AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Éric Corbeyran (2269)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Charmes Fous

Sébastien Dugroin mène une vie de bourgeois-bohème à Paris. Il est créateur dans une agence de publicité et planche actuellement sur les slips Pelletier. Avec son collaborateur, ils ont bien du mal à trouver des slogans qui plaisent à ce cher Monsieur Pelletier, toujours insatisfait de leur travail. Un coup de téléphone tragique lui annonce brutalement que son père vient de mourir dans un accident de voiture. Il a été percuté par un camion de cochons et s'est fait dévorer par les bêtes qui s'en sont échappées! Le jeune homme se rend aux obsèques de son paternel, accompagné de sa petite amie, très belle femme mais un peu à côté de ses pompes. Une vieille femme, venue lui présenter ses condoléances et amoureuse de son papa, lui fait comprendre que la thèse de l'accident semble peu probable. Des balivernes pour Sébastien mais tout de même, il va chercher à en savoir plus sur les circonstances exactes et décide alors de passer quelques jours dans la maison de son papa. Et, là, ils feront d'étranges découvertes: tout un tas de médicaments alors qu'il n'était pas malade, une canne alors qu'il marchait très bien, une poupée entourée de barbelés, une photo de lui enduit de cire... Le jeune homme ne comprend rien à tout ça et décide d'appeler son ancienne petite amie Mélanie, spécialiste dans tout ce qui touche à la sorcellerie. Les trois compères vont se lancer à la recherche de ceux qui ont jeté des sorts et peut-être voulu le tuer...



Corbeyran nous offre ici une enquête policière dans un milieu rural où poupée vaudou et mauvais sort viennent troubler l'esprit du jeune Sébastien. Le scénario est plutôt bien ficelé, la sorcellerie omniprésente et les personnages, que ce soient les locaux ou les Parisiens, attachants, drôles ou étranges. On est vite plongé dans cette ambiance tantôt tragique tantôt fantastique. Et, que l'on y croit ou pas, ça fonctionne plutôt bien. On a même droit à des explications sur les sorts que l'on peut jeter (pour ceux qui seraient tentés!). Par contre, le dessin est un peu moins charmant:des traits assez épais et un coup de crayon peut-être trop nerveux. Cela reste toutefois un album distrayant et sympathique.



Charmes fous... charmée à défaut d'être envoûtée..
Commenter  J’apprécie          260
Rosangella

Cette BD m'a vraiment étonnée par sa profondeur, son réalisme, la force de son scénario. C'est un portrait de femme complexe, déroutant, dérangeant parfois. Rosangella a vécu avec un homme violent, qui l'a tuée, mais comme elle dit, "malheureusement, avec ce genre de mort, on reste encore en vie". Elle a fui, a continué sa vie d'errance, avec ses trois enfants, et lorsque sa fille Lisa, aussi belle qu'elle à son âge, fête ses dix-huit ans, le père et ex-amant violent se repointe. Les auteurs n'ont pas voulu faire une BD à thème pour dénoncer la violence faite aux femmes. Certes, le sujet est au centre du livre, mais d'une façon ambivalente, sans manichéisme. Quinze ans après, Rosangella se sait encore sensible au charme de Max dont elle a supporté la violence elle ne sait pourquoi. L'histoire ne s'arrête pas là, puisqu'elle est faite des autres personnages, les enfants, Jo le vigile, de leurs relations plus complexes qu'il n'y parait. Rosangella dans ses éternelles errances reste le personnage central, avec son manège installé sur le parking d'un centre commercial, à la fois ballotée par la vie et capable de se rebeller. Les péripéties s'enchainent, dures, violentes, mais aussi sensuelles et tendres parfois. La philosophie de l'œuvre est résolument optimiste, sans naïveté, et ça fait du bien. Cette BD est un vrai polar, et le scénario ferait un film formidable. Petite déception pour moi, le dessin ne m'a pas procuré d'émotions particulières. Si la représentation des femmes est particulièrement soignée et charnelle, les scènes d'actions ne m'ont pas convaincue dans leur découpage un peu trop statique, trop classique peut-être. J'ai aimé Rosangella, mais pas pour son graphisme, pour l'histoire. L'intérêt est trop inégal à mon goût entre le dessin et le scénario pour trouver cette BD exceptionnelle comme elle aurait pu l'être, mais je conseille néanmoins sa lecture pour ce portrait de femme très crédible et sortant des clichés habituels.
Commenter  J’apprécie          262
Le maître chocolatier, tome 3 : La plantation

Je suis finalement arrivée au bout de la série du Maître Chocolatier alors que je ne pensais même pas lire le deuxième tome, mais la curiosité... Et sans surprise, le troisième tome ne m'a pas davantage séduite que les deux précédents. Le récit mêle passion pour le chocolat (cette fois on se concentre surtout sur l'origine du chocolat avec la production des fèves de cacao dans les plantations) et intrigues mafieuses en tout genre (menaces, enlèvements,...).



