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EAN : 9782755501520
63 pages
1001 Nuits (01/07/1997)
4.21/5   54 notes
Résumé :
Gibran n’est pas l’homme d’un seul livre : en 1918, avant le succès mondial du Prophète, il publie Le Fou, un recueil de contes philosophiques.
Le poète libanais y porte un regard délicat sur le monde…
Ces courtes paraboles poétiques, mystérieuses, tout en finesse, invitent au voyage intérieur.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Bien avant notre actualité, je m'étais décidée de découvrir les autres écrits de Khalil Gibran, autre que son célèbre Prophète que j'ai lu à l'adolescence.

Cette envie de m'y atteler est venue suite à la lecture d'un poème qu'on lui attribuait sur FB... Je ne sais toujours pas si ces mots qui me touchent sont de lui....Par contre, je sais que le Fou qui ouvre l'anthologie que je me suis procurée, m'a percuté autant par son style que par la réflexion intemporelle qu'il offre!

Le Prophète m'avait marqué en son temps déjà... Mais je dois admettre que je suis probablement, voir même certainement passé à côté de la finesse de la réflexion que Khalil Gibran nous offre si on l'accepte et que j'ai pu pleinement goûter cette fois-ci!

Le fou est une suite de textes qui ont en lien ce fou, un être qui existe depuis bien avant les dieux... Il a eu le temps de vivre 7 vies et à chacune d'elle, il façonna un masque... Un jour il s'aperçut que ceux - ci avaient disparut... Il se mit alors à déambuler dans une ville en criant au voleur... Sans s'en rendre compte, pour la première fois, il livrait son visage, son vrai visage!... Un jeune homme le reconnu pour fou tandis que lui était lui... Des textes qui questionnent le visage et / ou l'image qui nous arrive, que nous envoyons aux autres, notre perception et grille de lecture du monde qui nous entoure... Et de tout ça, qu'est-ce qui est vrai, faux, réel, imaginaire, projeté,...? La réflexion est vaste et pour un texte datant de 1918, j'y ai trouvé une raisonnance avec notre monde actuel et un questionnement des médias qui participent à leur façon à l'image qu'on se fait de la réalité... Mais sommes nous dès lors dans La réalité? Ou en existe - t - il d'autres? Et qu'est-ce qui donne légitimité à l'une mais pas à l'autre?

Un texte que j'invite à découvrir si ce n'est déjà fait 😊!
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Je découvre Khalil Gibran avec ce recueil de courts contes philosophiques, ça se lit vite et bien. Bien que très courts, chaque conte laisse le lecteur sur une réflexion interne, une analyse personnelle du message véhiculé par l'histoire. On peut donc s'attarder à une réflexion à chaque fin de conte, ou simplement les lire au premier degré et juste en apprécier les histoires racontées. Je ne suis pas du genre à m'attarder sur les morales et messages philosophiques des histoires en général, mais en l'occurrence il n'y a pas vraiment d'intérêt à lire ce recueil si on ne passe pas au moins une poignée de secondes à réfléchir à leurs significations, c'est donc ce que j'ai fait, même brièvement. Certaines histoires sont plus intéressantes que d'autres, mais c'est dans l'ensemble un agréable lecture et je pense un bon ouvrage pour découvrir cet immense auteur (pour l'anecdote, mon conte préféré est ''Le rois sage'', la morale est simple à trouver mais très efficace). Je compte bientôt découvrir le chef-d'oeuvre de Khalil Gibran, ''Le prophète'', même si le coté poétique de cette oeuvre me fait un peu peur.
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l'être humain est fou de nature selon les circonstances ....
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Une plongée dans la nature humaine, voilà ce que Khalil Gibran nous propose dans ce court ouvrage, à mi-chemin entre fable ou récit philosophique.
Le fou n'a pas de nom, mais on sait qu'il est né bien avant certains dieux, et qu'il a détenu 7 masques lui permettant de vivre 7 vies. Un jour, délesté de ceux-ci et dévoilé ainsi au monde avec sa véritable apparence, son véritable moi, il se retrouve donc perçu et désigné comme fou.

Qu'est-ce que la folie? Un être libre est-il fou? le naturel finalement révélé d'un homme en fait-il un fou? Est-on toujours le fou de quelqu'un?

Ces questions sont abordés, et cohabitent avec d'autres thématiques comme la place de chacun dans une communauté ou société ou l'importance de l'image que l'on renvoit aux autres et celle que l'on reçoit d'eux.

