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sur 305 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Troisième roman de l'américain Rumaan Alam, le Monde après nous a propulsé son auteur sur le devant de la scène littéraire outre-Atlantique jusqu'à le voir figurer dans la liste des nominés pour le National Book Award en 2020. Écrit avant la pandémie de CoVid-19, le Monde après nous imagine une fin du monde particulièrement singulière et d'une prescience remarquable. Partons pour Long Island…

Des vacances ordinaires
Nous y retrouvons un couple de Blancs américains issus de la classe moyenne, Amanda et Clay, qui ont décidé de louer une maison au milieu de nul part grâce à la magie d'Airbnb. Accompagnés par leurs deux enfants, Archie et Rose, ils s'installent dans une propriété cossue à l'écart de la ville, avec une magnifique piscine, un large sous-sol aménagé et des bois emplis d'animaux sauvages fascinants. le temps est magnifique, les courses rapidement réglées, permettant même quelques folies pour l'occasion malgré un budget souvent largement dépassé. Patient, méthodique, Rumaan Alam nous fait pénétrer dans les pensées d'Amanda et de Clay, voire même des enfants. Amanda est « account director » dans une agence de publicité, Clay est professeur à l'université. Chacun est un reflet banal de la société américaine moderne avec ses médiocrités et ses vices, ses pensées borderlines (et un tantinet racistes) et ses pulsions à peine refoulées. Rien ici que du très ordinaire.
Mais en se levant après leur seconde nuit de vacances, voilà que les quatre vacanciers découvrent que la télé ne diffuse plus rien et que les téléphones ne captent plus l'internet. Pire encore, un couple de Noirs qu'ile ne connaissent pas vient sonner à la porte. Soupçonneux d'abord, Amanda et Clay comprennent que ces nouveaux venus sont en territoire familier puisqu'il s'agit des riches propriétaires de leur logement d'été : les Washington.
G.H et Ruth expliquent alors que le « black-out » n'est pas uniquement dû à la distance d'avec la ville mais que quelque chose semble avoir coupé toute communication/information à travers le pays. Pris de panique, les voici de retour de façon impromptue pour se mettre à l'abri…au cas où.
On assiste dès lors à la rencontre entre deux mondes que tout oppose, des seniors afro-Américains au porte-feuille bien garni d'un côté et une famille de Blancs issue d'une classe moyenne plus jeune et sensément plus vigoureux. Entre gens civilisés, tout devrait bien se passer.
Alors qu'une cohabitation précaire se met en place, un Bruit terrible retentit à l'extérieur et la tension monte encore d'un cran…

