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Critiques de Zadie Smith (248)
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Swing Time

Plaisant, sans plus !



C'est rare, mais ça arrive : la lecture démarre bien, puis ça ronronne, je m'accroche, et pour finir l'ennui s'installe. Un regain d'intérêt sur la fin du roman n'aura pas sauvé l'impression générale d'une oeuvre sans ressort suffisant pour véritablement m'emballer.



Pourtant ce roman m'avait chaudement été recommandé par une libraire d'habitude de bon conseil.

Pourtant le pavé possède indéniablement des qualités : une histoire construite autour de personnages bien campés, des thèmes contemporains d'importance, une écriture intéressante.



Oui mais non.

J'ai trop eu l'impression de parcourir un catalogue de thèmes, une galerie de personnages entre lesquels il manque du liant, une âme peut-être tout simplement.

Il faut dire que le roman s'étire sur 450 pages, c'est long, trop long, surtout quand la lassitude s'installe.
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Ceux du Nord Ouest

4 personnages au cœur d’un quartier londonien. A l’aube de la quarantaine et d’un premier bilan, qu’on fait de leurs rêves Leah, Nathalie, Félix et Nathan. Comment ont-ils basculés des années d’insouciance vers l’âge des responsabilités. Un drame va réveiller leurs interrogations.

Roman générationnel, héritage des origines, intégration, « Ceux du Nord-Ouest » traite souvent avec bonheur de sujets très actuels. Le plaisir chez Z.S. vient de son évident plaisir à jouer avec les mots, on croirait entendre ces personnages nous interpeller tant l’écriture est incroyablement vivante. Une oralité aux couleurs caribéennes bien agréable.

Pourtant, j’ai plusieurs fois été gêné par ces choix de narration, Zadie Smith jongle avec les genres et m’a plusieurs désarçonné. Il m’a fallu plusieurs pages pour ne pas perdre le fil. Mis à part ce petit bémol, la belle anglaise signe un très bon roman, photographie d’une époque, d’une génération.

Un grand talent. 3.5

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Swing Time

Dans ce cinquième roman ,Zadie Smith conte l'histoire de deux jeunes métisses londoniennes (Tracey et la narratrice que Smith ne nomme jamais), de leur amitié naissante à travers leurs passions communes pour la danse et les comédies musicales (celles des grandes heures hollywoodienne) et comme souvent en amitié des parcours qui s'éloignent pour mieux se rejoindre. Roman d'apprentissage, abordant de nombreux thèmes : le racisme ordinaire, la difficulté de grandir dans des familles instables, la désillusion des rêves inaboutis, la filiation, les chemins qui se séparent avec le temps etc... Autant dire, que l'auteure anglo -jamaïcaine brasse large car elle y ajoute un troisième personnage, une star mondiale prénommée Aimee (dont la narratrice est devenue une de ses assistantes), personnage égocentrique, décider à mettre en place un projet humanitaire au Sénégal, dont Smith s'amuse à montrer le décalage entre la bienveillance solidaire et la réalité du terrain et sa faisabilité sur la durée.

Zadie Smith n'a pas son pareil pour parler de thèmes très actuels avec ce qu'il faut de sensibilité, de justesse et parfois de légèreté, son regard affuté sur notre époque est toujours intéressant.

Pourtant, "Swing Time" ne m'a pas totalement convaincu, en cause la difficulté que j'ai eu à m'attacher aux personnages (ceux de Tracey ou d'Aimee notamment), ce manque d'intérêts pour les personnages déservent à mon sens la force des sujets abordés.

Malgré ces bémols, "Swing Time" confirme un talent qui s'affirme livre après livre.

Que Babelio et les Éditions Gallimard soient remerciés pour cette opération ma foi fort agréable.
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Swing Time



Je suis content d'avoir été retenu, grâce à une opération "massa critique" privilégiée, pour une oeuvre de Zadie Smith, en l'occurrence "Swing Time", car cette écrivaine de père britannique et de mère jamaïcaine a toujours quelque chose d'intéressant à raconter et elle le raconte si bien. Même si l'on serait étonné que cette auteure réussisse à égaler ou même surpasser l'exceptionnelle qualité de son chef-d'oeuvre "Sourires de loup" de l'année 2000. Mais notre Zadie ne compte que 42 printemps et il est, à mon avis, un peu beaucoup injuste de s'attendre à ce qu'elle fasse à chaque nouvel ouvrage mieux que lors de son chef-d'oeuvre. Soyons indulgents et n'attendons pas des miracles à chaque coup.

La même remarque vaut par ailleurs pour Arundhati Roy, à qui l'oeuvre de Zadie Smith fait penser, et qui n'atteint pas non plus le niveau de son magnifique "Le Dieu des Petits Riens", le Prix Booker de 1997, dans ses romans ultérieurs, qui valent pourtant la peine d'être lus.



Je remercie en tout cas Babelio et l'éditeur Gallimard pour cet aimable envoi.



