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sur 2304 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Absurde. C'est le premier mot qui me vient quand je pense à ces trois nouvelles. le thème est identique dans les trois, l'introspection, la quête d'identité, la vacuité d'être. Auster a un talent indéniable de conteur et il nous emporte avec une grande facilité dans ces histoires alambiquées et sans fin. Malheureusement pour moi, il m'a laissée sur le bord du chemin. J'ai insisté et lu les trois nouvelles jusqu'au bout me disant que, peut-être, la dernière me donnerait un semblant de réponse sur la démarche de l'auteur. Ce ne fut pas le cas et je pense que Paul Auster est de ces génies qui resteront pour toujours hermétiques à certaines personnes et limpides à d'autres. du coup, j'ai un peu l'impression d'être l'huître qui ne sait pas qu'elle contient une perle et j'ai baillé ferme.
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Première rencontre avec Paul Auster, La trilogie new-yorkaise est une lecture sur laquelle j'ai envie de revenir car la première m'avait laissée perplexe : si j'avais d'emblée adhéré à la plume de l'auteur dont la fluidité fait que l'on se coule très naturellement dans ses mots, j'ai manqué de points d'appuis pour pénétrer et apprécier pleinement ses trois récits. Ce qui n'est finalement pas surprenant étant donné que tout le sel d'Auster réside dans l'instabilité, les lignes de fuite et le parcours labyrinthique qu'il imprime à ses fictions.
La connexion s'étant faite depuis avec Moon palace puis d'autres, je suis à peu près convaincue qu'une deuxième lecture me révélera des clés qui m'étaient cachées la première fois.
Il y a pourtant bien évidemment un point d'appui qui ne m'a pas manqué dans cette trilogie : le "personnage" central de New-York, ténébreuse, lumineuse, tentaculaire, poétique et terrifiante à la fois, ville dont on sent que l'âme est profondément métabolisée par l'auteur qui la restitue comme un poète amoureux de sa créature.
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Cité de verre
Quinn est un auteur de polar de 35 ans, solitaire et sans ambition. Il écrit sous le pseudonyme de William Wilson et met en scène les aventures de Max Work. « Alors que William Wilson restait pour lui un être abstrait, Work était devenu de plus en plus vivant. Dans cette trinité que formait désormais Quinn, Wilson avait un peu la fonction de ventriloque, Quinn servait de marionnette et Work était la voix pleine de vie qui donnait un but à l'entreprise. Même si Wilson n'était qu'une illusion, il justifiait l'existence des deux autres. Même s'il n'était pas réel, il constituait le pont grâce auquel Quinn accédait de lui-même à Work. Et, petit à petit, Work était devenu une présence dans la vie de Quinn, son frère intérieur, son camarade de solitude. » (p. 19) Un soir, Quinn reçoit un appel d'un homme qui demande à parler au détective Paul Auster. Sans trop savoir pourquoi, Quinn prétend être cet homme et va rencontrer Peter Stillman qui craint pour sa vie et souhaite être protégé. S'ensuit alors une étrange enquête qui mène Quinn sur les traces du langage, de sa création et de son évolution, à la suite de Stillman père qui se croit investi de la mission de sauver le monde par les mots. « Voyez-vous, le monde est en fragments, monsieur. Et c'est à moi que revient la tâche de recoller les morceaux. » (p. 112)

Revenants
« L'affaire semble relativement simple. Blanc voudrait que Bleu file un dénommé Noir, qu'il le tienne à l'oeil aussi longtemps qu'il le faudra. » (p. 189) Alors, pendant des mois, Bleu surveille Noir qui habite l'appartement en face du sien. Cette surveillance est vaine et ennuyeuse, car Noir ne fait que lire et écrire. Comme Bleu. « Car en épiant Noir de l'autre côté de la rue, c'est comme si Bleu regardait dans un miroir, et au lieu de simplement observer quelqu'un d'autre, il découvre qu'il s'observe aussi lui-même. » (p. 201) Mais allez savoir, peut-être que cette mission de surveillance est vitale… « Il a besoin de mes yeux braqués sur lui. Il a besoin de moi pour prouver qu'il est en vie ! » (p. 251)

