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EAN : 9782915018509
97 pages
Quidam (07/10/2010)
4.14/5   7 notes
Résumé :
On en veut à la figure de Monsieur Le Comte ! Qui ? Pourquoi ? Comment ? Indubitablement calembredaine, Monsieur Le Comte au pied de la lettre est aussi - outre un thriller (mycologique) et une farce (charcutière) - épopée lexicale débridée, enquête de sens panoramique, jeu para-oulipien et diatribe romano-dubitative (carrément cynophobe, disons-le). Tout cela, oui, et bien plus encore, mais ourdi par quel dément démiurge ?
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Si le Plume de Michaux était kidnappé par de diaboliques oulipiens, il ressemblerait à M. le Comte.

Publié en 2010, le cinquième ouvrage (le deuxième chez Quidam Editeur) de Philippe Annocque nous invite à suivre quelques instants des singulières pérégrinations d'un possible anti-héros nommé monsieur le Comte, sur une centaine de pages enlevées.

Créature pourtant peu sympathique et hérissée de défauts, jouet de son auteur tout-puissant quoique paradoxalement bien modeste, cette figure de papier promène son regard sans malice et ses délectables jeux de langage dans les méandres de situations quotidiennes ordinaires que l'imagination de l'écrivain - et les fantasmes, mis à contribution, du lecteur - peuvent à tout moment faire basculer dans l'intrigue policière, le thriller, l'horreur, le roman à l'eau de rose, et bien d'autres possibles encore.

Savant et jouissif mélange détonant, dans lequel le nonsense impassible du Plume d'Henri Michaux aurait été concassé et retourné par de diaboliques séides de l'Oulipo, pour une lecture d'une rare drôlerie, occasionnant un bon nombre de vertiges langagiers.