Pris dans l'ambre
N'allez pas croire que le Monde après nous emprunte les sentiers habituels du genre post-apocalyptique. On est plus proches dans l'esprit de Dans La Forêt de Jean Hegland, tout effet de manche ou twist impromptu retranché.
En réalité, le roman se veut le plus réaliste possible et va donc faire quelque chose d'assez risqué en termes narratifs : quasiment rien.
Rumaan Alam troque sa plume pour un scalpel et analyse avec une minutie incroyable l'état psychologique des deux couples en se promenant dans leurs pensées comme un papillon se poserait sur une branche. de fait, il ne se passe rien dans le récit ou presque. Et c'est en cela que la résultat apparaît brillant.
L'américain a l'intuition géniale que tous ces films et séries Hollywoodiennes qui montrent des apocalypses pyrotechniques et fortes en rebondissements ont tout faux, que pour le commun des mortels, l'apocalypse sera silencieuse et même douteuse. En effet, à l'écart des autres, Clay, Amanda, G.H et Ruth ignorent ce qu'il se passe vraiment dans le monde. Dépendant de l'information et, donc, de la communication en général, de l'internet aux smartphones en passant par la télévision, les personnages se retrouvent devant du vide et ne peuvent que se perdre en conjectures sur ce qu'il se passe. À un certain degré, tout devient irréel, comme si le monde avait été brutalement mis en pause et que nous étions pris dans l'ambre de cette Apocalypse qui n'a même jamais montré sa face hideuse.
Imaginez, une fin du monde où l'on reste chez soi à attendre que ça se passe. Difficile, après la pandémie, de donner tort à Rumaan Alam.
Pas de grand geste héroïque, pas d'évènement tragique ou d'explosion formidable, juste l'attente, le vide, quelques bruits affolants et des dents qui tombent…
Le Monde après nous expose l'humain pour ce qu'il est, une créature fragile devenue dépendante de son information, une information devenue pouvoir prédictif dans un univers où tout est connecté.
Dès lors que le reste tombe en rideau, et loin des idées de barbarie et de carnages, on se rassemble et on tente de survivre en groupe, en meute.
On remplit les baignoires, on fait le décompte des conserves. On s'occupe comme on peut, en baisant si nécessaire, retrouvant des instincts animaux, tantôt maternels tantôt charnels.
Pour une meilleure analogie, le roman de Rumaan Alam est au post-apocalyptique, ce qu'un film comme Jarhead est aux long-métrages sur la guerre. Au lieu de montrer les combats, on montre l'attente, l'ennui, bref, ce qui constitue en réalité 90% de ce que serait en réalité un conflit. L'auteur américain fait la même chose et ramène brutalement les pieds sur Terre à son lectorat. Les personnages ne savent pas ce qui se passe et seul le lecteur, par l'intermédiaire d'un narrateur omniscient qui vient s'immiscer dans la course du récit en fin d'ouvrage, sait que le monde touche à sa fin.
Dommage, tout le monde n'a pas eu le mémo et les questions restent en suspens pour nos héros d'une tragique banalité, d'une tragique ordinarité. Dans leur propriété observée par les cerfs qui migrent en masse ou traversée par des flamands roses un peu perdus, la fin du monde a eu lieu…et n'a pas encore eu lieu. Tout reste encore possible et tout semble à la fois parfaitement réglé. Alors on ressasse ses obsessions, ses peurs, ses aspirations. On rêve de retrouver une utilité et une fonction, on s'interroge sur comment revenir au réel et comment, au final, on en est arrivés là. Quand la masse informative se tait, quand le bruit de fond qui inonde la vie quotidienne s'arrête, il nous reste à composer avec nous-même dans un monde qui a retrouvé des dimensions insurmontables. le Monde après nous heurte le mur du vraisemblable et laisse dubitatif : alors c'est ça, la fin de notre société ?

