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Critiques de Éric Corbeyran (2269)
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Elle ne pleure pas elle chante

Avec cet album d'une grande intensité et d'une force incroyable, Corbeyran et Murat ont mis les mots et les dessins appropriés pour raconter l'histoire vraie d'Amélie Sarn.

Un matin, le téléphone sonne. Tirée de son sommeil, Laura apprend que son père a eu un grave accident de voiture. Il est dans le coma et son état est critique. A cette annonce, Laura n'est pas triste, au contraire, elle est heureuse et soulagée. Depuis combien de temps et combien de fois a-t-elle souhaité sa mort ? Malgré ces pensées, elle se rend au chevet de son père et lui parle, pour soulager sa conscience... et lui, le rendre coupable.

C'est un véritable récit coup de poing où le thème de l'inceste y est traité avec justesse. Dans cet album épuré aux dessins inaltérés, aux couleurs criardes et au texte incisif, on est très vite mal à l'aise et impuissant face à cette détresse.

Sans tomber dans le pathos, cet album sensible interpelle le lecteur avec subtilité.

Un récit coup de coeur du combat d'une jeune femme...

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14-18, tome 10 : La Lune en héritage (novembr..

Belle série de 10 albums qui nous plonge dans la tourmente et l'horreur de cette « parenthèse temporelle » en nous faisant suivre le destin de huit amis d'enfance. Elle est servie par une mise en images qui illustre très bien cette boucherie inutile et le quotidien des soldats. Des albums bien travaillés et qui nous tiennent en haleine tout au long de la série. A lire.
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Malpasset (Causes et effets d'une catastrop..

Que Fréjus renaisse !

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Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre. La première édition de cet ouvrage date de 2014. Elle a été réalisée par Éric Corbeyran pour le scénario et par Horne Perreard pour le dessin, l'encrage et les nuances de gris.



Toulon en janvier 1960, un monsieur se présente dans un pressing avec des draps encore pliés. L'employé s'en étonne car ils semblent parfaitement propres : il explique qu'il les a retrouvés dans une armoire et que lorsque la vague est passée, la boue s'est infiltrée partout. Les draps se trouvaient dans une armoire au premier étage et quand la vague a déferlé, elle a emporté tout ce qui se trouvait au rez-de-chaussée et inondé tout ce qui était à l'étage, mais personne n'est mort. À Fréjus dans le Var le 2 décembre 1959, tout le monde est confortablement installé dans son lit ou autour d'un dîner, devant son poste de radio ou la télé. À 21h13, le barrage cède libérant une vague de 60 mètres de haut. 50 millions de mètres cubes d'eau se déversent d'un seul coup dans la vallée, projetant des rochers, de la terre et des énormes blocs de béton, arrachant les arbres, anéantissant les habitations, emportant tout sur leur passage. Dix kilomètres séparent Fréjus du barrage. La vague met 25 minutes pour les parcourir avant de se jeter dans la mer. 450 personnes trouvent la mort cette nuit-là, dont près d'un tiers sont des enfants. Au matin on ne dénombre pas moins de 4.000 sinistrés. Aucune famille n'est épargnée. Tout le monde a perdu quelqu'un.



Georges Sénéquier est né en 1929 et il a eu 30 ans le 30 décembre 1959, le lendemain de la rupture du barrage. À l'époque, il était technicien de la Défense Nationale. Il travaillait à l'usine de torpilles de Saint Tropez. Il était également conseiller municipal depuis peu. Pour lui et toute l'équipe municipale, Malpasset a été leur baptême du feu. Il était revenu chez lui assez tard le 02 décembre 1959, sa fille de 4 ans dormait déjà. Après le dîner, il révisait ses cours pour un examen à passer, et il a entendu comme le bruit apporté par le mistral de dizaines de trains qui passaient en même temps. Après ce boucan, la lumière s'est éteinte, il n'y avait plus d'électricité. L'énorme grondement qu'ils entendaient avec sa femme était celui de l'eau qui déferlait. Leur maison était sur une butte que l'eau a contournée. Quand il est sorti après le passage de la vague, tout avait disparu autour de la butte, tout avait été emporté. En 1959, Simone Infantolino avait 12 ans, et elle vivait avec ses parents et ses deux frères dans la vallée du Reyran. Les deux frères avaient été punis et avaient dû aller se coucher. Son père dormait aussi épuisé par sa journée de travail. La maison abritait également un frère et une belle-soeur et leurs deux filles. À un moment donné, elle a entendu un bruit incroyable, énorme affreux et il s'est rapproché.



