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sur 177 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'aime beaucoup l'écriture de Pierre Assouline toujours associée à des mondes perdus, des mondes d'avant.
Le Lutetia retrace l'histoire flamboyante et tragique d'un grand hôtel parisien.Les Camondo: une famille déchue..
Avec le paquebot, Pierre Assouline s'intéresse au sort d'un bateau : le Georges Philippar dont l'histoire est une véritable tragédie. Après un voyage inaugural sur la ligne Chine, Japon .A son retour, un incendie tragique fera sombrer le paquebot au large du Yémen.
Pierre Assouline pour nous raconter ce voyage aller au départ De Marseille, se met dans la peau d'un personnage qui lui ressemble : un libraire bibliophile toujours à la recherche d'une perle rare.
Jacques Bauer voyage en première classe avec tous les aristocrates, diplomates, hommes d'affaires.
Sa sensibilité à fleur de peau lui permet de capter et de nous livrer toutes les défauts et passions de ce monde étrange, celui pour qui l'argent n'existe pas.
L'époque est déterminante, on est en 1932, et même si dans un paquebot on est coupé du monde, la peur et l'inexorable montée du nazisme nous plongent déjà dans les racines du mal. C'est au cours de conversations à bord d'un fumoir que chacun tente de faire prévaloir son avis ou de le dissimuler.
Mais l'amour est toujours présent dans les romans de Pierre Assouline, la scène de la piscine la nuit est teintée d'un certain érotisme.
Lire Pierre Assouline, c'est se plonger dans le monde d'avant, celui de l'Autriche avec Stefan Zweig, celui de Thomas Mann avec l'évocation de la Montagne magique, celui de cette vieille Europe entre les deux guerres et qui vacillera de façon tragique.

Un très beau moment de lecture qui sans conteste me poussera vers de nouveaux romans de cet auteur.
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Un paquebot qui offre un retour dans le temps plus qu'un voyage dans l'espace. Ce temps, c'est celui de l'année 1932.

« Les récits des grandes traversées sont le fait de voyageurs de première classe, éventuellement d'ecclésiastiques en seconde, mais rarement de passagers de troisième, émigrants démunis ou soldats du rang. Ils ont d'autres soucis. »
Le roman de Pierre Assouline ne déroge pas à la règle. Je n'y ai pas aperçu l'ecclésiastique de seconde classe, et le narrateur, libraire de livres anciens, qui tient une sorte de journal de la traversée, ne croise à aucun moment de migrant démuni ou de soldat du rang : « je me trouvais là parmi des êtres comblés de biens sans nombre, si peu habitués à s'entendre répondre « non » qu'il n'était jamais inutile de leur rappeler ce qu'est l'existence dans la vie normale. Dans leur détachement insolent, le souci de l'argent qui vient à manquer, le spectre de la maladie, l'angoisse de la mort, tous ces maux du commun semblaient glisser sur eux. »

Je retrouve cette habileté d'Assouline à donner vie à un microcosme, à l'intérieur d'un lieu délimité, qui m'avait séduite dans « Lutetia ». Sur ce paquebot, des personnes dont la préoccupation essentielle est de se montrer comme membres à part entière de cette société flottante, voyageuse, cosmopolite et privilégiée. Et privilégiée, elle l'est, puisqu'elle a embarqué sur le Georges Philippar pour sa grande croisière inaugurale vers le Japon.

Année 1932, Assouline n'omet rien du décor de l'époque : les noms des grands couturiers et des parfumeurs, des maroquiniers, des bijoutiers, dont les passagers emportent des créations sur le paquebot, la description de la piscine « longue de quarante-deux mètres et large de huit (…) toute de placages de sycomore et d'acajou, en pierre de Cassis polie et en marbre bleu turquoise », le protocole tacite qui règle l'assistance aux repas, et même les menus, les plats et les vins servis.