Une petite lecture précieuse, dans laquelle on peut retourner régulièrement pour réfléchir, se détendre, avancer avec soi-même.
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Le fou est un recueil de poèmes et de paraboles dans lequel l'auteur et artiste Khalil Gibran évoque divers sujets comme la solitude.
Gibran est tantôt éloquent, tantôt sombre aussi lorsqu'il évoque la folie.
Ce que j'aime avec cet auteur c'est qu'à travers ses mots, nous retrouvons toujours une leçon de vie, il comprend et ressent les joies et les peines de l'être humain, et les dépeint à la perfection ❤
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
"Je suis comme toi, o Nuit, sombre et nu; je chemine sur le sentier flamboyant , qui est au-delà de mes rêves diurnes; et là où mon pied touche terre, un chêne géant surgit.
- Non, tu n'es pas comme moi, o Fou; car tu te retournes encore pour voir combien grandes sont les traces de tes pieds sur le sable.
- Je suis comme toi,o Nuit, silencieux et profond, et dans le coeur de ma solitude repose une déesse en couches; et en celui qui naitra le Ciel s'unit à l'Enfer.
- Non, tu n'es pas comme moi, o Fou; car tu frémis encore devant la souffrance; et le chant de l'abime t'effraie.
- Je suis comme toi,o Nuit, cruel et redoutable; car ma poitrine est illuminée par des bateaux brulant dans la mer et mes lèvres sont trempées du sang de guerriers abattus.
- Non, tu n'es pas comme moi, o Fou; car tu es encore hanté par le désir d'une ame-soeur; et tu n'es pas encore devenu ta propre loi.
- Je suis comme toi, o Nuit, joyeux et heureux; car celui qui demeure sous mon toit est maintenant ivre de vin vierge; et celle qui me poursuit délecte à présent la joie de l'adultère.
- Non, tu n'es pas comme moi, o Fou; car ton ame est enveloppée d'un voile à sept plis; aussi n'es-tu pas encore à même de prendre ton coeur en main.
- Je suis comme toi, o Nuit, patient et passionné; car dans ma poitrine sont enterrés des milliers d'amoureux dans des linceuls de baisers flétris.
- Oui, fou, es-tu comme moi? Es-tu comme moi? Peux-tu donc chevaucher sur la tempête comme sur un coursier ou empoigner la foudre telle une épée?
- Je suis comme toi, o Nuit; je suis comme toi, puissant et élevé; car mon trone se dresse sur des tas de dieux déchus; et devant moi passent les jours pour embrasser le bord de mes vêtements, mais sans jamais pouvoir contempler mon visage.
- Es-tu comme moi, enfant de mon coeur le plus sombre? Peux-tu donc assumer mes pensées indomptables et parler mon langage illimité?
- Oui, nous sommes frères jumeaux, o Nuit; car tu révèles l'espace et moi je révèle mon ame."
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Durant l’heure la plus tranquille de la nuit, comme je m’assoupissais dans un demi-sommeil, mes sept Moi s’assirent ensemble et conversèrent en chuchotant.
Premier Moi : ici, dans ce fou, j’ai vécu toutes ces années, j’ai renouvelé sa peine le jour et récréé sa douleur la nuit. Maintenant, je n’arrive plus à supporter mon destin davantage, et je me rebelle.
Second Moi : ton lot vaut mieux que le mien frère, puisque mon sort est d’être le « moi » joyeux de ce fou. Je ris de ses rires et chante ses heures de joie, avec mes trois pieds ailés, je danse pour ses plus brillantes pensées. C’est à moi de me rebeller contre ma triste existence.
Troisième Moi : et moi alors ! le « moi » de l’amour défait, le tison brûlant de la passion sauvage et des désirs fantastiques ? Je suis le « moi » de l’amour malade, je dois me rebeller contre ce fou.
Quatrième Moi : parmi vous tous, je suis le plus misérable, rien d’autre ne m’a été donné que la haine odieuse et l’aversion destructive. Je suis le « moi »-tempête, le « moi » né dans les profondeurs noires de l’Enfer ; c’est à moi de protester ; à moi de ne pas servir ce fou.
Cinquième Moi : je suis le « moi » penseur, le « moi » fantasque, le « moi » de la faim et de la soif, celui qui est condamné à errer sans repos à la recherche de choses inconnues et de choses incréées ; c’est à moi de me rebeller et non à vous.
Sixième Moi : je suis le « moi » travailleur, l’homme de peine pitoyable, celui qui, avec des mains patientes et les yeux de l’envie, façonne les jours en image et donne aux éléments sans forme leurs formes nouvelles et éternelles – c’est moi, le solitaire, qui devrais me révolter contre ce fou.
Septième Moi : comme c’est étrange que vous vouliez tous vous rebeller contre cet homme parce que chacun de vous a une tâche fixée d’avance. Ah ! si je pouvais être l’un d’entre vous ; un « moi » au sort déterminé ! Mais je n’en ai aucun ! Je suis le « moi » qui ne fait rien, celui installé dans le mutisme stérile et vide du nulle part et du jamais, pendant que vous êtes occupés à recréer la vie. Est-ce à vous ou à moi, voisins, de vous rebeller ?
Quand le Septième Moi eut fini de parler, les six autres Moi le regardèrent avec compassion, mais ne dirent plus rien ; et comme la nuit devenait plus profonde, l’un après l’autre, ils s’endormirent plongés dans une nouvelle et heureuse soumission. Mais le Septième Moi demeura réveillé et continua à fixer le néant qui est derrière toute chose.
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Vous me demandez comment je devins un fou. Cela m'arriva ainsi: un jour, bien avant que de nombreux dieux ne fussent nés, je m'éveillai d'un profond sommeil et trouvais que tous mes masques étaient volés, les sept masques que j'ai façonnés et portés durant sept vies; je courus alors sans masque à travers les rues grouillantes de la ville en criant: "Aux voleurs! Aux voleurs! Aux maudits voleurs!"

