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Richard Prêtre (Traducteur)
EAN : 9782264030375
308 pages
10-18 (14/12/1999)
3.96/5   79 notes
Résumé :
Sans doute parce que ce roman est un long monologue plein de drôlerie, on a pu dire qu'il s'agit de la part d'Orwell de son livre le plus tonique. A l'instar de Leopold Bloom dans«Ulysse», l'antihéros de ce récit souhaite échapper à la routine, aux traditions. Mais en retournant sur les lieux de son enfance, il ne fait que retrouver le passé et la nostalgie de la vieille Angleterre.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique

Et pour changer un peu : un livre non sans humour de George Orwell. Loin de son "1984", "La Ferme des Animaux", "Hommage à la Catalogne" ou "Dans la dèche à Paris et à Londres".

Pourtant la vie de son "héros", George Bowling, n'a rien de vraiment drôle. Il a 45 ans, attend son nouveau dentier, il a la figure d'un tonneau et est surnommé "Fatty" à cause d'un embonpoint imposant. Ses revenus sont modestes et sa femme Hilda se plaint constamment du coût de la vie. En plus, il trouve ses gosses, Lorna 11 ans et Billy 7, totalement insupportables. George vit dans une rue tristement banale qui lui fait penser à un corridor de prison avec des maisonnettes miteuses comme des cellules, appartenant à un groupe immobilier et chargées d'hypothèques menaçantes. Une présentation sarcastique par un Orwell surprenant et déroutant : aucune femme ne me regarderait une deuxième fois, sauf si elle est payée pour, se lamente Bowling en savonant son gros ventre sous la douche.

Mais déjà à la fin du premier chapitre, on retrouve notre Orwell bien connu. Se baladant à travers Londres, George Bowling, qui craint aussi une guerre avec ce fou d'Hitler - nous sommes en 1939 - a une vision de la capitale anglaise sous les bombardements de la Luftwaffe. le visionnaire est évidemment notre grand auteur, qui en donne une description anticipatoire d'une telle précision comme si Londres est déjà en feu et flammes. En fait, une image si nette du Blitz d'un an plus tard, que cette image semble sortie des Mémoires de guerre de Sir Winston Churchill.

Les chapitres suivants retracent l'itinéraire de cet antihéros depuis sa prime enfance jusqu'à ce moment du ras-le-bol du début de l'ouvrage. Résumer le parcours de George Bowling serait un double péché, envers les lecteurs et envers l'auteur. Car dans son style désabusé et avec un choix de mots propre à lui, dans des phrases courtes mais révélatrices, George Orwell prouve tout son talent.

Fatty Bowling ne mène bien sûr pas une existence isolée et, à partir de ses relations et environnement, l'auteur nous dépeint un portrait des quartiers et faubourgs moins ruisselants de la capitale de l'Angleterre et de l'Empire britannique : l'univers des classes laborieuses anxieuses de perdre emploi ou domicile ou même les deux à la fois.

Intéressant est également son aperçu des modifications importantes que la première guerre mondiale a entraînées justement pour ses classes laborieuses dans leur vie quotidienne. le retour des soldats du front qui, s'ils ne sont pas blessés, ont perdu toute illusion et doivent maintenant se battre pour dénicher un emploi dans un pays que l'effort de guerre a ruiné. L'insouciance d'antan a définitivement disparu.

Cependant cet ouvrage ne constitue pas une saga dramatique de l'infortuné Bowling et consorts, pour la simple raison que l'auteur y a mis une touche qu'on ne peut qualifier autrement qu'avec le terme humour. Et ce ne serait pas Orwell s'il n'y avait pas un volet politique. Un soir, Bowling décide d'assister à un discours d'un antifachiste au Left Club. Une occasion pour s'en prendre aux hitlérisme et stalinisme avec une joie cynique.
George Orwell a écrit ce roman, pendant l'hiver 1938-1939, à Marrakech, après sa sortie d'hôpital atteint de tuberculose. Peut-être que le soleil du Maroc, dont il avait grand besoin, lui a redonné un peu d'espoir et d'ironie.

