Très belle initiative que cette biographie d'une figure tutélaire de l'extrême droite française de l'après Deuxième Guerre mondiale.
L'ouvrage débute avec une très longue description du dernier jour de
Dominique Venner, celui de son suicider dans le choeur de Notre-Dame de Paris. C'est très cinématographique et le procédé accroche le lecteur. Mais le reste de l'essai reste désespérément dans l'écume des événements historiques. Certes, ceux-ci ont forgé la personnalité et l'idéologie de
Dominique Venner, mais ses idées sont trop peu abordées, expliquées. L'auteur ne fait pas l'effort de rendre compréhensible pour plus grand nombre la révolution intellectuelle que cet homme fit connaître à l'extrême droite française : ethno-différentialisme (un racisme nouvelle formule), paganisme, nationalisme européen, culture de la virilité...
Renaud Dély semble prendre au pied de la lettre le sous-titre de son ouvrage : "le gourou". Or
Dominique Venner n'avait rien d'un gourou pouvant compter sur sa puissance de persuasion faute d'une idéologie construite. Au contraire,
Dominique Venner était d'abord un idéologue et le réduire au rôle de "gourou" ne permet pas de comprendre pourquoi, aujourd'hui encore, il est nécessaire de connaître l'homme et ses écrits pour comprendre que l'extrême droite contemporaine plonge ses racines et continue à être irriguée par une idéologie beaucoup plus dure et radicale que ce qu'elle veut montrer aujourd'hui.
L'intention était bonne, mais le résultat relève plus d'une biographie "Paris Match" (quelques scènes choc), que d'une biographie historique dans laquelle on trouverait à la fois la vie, mais aussi l'oeuvre du sujet (cf. l'impressionnante biographie de
Richelieu par
Arnaud Teyssier).