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EAN : 9782221273173
240 pages
Robert Laffont (25/01/2024)
3.83/5   12 notes
Résumé :
" Elle s'appelle Olvidia. Elle porte un nom où l'on entend l'oubli. L'oubli de l'humain à travers des siècles d'esclavage. "

Martinique, vers 1752, domaine des Bois-Tranchés. Une fillette à la peau trop claire attire déjà les regards. Enfant d'esclave, elle n'a que sept ans lorsqu'elle est arrachée à sa mère pour se retrouver au service de Madame de Lalung. On la surnomme alors " Olvidia ".
Si travailler dans la grande maison lui permet d'écha... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Oblivia n'a que 7 ans lorsqu'elle est séparée de sa mère, laquelle ne lui a pas donné de nom et n'a aucun geste affectueux vis-à-vis d'elle. C'est le maître et propriétaire de la plantation qui va la nommer « Oblivia » qui signifie « oubli ». Dans la maison du maître, devenue la domestique de son épouse, la petite fille va rapidement comprendre pourquoi. Au service de Madame de Lalung, Oblivia va connaître un destin unique qui la conduira de sa Martinique natale à Paris et en Autriche.

C'est en voyant un dessin d'un épisode important de la Révolution Française, à savoir l'abolition de l'esclavage, que Viktor Lazlo a eu l'idée de créer ce personnage très romanesque. Oblivia aura un destin fait de violence et d'amour. Métisse, elle sera toute sa vie partagée entre deux mondes. Et même si son coeur et son âme la relient à ses amis esclaves, elle ne sera jamais acceptée ni par les siens ni par ceux parmi lesquels sa maîtresse l'intégrera.
Le roman est écrit comme une longue confession qu'Oblivia fait à sa descendance. Elle y évoque chronologiquement son parcours étonnant : sortie de la rue case-nègre du domaine des Bois-Tranchés, elle croit que sa vie sera privilégiée dans la maison du maître. Elle aura partiellement raison mais y connaîtra aussi l'enfer, les humiliations, les violences sexuelles et psychologiques. Mais elle survivra, portée par la volonté de voir un jour les siens accéder à la liberté, tout en étant constamment tourmentée par le cas de conscience qu'elle ressent du fait des privilèges dont elle bénéficie et qui l'éloignent des autres esclaves.

A force de parler de l'esclavage dans les plantations de coton américaines on aurait tendance à un peu passer sous silence le fait que la France n'a pas seulement participé à la traite des noirs par le biais des transports par bateau mais a aussi exploité ces populations déplacées de force, et que leur sort n'avait rien à envier à celui des esclaves américains.

Je suis toutefois étonnée par le regard porté sur les personnes noires par les Parisiens et les Autrichiens de 1792, tout du moins sous la plume de l'auteure, un regard plutôt bienveillant. Peut-être parce que dans la seconde partie du roman, qui se passe sur le continent européen, Oblivia est moins actrice de sa vie et que ce passage finit par plus ressembler à une succession de dates et de faits historiques dont Oblivia est le témoin assez passif.

En fait Oblivia ne choisit pas son destin. Elle ne le fuit pas non plus. Elle est portée par lui, par quelque chose qui la dépasse jusqu'à ce que le peuple commence à se soulever en 1789 (mais elle parle alors avec les mots de celle qui connaît le futur et reste quand même bien protégée dans les murs de l'hôtel dont elle a hérité, avec le vocabulaire soigné des livres auxquels elle a pu accéder).

Il a aussi sous la plus de Viktor Lazlo une critique, voire une condamnation, de la religion et de ce clergé français qui soutenait l'esclavage. Une position envers laquelle Mme de Lalung est en opposition, tant politiquement que dans son comportement.

Après un début très rythmé, romanesque et dramatique, le style change en passant de l'autre côté de l'Atlantique, au point que je n'ai pas ressenti le souffle de la Révolution Française.

Au final une lecture intéressante mais un roman qui s'essouffle et me laisse un peu sur ma faim.

Merci aux Éditions Robert Laffont et à Babelio pour cette découverte.
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Dans ce roman nous suivons Olvidia. Enfant d'esclave, elle est arrachée à sa mère très jeune pour être au service de Madame de Lalung.

Un jour sa vie bascule et plus rien ne sera comme avant.

C'est un roman d'émancipation où à travers son périple, Olvidia luttera contre l'esclavage et se battra pour la liberté.
Il aborde les conditions de vie horribles des esclaves mais aborde également la lutte contre l'abolition de l'esclavagisme.

Il existe peu de livre sur ce sujet et il est très intéressant et important. L'écriture est fluide et prenante.

Un roman dur, bien écrit et important.