En choisissant cette bande dessinée, il est probable que le lecteur en connaisse déjà le sujet : le 2 décembre 1959, des précipitations intenses font monter l'eau de la retenue du barrage de Malpasset, au-dessus du niveau maximum, et entraîne sa rupture. Une vague de plusieurs millions de mètres cubes d'eau déferle vers la mer, s'abattant sur des habitations isolées et sur Fréjus. Les faits sont relatés en 5 pages en noir & blanc avec des nuances de gris, par des dessins en plan large (des cases de la largeur de la page) ne mettant en scène aucun être humain. Les cartouches de texte sont concis et factuels, apportant des informations très synthétiques. le chapitre 1 commence en page 12, et le mode narratif change : au temps présent (2014 parution de l'ouvrage, ou un peu avant), un premier témoin (Georges Sénéquier, 30 ans au moment des faits) s'adresse à un interlocuteur, comme s'il s'adressait en direct au lecteur, et fait part de ses souvenirs de cette nuit-là. Tout l'ouvrage est conçu ainsi : sur la base d'entretiens, ou plutôt de recueil de souvenirs, sans que l'intervieweur ne pose de questions, sans son intervention. C'est donc un dispositif très particulier, reposant essentiellement sur des cadrages plan poitrine du témoin, parfois un peu plus larges, régulièrement plus serrés. Tout l'art de l'artiste est de donner vie à ces individus, par le biais des expressions de visage, de la posture, accompagnées occasionnellement d'un geste de la main. Horne Perreard s'en sort très bien. Par la force des choses, les témoins de l'époque ont maintenant tous dépassé les 60 ans. Les cadrages permettent de se focaliser sur leur visage, de voir le calme qui vient avec l'âge, mais aussi les émotions qui prennent le dessus accompagnant un souvenir particulier, une souffrance encore vivante. le lecteur éprouve la sensation que ces survivants s'adressent directement à lui, qu'il les écoute assis à côté ou en face d'eux. Dans la postface, le scénariste explique qu'après avoir entendu ces différentes personnes, il ne pouvait plus simplement raconter les faits comme une reconstitution, que la parole de ces personnes devait primer sur tout. Cette façon de raconter s'avère parfaitement adaptée et le lecteur sent son coeur se serrer régulièrement.



Ce dispositif très rigoureux ne s'avère ni figé, ni pesant. Les auteurs ont également réalisé une sorte de prologue ou d'interlude pour chacun des 3 chapitres : le prologue montrant le barrage et le parcours de la vague, la présentation de Jean-Paul Vieu qui a réalisé les photographies de la catastrophe, la présentation d'Yvon Allamand adolescent et pompiste occasionnel à la station-service de son père. Ces passages font sens permettant d'élargir un peu le propos, avec des dessins qui semblent parfois un peu léger, mais qui donnent à voir une reconstitution historique soignée en particulier pour les voitures et les trains. Par ailleurs, les témoignages sont nombreux et les intervenants avaient des âges différents au moment de la catastrophe : Annie Brodin (8 ans), Pierre Trujillo (1 jour), Denise Laugier (13 ans), Michel Ruby (8 ans), Louis Infantolino (15 ans), Fernand Martini (artisan électricien), Daniel Castelli (11 ans), Huguette Epuron (31 ans), Alfred Bertini (30 ans, employé de mairie), Michèle Guillermin (14 ans, en pensionnat), Irène Jodar (19 ans, avec un fiancé). Au fil des propos, il revient plusieurs éléments communs comme le bruit de la vague titanesque ou la coupure d'électricité. le choix de la narration n'étant pas une reconstitution ou une mise en situation, les auteurs font apparaître ces éléments communs par le biais d'une image, celles-ci pouvant se répéter lors d'un autre témoignage. Ainsi il apparaît des leitmotivs visuels comme une onomatopée pour le bruit de la vague, les phylactères vides, les couvertures, l'ampoule éteinte, le barrage rempli à ras-bord, les tuiles de toit, la locomotive, le pupitre vide, le panneau H pour Hôpital, l'arbre nu, le camion de pompier avec la grande échelle, les petites maisons de Monopoly.