Comme dans les deux premiers tomes, les dessins ne m'ont pas trop plu, avec des personnages qui manquent de naturel et paraissent figés. En revanche, les paysages du Viêt Nam sont très bien rendus, lumineux et verdoyants.



Je pense que Le Maître Chocolatier est davantage destiné aux adeptes de suspense qu'aux amateurs de chocolat et comme j'entre plutôt dans la deuxième catégorie...
Commenter  J’apprécie          250
Le Maître Chocolatier, tome 1 : La boutique

J'ai moyennement accroché à l'histoire qui mêle passion du chocolat et intrigues mafieuses. J'aurais préféré qu'on s'en tienne à la passion du chocolat, mais bon...



Mais ce qui m'a le moins plu dans le livres, ce sont les dessins qui m'ont semblé "figés" : on ne sent pas les mouvements des personnages, du coup on a l'impression qu'ils ont pris des poses bizarres avant d'être dessinés et le résultat n'est pas du tout naturel.
Commenter  J’apprécie          250
L'homme de l'année, tome 2 : 1431 - L'Homme q..

En 2013 les éditions Delcourt se sont lancées dans le projet d'entamer une collection de bandes dessinées historiques mêlant la petite et la grande histoire et mettant en scène des inconnus dont la postérité n'aura pas retenu le nom mais qui jouèrent pourtant un rôle clé lors de certains des moments les plus cruciaux de notre histoire. Une initiative apparemment bien accueillie du grand public puisque « L'homme de l'année » compte déjà six tomes à son actif et que d'autres sont dores et déjà annoncés pour 2014. Des albums d'une qualité malheureusement très variable, certains volumes tels que ceux consacrés à la Première Guerre mondiale (1917) ou encore à la découverte de l'Amérique (1489) étant très réussis, tandis que d'autres souffrent de lourds défauts. Et c'est justement le cas de ce tome consacré aux événements de l'année 1431 et à la figure mystérieuse de l'homme qui trahit Jeanne d'Arc. Au risque de me montrer trop dure je serai bien en peine de trouver un quelconque point positif à cet album à l'intrigue convenue, aux personnages fades et antipathiques et aux graphismes peu attractifs.



L'idée de se concentrer sur la première moitié du XVe siècle et sur les conséquences de la Guerre de Cent Ans pour le royaume de France était pourtant loin d'être mauvaise mais le résultat est franchement décevant. Un mot sur l'intrigue pour commencer : deux chevaliers, anciens compagnons de Jeanne, sont contactés pour la reine et chargés de retrouver le coupable de l'homme à l'origine de la capture et de la mort sur le bûcher de la Pucelle en 1431. Sauf que l'« enquête » des deux hommes se limitent à aller rendre une petite visite à tous les coupables les plus plausibles, initiative dont ils n'ont d'ailleurs pas eux-mêmes l'idée mais que l'on doit à un mystérieux homme masqué qui les suit dans toutes leurs pérégrinations et leur fournit fort obligeamment des indices à chaque étape de leur voyage (indices auxquels ils se fient instinctivement sans aucune raison...). Avouez que niveau complexité et plausibilité on a vu mieux... (et je ne parle même pas des tentatives du scénariste pour entretenir le suspens tant celles-ci manquent de subtilités). Rien à sauver non plus du côté du contexte historique puisque Corbeyran se contente du strict minimum. Vous n'apprendrez ainsi rien sur la Guerre de Cent Ans et encore moins sur Jeanne d'Arc, réduite à un simple rôle de figuration.



Si le lancement de la collection « L'homme de l'année » part d'une bonne intention, il est toutefois dommage que la qualité varie à ce point d'un album à l'autre. Et avec ce volume consacré à « L'homme qui trahit Jeanne d'Arc », Corbeyran et Horne ont de toute évidence loupé le coche.
Commenter  J’apprécie          250
Pavillon noir, tome 3 : Dans les entrailles..