De Zadie Smith j'ai lu, outre son superbe "Sourires de loups", bien entendu, "L'homme à l'autographe" de 2002, "De la beauté" de 2005 et "The Embassy of Cambodia" de 1913. À part "L'ambassade du Cambodge", en fait, une brève nouvelle d'à peine 69 pages, aucun de ses oeuvres ne m'a déçu... et encore cette nouvelle - qui n'a pas (encore) été traduite en Français - a sûrement aussi ses admirateurs.



L'ouvrage est subdivisé en 7 larges parties er chaque partie compte un certain nombre de chapitres brefs, mais l'ensemble totalise tout de même 471 pages.

C'est surtout la première partie, intitulée "Les débuts", qui m'a plu.



L'histoire démarre avec la rencontre de 2 gamines de 7 ans à la peau "marron clair" dans un quartier populaire de Londres en 1982. Il s'agit de la raconteuse (Zadie Smith ?) et Tracey, toutes les 2 folles de danse. Le titre du livre "Swing Time" se réfère d'ailleurs au titre de leur film favori, une comédie musicale américaine de George Stevens de 1936 avec le couple inoubliable de danseurs à claquettes Fred Astaire (de son vrai nom Frederick Austerlitz) et la belle Ginger Rogers.



Les 2 gamines sont fort différentes de caractère et tempérament : tandis que Tracey peut se montrer difficile, effrontée et même dèvergondée, sa copine est plutôt romantique, sérieuse et studieuse. C'est cependant cette amitié, avec ses coupures plus ou moins longues, qui forme la trame du récit. La mère de l'héroïne principale, une femme ambitieuse qui lit des traités politiques et laisse la cuisine à son mari, un employé de la poste de sa Gracieuse majesté un peu effacé (et à qui il faut plusieurs années pour terminer le "Manifeste communiste" de Karl Marx, qu'il lit par amour pour son épouse), n'est guère favorable à cette amitié.



Ce que j'ai apprécié de Zadie Smith dans cette première partie c'est sa façon d'évoquer le racisme dans ce quartier malfamé de la capitale britannique, dont les 2 métisses sont parfois victimes, tout en teintes fines, sans grandes déclarations fracassantes et truffée d'anecdotes pittoresques.



Il faut dire aussi que la situation de ce point de vue est nettement pire à la Jamaïque qu'à Londres. En visite à Kingston, la capitale, en 1996. le guide nous avait conseillé de nous balader le plus possible en groupe. Vu le grand nombre de sans emplois, de corruption et de pauvreté, il vaut effectivement mieux ne pas trop se risquer seul comme blanc dans certains endroits de cette belle île, où règne une violence quelque part compréhensible. Je signale à ce propos l'excellent ouvrage du professeur de l'université des Antilles et historien, Fred Célimène, "La Jamaïque, les raisons d'un naufrage".



La carrière de la protagoniste principale prend un envol considérable lorsqu'elle devient le bras droit de la superstar mondialement célèbre Aimee. Comme le monde du pop constitue pour moi une "terra incognita", j'ignore si cette star est la guitariste et compositrice blonde Aimee Mann, née à Richmond en Virginie aux États-Unis en 1960 ou si, au contraire, il s'agit d'une création fictive de Zadie Smith ?



Quoi qu'il en soit, pour notre héroïne son existence s'en trouve remuée de fond en comble : la découverte du monde des riches et fortunés, les palaces, les déplacements en Learjet, partout le tapis rouge etc. Comme cette Aimee est une femme hyperactive et exigeante, la vie de notre héroïne est donc loin de tout repos ! Pendant 10 ans elles passeront le plus clair de leur temps ensemble.

Honnêtement, je dois avouer que cette partie de l'histoire m'a franchement moins emballée, bien que l'épisode de la construction d'une école dans un coin paumé de la Gambie, avec l'argent d'Aimee, soit intéressant. Comme le craint un expert, une fois l'encadrement des blancs disparu, il y a des fortes chances que l'école soit démontée brique par brique pour être réutilisée dans les habitations des nouveaux arrivants.



Le sort qui se présenta à Tracey, avec "son petit nez porcin" était très différent. Avec son habitude de provoquer les autres filles de sa classe, en demandant aux garçons par exemple "50 pence pour toucher les nichons" qu'elle était la seule à avoir développé, les Noires, Blanches et Métisses se liguèrent pour l'ostraciser. Comme son père passait de temps en temps en taule, c'est là que les mauvaises langues voyaient déjà leur camarade de classe. Le contraste entre les 2 amies ne fait que s'accroître.



Le cinquième roman de Zadie Smith confirme ses talents littéraires tant sur le plan style et langage, que par son aisance à évoquer des situations complexes. Et le mélange des races dans certains quartiers de l'East End londonien entraîne des rapports humains qui ne sont pas toujours très simples.



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Grand union

Les nouvelles, cela peut être très frustrant lorsque l'on est accro à l'histoire mais cela peut aussi être un format salvateur quand on se noie dans l'incompréhension.

Ici, la brièveté des récits m'a plutôt sauvé de l'ennui. Alors certes , trois quatre textes ont retenu mon attention comme 'Une sacré semaine" où une homme mur en pleine rupture évoque le souvenir de sa future ex, 'L'éducation sentimentale ' , tribulations d'un jeune couple à l'université ou 'Déconstruire l'affaire Kelso Cochrane'., autour d'un couple caribéens à Londres.

