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EAN : 9782897660260
Le Noroit (01/01/1900)
3.6/5   10 notes
Résumé :
Une femme fait euthanasier son chat, décision qui suscite chez elle une prise de conscience de sa capacité à tuer. Elle écrit, la main hantée par l'Histoire, elle retourne jusqu'à la mémoire oubliée du temps où ses ancêtres étaient des animaux. Par l'écriture, elle essaie de comprendre la psyché et ses manifestations évidentes de cruauté, qu'elle voit tous les jours dans les médias : viols, meurtres, bombardements de civils, indifférence envers les impuissants, huma... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Partant d'un fait qui pourrait paraître simple, décider de l'euthanasie d'un animal domestique, Louise Dupré en arrive à dénoncer les souffrances qui entourent le monde. Qu'il s'agisse d'actes de la barbarie en général ou encore du viol, la plume de cette écrivaine rythme ces actes qui font la dureté du monde, fait résonner ces mots, mais donne surtout vie à sa poésie, en lui prêtant une parole !

Juché de réflexions sur la vie et ses événements, ce recueil regorge de force ! C'est une plongée poétique et violente aux mots percutants et au style bien pesé. C'est une prise de conscience, une voix singulière, pleine de douleur, qui se voudrait être universelle, interrogeant ainsi les forces et faiblesses du monde, en quête d'une nouvelle identité, d'un « nous ». Une poésie qui entre en échos avec la vie et ce qui la hante…


Lien : https://lecturesgourmandeswe..
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
ADOSSÉE À L’ABÎME…


Adossée à l’abîme, tu apprends à squatter un peu d’air pour ta survie, ça pénètre dans ton ventre avec la poussière du sol, ça te fait pierres au foie, pierres aux reins, tu apprends à parler minéral, comme si tu voulais apprivoiser les fossiles déposés en toi, reliques des morts trop morts pour renaître au printemps. Tu portes un temps qui n’a plus souvenir des semailles ni des herbes affolées par le vent, te voilà revenue aux balbutiements d’un monde sans leçons à donner, sans terres à défendre. Tu aurais beau posséder toute la science de ton siècle, connaître des centaines de langues, aucune ne pourrait te soulager. Tu es un deuil qui se casse sans cesse contre la faille des continents, une humiliation quotidienne. Tu es là, preuve parfaite que Dieu ne sait pas exister.
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TON TERRITOIRE S’EST CONSTRUIT MALGRÉ TOI…


Ton territoire s’est construit malgré toi sur une plaie à ciel ouvert, il inquiète les jours et leurs ailes, les nuits et leurs ailes, c’est sans repos où tu habites, un guet permanent. Tu voudrais délivrer du mal tous les oiseaux, tu attaches des clochettes au cou des chats, et tu te promènes la tête dans la grisaille des nuages en rêvant que ton geste ridicule puisse empêcher la ville de sombrer. Tu ne sauveras que quelques passereaux, mais tu agis, tu oses agir avec l’espoir d’alléger un rien la détresse, puisque la détresse risque de t’emporter. Juste un geste, et ce mot tout droit sorti d’un autre siècle, charité, que tu récupères en cherchant une posture pour vivre adossée à l’abîme.
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la tentation est grande
de préférer les animaux
à tes semblables

qui se révèlent
chaque jour sous un jour
plus impitoyable

alors que tu réclames
de la pitié
comment aimer
les primates
de ton espèce

comment trouver le courage
de t'aimer, toi

qui ne vaut pas mieux
que les autres humains

tu caresses
ton chat
sans rien en attendre
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Tu n'as aucun pouvoir contre la damnation qui t'habite.
Tu ne bouges pas, tu voudrais que le silence se répande au creux de ton oreille [...] le temps de reprendre courage, d'entrer debout dans la détresse, de te rappeler les voyelles de ton prénom.
[...]
tu veux écrire oui, il te suffit d'attendre que la main te soit rendue, nerfs et muscles, danse des doigts, n'aie pas peur, n'aie pas honte, fais la morte jusqu'à l'incendie du soir, jusqu'à ce que tu brûles vive ta souffrance. Tu apprendras alors à boire le sang des villes.
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COMMENT ÉCRIRE DEPUIS LE CŒUR QUI SOUFFRE ANIMAL ?...


Comment écrire depuis le cœur qui souffre animal ? Tu reviens à la rudesse des langues velues, tu voudrais parler chien ou chat, savoir ce qu’on ressent quand une femme ferme la cage qui nous conduira à notre éternité, tu voudrais savoir si, le dernier matin, la brise prend l’odeur des feuillages ou des cendres. Tu voudrais décomposer la détresse en nanosecondes, l’avaler, la fixer dans tes os, qu’elle accueille l’ombre du poème comme une deuxième chance, un tremblement apeuré en toi, une âme indigne dont tu apprendrais à t’approcher sans mépris. Tu pourrais alors écrire je, comme si ce pronom se creusait enfin, devenait caverne, pierre poreuse qu’il suffirait de caresser de la paume pour que surgisse de l’oubli la forme des fossiles.

[…]
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