Second Masse Critique (Janvier 2012) en ce qui me concerne, je m'attèle à la tâche et rédige ma critique. Mais avant cela, je tiens à remercier Babelio ainsi que l'éditeur Myoho pour cette nouvelle lecture mais surtout pour me faire découvrir une littérature totalement inconnue pour moi : la littérature chinoise.
Ce premier volume est un recueil de huit nouvelles extraites du "Kin-kou ki-kouan" (datant du XIIIème siècle) dont la traduction serait "Aventures surprenantes des temps anciens et modernes". Je ne vais pas poursuivre plus loin la présentation de ce recueil ne voulant pas copier/paraphraser inutilement le résumé de l'éditeur que l'on retrouve sur Babelio en intégralité.
Pour mon premier pas dans ce classique chinois, j'ai tenu à y aller pas à pas et j'ai donc décidé de ne lire qu'une seule nouvelle par jour. Ci-après, je donne donc un avis sur chacune des nouvelles, rédigé à chaud, avant de terminer par un commentaire plus global.
L'ombre dans l'eau :
La première des huit nouvelles. Il s'agit-là d'une nouvelle qui évoque une famille chinoise dont les membres sont séparés par un conflit. Ils vivent donc séparer mais leurs enfants se rencontreront par hasard à travers leur reflet dans l'eau d'une rivière et un amour en naitra.
Je dois avouer que j'ai un peu de mal à faire mieux en ce qui concerne le résumé. J'ai été un peu déstabilisé par cette première nouvelle. D'ailleurs, j'ai même eu du mal à y entrer au point que mon esprit finissait toujours par vagabonder vers d'autres contrées. Il faut dire que je me suis vite perdu avec les noms des protagonistes au point qu'à la fin je ne savais plus trop qui était qui. Sans compter qu'on a vite tendance à oublier le genre de chacun mais heureusement, la syntaxe est là pour nous sauver !
Pour ce premier pas, j'ai donc un peu trébuché...
Les trois frères :
Une petite histoire à propos des gens vertueux et de ceux plus enclin au vice. Ici, trois frères (Liu-iu, Liu-pao, Liu-tchin), l'un est vertueux, le second est plutôt du côté du vice et le troisième n'a pas réellement de caractéristique si tranchée. Des événements vont s'enchainer (la perte d'un fils, une bourse trouvée, etc.) comme une suite de dominos et de là nous découvrons les conséquences que cela a d'être vertueux ou non.
Un petit conte moral sympathique. Je l'ai bien apprécié mais il n'y a pas vraiment de surprise dans l'intrigue. Mais cette fois je me suis senti beaucoup plus à l'aise dans ma lecture.
Juste une dernière remarque qui m'a étonné : "Liu-iu, s'étant retourné, reconnut son troisième frère Liu-tchin". S'ils sont trois frères...comment l'un d'eux peut reconnaître son troisième frère ? Ce ne serait pas plutôt son second frère ? A moins que je n'ai trop retourné mon cerveau…^^
Le crime puni :
Un meurtre est commis, le coupable est connu et va même avouer pour éviter la question. Mais ce dernier se souvient d'une de ses connaissances qui peut l'aider à s'en sortir en monnayant sa liberté.
Comme quoi la corruption existe bel et bien partout. Etudiant en criminologie que je suis, j'ai très vite était intéressé par le sujet de cette nouvelle mais je fus très vite déçu par la tournure des évènements et surtout par la fin un peu extravagante. Mais ça n'en reste pas moins une illustration d'une certaine justice et du fonctionnement de celle-ci sous la dynastie Ming.
La calomnie démasquée :
De nouveau, une nouvelle mettant en scène le système de la Justice sous la dynastie Ming mais cette fois elle illustre la conduite que doit prendre tout bon magistrat. Ainsi, on assiste au déroulement d'un procès sous la direction du mandarin. La base de cette affaire est une vile machination et bien que le crime ne soit pas forcément très éloigné de ce que les hommes peuvent encore faire aujourd'hui, la justice, elle, reste différente par bien des points.
Histoire de Fan-Hi-Tcheou :
Certainement la plus courte des huit nouvelles (5 pages) mais aussi la moins intéressante. Un rebelle et sa captive se marient avant que l'armée de Kian-yan ne les séparent. S'étant juré fidélité, "le Ciel" les réunit malgré leur crime respectif (avoir été un rebelle et avoir épousé un rebelle).
On a pas réellement le temps de ressentir quoi que ce soit avec ce texte, même pas un petit intérêt…
Les trois étages consacrés :
Certainement le plus long des textes de ce recueil. Mettant toujours en scène des hommes vertueux et d'autres voués au vice, l'auteur de cette nouvelle aborde le thème de la propriété. Encore une fois, c'est la sagesse chinoise qui est mise à l'honneur par bon nombre de réflexions.