Un bref retour dans le passé, de dix ans exactement, dans lequel le lecteur découvre le triste passé de Daniel Longfellow et comment ce dernier a été condamné à tord pour un crime qu'il n'avait pas commis. Celui que l'on prénomme dorénavant Dark Dan, capitaine pirate et commandant d'un superbe vaisseau, bien qu'ayant été déchu de la société a néanmoins eu de la chance dans son malheur puisqu'il a rencontré de fidèles alliés et, plus que tout, il est en vie...et cela n'a pas de prix.

En découvrant le fameux trésor qu'il était parti cherché (trésor assez énigmatique puisqu'il ne se compose pas de pièces d'or, ni même de bijoux comme tout trésor digne d'un véritable pirate), Dan se voit accorder l'opportunité de défaire ce qui a été fait et, ainsi de racheter sa liberté...Comment est-ce possible me demanderez-vous ? Je ne vais certes pas vous dévoiler toute l'intrigue mais sachez que son parcours sera semé d’embûches et que, dans la vie (et même dans les bandes-dessinées), l'on ne peut pas toujours faire ce que l'on voudrait. Il faut parfois faire avec ce que l'on a et apprécier ces dernières - notamment l'amour, l'amitié et plus que tout, la vie tout simplement -, à leur juste valeur.



Un troisième tome rempli de philosophie (eh oui, les pirates ne sont pas exclusivement des êtres sanguinaires et sans pitié, cela leur arrive d'être tout simplement des êtres humains), toujours très bien travaillé sur le plan graphique...Je pense d'ailleurs qu'il s'agit de mon préféré, ce qui me pousse à monter ma note à 4 / 5.

En espérant vivement qu'il y ait une suite (ce dont je suis pratiquement persuadée), je vous encourage vivement à venir découvrir cette série !



Commenter  J’apprécie          252
Pavillon noir, tome 2 : Par-delà les océans

Dans ce deuxième tome de la série "Pavillon Noir", le scénariste nous invite d'abord à faire un bref saut dans le passé (rassurez-vous, pas trop long le saut, il s'agit simplement de remonter le temps de quelques mois). Le lecteur découvre donc pourquoi celui qui se prénommait Daniel Longfellow a décidé de se convertir à la piraterie et d'écumer les mers à bord de son vaisseau, le "Black Joke" accompagné de son fidèle équipage. Le dénommé Daniel, dorénavant mieux connu sous le nom du Capitaine Dark Dan, commençant à se faire vieux, n'a dès lors qu'une obsession: racheter sa liberté !



C'est ainsi que nous le retrouvons en compagnie de ceux qui lui sont le plus fidèles, à savoir la femme pirate Bonnie et Killing Howie en quête de ce fameux trésor. Mais, d'ailleurs, qui sait si cette carte qu'il a eu bien du mal à faire déchiffrer (voir tome un) tant elle représentait une véritable énigme pou lui, le mènera véritablement à un trésor ? Et si il s'était laissé berner et était tombé dans un abominable piège ?



Les apparences sont rarement ce qu'elle semblent être, cela, vous le savez déjà, donc si c'était moi qui vous avez amené sur une fausse piste ?



Pour le savoir et en avoir le coeur net, plus qu'une solution pour vous, amis lecteurs : celle de découvrir cette superbe série avec un scénario de plus en plus intrigant de Corbeyran et d'un graphisme - toujours aussi bien travaillé - de Bingono, tout cela saupoudré d'une magnifique mise en couleur de Bastide.



Bon, eh bien maintenant que vous avez toutes les cartes en main, vous n'avez plus qu'à vous plonger dans cette univers de pirates sans pitié (normal puisque telle est leur nature)...mais qui ont, pour certains, gardé leur part d'humanité. A découvrir !
Commenter  J’apprécie          250
Châteaux Bordeaux, tome 4 : Les millésimes

Un 4ème opus qui diffuse toujours suspens et savoirs sur le vin.

De beaux dessins.