La chambre dérobée
Fanshawe a disparu. Un de ses amis, le narrateur, rencontre son épouse et son jeune fils. Sa mission est d'évaluer si les écrits de Fanshawe sont assez bons pour être publiés. Il paraît rapidement évident que les textes de Fanshawe sont des chefs-d'oeuvre et ils confèrent à l'auteur introuvable une renommée mondiale. Pendant ce temps, le narrateur et l'épouse esseulée sont tombés amoureux. « Mais qui ne saisirait pas à bras-le-corps la chance de se racheter – quel est l'homme qui est assez fort pour rejeter la possibilité d'espérer ? » (p. 285) Hélas, l'ombre de Fanshawe plane sur le couple et le nouveau mari, dans la crainte de perdre ce qu'il pensait ne jamais obtenir, ourdit des plans terribles. Car la chambre dérobée, c'est la chambre conjugale de Fanshawe, mais également sa place sociale.

******

« En fait, l'écrivain et le détective sont interchangeables. » (p. 22) En effet, l'un comme l'autre cherche des réponses ou un sens aux choses. Dans ses trois romans, Paul Auster s'attache à dépeindre le naufrage du sens et l'incompréhension du monde qui va jusqu'à l'errance et la disparition. Tout cela est dû à une mise en échec du langage qui devient peu à peu impropre à qualifier ce qu'il désigne. Cette évolution négative du langage va de pair avec l'instabilité des identités. S'il semble au premier abord que le changement de nom confère une liberté infinie, il apparaît finalement que la mouvance des identités emprisonne le personnage dans tout ce qui n'est pas lui en l'empêchant d'y avoir accès, si jamais il en était capable. Cette trilogie romanesque met à l'honneur New York, ville labyrinthique par excellence et nouvelle Babel avec des milliers de tours à abattre qui sont autant de preuves de l'orgueil des hommes. Vous sentez-vous étouffé par ces gigantesques parois de verre qui laissent passer si peu de choses ? C'est normal. L'asphyxie du sens se répand à toute chose et la ville devient le cercueil de ceux qui ne savent plus où se regarder pour se trouver.

Cette trilogie offre de nombreux niveaux de compréhension et regorge de références littéraires. En outre, les incessants renvois d'un roman à un autre tissent un plan complexe entre les trois textes et il faut bien plus qu'une boussole pour y trouver son chemin. Je suis tout à fait ravie de cette relecture qui me permet d'apprécier une nouvelle fois ces trois romans et de tenter d'en percer les mystères.
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J'avais commencé ma découverte de Paul Auster par cette trilogie et malheureusement je n'y avait pas compris grand chose, mais surtout, je n'avais pas du tout apprécié le style.

Il m'a fallu attendre de longues années pour me jeter à nouveau à l'eau, cette fois-ci avec M. Vertigo. Je n'ai plus lâché Paul Auster suite à ça.

Je sais que cette trilogie est reconnue comme chef d'oeuvre, qu'elle a révélé son auteur, l'a consacré, pourtant j'y ai été hermétique; Connaissant beaucoup mieux l'auteur aujourd'hui, peut-être devrais-je réessayer, bien que ce ne soit pas ce style de Paul Auster que je préfère.

Il ne s'agit en fait pas d'une critique du tout, mais plutôt d'une sorte d'avertissement, visant à vous inciter à ne pas commencer par là si vous tenez à découvrir Paul Auster, qui est un écrivain sublime.
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Tome 1: Cité de Verre. 186 pages. Un écrivain dépressif se retrouve à jouer les détectives privés pour un couple étrange qui le charge de suivre un homme récemment libéré de prison.

Cette histoire est basée sur les apparences et raconte les errances urbaines et psychologiques d'un personnage happé par ses illusions.