Apocalypse incertaine dans un monde qui semble mis sur pause, le Monde après nous fait tomber le rideau sur notre société ultra-connectée, avouant la banalité de l'après et le retour à un réel d'une lenteur désarmante. Rumaan Alam a tout compris de notre siècle et des possibilités précaires de l'homme-numérique, qui finira par mourir dans une rame de métro bloquée en centre-ville ou à attendre de savoir si tout est bel et bien fini coupé des siens et du cours de l'Histoire.
Lien : https://justaword.fr/le-mond..
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J'ai le sentiment qu'il y a de plus en plus de romans post-apocalypstiques depuis ces dernières années mais peut-être est-ce seulement une impression ; cependant, ce ne serait pas étonnant puisque nous avons la certitude maintenant que notre pauvre planète Terre s'épuise au même rythme que le niveau d'humanité et d'intelligence de ses dirigeants diminue.
Si le sujet de ce roman n'est donc pas original en soi, la façon dont Rumaan Alam exploite ce genre l'est au contraire énormément. Ici, pas de scènes d'horreur, de bombe nucléaire, de tsunami, de mouvements de foule. La panique est intérieure, insinuée en profondeur, dans les entrailles.
Cela commence par un voyage en voiture (cloche de laboratoire, micro-climat , écrit savoureusement Rumaan Alam ) : un couple de quadras bobos et ses deux enfants se dirigent vers des vacances de rêve : un séjour dans une maison luxueuse lovée dans la campagne chic de Long Island, déniché par Amanda sur Airbnb. "Entrez dans notre splendide maison et laissez le monde derrière vous" , une description pleine de promesses pour cette quadra essoufflée. Rien de mieux pour essayer de rebooster la libido de son couple, décrocher de son job et ficher la paix à ses deux ados.
Ni pauvre mais pas assez riche, ce couple de blancs américains se prend à rêver en découvrant la maison parfaite, cossue et solide qu'il ne pourra jamais s'offrir.
Se couper du monde, c'est ce que Clay et Amanda souhaitaient mais quand WiFi, téléphones et télévision se mettent à ne plus fonctionner, quand les Washington, un couple de sexagénaires afro-américains, débarquent dans leur intimité et qu'ils se présentent comme les propriétaires de cette maison, navrés de les déranger mais désireux de se réfugier dans LEUR maison à la suite d'un black-out gigantesque, quand un son terrifiant (le Bruit, l'appellent-ils) déchire le ciel et les tympans, fêle les vitres, quand des centaines de cervidés se rapprochent de la propriété, une angoisse sourde s'instaure. Est-ce la guerre, la fin du monde, une simple panne de réseau ? Doit-on rester dans cette maison, continuer à profiter de la piscine, du jacuzzi, parler de tout et de rien et faire comme si tout allait bien ? Doit-on s'enfuir, aller au-devant des informations pour comprendre ce qui se passe, faire preuve de courage ?
Rumaan Alam décortique une micro-société (femmes/hommes, blancs/noirs, riches et moins riches, jeunes et moins jeunes) en proie avec la peur, l'angoisse quand on sait que ces deux sentiments en font naître d'autres moins reluisants tels que l'envie et la jalousie, le sectarisme, la lâcheté.
Roman noir illuminé cependant par la petite Rose, protagoniste inconsciente à moins que ce ne soit le contraire finalement.
A lire.
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Amanda ,Clay et leurs deux enfants,une famille de blancs new yorkais partent en vacances à Long island où ils ont loué une maison. Tout commence sous les meilleurs hospices, la maison leur plaît beaucoup,ils commencent à prendre leurs marques quand une nuit , ils entendent frapper à la porte , ce sont les propriétaires ,un couple âgé d'afro américains qui débarque .ils racontent qu'il y a un black out à New York et demandent l'hospitalité car la ville n'est pas sûre et leur appartement au quatorzième étage est inaccessible. Visiblement tout cela perturbe Amanda qui se mefie de ce couple de couleur mais Clay , qui a le sens de l'hospitalité, les accueille. Ils évaluent la situation,plus de téléphone,plus de Wi-Fi ,de radio, de télévision .Le lendemain ,un bruit terrible retentit qui effraie nos quatre adultes, ils se posent des questions : guerre, fin du monde,explosion nucléaire...les suppositions vont bon train et l'angoisse monte .
L'auteur donne beaucoup de détails sur la vie quotidienne mais reste vague sur ce qui se passe à l 'extérieur ,comme dans le roman "dans la forêt ! " on sait qu'une menace pèse au dessus de leur tête mais on n'en sait pas plus. Et de cette ignorance née l' angoisse , la peur du pire car le danger n'est pas identifié.
Dans ce huis clos stressant ,les deux couples si différents ,vont s'affronter,cohabiter et des préjugés raciaux,de classe,d'âge vont resurgir.
J'ai beaucoup aimé ce roman qui m'a rappelé "dans la forêt " et j'ai tourné les pages pour comprendre ce qui se passait.
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Amanda et Clay passent leurs vacances dans une demeure perdue au milieu de la forêt, avec leurs deux enfants Archie et Rose. Lorsque le couple a aperçu l'annonce sur un site de location de maisons, ils n'ont pas hésité. Et effectivement, le cadre semble tout simplement idyllique. Pourtant, un soir, G. H. et Ruth, le couple qui leur a loué la demeure, viennent sonner à leur porte. Ils semblent effrayés. Il y aurait un black-out et ils demandent alors à Amanda et Clay de les accueillir.

J'aime autant vous prévenir d'emblée. Si vous recherchez un roman qui suit les codes du genre, avec beaucoup d'action, passez votre chemin, au risque de vous retrouver fortement déçus. Je ne lis pas souvent de romans de ce style, mais les fois où cela m'est arrivé, je dois dire que les auteurs se focalisaient davantage sur les actions que sur les personnages.

