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EAN : 9782253117322
247 pages
Le Livre de Poche (14/06/2006)
3.6/5   34 notes
Résumé :
« Un péplum votre roman ? On y retrouve bien évidemment de la toge, du drapé chic, de la chaise curule, du chapiteau corinthien, des petits musclés du cirque mais également des latrines bien romaines où il me plaît de siphonner tous les vices et bien des vertus trop ostentatoires des faux culs de cette époque, qui peut, par certains côtés, renvoyer à la nôtre.
Alors, un conte moral ? Plutôt amoral. En fait c'est une chronique sur Pétrone, l'ami du prince - ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Ce soir on soupe chez Pétrone /Pierre Combescot
Nous sommes à Marseille en l'an 99, 852 ans après la fondation de Rome. L'empereur Trajan règne alors. Lysias, ancien élève de Pétrone et devenu son secrétaire et aussi son premier lecteur, vit seul dans son vieux cabanon au fond de la calanque, entouré de la treille suspendue au-dessus du triclinium et de son jardin qui descend jusqu'à la mer. Solitaire depuis qu'Adminius, son compagnon, s'en est allé rejoindre une femelle, une goule selon lui avec qui il s'est mis en ménage.
C'est Pétrone qui peu avant sa mort a légué à Lysias le cabanon ainsi qu'une somptueuse villa sise au forum et que Lysias loue à un affranchi ancien taulier à Rome. Grâce au loyer, Lysias vit comme un prince dans son cabanon.
Autrefois, Pétrone son maître devenu sénateur puis proconsul en Bithynie (Turquie aujourd'hui), regrettatoujours la délicieuse époque où il vécut à Marseille sa ville natale.
Lysias le grec est sollicité de toutes part pour écrire ses mémoires, des témoignages du passé, des portraits de personnalités, d'assassins du laticlave et de sycophantes, d'artistes de la mentule et de célèbres tribades, afin de servir l'histoire de son époque. Mais au départ il ne veut rien entendre, il est libre et veut le rester.
Il fut un personnage jadis à Rome et il lui reste de nombreux souvenirs qui pourraient remplir des tablettes, mais il ne veut pas être l'égal des petits maitres à la mode délectant Rome de petits pets iambiques accompagnés d'un inévitable thrène.
Lysias aime lire les satires de Juvénal et fréquente la palestre pour garder la forme physique. Il aime Marseille, une ville déjà cosmopolite où professent les meilleurs rhéteurs et autres péroreurs de l'Empire. Pétrone y étudia brillamment et plus tard abandonna son latin amidonné pour se complaire dans le langage coloré des gouapes, plus libre. Il découvrit alors la passion de l'amour sous ses formes multiples, brillantes mais aussi sordides parfois. À l'époque, Lysias avait seize ans et servait de secrétaire à Pétrone. Il était à bonne école !
Ainsi commence ce roman historique passionnant et foisonnant d'anecdotes. Et finalement bienheureux dans son cabanon phocéen, se laissant convaincre, Lysias va coucher sur ses tablettes quelques souvenirs.
C'est d'abord 33 ans plus tôt l'adieu programmé de Pétrone à Rome alors que Néron règne et que Pétrone fait partie de ses amis favoris.
Pétrone raconte alors au jeune Lysias les débuts de Néron comme acteur de théâtre, un comédien hors pair. Il faut savoir que Pétrone, anarchiste mondain, admirait profondément Néron en toute circonstance. Tout ce qui pouvait déroger à l'ordre établi en art, en politique ou même dans la vie de tous les jours, le mettait en joie.
Pétrone aime aussi devant Lysias exalter les « tuniques dorées » des derniers temps de la République romaine, c'est-à-dire après l'assassinat de Jules César en 44 avant J.C. C'étaient des enfants gâtés, des patriciens ruinés, condamnés par le destin à vivre d'orgies et de dépravations. Il lui parle des dictateurs qu'a connus Rome, Sylla notamment qui transforma Rome en abattoir en faisant exécuter tous ceux qui n'étaient pas d'accord avec lui et ce de façon méthodique et sans recours.
Lysias ne manque pas d'admirer Pétrone qui lui fait ses confidences toujours avec une pointe d'ironie et sur un ton léger. Bien installés dans la luxueuse villa de Pétrone située sur le flanc du Quirinal, ils bavardent un rhyton de falerne à portée. Les conversations avec son maître étaient éblouissantes, riches en saillies et en paradoxes, qui firent la notoriété de Pétrone. Même sur les sujets graves, Pétrone restait malicieux quoiqu'il ne fût insensible au malheur. Simplement, comme la nature l'avait fait moqueur et facétieux, il préférait opposer, à une ostentatoire compassion, une insouciante légèreté.