S'intercalant avec les plans rapprochés des survivants et les leitmotivs visuels, les auteurs intègrent sporadiquement des cases représentant la situation : les arènes de Fréjus intactes, une tombe de deux frères morts dans l'inondation, des canisses, un hélicoptère survolant la retenue d'eau, une vue aérienne le lendemain de la catastrophe, des maisons en ruine, des rues recouvertes de boue, des ruines du barrage, un verger de pêchers, etc. En début du chapitre 2, Alfred Bertini explique quelques-unes des particularités du barrage et de sa construction. Dans le chapitre 3, Georges Sénéquier évoque la gestion de la crise dans les jours, les semaines et les mois qui ont suivi la rupture du barrage, toujours sous cette forme de témoignage lors d'un entretien. Ainsi, les auteurs apportent des éléments de contexte, revenant sur la construction du barrage, sur l'activité économique de la région, sur la prise en charge des sinistrés. Ils réalisent un ouvrage qui n'est pas une enquête, pas une reconstruction des faits, pas un reportage des décennies plus tard. Ils ont conçu un format qui donne la parole aux survivants, qui permet à la fois de prendre du recul, les années ayant passé, à la fois de faire passer le traumatisme inimaginable vécu par ces personnes. Cela constitue à la fois un devoir de mémoire, à la fois une forme de thérapie pour des individus marqués à vie. En creux se dessine des vies bouleversées par une catastrophe arbitraire, l'impossibilité pour certains de faire leur deuil, ainsi qu'une autre époque. Avec le recul, il apparaît par exemple qu'il n'y avait aucun dispositif d'accompagnement psychologique. le lecteur a du mal à contenir ses émotions, que ce soit pour des souvenirs atroces (la jeune femme regardant depuis son balcon la vague engloutir des automobilistes qu'elle ne peut pas prévenir), ou incongrus (un homme sorti pour comprendre ce qui se passe et qui voit son voisin partir à la chasse). Il se dit que le plus horrible reste implicite : tous ces êtres humains qui sont morts dans des conditions effroyables.



Voilà un ouvrage qui ne ressemble à aucun autre. Dans un premier temps, le lecteur peut avoir des doutes a priori sur un ouvrage de plus sur le sujet, sur le format très austère en apparence de la narration. Il ne faut que quelques pages pour se rendre compte de l'incroyable intelligence émotionnelle et du respect total que représente ce mode de narratif relatant la parole des survivants. Tout aussi rapidement, ses réserves s'envolent quant aux dessins : l'artiste est totalement au service du projet, sachant insuffler de la vie et de l'émotion dans chaque témoin, avec une densité d'informations visuelles et d'interaction avec les mots, qu'un simple feuilletage ne permet pas de soupçonner. Une réussite extraordinaire.
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Le quatrième mur (BD)

J'ai découvert le quatrième mur par ce roman graphique très différent de ceux que j'ai pu lire jusqu'à présent, premièrement par ses tonalités blanc et noir et puis par son sujet de guerre bien plus sombre que mes lectures habituelles.



J'ai également le livre dans ma liseuse mais je pense que le roman graphique donne une bonne ébauche de celui-ci, nous suivons ici Georges qui reprend le projet de Sam qui est très malade de monter la pièce de théâtre Antigone de Jean Anouilh à Beyrouth qui est en pleine guerre.



Le but de cette oeuvre éphémère est de rassembler le temps de la pièces des acteurs de toutes religions et toutes cultures afin de les faire jouer ensemble et d'essayer d'oublier le temps de la représentation la guerre.



On se doute de la fin du récit dès que les premières horreurs de la guerre apparaissent.
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En chemin, elle rencontre

« En France, une femme meurt tous les 2 jours et demi sous les coups de son conjoint, environ 70 000 adolescentes de dix à dix-huit ans sont menacées d'être mariées de force, entre 55 000 et 65 000 fillettes ou femmes sont mutilées ou menacées de l'être. Chaque année dans le monde, 5 000 femmes sont tuées au nom de l'honneur, des centaines de milliers de femmes sont victimes de la traite en vue de la prostitution... » Un constat glaçant, écœurant, révoltant, mais dont il est nécessaire de parler, pour sensibiliser, pour réveiller les consciences qui, aujourd'hui encore, ont parfois bien du mal à admettre que les femmes continuent à être victimes de violence, non seulement dans le monde mais aussi ici même, en France. C'est pour cette raison qu'a été publié en 2009 par les éditions Des ronds dans l'O en partenariat avec Amnesty International « En chemin elle rencontre... », un ouvrage collaboratif pour la réalisation duquel plus d'une trentaine d'artistes se sont mobilisés. Chacun à leur manière, par le biais d'un scénario plus ou moins long ou d'une unique illustration, Philippe Caza, Eric Corbeyran, Kris, Emmanuel Lepage et bien d'autres y dénoncent la violence faite aux femmes en abordant aussi bien les thèmes du viol, du mariage forcé et des violences conjugales que celui du harcèlement sexuel, de l'excision ou encore de la prostitution.