Comme Bauer, le narrateur, est doué d'une mémoire prodigieuse, le récit est parsemé de l'évocation de ses lectures et des citations qu'il en a conservées. Ce qui m'agace autant que ça me réjouit, puisque, moi, je ne suis même pas capable de réciter « La cigale et la fourmi ». J'ai voulu relever le nom des livres cités, je me suis lassée de ce petit jeu à la page 300. Mais ça donnait déjà cela :

Candide – Voltaire
ShakespeareV. Hugo
La Montagne magique - Thomas Mann
Mort à Venise - Thomas Mann
Michel Strogoff – Jules Verne
La Nef des fous – Sébastien Brant
La chèvre de Monsieur Seguin – A. Daudet
L'éducation sentimentale - Flaubert
Knock – Jules Romains
La RechercheProust
Les Provinciales - Giraudoux
Oblomov - Gontcharov
Tintin au Congo - Hergé
Les Buddenbrook - Thomas Mann
Une Ville flottante - Jules Verne
Le Bachelier - Jules Vallès
Le voyage - Paul Morand
Le Feu-follet – Drieu La Rochelle
The Waste Land - T.S. Eliot
Notre jeunesse - Péguy

Et puis il y a bien sûr, les échanges, les discussions souvent houleuses, dans cette petite société cosmopolite, à propos du contexte politique dont les informations arrivent jusqu'au bateau : Hindenburg est réélu président du Reich, mais le parti d'Hitler remporte plus de 35 % des voix. Certains s'en félicitent, Bauer, lui, voit l'avenir en noir.

Pessimiste, il l'est autant, depuis qu'il a embarqué, sur la sécurité du paquebot que sur l'évolution de l'Allemagne. Et après un moment d'une grâce ineffable où, au large du cap Guardafui, en pleine nuit, des marins portugais vont entonner « un choeur poignant » sur des paroles de Camoens, le feu se déclare à bord.

J'ai cherché en vain la traduction de ce texte :

«O Cabo vê já Arómata chamado,
E agora Guardafú, dos moradores,
Onde começa a boca do afamado
Mar Roxo, que do fundo toma as cores;
Este como limite está lançado
Que divide Asia de Africa; e as milhores
Povoações que a parte Africa tem
Maçuá são, Arquico e Suaquém.»

Peut-être un traducteur émérite se présentera-t-il sur Babelio ?

Roman dense, foisonnant de références, d'évocations du climat politique de l'époque, et de personnages dont Assouline a fouillé les caractères et les comportements. Certains attachants, d'autres effrayants, quelques-uns ridicules ou caricaturaux, mais jamais loin d'une humanité réelle et authentique.

Il faut bien un incendie pour me décider à débarquer de ce paquebot et revenir au présent. A regret.
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Un huis-clos où se distillent des observations implacables sous le regard sans concession de Jacques-Marie Bauer, bibliophile et marchand d'éditions rares.

Huis-clos qui commence le 26 février 1932, jour du départ sur la ligne Marseille-Yokohama, du paquebot « Le Georges Philippar » des Messageries Maritimes.

Huis-clos où la réalité se mélange à la fiction du roman pour lequel Pierre Assouline s'est documenté (la liste en fin de livre est impressionnante).

Huis-clos jusque dans la répartition des passagers de la première à la troisième catégorie.

J-M Bauer voyage en première classe parmi les nantis, les chevaliers d'industrie, les dames de grande ou petite vertu, les rentiers, les oisifs qui regardent la vie s'écouler entre les promenades sur le pont, les repas à heures fixes, les jeux, la piscine, le luxe comme il pouvait l'être à cette époque.
Luxe qui contribuait à la réputation du paquebot et motivait la rivalité entre les compagnies.

Le narrateur discret, retranché et intensément présent, observe, critique, absout, rejette lieux communs et idées générales, décrypte attitudes et manières d'être.
Il nous décrit le tout avec un ton incisif et sans concessions.

Un groupe se forme et lance quelques joutes oratoires qui mettent en exergue l'époque, cette année 1932 où l'Europe bascule comme basculera « leur » société de privilégiés.
Le cosmopolitisme des uns et des autres font se rencontrer des Allemands et leur espoir en Hitler, un Italien qui évoque Mussolini et des Français qui apprendront l'éléction d'un nouveau président.
Des échanges où la bienséance se force, où l'on sent les positions extrêmes prendre corps, où tout se dit, se prédit, se retient : on est entre gens de bonne compagnie, de bonne naissance…

Un nom retient l'attention, celui d'Albert Londres et sa disparition au cours de l'incendie donnera naissance à des allégations dont la véracité n'a jamais pu être établie.

