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Takumi Nagayasu (Illustrateur)Laurence Belingard (Traducteur)
EAN : 9782809401158
272 pages
Panini France (10/10/2007)
4.15/5   48 notes
Résumé :
La ligne ferroviaire d’un petit village d’Hokkaido, sur laquelle a travaillé durant des années un chef de gare aujourd’hui retraité, va être fermée. Durant une froide nuit d’hiver, passé, présent et futur reviennent en mémoire du vieil homme, l’inondant de souvenirs heureux mais aussi douloureux. Une magnifique histoire...
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Je ne vais pas vous faire un résumé de l'histoire car je sens que cela serait compliqué (j'ai un peu de mal avec les noms japonais). Ce livre comporte en fait deux nouvelles : "le cheminot" et une "Lettre d'amour".
Les rares fois où j'ai eu l'occasion de découvrir des romans japonais j'ai ressenti la même impression. Il y a une forme de pudeur, de retenu dans l'écriture qui peut paraître un peu déroutante (pour moi en tout cas). Dans ce roman j'avais quelques fois le sentiment que les dialogues ne sonnaient pas très juste, qu'ils étaient un peu ampoulés et trop guindés pour être naturels. Peut être est-ce réellement comme cela que les japonais parlent, peut être la traduction rend t-elle le tout un peu"bizarre". En tout cas je trouve que la littérature japonaise (du peu que j'en ai lu, je le répète) est totalement différente de tout ce qu'on pu lire habituellement. Les deux histoires sont très touchantes chacune à leur manière, elles transmettent parfaitement la solitude de l'être humain. La manière d'aborder la mort, le vide, le quotidien est très délicate et très fine tout en restant émouvante. Il n'y a rien de superflu dans cette oeuvre, c'est ce que j'ai préféré. Je l'ai lue très vite, on s'imprègne des mots. En peu de phrases on est tout de suite plongé dans l'ambiance (une ambiance froide et hivernale pour "le cheminot"), nul besoin de longues descriptions. Les personnages sont très dignes dans leur mal-être, ce que j'ai beaucoup aimé. Ils font face aux difficultés de la vie avec courage.
J'ai réellement aimé ce court livre, bien que ce ne soit pas mon genre de prédilection. J'aime sortir de ma zone de confort pour découvrir de nouvelles choses, des choses différentes.

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L'histoire du premier récit se déroule à Hokkaido, une île, et suit les derniers jours d'Oto, chef de gare dont la ligne va disparaître, l'entraînant à prendre une retraite forcée.
C'est l'hiver, il fait froid et la neige ne cesse de tomber, c'est une atmosphère glaciale qui se détache des premières images de ce manga et cette impression ne quittera plus le lecteur jusqu'à la fin.
Puis viennent les personnages : Sen et un jeune conducteur de train qui viennent pour la presque toute dernière fois dans la gare d'Horomai, et Oto, le chef de gare et ami de Sen.
Oto est un homme seul depuis la mort de sa femme il y a quelques années, et surtout marqué par le drame de la mort de sa fille unique âgée de quelques mois.
Dans toutes ces circonstances, Oto est resté chef de gare avant tout, avant sa famille, avant sa tristesse, pour que coûte que coûte le train puisse circuler dans les meilleures conditions : "On étouffe sa colère et sa peine. On se retient de hurler. C'est le lot des employés du chemin de fer.".
Oto sacralise son travail de cheminot, à l'image du majordome Stevens dans "Les vestiges du jour" de Kazuo Ishiguro, le faisant passer avant toute autre chose : "Je suis cheminot. Les cheminots ne pleurent pas pour des histoires de famille.".
Aujourd'hui Oto est un vieil homme, presque le dernier survivant d'un village qui disparaît, il ne lui reste que ses souvenirs, joyeux ou tristes, son vieil ami Sen qui partage avec lui la nuit du Nouvel An, et la reconnaissance du jeune Hideo qui doit à ce chemin de fer et à ce cheminot d'avoir pu faire des études à la ville pour y devenir "quelqu'un" : "Si j'en suis là aujourd'hui, c'est parce que chaque jour, bon gré mal gré, vous êtes toujours resté fidèle au poste. Grâce au train ... grâce à vous, j'ai pu poursuivre mes études.".
Et en cette froide nuit d'hiver, une visite va replonger Oto dans ses souvenirs, les faisant ainsi partager au lecteur.
Difficile d'en dire plus sans dévoiler le secret de cette très belle histoire, mais que d'émotions !
Cette histoire est tout simplement bouleversante, il s'en dégage beaucoup de tristesse et de regrets mais également une sensibilité à fleur de peau.
Les dessins sont de toute beauté et dégagent une atmosphère qui enveloppe le lecteur, quant au récit il est extrêmement bien construit et fait venir les larmes aux yeux à plusieurs reprises.
Malgré l'éloignement géographique, le lecteur se sent en territoire connu : les paysages de ce Japon insulaire ne lui sont pas inconnus, de plus ils sont d'un réalisme à couper le souffle.
Quant aux personnages, difficile de ne pas s'y attacher, en particulier à celui d'Oto, et de ne pas ressentir de l'empathie pour eux.
Une histoire mélancolique qui berce et fait rêver le lecteur le temps de quelques pages, une beauté en noir et blanc sur papier glacé dont il ne faudrait pas passer à côté.