Ici, c'est tout le contraire. L'auteur va se centrer sur les ressentis des personnages. Il n'y aura pas de surenchère dans l'action. L'auteur va créer un huis clos des plus réussis, dans lequel les personnages devront faire preuve d'empathie et d'entraide pour survivre à cette catastrophe.

Durant tout le roman, nous comprenons que c'est d'un black-out dont il est question, mais tout est suggéré. L'auteur n'a pas voulu mettre au premier plan le scénario catastrophe qu'il établit, mais plutôt les relations entre les personnages.

Cela donne un roman très intéressant et très fouillé au niveau de la psychologie des protagonistes. La tension monte avec parcimonie, créant peu à peu une atmosphère pesante et sombre. L'auteur a réussi cela avec grand brio.

La plume de l'auteur est particulière. Maniant descriptions et pensées des personnages, les pages défilent toutes seules, et pourtant j'ai eu une sensation d'exigence durant toute ma lecture, devant rester bien concentrée pour ne pas me perdre.

Un roman différent, davantage centré sur les personnages et non sur les événements qui jalonnent le récit. Une lecture très intéressante.
Lien : https://mavoixauchapitre.hom..
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Amanda et Clay, New Yorkais blancs aisés, pensent avoir bien mérité les vacances de rêve qu'ils se sont offerts en louant une magnifique maison avec piscine à Long Island pour s'y détendre avec leurs enfants. Mais une nuit ils sont confrontés à la visite surprise des propriétaires : ceux-ci leur apprennent qu'ils ont fui la ville suite à une coupure d'électricité soudaine et leur demandent l'hospitalité. Alors que toute source d'information est coupée, Internet et le câble ne fonctionnant plus, les deux familles vont devoir cohabiter sans savoir ce qui se passe vraiment à l'extérieur.

Le monde après nous commence comme une comédie de moeurs un peu vacharde avec juste ce qu'il faut d'ironie et d'humour caustique pour qu'on se régale. le couple de riches new-yorkais, forcément surmenés et prêts à investir une grosse somme dans leurs vacances pour qu'elles leur offrent la compensation à toutes ces heures de travail, les adolescents grandis trop vite, ronchons et blasés, se demandant pourquoi on les entraine dans cette galère loin de leurs copains, l'auteur brosse des portraits très réalistes et on imagine très bien les personnages. Leur confrontation avec les propriétaires qui font soudain intrusion dans leur bulle confortable de vacances - quoi, avec le prix qu'on a payé, comment peuvent-ils nous faire ça - est également très bien rendue et j'ai tourné les pages avec impatience, curieuse de voir comment cette intrusion allait se terminer. L'auteur fait preuve d'une joyeuse ironie tout en abordant en filigrane les sujets du racisme et des préjugés de classe, avec ces new-yorkais blancs pas tout à fait assez riches pour s'offrir une aussi belle maison et obligés de faire comme si en la louant pour les vacances, et ces retraités noirs qui eux ont réussi mais ne sont pas à l'abri du racisme latent de la société américaine.

Malheureusement l'histoire s'enlise un peu quand on rentre dans le récit de cette mystérieuse panne générale, façon roman post-apocalyptique. J'ai apprécié le choix de l'auteur de nous faire partager le sort des personnages en ne nous donnant quasi aucune indication quant à ce qui se passe vraiment : simple panne d'électricité générale, événement plus grave tel un incident nucléaire ou une attaque d'une puissance étrangère ou de terroristes, on ne sait pas et on ne le saura pas avant la toute fin du roman où quelques indices seront distillés. Cela fonctionne très bien pour faire monter une angoisse pesante et se demander à chaque page qui a raison, ceux qui pensent que la fin du monde est venue et qu'il faut rester à l'abri pour survivre ou ceux qui veulent juste rentrer à New-York pour en savoir plus et comprendre ce qui arrive. Hélas une fois cette intrigue posée j'ai trouvé que l'auteur n'avait plus grand chose à nous dire et que le récit tournait un peu en rond. Dans ce huis clos et cette cohabitation forcée les caractères se révèlent mais cela devient vite répétitif et on finit par se lasser des confrontations entre personnages et des interrogations concernant la situation. Mon intérêt pour le récit est donc allé en s'amenuisant et j'ai fini par compter un peu les pages en ayant hâte d'atteindre le dénouement et de voir où l'auteur voulait nous mener. Bonne nouvelle : celui-ci est bien construit et fait monter l'angoisse tout en nous donnant quelques indices mais pas trop quant à ce qui s'est passé !

