettement mieux équilibrée.



La partie historique est très intéressante. Elle évoque un pan méconnu de l’histoire d’Angleterre. On se rend compte que pendant la guerre de Cent Ans, la France n’était pas la seule à devoir faire face à des conflits internes tels qu’Armagnacs contre Bourguignons. L’Angleterre avait son lot de révoltes et la coalition autour de Henry Percy alias Hotspur (« éperon chaud ») était sacrément dangereuse pour Henry IV. Ce dernier est devenu roi au culot car il n’était pas le premier dans l’ordre de succession, et visiblement il a manqué de jugement et réussi à se mettre à dos ceux-là mêmes qui l’avaient mis sur le trône. Il est également intéressant de voir qu’à cette époque le pays de Galles pouvait encore se révolter contre l’Angleterre (pour l’Écosse c’est plus connu). Je pensais qu’il était « pacifié » depuis longtemps. Ce Glendower (ou Glyndwr) était visiblement un personnage, bénéficiant à l’époque de Shakespeare d’une aura légendaire de magie celtique.

Le dernier acte est consacré tout entier à la bataille de Shrewsbury qui verra la victoire de Henry IV. Je crois que je n’avais jamais lu une bataille menée au théâtre avec autant de brio. Cela devait être impressionnant sur scène.



L’autre partie tient beaucoup plus de la farce. Le prince de Galles est un fêtard farceur on ne peut plus éloigné du roi implacable qu’il deviendra tel qu’il nous est montré dans le film Henry V de Kenneth Branagh ou la série BD Le Trône d’argile. Mais le véritable bouffon gras et aviné est Falstaff qui nous vend des tonnes de mythomanie. S’il est souvent drôle, souvent aussi son humour m’a complètement échappé. Son personnage éclipse tous les autres, prend beaucoup trop de place, un vrai coucou. Réduite, ses interventions auraient apporté la respiration nécessaire à une pièce historique. Ici elles ont tendance à l’étouffer au contraire.



Un ressenti mitigé au final. Je me demande ce que me réserve la deuxième partie.

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Richard II

Bon j’attaque les choses shakespeariennes sérieuses : ses pièces historiques ; pas dans l’ordre d’écriture mais dans celui de la chronologie de l’Histoire (j’ai déjà lu Le Roi Jean il y a deux ans, donc il est hors-jeu).



Avec Richard II, Shakespeare début la série sur la Guerre de Cent ans. Soucieux de réalisme historique ou, plus probablement, cherchant la péripétie susceptible de fonctionner dans une pièce de théâtre, il s’appuie beaucoup sur les écrits de son contemporain (quoiqu’un peu plus âgé) le chroniqueur Raphael Holinshed. Dans la publication française qu’en a faite François-Victor Hugo ‒ récemment remise au goût du jour dans une belle édition et que j’ai le plaisir de lire ‒ le traducteur décrit dans ses notes les scènes directement adaptées des chroniques de l’historien anglais. Et il y en a beaucoup ; un seul exemple : la scène de préparation du duel judiciaire qui voit s’affronter Bolingbroke et Mowbray (acte I, scène 3).



La pièce peut se décrire comme une balance pesant le destin du roi Richard, fils du Prince Noir. Le premier plateau montre à travers les deux premiers actes un roi glissant rapidement vers l’absolutisme. D’une manière qui ne semble naturelle qu’à lui est à ses courtisans, il interrompt le duel judiciaire entre Bolingbroke et Mowbray et les exile tous les deux. Il se voit accusé du meurtre de son oncle le duc de Gloucester par son autre oncle Jean de Gand (père de Bolingbroke). Quand ce dernier décède, le roi s’empare de ses biens pour « financer sa guerre en Irlande ». Floué de son héritage, Bolingbroke revient en Angleterre accompagné d’une armée. Son but n’est pour l’instant que de récupérer ses terres.