L'ensemble est bien écrit, de façon plutôt moderne m'a t il semblé.

Mais alors, que dire de la plupart des textes sinon que je les ai trouvés sans queue ni tête. Peut être que c'est moi qui n’avait pas les codes mais entre l'inintérêt du récit mais aussi la sensation que cette écriture mériterait un fond tellement plus attrayant, on se retrouve à prendre le texte une ou deux pages plus loin que prévues (n'aidant pas de fait à la compréhension, j'en conviens).

Les thèmes abordés, racisme, condition féminine, immigration et peut être d'autres qui m'ont échappé sont assez récurrents.



Une lecture étrange, oscillant entre l'indigent et le bon. Problème de ces recueils de nouvelles dont on apprend que certaines ont déjà été publiées durant la décennie.



Une petite phrase issue de la meilleure nouvelle , selon moi, Une sacré semaine.

"Il avait simplement été victime de ce que ses collègues et lui appelaient "l'effet Al Capone": quand on tombe, c'est rarement pour l'acte le plus grave qu'on a commis.
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De la beauté

Deux familles d'universitaires, les Kipps et les Belsey, sont en concurrence dans le domaine intellectuel et bientôt sentimental à cause de leurs enfants...

Roméo et Juliette chez les profs du campus ? Pourquoi pas ! L'idée semblait attrayante.

D'autant que Zadie Smith incarne une certaine image du renouveau de la littérature britannique (du fait de ses origines). La question de l'identité est donc omniprésente dans le roman, même si on sent quand même le côté "guindé" de la littérature britannique. L'auteur tourne beaucoup en dérision ces lectures multiculturaliste, en vogue dans les universités depuis la fin du 20ème siècle. Il y a donc beaucoup de moqueries vis-à-vis de ces jeunes "Noirs" qui cherchent à définir leur identité ethnique et culturelle de la façon la plus juste qui soit n ce début de 21ème siècle.



N'étant pas une grande adepte des discours politiques misérabilistes vis-à-vis des descendants d'immigrés et du discours bobo-intellectualo-pédago-démago-universitaire ("multiculturalisme" fait certes plus classe dans les sphères universitaires mais bon) j'ai souri et apprécié les propos de Zadie Smith. En revanche les digressions incessantes, le flot d'évènements sans grande importances décrits dans les moindres détails, les histoires de coureurs de jupons trop faciles et la construction parfois très approximative du récit ont eu raison de moi.

C'est dommage.



Pour le moment je vais me contenter d'oublier l'existence de ce roman, et le fait que je l'ai lu.
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Swing Time

Ce roman conte l'amitié entre deux petites filles de sept ans métisses, " à la peau marron clair " qui se rencontrent lors d'un cours de danse, à Londres, dans un quartier populaire .

L'ouvrage entre passé et présent suivant l'évolution de Tracey, et la narratrice , jamais nommée

se divise en sept parties qui nous emmènent en rythme dans une valse folle autour du globe sur près de cinq cents pages....

La narratrice, cette douce métisse aux pieds plats , sérieuse, studieuse passionnée par Fred Astaire, sanglée dans un pantalon de treillis fluide , tournoie et écrase tous les soucis avec ses claquettes et voltige à qui mieux mieux....Belle, intelligente , douée de mille talents elle reste dans l'ombre .....



La mére féministe , marxiste en espadrilles est incapable de morceler sa vie. Accaparée par sa carrière politique, elle accorde trop peu de temps à sa fìlle ..



Les deux amies nouent une relation fusionnelle , Tracey est la plus audacieuse , difficile, effrontée parfois....Elle sera appelée à se produire dans les meilleures comédies musicales londoniennes...

La narratrice va devenir l'assistante de la star mondiale Aimée , interdite de vie personnelle ....

C'est" Les débuts " le chapitre qui m'a le plus intéressée....



C'est un roman d'apprentissage oú les personnages bien trempés affrontent le racisme ordinaire, les désillusions de rêves laissés de côté , en mouvement permanent .....



L'auteur brasse peut être trop large et ajoute un troisième personnage , Aimée , la star mondiale dont la narratrice deviendra l'assistante....



Elle disséque des thèmes actuels et des questions complexes, avec brio, grâce , finesse , sérieux et un humour décapant : l'amitié, le racisme, le sexisme , les classes sociales , l'identité, le genre , la célébrité, les jeux d'amitié et de pouvoir entre les deux héroïnes,la politique internationale , sans complaisance....

J'ai eu des difficultés à m'attacher aux personnages, malgré tout....

Les chapitres situés en Afrique sont trop longs.

Le récit est parfois déroutant, même si elle nous secoue----pourtant les débuts du livre sont prometteurs et virevoltants .---Ça danse et c'est plein de vie.....

Mais ce n'est que mon avis bien sûr .....
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Swing Time

Je viens de passer un très bon moment grâce à "Swing time" de Zadie Smith. C'est un roman d'apprentissage fort abouti, tant par le style de l'autrice que par son contenu. Par ses 480 pages condensées et par sa narration bien construite, on a non seulement beaucoup à lire mais on prend surtout du plaisir à y rester un moment.



