Quelle belle écriture !
Arnaud Teyssier, grâce à ses nombreuses sources du 17è siècle et postérieures, réussit à nous faire rentrer dans le cerveau et même le coeur, les sentiments d'Armand Jean du Plessis, cardinal de
Richelieu. C'est une performance, car ce personnage est généralement perçu sous un aspect froid et distant ; de plus, "la légende noire", machiavélique du cardinal circule depuis un moment.
Or il n'en est rien : avec force témoignages et écrits de
Richelieu, notamment son Testament Politique, l'auteur démontre l'humanisme du cardinal. de la trempe d'
Erasme ou
Montaigne, mais doué d'une "vista" et d'une diplomatie hors pair, dès 1616, l'évêque de Luçon, introduit au conseil du roi par la mère de celui-ci, Marie de Médicis, perçoit les enjeux religieux et politiques de la France. Il les expose avec clarté devant les Etats Généraux convoqués par le roi
Louis XIII.
Tout au long du livre, Teyssier égrène les innombrables personnes et évènements qui s'opposent au cardinal au cours de sa longue carrière à la tête de la France ( 1624-1642 ) avec la confiance de
Louis XIII, et démontre que c'est un homme qui a un objectif politique appuyé par un but moral et religieux.
Après sa traversée du désert ( 1617-1624 ), il est rappelé par le roi, et un tacite accord se noue entre eux.
Richelieu n'a jamais cessé d'être un homme d'Eglise, tout en étant un homme d'Etat.
1 ) Il commence à défaire le favoritisme et les cabales des "Grands", jaloux et des ambitieux : son objectif est l'UNITE de l'Etat sous l'autorité du roi. En s'appuyant sur Dieu, il suggère au roi tel conseil, telle décision.
2 ) Puis il réduit les poches des Protestants ( Montauban, La Rochelle ), convaincu qu'en négociant avec les calvinistes, il peut les amener au catholicisme : UNITE de religion.
3 ) S'appuyant toujours sur la religion, il envoie Mazarin à Rome rencontrer Urbain VIII pour lui démontrer que, sous des apparences hypocrites d'unité catholique, les Habsbourg qui encerclent la France depuis Charles Quint veulent l'envahir :
Richelieu s'efforce depuis 1624, mais surtout depuis 1635 en guerre ouverte, de couper, au niveau des Grisons, la jonction entre les Habsbourg d'Espagne et ceux d'Autriche.
Son génie européen est de préserver l'EQUILIBRE des forces, et donc, tout en essayant d'abaisser les Habsbourg (ce que Condé réussira à faire à Rocroi 6 mois après la mort du cardinal ), d'aider les princes protestants du nord à lutter contre la puissante dynastie, au grand dam du "Parti des dévots", la Ligue et les catholiques extrémistes.
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Tout cela va bien m'aider à avancer sur mon "Louise XIV", qui en est toujours au même point, c'est à dire à pas grand chose !
Enfin, lisez-le, Teyssier explique tout ça bien mieux que moi en rentrant véritablement dans le cerveau de ce négociateur et stratège hors pair qu'est "L'Homme en Rouge", celui qui a créé
L Académie Française. !