Hommes et femmes se moquèrent de moi; de crainte, certains coururent vers leur maison.
Et quand j'atteignis la place du marché, un jeune homme, debout sur le toit d'une maison, s'écria: "C'est un fou." Je levais la tête pour le regarder; le soleil embrassa mon propre visage nu pour la première fois. Pour la première fois le soleil embrassa mon propre visage nu et mon ame s'enflamma d'amour pour le soleil, et je ne voulus plus de mes masques. Et, comme dans une extase, je criai: "Bénis, bénis soient les voleurs qui me dépouillèrent de mes masques!"

C'est ainsi que je devins un fou.
Et dans ma folie, j'ai retrouvé à la fois ma liberté et ma sécurité; la liberté d'être seul et la sécurité de n'être pas compris; car ceux qui nous comprennent nous asservissent de quelque manière.
Mais je ne voudrais pas me targuer de ma sécurité. Même un voleur dans sageole est à l'abris d'un autre voleur.
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Le roi sage

Un roi, puissant et sage à la fois, gouvernait jadis la ville de Wirani. Ses sujets le craignaient pour sa puissance et l'aimait pour sa sagesse. Au cœur de cette ville, il y avait un puits dont l'eau était fraîche et cristalline. Tous les habitants de la ville en buvaient, même le roi et ses courtisans; car il n'y avait pas là d'autre puits. Une nuit, alors que tout le monde dormait, une sorcière pénétra dans la ville et laissa tomber dans le puits sept gouttes d'un liquide étrange en disant : "Tous ceux qui, à présent, boiront de ce puits deviendront fou." Le lendemain, tous les habitants de la ville, excepté le roi et son chambellan, burent de cette eau et devinrent fous, comme la sorcière l'avait prédit. Et tout le long de ce jour-là, les habitants de la ville cheminaient dans les rues étroites et sur les places de marché en chuchotant les uns aux autres : "Le roi est fou. Notre roi et son chambellan ont perdu la raison; nous refusons d'être gouvernés par un roi fou. Il faut le détrôner." Ce soir-là, le roi fit remplir un gobelet doré de l'eau du puits. Et quand on le lui présenta, il y but longuement et le donna à son chambellan qui fit de même. Grande fut la réjouissance du peuple dans la ville lointaine de Wirani : le roi et son chambellan avaient, en effet, recouvré la raison.
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                 Le fossoyeur



   Un jour, comme j’enterrais l’un de mes moi mort, le
fossoyeur m’aborda en disant : « de tous ceux qui vien-
nent ici enterrer leurs morts, je n’aime que toi.
   – Cela me flatte énormément, lui dis-je, mais pourquoi
donc m’aimes-tu ?
   – Parce que, dit-il, ils viennent en pleurant et retour-
nent en pleurant ; toi seul viens en riant et retournes en
riant. »


p.32

/Traduit de l’anglais par Anis Chahine
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Videos de Khalil Gibran (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Khalil Gibran
Lecture par l'autrice & Tania Saleh, accompagnées de Pierre Millet
Publié en 1923 puis traduit en 40 langues, le Prophète de Khalil Gibran est universel et intemporel. Ce conte philosophique puise dans les enseignements des trois cultes monothéistes, des religions de l'Inde mais aussi aux sources d'oeuvres révolutionnaires, tels que les écrits de William Blake, de Nietzsche et de Jung. Zeina Abirached offre ici la première version entièrement dessinée de ce chef-d'oeuvre. Dans une chorégraphie d'ombres et de lumières, elle nous invite à rejoindre les habitants d'Orphalèse réunis pour questionner le jeune Almustafa sur les grandes orientations de la vie. Enfant du Liban et de l'exil, comme Khalil Gibran avant elle, Zeina Abirached nous propose de découvrir autrement ce texte magistral dont la force et la portée n'ont pas fini de nous surprendre.
« C'est dans la rosée des petites choses que le coeur trouve son matin et se rafraîchit. » Khalil Gibran, le prophète
À lire – Zeina Abirached & Khalil Gibran, le Prophète, trad. par Didier Sénécal, éd. Seghers, 2023.
Son : Alain Garceau Lumière : Patrick Clitus Direction technique : Guillaume Parra Captation : Marilyn Mugot
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