Narré à la première personne, nous nous retrouvons embarqués dans le récit de vie de la narratrice, dont nous ne connaîtrons pas le prénom. Le déroulement des événements débute dans les années 1980 à Londres, mais nous fera beaucoup voyager, notamment en Afrique et à New York. La narratrice nous conte les éléments-clés de son parcours, de son enfance et ses premiers cours de danse à son métier d'assistante et son implication dans la construction d'une école pour filles dans un petit village africain. Il sera façonné par trois femmes : sa mère avant tout, féministe, engagée et indépendante ; son amie d'enfance Tracey, métisse comme elle, ambitieuse et fière ; et Aimee, chanteuse connue du monde entier, altruiste mais pas toujours consciente du monde qui l'entoure.



C'est dans le milieu de la musique, du chant et de la danse que nous la voyons évoluer, grandir, s'affirmer. Nous sommes d'ailleurs bercés par les vieux airs de comédies musicales. Fred Astaire, Jeni LeGon ou encore Bojangles nous accompagnent tout au long de notre lecture. Il y a plus moderne également, comme Michael Jackson ou Chris Brown. L'ambiance, à la fois nostalgique et mélodieuse, s'accorde à merveille avec l'histoire de son personnage.



Ce roman est bougrement bien approfondi, que ce soit au niveau du contexte sociologique, de ses personnages ou encore de son "atmosphère". La plume de l'autrice est aussi précise et élaborée que limpide et plaisante.



Je n'ai pas pu m'empêcher de faire le rapprochement, de temps à autre, avec "L'amie prodigieuse" d'Elena Ferrante, tant le style de narration est similaire. On retrouve également ce côté amitié d'enfance basée sur la compétition et la jalousie, voire sur la haine également, une sorte de relation dominante/dominée, plus ou moins toxique.



Malgré quelques longueurs, j'ai beaucoup aimé et ai été totalement immergée par l'ambiance "musicale" dépeinte. C'est d'ailleurs tout à fait le genre d'histoires que je verrai très bien adapté à l'écran.
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Indices

Voilà un moment que j’avais envie de lire quelque chose de l’autrice de « Sourires de loup » qui m’avait laissé un excellent souvenir.



C’est le cadeau d’un petit livre de poche, « Indices » – le titre original étant « Intimations » - qui m’en a donnée l’occasion : Zadie Smith l’a écrit pendant la période du confinement, alors qu’elle séjourne à New York. 6 petits essais, de longueurs différentes racontent ses réflexions alors que le COVID commence à sévir un peu partout. Elle qui n’a que sa plume comme instrument se plonge dans la philosophie – elle lit Marc-Aurèle et ses « Pensées » - et ressort de la période « avec deux fort précieuses indications. Converser avec soi-même peut être utile. Ecrire, c’est donner à entendre » dit-elle en introduction.



« Pivoines » est le titre du premier essai, écrit à Londres juste avant son départ. De l’autre côté d’une grille, elle découvre un parterre de tulipes, et c’est toute une réflexion sur le corps des femmes, de celles qui ont des « cycles », où l’on parle de « Natural Woman » alors qu’il ne viendrait à personne de parler d’ »Homme naturel ». Elle compare ensuite l’acte de planter un bulbe à celui de l’écriture. « Face aux choses qui nous arrivent », dit-elle « nous nous efforçons tous de nous adapter, d’apprendre, de nous accommoder, parfois de résister, d’autres fois de nous soumettre. Mais les écrivains ne s’arrêtent pas là : ils se saisissent de toute cette masse informe de confusion, et ils la coulent dans un moule de leur conception. Ecrire, c’est entièrement résister », conclue-t-elle de cette comparaison.

« Elles étaient tulipes. Je les voulais pivoines. Dans mon histoire elles le sont, et le seront (…) car, lorsque j’écris, l’espace et le temps même se plient à ma volonté » : il y a là matière à réflexion sur l’écriture.



Le second essai s’intitule »L’exception américaine », et sur ces réflexions qui fleurissaient au début du confinement comme « J’aimerais qu’on puisse retrouver notre vie d’avant » …. Parce que dans ce temps-là « on n’avait pas la mort ». Et Zadie Smith de se livre à une réflexion sur la culpabilité américaine sur le fait que les morts du COVID devraient en quelque manière se sentir responsables de ce qui leur arrive. Elle brosse un portrait des plus sévères de cette Amérique qui a longtemps imaginé être à l’abri des épidémies, et qui a longtemps cru que les crises et les guerres lui seraient épargnées.



Elle poursuit avec « Quelque chose à faire » et le confinement permet ce retour réflexif sur ce que l’on fait et l’utilité que cela peut avoir … surtout au regard des urgences sanitaires. Nous pourrions tous croire qu’être écrivain faciliterait le passage au confinement : on découvre qu’il n’en est rien pour elle, bien au contraire : « Au lieu de cela, dès la première semaine, j’ai découvert à quel point ma vie d’avant consistai à me dérober à la vie. »



C’est au tour ensuite de »Souffrir comme Mel Gibson » : le titre provient d’une photographie sur laquelle l’acteur s’adresse à Jésus-Christ dégoulinant de sang avec sa couronne d’épines. Et la légende est la suivante : « Quand j’explique à mes amis parents d’enfants de moins de six ans ce que c’est que d’être confiné seul». Tous les parents qui ont subi le confinement avec enfants voient très bien de quoi elle parle ….