Vite la suite...
Commenter  J’apprécie          250
Lie-de-Vin

Lie-de-vin, c'est le surnom dont a été affublé ce petit garçon de 14 ans parce qu'il a une tâche sur le visage, du menton jusqu'au front. Il vit dans un petit village, entouré de ses deux tantes, Albertine et Perrine. Abandonné à la naissance, il n'a jamais connu sa mère et espère tout au fond de lui qu'un jour elle voudra le voir. N'allant pas à l'école parce qu'il en a décidé ainsi, il vadrouille dans la campagne, s'enregistre avec son magnétophone, sorte de journal intime et feuillète le livre des records. Entre l'attention que lui porte Monsieur Pichelet, son ancien instituteur, les coups de gueule du boucher, les allées et venues de sa femme devant la maison de «Marie-Mystère», les caresses de Maïs, la fille de la ferrailleuse, Lie-de-vin vit sa petite vie d'adolescent sans souci... jusqu'au jour où Lulu, son chien, disparaît...



Corbeyran nous offre ici un album attendrissant, à la fois poétique et cruel. En association avec Olivier Berlion qui a su rendre une ambiance paysanne tout à fait charmante. Aux traits fins et aux couleurs éclatantes et directes, on est tout de suite attendri par toutes ces belles planches et ces décors dépaysants.

Corbeyran nous livre une belle histoire aux personnages très attachants, surtout notre héros Lie de vin, personnage haut en couleur.



Lie de vin...un très bon cru!
Commenter  J’apprécie          250
Les parfums du pouvoir, tome 2 : Secrets de..

Mais l’inexpérience n’est pas une excuse.

-

Ce tome fait suite à Les parfums du pouvoir, tome 1 : Le piège indonésien (2020). Son édition originale date de 2022. Il a été réalisé par Éric Corbeyran & Christian Mot pour le scénario, par Fabio Iacomelli pour les dessins, par Jean-Paul Fernandez pour la couleur, et l’illustration de couverture a été réalisée par Aurélien Morinière. L’album compte cinquante-quatre pages de bande dessinée.



Canne, devant la plage, à l’intérieur d’une des grandes salles du Majestic, un responsable de la Maison Destainville s’adresse aux dizaines de personnes installées à des tables rondes. Il commence par dire Merci à toutes et à tous d’avoir répondu aussi nombreux à leur invitation ! Il connait personnellement la plupart d’entre eux, car ce n’est pas la première fois que la Maison Destainville leur présente un parfum d’exception. Il sait qu’une même passion anime les colonnes de leurs magazines, les plateaux de leurs émissions et les pages de leurs blogs. Il sait que les enseignes qu’ils représentent ont toujours été fidèles à la Maison Destainville… Et il espère qu’une fois encore ils partageront son excitation pour la naissance de ce nouveau bébé ! Ce dernier né n’est rien de moins que le nouveau pilier de l’offre olfactive de la marque. Ils ont de grandes ambitions pour lui ! Afin qu’il puisse exister pleinement, Destainville va investir fortement, car il répond aux attentes de la jeunesse. Et notamment de la jeunesse asiatique, dont chacun sait que la demande est chaque année plus importante ! Tout à l’heure, Marie Denoyelle, la responsable marketing, et Max Guang, le créateur, viendront leur dire quelques mots. Mais pour l’instant place au superbe film publicitaire réalisé par l’agence Astéroïde !



Après la diffusion du film publicitaire montrant des jeunes femmes nues humant la fragrance de Grain d’Azur, Max Guang prend la parole pour présenter sa composition de parfum : Le vétiver et la lavande sont deux plantes qui se développent à des milliers de kilomètres de distance l’une de l’autre. La première pousse dans les zones tropicales du globe. On l’appelle Khus Khus dans certaines régions de l’Inde. C’est une racine boisée, épicée, racée… Il l’a choisie comme note de cœur pour sa subtilité. La seconde abonde en Provence, à deux pas de chez la Maison Capella. C’est son éclat qui l’a conduit à l’utiliser comme note de tête. Le mariage de la lavande et du vétiver est improbable et pourtant, comme ils pourront s’en rendre compte, il est la définition même de l’harmonie. Quant à l’ambre gris, il s’agit d’un produit rare. On ne peut pas le cultiver. On ne peut qu’en rêver ou avoir la chance de tomber dessus. Grâce à la maison Capella, il a eu le privilège de travailler cette matière exceptionnelle dont l’intensité et la chaleur ramènent à l’animalité. Cet ambre gris, il l’a choisi comme note de fond de Grain d’Azur. Après son intervention, Marie Denoyelle reprend la parole pour inviter les participants à déguster le délicieux cocktail dînatoire que propose Potel & Chabot.