C'est justement cette diversité des angles d'approche qui constitue le plus grand atout de l'ouvrage. Diversité que l'on retrouve également dans le traitement graphique de chacun de ces poignants témoignages dont certains auraient malgré tout mérité d'être un peu plus étoffés. Parmi les récits les plus aboutis figure sans aucun doute celui de Kris, Nicoby et Kness qui se penchent sur différents cas de viols à propos desquels trois personnages masculins tout ce qu'il y a de plus ordinaires sont invités à s'exprimer. Un scénario intelligent qui met le doigt sur les contradictions de certains discours ou comportements masculins. Denis Lapière et Daphné Collignon se sont eux aussi penchés sur le viol mais cette fois en tant qu'arme de guerre et nous invitent à découvrir l'histoire de Nadia et de sa mère, violée jusqu'à ce qu'elle finisse par tomber enceinte : « Parce qu'une purification ethnique se doit d'être totale et que les gènes doivent disparaître ou, mieux, être remplacés par les leurs forcément purs et splendides. » Un récit poignant, tout comme celui de Marie Moinad et Aude Samama qui reviennent quant à elle sur le commerce d'êtres humains dont sont victimes chaque année des milliers de femmes qui, bien souvent, se retrouvent ensuite prostituées dans différents pays d'Europe. Caza s'est pour sa part penché sur le thème des crimes d'honneur avec une courte succession de planches particulièrement évocatrices auxquelles succède un compte-rendu épouvantable d'Amnesty International concernant la lapidation en Somalie d'une jeune fille de 13 ans, coupable d'avoir été violée.



Mais il n'y a pas qu'à l'étranger que les femmes se retrouvent confrontées à la violence. Isabelle Bauthian et Rebecca Morse se sont ainsi penchées sur le thème du harcèlement sexuel au travail et de la spirale infernale que ce genre de pratique peut entraîner. Un récit qui n'hésite également pas à remettre en cause la façon dont continuent aujourd'hui encore à être éduquées la plupart des petites filles qui finissent par croire que douceur et fragilité sont des qualités inhérentes à leur sexe. Le sujet des violences conjugales est lui aussi abordé par le biais du poignant témoignage de Marie Moinard sublimement illustré par Eric Corbeyran et Damien Vanders. Outre la qualité et la diversité des récits, on peut également saluer le travail d'information effectué tout au long de l'ouvrage dans lequel les personnes intéressées trouveront les numéros et/ou adresses d'associations susceptibles d'aider les femmes victimes de viols et de violences ou bien menacées de mariages forcés. On trouve également pour chaque thématique traitée des chiffres, des comptes rendus d'études ou encore des extraits de textes de loi qui viennent rappeler que les faits abominables décrits dans la majorité des récits ne relèvent malheureusement pas que de la fiction, et ce malgré l'évolution de la loi et des mentalités en matière d'égalité entre les sexes.



Un ouvrage collaboratif très réussi qui brasse des thèmes, des lieux et des situations très variés permettant de sensibiliser un large public (y compris des plus jeunes) et qui nous rappellent qu'aujourd'hui encore les femmes continuent à être victimes de violence partout dans le monde pour la seule raison qu'elles sont nées femmes. A noter que deux autres volumes reposant sur le même principe ont également vu le jour depuis la sortie de ce premier album : l'un à propos du respect du droit des femmes et l'autre concernant l'égalité homme/femme.
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Black Stone, tome 1 : Les magiciens

ATTENTION SPOILER (à petite dose)





Un concept intéressant : un prestidigitateur acquiert de véritables pouvoirs magiques.



Scénarisée par Corbeyran, artisan besogneux de la bd hexagonale grand public et dessinée par Eric Chabbert, "Black Stone" est une histoire plutôt sympathique...