Le monde après nous restera donc une lecture un peu mitigée pour moi : beaucoup de bonnes choses, comme ces portraits caustiques et cette ambiance fin du monde très bien rendue et qui nous oblige à nous interroger sur toutes les menaces de notre monde actuel mais un roman qui aurait sans doute gagné à être plus court, plus resserré ou avec une intrigue un peu plus fournie. A découvrir pour son style et son approche originale mais qui ne m'a pas totalement convaincue !
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Pourtant, les vacances d'Amanda, Clay, deux newyorkais avec leurs deux enfants avaient bien commencés dans la maison qu'ils avaient loué à Long Island mais dès la deuxième nuit, les propriétaires, un couple d'Afro-Américains agé, revient trouver refuge chez eux. La cohabitation est assez difficile surtout quand toute communication avec le monde extérieur semble coupé...
J'ai eu du mal à savoir dans quel genre de roman je rentrais : au début, on a un portrait de deux couples opposés, chacun bien campé dans leurs idées sur les autres. Petit à petit, les observations et les évenements se font dans un nouveau cadre... La narration est difficile à suivre, l'auteur fait les pensées de chacun tour à tour, il est parfois compliqué de savoir de qui on parle. Et tout est brut de décoffrage, on a les opinions les plus sincères et les plus inavouables. C'est cependant très intéressant à suivre, les échanges entre eux... Dans la deuxième partie, on bascule dans la peur, comment réagit dans ces cas ? C'est presqu'un peu dommage qu'on reste dans l'inconnu à la fin de ce roman post-apocalyptique, on a envie de savoir ce qui arrive à ce petit groupe de personnes, forcées de se trouver ensemble pendant ces quelques jours. On lirait bien une suite pour savoir ce que devient le monde après eux.
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Une famille de Brooklyn, Amanda, Clay, et leurs enfants adolescents, se réjouit de passer une semaine dans une belle maison de Long Island, un peu isolée et assez luxueuse, un plaisir qu'ils n'ont pas l'habitude de s'offrir. L'arrivée et l'installation se passent bien, mais le deuxième soir, un couple de noirs d'une soixantaine d'années frappe à la porte, et se présente comme étant les propriétaires des lieux. Surpris par une panne générale d'électricité et de réseau à New York, ils demandent à pouvoir passer la nuit dans leur maison, en attendant de voir ce qui se passe. Les premiers contacts sont tendus entre les Afro-Américains aisés et les Blancs plus jeunes et plus modestes, pleins de suspicion, mais les locataires acceptent à contrecoeur la présence des propriétaires. le lendemain, d'autres événements perturbants se produisent, un Bruit énorme et effrayant, des animaux qui semblent égarés, mais aucune information n'est disponible sur ce qui se passe.