Le cinquième essai intitulé « Captures d’écran (Après Berger, avant le virus) » est le plus long. Il y aurait encore beaucoup à dire, notamment sur le fait qu’elle cite l’auteur John Berger qui est l’un des mes auteurs britanniques fétiches – on peut lire de lui par exemple « Photocopies » que j’avais chroniqué en son temps.



Mais je citerai surtout l’avant dernière partie, où il est question d’une provocation à Central Park. Les New-Yorkais y sont décrits avec tout un tas de bizarrerie – il faut lire les portraits de Ben, Myron ou encore la savoureuse Barbara. Mais le meilleur passage est celui où la narratrice découvre dans le fameux Park un homme avec une pancarte autour du cou indiquant : « JE SUIS ASIATIQUE ET JE ME HAIS. PARLONS-EN » - et il y a de quoi être surpris en effet.



Que signifie se soumettre ou résister à une nouvelle réalité, comme celle du confinement ? Dans notre isolement, quelle place accorder aux autres et à soi ? Comment devons-nous penser à eux ? Et que faire qui ait du sens ? Et quel est ce « mépris » qui ravage les sociétés – par exemple anglaise – et qui considère les gens uniquement sous le prisme de leur mérité social ?



Au même moment où arrive la vague de ces « vies noires qui comptent » qui va déferler sur les Etats-Unis, ce sont autant de questions que l’autrice britannique nous partage ici, avec brio et intelligence et toujours avec un style qui lui est bien familier : ce fut bien agréable de partager ces réflexions avec elle le temps d’un essai, je vous le recommande.

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Swing Time

Lecteurs d'Elena Ferrante et de Chimamanda Ngozi Adichie, tentez votre chance : si elles avaient une fille, ce serait Zadie Smith.



Car il y a clairement une filiation. Dans l'ADN de Swing time, on trouve un peu de celui de L'amie prodigieuse : deux amies liées dès l'enfance, grandissant comme des sœurs, dont les destins divergent à l'âge adulte tout en restant mêlés. Quartier pauvre, exil, tentatives d'ascension sociale... les deux livres ont tout cela en commun. Avec aussi un peu de l'ADN d'Americanah : un roman où la couleur de peau compte, car le destin social n'est pas le même selon qu'on est noir ou blanc – ou toutes les nuances entre les deux. C'est un roman qui porte un message et une analyse politiques et, comme quand on lit Americanah, on se dit qu'il doit être en partie autobiographique. Et enfin, à l'instar de ses parents littéraires, Swing time est long, mais il se dévore ; il est très bien écrit ou du moins très bien traduit, on a envie de savoir la suite, on est triste de quitter les protagonistes.



Oui, mais qu'est-ce encore qu'une filiation... De la même manière que des enfants peuvent différer totalement de leurs parents dont il est pourtant évident qu'ils portent l'ADN, Swing time est le fils biologique, mais pas spirituel, des deux autres livres. Pour moi, il lui manque un aspect essentiel très présent dans les deux autres : l'introspection. Pourtant, c'est un roman long, qui prend le temps de s'attarder sur les rapports entre les personnages ; et c'est certainement pour cela que je l'ai dévoré. Mais on ne plonge jamais à l'intérieur des personnages.



Est-ce un défaut ? Pas nécessairement. Ce sera même une qualité pour celles et ceux qui n'aiment pas plonger dans l'intime. Mais pour les autres qui, comme moi, aiment les allers-retours entre la profondeur des personnages et celle des idées, on sort de la lecture de ce livre à la fois enchanté et plein de regrets.



Merci aux éditions Gallimard et à Babelio, qui m'ont permis de découvrir ce livre avant sa sortie en France dans le cadre d'une Masse critique privilégiée.
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De la beauté

Livre pluriel, roman familial et campus novel qui camoufle des interrogations sociales, sociétales, raciales, culturelles et artistiques, De la beauté est une œuvre pleine, complexe, ambitieuse. Ses changements de points de vue permettent à Zadie Smith d’évoquer l’élaboration de l’identité, entre influences parentales et découverte de la vie, de soi-même. Elle écrit, en parallèle, la crise d’adolescence des enfants et la crise de la cinquantaine des parents, tous aux prises avec leur place dans le monde, face à sa beauté et à la leur qu’ils tentent encore de trouver – singularité et diversité comme constance de cette beauté (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/06/12/de-la-beaute-zadie-smith/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Swing Time

Deux fillettes métisses d'un quartier de Londres deviennent amies. Leur point commun : leur peau couleur café au lait, une attirance pour la danse et les comédies musicales. La narratrice, l'une des deux fillettes, raconte leurs trajectoires de vie qui se croisent et recroisent.