Dans l’acte III, on voit Richard souffrir de l’abandon de ses troupes et de l’aristocratie au profit de Bolingbroke. Le deuxième plateau de la balance montre sa déchéance. Le Parlement le déchoit ; Bolingbroke devient roi sous le nom de Henry IV. Richard a droit à de longues tirades pathétiques ou, sous couvert de s’accuser lui-même de ne pas avoir été à la hauteur, il accuse cyniquement ceux qui l’ont mis à bas d’avoir commis un sacrilège en renversant un roi choisi par Dieu. Il finit assassiné sur l’ordre implicite de son successeur (Shakespeare adopte ici une des théories qui s’opposent sur la fin de Richard).



Finalement, l’intérêt réside moins dans la pièce elle-même – qui réserve bien sûr de bons moments – que dans sa réception (ici, je m’appuie sur la préface de Margaret Jones-Davies). A l’époque où elle est conçue, la reine Elisabeth 1ere est vieillissante, sans héritier. La monarchie est moins prête qu’avant à entendre parler du renversement d’un roi choisi par Dieu, fût-il despotique. La censure passera par-là. En revanche, le républicain François-Henry Hugo y voit le procès de la royauté, comme si Shakespeare était une sorte de révolutionnaire avant l’heure. Margaret Jones-Davies tempère. Pas question de voir la libération du peuple ici. Au contraire d’un procès de la royauté, il s’agit d’un procès contre un homme qui a, par ses actes despotiques, porté préjudice à une fonction fondamentale et d’origine divine. Le fait que la pièce montre cette fonction royale passer sans heurt de Richard à Bolingbkoke, abandonner l’infâme pour s’incarner à nouveau dans un corps noble, va dans ce sens.



Richard II était-il le monstre décrit ici ? André Maurois dans son Histoire d’Angleterre dresse un portrait plus mitigé, peut-être à cause du fait que Richard a tâché de faire la paix avec la France, francophilie inadmissible pour Albion. Georges Minois, dans sa Guerre de Cent Ans, insiste pour sa part sur les rapports exécrables entre Richard et le Parlement. On a l’impression d’assister à une lutte entre un monarque qui voudrait faire plier ses vassaux et se diriger vers l’absolutisme et la révolte de ces vassaux qui tiennent à leur morceau de pouvoir. Le peuple n’a rien à espérer de particulier d’un côté ou de l’autre.



Cette multiplicité d’interprétation qui amène plus de questions que de réponses n’est pas pour me déplaire. Shakespeare prouve, s’il était besoin, que le théâtre est un excellent support pour apprendre l’Histoire, à condition d’être expliqué.

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La Tempête

Créée en 1611, la pièce ne connaîtra pas d’édition du vivant de Shakespeare, mais elle figurera en tête dans le fameux Folio du 1623, qui rassemblait pratiquement toutes les pièces du dramaturge, et dont la qualité fait une source majeure pour l’oeuvre de Shakespeare. Cette pièce est par ailleurs généralement considérée comme la dernière de son auteur, ce qui lui donne un statut et une résonance particulière. D’autant que les spécialistes n’ont pas identifié de sources dont Shakespeare aurait pu s’inspirer pour sa pièce : il s’agit donc d’une création sortie complètement de son imaginaire.



Prospéro, le duc de Milan a été détrôné par son frère, Antonio, avec l’aide d’Alonso, roi de Naples. Parti sur un bateau, il se trouve avec sa fille Miranda, dans une île inhabitée. Prospéro est magicien, et lorsque Alonso et Antonio, en voyage, se trouvent à proximité de son île, il déclenche une tempête, qui va les obliger à s’y rendre. Grâce à sa magie, aidé par une esprit qu’il a asservi, Ariel, il va se faire rencontrer Ferdinand, fils d’Alonso et Miranda, qui comme il l’a prévu, tomberont amoureux. Ariel fait échouer la tentative d’Antonio et de Sébastien, frère d’Alonso, de tuer ce dernier. Par ailleurs, il empêche également une tentative d’un autre esprit, Caliban, qui a poussé deux marins à tenter d’assassiner Prospéro. Le magicien se découvre, pardonne à son frère et à Alonso, le mariage entre Miranda et Ferdinand est décidé, et Prospéro rentre récupérer son duché, et jette ses livres de magie.