Changement d'atmosphère pour "La lettre d'amour".
Goro est un mafieux de bas étage, égoïste et sans scrupules, tout juste sorti de prison, dont la vie est sans intérêt mais va soudainement basculer lorsque ce dernier reçoit une lettre sous forme à la fois de déclaration d'amour et d'adieux d'une femme qu'il ne connaît pas et qu'il a simplement épousé pour lui permettre d'obtenir des papiers et de travailler comme prostituée.
Goro est loin, très loin d'être un personnage sympathique, pourtant le coeur de ce gros dur va se fendiller et se libérer grâce à deux lettres que lui a écrit Pai Lan, sa femme qu'il n'a jamais connue et qu'il ne connaîtra jamais puisqu'il va à sa rencontre pour récupérer sa dépouille : "Avant de coucher, je te demande pardon. Je te demande pardon chaque fois, même si je ne peux pas faire autrement. Si je travaille dur et que je rembourse l'organisation, je finirai peut-être un jour par te rencontrer. On pourrait vivre ensemble.".
Goro pète littéralement un câble, il devient sensible, s'insurge que la police refuse d'enquêter sur la mort de cette femme (une prostituée morte des suites d'une maladie vénérienne) : "Moi, on me jette en taule parce que j'ai vendu des cassettes pornos ! Et quand quelqu'un meurt, personne ne fait rien ?! C'est nous qui l'avons tuée, cette fille ! Nous tous !", se transforme finalement en veuf éploré à la surprise générale et se découvre finalement de l'amour pour cette femme, entrevoyant ainsi ce qu'aurait pu être sa vie s'il avait suivi un autre chemin : "C'est sûrement à cause de cette lettre. Dès que j'ai commencé à la lire dans le train je me suis senti tout bizarre.".
Autant dire que le changement est spectaculaire et le contraste saisissant avec ce gros dur qui se transforme en pleureuse inconsolable : "Nous sommes des monstres ! Des monstres qui se sont nourris de ta chair jusqu'à ce que tu en meurs ! Et les monstres ne sont pas gentils !! J'ai tout gâché ! Je t'en supplie, sois ma femme !".
Finalement, la mort de cette jeune femme aura eu le mérite de le faire mûrir et évoluer vers un être humain et non plus un mafieux sans coeur et sans scrupules.
Si l'histoire apparaît somme toute assez simpliste, elle n'en est que plus belle, d'autant plus qu'elle est particulièrement bien mise en valeur par les sublimes dessins de Takumi Nagayasu qui joue là aussi sur les contrastes : entre un Goro au look de voyou et une Pai Lan sublimée à la limite d'une madone, le lecteur y trouve largement son compte et son plaisir.

Adapté du roman éponyme de Jiro Asada, "Le cheminot" a été adapté en manga par le talentueux Takumi Nagayasu dont le dessin est de toute beauté et retranscrit à merveille toute la sensibilité et le côté dramatique de l'histoire.
Il en va de même pour "La lettre d'amour", ces deux récits formant un magnifique recueil plein de sensibilité, de poésie, d'émotions et d'amour, un très beau moment de grâce au coeur d'une lecture poignante du début à la fin, à découvrir de toute urgence.
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En ce qui me concerne, j'ai nettement préféré la lettre d'amour à la première nouvelle.

Le cheminot raconte l'histoire d'un chef de gare toujours fidèle à son poste. Il va partir à la retraite, c'est son dernier jour et des souvenirs du passé resurgissent. Visiblement, la morale de cette histoire glorifie le travailleur qui reste imperturbable en toutes circonstances: le travail d'abord ! Votre bébé est gravement malade mais vous laissez partir seule votre femme à l'hôpital pour affronter la maladie. Vous avez mieux à faire c'est à dire votre travail ! le Japon a toujours loué les acharnés du travail. C'est en effet une valeur digne du travailler plus pour gagner plus.