Après Sourires de loup, je m'étais un peu éloignée de cette auteur anglaise. Pourtant, j'avais beaucoup aimé ce roman et l'ambiance qu'il s'en dégageait. Swing time, c'est l'histoire d'une amitié à travers le temps. A travers celle-ci, l'auteur aborde les questions d'identité et du racisme. Les parties et chapitres naviguent le lecteur entre passé et présent. On commence avec l'enfance de la narratrice et son amie Tracey. J'ai apprécié cette partie pleine de nostalgie et le passage à l'âge adulte m'a un peu refroidie. L'intérêt a diminué mais on continue de voir comment leur vie a évolué. A l'image du titre, on swingue dans le temps, alternant jeunesse, adolescence, âge mur et âge adulte... il ne faut pas perdre le fil. La construction d'une école pour filles dans un village d'Afrique m'a intéressée même si elle s'étale un peu trop dans le temps. Sa relation avec sa mère est assez orageuse alors qu'avec Aimee, dont elle est l'assistante personnelle, elle a une relation qui passe de l'admiration à la désillusion.

J'ai aimé le style de Zadie Smith avec un brin d'humour, discret pour décrire ses vies. Il y a peu de dialogues, ça m'a un peu manqué mais l'ensemble est très fluide. Comme le fait que la narratrice ne soit jamais nommée, ça ne m'a pas genée, je m'en suis rendue compte qu'à la fin.

Swing time est un très bon roman, avec quelques longueurs certes, mais une plume exquise. Je vais regarder ses autres productions, je la relirai certainement.

Je remercie Babelio et les éditions Gallimard pour cette belle découverte.
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Swing Time

Deux filles métisses deviennent amies durant leur enfance dans un quartier assez pauvre de Londres via leur passion pour la danse. Entre rêves, éducation différentes et aléas de la vie, leur chemin se sépare.

Une longue partie du roman est vouée à une d'entre elle qui devient assistante d'une grande pop star et qui oublie ses rêves dans son métier.

On retrouve par épisode l'autre amie, Tracey, qui intègre une école de danse mais se perds dans ses démons.

Un bon roman d'apprentissage qui ne fait pas de cadeaux au deux filles. Un roman très bien écrit.
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Swing Time

Merci à Lecteurs.com et aux éditions Folio de m'avoir permis la lecture de ce bon roman dans le cadre du Cercle Livresque.Deux jeunes filles grandissent dans la banlieue de Londres avec pour passion commune ,la danse .L'une d'entre elles va même en faire son métier tandis que l'autre va suivre un cursus classique qui va l'amener à devenir l'assistante d'une pop-star .Elles vont se perdre puis se retrouver des années plus tard.Un roman foisonnant sur l'intégration et l'émancipation de deux jeunes métisses dont le rôle des mères a été prédominant.Une lecture agréable avec parfois quelques longueurs qui ,pour le coup ,nuisent au rythme du récit.
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Swing Time

A la bibliothèque, j'ai emprunté Swing time de Zadie Smith

Deux petites filles métisses d’un quartier populaire de Londres se rencontrent lors d’un cours de danse. Entre deux entrechats, une relation fusionnelle se noue entre elles. Devant les pas virtuoses de Fred Astaire et de Jeni LeGon sur leur magnétoscope, elles se rêvent danseuses.

Tracey est la plus douée, la plus audacieuse mais aussi la plus excessive. Alors qu’elle intègre une école de danse, la narratrice (dont on ignore le nom) poursuit une scolarité classique au lycée puis à l’université, et toutes deux se perdent de vue.

La narratrice devient l'assistante personnelle d’Aimee, une chanteuse mondialement célèbre. Elle parcourt le monde, passe une partie de l’année à New York et participe au projet philanthropique d’Aimee : la construction d’une école pour filles dans un village d’Afrique.

Pendant ce temps, la carrière de Tracey démarre, puis stagne, tandis que progresse son instabilité psychologique. Après une série d’événements choquants, les deux amies se retrouveront pour un dernier pas de danse....

Le résumé me faisait de l’œil, ainsi que la couverture, toute de jaune vêtue. Mais j'ai été un peu déçue par ce roman.

On navigue entre l'histoire de la narratrice de nos jours et son enfance / adolescence avec Tracey. L'histoire est intéressante et bien conçue toutefois par moment il y a des longueurs, ça traîne un peu. Le fait de ne pas connaitre le prénom de la narratrice m'a un peu perturbé et j'ai eu quelques difficultés à m'attacher à elle, à sa personnalité. Pareil pour Tracey, je n'ai pas réellement accroché avec elle.

Nous avons là un roman intéressant, bien écrit dans l'ensemble, mais un peu trop long pour moi c'est dommage.

Je ne regrette pas ma lecture mais je ne vais mettre que trois étoiles et demie, je ne trouve pas que ça mérite plus, à mon grand regret.
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Swing Time



Grâce à une construction avec des temporalités alternées, et autour de la destinée heurtée de ses deux protagonistes, c'est bien à un mouvement de balancement, à une oscillation permanente que nous invite Zadie Smith dans Swing Time.

Le titre épouse à merveille l'histoire d'amitié de deux jeunes filles métisses, Tracey et la narratrice dont le nom ne nous est pas dévoilé mais dont les traits pourraient fort ressembler à ceux de l'autrice, qui partagent, à l'adolescence, un goût prononcé pour la danse. Mais peut-on parler vraiment d'amitié ? Ne serait-ce pas plutôt une relation fusionnelle qui leur permet de se construire autour d'une passion commune ?