Une intrigue au final très simple et linéaire, même si le personnage de Caliban apporte quelques péripéties un peu à la marge de l’intrigue principale. L’ensemble de l’action se déroule sur la même durée que la durée de la pièce, les événements antérieurs étant racontés par Prospéro à Miranda, qui ne les connaissait pas à cause de son jeune âge.



Dernière pièce, écrite alors que Shakespeare s’était retiré de Londres, elle a souvent été considérée comme son testament. L’identification entre l’auteur et son personnage principal a souvent aussi été avancée : Prospéro est un démiurge, mais aussi un auteur et un dramaturge, qui met en scène les événements, les observe des coulisses, fait intervenir Ariel, et décide du déroulement des actions, qui vont amener à la conclusion qu’il a décidé. Il n’est pas exempt de défauts : parfois colérique, il a une part de responsabilité dans la perte de son duché, dont il ne s’occupait pas, obsédé par l’acquisition de pouvoirs magiques.



L’île de Prospéro est un lieu hors du temps, hors de l’histoire, en dehors du fonctionnement habituel du monde. La venue des visiteurs, d’un groupe, de la société, va remettre les personnages, Prospéro et Miranda dans le monde, dans le mouvement, dans une temporalité. Dans une identité sociale également. Dans la scène 2 du premier acte, Prospéro dit à Miranda « ma fille, qui ne sais pas ce que tu es ». C’est la présence, le regard des autres, qui va donner à Miranda son identité, et qui va susciter la mémoire, le souvenir, d’une histoire, de vies, d’existences inscrites dans une durée, avec des événements qui se sont déroulé et qui vont recommencer à se dérouler.



L’île est le monde de l’intime, du « en soi » , d’un retrait du monde, dans lequel il n’y a pas besoin de se définir, c’est la présence et le regard des autres qui permet ou qui oblige à se situer par rapport à eux, à se donner une identité sociale, et une histoire. La venue du groupe permet la restauration d’un ordre transitoirement troublé, et la remise en route de l’horloge. Prospéro et Miranda repartent vers leurs vies antérieures. Pas tout à fait les mêmes, puisque Prospéro brûle ses livres, ne voulant pas recommencer la même erreur.
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Macbeth

Quand l'agneau devient le loup !

Et ce, poussé par trois sorcières et une épouse ambitieuse …

Tout un programme !



Mais...



Ne comptez pas sur moi pour analyser cette pièce de Shakespeare, ni aucune autre d'ailleurs. Il me manquerait bien trop d'éléments de connaissance et de points d'appuis.

Ne me demandez pas si j'ai aimé ce texte C'est tellement difficile d'apprécier un texte théâtral lorsqu'il est simplement lu. Le théâtre se joue, avant tout !

N'espérez pas non plus que je vous dise si la traduction que j'ai lue (celle de Letourneur, le premier à avoir traduit Shakespeare) est satisfaisante car là non plus, je n'ai guère de références, n'ayant pas étudié les autres traductions.



Bref, je me demande bien pourquoi j'écris cette critique car je ne me sens pas l'étoffe de le faire.



Si tout de même, j'ai une chose à dire ! J'aimerais être anglaise pour pouvoir savourer pleinement les textes shakespeariens !





« I am a feather for each wind that blows. » Rien que pour cette citation du célèbre dramaturge, je suis à terre !

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Othello

La vibration déjà animale de lectrice séduite par Shakespeare à ma première lecture d'Hamlet il y a quelques mois s'amplifie et explose de surprise et de joie furieuse à celle d'Othello !



Un plaisir fou que je dois à Stefan Zweig, qui m'a révélé à la lecture encore toute fraiche de « La confusion des sentiments » le bouillonnement extra-ordinaire, l'explosion de vie et de parole libre pour l'époque de ce Théâtre du Globe, construction de bois octogonale dont l'évocation m'a fait rêver, d'où Shakespeare et ses amis poètes iconoclastes auraient ouvert à la face du monde une hallucinante fenêtre de créativité et de liberté vociférante aussi explosive que vite refermée.