Pétrone était discret et même secret sur sa vie privée. D'un esprit original et fantaisiste, il avait le charme amer de par son insolence et son art de de percer toutes les hypocrisies et les conventions de son milieu. Il perdit sa femme Licinia en couches d'un fils qu'il perdit plus tard victime de fièvres palustres.
Plus tard après avoir écrit « La vie tumultueuse d'Encolpe et de Giton » (appelé plus tard le Satiricon), il connut la disgrâce auprès de Néron qui n'hésita point à lui faire des affronts en public. Lysias confesse qu'il n'a jamais compris comment Pétrone avait pu supporter aussi longtemps un monstre tel que Néron et appartenir à son premier cercle, lui qui osa applaudir le citharède chantant du haut de la tour de Mécène l'incendie de Troie tandis que Rome brûlait et qu'il voulait se rendre compte du désastre. Les ragots de ses détracteurs qui suivirent lui attribuèrent à tort la responsabilité de l'incendie.
Tous les sujets sont abordés et Pétrone aime parler des bas quartiers de Rome où prospère une humanité sordide. Avec son ami Gordias, le seul homme dont il ait été amoureux, il fréquentait les bouges les plus réputés pour leurs spécialités orientales. Il parle aussi de Sénèque et de Lucain sans retenue aucune dans la critique. Pétrone narre ensuite à Lysias de la venue, un temps contestée, de Saul appelé à Rome Paul de Tarse, messager du Christ, un homme brillant et subtil, ironique et persuasif.
Pétrone va donc quitter Rome pour accompagner, sur ordre, l'Empereur en villégiature sur les bords de la baie de Naples, at auparavant il veut donner un souper dont on parlera longtemps. Lysias est du voyage, un voyage en galère qui dure deux jours. À peine arrivés en pleine mer Pétrone se voit signifié par un messager de Néron qu'il n'a plus besoin de lui et peut s'arrêter à Cumes où il a une résidence. C'est là que Pétrone évoque la mémoire de sa grand-mère, Fabia Maxima, une femme qui a beaucoup compté pour lui, une femme qui vécut libre avec une solide réputation de tribade sans pour autant faire partie de la cohorte de prétoriennes adeptes de l'olisbos, une grand-mère qui snobait l'Empereur Auguste, inclinait vers une bienveillante immoralité et qui était inspirée chaque jour par le poète Horace pour vivre chaque jour comme s'il devait être le dernier. Cette époque marqua le début de la décadence de Rome dont les prémisses sont le sujet du Satiricon, et ce malgré la Loi Julia promulguée par Auguste et qui réglementait les mariages.
Pétrone parle et veut léguer toutes les anecdotes qu'il connait afin que Lysias en fasse un ouvrage de mémoire, une biographie qui soit autant la sienne que celle de son maître.
Pour revenir à Tibère, alors qu'il était agonisant, c'est une certain Macron, préfet du prétoire, qui se chargea de louer les services de pleureuses professionnelles. Voyant que la mort n'emportait pas assez vite Tibère et que Caligula s'était déjà installé sur le trône, il ordonna à l'esclave Chariclès d'étouffer le malade pour gagner du temps. Ce qui fut fait.
L'heure du souper approche et les invités arrivent aux portes de la somptueuse villa de Pétrone, en une file de litières portées par les esclaves. Parmi eux, une figure inénarrable de théâtre, Mamercus qui au cours de la soirée va interpréter le rôle de Trimalchion, l'amphitryon ridicule mais tellement humain du Satiricon. C'est Pétrone lui-même qui place ses invités sur une dizaine de lits placé en fer à cheval autour des immenses tables basses. Puis il prend la parole pour présenter son menu surprenant pour ses commensaux. Et il parle, il déclame, il évoque l'assassinat de Jules César, le mariage de Marc-Antoine avec Fulvia et leur nuit de noces, et une foule d'anecdotes… Il n'arrête plus…Quand soudain, mais il s'y attendait secrètement, la garde prétorienne de Néron fait irruption… Pétrone invite Lysias à fuir avec Adminius, tandis que lui regarde se dérouler son destin…
Un merveilleux roman historique, truculent à souhait, écrit à la mémoire de Caïus Pétronius Arbiter, écrivain arbitre du bon goût à la cour de Néron. 350 pages d'évocation de la vie quotidienne dans une Rome décadente et théâtre de toutes les turpitudes dans le monde des patriciens, comme si on y était. Passionnant de bout en bout, écrit d'une plume très personnelle, parfois crue et leste mais jamais vulgaire, pleine d'humour et agrémentée d'un vocabulaire riche faisant montre d'une érudition éblouissante. Pierre Combescot , avec une verve incroyable nous décrit le cloaque incroyable que fut Rome à une époque.