En entamant ce deuxième tome, le lecteur sait exactement ce qu’il va y trouver, dans la droite lignée du premier. Une lecture de genre : une riche famille propriétaire d’une grosse entreprise, dirigée par le père vieillissant, avec des alliances et des intrigues, des coups en traître pour être calife à la place du calife, et des moments difficiles pour l’entreprise. En effet, la santé du patriarche s’avère vacillante, les ambitions de sa progéniture et la concurrence produisent les conflits correspondant aux conventions du genre : les tractations pour promouvoir son produit, le réseautage pour faire aboutir des propositions et emporter des contrats sur la concurrence, les tensions et les emportements et autre fâcheries au sein de la fratrie, les histoires de famille et les rancœurs, les secrets de famille et les non-dits, le luxe et la débauche, un comportement de classe dominante vis-à-vis de simples employés, et une forme de traditionalisme un peu réactionnaire et protectionniste. Ces facettes se trouvent exacerbées par le changement d’artiste, le nouveau dessinateur réalisant des images plus propres sur elles, avec une sorte d’élégance glacée, évoquant les magazines people.



De ce point de vue, le lecteur éprouve une forme de contentement immédiat, avec un produit conforme à son horizon d’attente. Dans le même temps, la première page atteste qu’il y a plus qu’une recette éprouvée réalisée par des artisans qui viendraient cachetonner. La première case occupe un tiers de la hauteur de la page, et toute sa largeur : une magnifique vue du Majestic, de sa plage, et des immeubles du front de mer en arrière-plan. S’il y est sensible, le lecteur peut remarquer la qualité de la précision dans la représentation des différents bâtiments : la promenade du front de mer avec les parasols et les tables de restauration protégées par un petit toit pyramidal, la façade caractéristique de l’hôtel Carlton, la luxueuse villa de la famille Capella, son immense salon, sa belle terrasse, sa piscine, une vue de la vieille ville de Grasse avec l’église Saint-Laurent-de-Magagnosc, la belle terrasse d’un café à Grasse, la piste d’atterrissage de l’aéroport de Nice-Côte d’Azur et l’intérieur, différents bureau de la Maison Capella, le laboratoire du nez Noël Debruge, la plage de Nice et ses bâtiments de front de mer, les usines Capella et leurs extracteurs, etc. La précision des dessins fait parfois penser à l’usage d’un logiciel de modélisation pour un rendu clinique et précis. Une fois son attention attirée par les détails et la finesse d’exécution, le lecteur note les bateaux dans la marina de Cannes, les petits fours impeccablement alignés dans une perspective, le modèle de la Mercedes décapotable, les bandes jaunes et noires pour délimiter les circulations dans l’usine, la 2CV sur l’autoroute, les différentes œuvres d’art au mur chez les Capella, le modèle réduit de voilier sur le manteau de leur cheminée, le tableau d’Henri Matisse dans la salle de réunion du comité de direction. Il se rend compte que l’artiste représente avec la même minutie les différentes fleurs : patchouli, pavot, rose centifolia.



Dans ce monde décrit avec un œil froid auquel aucun détail n’échappe, les personnages se détachent comme étant plus vivants, même s’ils sont représentés dans un registre esthétique similaire, avec le même souci de la précision pour les tenues vestimentaires, une direction d’acteur naturaliste avec parfois des poses un peu étudiées, un travail très sophistiqué sur la mise en couleurs pour ajouter un peu de relief et de teinte sur les visages et les mains. L’effet produit peut ne pas être du goût de tout le monde, un peu froid, au point que la séduction des trois jeunes mannequins du spot de pub pour le parfum Grain d’Azur apparaît artificielle et elles apparaissent trop parfaites, trop cambrées dans leur façon de bouger pour être vraiment séduisantes, neutralisant toute forme d’érotisme. Les auteurs se montrent assez facétieux et même moqueurs dans ce passage, le flacon surgissant de l’océan, bien dressé vers le ciel pour une métaphore dont la finesse fait défaut. Ces caractéristiques visuelles induisent que les comportements sont aussi factices que l’apparente beauté de surface et les comportements très policés qui ne parviennent pas à faire illusion quant aux motivations profondes intéressées et égoïstes.