A mon avis, ce roman est plutôt une réussite, à laquelle je ne m'attendais pas trop au vu du début du roman, abondant en détails rajoutés pour créer l'ambiance, (mouchoirs sales et autres détails peu appétissants, ou listes d'achats détaillées) inutiles à mon avis. L'auteur ne les abandonne pas par la suite, mais, plus rares, ils finissent par ne plus irriter et n'entravent pas la lecture.
Finalement ce n'est pas tant du monde d'après qu'il est question, mais plutôt de la manière dont ça se passe au moment même où les choses commencent à se déliter, et où la peur gagne les personnages, chacun réagissant à sa manière. le choix des personnages, bien trouvés, et bien décrits, est pour beaucoup dans la réussite du roman. Il est très intéressant de voir, je ne vais pas divulgâcher, laquelle de ces six personnes aura la réaction la plus efficace, à la toute fin du roman.
Par contre, il ne faut pas s'attendre à des explications sur le type d'événement qui se produit, que ce soit localisé à New York ou plus général… comme toute la narration est du point de vue des deux familles repliées dans la maison, s'ils n'ont pas de réponses à leurs questions, le lecteur n'en a pas non plus : c'est encore plus angoissant !
Ce n'est pas le livre de l'année, ni le meilleur dans le genre, mais il apporte un éclairage intéressant et très américain, sans oublier d'être particulièrement réaliste, sur le thème d'un déclin précipité de civilisation, et celui de la peur. L'auteur analyse les rapports familiaux, et les relations entre personnes de milieux et d'origines différentes, de manière très subtile.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Le Monde Après Nous vous dit sans doute quelque chose. Car c'est le film phénomène de ce début de mois de décembre, un peu barré et complètement anxiogène, signé @netflixfr, avec un casting de folie et le retour décapant de Julia Roberts. Un thriller apocalyptique qui a beaucoup fait parler de lui, publiquement détesté ou au contraire significativement adoré. Quoi qu'il en soit, ce film produit par Obama ne laissera personne indifférent, car impossible de ne pas être soufflé par la photographie et cette facilité déconcertante avec laquelle le réalisateur parvient à faire monter la tension en chacun de nous.

Et une fois n'est pas coutume, j'ai largement préféré l'adaptation filmique. Qui a tout misé sur la technique et des scènes catastrophes éblouissantes, par ailleurs inexistantes dans le livre.

Tout l'intérêt du bouquin ne réside donc pas dans des scènes d'action époustouflantes mais bien dans l'écriture, l'ambiance, les personnages. Une écriture soignée, propre, professionnelle. Une ambiance oppressante qui monte en puissance. Et des personnages aux profils psychologiques saisissants.

L'auteur semble avoir pris un malin plaisir à enfermer ses personnages dans une maison à la suite d'un « blackout » inexpliqué, inexplicable. Les perso, tout comme nous, ignorent ce qu'il se passe à l'extérieur, tout n'est que doutes et hypothèses. le climat devient pesant dans ce pseudo huis clos sans pour autant qu'il n'atteigne jamais le niveau du film (qui m'a littéralement scotchée de peur à mon canapé). Pour autant, des phénomènes étranges et répétés génèrent de la méfiance, de la paranoïa... Et en off l'auteur nous donne des indices généreux tandis qu'il délaisse complètement ses personnages.

Et nous, que ferions-nous en situation de crise ?

Car au-delà de cette superbe double page de courses alimentaires (mais sérieux quel kiff ! #survivalisme), les descriptions, poussées, forcent le/la lecteurice à s'interroger sur les relations humaines, en général, mais aussi et surtout dans un contexte d'isolement et de fin du monde… Les normes, les conventions sociales, la morale sont bousculées, piétinées, déstructurées et ces deux familles américaines, que tout oppose mais dans le même bateau, nous le démontrent brillamment.

« L'absence de réseau cellulaire était une offense. L'absence de télé une tactique. »

L'auteur dénonce les dérives d'un système capitaliste et notre accoutumance voire dépendance à la technologie. Ce monde hyper connecté où quiconque ne peut vivre sans smartphone ni GPS, se retrouve perdu sans internet et la télévision et où l'effondrement technologique, industriel, la collapsologie, pourrait mettre en péril toute la civilisation humaine en détruisant nos sociétés modernes.

« La responsabilité masculine, comprit Clay, était une totale fumisterie. Quelle prétention de vouloir les sauver ! »

Et puisque l'on parle société, l'auteur « s'amuse » aussi du patriarcat et du rôle attribué à chacun, celui acquis en fonction de tout un tas de critères (stupides) relatifs à son genre, son ethnie, sa catégorie socio-professionnelle, son âge, ses ressources financières… il pointe délicatement les comportements « déviants », égoïstes ou abjects, les vices de nos protagonistes. Ça balance grave mais au final ça dit surtout le désarroi et la lâcheté de l'humain face à l'inconnu. La peur.