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Il s'agit ici d'une chronique tenue par Lysias, proche de Pétrone. Avec la même verve que ce dernier, il va nous décrire la vie de celui-ci, sorte de pied-de-nez à tous ceux qui pensent que l'auteur du Satiricon n'a jamais existé. Bien entendu, il ne s'agit ici que de pure fiction puisque cette chronique n'a jamais existé. Cependant, il faut admirer la prouesse de Pierre Combescot qui s'est vraiment bien documenté et qui fait oublier la fiction. le lecteur se retrouve plongé au coeur du monde antique, entre Pétrone, Juvénal ou encore Néron.

Certes, le style pourra ne pas plaire car le registre employé est souvent familier. Néanmoins, il convient de remettre les choses dans le contexte et de cesser de croire que les latins ou les grecs ne parlaient qu'en hexamètres dactyliques.

Ce soir on soupe chez Pétrone pourra apprendre énormément au lecteur car, sous des dehors un peu légers, toute l'histoire antique est là. Pierre Combescot pousse même à aller au-delà et à s'intéresser davantage à ce monde qui a tendance à être considéré comme difficile d'accès.

L'avis de François Nourissier éclaire assez bien ce livre : « Érudit, crapoteux, capiteux, licencieux, merdouillard, parfumé, encanaillé, mais un rien snob – voici un péplum de Pierre Combescot. […] de la caleçonnade à l'antique, mais pratiquée par un amateur de haute volée ! » (Le Point)
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Le mois italien ne peut se dérouler sans une lecture consacrée à Rome, ses empereurs vertueux, libidineux ou fous furieux, son Forum, ses patriciens, son Sénat, ses intrigues, ses magnificences, ses artistes et ses conquêtes qui firent de cette ville extraordinaire un immense empire.

Etrangement, la plume n'est pas italienne mais française : Pierre Combescot dont la faconde et le style unique font les délices du lecteur le temps d'une immersion en 66 après JC, auprès d'un Pétrone au crépuscule de sa vie.



Tout le monde connaît Pétrone, n'est-ce pas ? Auteur du célèbre « Satyricon » ou plus exactement auteur de « La vie aventureuse d'Enclope et de Giton, vagabonds exemplaires et miroirs des filous ». Pétrone, l'écrivain favori de Néron, l'écrivain qui voyait en l'empereur instable et sanguinaire un acteur inégalable, un artiste incompris. Aveuglement ou désenchantement ironique ?

Lysias, le protégé du maître, relate la vie de Pétrone et essentiellement la dernière partie, celle qui le conduira à devancer l'ordre mortifère de Néron.



