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EAN : 9782070138678
160 pages
Gallimard (24/01/2013)
4.27/5   11 notes
Résumé :
'Sur un fond de silence et de solitude, on perçoit le bruissement de la mer. La ferme est seule en contrebas, plus seule encore que je ne l'imaginais d'après les lettres et les descriptions.
Maintenant que je tiens Barnhill sous mes yeux, maintenant que je peux contempler ce paysage, cet océan, que je devine le jardin désormais abandonné, que j'aperçois des restes du verger, maintenant que je peux imaginer l'homme oscillant entre la m... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Si un auteur est emblématique de ce siècle tourmenté c'est bien George Orwell.
L'essai de Jean-Pierre Martin n'est pas une biographie, c'est le récit de quelques mois de la vie d'un homme.
C'est un écrivain en marge, ses prises de position antifascistes, sa participation et ses écrits sur la Guerre d'Espagne l'on rendu à la fois connu mais aussi impopulaire car à contre courant.
Les journaux lui refusent ses articles, il a pris position pour l'indépendance de l'Inde, il affiche un anti stalinisme très peu orthodoxe pour l'époque.
C'est un homme fatigué, il vient de perdre sa femme, il est marqué par la tuberculose qui finira pas l'emporter et en 1946 il éprouve le besoins de vivre à l'écart du monde pour pouvoir se consacrer à l'écriture.

Il choisit pour sa retraite l'île de Jura en Ecosse, une île loin de tout, le voyage prend plusieurs jours, de bateau en bateau, de petites routes en chemins.
Il va vivre environ deux ans dans la ferme de Barnhill, une île envahie par les cerfs et très peu peuplée mais qui fabrique un Single Malt très prisé des connaisseurs.
Chose plus étrange encore Orwell s'installe sur l'île avec un très jeune enfant, son fils adoptif alors que la maison est tout juste habitable : pas de chauffage, pas d'électricité ...
Il va réinventer sa vie, se transformer en agriculteur, il sème, il plante, il retourne la terre, il crée un poulailler, achète une vache, crée un potager, se fait menuiser, plombier, bref en quelques semaines il peut vivre en autarcie. La soeur d'Orwell et quelques amis feront le voyage jusqu'à Barnhill.

Un très bel essai qui révèle une facette de cet écrivain surprenante et qui s'interroge sur les raisons de ce retrait.
JP Martin a tenté de comprendre cette volonté de vivre loin de tout, coupé du monde, il s'est rendu à Jura et il dit :
« maintenant que je peux imaginer l'homme oscillant entre la main à plume et la main à charrue, entre la chambre où s'invente Big Brother et cette vie du dehors livrée aux éléments, à l'écart de l'Histoire, je ne vois pas davantage de raison majeure, de raison tout court qui l'emporterait, qui puisse justifier cette fugue, mis à part ce qui dépasse la raison, une pulsion profonde, une intériorité exigeante, radicale »

L'auteur nous permet de voir vivre Orwell, échapper ainsi à la pression de Londres, aux polémiques, aux demandes en tous genres. Il nous le montre heureux de s'occuper de son fils Richard et peu gêné par la rudesse des conditions de vie, s'adonnant à la chasse et à la pêche pour améliorer l'ordinaire.
Un temps de pose où il redevient Eric Blair avant que la maladie le rattrape.

Lisez cet essai qui donne fortement envie de lire une biographique de George Orwell et de le retrouver sur le Quai de Wigan ou en Catalogne

Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Un très beau récit de Jean-Pierre Martin, qui nous fait découvrir une période très particulière de la vie d'Orwell, qui , après la mort de son épouse, sa lassitude des snobismes de la vie littéraire, se retire...très loin dans une île d'Ecosse difficile d'accès.... il va travailler la terre.... et écrire dans un cadre exceptionnel mais aussi un état d'esprit très particulier son très célèbre "1984".... Après cette lecture, et la connaissance de ce retirement du monde d'Orwell, on ne peut relire "1984" qu'avec une autre perception, un autre regard...
c'est un texte magnifiquement écrit, où on ressent très fort une communion d'idées et d'aspirations entre l'auteur et son "biographe"....même si c'est très loin d'une biographie classique....
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critiques presse (1)
Lexpress
05 février 2013
Un récit délicat, limpide, vivifiant.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Il semble raisonnable de conjecturer qu'un livre doit un peu de sa texture, de sa tonalité, de son rythme, de sa sensibilité, de son atmosphère mentale, au paysage dans lequel il est médité. Les idées elles-mêmes, comme la musique, ne sont pas étrangères à l'endroit où elles poussent, au au corps qui leur donna naissance. Un Bizet et un Wagner ne furent sans doute possibles que là d'où ils composèrent. Ce rapport presque inévitable à la physique est pourtant de l'ordre de l’imprescriptible, et on le soupçonne d'un parti pris un peu mesquin car, à notre rêverie d'un infini de capacité créatrice, il oppose comme une limite fatale, à laquelle notre propre imagerie donne sans doute a posteriori un sens. Voit-on cependant Orwell écrivant 1984 sous l'azur d'une île des tropiques, entre deux bains de mer, se désaltérant d'un cocktail de jus de fruits exotiques servi par une lascive indigène ? Il le reconnaît lui-même de façon allusive: écrit ailleurs, dans d'autres conditions, ce livre aurait été différent. On peut tenter de prolonger cette idée. Il y aurait dans 1984 une austérité qui ne renvoie pas seulement à la noirceur de l'Histoire, mais aussi au sombre des nuages, à la démesure de l'océan, à l'imaginaire septentrional, à la superbe désolation de Barnhill, et encore, et surtout peut-être, à la tragique évolution de la maladie
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Rapportée au temps de l'existence d'Orwell, la journée du 22 mai 1946 est une date historique. Après un long périple, il arrive Ardlussa, à dix-sept miles au nord de Craighouse, à l'endroit, à l'endroit où la route défoncée, creusée de nids-de-poule, s'arrête. Pour atteindre Barnhill, il faut encore emprunter à pied un chemin de terre qui serpente dans la lande sur une dizaine de miles. C'est là qu'Orwell a décidé de vivre, dans cette ferme isolée, tout près de la mer, à l'extrême nord de Jura, une île des Hébrides intérieures. Isolée, c'est peu dire: on peut difficilement imaginer un coin du monde plus paumé."p11
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Il ne comprend pas (l'éditeur) enfin qu’il y a deux espèces d’écrivains.
D’un côté le moine urbain. Il oscille entre sa chambre d’écriture et un cocktail en ville. Scribe d’appartement , c’est aussi un mondain.
De l’autre, l’écrivain de panorama, l’activiste des champs, des bois et des fourrés, le poète défricheur, jardinier, charpentier, bûcheron. Espèce plus rare, mais intéressante. Son secret : ne pas rester fixé sur la page. (Page 34)
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maintenant que je peux imaginer l'homme oscillant entre la main à plume et la main à charrue, entre la chambre où s'invente Big Brother et cette vie du dehors livrée aux éléments, à l'écart de l'Histoire, je ne vois pas davantage de raison majeure, de raison tout court qui l'emporterait, qui puisse justifier cette fugue, mis à part ce qui dépasse la raison, une pulsion profonde, une intériorité exigeante, radicale
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Rousseau, Bernanos, Orwell, Thoreau: ces héroïques Alceste ne sont pas tout à fait abstraits du commerce des hommes. ils espèrent encore, ne serait-ce que par leurs écrits, avertir le monde des dangers qu'il court et, par leur vie même, montrer l'exemple [...]
Plus qu'une vie réalisée à un endroit du monde, tous les hommes retirés ont en commun un élan, une utopie. Ils cherchent un moyen de se mettre à l'écart de la moutonnerie qui menace. ils dessinent une autre carte du monde
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