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Gilbert Kahn (Autre)
EAN : 9782070204199
238 pages
Gallimard (28/03/1980)
3.91/5   32 notes
Résumé :
Ce cours, professé en 1935, est un jalon important entre Être et Temps et l'œuvre ultérieure de Heidegger. Son originalité consiste à présenter la métaphysique à partir de corrélatifs traditionnels de l'être : devenir, apparence, pensée, valeur.

Le tiers du volume est consacré à l'opposition de l'être et du penser, décisive pour le destin de l'Occident. Nous voyons en effet comment celui-ci est lié à la naissance de la métaphysique et à son déclin, dé... >Voir plus
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Pourquoi donc y a-t-il l'étant et non pas plutôt rien ? Telle est la question. Et il y a lieu de croire que ce n'est pas une question arbitraire. Pourquoi donc y a-t-il l'étant et non pas plutôt rien ? Telle est manifestement la première de toutes les questions. La première, elle ne l'est pas, bien entendu, dans l'ordre de la suite temporelle des questions.
Au cours de leur développement historique à travers le temps, les individus, aussi bien que les peuples, posent beaucoup de questions. Ils recherchent, ils remuent, ils examinent quantité de choses, avant de se heurter à la question :
Pourquoi donc y a-t-il l'étant et non pas plutôt rien ? Il arrive à beaucoup de ne jamais se heurter à cette question, s'il est vrai qu'il s'agit, non pas seulement d'entendre et de lire cette phrase interrogative comme simplement énoncée, mais de demander la question, c'est à dire de faire surgir son horizon, de la poser, de se forcer à pénétrer dans l'horizon de ce questionnement.
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Cette Europe qui, dans un incurable aveuglement, se trouve toujours sur le point de se poignarder elle-même, est prise aujourd’hui dans un étau entre la Russie d’une part et l’Amérique de l’autre. La Russie et l’Amérique sont toutes deux, au point de vue métaphysique, la même chose ; la même frénésie sinistre de la technique déchaînée, et de l’organisation sans racines de l’homme normalisé. En un temps où le dernier petit coin du globe terrestre a été soumis à la domination de la technique, et est devenu exploitable économiquement, où toute occurrence qu’on voudra, en tout lieu qu’on voudra, à tout moment qu’on voudra, est devenue accessible aussi vite qu’on voudra, et où l’on peut vivre simultanément un attentat contre un roi en France et un concert symphonique à Tokyo, lorsque le temps n’est plus que vitesse, instantanéité et simultanéité, et que le temps comme pro-venance a disparu de l’être-Là de tous les peuples, lorsque le boxeur est considéré comme le grand homme d’un peuple, et que le rassemblement en masses de millions d’hommes constitue un triomphe ; alors vraiment, à une telle époque, la question : « Pour quel but ? – où allons-nous ? – et quoi ensuite ? » est toujours présente et, à la façon d’un spectre, traverse toute cette sorcellerie.

La décadence spirituelle de la terre est déjà si avancée que les peuples sont menacés de perdre la dernière force spirituelle, celle qui leur permettrait du moins de voir et d’estimer comme telle cette dé-cadence (conçue dans sa relation au destin de « l’être »). Cette simple constatation n’a rien à voir avec un pessimisme concernant la civilisation, rien non plus, bien sûr, avec un optimisme ; car l’obscurcissement du monde, la fuite des dieux, la destruction de la terre, la grégarisation de l’homme, la suspicion haineuse envers tout ce qui est créateur et libre, tout cela a déjà atteint, sur toute la terre, de telles proportions, que des catégories aussi enfantines que pessimisme et optimisme sont depuis longtemps devenues ridicules.

Nous sommes pris dans l’étau. Notre peuple, en tant qu’il se trouve au milieu, subit la pression de l’étau la plus violente, lui qui est le peuple le plus riche en voisins, et aussi le plus en danger, et avec tout cela le peuple métaphysique. Mais à partir de cette destination, dont le danger ne nous échappe pas, ce peuple ne se fera un destin que si d’abord il crée en lui-même une résonance, une possibilité de résonance pour ce destin, et s’il comprend sa tradition d’une façon créatrice. Tout cela implique que ce peuple, en tant que peuple proventuel, s’ex-pose lui-même dans le domaine originaire où règne l’être, et par là y ex-pose la pro-venance de l’Occident, à partir du centre de son pro-venir futur. Et si l’on ne veut pas que la grande décision concernant l’Europe se produise sur le chemin de l’anéantissement, c’est précisément par le déploiement de nouvelles forces, spirituelles en tant que proventuelles, issues de ce centre, qu’elle doit se produire. (pp. 49-50)
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Seule la poésie est du même ordre que la philosophie et le penser philosophique. Mais la création poétique et le penser ne sont pas identique pour autant. Parler du néant restera toujours pour la science une abomination et une absurdité. En revanche, outre le philosophe, le poète peut le faire. Et cela non pas à cause d'une rigueur moindre qui, selon le sens commun, serait le lot de la poésie, mais bien parce que dans la poésie (celle qui est authentique et grande) règne une essentielle supériorité de l'esprit par rapport à tout ce qui est purement science.
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Le fondement demandé est maintenant demandé comme fondement du vacillement de l'étant, de ce vacillement qui nous porte et nous libère, lui qui à moitié est et à moitié n'est pas, d'où il résulte que nous ne pouvons appartenir totalement à aucune chose, même pas à nous-mêmes ; cependant l'être-là est toujours le mien.
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Ceci, à savoir que nous comprenons l'être, ce n'est pas seulement réel, c'est nécessaire. Sans une telle ouverture de l'être, nous ne pourrions d'aucune façon être "les hommes". Que nous soyons, ce n'est certes pas absolument nécessaire. Il est parfaitement possible que l'homme ne soit pas. Il a été un temps en effet, où l'homme n'était pas. Toutefois c'est improprement que nous disons : il a été un temps où l'homme n'était pas. En tout temps l'homme était, est et sera, parce que le temps se temporalise seulement du fait que l'homme est.
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Vidéo de Martin Heidegger
POÉSIE-PENSÉE – La Philosophie face à la Poésie selon HEIDEGGER (France Culture, 1964) Un extrait d’un hommage radiophonique au philosophe, par René Farabet, diffusé le 25 septembre 1964 sur France Culture. Interventions : Beda Allemann, Michel Deguy et René Char. Lecteurs : Henri Rollan et Jean Topart. Mise en ligne par Arthur Yasmine, poète vivant, dans l’unique objet de perpétuer la Poésie sur tous les fronts.
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