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Marlyse Piccand (Traducteur)
EAN : 9782253109525
Le Livre de Poche (09/03/2005)
3.39/5   57 notes
Résumé :

Cavale littéraire, roman d'une fuite en avant, d'une quête d'identité désespérée. Une jeune femme mène des existences multiples sans parvenir à les harmoniser : adolescente obèse, auteur de romans à l'eau de rose, épouse effacée, pseudo-terroriste... Autant de personnalités que de secrets, jeu périlleux bientôt insupportable. À bout de souffle dans ces vies contradictoires et mensongères, l'héroïne en vient à concevoir sa propre fin. Un suicide fictif me... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Joan Foster a été une enfant obèse, une jeune fille cherchant à échapper à sa mère, une épouse très dévouée et une auteure à succès de romans à l'eau de rose, sous un nom de plume. Depuis toujours, elle cherche à maîtriser ou transformer sa vie. En vain puisqu'elle ne satisfait jamais aux exigences des autres ni aux siennes. « Ma mère était un vortex, une sombre vacuité, jamais je ne serais capable de la rendre heureuse. Ni personne d'autre. Peut-être était-il temps que j'arrête d'essayer. » (p. 340) Joan décide donc de disparaître pour se réinventer. « J'avais planifié soigneusement ma mort ; pas comme ma vie, dont les méandres défiaient mes faibles tentatives de contrôle. » (p. 4) Mais il n'est pas si facile de se faire oublier et d'effacer la personne que l'on a été.

Le roman s'ouvre sur cet aveu de fuite, puis remonte à rebours l'existence de cette malheureuse Joan. Son surpoids morbide avait des airs de protection et de provocation à l'encontre de sa mère, femme dont elle a toujours douté de l'amour. Ce n'est qu'auprès de sa tante Lou qu'elle trouvait un peu de tendresse, mais aussi qu'elle a découvert l'ésotérisme et l'écriture automatique qui la conduira, adulte, à rédiger Lady Oracle, succès phénoménal dans le monde du féminisme et de l'occultisme. Quand elle quitte enfin le Canada, elle espère trouver un refuge sur le vieux continent. « Je cherchais une ville où déménager, où je serai libre de ne pas être moi-même. Je ne voulais rien de trop différent ni même d'étonnant. Je voulais juste m'intégrer quelque part sans être connue. » (p. 144) Mais elle tombe rapidement sous la coupe du Compte polonais, puis sous celle d'Arthur, militant exalté qui ne sait rien de ses activités d'écrivain. Patiente et résignée, elle accepte de son mieux ce que la vie lui offre. « Si vous vous trouvez coincée dans une situation dont vous ne pourrez vous tirer gracieusement, autant prétendre que vous l'avez choisie. Sinon vous aurez l'air ridicule. » (p. 155) Joan est cependant hantée par des rêves et des visions de ce qu'elle est ou était et elle se perd dans les contours mouvants et mal définis de son identité. « D'accord, j'avais deux vies, mais certains jours de cafard, j'avais l'impression qu'aucune d'entre elles n'était totalement réelle. » (p. 224)

Un roman de Margaret Atwood, c'est toujours le gage d'une écriture fine et exigeante et d'un portrait de femme forte et complexe. Hélas, la toute fin de ce roman m'a vraiment déçue, faisant retomber toute la tension comme un soufflé. Envie de dire « Tout ça pour ça ? » Vraiment dommage, car ce roman était excellent jusqu'aux dernières pages. Ou peut-être n'ai-je pas compris le sens profond de ces dernières... Si vous avez lu ce roman, j'attends votre interprétation !

De Margaret Atwood, je vous recommande chaudement La servante écarlate ou C'est le coeur qui lâche en dernier.
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"Lady Oracle" est le premier roman de Margaret Atwood que j'ai lu... et qui m'a donné envie d'en lire d'autres.

L'autrice dépeint magistralement sur 550 pages une vie, une femme, une disparition, le souhait d'une nouvelle existence, la désillusion. J'ai employé dans toute cette phrase le déterminant "une", mais j'ai eu tort, et c'est d'ailleurs, à mon sens, le véritable sujet de ce roman : Joan Foster, le personnage principal n'est pas une mais plusieurs. "Lady Oracle" est donc le récit de plusieurs vies ; vies que le personnage ne parvient pas à réunir, à harmoniser, et elle ne se sent bien dans aucune. Margaret Atwood nous tend ainsi un miroir et nous invite, à travers son héroïne à considérer nos personnages/personnalités multiples de compagne/compagnon, d'employé/employeur, de père/mère de famille. Avec cette question en suspens durant tout le livre de qui somme nous vraiment parmi tout ces rôles que nous nous donnons en permanence.

Le dernier tiers du roman fait oublier les quelques longueurs et errances du milieu qui m'ont un peu ennuyé. le tout est très bien maitrisé et le fond pertinent et bien traité. Je conseille !
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Je connais cette auteur grâce à la série La servante écarlate puis par la découverte de son livre les 9 contes que j'ai bien aimé d'ailleurs.
En allant à la bibliothèque, je suis tombée sur cet autre titre et je suis repartie avec.

