Doubles et Tranchants

Peur bleue et rires jaunes, voici un livre bien noir avec de nombreux inserts de taches rouges. Telle est la nouvelle chromatique littéraire de l'infatigable et de l'inégalable Thierry Moral. Bien que partie avec l'idée en tête de lire une nouvelle par soir, j'ai finalement dévoré le livre en une seule nuit, nécessairement blanche !

Le couteau, à l'instar de cette superbe couverture qui met bien en valeur le recueil, et comme indiqué par la quatrième de couverture, est présent dès la première nouvelle (St Valentin), dont j'ai admiré la chute avec ce jeu de mot hautement suggestif : « Décidée, Alice [celle du pays des merveilles ?] empoigne le couteau et s'avance vers la salle « à vivre », mais plus pour longtemps » (p. 25).

Je ne connaissais pas le terme français pour désigner le « Solen Vagina ». Peut-être que vous si ! Dans la deuxième nouvelle j'ai fait connaissance donc avec ces couteaux-là (« authentique[s] arme[s] de pêcheur », p. 33).

Les sept autres nouvelles sont de la même veine et il serait dommage de ne pas les lire, tout comme il serait dommage pour moi de vous en dire davantage.

C'est coquasse, cynique à souhait et la langue y est bien pendue, tant celle du narrateur-auteur que celle des badauds (« phrases tantôt indignées, tantôt assassines », p. 35).

Bravo et merci pour ce cadeau de surcroît de bon augure (j'ai de nouveau pu analyser l'excellent travail des éditions Nombre 7) !

Les personnages de Thierry Moral sont tous modernes et bien croqués. Ils fêtent la St Valentin, quand ils ne « charrient pas quantité d'énergies négatives », portent des masques bleus, (à cause d'une épidémie de covid), vont au bord de la mer en famille, échangent des « phrases tantôt indignées, tantôt assassines », jouent à des jeux GN (grandeur nature) dans le parc urbain de Villeneuve d'Ascq, au son du générique de la série Games of Thrones, « en buvant du coca même pas light », côtoient (dans la cellule de garde à vue) « une nana en tenue suggestive et à l'accent roumain bien écrasé », font des « stages de Buschcraft estampillé[s] hard-core » pour rencontrer « la nature dans sa plus solennelle beauté » et apprendre « à faire l'impossible et sans meurtrir la nature » (par exemple « empaler un crapaud »), quand ils ne sont pas des « allumé[s] bon[s] pour l'asile », ou alors, ils font des salons comme tout le monde (quoique !).

L'univers de ces 9 nouvelles est très varié, mais la présence systématique d'un couteau (jamais le même d'ailleurs) et d'un humour corrosif, les réunit judicieusement sous une même couverture. Une analyse très fine de notre société qui semble en guerre et de notre espèce « humaine [qui] se suicide à petit feu ».

Des dialogues très vivants, donnent un rythme à couper le souffle et on avance dans la lecture sans voir le temps passé. Merci, Tandarica pour ce conseil de lecture.

On l'appellera "Alice pas de bol", elle est la protagoniste de la première d'une série de dix petites histoires, peut-être un peu trop courtes. La crainte de passer la Saint Valentin sans Tirer son coup/être accompagnée (Rayer la mention inutile!). Un clin d'oeil au PSG qui m'a fait marrer. En fait c'est bourré de références... Michael Jackson, l'univers du gaming, Game of Throne, le Miroir du Rised. Des retournements de situation inattendus (Que fait le couteau ici?)... La plume est meilleure que bien des écrivains « connus » Un style très oral avec beaucoup de dialogues comme on les aime !!...
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Thierry Moral est, dans la vie, un conteur hors pair. Il l'est également dans sa plume... Ce recueil de nouvelles est un pur bonheur. Tchekhov disait: "si on met un pistolet sur scène, il faut qu'il serve" (ou à peu près). Thierry Moral, lui, place un couteau au coeur de chaque intrigue et l'utilise à merveille. Quand, où, comment, sous quelle forme va donc paraitre ce fameux couteau et surtout: quel va être son rôle? Mais les nouvelles ne se résument pas à ce subtil jeu de piste. Les personnages sont ciselés, les situations bien plantées, et toutes les dérives et les excès de notre monde actuel sont croqués et raillés avec finesse et humour. J'avoue un petit faible pour cette fascinante histoire d'un peintre aux prises avec sa création... Marquant!
Foncez!

Je n'avais pas fait attention au fait qu'il s'agissait de nouvelles: du coup j'ai abordé Coquillages et crustacés avec étonnement: cela n'avait rien à voir avec la Saint Valentin...Revenue de mon erreur, je me suis plongée avec plaisir dans ces neuf petites nouvelles dont le fil rouge est l'arme blanche. J'ai découvert mon ignorance de certains domaines: GN, Bushcraft... mais la plupart des récits m'ont fait rire.