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Philippe Bouquet (Traducteur)Joëlle Sanchez (Traducteur)
EAN : 9782743621612
230 pages
Payot et Rivages (10/11/2010)
3.73/5   22 notes
Résumé :

Le puissant conglomérat propriétaire de la quasi-totalité de la presse (et donc de son marché publicitaire) est menacé par lettre anonyme : une bombe va faire exploser son siège. Malgré les protestations de la direction, le commissaire Jensen est bien obligé d’ordonner l’évacuation. Aucune bombe n’explose, mais le préjudice est important et Jensen se lance à la recherche du coupab... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Voilà encore un des joyaux de ces Rivages Noir, qui en comptent tant!
C'est, cette fois, le suédois Per Wahlöö qui vous désenchante, vous assèche et vous glace le sang dans ce livre écrit en...1964!
Dans cette société futuriste que nous dépeint Wahlöö, l'information est devenue informe, aseptisée et infantilisée. Tout brille d'une sorte de sourire publicitaire éternel. Les dents de la Mère-Patrie se sont refermée sur la presse transformée en une bouillie uniforme... L'idéal pour un pouvoir soucieux du bien-être obligatoire de ses sujets.
L'ectoplasme commissaire Jensen mène une enquête dans une société décérébrée rongée par l'inculture-reine et le désespoir... Ce flic inconsistant et dépersonnalisé au possible, ne fait aucune vague et obéit. Il est partie intégrante du système. C'en est, pour le lecteur, dérangeant, habitué qu'il peut-être aux personnages de policiers lucides et révoltés. Là, rien, si ce n'est le déroulé morne d'une enquête sous contrôle et haute surveillance.
La vérité qui se fait jour est effrayante, mais d'une logique démoniaque.
Meurtre au 31eétage, un polar anticipateur à cinq étoiles polaires.

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Branlebas de combat au commissariat du seizième district de la ville, suite à la réception d'un lettre anonyme par le très puissant groupe d'édition, installé dans l'Immeuble de trente étages, qui domine la ville. Une lettre de représailles suite "au meurtre du 31ème étage". le commissaire Jensen est envoyé sur les lieux pour superviser l'évacuation et, la menace s'avérant une fausse alerte, enquête pour identifier l'auteur de cette lettre. Il doit rapidement se confronter au management du groupe d'édition, qui lui fait bien sentir le pouvoir de quasi-monopole qu'il exerce dans le monde de l'édition, et qui permet de diffuser le modèle de société idéale, qui fait la fierté des élites politiques. Jensen dispose d'une semaine pour identifier l'auteur et se lance dans l'identification des anciens employés ou les laissés pour compte de l'entreprise.

Bienvenue dans le politiquement correct, la langue de bois et le monde idéal que promeut le groupe d'éditions au travers d'une multitude de parutions, notamment des hebdomadaires, qui diffusent les bonnes nouvelles, les bons comportements, évitant soigneusement tout ce qui pourrait heurter la sensibilité du citoyen au dessus de tout soupçon...Et pourtant, le modèle social est loin d'être idyllique, avec en particulier une explosion du nombre d'alcooliques et de suicides. Avec un flegme qui frise l'indifférence voire la froideur, le commissaire Jensen, éternellement assailli de douleurs gastriques, avance à son rythme malgré la pression de sa hiérarchie, dans un monde de manipulation et de non-dits.
Meurtre au 31ème étage est une enquête dans la Suède des années 1970, qui s'attelle à la critique féroce de la presse et surtout de la promotion qu'elle fait du modèle social à la suédoise, respectueux des citoyens, alors qu'au travers des interrogatoires menés par Jensen, ce sont les dessous d'une société malade qui se fait jour, alcoolisme, chômage, opposition muselée, syndicats affaiblis. Une critique de Per Wahlöö, militante et peut-être exagérée, avec un héros peu sympathique, se bourrant de bicarbonate de soude pour calmer ses aigreurs d'estomac (probablement héritées de la pression que lui met sa hiérarchie) et une intrigue lointaine uniquement imaginée pour sa dénonciation d'une presse au service d'une politique bienpensante.
Un premier volet d'un dyptique instructif mais un peu décevant sur l'intrigue.
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Dans un monde où chaque citoyen est surveillé, de sa façon de s'habiller à la moindre de ses paroles, le commissaire Jensen est chargé d'enquêter sur un attentat à la bombe avorté contre le trust qui contrôle la presse.

Ce roman policier a été publié en 1964. Il dépeint dans un futur proche une société aseptisée en apparence, où la censure se pare de responsabilité morale et atteint jusqu'au plus intime de chacun. La culture est brocardée, toute critique impensable, les organes de presse n'informent plus mais distraient la population pour éviter tout désordre.

L'écriture est volontairement dépouillée. C'est à travers de nombreux dialogues que l'enquête et le portrait de cet univers progressent le plus. Quelques descriptions glaçantes viennent compléter l'ensemble, très maîtrisé.
Le personnage central, Jensen, est à peine esquissé. On devine ce qu'il ressent mais rien n'est jamais dit, et il ne semble pas remettre en cause le fonctionnement de la société dans laquelle il évolue. Ce sont les différents suspects qui s'en chargent, à leurs risques et périls.