J'ai mis du temps à rentrer dans l'histoire. J'ai ramé lors de la première partie, puis au fur et à mesure, je me suis attachée à cette enfant, à sa tante et à sa vie complètement loufoque.
J'ai aimé la voir rebondir de mensonge en mensonge en se dépatouillant à chaque fois pour s'en sortir. Plus les pages défilaient, plus elle s'enlissait dans ses différentes vies jusqu'à se laisser dépasser par les événements.
Toutefois, j'ai été déçue par la fin. Je m'attendais à en savoir plus. Sam ? Arthur ? Allait-elle se défiler une fois de plus ? Allait-elle faire face à tous ses mensonges ? Une proposition est suggérée, mais ce personnage étant capable de tout, nous ne pouvons pas en être sûrs.
J'ai eu cette désagréable impression de lecture inachevée, qu'il manquait des pages à ce livre.

Un livre que je conseille tout de même, peut-être aurez-vous un autre ressenti que le mien pour cette fin non couchée sur le papier.
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Je crois que je ne m'attendais pas à ça...

N'ayant lu de Margaret Atwood que "La servante écarlate", sans doute m'imaginais-je -bêtement- retrouver un récit dans la même veine, oscillant entre roman d'anticipation et chronique intime...
Bon, si "Lady Oracle" n'a rien d'un roman d'anticipation, l'intime, en revanche, y tient une bonne place. Autre point commun -oui, cela fait tout de même déjà deux- avec "La servante écarlate", c'est que nous y sommes guidés par la voix d'une femme, personnage central du récit.

L'histoire commence en quelque sorte par sa fin : la narratrice, Joan Foster, une quadragénaire canadienne, s'est exilée dans un petit village italien après avoir mis en scène sa soi-disant mort par noyade, pour des raisons qui ne nous sont pas explicitées d'emblée. Elle y loue une maison qu'elle a déjà occupée lors d'un séjour touristique effectué avec Arthur, qu'elle évoque souvent, qui semble avoir été son compagnon.

Voilà pour le présent.
Car ensuite, Joan nous emmène plusieurs décennies en arrière, à l'époque où elle n'était encore qu'une petite fille, puis se remémore les différentes étapes de son existence, éprouvant un besoin désespéré de comprendre comment et pourquoi elle se retrouve seule, à des milliers de kilomètres de son pays (le Canada) et de ses proches, dont la plupart la croient morte.

Enfant obèse et maladroite, Joan a, dès son plus jeune âge, subi une guerre sournoise l'opposant à une mère qui la considérait comme un "accident".
Une guerre menée à coups de kilos, la fillette comprenant intuitivement qu'il s'agissait là d'une arme efficace pour faire honte à sa mère (qui a tenté par tous les subterfuges imaginables de la faire maigrir), de la mettre face à un échec. A moins que son surpoids n'ait représenté une forme de protection, un moyen de se faire trop imposante pour qu'on puisse l'oublier ?
Quant au père, absent jusqu'au cinq ans de sa fille car engagé en Europe dans la seconde guerre mondiale, il brillera dès son retour par sa morne indifférence.
Les seuls moments de joie et de réconfort de son enfance furent ceux passés avec sa tante Lou, que son indépendance et son exubérance faisaient passer pour une originale.

Joan gardera toute sa vie des séquelles de son obésité et de ses relations violentes avec sa mère. Parvenue à l'âge adulte, pourtant amincie, elle continue d'être hantée par une image d'elle-même humiliante, inspirée de son apparence antérieure, qu'elle ne parviendra jamais à refouler totalement. Sa vie de femme ne sera jamais réellement épanouissante, plombée par le secret dont elle entoure le cauchemar de ses jeunes années.
A ce secret s'en ajoute un autre : elle écrit sous un nom de plume et en toute confidentialité une série de romans mêlant suspense et eau de rose, fait qu'elle préfère cacher à son compagnon, et à leur entourage, composé d'activistes intellectuels de gauche, par crainte de leur probable condescendance. Elle mène ainsi plusieurs existences parallèles, chacune étant respectivement peuplée de personnages différents.

Joan Foster est en somme une femme qui cultive de multiples facettes parce qu'elle ne parvient pas à s'accepter dans son "entièreté". L'isolement qui fait suite à sa disparition est l'occasion, non pas de s'interroger sur celle qu'elle est vraiment, mais d'essayer de rassembler ces différentes facettes pour les faire coexister et les assumer toutes ensemble.

