Exercices pratiques de psychogénéalogie

En faisant votre génosociogramme, vous allez vous interroger sur vos loyautés familiales, ouvrir le "grand livre des comptes" où sont consignés les dettes et les mérites, éclairer le type de justice -et d'injustice- que pratique votre famille, voir quels sont vos modèles familiaux et qui les incarne.
Ce "grand livre " est unique. Il concerne spécifiquement votre famille. C'est elle, qui a élaboré toutes les règles qu'il renferme. Savoir quelle grand-mère, quel oncle, quel arrière-grand-père a crée ces règles, dans quel contexte, et par quel biais elles ont été transmises au fil du temps, est donc essentiel ici.

Dans certaines circonstances, les choses de la vie sont à tel point difficiles que les parents décident de ne pas les dire. A la première génération, c'est un non-dit ; à la deuxième génération, c'est un secret de famille ; à la troisième génération, cela devient un impensé généalogique, c'est-à-dire qu'on ne peut même pas penser ces choses.
Tout se passe comme s'il y avait un fantôme dans une crypte, ou un cercueil, ou un tombeau, que les descendants gardent dans leur coeur, d'où sort le fantôme qui s'exprime comme par un effet ventriloque. Ce que nous ne savons pas et qui nous hante, est généralement un secret de famille non-dit qui se transmet de génération en génération.
Ce secret de famille se résume toujours à un nombre limité de choses considérées comme honteuses à l'époque des faits : (...)
A certaines époques, et parfois encore aujourd'hui, on ne pouvait pas parler de ces choses-là qui étaient sources de honte. Tout ce qui ne correspond pas à l'image sociale d'une société à un moment donné, la plupart ds gens n'arrivent pas à le gérer. cela devient un secret. Parfois, c'est un secret partagé par toute la famille, mais leplus souvent c'est un secret par rapport aux enfants. Et c'est dévastateur.
Quand on lève ce secret, quand on arrive à appeler un chat un chat, l'intelligence des enfants s'ouvre, ils cessent parfois de faire des fautes d'orthographe, l'histoire et surtout les mathématiques cessent souvent d'être pour eux un casse-tête chinois, et il est fréquent qu'une partie des troubles et des maladies disparaisse. Pas tout, bien sûr, ni toujours, et pas avec tout le monde. Mais suffisamment pour que ce soit important d'en parler.

L'atome social , c'est l'image globale et parlante de votre entourage affectif, de votre monde personnel et de vos interactions, positives ou négatives, avec celui-ci (...) qu'il comporte seulement quelques éléments ou qu'il en rassemble de nombreux, l'atome social embrasse tout ce qui, tout au fond de vous et par-delà les "oublis", vous tient à coeur - et même des morts, et même des symboles, et même des choses aussi immatérielles qu'une comptine ou un coucher de soleil, ou aussi ténues qu'un ruban doux ou, comme c'est mon cas, une sucette au caramel.

J'ai coutume de dire que les êtres humains sont comme les vaches : ils ruminent, et ils le font toute leur vie et sur plusieurs générations. Ils ruminent leurs secrets de famille, leurs deuils non faits et les bonheurs passés, leurs sentiments d'injustice, leurs rancoeurs, etc. Et, jusqu'à ce qu'ils cessent de ruminer, jusqu'à la levée du secret, l'histoire familiale se répète.

Il faut donc toujours faire attention (à) ne pas confier son âme, ses problèmes et ses secrets de famille à n'importe qui.
Le philosophe Schopenhauer ne disait-il pas qu'il ne faut jamais confier à un ami quelque chose qui pourrait servir à son pire ennemi ? Les gens bavardent à tort et à travers plus qu'ils ne le croient et plus qu'on ne le pense.