Tome 2: Revenants. 82 pages. Un détective privé est engagé pour surveiller un homme et s'installe face à son appartement pour épier ses moindres gestes.

Ici encore, nous suivons un personnage happé par une enquête qui finit par phagocyter toute sa vie et ses pensées.

Tome 3: La Chambre dérobée. 172 pages. Un critique est contacté par la femme de son ami d'enfance, celui-ci ayant disparu. Elle le charge de faire publier l'oeuvre méconnue de son mari.

Ce dernier tome est un peu différent des précédents, les faits étant plus concrets et le personnage moins isolé, du moins dans la première partie. Cette fois, c'est le fantôme d'un disparu qui s'immisce dans la vie des protagonistes, au point de devenir une obsession incontrôlable.

Dans ces trois histoires, les thèmes sont sensiblement les mêmes: on assiste à la déliquescence d'esprits hantés par des obsessions liées à d'autres personnes. Il est question de repli sur soi, d'introspection et de tourments intérieurs.

Globalement, les réflexions étaient assez intéressantes, mais j'avoue que je n'ai pas réellement apprécié les histoires, qui restent finalement assez abstraites. Ajoutons à cela que les textes sont bourrés d'auto-références pas toujours bien claires (la postface apporte quelques lumières sur l'ensemble de la trilogie, cependant) et qu'on n'a jamais vraiment de réponses aux « mystères » posés, parce que le but n'était pas là.

Par moments, on doute de la réalité des faits rapportés, on se demande si les protagonistes ne sont pas juste en train d'halluciner, compte tenu des circonstances étranges et de la bizarrerie des personnages qu'ils rencontrent ou cherchent. En général, ce genre d'incertitude me plaît, mais ici ça n'a pas vraiment fonctionné pour moi. Dans l'ensemble, je ne me suis pas réellement sentie concernée, même si la fluidité de la plume et certaines réflexions m'ont semblé intéressantes, j'ai eu l'impression que l'auteur aimait un peu trop « s'écouter parler », en quelque sorte.

Bref, j'ai été déçue, mais je ne regrette pas d'avoir (re*)découvert l'auteur et un de ses écrits emblématiques, même si je ne pense pas me tourner à nouveau vers ses livres à l'avenir.

*J'avais lu il y a trèèès longtemps le Livre des Illusions, dont je garde un souvenir plutôt vague, mais globalement positif.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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N°497– Janvier 2011.
REVENANTS – Paul AUSTERActes Sud.
Traduit de l'américain par Pierre Furlan.

Trois personnages principaux à qui l'auteur donne des noms de couleurs : Bleu, Blanc, Noir. Un lieu : New-York près du Pont de Brooklyn. Une année : 1947. voilà pour le décor. le narrateur de cette histoire demeure inconnu.

Blanc demande à Bleu de surveiller Noir et pour cela lui loue un appartement depuis les fenêtres duquel il peut voir Noir et observer ses faits et gestes. Il devra seulement, contre paiement, établir des rapports hebdomadaires qu'il déposera dans une boîte postale. C'est donc un travail facile d'autant que Bleu est détective privé. Ce qu'il voit au début, c'est que Noir écrit beaucoup. Cela semble être sa seule activité. Cette filature monopolise tout le temps de Bleu qui ainsi néglige sa fiancée a point de ne plus lui téléphoner. Cela laisse pour lui la place aux craintes, voire aux fantasmes... A force de rédiger ses rapports qui n'entraînent aucun commentaire, Bleu en vient à douter du bien-fondé de sa tâche. Suivre Noir lui paraît inutile tant il lui semble que sa vie ne recèle aucun secret. A partir de ce moment, il se libère lui-même de son travail en s'accordant des répits, mais lors d'un de ces moments de liberté il s'aperçoit que sa fiancée lui préfère un autre homme. Il l'interpelle, lui apparaît « comme un revenant » et prend conscience qu'il a perdu toute chance de vivre heureux. Il se rabat sur Violette, une prostituée qui lui donne du plaisir. Il va aussi au cinéma parce qu'il aime les salles obscures et parce que « les images à l'écran ont une certaine ressemblance avec les pensées qui défilent dans sa tête ». Est-ce le fait d'assister à la projection du film « la griffe du passé » qui lui fait remonter le temps et revenir à l'histoire du pont de Brooklyn et à la vie de son propre père ? Il en déduit que les vivants sont entourés de « revenants » puisqu'il est aussi question au cours de ce texte des écrivains américains tels que Walt Withman ou de Nathaniel Hawthorne