De manière permanente, la peur rôde, l'angoisse de l'accident, du feu, le souvenir du Titanic et d'autres naufrages sont toujours présents dans les esprits.

Puis il y a les dernières pages magistrales où Pierre Assouline nous relate avec véracité les instants tragiques où tout a basculé : paquebot, société, Europe.

Livre dru où tout contribue, au-delà du fait-divers, à dépeindre la vacuité en même temps que l'esprit de domination de certains hommes.

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Pierre Assouline, né en 1953 à Casablanca, est à la fois romancier, biographe, journaliste et auteur de nombreux livres. Dans son dernier ouvrage, il nous propose une traversée sur le Georges Philippar qui quitte le port de Marseille le 26 février 1932 à 16h30, en direction de Yokohama.

Le narrateur est un libraire spécialisé en ouvrages rares, portant le nom de Jacques-Marie Bauer. Il voyage en première classe parmi les riches de l'époque de l'Entre-deux-Guerre.

Le réalisme de ce récit réside, en premier lieu, dans la fin tragique connue du paquebot Georges Philippar qui coulera sur le trajet du retour, suite à un incendie, le 16 mai 1932, dans la nuit et la disparition d'un de ses passagers, Albert Londres, le grand reporter français, monté à bord à Shanghai.

En second lieu, le récit est fondé sur l'observation du microcosme et des interactions des acteurs qui le composent pour cette traversée, au cours de la période postérieure à la crise de 1929 et précédant l'arrivée d'Adolf Hitler au pouvoir en 1934. Une époque, par ailleurs, très intéressante au plan culturel (Années Folles ou Roaring Twenties) durant laquelle les nantis se mettent en scène à différentes occasions, quelque soit le lieu. Dans le cas présent, il s'agit du paquebot et de ses lieux divers de rencontres rivalisant de luxe. Dans la première partie du livre, les différents aspects du  huis-clos sont, à mon avis, parfaitement bien mis en valeur par Pierre Assouline, qui selon les jours et les heures qui s'écoulent nous permet de "vivre" au rythme de ce navire. L'être et le paraître forment l'aspect théâtral, la mise en scène de ce monde de la "première classe"... Très rapidement un groupe se forme, réunissant des voyageurs de différents pays européens favorisé par l'aspect cosmopolite et multiculturel des passagers. Ceux-ci décident de se retrouver au fumoir pour des "parleries". Un passager espagnol, José-Manuel Alvarez de la Mirada se joint au groupe, expliquant qu'en Espagne, il existe ainsi une activité traditionnelle de réunions portant le nom de tertulias. Très rapidement ces réunions vont dévier vers le thème politique... propice à la période.

J'ai particulièrement apprécié l'écriture de Pierre Assouline et sa façon d'étudier les passagers, leur caractère, leur intérêts, leurs relations entre eux. Certains passages rappellent le style "reportage"... Les balades et rencontres sur le pont-promenade qui peuvent facilement glisser du romantisme vers le snobisme ont le vent en poupe à travers ce récit mais toujours écrites de façon très soignées et descriptives. On ne se lasse pas de lire ces pages (contrairement à ce que j'ai pu lire dans des critiques de lecteurs). Une incontournable rencontre sentimentale à la piscine met en présence Jacques-Marie Bauer et Anaïs Modet-Delacourt... Les jours se suivent et le narrateur découvre de nouveaux passagers, dans la salle à manger, dans le fumoir, sur le pont-promenade..., leur donnant des surnoms qui sont censés correspondre à ce qu'ils représentent...

La première partie se termine, sur le chemin du retour, au rembarquement à Shanghaï, le 23 avril 1932, Albert Londres arrivant juste à temps pour monter sur le paquebot.

La seconde partie du récit est beaucoup moins sereine... de nombreuses discussions sur les risques de naufrage ajoutent de la tension à celle qui monte entre Allemands et autres Européens concernant la future politique d'Hitler...

Un passage que j'ai beaucoup aimé est celui de l'escale à Saïgon. La narration est simple, mais riche en réflexion et en souvenirs de la part de l'auteur qui parfois revêt le costume du narrateur... L'auteur clôture la fin du livre de façon extraordinaire, d'une écriture juste et réaliste sans exagération... Je ne vous en dis pas plus...