L'intrigue se déroule sur plusieurs décennies et son cheminement est assez tortueux à mon avis. L'histoire, bien qu'assez complexe dans son déroulement, parvient à délivrer sa morale avec simplicité. Pour autant, j'ai par moment eu l'impression de passer à côté de certaines pensées et de n'effleurer que du bout des doigts les aspects plus philosophiques et poétiques qui pouvaient transparaître dans cette nouvelle.
Les deux jumelles :
Certainement le récit que j'ai préféré ! Non pas que l'histoire de deux jumelles d'une grande beauté que l'on cherche absolument à marier, oubliant ainsi les choses de l'amour (mais ce n'était apparemment pas l'usage...comme en Europe à la même époque) m'ait réjouit, mais je dois reconnaître que j'ai été véritablement surpris par son déroulement et son dénouement.
Ce texte nous révèle les us et coutumes de l'époque en ce qui concerne le mariage (les parents qui cherche un bon parti, les offrandes, etc.) mais il nous immerge également au sein d'une famille haute en couleur et que tout oppose.
Peut-être aussi la nouvelle qui m'a le plus touchée (la seule ?) avec ces deux jeunes filles dont le destin se résume à être des trophées...
La Matrone du pays de Soung :
Ultime nouvelle de ce recueil, j'ai trouvé cette histoire bien farfelue… Cette fois, c'est le thème des liens entre un mari et sa femme qui sont mis à l'épreuve. Et quelle épreuve ! La mort elle-même !
Après avoir lu les sept autres nouvelles, on devine à peu près les rouages de l'histoire ainsi que quelques uns de ses rebondissements. Même les plus extravagants deviennent acceptables et on pourrait se demander si tout n'était pas qu'une odieuse machination pour perdre l'épouse dès le début…
C'est en tout cas l'occasion de découvrir les rites funéraires ainsi que ceux du mariage. J'ai apprécié ce texte même si son cynisme n'a pas réussi à entacher mes convictions sur l'amour et les liens qui unissent deux personnes. Un cas ou deux cas ne font pas une généralité…
Au moins, cette fois mes maigres connaissances sur la culture chinoise ont été réveillées par les références à
Lao-Tseu et au
Yi-King.
Le recueil :
Dans l'ensemble, j'avoue être assez mitigé. Je n'ai pas tout aimé mais je n'ai pas vraiment détesté non plus. Disons que mon appréciation repose quelque part, en équilibre, entre ces deux pôles. J'ai ainsi fait mon premier pas dans littérature chinoise et j'en ai retenu quelques aspects particuliers (autant sur le fond que la forme). Malgré quelques difficultés relatives aux noms de lieux (qui ne m'évoquaient absolument rien) et de personnages (devenant vite confus quand ils se multipliaient), parcourir ces pages n'a pas été aussi laborieux que la première nouvelle me l'a fait présager.
En ce qui concerne les récits, ils ont le mérite d'aborder différents thèmes ainsi que différents aspects de la vie sous la dynastie Ming, de sorte qu'on évite l'ennui. Pour autant, la majorité des textes n'ont pas réellement suscité d'intérêt à mes yeux. J'ai souvent eu l'impression de passer à côté de quelque chose. Peut-être cela vient-il de mon ignorance sur l'histoire de la Chine et sa culture. Peut-être qu'avec un peu plus de connaissances contextuelles, la lecture serait plus immersive...je ne sais pas.
En tout cas, je retiendrai ce recueil pour ce qu'il a été, une aventure à travers un monde que je ne connaissais absolument pas. C'est toujours agréable de s'enrichir un peu avec la littérature !
Maintenant, si je devais réitérer l'expérience, je pense que je me tournerai plus vers la mythologie chinoise ou sa philosophie que sur les leçons de morale et la vie quotidienne (comme c'est le cas dans ce recueil).
Enfin, un dernier petit détail m'a un peu agacé durant ma lecture : les notes de textes. Lors de la première nouvelle, ne les trouvant pas en bas de la page, je les ai cherché à la fin du livre...mais elles étaient en fait à la fin de la nouvelle. Ce n'est vraiment pas agréable de devoir chercher à chaque fois la bonne page. Il aurait été plus confortable qu'elles apparaissent en bas de page ou alors toutes réunies à la fin de l'ouvrage. Même si je comprends le choix de l'éditeur de procéder de cette manière, je n'ai pas pu m'empêcher d'éprouver de l'inconfort au cours de ma lecture. C'est d'autant plus dommage que cela créé une véritable coupure dans la lecture et casse le rythme...