Toutes deux issues de familles désunies vivant dans les quartiers pauvres de Londres, mère noire d'origine jamaïcaine et père blanc pour l'une, mère blanche et père noir pour l'autre, elles connaitront des trajectoires différentes, se retrouveront sporadiquement, s'éviteront, et entretiendront jalousie et rancoeur tenaces.

Cela commence sur un rythme rapide, sur les pas de Fred Astaire et Cyd Charisse, mais très vite surviennent les désillusions, celles de Tracey qui enchaîne les petits spectacles et dont le père fait de fréquents séjours en prison, celles de la narratrice travaillant pendant de longues années dans l'ombre d'une star internationale qui l'entraîne avec elle dans une mission caritative en Afrique de l'Ouest.

Zadie Smith pose un regard désabusé et teinté d'amertume sur ses personnages, féminins pour la plupart. Tracey et son amie se heurtent à des tensions familiales, à des relations complexes avec leurs parents, à des difficultés d'insertion mais le handicap social n'a pas le même poids pour elles deux. L'une d'elles, influencée par une mère ambitieuse, parviendra à suivre des études et à entrer dans le monde de la communication.

Swing Time est un roman d'apprentissage foisonnant qui brasse avec beaucoup de justesse et de réalisme un grand nombre de thématiques, parmi lesquelles, l'adolescence de jeunes issus de l'immigration dans les banlieues de Londres, les couples mixtes, la discrimination raciale, le wokisme, la montée de l'islamisme en Afrique, l'exode vers les pays d'Europe, les velléités humanitaires des riches occidentaux, les réseaux sociaux... Les propos sont étayés et on sent une vraie réflexion de la part de l'écrivaine. Mais cette profusion nuit à la cohérence du texte, et amène le lecteur à se poser des questions sur les intentions de départ. Dommage, car il y a beaucoup de sensibilité et une réelle compréhension des enjeux sociologiques.

J'ai préféré Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie ou Femme, fille, autre de Bernardine Evaristo.
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J'ai beaucoup aimé le roman "De la beauté " et également apprécié "Ceux du Nord-ouest " de cette auteure britannico-jamaïcaine, qui nous livre de belles histoires dans des milieux métissés.



Ici, sont rassemblés plusieurs articles ou courts textes de conférence qui lui ont été demandés sur des thèmes littéraires ou cinématographiques avec deux passages autobiographiques. Elle nous parle de Conrad et des lectures d'Obama, des stars féminines d'un autre temps comme Ava Gardner ou Anna Magnani mais également de David Forster Wallace pour ceux qui aiment.



C'est intéressant mais parfois un peu daté. Sans plus.
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Sourires de loup

Au centre du décor, les quartiers nord de Londres, deux personnages, Samad et Archie. Il sont unis par leur participation à la fin de la seconde guerre mondiale et sont inséparables même s'ils s'engueulent tout le temps. Enfin, c'est surtout Samad qui engueule. Il est d'origine Bengali (Bengladeshi après 1975), rêvait d'exploits dignes de son aïeul, héros supposé de la révolte des Cipayes au 19e siècle. Comme il arrive, il reporte ses rêves sur ses fils jumeaux Magid et Millat. Et tente contre toute réalité de leur transmettre un islam traditionnel, mais non fanatique. Ce qui échouera bien sûr. Archie rencontre sur le tard une jeune jamaïcaine, en rupture avec les Témoins de Jéhovah, dans des circonstances plus que rocambolesques. Ils ont une fille Irie. Une troisième famille intervient, les Chalfen, famille de la classe moyenne sûre de sa bonté, qui vient en soutien scolaire à Irie et Millat. Mais le soutien scolaire se transforme en liens étroits et problématiques, et évolutifs, entre les trois familles.

Au coeur de ce beau et long roman, le thème de la transmission et de la filiation, voire de l'expérimentation génétique (ça je vous laisse le découvrir). Les cultures et les traditions religions et philosophiques se mêlent et se heurtent dans des mélanges parfois détonants. Les personnages sont attachés et encombrés par leur passé, et la deuxième génération se fraie tant bien que mal un chemin vers l'avenir.

Les sujets sont très sérieux, voire dramatiques, mais sont traités avec beaucoup de légèreté (au bon sens du terme) et de drôlerie. Cela se lit facilement avec plaisir et bonheur. Le style est inventif et plein de trouvailles. Et bien entendu le livre de Zadie Smith ouvre des perspectives sur les réalités et l'histoire des immigrés d'origines diverses en Angleterre.

Bref, un bouquin très sympa à recommander absolument.
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Ceux du Nord Ouest





Il y a Leah, Nathalie, Félix et Nathan et il y a la cité de Caldwell où ils ont grandis et fréquentés le même lycée. A l’aube de la quarantaine Leah et Nathalie sont restées amies, elles affichent une certaine réussite sociale et un bonheur de façade, Félix et Nathan, eux, sont des ombres toujours dans l’attente de jours meilleurs. Ils vivent tous toujours dans ce quartier du Nord-Ouest, impossible à quitter.