« Ce soir on soupe chez Pétrone » est un roman historique étonnant et surtout truculent grâce à la plume de Pierre Combescot qui narre avec humour la Rome de Néron. La langue est somptueusement crue, leste, jamais vulgaire, et décrit avec verve le cloaque incroyable qu'a pu être Rome. L'érudition de l'auteur met en scène des personnages licencieux, parfois abjects, avides de stupre et de luxure ; elle anime également un microcosme pouilleux ou parfumé à l'excès, où le snobisme tient sa place avec entrain, où les histoires scabreuses de caleçonnades, à la mode antique, s'enchaînent joyeusement avec de multiples rebondissements.

Il y a de la grivoiserie, un brin de trivialité qui peut choquer les père ou mère la vertu, mais qui donnent corps au récit et brosse le portrait d'une Rome cheminant vers la décadence. La République a toujours ses nostalgiques aux sursauts mal orchestrés voués à l'échec.

Pétrone, proche et intime de Néron, regarde son monde qui se meurt, goguenard et d'un d'oeil égrillard, sans faux espoirs et sans faux-semblant : il sait que les faveurs du Prince ne sont pas éternelles et que viendra le jour où il lui faudra quitter la scène et ce de manière élégante.

Pétrone est un esthète, un homme d'une grande culture, un érudit et un observateur sans concession de la nature humaine …. « ses amis, ses amours, ses emmerdes » chantait Aznavour.

« Ce soir on soupe chez Pétrone » est loin d'être un roman triste, bien au contraire : même si on connaît la fin qu'aura Pétrone, même si la Rome de Néron est loin d'être un fleuve tranquille et serein, je ne m'avancerais pas beaucoup en pensant qu'il y a du picaresque et du beau ! La galerie de personnages présentées est le terreau inestimable sur lequel « le Satyricon » a prospéré : les aventures que traversent Enclope et Giton sont autant de contestations de l'ordre, non pas social, bien que Pétrone avant de mourir ait affranchi tous ses esclaves, plutôt politique établi, la toge patricienne ou miteuse remplace le pourpoint fatigué du héros en incessantes vadrouilles.

Lysias, intime et secrétaire de Pétrone, recueille les réflexions, les idées ou les propos du maître ce qui permet de savourer les petits et grand ridicules, les défauts amusants ou épouvantables de la bonne société romaine.

Pierre Combescot fait découvrir à son lecteur un Pétrone arbitre des élégances, chef d'orchestre de soupers courus par le « tout Rome », un "détricoteur" de morale, entreprise qu'il maîtrise joyeusement, un démolisseur du langage car, et ça je ne le savais pas, Pétrone est marseillais et a appris dans la cité phocéenne l'argot qu'il emporte avec lui quand sa famille retourne à Rome.

Il ne se contente pas de larder la langue latine avec l'argot marseillais, il ne mégote pas sur les moyens pour prendre le contre-pied des conventions et des idées reçues. Qu'il aime s'amuser des travers des mondains, des gens de pouvoir, des parvenus galérant pour se faire admettre dans les cercles dont il faut être, « the place to be » antienne séculaire de tout bon suiveur de mode. Staphyla dicte Perlette et son époux Fluvius Fluviolus sont des personnages hauts en couleur dignes commensaux pour un dîner de cons.

D'ailleurs, le souper, qu'en est-il ? Selon les critères de la grand-mère de Pétrone, Fabia Maxima, un souper ne peut comporter pas moins de trois invités et pas plus de neuf. Autant dire que son organisation, dans la villa de Cumes, dans la baie de Naples, ne sera pas aisée : qui écarter, qui convier ? Car ce souper ne sera pas les autres : une bouillabaisse servie en prima dona et il sera l'événement marquant la disparition de Pétrone.

Pétrone est un artiste, un esthète, un épicurien qui ne veut pas rater sa sortie. Une réussite parfaite, relatée d'un ton jubilatoire.



