"Cet homme-là" est le nouveau roman de l'écrivaine française
Eve de Castro, paru aux éditions Robert Laffont.
Au fil des chapitres, le lecteur découvre l'enfance puis le quotidien de Marie del Prato et de Romeo Ange. Elle est française et a reçu une éducation stricte. Elle a appris sur le tard que son père n'était pas son vrai père. Elle est un brillant écrivain. Lui est mauricien. Son père frappait et malmenait sa mère. Il n'a pas de diplôme et n'a d'autre ambition que celle de vivre au jour le jour.
Ces deux-là vont s'aimer en dépit de nettes différences d'éducation, de milieu, de culture. Mais, alors qu'ils semblaient avoir reconnu en l'autre le remède à ce qui leur manquait tant dans la vie, tous deux vont se déchirer jusqu'à s'empoisonner l'existence...
Le roman est divisé en deux parties. "Enfances" se présente comme une série de "morceaux choisis", souvenirs d'enfance répartis dans de courts chapitres consacrés en alternance à Marie et à Roméo.
J'ai beaucoup aimé cette partie qui déploie au fil des pages le trop rapide passage à l'âge mûr et son lot de souvenirs (et dans ce cas-ci de traumatismes) qui forgent la personnalité adulte.
Bien que je l'ai estimée nécessaire à la compréhension de la suite de l'histoire, j'ai toutefois trouvé cette partie un peu trop longue (la moitié du roman tout de même) et j'avoue m'être impatientée à l'idée de "vraiment entrer dans le roman".
En débutant la seconde partie intitulée "Spirales", j'avais une toute autre idée de ce qu'il en était réellement. Cette couverture rouge-vif m'avait laissée croire à une histoire de passion destructrice mais j'étais loin d'en soupçonner le tournant insidieux.
Marie a l'impression de tout faire pour que Roméo se sente à l'aise en tentant de gommer les différences qui les opposent. Lui de son côté a le sentiment de ne pas être assez bien pour elle mais au lieu de lui faire part de sa frustration, Roméo se conduit en véritable salaud.
Alors qu'il vit à ses crochets, il joue les ingrats. Au fil des jours, il s'immisce dans ses affaires et se permet de plus en plus de choses jusqu'à la casser dans son être.
L'auteur parle d'abord de "maltraitance émotionnelle" avant d'évoquer la perversion narcissique et son pendant, la dépendance affective.
Marie s'accroche à cet homme qui souffle le chaud et le froid en même temps et de son côté lui n'arrive pas à réellement la quitter. Tous deux ne parviennent pas à lâcher prise, à renoncer définitivement l'un à l'autre, chose qui est d'autant plus troublante pour le lecteur que, pris à témoin, il ne peut pas réellement comprendre ce qui les lie si ce n'est comme le dit l'auteure :
" le principe du bouquin, d'après ce qu'il a compris, c'est de montrer que quand ils étaient mômes, ils se sont construits autour de vides, de manques, et que ce qui les a accrochés l'un à l'autre, c'est l'intuition qu'ensemble ils allaient combler ces manques-là, ces vides-là, et se guérir mutuellement de ce qu'ils n'avaient pas vécu ou mal vécu." p.306
Pour moi ce livre fut criant de vérité à bien des niveaux. J'ai été sensible à la prose de l'auteure, à sa façon si juste de décrire les ravages causés par un amour torturé et de coller au plus près aux angoisses de la femme passionnée (et délaissée).
J'ajouterais toutefois que l'appréciation de ce roman n'est pas garantie tant elle dépendra du vécu de chaque lecteur/trice.
Un roman que de mon côté je ne suis pas prête d'oublier...
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