Paris, en 1860. Nelson Staightback, Jenny Sullivan et Jean-Jacques Bonneteau sont associés et s'évertuent à monter des arnaques à la petite semaine genre le bonneteau justement...Mais, si Jean-Jacques semble, malgré les difficultés pécuniaires et le risque toujours présent de se faire arrêter, satisfait de cette vie, ce n'est pas le cas de ses deux comparses qui ambitionnent de monter un véritable spectacle de magie. Il se retrouve donc seul, tandis que ses ex compagnons rentrent en Angleterre tenter leur chance. Ils finissent par se produirent dans un petit cabaret londonien. Jean-Jacques, quant à lui, décident, lui aussi, accompagné de son chien Muscade, de franchir la manche, afin de monter une arnaque qui consiste à faire parler les morts...Lors d'une représentation de Nelson et Jenny un incident survient : une petit garçon, qu'ils avaient fait entrer dans une boîte truquée, disparait véritablement. Nelson a tout juste le temps de récupérer une mystérieuse pierre noire avant d'échapper à la foule en colère (contrairement à sa femme qu'il laisse en plan...) Désireux de fuir l'Angleterre, il embarque sur un paquebot à destination des États-Unis et réalise, peu après, qu'il possèdent désormais de véritables pouvoirs magiques...



J'ai globalement apprécié ce premier tome. C'est plutôt intéressant de constater que le personnage en quête de respectabilité devient finalement le "méchant", dévoré par son ambition, alors que l'escroc se révèle être le "gentil". Le pathos forcé, autour de la mère du garçon disparu (son mari est mort un an avant, son fils disparait et une semaine plus tard elle perd un bras à l'usine avant de tenter de se suicider) m'a un peu fait rire mais c'est le truc que l'auteur a trouvé pour mettre en avant les qualités humaines de Jean-Jacques. Du reste, c'est un beau duel en perspective entre les deux magiciens qui s'annonce. L'ambiance victorienne est bien rendue par le dessin de Chabbert, tout à fait conventionnel, selon les critères actuels de la bd française, mais plutôt efficace. Corbeyran nous laisse entrevoir, dès à présent, le monde fantastique dans lequel se trouve le petit garçon...A voir comment son histoire sera reliée à celle de la confrontation entre Jean-Jacques et Nelson, c'est un des enjeux scénaristiques.



Des personnages plutôt bien campés, un univers sympathique, "Black Stone" est une lecture globalement agréable malgré quelques clichés (tout ce qui concerne l'arnaque) et des ficelles scénaristiques parfois un peu grosses.



Note : 3,5/5
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Garrigue personne n'est à l'abri d'une mauvai..

Je ne suis pas fan de thriller mais la je dois dire qu'on ne peut qu'être convaincu par ce premier tome très accrocheur ! Du suspense, du mystère tout est la pour captiver le lecteur. Le récit alterne avec différents Flash back sur trois périodes : la jeunesse des héros, les années 90 et les années 2000. L'on sent très vite que cette bande de copain réunit pour l’enterrement d'un des leur cache bien des choses. Les révélations se vont petit a petit, je pense que le tome suivant va nous en dire plus.



Les dessins sont remarquables, la chaleur du sud de la France accentue l'ambiance oppressante de cette BD qui commence des les premières pages par une scène de meurtre. Pourquoi ? Qui est qui ? On a quelques indices a la fin de ce tome mais la fin est très brutale et laisse le lecteur dans un suspense complet. Je vais donc m'empresser de lire la suite pour enfin connaître le fin mot de l'histoire.



En tout cas pour les fans de thriller a suspense, je vous recommande vivement la lecture de Garrigue.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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Mort aux cons

C'est l'histoire d'un homme normal à la vie normale qui en vient à s'intéresser à la question de la connerie, ou plutôt des cons. Pendant toute la durée du livre, il tente de théoriser les cons avec le plus de précision possible tout en essayant d'en supprimer un maximum. On s'en doute, pas une mince affaire…



Vaste sujet, les cons…

Des cons, il y en a partout. Il y en a toujours eu. Il y en aura toujours. Le con est une engeance qui s’adapte à tous les climats, à tous les reliefs, à toutes les époques.



Le con est endémique, on n’arrive pas à s’en débarrasser, comme le chiendent, c’est à désespérer. L’histoire que vous allez lire prouve pourtant qu’avec un zeste de bonne volonté, une dose de lucidité et un plan d’action solide, on peut s’attaquer au problème à la racine.