En même temps que cette révélation, Bleu prend conscience que les mots qu'il utilise dans ses rapports sont insuffisants, inexpressifs pour parler complètement de Noir. Il décide donc, pour mieux sérier sa personnalité de faire ce qu'il fait, de lire ce qu'il lit... de même il s'aperçoit que cette tâche lui paraît bizarre et même impersonnelle. L'appartement est loué au nom de Blanc mais occupé par Bleu, les paiements se font par mandat et non par chèque. Est-ce là la certitude de vivre sa vie par procuration, comme si celle de Bleu se confondait avec celle de Noir ? le temps passe ainsi sans que rien ne se produise et par une sorte de jeu de miroir, Bleu s'aperçoit qu'il n'est plus maître de cette activité d'observation. D'observateur, il devient observé, et par Noir lui-même, et ce d'autant plus que, nous l'apprendrons plus tard, Noir est lui-même un détective privé, chargé, dans les mêmes conditions d'établir des rapports sur les activités de Bleu. Ce dernier en vient à douter de sa propre personne, de sa propre tâche. Il en vient à penser qu'il est, en quelque sorte, désincarné, dépossédé de lui-même par cet homme qui joue ainsi un double jeu sans qu'il comprenne bien pourquoi.[« Car en épiant Noir de l'autre côté de la rue, c'est comme si Bleu regardait dans un miroir, et au lieu de simplement observer quelqu'un d'autre, il découvre qu'il s'observe aussi lui-même »]. Est-ce un message sur la précarité de l'identité, sur l'angoisse inévitable que génère pour un homme le fait de n'être rien, de ne servir à rien ? C'est un peu comme si, en rédigeant des rapports sur Noir, Bleu écrivait sur lui-même, comme si l'écriture avait le rôle progressif du bain révélateur dans le processus du développement photographique.

Ce livre est présenté comme le deuxième volume d'une trilogie new-yorkaise[« la cité de verre » - « La chambre dérobée »]. On peut le lire comme un thriller. Moi, j'ai choisi de le voir comme un « roman à énigme » dont nous n'aurions même pas, à la fin, la moindre explication. Elle serait même laissée à la seule imagination du lecteur. (La dernière phrase est ainsi rédigée « A partir de ce moment-là, nous ne savons plus rien. »). Cela me paraît être révélé par le procédé de « mise en abyme » qui est inhérent à ce récit. le lecteur s'aperçoit que les annotations qu'a faites Bleu sur Noir et qui sont consignées sur des feuilles, servent de trame au roman qu'il vient de lire. [« Ça à l'air d'un gros livre » dit Bleu à Noir quand il aperçoit une liasse de feuilles posées sur sa table]. Ce n'est autre que les rapports qu'il a lui-même adressés à Blanc sur les activités de Noir !
Les personnages eux-mêmes ont la transparence et la consistance d'un ectoplasme, une sorte de non-existence [ils portent des noms de couleurs primaires] qui déstabilise le lecteur tout comme les nombreuses digressions qui émaillent le récit. Par une sorte de jeu de miroirs, il est est complètement perdu, se demandant qui est qui et qui fait quoi ! Bleu et Noir sont devenus interchangeables au point que la personnalité de l'un éclaire celle de l'autre, ou la complique...