C’est donc reparti pour une lutte intestine afin de s’approprier la place laissée vacante par le patriarche. Les coscénaristes ont ainsi construit leur récit, que le lecteur prend parti pour Pierre-Jean Capella, le seul héritier qui semble avoir vraiment à cœur les intérêts de l’entreprise familiale, avant les siens, et qui tente d’aider son paternel de manière désintéressée, par comparaison avec les autres membres de la famille surtout focalisés sur leur propre intérêt. Toutefois, ce fils fait l’aveu à son épouse Victoria qu’il se trouve lâche : finalement le potentiel retour de son père constitue la solution de facilité dans laquelle il n’a pas à s’imposer face à ses frères et sœurs. Il se voit contraint de fouiller un peu dans la vie privée de son père et il découvre des choses qu’il ne soupçonnait que ce soit sur sa vie privée, ou sur les petits (et parfois gros) arrangements qui ont permis de d’étouffer des affaires scabreuses pour le bien du développement de la maison Capella. Paul Capella explique à sa bru Victoria que : En l’absence de nouvelles Terræ Incognitæ à conquérir, le business est devenu la seule aventure moderne qui vaille le coup d’être vécue, un chef d’entreprise se doit d’être un véritable aventurier. Le lecteur constate avec Pierre-Jean qu’on ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs.



Par comparaison avec le premier tome, le lecteur fait le constat que les intrigues familiales gagnent en substance, car elles peuvent s’appuyer sur ce qui a été exposé et établi dans le premier tome. Chaque stratégie et chaque alliance obligent les personnes concernées à accepter des compromis, à transiger avec la morale et avec ses principes. La pureté ne résiste pas à l’aventure capitaliste, mais d’un autre côté l’ambition personnelle et les compromissions qui l’accompagnent se retrouvent au service de l’entreprise familiale, lui fournissent l’énergie requise pour affronter les difficultés et croître. Dans ce tome, les auteurs intègrent également plus d’aspects techniques relevant de l’industrie des parfums : la promotion d’un produit, le rôle des consultants indépendants intermédiaires entre certaines marques et certains parfumeurs, l’art de composer un parfum selon Edmond Roudnitska (1905-1996), la note de tête et la note de cœur, la note de fond, le jus, la concrète (pâte correspondant au parfum à l’état solide). Dans le premier tome, ils évoquaient la question des parfums de synthèse, dans celui-ci ils mettent en scène une culture locale de la rose Centifolia, et l’enjeu de revenir à des méthodes traditionnelles.



Le lecteur s’attendait à une suite prévisible, dans la lignée du tome un. Dans un premier temps, il peut être un peu déconcerté par le nouveau dessinateur, avec des images très propres et une apparence très lisse, mettant en œuvre un nombre certains de clichés chic dans la représentation des personnages et des milieux dans lesquels ils évoluent. Progressivement, il apprécie la précision méticuleuse des représentations, leur consistante, le comportement adulte des personnages et leur faillibilité, la tension grandissante dans leurs affrontements feutrés et leur pragmatisme. L’intrigue et sa narration gagnent en consistance et en nuance.
Commenter  J’apprécie          242
La désobéissance d'Andreas Kuppler (BD)

D'après le roman de Michel Goujon

Scénario : Corbeyran

Dessin : Manuel Garcia

Couleur : Degreff

Allemagne 1936. Lors des Jeux olympiques d'hiver, le journaliste sportif Andreas Kuppler se montre très imprudent en fréquentant Susanna Rosenberg, une juive américaine. Le voilà suspect au yeux du pouvoir.

Les visages et silhouettes parfois à peine esquissés ne nuisent pas à la qualité du dessin et du récit. Les couleurs varient selon les moments, les circonstances.

J'apprécie de plus en plus la bande dessinée, surtout basée sur des romans ou des faits réels.
Commenter  J’apprécie          242
Les guerres d'Albert Einstein, tome 1

Une facette inconnue de Einstein est dévoilée dans ce roman graphique magnifiquement illustré par Corbeyran. Son amitié avec le chimiste Fritz Haber vont les pousser vers une soif de reconnaissance balayant au passage leurs convictions et leurs femmes, scientifiques comme eux.
Commenter  J’apprécie          240
Elfes, tome 9 : Le Siège de Cadanla

Je l'ai déjà dit au quatrième tome mais ça se confirme encore : je les aime bien ces semi-elfes. Sans doute parce qu'ils sont les mal-aimés, le rebut d'une société hiérarchisée et hautaine et parce qu'ils n'en restent pas moins fiers et dignes ! J'aimerais pouvoir dire que le clivage entre classes sociales et la ségrégation qui en découle pourraient paraître has been, mais ce serait se voiler la face !