À recommander sans hésiter.
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Farce (et fournie, goûteuse, avec éléments variés et de bonne force) à tous les sens du mot, jeu avec les mots, histoire de mots trop nombreux, sotie. Une dérive, de brusques dérapages en listes joyeusement recherchées, en phrases étirant les assonances, en actions désordonnées. Ironie et à-cotés, au gré des idées et du vocabulaire, et dedans un Monsieur le Comte qui est son double, ou un jumeau, un siamois qui est peut-être Monsieur le Comte, ou en quête de l'être, ou l'auteur, au péril de trop d'écrits. Jubilatoire, preste, désinvolte, pas sans sens.
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Ce livre est très drôle et ce en grande partie grâce aux jeux de mots et de langue présents à chaque page et presque à chaque phrase, ce qui d'ailleurs ne m'a pas seulement fait rire mais m'a totalement époustouflée : quel talent, quelle connaissance et quelle maîtrise de la langue française ! Ensuite, il y a cette imagination débordante de l'auteur, ce récit qui par moment semble partir dans tous les sens, ces rebondissements abracadabrantesques, parfois absurdes et souvent surprenants. Enfin, plusieurs de mes sourires sont venus de cette reconnaissance des petites choses de la vie « tellement bien vues » (ah ces écrivains et leur don pour souligner le quotidien).
Tout cela fait que j'ai ri, beaucoup au point de devoir faire des pauses pour calmer mes crampes abdominales et au point, je pense, d'être par moment déconcentrée. Or, ce livre n'est pas que drôle, il est plutôt drôlement complexe avec ses réflexions et interrogations sur la littérature et le roman, sur la langue, sur l'identité et la réalité.
C'est ainsi que je me suis sentie ce besoin de le relire… lentement… très lentement et beaucoup plus attentivement. Et quel plaisir que cette relecture… définitivement étonnante la richesse de ce texte !
Lien : https://emplumeor.wordpress...
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J'ai adoré ce livre qui lorgne du côté des meilleurs livres d'Eric Chevillard ou des romans de Georges Perec comme "La Disparition", avec un jeu perpétuel sur les mots. Par peur de déflorer le suspens de l'intrigue, je ne vous en dirais pas beaucoup plus,
la suite : http://lepandemoniumlitteraire.blogspot.com/2010/10/monsieur-le-comte-au-pied-de-la-lettre.html
Lien : http://lepandemoniumlitterai..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Monsieur Le Comte fit sans doute de nombreuses tentatives pour donner quelque densité à sa présence éthérée, dans l'espoir d'enfin entrer en contact avec les trois chevaliers de l'anti-matière.
On se le figure volontiers, s'inspirant sans doute de sa propre transparence, , absorbé par la préparation minutieuse d'un attentat digne de ses glorieux modèles : le voilà qui place quelques morceaux de verre brisé invisibles au fond d'un verre d'eau, et puis finalement qui reste en contemplation devant cette image de lui-même, oubliant sa destination criminelle, oubliant son propre contenu, s'oubliant lui-même au point de ne se retrouver qu'une fois la bouche en sang, plein d'une écarlate perplexité.
On l'imagine bien aussi, une autre fois, sous la douche après le sport, pris d'une crise d'angoisse en sentant l'eau traverser son corps perméable, commencer à émettre des sons avec sa bouche, incertain de les entendre, soupçonnant l'illusion auditive, criant, hurlant, braillant, bramant son doute ; tandis que sans qu'il se soit rendu compte de rien un moniteur musclé s'éloignait à pas nerveux en serrant dans sa main gauche l'oreille droite de Labriquette, dans sa droite la gauche de Brazzioli, ces deux-là traînés à la suite de leur oreille respective et glapissant qu'ils ne lui avaient rien fait, à l'autre taré, cependant que Bronchard chuchotait, à l'une ou l'autre oreille de ce même taré, qu'il allait voir ce qu'il allait voir
– perspective empreinte d'une certitude qui, on le comprend, comblait toutes les attentes de Monsieur Le Comte : il allait enfin voir ce qu'il allait voir.
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… l'urubu devant la cage duquel l'allée se scindait en deux ; Monsieur Le Comte prit à droite et vit le bulbul, le bulbul, le bulbul, le bulbul, le bulbul, le bulbul, le bulbul (il existe, à en croire les indications fournies par le zoo, cent vingt-trois espèces appartenant à ce genre de passereaux par ailleurs assez banals ; toutes n’étaient malheureusement pas représentées, tant s’en faut) ; le dernier bulbul était voisin d'un modeste bulot et là, l'allée de droite rejoignait l'allée de gauche dans laquelle Monsieur Le Comte aurait pu voir, si donc il avait pris à gauche après l'urubu, le bubale, le balbuzard, l'argali, la limule, le mulot qui lui, contrairement à elle, ne vient pas des Molusques,..
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Elle regardait par terre, de manière à mettre en valeur la courbure de ses cils, et Monsieur Le Comte avait pu déceler chez la jeune femme une humilité de bon ton. Eulalie était d'ailleurs forcément un ange, elle qui n'avait que deux l en consonnes. Ca ne l'avait pas empêchée d'inspirer à Monsieur Le Comte des ambitions croissantes et multiplicatrices.
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C’est ainsi qu’il avait lui-même éprouvé le besoin de s’inventer, pour son bon plaisir, un double imaginaire, un double figuré d’un nom d’apparence pourtant propre : Monsieur Le Comte, notre commune incarnation, enfiguré d’une figure dont le style amphigourique certainement ne ferait envie à personne. Cependant, cette entreprise courageuse, qu’il intitula Monsieur Le Comte au pied de la lettre parut bien vite insuffisante à l’ex-bibliothécaire ; pire, elle était presque sur le point de se retourner contre son intention initiale, puisque tout cela, à n’en pas douter, risquait bel et bien de faire un livre
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Monsieur Le Comte n'en était pas loin, de les croire. Il avait vu avec angoisse à la rue Sadi-Carnot de son ordre de mission correspondre dans la réalité une rue juste Carnot, plutôt suspecte. Il avait cependant courageusmeent poursuivi sa mise en boîtes, et avait constaté avec un regain d'espérance que la diminution de la liasse de cartons dont il avait la charge paraissait sur le point de coïncider avec l'approche progressive de l'extrémité de la rue ; puis, parès un suspense que le conteur par respect des consignes syndicales a délibérément refusé de soutenir, le monde entier s'était fissuré, lézardé, crevassé, pour finalement et naturellement s'effondrer autour de lui : en effet, alors que la dernière boîte aux lettres, la sept cent treizième, avait été pourvue de son carton, il en restait encore un, le fameux sept cent quatorzième, incongru, presque obscène, qui maintenant passait tragiquement d'une de ses mains à l'autre, aussi indélébile que la tache à la main de Lady Macbeth, aussi indécollable que le sparadrap à la casquette du Capitaine Haddock.
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Videos de Philippe Annocque (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Philippe Annocque
SOIRÉE DE LANCEMENT DE LA REVUE CATASTROPHES #3
Avec Philippe Annocque, Guillaume Condello, Frédéric Forte, Julia Lepère, Cécile Riou & Pierre Vinclair
Catastrophes est une revue d'écritures sérielles, animée par Laurent Albarracin, Guillaume Condello et Pierre Vinclair. Bimestrielle en ligne (30 numéros sont parus), elle paraît tous les 18 mois en format papier, sous la forme d'une anthologie comprenant certaines des propositions poétiques les plus stimulantes de l'époque. Les quatre ensembles qui composent Catastrophes 3, « Dit impossible », « Rites rêvés », « Traduit en langue fauve » et « Mondes suspendus », présentent tous une dimension des rapports du poème, dans son essentielle étrangeté, à un monde qui ne fut pas toujours là et qui disparaîtra peut-être : assumer l'impossible, rêver d'une parole rituelle, articuler dans la langue commune une parole fauve, penser dans le vertige de la disparition, sont autant de promesses, fragiles, de faire de l'écriture le lieu d'une création radicale, à même d'exorciser la fatalité du néant.
À lire – Revue Catastrophes 3, coll. « S!NG », éd. le corridor bleu, 2021.
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