L’élimination systématique des cons n’est cependant pas une entreprise ordinaire. Ça n’a rien d’un hobby innocent, c’est un job à plein temps. Mieux : un combat.

Mort aux cons raconte le parcours de Ben, ce combattant qui a un jour décidé de franchir le pas..




Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Déraisons d'États : Virus à l'Élysée

Ce récit de politique fiction fait froid dans le dos, surtout quand on sait qu’il est écrit par de fins connaisseurs des coulisses du pouvoir, donc que la partie fiction n’est sans doute pas majoritaire .

Ce roman graphique, aux dessins très (trop?) classiques, nous plonge en effet dans une enquête sur les origines de la pandémie de Covid, menée par trois personnes: Georges, un conseiller à l’Élysée, Jeanne, une cheffe de clinique à l’hôpital de la Timone pneumologue et virologue, et Pierre un journaliste de CNN basé à Wuhan.

Le scénario est rythmé et très prenant, car il confirme nos pires craintes sur ce qui s’est passé dans le laboratoire de Wuhan à l’origine de la contamination, et sur le sort des lanceurs d’alerte.

Dans cet album intelligent et qui fait réfléchir, le fond prend clairement le pas sur la forme qui pourrait être plus soignée (il y a notamment quelques coquilles), mais l’ensemble reste de qualité.

Je remercie l’équipe de Babelio et les éditions Phileas pour l’envoi de cet album qui questionne la raison d’Etat dans le cadre de la dernière opération Masse critique.
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Paroles de taulards

" le monde carcéral est un monde à part, mais qui ne doit pas pour autant être oublié. Ses occupants sont punis ; la punition doit les aider. Pas les durcir, ni les anéantir "

Du coup l'association Bd boum, organisatrice du festival de Blois, a eu l'idée de ce recueil. Dans un premier temps ils ont rencontré les détenus de la maison d'arrêt de leur ville pour glaner des anecdotes, des histoires qu'ils ont ensuite confiées au scénariste Éric Corbeyran qui les a retravaillées avec les intéressés. À leur tour, les dessinateurs Étienne Davodeau, Jean-Michel Lemaire, Marc Antoine Mathieu, Matthys, Olivier Bélion, Christopher, Michel Gressin, Bezian, Jean-Philippe Peyraud, Jean-Philippe et Régis Le Jonc, Richard Guérineau, Alfred et Edmond Baudoin ont mis en images ces scénarii.

L'intention et noble, les épisodes sympathiques mais j'ai vraiment du mal avec les nouvelles, les formats trop courts. Par contre j'ai découvert de talentueux dessinateurs aux styles très différents et c'est ce que je retiendrai de ce livre... j'ai noté 6 noms à suivre
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Les guerres d'Albert Einstein, tome 2

Excellente BD en deux tomes qui présente deux faces d’Albert Einstein.



Après Einstein le pacifiste pris au piège de son amitié avec Fritz Haber, savant nationaliste qui « invente » les gaz de combat de la première guerre mondiale, le voilà rendu juste avant la seconde guerre mondiale. Einstein s’est exilé aux États-Unis, ce que Haber, juif comme lui, a tardé à faire en Allemagne, convaincu que son passé lui vaudrait la reconnaissance du nouveau régime nazi. Pari perdu...

Mais voilà que Einstein est averti par d’autres scientifiques présents sur le sol américain des avancées technologiques réalisées par les Allemands (à la suite du français Jolliot-Curie…) sur la possibilité de déclencher une réaction nucléaire. La bombe nucléaire devient un projet réalisable. Les Allemands y travaillent, il faut convaincre Roosevelt de la nécessité pour l’Amérique de les devancer. Les physiciens concernés choisissent Einstein pour sa notoriété et son prestige pour porter leur message. Voilà un savant pacifiste, mais parfaitement averti de ce que font les nazis, qui supplie presque un président américain de lancer la construction de l’arme la plus terrible qu’ait conçu l’homme.



Ce second tome est celui des paradoxes : Haber le nationaliste allemand, qui doit fuir son pays ; Einstein le pacifiste qui prône la construction de l’arme nucléaire. Comment accepter de renoncer à ses principes ?



Cet éclairage est passionnant et parfaitement réalisé grâce à des dessins très réussis.
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L'homme-bouc

Un polar dessiné aux notes fantastiques, l’Homme Bouc scénarisé par Corbeyran et illustré par Aurélien Morinière est une véritable plongée dans un monde cauchemardesque, un monde dans lequel nous vivons où des êtres humains, en tuent d’autres par plaisir ou besoin.