Série de portraits avec jeunes adultes à l’heure des premiers bilans, méticuleuse description d’un Londres métissé très loin des guides touristiques,Zadie Smith nous invite dans la vraie vie des Londoniens et compose une formidable comédie humaine du XXIe siècle.



Très écrit, très littéraire, la romancière entraîne ses héros dans une habile déconstruction du roman générationnel. La deuxième partie du récit, fait de petits chapitres ou vignettes très courtes, nous éclaire sur l’enfance des protagonistes, nous les rend encore plus présents et vivants. Qu’est-ce qui a fait les adultes que nous sommes ? Vaste question que Zadie Smith empoigne, elle nous plonge dans une réflexion sociétale, politique et humaniste et nous livre un très grand roman sur le métissage, l’intégration et l’appartenance.



Féministe forcément féministe, engagée, dans la vie, Zadie Smith est une grande romancière. Voilà un très bon livre ,vraiment, d’un auteur que je ne connaissais pas et pourtant assez important si j’en crois google ,une sacrée photographie de l’Angleterre, certainement plus proche de Mike Leigh que de Ken Loach, que je vous conseille de lire toutes affaires cessantes...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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De la beauté

Les Kipps et les Belsey ne s'apprécient guère : les deux chefs de famille sont concurrents à l'université, tous deux spécialistes du même peintre, et Jérôme le fils Belsey est mortifié après avoir bêtement demandé en mariage Victoria, la fille Kipps, au bout d'une semaine. Et tout ce petit monde se côtoie dans la banlieue de Boston. Chacun y va de ses petites histoires, sur fond de questions raciales...



Ce livre est resté 9 ans dans ma bibliothèque, trônant de manière effrayante sur une étagère, m'incitant guère à l'ouvrir. Acheté à sa sortie en 2005, je l'avais bêtement mis dans mon panier à cause de sa jolie couverture très féminine, rose, pimpante et fleurie. Ahhh, j'étais jeune et influençable, mes préférences littéraires pas encore assez déterminées et mon radar pas assez affuté.

Et dès l'ouverture : c'est le drame. Du vent, de l'air, rien. Ça brasse, ça parle, ça jacasse pas mal. C'est la vie de tous les jours d'une famille en soi très banale. Le travail, l'amour, la famille, les amis, les relations tout court, tout y passe. Déjà à l'origine, c'est pas mon truc.

Et puis, Zadie Smith cherche à faire réfléchir le lecteur sur le racisme. Le jeune Levi, métisse, qui s'attire à chaque fois qu'il passe dans la rue des regards suspicieux (n'est-ce pas un peu bateau comme manière de critiquer ? Un peu léger, non ? Même si ça a un fond de vrai bien sûr, ça fait très scolaire, la base de la base, bref...) par exemple. Sauf que le côté "yo sista, you're a strong black female" a un côté hyper irritant. Tout est rapporté à la couleur de la peau des personnages. POURQUOI écrire "you're a strong black female" et pas "you're a strong female/woman"?? Est-ce que c'est un vocabulaire communautaire ?? Mais dénoncer le racisme et vivre dans le communautarisme n'est-il pas un acte contradictoire ?? Est-ce quelque chose de générationnel, quelque chose dont ma génération née dans nos pays industrialisés se fiche éperdument puisqu'il n'y a rien d'étrange à vivre avec des gens de couleur autour de nous ? Il y a une part évidemment d'explication géographique et historique, puisque l'histoire se déroule aux USA et que certains endroits restent assez racistes ou simplement méfiants envers les Noirs, mais dans ce livre ça fait juste trop. Cette dénonciation est d'une platitude philosophique exceptionnelle face à d'autres livres tels que "La Couleur de l'eau" de James McBride.

Et puis, finalement, j'ai eu la révélation. En fait, ce livre, c'est de la chick-lit améliorée. L'écriture est plus soignée, plus recherchée, saupoudrée d'un peu de questions philosophico-idéologico-didactiques. Mais le reste est complètement creux, comme en chick-lit. Et le pire dans tout ça ? C'est que c'est vendu comme un roman normal, qui a été nominé pour le Man Booker Prize, sans doute juste parce que c'était écrit par une femme noire (on met en lumière ce que beaucoup aiment appeler les "minorités", un vocabulaire qui à mes yeux entérine l'inégalité qui peut exister entre êtres humains aujourd'hui) qui écrit sur les Noirs.

En bref, même si en soi ça se lit vite vu la quantité incroyable de dialogues tels que :

"Qu'est-ce que tu fais ?

- Rien.

- Mais si, dis-moi.

- Oh, je regarde par la fenêtre.

- Bon, t'as mangé ce matin ?

- Les oeufs sont dans le placard. Tu fais quoi aujourd'hui ?

- Je vais à la piscine et puis j'ai cours après."

... cette lecture reste pénible pour qui déteste le genre. A éviter si comme moi vous aimez les récits dans lesquels il se passe des trucs. On a notre propre vie, c'est amplement suffisant !! Quant aux enjeux de société, ils sont ici trop anodins pour réveiller un quelconque intérêt voire même justifier qu'on encense autant cet auteur.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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