Paul Auster pose des questions existentielles et, malgré les apparences, n'offre nullement une histoire policière dont nous aurions la solution à la fin. Je choisis d'y voir une méditation sur la solitude, sur la condition humaine, sur sa propre identité dans un monde de plus en plus déshumanisé et anonyme, et même sur le rôle de l'écriture et de l'écrivain [« L'écriture est une occupation solitaire qui accapare votre vie. Dans un certain sens un écrivain n'a pas de vie propre. Même lorsqu'il est là, il n'est pas vraiment là. »]. C'est un peu comme si lui, qui est le maître de cette fiction, avouait qu'il en est en réalité étranger, peut-être seulement le simple transcripteur, le transitoire et transparent témoin, seulement là pour livrer au lecteur ce qu'il voit, ce qu'il croit voir ou ce qu'il imagine. D'une certaine façon, il est un de ses personnages, aussi mystérieux qu'eux !

Paul Auster évoque avec ce court roman un univers kafkaïen à la fois cauchemardesque, oppressant et absurde. Cela me plait bien et me donne envie d'en explorer les arcanes.

N°500 – Février 2011.
LA CHAMBRE DÉROBÉE - Paul AUSTER– Actes sud.
Traduit de l'américain par Pierre Furlan.

Ce roman s 'ouvre sur l'écrivain américain Fanshawe, où plus exactement sur son fantôme. Cet homme semble avoir disparu et probablement est mort puisque sa femme Sophie contacte le narrateur, qui est aussi critique littéraire, mais également l'ami d'enfance de son défunt mari, pour qu'il juge si son oeuvre demeurée inédite, est digne d'être publiée. En cela elle exécute une de ses dernières volontés explicitement exprimées. Non seulement les poèmes, romans et pièces de théâtre de Fanshawe sont éditées et sont un succès, mais le narrateur, sur la demande expresse de son ami, épouse sa femme et adopte son fils. Il lui propose en quelque sorte une vie par procuration ou, si l'on veut, une certaine forme d'imposture. Par la suite, non seulement le narrateur apprend que son ami n'est pas mort, mais ce dernier lui enjoint de n'en rien dire à Sophie et surtout de ne pas chercher à le retrouver. S'ouvre donc avec son épouse une période de vie commune qui sera heureuse bien que fondée sur le mensonge. Devant la réussite littéraire de la publication posthume, on demande au narrateur de rédiger une biographie de Fanshawe. A partir de ce moment, il va découvrir un être différent du garçon qu'il a connu enfant et prendre conscience qu'il a fait une erreur en acceptant ce travail qu'il finira par abandonner. Derrière l'élève brillant qu'il admirait, il découvre un jeune homme distant de ses parents, abandonnant ses études pour fuir sa famille et qui refuse d'éditer ses écrits pourtant prometteurs. Dès lors, il ne sait plus si Fanshawe est toujours vivant où s'il se confond avec l'image de la mort. A la fin, il lui révèle son existence qui ressemble à une fin de vie en lui confiant un cahier manuscrit passablement abscons « Tous les mots m'étaient familiers, mais ils semblaient pourtant avoir été rassemblés bizarrement , comme si leur but final était de s'annuler les uns les autres... Chaque phrase effaçait la précédente, chaque paragraphe rendait le suivant impossible. » . C'est un peu comme si le narrateur et probablement Auster lui-même, considéraient l'écriture comme une impossibilité !

