La lecture du scénario d'un film culte est toujours l'occasion de s'immerger dans un texte en ayant les images qui défilent dans la tête.
Avec "Annie Hall",
Woody Allen est au mieux de sa forme. J'ai lu quelque part que le film est décrit comme « Un Roméo et Juliette au pays des analystes » et je trouve ce résumé plutôt bien vu.
Névrosé comme son auteur, Alvy Singer est un humoriste new-yorkais qui a plutôt réussi mais qui a la quarantaine douloureuse. Il est obsédé par le sexe et la mort alors que cela fait quinze ans qu'il est en analyse. Il a déjà divorcé deux fois. Mais au-delà de la biographie d'Alvy Singer c'est sa rencontre avec Annie Hall qui est au coeur du sujet. C'est donc avant tout une histoire d'amour ou plus exactement de la difficulté des relations amoureuses qui durent.
Annie a tout pour être la compagne idéale, elle est aussi étourdie qu'il est angoissé. Il va l'entrainer dans des discussions métaphysiques et s'attendrira sur ses talents de chanteuse. Il semblerait que les crêpages de chignon du couple à l'écran reflètent leurs propres disputes, étant unis dans la réalité à l'époque du film (1977).
Ce qui est surprenant dans ce film et que j'adore ce sont les trucages décalant sans cesse le déroulé de l'histoire : les fantasmes deviennent réalité, plusieurs images se côtoient pour raconter la vie d'Annie et d'Alvy en parallèle, Annie se dédouble quand elle fait l'amour et se promène dans son appartement abattue par l'ennui, des passants sont pris à partie pour témoigner et répondent… tout un tas d'astuces qui donnent à cette confession impudique et décapante sur la vie privée du roi de l'humour juif un statut à part.