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EAN : 9782362294327
136 pages
Editions Bruno Doucey (08/09/2022)
4.62/5   16 notes
Résumé :
Après Plus haut que les flammes et La main hantée, Louise Dupré livre le troisième volet d’un triptyque voué aux ressources du poétique face à la détresse et la dévastation du monde. Avec ce recueil, la romancière québécoise se définit comme « la mendiante de minuscules joies arrachées à la détresse ». Elle consent à la fragilité, célèbre la caresse et prend « le risque de la tendresse », refusant à jamais de se situer du côté des coeurs endurcis. Face à la catastro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
« Exercices de joie » est le troisième volet d'un triptyque commencé avec « Plus haut que les flammes » et poursuivi avec « La main hantée »

La joie, mot totem brandi et assumé par Louise Dupré tout du long de ce recueil. Joie qui a pour compagnons la souffrance et la détresse. Joie qui ne renonce pas et va de l'avant, malgré les catastrophes.
« Tu ne t'es pas demandé combien de temps on peut marcher à côté d'une joie qui n'est pas à soi. Tu t'es simplement levée et tu as avancé, comme s'il suffisait de mettre un pied devant l'autre pour éloigner la détresse. »
Vers libres et prose alternent pour une poésie de l'ordre de l'intime dont la voix sincère emprunte le « tu » pour mieux partager avec nous, lecteur, cette quête de la tendresse. « Donner un sens à la joie, est-ce une épreuve insurmontable ? »
« Tu te contentes de penser joie en souriant, tu vois encore petit, tu as si peu changé depuis l'enfance. »
Mais pour vivre, il faut aussi savoir garder la tête hors de l'eau. Supporter, oui, mais aussi s'insurger.
« Tu t'inscris dans l'humanité qui résiste sans hurler. »
On trouve de l'humilité dans ce retour sur une vie où le bonheur défile et se déguise.
« Tu as réussi/ à survivre/ toutes ces années
En devenant une fille/ de joies/ raisonnables
Souvent confondues/ avec le bonheur. »
La poétesse consacre plusieurs pages éclatantes sur la maternité, l'amour et l'enfant à protéger
« Tu devais protéger le monde dans l'indigence de tes bras. » Ce sera « la marche à l'amour » « car l'amour pour un enfant, il chemine comme il peut ».
Il y a urgence à résister à la violence lorsqu'on est mère car « l'amour d'un enfant …ça se loge sous la peau pour l'éternité d'une vie. »
Donner la vie mais, également, envisager sa mort sans renoncer car « il y a encore des paroles à déposer sur la détresse. »
Il y a de la sérénité dans l'acceptation de la mort à venir, parce que la mort ne signera pas le renoncement.
« Tu veux mourir humaine. Humaine comme aimante. »
Et la joie, « robe de lumière » la joie intimement liée aux morts, cette joie que tu appelles, « comme si elle pouvait te reconnaitre. Comme si tu commençais à lui appartenir. »
Louise Dupré est de ces poétesses qui ne renoncent pas, qui cherchent à s'élever au-delà de la détresse ; Et cette conviction profonde que tout reste possible sur terre est réconfortant, elle l'affirme avec simplicité et générosité :
« Tu ne crois pas au ciel, mais tu as toujours cru en la bienveillance de la terre, c'est là le mystère de ta foi. »
Cette poésie, lucide et puissante, est un bouleversant hymne à la vie et à la résistance. Après cette lecture, pratiquons nous aussi ces « exercices de joie » avant qu'il ne soit trop tard.
Je remercie les éditions Bruno Doucey et Babelio pour cette lecture.
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le titre pourrait sembler étrange, presque antinomique: les exercices supposent un effort, un entraînement un peu rigide, la joie revêt un aspect spontané, exalté, un plaisir de tout l'étre. En fait, ce recueil de la québécoise Louise Dupré exprime parfaitement ce qu'elle ressent: un écartèlement entre la souffrance face aux ravages du monde, écologiques, militaires, sociaux, et la recherche de la joie, en dépit de tout Elle l'écrit si bien dans ces lignes:

" Car la joie, la joie en beauté, la joie en harmonie, tu voudrais bien la fixer dans l'angoisse de la page, mais sitôt capturée, elle se brise et il n'en subsiste que quelques éclats(...)

Tu en fais ton exercice du jour"

le livre présente deux formes poétiques: un long texte composé de distiques et tercets, puis des poèmes en prose. J'ai tout aimé. Louise Dupré fait preuve d'un humanisme irradiant, sait trouver les mots justes, ceux qui touchent et nous pénètrent de leur lumière, leur acuité aussi. de nombreux thèmes qui me parlent sont abordés: la dévastation du monde, la vieillesse qui approche, le deuil d'une maman très proche, les enfants , mais aussi les éclairs de joie, la nature offerte, l'éphémère beauté. Et l'espoir, la tendresse plus forts que la douleur, la colère :

" pour apaiser tes pleurs

et sans attendre
le moindre secours

tu lèves le regard
vers l'espérance de l'aube

et tu l'accueilles
dans ta paume"


Merci à Babelio et aux éditions Bruno Doucey pour ce bel envoi.