Personnellement, je trouve cela honteux de laisser mourir sa pauvre fille puis sa pauvre épouse au nom d'une morale travailliste. Et pourtant, dieu sait que je loue cette valeur travail. Il y a cependant plus important que le travail dans la vie, c'est la famille. Alors, au fond, c'est une histoire rondement bien racontée dans un style qui rappelle celui de mon auteur de manga favori à savoir Jiro Taniguchi.

Mais bon toujours en ce qui me concerne, la priorité des valeurs ne sera pas la même. Au-delà de tout, vous remarquerez que j'essaye de trouver un fondement à ce que je lis. Quelquefois, on peut passer à côté. Il s'agit de bien réfléchir au poids des mots et du message que nous passe un auteur. C'est parfois étonnant. Encore une fois, au-delà de mon jugement de valeur, c'est intrinsèquement une histoire bien racontée qui peut prendre aux tripes.

La lettre d'amour est une histoire qui m'a touché car elle raconte l'amour de deux êtres qui ne se sont jamais rencontrés. Un mafieux a épousé sur la papier une fille de joie qui a passé la frontière. Celle-ci est morte suite à une maladie de type hépatique. C'est dans ce contexte un peu particulier que va naître une histoire presque improbable.

J'ai été séduit par la rédemption du mafieux qui commence à comprendre des trucs. L'émotion est palpable. C'est une nouvelle très bien construite.
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L'histoire :

Le cheminot est l'histoire d'un chef de gare, Oto, qui arrive à la retraite après une vie consacrée à son métier. Sa femme est décédée deux ans auparavant et leur fille n'a pas survécu. Depuis il vit seul comme chef de la gare terminus sur l'île d'Hokkaïdo. La ligne doit fermer après lui car elle n'accueille plus guère de monde. Son vieil ami, Sen, chef d'une gare voisine vient passer la nuit auprès de lui. Ils relatent tous deux d'anciens souvenirs. Dans la journée, une petite fille tenant une poupée ancienne était venue frapper aux carreaux puis avait disparu. Or à minuit, une fillette de douze ans qui se présente comme l'ainée de la petite fille venant récupérer la poupée oubliée surgit brièvement. Oto se recouche sans savoir si il a rêvé. le lendemain, une fois Sen parti, une jeune fille de 17 ans apparaît l'âge qu'aurait eu sa fille si elle n'était pas décédée. Il va lui confier l'histoire de sa vie ...

Que reste-t-il à l'aube de notre mort ? :

Le personnage d'Oto est extrêmement touchant dans son humanité. Il est à la fois très doux, très prévenant vis-à-vis des autres, consciencieux dans son travail, aimé et respecté par beaucoup et pourtant il vit avec la culpabilité d'avoir délaissé les siens au profit de son métier. Il semble à la fois inébranlable et si fragile qu'il m'a ému. Une jolie histoire portée par un des meilleurs Mangaka : Takumi Nagayasu et le scnénariste Jiro Asada maintes fois récompensé et dont ce livre lui a valu le préstigieux prix Naoki.
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Dessins réalistes d'un genre dépassé mais que j'aime tant. Deux histoires autour de la vie, l'amour et le deuil. Beaucoup de poésie et de retenue dans ces deux histoires si différentes et si prenantes. J'ai été surprise par cette BD que je n'aurai pas du tout pris en temps normal mais ma moitié s'est laissé tenter pour l'emprunter alors j'ai bien dû en profiter =) Jolie découverte!
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
" Je restais sur le quai, au garde-à-vous, jusqu'à ce que ... le train ait disparu et qu'on ne l'entende plus siffler. Dans ces moments-là, on joue du sifflet au lieu de pleurer. On agite son fanion au lieu de taper dans un mur. On étouffe sa colère et sa peine. On se retient de hurler. C'est le lot des employées du chemin de fer."
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Avant de coucher, je te demande pardon. Je te demande pardon chaque fois, même si je ne peux pas faire autrement. Si je travaille dur et que je rembourse l'organisation, je finirai peut-être un jour par te rencontrer. On pourrait vivre ensemble.
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Qu'on épouse une fille qu'on connait pas, à la rigueur.
Mais qu'on se retrouve devant un cadavre pour la première rencontre...?!
On se croirait dans un manga !
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Nous sommes des monstres ! Des monstres qui se sont nourris de ta chair jusqu'à ce que tu en meurs ! Et les monstres ne sont pas gentils !! J'ai tout gâché ! Je t'en supplie, sois ma femme !
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Qu'on épouse une fille qu'on connaît pas, à la rigueur. Mais qu'on se retrouve devant un cadavre pour la première rencontre...?! On se croirait dans un manga !
(La Lettre d'amour)
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