Vu de cet angle-là, le théâtre de Shakespeare est une expérience phénoménale, à peine croyable en ce début de 17ème siècle !! Songez au rigorisme de l'époque, à sa culture élitiste et compassée, songez que Racine, Molière n'avaient pas encore écrit une ligne que déjà Shakespeare parle d'adultère, donne le premier rôle à un Maure, met en scène un héros dont le but est de renverser le pouvoir, et une femme qui affirme ses choix et les affiche par les faits!



Et tout ça rien que dans les premières scènes d'Othello, pièce vibrionnante, passionnée, populaire où l'on parle vulgaire, « poulette » et « putain » qu'on « saillit », universellement humaine dans laquelle un Iago aussi froidement calculateur et avide de pouvoir qu'un trader d'aujourd'hui manipule un Othello trop noble de valeurs pour tenir son rang de chef.

Et comme nous sommes chez Shakespeare, on finit par s'enfourailler à tout va, tout cela finit dans le sang, sel de la vie !



Un grand bonheur pour moi d'avoir enfin trouvé une clé de lecture, une porte qui s'ouvre vers ce Shakespeare si longtemps contemplé de loin comme une statue morte et inaccessible, même si j'ai bien conscience que cette lecture à chaud d'Othello que je partage ici est sommaire et superficielle.

Mais maintenant que la porte est ouverte…

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Beaucoup de bruit pour rien

J'aime Shakespeare, pas tant ses grandes fresques historiques qui durent des heures, mais ses pièces dans lesquelles il parle davantage de nous, y compris nous qui sommes loin de lui, par delà les siècles . Et c'est le cas pour cette pièce dont le propos est la confiance que l'on accorde à ceux qu'on aime. Il est vrai que l'amour et la séduction ont l'air plus faciles que la guerre, sauf que c'est sans compter les rivalités et vengeances personnelles qui prennent en otage des innocents. Claudio aime Hero et doit l'épouser, mais l'affreux Don Juan complote pour discréditer la belle et se venger de son frère. Ce n'est pas une époque très marrante car l'honneur des familles se situe entre les jambes des filles. L'affaire devient vite une affaire d' État . La belle Béatrice cousine de la première obtient de son amoureux qu'il venge l'honneur de la famille, on risque le bain de sang...jusqu'à ce que la supercherie soit révélée et que tout rentre dans l'ordre, ouf pas de morts ! et malgré les siècles , les éléments surannés, c'est le fond de l'histoire qu'il nous faut examiner. Qui n'a jamais fait tout un scénario sur un doute ou une présomption, une crise de jalousie, au risque de faire une scène épouvantable à la personne incriminée, avant même de savoir ce qui s'est réellement passé.....pas vous ? Vous êtes bien exceptionnels mes chers amis, mais si un jour , vous vous retrouvez dans cette situation, pensez à cette petite pièce bien enlevée et évitez de faire "beaucoup de bruit pour rien" !
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La Nuit des rois

Une de mes pièces préférées de Shakespeare sur l'amour, les conventions et les faux-semblants.



Cette histoire d'amour est bien moins connue que Roméo et Juliette, pourtant elle est , à mon sens, bien plus raffinée. C'est une pièce pleine de douceur et bien travaillée dans laquelle Shakespeare nous parle d'amour fraternel et d'amour romantique. J'aime aussi particulièrement le thème du déguisement qui permet aux personnages d'être dans la peau d'un autre. Et tout en étant dissimulés dernière une apparence qui n'est pas la leur, ils peuvent se dévoiler librement.



Là, on peut apprécier tout l'art et la beauté de l'oeuvre de Shakespeare !
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Le Songe d'une nuit d'été

Roméo et Juliette est mon histoire préférée que je décline sous toutes ses formes: théâtre, album, film, comédie musicale et j'en passe. J'espérais avoir un nouveau coup de foudre avec cette pièce au titre enchanteur mais il n'en fut rien.



Si j'ai apprécié la première partie assez classique d'un amour contrarié je me suis vite trouvée perdue et ennuyée dans la partie qui se passe dans la forêt en compagnie des fées et d'une troupe de comédiens (qui répète une pièce pour le mariage d'Hyppolyte et de Thésée). C'est un joli bazar et ma foi j'ai eu du mal à m'y retrouver et à être enthousiasmée.