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Merci aux éditions Bruno Doucet pour ce titre puissant dans la collection "soleil noir" qui me semble d'utilité publique.
Je découvre Louise Dupré, sa clairvoyance, ses vers si simples qui résonnent si fort dans ce troisième volume d'un "triptyque voué aux ressources du poétique face à la dévastation du monde".

Loin de l'injonction, de l'incantation, de la nostalgie d'un avant heureux que l'on peut retrouver si l'on s'y efforce très fort, Louise Dupré fait face à la noirceur et avance les yeux grands ouverts. La litanie des douleurs est assez complète, on progresse à genoux plutôt que debout. Encore vivante mais alourdie par le désespoir et la tentation du néant.
Et puis il y a cette joie, qui se tient à portée, dont Louise Dupré ne sait que faire et qui petit à petit, page après page, devient plus consistante, trouve une place et des contours dans le grand tout.

Le chemin est à la fois rude et inspirant.
On revient de cette lecture avec l'envie de connaître à son tour cette joie qui de "politesse" est devenue "l'envers de la douleur" puis "une élévation".
Mais point de prosélytisme ni méthode infaillible ici.
Seulement la puissance des émotions universellement éprouvées, mises en poésie, avec la force du désespoir et de la conscience de sa propre finitude. Cette force qui pourrait être aussi le berceau de la joie.
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Lecture-poème

tu ne peux pas réparer seulement panser les mots fouettent les serments et les mots friables s'évanouissent en vols vers le chaud
encore en mesure de secouer la peau
la détresse heurte au passage tu la tiens à distance sans pouvoir l'anéantir
survivre au prix de l'entente
les gémissements te suivront
dans la main l'âme tatouée récite les roses fanées
réparer est une mission pour les anges et la terre ferme de s'enliser
trop lourds les corps fâchés
la colère suinte et les joies parfois sursautent en choeur
s'exercer dit une petite paume dans la tienne
une fin l'étau en gorge pourtant la nuit disparaît au matin
et la lumière de vriller la rétine

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Exercices de joie est un recueil poignant qui extirpe la joie du gouffre du désespoir comme une petite lueur empêchant de sombrer définitivement.
C'est sombre et lumineux à la fois, c'est profondément touchant et d'une grande puissance. Ce sont des vers libres et de la poésie en prose fragmentaires, comme des petits éclats s'éparpillant au fil des pages pour résister contre l'endurcissement et le découragement.
Ce recueil est plus sombre que je l'imaginais mais il a résonné en moi en cette période difficile où l'angoisse du réchauffement climatique et l'incertitude quant à l'avenir nous hantent, se mêlant aux problématiques personnelles. Petits rayons d'espoir parsemant le néant, les moments de joie, aussi fugaces soient-ils, prennent une dimension quasi mystique.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
car la joie se contente
de hasards

une rencontre, un livre
un chaton trouvé

ces brèches
dans la monotonie
du jour

qui remettent la douleur
à sa place

tu jettes
les clés de ta maison

et tu ouvres
tout grand tes coffres

en oubliant
ton ancienne indigence

tu n'attends plus
qu'on t'aime
pour aimer
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Encore une fois tu célèbres la caresse pour amadouer le silence , le rendre moins sombre, le désarmer. Caresse, car tu crois en l'offrande des mains, printemps sur la peau, brise bleue, quelque chose comme une odeur de ciel douillet qui se lève, et le sol à vol d'oiseau, si fragile que tu voudrais le couvrir de forêts.
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D'année en année s'agrandit le cercle des poètes disparus,
tu apprends à vivre entourée de fantômes, tu t'inities à leur
langue, déjà tu peux leur répondre quand ils t'adressent de
longs silences.

Tu leur parles du coeur qu'il faut pour aimer, du courage
pour combattre, des livres qu'ils t'ont laissés. Tu leur en lis
des passages.

Il leur arrive de se renier, ils rient à pleine gorge d'avoir vu
si sombre alors que l'aube s'ouvrait à la lumière.

Tu te demandes comment agira ton âme quand elle n'aura
plus mémoire de la douleur. Peut-être sera-t-elle si soulagée
qu'elle oubliera tout regret.
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Tu as décidé de vieillir
sereine
telle ta propre mère

et tu entends bien
tenir jusqu'au bout
ta promesse
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(...)
Tu as maintenant la patience d'attendre, tu sais que la joie viendra à toi si tu ne la brusques pas. Te voici prête à l'accueillir sans la contrarier.

Elle se présentera les mains tendues, voudra danser jusqu'au petit matin. Tu verras des soleils surgir d'une pauvre lampe. Tu confondras foi et magie, tu apprendras à formuler des vœux.

Elle repartira comme elle est arrivée, la joie. Tu n'en feras jamais ta demeure.

Mais tu lui construiras une halte dans ta poitrine, où tu pourras l'entendre respirer plus fort que ta douleur.
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VLEEL Printemps des poètes 2022, L'éphémère avec cinq auteurs, éditions Bruno Doucey
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