Ce livre est très prenant, très instructif et je le considère comme un des modèles pour moi, en tout cas, de la manière dont doit être écrit un roman/récit historique.

Bonne lecture !

Lien : https://mesailleurs.wordpres..
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Jacques-Marie Bauer, libraire spécialisé en livres anciens, s'embarque, en février 1933 depuis Marseille, sur le paquebot Georges Philippar. Orgueil de la compagnie des messageries maritimes, le navire porte d'ailleurs fièrement - et imprudemment - le nom de son président, lors ce voyage inaugural et fatal, à destination de l'Extrême-Orient.
Pierre Assouline met en scène, dans son roman très réussi, ce voyage aux allures de croisière, dont la monotonie s'enlumine de menus évènements distrayants ou menaçants.
"All the world's a stage... " surtout lorsqu'il s'agit de ce microcosme cosmopolite voyageant en première classe. Ragots, intrigues, aventures sentimentales, discussions ("disputationes"), ponctuent le cours monotone des jours, qu'aucune tempête ne viendra perturber. On est entre gens de bonne compagnie ! C'est l'Europe glorieuse et riche du Monde d'hier, de Stephan Zweig - qui, au passage, prend une volée de bois vert -, ou du grand hôtel-sanatorium Berghof de Davos dans « La Montagne magique ». Les livres sont autant dans la conversation que dans les bagages de notre libraire, apparemment investi d'une mission plus secrète. C'est toute la bibliothèque de l'honnête homme de l'entre-deux guerres qui nourrit les échanges entre les passagers, à grand renfort de citations ou de références. Maximes, adages, apophtegmes sont comme le chant du cygne d'une culture en péril. Ou leur bouée de sauvetage ? Un personnage interpelle drôlement notre libraire (p. 187) : "- Ah, Bauer... À force de faire des citations, vous mourez un jour d'une rupture d'aphorisme !"
Les échos assourdis de la vieille Europe parviennent au bateau par le télégraphe : l'assassinat du Président Doumer, le second cartel des gauches, l'irrésistible ascension d'un certain Adolf Hitler, qui suscite des "mouvements divers".
Puis le destin en forme d'un modeste court-circuit vient à bout de l'élégant mastodonte, engloutissant un illustre passager, le reporter Albert Londres, sans doute avec quelques secrets de la guerre sino-japonaise qu'il vient de couvrir.
Dans un roman policier, le lecteur cherche à deviner le dénouement. Dans la tragédie, et pour les Grecs qui inventent le genre, la fin est connue d'avance. le talent consommé de Pierre Assouline est de mêler les deux genres. le plaisir est de relever les indices qui tissent, de leurs fils invisibles, la toile de la tragédie annoncée. Celle du Georges Philippar, superbe allégorie de la tragédie de la vieille Europe, encore si policée, qui s'avance, insouciante, vers son naufrage.
Lien : https://diacritiques.blogspo..
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Avec « Vie et mort d'un grand reporter », sa biographie d'Albert Londres, Pierre Assouline avait déjà montré combien il admirait ce grand journaliste du début du 20ème siècle qui disparaît à 48 ans précisément sur le paquebot qui fait l'objet de ce roman. En février 1932 le « Georges Philipar », qui porte le nom du président des « Messageries Maritimes », part vers l'Orient pour sa croisière inaugurale. A son bord, le narrateur, Jacques Marie Bauer, libraire bibliophile, capable d'entreprendre de si grands voyages pour rechercher des livres rares, mais on apprendra que ce n'est pas son seul but. Il embarque en tant que passager de première classe sur ce dernier né de la compagnie, summum du luxe pour l'époque. Il est notre guide pour décrire la vie à bord, le déroulement du voyage, tout cela avec une extrême précision. Mais c'est surtout pour dépeindre les passagers qu'il excelle, à la fois avec humour, avec empathie, ce qui donne un reflet probablement assez exact de cette société de gens riches de l'après crack de 1929. Il se lie d'amitié avec certains, tel l'ancien commandant de paquebot Pressagny et sa petite fille Salomé, Hercule Martin, l'assureur, qui se vante d'avoir des connaissances