Pierre travaille dans un café, sa vie comme l'a chanté Goldman, il la vit un peu par procuration. Et si l'heure d'une retraite bien méritée se pointe à l'horizon, il regrettera ces « clients », sa manière à lui d 'avoir encore un lien avec les autres. Par petites touches, Fabre réussit à nous émouvoir, à prendre plaisir à saisir ces petits instants souvent informels. Il est aime s'attacher aux petites gens, leur rendre hommage en quelque sorte. A l'heure des réseaux sociaux, de l'hyper connectivité, la solitude est bien présente, les relations sont étonnamment difficiles. A travers leurs portraits c'est une manière de nous renvoyer à notre propre image. Des instantanés de vie qu'il observe avec une vraie et belle élégance. Un roman qui sonne toujours juste d'un auteur peu connu qui mérite vraiment un plus large public.
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Ce très court roman, presque une nouvelle, respire et inspire une profonde mélancolie. Il ne s'y passe presque rien. Pierre, le garçon de café vieillissant et célibataire, gère la crise causée par le désamour du couple de gérants du café de la gare d'Asnières où il travaille, le Cercle, et où il comptait bien terminer tranquillement sa vie professionnelle. Mais cette crise même est lissée, polie comme un galet par la vie de banlieue, rythmée par le passage des trains. Celui qui n'y habite pas fantasme souvent sur la banlieue parisienne, ayant en tête les images relayées par les médias. Pour celui qui y a vécu c'est surtout l'ennui qui prévaut. Éloignés du coeur de Paris, privés du paysage rural présent il y a encore une trentaine d'années, les habitants des banlieues composent comme ils le peuvent avec les migrations pendulaires et les mobilités alternantes.
"Bon, Pierrot mon ami, tu fais quoi maintenant ? Euh... moi? Oui, toi, c'est ça. Je suis passé par le tunnel jusqu'à la voie B où passerait l'omnibus pour la Gare Saint-Lazare. On n'était qu'une dizaine dans le wagon de queue, et j'avais l'impression qu'on allait tous ensemble vers un grand trou pas tout à fait noir, mais j'avais l'air d'être le seul au courant".
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Je suis superstitieux, surtout depuis que je vis seul. C'est que j'ai trop de temps pour moi, en vérité. Sans personne pour me répondre je me fais de drôles d'idées, de temps en temps.
J'entends mal de l'oreille gauche, sans m'être énormément masturbé.
Avec des décennies de recul, un homme revient sur les traces de son enfance et de son adolescence, dans la salle des pas perdus de la gare Saint-Lazare, les rues populeuses alentour, les cafés où les banlieusards boivent debout au comptoir avant d'attraper leur train.
Dans "Gare Saint-Lazare" (Fayard), Dominique Fabre contemple de son regard d'enfant meurtri les milles vies qu'accueille la gare. Et nous partage son espoir d'une réconciliation avec sa mère.
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