J'ai trouvé cet ouvrage remarquable. Remarquable.
A partir d'une intrigue très simple et d'un personnage lisse et neutre en apparence, Per Wahlöö s'interroge sur les dérives d'une société qui se modèle selon une certaine conception du "bonheur", de la "paix", de la "tranquillité" et des moyens d'y parvenir rappelant de solides précédents totalitaires, détruisant du même coup son humanité. Il anticipe l'évolution d'un monde qui fait curieusement écho à celui dans lequel nous vivons aujourd'hui.
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Ce premier roman d'un diptyque étonne par son style et son propos social. L'enquête du commissaire Jensen porte sur une menace d'attentat à la bombe contre une multinationale qu'on devine omnipotente au fil des pages. Pas de travail d'équipe ici, ni de collaborateurs; Jensen donne des ordres, les autres obéissent au doigt et à l'oeil sans poser de questions ni, surtout, faire de commentaires. Car ceci se déroule dans une société autoritaire où crise du logement, criminalité et désordre de tout ordre ont été pratiquement éradiquées au prix cependant d'une augmentation spectaculaire de suicides et un taux galopant d'alcoolisme. On pense facilement dans ce contexte à “1984” ou à “Fahrenheit 451” et, à sa manière, ce livre s'inscrit aussi brillamment dans cette veine en exploitant la puissance des média. L'enquête en soi est intrigante, son déroulement atypique, son dénouement étonnant, tout cela dans un univers cauchemardesque. Vivement la suite.
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J'ai pris récemment ce livre à la médiathèque, attirée par la quatrième de couverture. Je ne connaissais pas l'auteur, ne savait pas qu'il était le "fondateur" de la dynastie des "polars scandinaves".
Une lettre anonyme a menacé d'attentat l'immeuble de 30 étages qui domine la ville. La police est donc priée d'intervenir et va se poser plus de questions qu'elle ne trouvera de réponses. Il faut dire qu'on est plus devant un livre de "politique fiction" que devant un véritable polar.
Qu'y-a-t-il dans cet immeuble ? Les bureaux et imprimeries de tous les quotidiens, hebdomadaires...publiés dans le pays. le but de cette presse : surtout pas informer mais seulement distraire, détourner de tout ce qui pourrait provoquer une inquiétude, un souci, un désaccord de quelque sorte que ce soit.
Qui peut donc en vouloir à cette multi-maison d'édition ? Et pourquoi ?
Pourquoi le 31 ème étage puisqu'il n'y en a que 30 ?
Et puis...mais c'est une autre question, pourquoi dans ce pays où tout le monde est heureux , où la criminalité a presque disparu,mais où la consommation d'alcool est interdite (puisqu'on est tous heureux !) la police est-elle obligée de ramasser tous les soirs des hordes d'ivrognes qu'elle va relâcher le lendemain. Pourquoi doit elle enquêter pour vérifier que vous ne consommez pas d'alcool chez vous ? Pourquoi cette inquiétude que l'on ressent partout ?
On est dans les années 60 et on pense évidemment à Robert Hersant, dit le "Papivore" qui s'est constitué un empire de presse à cette époque au fait qu'il n'y avait que la télévision et la radio d'état.
L'auteur qui est mort jeune n'a pas connu le déclin de la presse écrite, l'explosion des chaînes télévisée et bien sûr Internet.
Qu'aurait-il pensé de tout cela ? Sommes nous mieux informés maintenant ?
Sommes nous plus heureux ?

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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Bien que combattu très activement, l'alcoolisme sur la voie publique ne cessait d'augmenter et, depuis que le gouvernement avait fait adopter une nouvelle loi interdisant la consommation excessive d'alcool même en privé, la tache de la police était devenue pratiquement surhumaine. Deux à trois mille personnes plus ou moins ivres mortes étaient arrêtées chaque soir; la moitié était des femmes. Jensen se rappelait que, du temps où il était agent de police, le chiffre de trois cents poivrots le samedi soir paraissait très élevé.
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- Dans la pratique, cela signifie que le groupe contrôle tous les journaux du pays, n'est-ce pas ?
- Si on veut. Mais je tiens à vous faire remarquer que leurs publications sont extrêmement variées, admirables à tous points de vue. Les hebdomadaires, en particulier, font preuve d'une remarquable capacité à satisfaire, de façon raisonnable, tous les goûts légitimes. Auparavant, la presse avait souvent pour effet d'exciter et d'inquiéter les lecteurs. Tel n'est plus le cas. Maintenant la forme et le fond ont pour but d'être utile au lecteur...
Il jeta un coup d’œil sur son dossier et tourna la page.
... et de les distraire. Ils s'adressent à la famille toute entière et s'efforcent d'être lisibles par tous, de ne pas susciter l'agressivité, le mécontentement ou l'inquiétude. Ils satisfont également le désir naturel de divertissement de chacun. Bref, ils concourent à la bonne entente nationale.
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Dans tous les domaines, on essayait de rapprocher les opinions. Ce n'était peut-être pas une mauvaise idée, mais les méthodes utilisées avaient presque uniquement pour principe de passer sous silence contradictions et difficultés. On masquait les problèmes, on les faisait passer après une constante amélioration du niveau de vie, on les enveloppait dans des mots creux crachés par radio, la presse et la télévision. Tout cela portait le nom de « divertissement inoffensif ». L’idée était naturellement que tous ces kystes guériraient d’eux-mêmes avec le temps. Mais cela n’a pas été le cas.
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- C'est dégueulasse, poursuivit le médecin. On instaure un impôt de 500% sur l'alcool. Ensuite on crée des conditions de vie telles que les gens sont pratiquement obligés de se saouler à mort et, pour couronner le tout, on rafle trois cent milles couronnes par jour en amendes pour alcoolisme, rien que dans cette ville.
- Voue devriez faire attention à ce que vous dites, fit le commissaire Jensen.
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- N'oubliez jamais que c'est moi qui ai eu l'idée de l'horoscope sur huit pages, des romans photos en cinémascope et des feuilletons sur la vie des mères des grands hommes. Ce sont des séries qui sont encore en vogue. sans parler de l'encart en quadrichromie sur les animaux domestiques.
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Vidéo de Per Wahlöö
Maj Sjöwall parle de la carrière d'écrivain de Per Wahlöö.
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