médicales, le pianiste russe Sokolowski, l'italien Luigi Caëtani. Dans le salon de conversation, Bauer devient l'animateur d'un groupe de discussion, auquel participent un dénommé Modet-Delacourt, l'italien Caëtani, et deux allemands dont Rainer Reiter, un professeur français Alfred Balestra, et quelques autres. En 1932, rapidement le débat en vient à la montée du nazisme en Allemagne, les allemands soutiennent ouvertement Hitler, mais certains intervenants français également et notamment Modet-Delacourt. On perçoit bien le climat qui régnait en Europe dans ces années trente, et déjà la recrudescence de l'antisémitisme et le questionnement sur le devenir des juifs si Hitler vient au pouvoir. le couple Modet-Delacourt l'intrigue, Bauer se prend d'une amitié intime pour l'épouse Anaïs, tant il la trouve séduisante et mal assortie avec son odieux mari. Au delà de la vie à bord, Bauer nous entraîne dans ses lectures, il voue une admiration notamment pour Thomas Mann, dont il lit pendant cette traversée « la montagne magique », mais également beaucoup d'autres... Il nous décrit avec passion son métier de libraire bibliophile, qui recherche les livres rares, comme les chercheurs de trésor. Il nous fait sentir ce qui se dégage de ces livres anciens, l'odeur, le bruit du papier lorsque l'on tourne les pages, la qualité des enluminures, etc...C'est passionnant pour ceux qui aiment la lecture. Il faut aussi préciser que Bauer nous informe des avaries qui se produisent régulièrement sur le paquebot. Enfin, le navire qui devait atteindre Yokohama, termine son voyage à Shangaï, et repart vers l'Europe avec à son bord de nouveaux passagers dont le reporter Albert Londres qui soulève l'intérêt de Bauer. Sur le voyage de retour, les nouvelles discussions sur l'évolution de la situation en Allemagne sont très orageuses, elles sont l'image du naufrage qui attend l'Europe. Elles sont également agrémentées par celle de l'Asie, Chine et Japon car Albert Londres se prépare à publier des articles qui devraient faire sensation. Les incidents techniques à bord du bateau qui se multiplient, vont entraîner une issue dramatique. La précision et la richesse des descriptions est merveilleuse, on vit vraiment au côté de Jacques Marie Bauer, heureusement Pierre Assouline nous informe que ce périple sur les océans se termine mal. Formidable roman, merci à son auteur.
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« Le Paquebot » de Pierre Assouline aurait pu s'intituler « Le Paquebot Magique » ou bien « le monde d'hier .. et celui qui vient » , tant les ombres de Thomas Mann et Stefan Zweig hantent le pont promenade, ou bien encore « à la recherche d'Albert Londres » , que l'on finira bien par trouver quelque part.
« Le Paquebot » donc, titre sobre et efficace, est l'endroit idéal pour regarder le monde changer. Et il va changer ce monde, l'après-guerre est terminée, la légèreté des années folles envolée et déjà résonne le bruit sourd des bottes sur les pavés. La vielle Europe sombre lentement, certains redoutent, d'autres espèrent.
Les méthodes musclées des SA, de la virilité tout au plus.. « Mr Hitler », il ne durera pas vous verrez.. Les nazis, nous les tiendrons en laisse...
Les dialogues entre le narrateur et les industriels allemands m'évoquent, en contre point, l'excellent roman d'Éric Vuillard « L'ordre du jour » dont l'action va se situer l'année d'après.
Et puis il y a ce Paquebot, incontournable, vivant, miroir d'une époque et de ses angoisses. L'heure est au progrès technique mais aussi à ses défaillances.
Pierre Assouline nous livre ici un roman magnifique, dense, riche, servi par un style académique qui fait du bien. Une intrigue qui démarre lentement mais le monde d'hier prenait son temps, des personnages justes , des dialogues pertinents et on ressent cette parenthèse, cette pause temporelle que l'on voudrait infinie, tant les angoisses du monde qui vient sont oppressantes. Et pour finir, il y a Albert Londres, que je découvre et que je vais m'empresser de lire.
C'est peut être ça la magie de la littérature.
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