Dans cette forêt limousine automnale, humide, sombre que nous découvrons dans le prologue, Adèle promène son chien Lucky. Ni l’un ni l’autre ne rentrera…

Le chien sera bientôt retrouvé, sans tête, ouvert sur tout l’abdomen et cloué à une porte en bois. C’est alors que Gaëlle Demeter et son collègue gendarme feront appel à Blanche, une chamane, capable de voir au-delà de ce que nos yeux non-initiés ne voient. Dans ce monde rural où se mêlent traditions et superstitions, elle ne sera de trop pour enquêter sur cette disparition, bientôt suivi d’une réapparition.

Plus que le scénario, bien construit et angoissant (seul bémol, nous devinons vite qui est l’inconnue retrouvée), j’ai été fasciné par les illustrations en noir et blanc d’Aurélien Morinière. Je me suis étonné à rester de longues minutes à étudier certains dessins dont les détails sont hyper travaillés.

Fans de polar, de noir, l’Homme bouc est fait pour vous.

Merci Thomas Raymond de m’avoir conseillé ce superbe ouvrage.


Lien : https://imaginoire.fr/2020/0..
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La Loi des 12 Tables, tome 1 : La Mandragor..

Asphodèle est une jolie brune célibataire, ceinture noire de karaté et motarde rodée. C'est également une sorcière douée de notre 21e siècle qui, un jour, est accostée par une jeune femme dont les cauchemars d'un autre âge font irruption dans sa vie éveillée... et qui est assassinée peu de temps après...

Les tueries ne s'arrêtent pas là et un étrange massacre est la raison pour laquelle le Cénacle (une assemblée secrète de sorciers) sollicite l'aide d'Asphodèle pour enquêter...



Un scénario plutôt simple, linéaire, avec peu de texte (dans ce 1e tome !) pour cette BD dans le genre thriller fantastique, tome d'introduction qui ne révèle que peu d'éléments narratifs mais qui s'arrête sur un très bon suspense.

Les dessins, dans des chauds dominants de rouge, captent immédiatement l'attention, comme les mises en pages variées et les cases de dimensions considérables. Sans être très précis, le graphisme reste réaliste et est sans conteste... excellent !
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Le quatrième mur (BD)

Le narrateur : Georges, avec son passé d'étudiant militant parisien, dans les années 70. C'est ainsi qu'il a connu Sam, passionné comme lui de théâtre. Sam est leur exemple à tous, ayant osé braver la dictature en Grèce. Georges et Sam deviennent deux amis très proches, deux frères. Un jour, Sam demande à Georges de réaliser son propre rêve : faire jouer Antigone à Beyrouth. Sa santé ne lui permet plus de monter ce projet lui-même. Le Liban est en guerre. Le but est de rassembler coûte que coûte des acteurs de différentes religions (juifs, musulmans et chrétiens), donc des ennemis qui joueraient le temps d'une trêve. Georges n'écoute que son coeur, laisse femme et enfant à Paris pour partir à Beyrouth, à ses risques et périls. Là se dévoile alors toute l'atrocité de la guerre, rendant même puériles les manifestations étudiantes.

Un texte magnifique, très émouvant. Et l'émotive que je suis a pleuré très rapidement...
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Les guerres d'Albert Einstein, tome 1

Scénario : François de Closets - Corbeyran

Dessin : Chabert

Couleur : Bérengère Marquebreucq

Comment un pacifiste convaincu comme Albert Einstein a-t-il pu être ami avec Fritz Haber, "inventeur" des gaz asphyxiants lors de la Première Guerre ?

C'est la question que l'on se pose tout au long de cette bande dessinée. Bande dessinée très réaliste qui fait éprouver toute l'horreur de la guerre.

J'ai remarqué les colombes qui volettent avant la guerre et les corbeaux qui planent pendant.

Une préface et une galerie de portraits complètent utilement l'Histoire.
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Okhéania, tome 3 : Les profondeurs

On suit toujours avec plaisir les aventures de Jasper et Jon.

Le scénario reste gentillet mais il ne manquera pas d'enchanter les jeunes lecteurs.

C'est dans ce tome que l'on comprend les origines d'Okhéania. Je ne vais rien dévoiler ici mais j'avoue que je n'ai guère été surprise de cette révélation.

