Aujourd'hui je vais évoquer
le paquebot nouveau roman de
Pierre Assouline. Il est l'auteur de nombreuses biographies et de romans dont
Lutétia et
Retour à Séfarad d'inspiration autobiographique. Cette fois son texte de fiction est une narration historique mettant en scène un drame réel auquel participe indirectement le journaliste
Albert Londres.
Le paquebot représente le lieu d'action de l'intrigue, c'est un navire baptisé le George Philippar du nom de l'ingénieur qui en a fait les plans. Après une croisière inaugurale proche des côtes françaises, c'est la mise en service sur des routes de long courrier. Sur le quai à Marseille les passagers à destination de l'Extrême-Orient en ce jour de 1932 montent à bord pour plusieurs semaines. le narrateur Jacques-Marie
Bauer figure parmi les passagers, au moment de lever l'ancre il s'écrie : « Adieu Marseille, à nous Yokohama ! Nous étions partis pour quarante-trois jours de traversée. » Au rythme des flots avec ses acolytes célèbres ou inconnus il décrit le monde qui l'environne. Pour sa part il est bibliophile et semble doté d'une mission pour cette traversée vers l'Asie. Mais il ne dévoile pas immédiatement ses intentions. Il lie connaissance avec plusieurs personnes, est séduit par une jeune fille qui accompagne son grand-père, ancien capitaine. A bord outre les membres d'équipage, les passagers reflètent la société et les grandes questions politiques du moment notamment autour de la montée du nazisme en Allemagne.
Bauer écoute et note. A propos de lui-même il affirme : « comme tout lecteur compulsif, je suis couturé de mots, de phrases, de formules qui deviennent autant de citations, avec tout ce que cela peut avoir de pédant, dès lors que je les sors du livre qui en est l'écrin pour les détourner à mon profit ; si je n'en cite pas l'auteur, on m'accuse de vol, d'appropriation, de plagiat ; si je le cite, je passe pour un cuistre, ce qui est d'autant plus absurde qu'il a certainement emprunté à un autre avant de lui payer sa dette, et ainsi de suite. » Les escales sont peu nombreuses, l'essentiel se passe à bord ; à propos du bateau il indique : « un paquebot a ceci de commun avec une cathédrale qu'il échappe à l'emprise du terrestre. »
Bauer est parfois inquiet d'une possible avarie, mais l'ambiance dans les salons est à la négligence et au dilettantisme. En Chine à Shangaï il met la main sur un ouvrage rare et a la surprise de voir
Albert Londres monter à bord. A propos de sa profession le narrateur confie : « un journaliste n'est pas un enfant de choeur ; son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de rose, il ne doit pas se soucier de plaire ou de déplaire, mais de juger la chose jugée, quitte à porter le fer dans la plaie. » le voyage de retour malgré la présence à bord du journaliste vedette tourne à la catastrophe, comme tant d'autres à l'époque le navire fait naufrage et le narrateur rescapé se souvient : « le George Philippar n'était plus qu'un immense brasier. Son épave dériva durant trois jours vers le nord avant de sombrer par la poupe et de s'échouer à deux mille mètres de fond. Il n'aurait navigué que quatre-vingts jours. »
Le paquebot est un roman classique, le récit d'un voyage avec l'atmosphère particulière des croisières et des colonies.
Pierre Assouline embarque dans son aventure le reporter dont il a écrit la biographie.
Voilà, je vous ai donc parlé du Paquebot de
Pierre Assouline paru aux éditions Gallimard.
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