Le bouquin pourrait très certainement être l'objet d'une étude psychanalytique (hello Narcisse) et même si je ne l'ai pas « adoré » je le relirai pour ça et pour cette ambiance et cette analyse fine de la condition humaine et de la société et enfin pour cette écriture exemplaire.

Et pour toutes celles et ceux qui doutent encore mais qui voudraient tenter, sachez tout de même une chose. N'attendez pas d'explications ici. Vous n'aurez que des suppositions. Des investigations sans but. Un engrenage sans fin. Des questions. Mais pas de franches réponses, enfin… pas tout à fait.

* et je n'ai pas parlé du : un peu trop scandaleusement sexuel et descriptif pour moi car je n'ai pas compris l'intérêt; que l'auteur me dise ?
** et qu'est-ce qu'ils boivent les perso, heureusement qu'ils ont fait les courses avant !
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Le monde après nous
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Amanda et Clay profitent d'une semaine de vacances pour s'éloigner de Brooklyn et emmener leurs enfants de 13 ans et 16 ans, Rose et Archie,  à Long Island. Pour ces citadins de la middle class c'est l'occasion de se retrouver en famille et de profiter de quelques jours de repos dans une superbe villa, isolée en forêt, louée sur internet. Entre insouciance et lâcher prise cette semaine s'annonce légère et idéale, mais le deuxième soir des coups frappés à la porte les plongent dans la perplexité. Ils n'attendent personne, ne sont pas sur un axe de passage et quand ils se décident enfin à ouvrir ils découvrent un couple noir d'un certain âge, visiblement fortunés, qui se présentent comme leurs propriétaires, contraints de rejoindre leur résidence secondaire en raison d'un black-out sur la ville de New York. Information impossible à vérifier car dans le même temps les réseaux de communication cessent d'émettre et privés de télé, de téléphone et d'internet, c'est seuls qu'ils doivent décider du crédit accordé à ces impromptus visiteurs. Un évènement anodin qui les fait basculer peu à peu dans un climat d'angoisse qui ira crescendo.
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J'ai adoré ce livre. Difficile de le qualifier, tant il sort des codes. Roman noir, thriller, dystopie, roman post apocalyptique, il est un peu tout à la fois mais il est plus encore. C'est un roman qui explore les champs de la peur. Peurs primitives: peur du noir, peur de l'autre, peur de l'inconnu... Mais peurs intimes aussi: peur de sa propre fin ou peur qu'en tant que parent l'on a pour ses enfants. L'intrigue est simple et il ne se passe pas grand chose mais pourtant ce roman est impossible à lâcher, tant la tension qu'il contient monte au fil des pages, tant l'angoisse monte au fil des heures, inexorablement au fur et à mesure que l'ignorance s'installe, que l'incompréhension gagne, tel un brouillard opaque et inquiétant. Tout est dans les pensées, les ressentis, dans ce que l'imaginaire nous renvoie de pessimiste et d'oppressant plus finalement que dans les évènements tangibles, et c'est ce qui en fait la force. Intéressant aussi de voir comment l'auteur inverse les clichés en faisant du couple noir les riches propriétaires et des blancs des banlieusards, en mettant le fils ainé en position de faiblesse et en faisant de la jeune fille la plus courageuse. C'est enfin une réflexion glaçante sur nos sociétés noyées sous l'hyper communication et ultra dépendante de la technologie faisant de nous des inadaptés dès lors qu'elle est défaillante.
Un roman qui pose la question presque philosophique de la fin des choses, qu'elles soient banales ou essentielles: « Vous ne savez jamais quand c'était la dernière fois, car, si vous le saviez, vous ne pourriez pas continuer à vivre. »
A méditer...
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Le monde après nous” parce que l'humanité va disparaître ? Un huis clos haletant avec une famille qui ne s'attendait pas à ce que ses vacances se terminent en cauchemar. Être loin de tout a du bon parfois mais pas quand on ne sait pas ce qu'il se passe : la guerre ? Un attentat terroriste ? Une maladie ? Une simple panne d'électricité ? Angoissant. Ne cédez pas à la panique !