Cette Bd continue à surfer sur la vague écologique et on ne peut bien sûr y rester insensible, même si mon regard d'adulte juge la "leçon" un peu simpliste.

L'histoire reste cependant captivante et les plus jeunes y trouveront leur bonheur : amour, amitié, aventure, trahison, univers foisonnant, tout cela porté par un graphisme toujours aussi coloré et agréable.
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14-18, tome 10 : La Lune en héritage (novembr..

Voici que se termine la série 14-18 de Corbeyran et Le Roux.

J'ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture, et ce 10ème, et donc, dernier volume est à la hauteur de tout le récit,  enfin, je me demande même s'il n'est pas le plus sombre de la saga.

Pourtant, nous sommes fin novembre 1918, la Grande guerre est finie.

On rend hommage, on médaille,  on vante, on remercie, on s'attribue des lauriers que ceux qui ont combattu, réfutent.

Ils ne sont que quelques-uns.

Estropiés, ou entiers,  mais fragiles.

Il n'y a pas d'indemne à la fin d'une guerre. Jamais.

Il faut survivre... en paix.

Réconfortés et compris (enfin, elles font ce qu'elles peuvent) par les femmes, les fiancées, les compagnes, celles qui ont attendu, priant, impatientes, soulagées, aimantes, prêtes à affronter les épreuves et a soutenir l'homme de retour de l'enfer et l'amie, veuve...

Cette bande dessinée est sans aucun doute un des plus beaux hommages rendus à ces "poilus" comme on aime à les nommer, parce qu'elle aussi ne cache rien.

Non, elle n'est pas belle la guerre.

Non, ils ne sont pas tous bons les hommes.

Non, ils ne sont pas tous des héros.

Cent ans après, je m'incline devant leurs sacrifices et si, une seule minute de silence doit leur être dédiée et parvenir jusqu'à ces millions de morts, je la respecte à l'instant avant de conclure cette chronique.

Merci à l'éditeur et merci aux auteurs d'avoir contribué à cet hommage.





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Eloge de la faiblesse (BD)

Dans cet éloge de la faiblesse, Alexandre Jollien nous livre un témoignage poignant et plein d'humanité sous forme de dialogue avec Socrate.

Handicapé et placé dans une institution jusqu'à ses 17 ans, il a fini par en sortir et par réussir à faire des études, mais son regard sur son parcours est vraiment étonnant de sagesse et donne à réfléchir.

Je ne peux que vous conseiller de lire ce court essai. D'ailleurs, le hasard a fait que j'ai lu ce livre quand on parlait beaucoup du bac philo dans les médias, et je me suis dit que c'était typiquement le genre de livre qu'il faudrait faire lire aux lycéens pour leur faire comprendre l'intérêt de cette matière.

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14-18, tome 6 : La photo (août 1916)

De l'apparition des tanks dans la guerre. Des premières "gueules cassées" dont l'un de nos huit héros en sera cruellement victime.

Et, dans l'attente interminable de cette guerre de position ponctuée quotidiennement par l'horreur, faut-il s'en remettre à Dieu, à la chance, ou à ses frères d'armes ?
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Elle ne pleure pas elle chante

J'ai ouvert cette BD sans savoir de quoi elle parlait.

J'ai été séduite par le titre et, après avoir jeté un oeil sur le dessin, je l'ai tout de suite embarquée.

Bon, le sujet traité est grave. Une jeune femme mets des mots sur l'horreur de l'inceste, sur la complexité des sentiments qui la lient pour toujours à l'homme qui lui a fait subir ce calvaire : son propre père. Ce père qui est maintenant dans le coma, à qui elle va pouvoir déverser, sans qu'il puisse réagir, tout le mal qu'il lui a fait, toute la colère qu'il a instillé en elle, la façon dont, des années plus tard, elle tente toujours de se guérir mais sans oublier. Qu'il puisse comprendre comment ces choses qu'il lui faisait on fait d'elle ce qu'elle est aujourd'hui.

Un récit poignant, très bien construit et servi par un dessin que j'ai trouvé magnifique.

Le trait est épais et un peu flou, éthéré, comme dans le travail de Guibert. Les couleurs sont posées en aplats. Le dessin est assez statique et apporte à l'histoire une profondeur un peu silencieuse que j'ai trouvée parfaitement a-propos.
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