L'emprunt de certains noms à la mythologie grecque m'a aussi déstabilisée (Thésée et encore Hélène !)



L'histoire commence par une histoire d'amour contrariée: Hermia est sensée épouser par obligation Démétrius que bien sûr elle n'aime pas ou choisir le cloître où elle y passera le restant de ses jours. Mais Hermia aime Lysandre. Les amoureux s'enfuient alors dans la forêt domaine des fées.



Je ressors déçue de ma lecture. Je préfère les drames finalement.













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Othello

Les intentions de Iago sont affichées dès la première scène : il veut se venger d’Othello parce qu’il lui a préféré Michel Cassio comme lieutenant. Iago manœuvre son entourage pour faire croire à Othello que sa femme, épousée en cachette et sans l’accord du père de celle-ci, lui est infidèle. La suite est connue, Othello étrangle Desdémone et se tue, après avoir appris qu’elle était innocente. Emilia, la femme de Iago meurt des mains de ce dernier.

C’est une histoire de vengeance, de manipulation, pas seulement de jalousie.

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Macbeth

Je n'ai pas de culture théâtrale, genre avec lequel j'ai un peu de mal, si bien que j'étais ravie de pouvoir découvrir la tragédie de Shakespeare, Macbeth !



Dans cette histoire, le général Macbeth voit apparaître trois sorcières qui lui prédisent qu'il deviendra roi. Par la suite, il se retrouve embarqué (et s'embarque lui-même) dans un complot avec Lady Macbeth, sa femme, pour commettre un régicide.



Malgré une intrigue assez simple, j'ai rapidement été perdue dans le récit que j'ai trouvé parfois un peu brouillon et qui mériterait sans doute une relecture. En effet, j'avais du mal à entrer dans l'histoire, bien que j'ai fourni un devoir durant lequel je parle des relations entre femmes et hommes dans cette pièce - et notamment entre Lady Macbeth et son époux - et j'espère avoir envie de la relire un jour afin de mieux comprendre.



C'était une lecture intéressante mais qui me paraissait parfois un peu complexe à suivre !
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Hamlet

Pour moi, Shakespeare est avant tout synonyme de Kenneth Brannagh…

En effet, c'est grâce aux films de ce talentueux acteur-réalisateur que j'ai découvert quelques pièces du célébrissime Will.

« Henri V » (ah, la fameuse tirade de la bataille de la Saint-Crepin, - ou Azincourt pour la postérité), le savoureux « Beaucoup de bruit pour rien » et « Hamlet »….

J'avoue que si j'avais été sous le charme des deux premiers films pré-cités, Hamlet m'avait un peu moins convaincue…A l'époque, je trouvais que ce film souffrait de quelques longueurs….Je m'étais dit qu'il fallait peut-être que je regarde la version avec sir Lawrence Olivier histoire de me forger une autre opinion, mais finalement je ne m'y suis jamais risquée….

Et puis, il y a quelques années, par curiosité, je m'étais plongée dans la lecture d'Othello….qui m'avait assez plu, mais pas suffisamment pour me donner envie de relire rapidement une oeuvre de cet auteur…

Et là, mettant à profit le challenge BBC, je me suis lancée dans la lecture de Hamlet…

Bon, clairement, après cette lecture, mes impressions sont relativement identiques à celles ressenties pour le film : il y a des longueurs dans les monologues qui ont failli avoir raison de ma patience et mon intérêt….

Plusieurs questions sur ce que je suis exactement comme lectrice se posent à l'issue de cette lecture, et la principale n'est pas des moindres : est-ce que je suis définitivement hermétique au style de cet auteur ? Possible, car pour l'instant, je ne suis pas spécialement pressée de renouveler l'expérience….





Challenge BBC

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La Tempête

Que de vent !



Ciara et Inès ont la joie de vous annoncer la venue de leur petit-frère Dennis.

Ses rafales pourraient atteindre jusqu’à 130 km/h sur les côtes du Finistère et du Pas-de-Calais, au plus grand bonheur de ses grandes sœurs.