J'ai beaucoup aimé l'écriture de Margaret Atwood, juste dosage d'efficacité et d'élégance. La complexité de son héroïne, la justesse et la précision avec lesquelles elle évoque ses failles, rendent le récit touchant.
En revanche, je n'ai pas bien compris l'intérêt d'intégrer dans cette histoire la fuite de Joan et son pseudo décès, ainsi que d'autres éléments qui ont probablement pour but d'enrichir la trame romanesque de l'intrigue (je pense notamment, pour ceux qui auraient lu "Lady Oracle", à l'épisode de la bombe), mais qui à mon avis étaient dispensables, dans la mesure où ils apportent plus de confusion que de densité au roman. Ce point a quelque peu gâché mon plaisir, et j'avoue avoir du coup trouvé ce titre moins passionnant que "La servante écarlate".
Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
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Joan n'est pas bien dans sa peau et donc dans sa vie. Ancienne grosse, elle n'accepte toujours pas le regard des autres, ment comme elle respire, se protège comme elle peut, mais accumule les rencontres improbables. Elle a décidé de faire la morte pour ses amis, son petit ami, son amant etc. La raison? Et si on revenait à la jeunesse de cette femme pour expliquer les raisons de cette lourde décision.
Un long roman sur le destin d'une fille mal aimée, qui gagnera beaucoup d'argent si elle décide de perdre 50 kilos. Entre une mère superbe mais instable, des petits amis tous aussi psychologiquement instables, un métier à double facette, Joan a appris très jeune à ne compter sur personne, à ne permettre à personne de savoir qui elle était vraiment. Mais qui est-elle vraiment? A force de mentir, de se mentir, ses repères sont affectés, elle perd pied, n'ose pas reconnaître qu'elle s'est embourbée dans une vie tissée de faux-semblants. Une jeune fille mal aimée par sa mère et ses camarades d'école qui devient mythomane en guise de protection et lui permettre de tracer sa vie sans le regard des autres. Mais son talent pour l'écriture la met au devant de la scène. Tout explose. Lady Oracle raconte cette femme, cette perte des repères, ce manque d'amour. 550 pages pour un récit longuet, sorte de comédie satirique sur une jeune femme en découverte d'elle-même. Peu intéressant, voir même peu pertinent, le personnage principal féminin est incohérent, accumule les rencontres foireuses, n'apprend pas de son passé pour reconquérir son futur. Elle stagne sans prise de risque (la décision de se faire passer pour morte révèle du grand 'importe quoi), la vengeance ne semble pas dans sa ligne de mire alors que cette prise de conscience aurait été jouissive à découvrir & à relever. Lady Oracle ne restera pas dans les grands livres de Margaret Atwood.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Arthur me disait toujours de ne pas boire autant. Il n’était pas grand buveur lui-même, mais il avait l’habitude d’apporter de temps en temps une bouteille à la maison et de la laisser bien en vue. Je suppose que j’étais pour lui comme une boîte de jeu de petit chimiste, secrètement il aimait me mélanger, il savait que quelque chose d’excitant se produirait. Cependant il n’était jamais certain du résultat, ni de ce qu’il voulait ; si j’avais su, cela aurait été plus facile.
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La vie avait été dure pour elles et elles ne s’étaient pas défendues, elles s’étaient effondrées comme des soufflés par grand vent. L’évasion n’était pas un luxe pour elles, c’était une nécessité. Il fallait qu’elles l’obtiennent d’une façon ou d’une autre. Et lorsqu’elles étaient trop fatiguées pour inventer leurs propres évasions, les miennes étaient disponibles au drugstore du coin, soigneusement emballées comme les calmants.
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« Si Desdémone avait été obèse, qui se soucierait de la voir étrangler ou non par Othello ? » (p. 52)
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Ma vie passée comme ma vie intérieure l’auraient horrifié, un peu comme s’il avait demandé un steak et récupéré une vache ensanglantée.
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Les pleurs bienséants étaient un autre de ces arts dont la maîtrise m’avait toujours échappé, comme celui de poser des faux cils. J’aurais dû avoir une gouvernante, j’aurais dû aller au pensionnat pour jeunes filles et me faire attacher une planche dans le dos et apprendre l’aquarelle et le self-control.
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Vidéo de Margaret Atwood
Bernardine Evaristo nous parle de « Manifesto ».
Ne jamais abandonner: telle est la devise que n'a cessé de suivre Bernardine Evaristo tout au long de son extraordinaire trajectoire. Née d'un ouvrier nigérian et d'une institutrice anglaise, l'autrice de Fille, femme, autre – qui lui a valu le Booker Prize en 2019 aux côtés de Margaret Atwood – raconte ici son enfance dans la banlieue londonienne des année 1960, ses épreuves, le racisme, les injustices, mais aussi la foi inextinguible et joyeuse qui l'a guidée dans ses nombreuses aventures. Autoportrait de l'artiste en femme rebelle, passionnée et touche-à-tout, Manifesto nous entraîne dans les coulisses d'une vie trépidante, faite de voyages, d'amours, de poésie, de théâtre et d'engagements. Ce texte intime jette un regard neuf sur quelques-unes des questions essentielles de notre époque – le féminisme, la sexualité, le militantisme, le communautarisme.
Avec panache, humour et générosité, Bernardine Evaristo nous invite, chacune et chacun, à devenir ce que nous sommes, envers et contre toutes les formes d'oppression.
Traduit de l'anglais (Royaume-Uni) par Françoise Adelstain
Actuellement en librairie
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