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George Bowling, tel un Marcel Proust, part à la recherche du temps perdu dans ce roman décapant de George Orwell, dans lequel on retrouve aussi des accents de ce qui sera 1984 du même auteur. Bowling ne se prétend pas poète ni littérateur, mais ses impressions des temps révolus et du temps présent, en l'occurrence l'avant-guerre de 1939, sont poignants de sincérité et de vérité. Quadragénaire, marié depuis quinze ans à une femme qu'il n'apprécie guère, père de deux enfants, coincé dans un boulot de vendeur d'assurances, habitant un logis dont il espère devenir propriétaire, George aspire à un peu d'air frais. Un récit humoristique parfois grinçant qui en fait une lecture réjouissante que je n'attendais pas de la part de George Orwell.
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Georges a 45 ans, il est représentant de commerce, gros, rouge, il porte un dentier... Il se regarde vieillir quand une affiche publicitaire l'arrache au présent et le plonge dans ses souvenirs d'enfance... et nous avec. C'est une véritable rencontre avec la nostalgie, ce qu'elle a de merveilleux, de réparateur. Les descriptions de ce petit village à une encablure de Londres à l'aube de la première guerre mondiale font de nous les spectateurs muets et admiratif de l'histoire. Orwell nous fait remonter le temps, la Tamise regorge de poissons, des grainetiers font pousser la nourriture pour les oiseaux au fond de leur jardin, des châteaux sont abandonnés aux promeneurs, les étangs frais et profonds abritent d'énormes carpes, les enfants ont le temps de s'allonger sur le dos pour regarder les nuages et ils aiment ça ! Tout cela dans un parfum d'entre-deux guerre, de champs de batailles à venir, le livre est écrit en 39 et on sent l'inquiétude poindre. Les thèmes chers à Orwell sont présents en toile de fond, notre anti-héro pressent la guerre et les grands bouleversements qui vont modifier le monde. En remontant le chemin de ses souvenirs, Georges se rappelle qu'il s'était promis de revenir pêcher ces carpes, dans cet étang caché sous d'énormes hêtres. 40 après, il décide de remonter le courant vers les lieux de son enfance avec une canne à pêche mais "On ne peut pas remettre Jonas dans le ventre de la baleine". C'est un livre formidable qui malgré la nostalgie possède une certaine drôlerie et pour peu qu'on prenne le temps de se laisser envahir par cette atmosphère, on passe un très bon moment.
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Le monde d'hier peut déjà être le monde d'avant-hier... L'avant guerre en fait l'avant avant guerre... Un oeuvre visionnaire, magistrale, géniale, incroyablement en avance sur son temps, à mon sens un livre majeur de l'histoire de la littérature!
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Bien sur George Orwell
Une histoire tres ordinaire d un gars encore plus ordinaire un vie simple juste avant la guerre mais écrite par un grand écrivain... Voila la différence
J ai bien aimé sa facon de voir la vie et le monde. Juste avant la guerre ses pensées ses reves.. Son dentier etc ... La peche lorsqu il nous en parle il fait envier tout les amteur... wow
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Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Parce qu'enfin, qu'est-ce que c'est une rue comme Ellesmere Road? Tout simplement une prison avec ses cellules bien alignées. Une rangée de chambres de torture jumelées où les besogneux - les cinq à dix livres par semaine - sont perpétuellement paniqués à cause du patron qui leur fait suer sang et eau, de la femme qui leur en fait voir de toutes les couleurs et des gosses qui sont autant de sang-sues. On a dit un tas de bêtises sur les souffrances de la classe ouvrière. Moi je ne m'apitoie pas tant sur les prolos. Vous avez connu un terrassier qui a perdu le sommeil parce qu'il craignait d'être foutu à la porte? Le prolo peut être à la peine physiquement, mais en dehors du travail c'est un homme libre. Dans chacun de ces boîtes de stuc, c'est autre chose. Là, il y a un pauvre type qui n'est jamais libre, sauf s'il dort du sommeil du juste et rêve qu'il a précipité le patron au fond d'un puits et lui balance des pelletées de charbon sur l'occiput.
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Tout ça va arriver: toutes les pensées que vous refoulez soigneusement au fond de votre esprit, tous vos motifs de terreur, toutes ces choses dont vous vous dites qu'elles ne sont que des cauchemars, ou qu'on ne les verra jamais se produire en Angleterre. Les bombes, les queues pour avoir la nourriture, les matraques, les barbelés, les chemises de couleur, les slogans, les visages énormes sur les affiches, les mitrailleuses qui crépitent aux fenêtre des chambres à coucher. Tout cela va arriver. Je le sais - du moins, je le savais à ce moment-là. Il n'y a pas d'échappatoire. Luttez contre si cela vous chante, ou regardez ailleurs en faisant semblant de ne rien voir, ou empoignez votre clé anglaise et allez avec les autres participer à une bonne séance de cassage de gueules. Mais il n'y a pas de sortie. Cela arrivera parce que cela doit arriver.
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Et cette pensée me poursuivait : peut-être bien que la plupart des gens que nous voyons marcher sont morts. Nous disons qu'un homme est mort quand son cœur cesse de battre, pas avant. Ça semble un peu arbitraire. Après tout, il y a des parties de votre corps qui continuent à fonctionner -le poil, par exemple, pousse encore pendant des années. Peut-être un homme meurt-il vraiment quand son cerveau s'arrête -quand il a perdu l'aptitude à enregistrer une idée neuve. Ce cher Porteous est comme ça. Une merveille d'érudition, une merveille de bon goût -mais incapable de changer. Dit les mêmes choses, remâche les mêmes pensées, jour après jour, année après année. Il y a des tas de gens comme ça. Morts dans leur tête, bloqués de l'intérieur. Avançant et reculant sur la même voie exiguë, et perdant sans cesse de leur consistance, comme des spectres.
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Pourquoi ? ...nous ne faisons pas les choses que nous voudrions faire. Ce n’est pas que nous soyons perpétuellement pris par le travail ; ...C’est parce qu’il y a en nous je ne sais quel démon qui sans fin nous pousse à répéter les mêmes inepties. On trouve du temps pour tout, excepté pour ce qui vous intéresse vraiment. (pages 108-109)
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Curieusement, ce qui m'avait convaincu que la vie vaut d'être vécue, plus que les primevères ou les jeunes pousses sur la haie, c'était ce petit feu à coté de la barrière. Vous savez à quoi ressemble un feu de bois par temps calme. Les brindilles changées en poussière blanche, et ayant cependant gardé forme de brindilles, et sous la cendre cette sorte de rouge vivace qui s'obstine. C'est étrange, des braises rougies ont l'air plus vivantes, donnent une impression de vie plus forte que tout autre chose au monde. Il s'y attache... quoi ?... une intensité, une vibration -les mots justes ne viennent pas. Mais ces cendres vous disent que vous êtes en vie. C'est le petit détail du tableau qui vous renseigne sur tout le reste.
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