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Qui est cette femme noire assise près de Danton, lors de la proclamation de l'abolition de l'esclavage à la Convention ?
Ce tableau de Nicolas-André Monsiau illustre le parcours exceptionnel d'une jeune esclave.
C'est en 1752 au domaine des Bois-Tranchés ( Martinique) que nous rencontrons une fillette métisse de six ans. Pour une couleur de peau plus claire, souvenir du viol par le maître, sa mère la rejette.
A sept ans, le maître, Monsieur de Lalung, l'emmène à la Grande Maison, au service de sa femme, une autrichienne sans enfant. le maître la baptise Olvidia.
Il faudra du temps et plusieurs galères avant que Madame de Lalung comprenne le comportement de son mari et décide de protéger la jeune fille.
Après un ouragan qui ravage le domaine, Madame de Lalung rentre en France. Et elle emmène Olvidia et son fils dans ses bagages. La traversée est longue et périlleuse.
Plus tard, leurs vies seront bouleversées par la Révolution française. Et ce sera pour Olvidia l'occasion de servir la mémoire des esclaves des Bois-Tranchés qu'elle ne peut jamais oublier.
Sa ki la pou-w, larivyè pa ka chayé-ï ( Ce qui est là pour toi, la rivière ne l'emporte pas) ce qui veut dire que nul n'échappe à son destin. Olvidia, symbole de la cruauté des maîtres, a l'opportunité de s'instruire, d'être affranchie. Mais elle n'oublie jamais les siens. Ni sa mère, ni le vieux Bundu, ni la sorcière Sibony, ni son bien-aimé. Pourtant elle est une traîtresse et elle vivra désormais constamment avec cette culpabilité envers les siens. Une culpabilité qui la pousse à vivre son destin pour la cause de l'abolition de l'esclavage.
Avec un personnage exceptionnel, de nombreuses aventures, Viktor Lazlo capte l'intérêt du lecteur. Dans un style simple et fluide, l'auteur illustre une grande cause et un dilemme intime.
De la Martinique à la France, en passant par un séjour en Autriche, ce roman est un témoignage historique romancé qui traduit très bien la vie de l'époque. Avec précision et concision, nous percevons les conditions sordides des plantations esclavagistes, les dangers et la pénibilité des traversées maritimes, la misère des français sous le règne de Louis XV, l'action des révolutionnaires et surtout d'Olympe de Gouges.
Et dans cet univers misérable, il y a la simplicité, la culpabilité et le courage d'une femme lumineuse qui empoigne courageusement son destin.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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Olvidia est née entre deux mondes, entre deux couleurs, la noire, celle de sa mère, celle de l'esclavage, la blanche, celle de son géniteur, celle des bourreaux. Elle va connaître le travail dans les champs de coton, la vie d'esclave de maison jusqu'au jour où sa vie bascule dans l'horreur, elle est violée par son propre père qui est aussi le maître absolu à qui on ne refuse rien. Olvidia, le jour de son accouchement, va assassiner, en légitime défense, l'homme qu'elle haïssait le plus au monde. Et c'est ce jour-là que sa vie va basculer,elle va connaître l'exil, la vie en France sous la monarchie. Elle se trouvera confrontée à la Révolution sans savoir quel est son camp, celui des nantis ou celui des défavorisés. Jusqu'au jour de la délivrance : La Convention nationale déclare que l'esclavage des Nègres, dans toutes les colonies, est aboli!
Tout est parti d'une gravure de Nicolas-André Monsiau. Viktor Lazlo a remarqué une esclave noire assise derrière l'orateur et elle a voulu nous faire connaître la vie de cette femme telle qu'elle l'a "inventée".
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@viktorlazlo, pour moi et sûrement pour beaucoup d'entre vous c'est une chanteuse. Et bien c'est aussi une écrivain et plutôt bonne en plus😁.

Dans ce roman d'anticipation, elle nous raconte l'histoire d'Olvidia, une jeune mulâtre. Enfant, elle quitte la rue Case Nègre et est placée rapidement au service de Madame de Lalung, la femme du maître, son géniteur.

Cette dernière, stérile, va s'attacher à elle comme à une fille. Mais quand cette dernière tombe enceinte de ce maître pervers, toute leur vie bascule. 

Un long périple permettra à Olvidia de découvrir Paris, à l'aube de la Révolution Française et d'être aux premières loges de la déclaration d'abolition de l'esclavage. 

Une superbe découverte que ce roman. 

Beaucoup de livres existent sur la révolution française, peu sur l'abolition de l'esclavage. 

L'écriture est fluide et prenante. le style est très agréable. 

La vie des noirs dans la plantation, puis à Paris, est très bien décrite et réaliste.

J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman. 

Un grand merci à Babelio et aux Éditions Robert Lafont pour cette masse critique.
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critiques presse (1)
SudOuestPresse
05 février 2024
Dans ce roman entre deux mondes, Viktor Lazlo évoque la condition des Noirs à travers les yeux d'une femme, ancienne esclave, avec ses ignorances et ses rêves.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Car, Monsieur, vous ne savez pas ce qui se passe là-bas. Vous n'avez pas fait l'expérience de la cale ni celle de la canne. Vous ne connaissez pas la brutalité des planteurs, la cruauté de cette vie dans des lieux qui ont des allures de jardin d'Eden mais qui cachent plus de serpents que vous n'en rencontrerez jamais ! Pour vous autres, hommes de salon, l'Habitation est un exotique ailleurs aux parfums enchanteurs. Vous ignorez ce que signifie la perte de sa mémoire, l'aliénation, la déshumanisation. Vous n'avez jamais été violé, Monsieur !
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Je savais que la narratrice serait une femme, qu'elle porterait un nom où l'on entendrait l'oubli. L'oubli de l'humain à travers des siècles de saccage, l'oubli de l'enfance niée, des racines torturées. Elle s'appellerait Olvidia - olvidar signifiant "oublier" en espagnol.
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J'apprendrais avec amertume que l'intelligence ne suffisait pas, que dompter ses peurs ne les faisait pas disparaître, bref que le monde resterait cruel pour ceux de ma couleur qui n'étaient pas nés du bon côté de la seule race humaine.
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Ah! en voilà une qui m'est envoyée depuis l'autre côté du monde!
Puis il me fixa droit dans les yeux : Mon enfant ta place est ici. Ne te tourmente plus, j'ai reçu le message de ton arrivée il y a bien longtemps...!
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Je suis ces mois qui m'ont fait sortir de l'enfance par une porte qui s'ouvrait sur l'horreur. Je suis cette jeune femme encore debout que le viol n'a pas tuée. Je suis un maillon de l'interminable chaîne de mes semblables dont la destinée fût moins clémente que la mienne. Je suis une résistante car je suis ce que j'ai vécu, ce qui m'est arrivé et ce que j'en ai retenu.
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