Retour de lecture : Au début j'ai eu un peu de mal avec l'écriture de l'auteur qui est assez hachurée par moment (loin de la fluidité que j'avais trouvé chez Sybille Grimbert que je venais de finir). Et puis ce style vous embarque dans le huis clos. Comme les personnages, nous paniquons et voulons en savoir plus. Mais contrairement à eux, le narrateur omniscient nous donne quelques informations, comme des petits cailloux semés. Suffisamment pour que nous sachions qu'il se passe bien quelque chose de grave mais pas assez pour tout comprendre (ce qui peut gêner). Et ce système renforce l'effet angoissant de cette histoire.
Tout est bon pour nous angoisser et nous donner l'impression que les personnages sont en danger. Nous nous méfions d'abord des personnages, puis du monde extérieur. Quel est le danger ? Que leur arrive-t-il ? Vont-ils s'en sortir ? … jusqu'à cette fin qui m'a fait grogner. Un roman qui vous prend aux tripes et vous laissera sans doute un goût amer en bouche.

Le huis clos
C'est ce qui m'a donné envie de lire ce livre car je suis une grande adepte des huis clos. Ils permettent souvent à l'auteur de développer des personnages et leurs interactions (ce qui fonctionne souvent très bien avec moi et ce que je recherche en tant que lectrice.) le huis clos dans “le monde après nous” est très marqué. Si vous détestez les personnages (qui sont très stéréotypés new-yorkais blancs) vous pourriez ne pas aimer.
Comme nous sommes isolés comme eux et ne suivons plus que leurs aventures, nous ressentons leur peur, nous la vivons au quotidien auprès d'eux. Nous savons qu'ils ont raison de paniquer mais eux paniquent sans le savoir. Ils réagissent chacun à leur façon à cette situation… et ce n'est pas toujours glorieux mais la psychose augmente et leur fait dire ou faire des choses qu'ils pourraient regretter s'ils prenaient le temps d'y réfléchir.

Les personnages
C'est le début qui m'a refroidie de mon côté (mais qui a plu à d'autres lecteurs). Il ne nous présente pas des personnages parfaits qui vont vous toucher tout de suite. La mère est fière d'avoir un poste important à son bureau et n'arrive pas à se détacher du travail. Elle veut être indispensable et ressentir cette sensation. le père n'a pas vraiment de personnalité car ce qui le caractérise le plus c'est sans doute qu'il fume en cachette. Ce sont les deux adolescents qui ont la pire présentation : ils ont l'air bête, sentent mauvais, paraissent ridicules etc. C'est sans doute vrai mais j'ai trouvé leur description des premières pages peut-être trop criante de vérité.
Les événements qu'ils vont vivre vont leur permettre de nous donner une autre image (en bien ou mal ? Je vous laisse juge.) Finalement, moi ce sont les adolescents qui m'ont le plus touchée… notamment le garçon.
Et puis deux autres personnages entrent en scène (les propriétaires) et annoncent l'élément perturbateur de cette histoire. Au début ils attirent la suspicion des parents (ces derniers sont blancs et ne pourraient pas s'acheter cette maison, alors que les propriétaires sont noirs et sont les propriétaires… chez nous ça ne serait pas un sujet, mais chez eux c'est suspect.) Ils se méfient de ce couple, persuadés qu'ils mentent et qu'ils veulent les attaquer. Mais le comportement du couple qui arrive est tourné de tel sorte que leur arrivée est étrange.

Le conseil de la bibliothécaire : Difficile de conseiller un tel livre comme “le monde après nous” car les mêmes éléments pourront à la fois convaincre ou agacer les lecteurs (selon les goûts de chacun). Je pourrai sans doute le proposer aux lecteurs qui aiment les huis clos ou à ceux qui apprécient le côté angoissant des thrillers. Ne le lisez pas si vous cherchez une lecture joyeuse qui vous fera du bien.
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