Il est curieux que le nom de Fanshawe donné à cet écrivain soit en réalité le nom d'un roman écrit par Nathaniel Hawstorne, auteur américain [1804-1864] dont il est question dans « Revenants » qui est le deuxième roman de cette « Trilogie New-Yorkaise ». Son épouse se prénomme Sophie, tout comme celle de Hawstorne. Cela dit, Auster, avec ce roman labyrinthique écrit à la première personne, avec ses fréquentes digressions, tisse un suspens qui confine à l'interrogation, à tout le moins en ce qui me concerne. Au cours de ce récit, Auster lui-même (le narrateur?) lors d'une de ces parenthèses qu'il affectionne, révèle que ce roman se rattache à sa « Trilogie new-yorkaise », précisant «  Ces trois récits sont la même histoire, mais chacun représente un stade différent de ma conscience de ce à quoi elle se rapporte... Si les mots ont suivi, c'est que je n'ai pu faire autrement que de les accepter. Mais cela ne rend pas les mots nécessairement importants. Il y a longtemps que je me démène pour dire adieu à quelque chose, et, en réalité, seule cette lutte compte. ». Que doit-on comprendre ici ? Que les mots sont un simple outil pour exprimer la pensée, qu'ils peuvent se dérober, que l'écriture est un moment de sa vie qu'il souhaite peut-être abandonner ? Est-ce une fascination pour la mort ou pour la quête perpétuelle d'une chose impossible à atteindre ? Est-ce une interrogation métaphysique sur le sens de la vie [« Les vies n'ont pas sens. Quelqu'un vit puis meurt et ce qui se passe entre les deux n'a pas de sens »], sur la destinée, sur la solitude, sur la quête que quelque chose dont on porte la réponse en soi-même ?[« Cette chambre, je m'en apercevais à présent, était située sous mon crâne »].

Ce roman qui clôt la série de la « Trilogie new-yorkaise » est d'une lecture facile mais m'a quand même laissé dubitatif. Pour autant, je continuerai à explorer l'univers de l'auteur à cause d'une attirance que je ne m'explique pas moi-même.

N°506 – Février 2011.
CITE DE VERRE – Paul AUSTER Actes Sud.
Traduit de l'américain par Pierre Furlan.

C'est le 1° roman de la trilogie new-yorkaise de Paul Auster (la Feuille Volante n° 497 et 500). Bizarrement, j'ai l'impression qu'il faudrait en commencer la lecture par la fin. En effet, c'est un étrange récit raconté par un narrateur qui écrit : « Je suis rentré en février de mon voyage en Afrique... J'ai téléphoné à mon ami Paul Auster...(il) m'a expliqué le peu de choses qu'il savait de Quinn puis il a continué à me décrire l'étrange affaire dans laquelle il il avait été fortuitement impliqué ».

Un lecteur attend d'un roman qu'il lui raconte une histoire, mais comme souvent chez Auster, cela ne se passe pas exactement comme cela. Ici l'histoire existe, certes, mais elle est non seulement compliquée, fait intervenir des personnages inattendus, parfois furtifs, parfois quasi-réels que l'auteur abandonne, explore des thèmes de réflexion intéressants, brouille parfois le jeu... Ici le narrateur prend la parole en premier, évoque Daniel Quinn, écrivain new-yorkais de romans policiers. Il a 35 ans, a perdu son épouse et son fils et vit seul, modestement et sans grandes ambitions. Il signe ses romans policiers du nom de William Wilson [C'est le nom d'une nouvelle d'Edgar Poe écrite sur le thème du double]. Ce n'est pas là une simple fantaisie d'auteur puisque puisqu'il nous est dit que « Même s'il n'était qu'une invention, s'il était né de Quinn, il menait désormais une vie indépendante ». Quinn met également en scène dans ses romans un personnage fictif du nom de Max Work, détective privé, mais qui, avec le temps prend de la consistance au point que Quinn voit le monde à travers lui [il est intéressant de s'attarder sur le jeu de mots qui nous est offert entre « I » et « eye »]. Il peut donc s'agir d'un prétexte qui joue sur le dédoublement d'un même personnage.