« Ce soir on soupe chez Pétrone » est une lecture joyeuse, avec ce qu'il faut de tristesse désabusée, qui m'a emmenée de Marseille à Cumes en passant par Rome, pour un bienfaisant voyage en Italie.
Lien : https://chatperlipopette.blo..
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Lysias, disciple de Pétrone nous livre ici avec une certaine gouaille la vie romancée de l'auteur du Satiricon.
Bien que romancé, le talent de l'auteur nous ferait presque oublié ce détail.
Une véritable plongée dans le monde antique dans un style truculent et un humour débridé.

Un roman à double vocation : historique et littéraire, où l'on passe un agréable moment en compagnie de nos deux compères. La foule de personnages qui se croise dans cet ouvrage apporte un certain attrait historique.
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Erudit sans être pontifiant, picaresque sans être vulgaire, ce roman m'a plu pour une autre raison: son atmosphère crépusculaire, son ambiance de fin prochaine, mal voilées par les saillies et les pirouettes de Pétrone dont on devine les intentions à mesure que les pages se tournent.
L'époque est bien restituée, à une grossière erreur près: contrairement à une légende tenace, les rameurs antiques n'étaient pas des esclaves! Mais de quelle époque s'agit-il au juste? Pétrone est-il l'auteur du Satiricon? Ce n'est pas dans ce livre qu'on trouvera réponse à ces questions. René Martin pense d'ailleurs que le père du Satiricon présente en fait toutes les caractéristiques d'un des "lectores" de Pline le Jeune, Et peut-on dire que Pétrone et Pétronius Niger ne font qu'un? On n'en sait rien, mais ce n'est pas grave parce que ce n'est pas l'objet du livre! qui nous prouve qu'on peut prendre plaisir à se plonger dans L Histoire malgré sa part de mystère, peut-être même grâce à ce mystère sans lequel les récits seraient tous bien ternes, en vérité.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Ne voulant pas en rester là, je demandai à Pétrone : « Mais l'homme ? Oui, l'homme Sénèque ? Je ne parle pas de l'artiste, mais de l'homme dans son particulier. Qu'était-il au fond ? » La réponse claqua : « Un parfait salaud !... » Il fit une pause comme s'il eût voulu réfléchir, chercher à nuancer son jugement. Au bout d'un moment, il ajouta : « Au fond, ni plus ni moins salaud que Caton son modèle qui, au temps de la République, céda sa femme Marcia à son ami Hortensius, le grand orateur, pour l'épouser à nouveau à la mort de ce dernier quand elle eut palpé le pactole. Un joli coco aussi, celui-là. - Mais sa condamnation était-elle vraiment fondée ?... - Parfaitement fondée... - Pourquoi ? - Parce qu'elle était injuste et rien n'est plus encourageant que l'injustice... C'était un optimiste et je n'aime pas les optimistes... Il s'est amusé avec les idées ; il a enseigné l'analyse sans imaginer que l'intelligence mène au doute, au découragement, à l'impossibilité de se satisfaire de quoi que ce soit... »

Ces paroles brutales, dépourvues d'espoir, tombèrent comme un couperet. Je crois bien me souvenir aujourd'hui que dans mon désarroi je lui demandai : « Mais alors que faire ?... - Vivre au jour le jour. Maquereautage. Parasitisme... Voilà... A la godille... »

J'admirais Pétrone pour sa liberté de faire une œuvre du quotidien, de l'anecdotique glané d'une multitude de petites découvertes et d'aubaines individuelles ; pour son esprit original et fantaisiste aussi, son charme amer ; pour son insolence car ce délicat de cour, sous les dehors d'un voluptueux du désenchantement, perçait toutes les hypocrisies et les conventions de son milieu, ne se ménageant pas lui-même.

Un soir, chez Néron, lors d'un souper, Ménécrate, son diseur favori, ayant fini de réciter une des pièces en vers de Pétrone, tous les convives surenchérirent de compliments : « Ah ! Cher Pétrone, tes vers enfoncent ceux de Virgile... » Il n'avait pas fallu le pousser pour qu'il rétorque, avec cette ironie décapante qui lui était propre : « Virgile, mais certainement !... Mais un Virgile pour Géorgiques de latrines. »
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