Ce neuvième tome est terrible ; il m'a véritablement effrayée et désespérée. J'en tremble encore...et le pire, c'est que j'ai l'impression que ce ne sont que les prémices de ce qui surviendra dans les tomes suivants ! J'espère bien me tromper ...je croise les doigts !

Ceci étant dit, même si l'ambiance s'assombrit lourdement et que les paysages me font beaucoup moins rêver, j'admire toujours autant le graphisme de cette série Elfes. Le rendu visuel est à la hauteur du scénario : épique et époustouflant !
Commenter  J’apprécie          240
14-18, tome 4 : La tranchée perdue (avril 1915)

Dans ce tome, l'horreur de la guerre continue de faire des ravages. Sur les champs de bataille, avec l'attente et les conditions de vie insupportables dans les tranchées, puis avec la menace de l'emploi de gaz de combat pour neutraliser ces hommes retranchés. Dans les familles, où la violence de la guerre se fait aussi sentir, parfois jusque dans les chairs...
Commenter  J’apprécie          241
14-18, tome 3 : Le Champ d'honneur (janvier..

Troisième tome de la série dans lequel, nos soldats découvrent les tranchées en les creusant, avant de partir au casse-pipe...

Dans lequel aussi, sont abordés des sujets plus intimes, comme la vie, parfois jusqu'à la folie des femmes qui les attendent, ou même de l'homosexualité, considéré comme un fantasme pour s'évader de la guerre...
Commenter  J’apprécie          240
Les guerres d'Albert Einstein, tome 2

Comment un pacifiste en vient à concevoir la bombe atomique ?

Ce deuxième tome est plus axé sur la guerre que sur la vie des deux scientifiques si opposés et en même temps ayant cette même soif de reconnaissance. Pas vraiment sympathique cet Albert qui s’exile en Amérique mais qui, surtout, remet à sa place sa femme dans le rôle d’épouse au service du mari en occultant l’aide qu’elle lui a apporté en tant que scientifique aussi.
Commenter  J’apprécie          230
Les guerres d'Albert Einstein, tome 1

Le célèbre écrivain et journaliste François de Closets se penche sur la vie d'Albert Einstein dans une bande dessinée fascinante, abordant une facette méconnue du scientifique.



En collaboration avec le scénariste Éric Corbeyran et le dessinateur Éric Chabbert, l'auteur met en lumière le rôle du physicien et de son ami, le célèbre chimiste Fritz Haber, dans l'invention d'armes de destruction massive lors des deux Guerres mondiales, à savoir les gaz asphyxiants et la bombe atomique. Comment des hommes connus pour leurs positions pacifistes sont-ils passés, au nom de la science, de la recherche fondamentale à la destruction totale ?

Est mis en lumière le rôle du physicien et de son ami, le célèbre chimiste Fritz Haber, dans l'invention d'armes de destruction massive lors des deux Guerres mondiales.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          230
Paroles de taule

Au début des années 2000, Corbeyran, un scénariste de bande dessinée, est contacté par les membres de l’association BD Boum qui est présente à la prison de Blois, pour y réaliser des ateliers avec les détenus.



Il s’agissait de scénariser les histoires écrites par les prisonniers et de les proposer à des dessinateurs professionnels. C’est la deuxième expérience de ce type, la première ayant donné lieu à un volume appelé « Paroles de taulards ». Ici, les histoires intègrent également l’expérience des surveillants.

On trouve dans cet ouvrage des planches dessinées par Margerin, Cabanes, Pic, Riad Sattouf, etc…)

C’est une somme de témoignages souvent poignants, en noir et blanc, livrés par des auteurs engagés et talentueux.



On n’en sort pas sans une vision un peu modifiée de la prison et de la notion de détention, comme de réinsertion.

En même temps, 17 ans après sa publication, cet album nous montre que peu de choses ont changé. Si ce n’est le problème de surpopulation qui est de plus en plus prégnant.

Commenter  J’apprécie          230
Le quatrième mur (BD)

1982. A la demande de son ami Sam, metteur en scène grec mourant, le narrateur prend le relais de son rêve : monter Antigone à Beyrouth, en plein cœur de la guerre, avec des acteurs de tous les camps. Obtenir une trêve de chacun, jouer une seule fois. Georges ne sait pas qu'il vient alors de vivre le début d'un long périple dont personne ne sortira indemne.