Ça souffle en bord de mer, ça souffle dans les terres...et mon imaginaire s'affole.



Le tableau Miranda vue par John William Waterhouse évoque à merveille les images et les sensations qui m'abreuvent : l'émerveillement face à la mer en furie, un sentiment de plénitude mais aussi cette certitude que rien ni personne ne peut résister aux éléments naturels lorsqu'ils se déchaînent.

Il y a des nuits où je rêve de vagues déferlantes, de terres submergées, de tempêtes terribles...

J'ai peur.

Le souffle du vent me fascine et me terrifie à la fois...



Je suis telle Miranda qui regarde au loin ce navire qui s'échoue.



" Oh ! Le cri de son naufrage a retenti contre mon cœur ! Pauvres infortunés ! ils ont péri. Ah ! si j'avais été quelque puissant dieu, j'aurais voulu précipiter la mer dans les gouffres de la terre avant qu'elle eût ainsi englouti ce beau vaisseau et toutes ces créatures dont il était peuplé."



Le vent est le souffle de la vie, esprit de l'air qui nous maintient en vie. Mais il peut être aussi le symbole de violence et de mort.. Tels Ariel et Caliban.

Des esprits qui tourmentent joyeusement les personnages de cette comédie tragique.



Si la mort est omniprésente dans cette pièce, elle offre cependant des moments fort plaisants et des moments de grâce. On s’y sentira oppressé, amusé et finalement réconcilié avec le genre humain...

Shakespeare y mélange habilement tous les genres : fantastique, mélodrame, poésie, réalisme, merveilleux et tout cela virevolte avec virtuosité au gré du vent !

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Beaucoup de bruit pour rien

Quelle pièce géniale !



Je ne m'en lasse pas. Les réparties de Benedict et de Béatrice sont une vraie partie de tennis utilisant des saillies comme balle. Et le constable Dogberry, qui en est resté au stade du prototype du point de vue du raffinement, passe son temps à exprimer sa pensée avec des phrases qui signifient tout à fait l'inverse. Bref, on se marre.



Mais je me rends compte que vous ne connaissez peut-être pas l'histoire. Le gouverneur de Messine Léonato reçoit le prince d'Aragon Don Pedro et ses favoris Claudio et Benedict. Les accompagnent Don Juan, le frère du prince récemment revenu en grâce, et deux de ses séides. Un amour se développe entre Claudio et Héro, la fille de Léonato, tandis que les deux « ennemis » Béatrice, nièce de Léonato, et Benedict croisent le fer verbal. Benedict est un gros dragueur qui attire l'attention sur lui alors que Béatrice est une féministe qui n'envisage pas être dominée pas un homme (encore moins de se marier). Ses réparties blessent plus que l'épée, et Benedict est son souffre douleur. Mais Don Juan, qui déteste tout le monde ici, va avec ses séides monter un stratagème pour dégrader la vertu de Héro et laisser jalousie, colère et honneur bafoué se développer de tout côtés. Le montage sera dévoilé par le constable Dogberry et le guet.



Le plus impressionnant dans cette pièce est ce passage brutal de la comédie vers la tragédie féroce, qui déconcerte. Imaginez, vous êtes en train de rire et, d'un coup, le ton change et vous comprenez que l'inimitié est réelle, ce qui vous laisse sans voix, profondément gêné. L'agression de Don Pedro et Claudio sur Héro est abominable, malgré ce qu'ils ont vu (ou croient avoir vu, qui en fait n'est qu'une mise en scène fomentée par Don Juan). En parallèle apparait Dogberry, son langage inversé et ses hommes qui maintiennent le ton de comédie en contrepoint. On oscille entre les deux avec désarroi et bonheur.



Si le sujet vous intéresse, vous pouvez aussi regarder l'excellent film de Kenneth Branagh. Il y joue Benedict. Denzel Washington est Don Pedro, Emma Thompson Béatrice, Keanu Reeves Don Juan, Michael Keaton Dogberry, Kate Beckinsale Héro et Robert Sean Léonard Claudio.

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