Monter Antigone d’Anouilh à Beyrouth en pleine guerre du Liban, en faisant jouer sur la ligne de démarcation un fils ou une fille de chaque camp : afin de tenir cette promesse pour le moins insensée, Georges part main tendue à la paix, avant que la guerre ne lui offre brutalement la sienne.



Un récit épuré qui montre parfaitement à quel point cette belle idée, de mettre le théâtre au service de la paix pour « Voler deux heures à la guerre en prélevant un cœur dans chaque camp » accouchera d'une tragédie bouleversante qui enterre les illusions de l’utopie sous les cendres de la guerre et de l'apocalypse.



Son adaptation en roman graphique par le scénariste Corbeyran et le dessinateur Horne est très réussie.



Car si la mise en images peut donner l'impression d'adoucir le propos violent et apre du roman de Chalendon, les choix graphiques ' noirs et blancs, traits de pinceaux) et narratifs de la BD mettent bien en avant le côté viscéral et toute en urgence de cette course contre la montre, convaincante aussi bien du point de vue du récit que graphiquement, avec ce roman graphique superbement mis en scène.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          230
Black Stone, tome 2 : New-York

Un concept intéressant : un prestidigitateur acquiert de véritables pouvoirs magiques.



Scénarisée par Corbeyran, artisan besogneux de la bd hexagonale grand public et dessinée par Eric Chabbert, "Black Stone" est une histoire plutôt sympathique...

Paris, en 1860. Nelson Staightback, Jenny Sullivan et Jean-Jacques Bonneteau sont associés et s'évertuent à monter des arnaques à la petite semaine genre le bonneteau justement...Mais, si Jean-Jacques semble, malgré les difficultés pécuniaires et le risque toujours présent de se faire arrêter, satisfait de cette vie, ce n'est pas le cas de ses deux comparses qui ambitionnent de monter un véritable spectacle de magie. Il se retrouve donc seul, tandis que ses ex compagnons rentrent en Angleterre tenter leur chance. Ils finissent par se produirent dans un petit cabaret londonien. Lors d'une représentation un incident survient : une petit garçon, qu'ils avaient fait entrer dans une boîte truquée, disparait véritablement. Nelson a tout juste le temps de récupérer une mystérieuse pierre noire avant d'échapper à la foule en colère (contrairement à sa femme qu'il laisse en plan...)



Ce deuxième tome débute un an après les évènements du premier. Jean-Jacques a sillonné l'Europe de long en large, afin de retrouver Nelson dans le but de prouver l'innocence de son ex-compagne Jenny, qui croupit en prison, suite à la mystérieuse disparition du fils de Mary. Elle finit par se rappeler de l'existence de la pierre noire et en fait part à Jean-Jacques. Celui-ci revoit également Mary, qui a trouvé un employeur, un homme apparemment cultivé et qui, malgré sa cécité fait preuve d'une grande sagacité, au milieu de l'immense bibliothèque de sa grande demeure victorienne...Elle continue de faire d'étranges rêves, dans lesquels elle voit son fils dans un monde fantastique, accompagné d'une princesse, qui souhaite en faire son cavalier, lors d'un bal donné dans un château au loin. Finalement, Jean-Jacques finit par mettre la mains sur Nelson, à New York et constate qu'il y connait un énorme succès...



Un tome dans la continuité du premier. Le dessin est toujours aussi agréable et les décors plus que jamais mis en valeur. La confrontation entre Nelson et Jean-Jacques tourne court, l'affrontement est remis à plus tard. On s'intéresse particulièrement au mystérieux employeur de Mary qui, coup de bol, s'avère être un expert en sciences occultes. Nelson, quant à lui, a tout ce qu'il désirait (gloire et fortune), mais, sachant que tout repose sur des pouvoirs qui ne sont pas les siens, il craint plus que jamais de tout perdre. Bref son ambition est en train de se muer en paranoïa (mon dieu, on dirait qu'il bascule du côté obscur de la Force).



Une suite toujours aussi sympathique. Ce n'est pas la bd du siècle, mais, tel un bon ragoût de mémé Lucette, on en redemande...
Commenter  J’apprécie          230




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Éric Corbeyran Voir plus

Quiz Voir plus

La Métamorphose

En quelle année est paru pour la première fois "La Métamorphose" ?

1938
1912
1915

11 questions
231 lecteurs ont répondu
Thème : La Métamorphose de Franz Kafka de Éric CorbeyranCréer un quiz sur cet auteur

{* *}