En pleine nuit, Quinn reçoit un coup de téléphone et l'interlocuteur demande à parler au détective privé du nom de... Paul Auster ! Il ne peut donc s'agir que d'une erreur. Pourtant la voix se fait convaincante, parle de danger de mort et Quinn accepte de rencontrer une femme énigmatique, Virginia Stillman, mariée à Peter, jeune homme mystérieux qui prétend que son père qui l'a torturé pendant toute son enfance veut l'assassiner. Peter se révèle étrange, tient des propos désordonnés sur la vie, sur son épouse, sur Dieu et émet des doutes sur son propre nom. Quinn accepte un chèque à l'ordre d'Auster pour protéger Peter, découvre le père Stillman (qui s'avère, dans un premier temps être deux personnages), mène son enquête en notant ses remarques sur un cahier rouge. Il suit donc Stillman à travers New-York, reconstitue ses itinéraires aléatoires, en donne des interprétations qui se révèlent être erronées, étudie ses habitudes... Cet homme souhaite inventer un nouveau langage [« Un langage qui dira enfin ce que nous avons à dire. Car les mots que nous employons ne correspondent plus au monde »].
Quinn fait des rapports téléphoniques réguliers à Virginia Stillman et, à l'instar de son héros Max Work, se met à désirer ardemment cette femme. Quinn finit, sous son vrai nom par rencontrer le père Stillman. Chacune de leurs rencontres est quelque peu surréaliste, soit il est question de la quête d'objets hétéroclites, soit Quinn se fait passer pour le fils de Stillman que celui-ci ne reconnaît pas, soit Quinn qui se présente comme étant Henry Dark. Il se trouve que ce nom, choisi par hasard par Quinn correspond au personnage d'un roman que Stillman a écrit autrefois. [ Et les initiales H.D. lui évoquent Humpty Dumpty, personnage en forme d'oeuf du roman de Lewis Caroll « De l'autre côté du miroir » !]
Puis Stillman disparaît (nous saurons plus tard qu'il s'est suicidé en se jetant du pont de Brooklyn), Quinn rencontre le vrai Paul Auster qui lui avoue être écrivain et non détective,et lui donne le chèque libellé à son nom. Ensemble ils parlent littérature et évoquent Don Quichotte et Cervantes, dissertant à la fois de la folie du chevalier, du bon sens de Sancho Penza et surtout de la façon dont a été écrit le fameux roman puisque Cervantes prétend en avoir trouvé le manuscrit dû à l'auteur arabe Cid Hamet Ben Engeli au marché de Tolède. C'est une manière comme une autre de parler de ce roman dans le roman, de cette mise en abyme tant prisée par Auster, de cet ouvrage où le lecteur se perd et où les noms se mélangent sans qu'on ne sache plus très bien qui est qui.
Puis Auster abandonne sans crier gare l'intrigue initiale autour de Stillman. En effet Quinn constate que le téléphone ne répond plus, que le chèque qu'il avait reçu au non d'Auster est sans provisions... Il décide donc de changer de vie, devient marginal, reprend la rédaction du fameux « cahier rouge » qu'il avait un peu abandonné, revient à son ancien appartement maintenant habité par une femme, puis investit celui de Peter Stillman dont il n'a aucune nouvelle et qui a définitivement disparu. Dans l'état où il se trouve, il constate que William Wilson et Max Work sont morts et que lui-même disparaît petit à petit du décor que les ténèbres envahissent. le cahier rouge n'a d'ailleurs plus de pages. C'est un peu comme si cette histoire s'était révélée transitoire «  Cette affaire avait servi de pont vers un autre lieu de sa vie, et maintenant qu'il l'avait franchi, Quinn en avait perdu le sens. Il ne s'intéressait d'ailleurs plus à lui-même. Il parlait des étoiles, de la terre, de ses espérances pour l'humanité. »
Quant au cahier rouge, la dernière phrase qui y est inscrite est « Que sa passera-t-il quand il n'y aura plus de pages dans le cahier rouge ? » Un familier de l'oeuvre d'Auster notera opportunément que dans un autre roman («  La nuit de l'oracle »), l'auteur accorde aussi une grande importance à un cahier bleu !) ]. de plus, le narrateur, qui prétend s'être brouillé avec Auster à cette occasion, termine par ces mots «  Pour ce qui est de Quinn, il m'est impossible de dire où il se trouve actuellement. ». Une manière comme une autre de laisser son lecteur libre d'imaginer une fin qui lui convienne.

Dans ce roman, il faut noter une nouvelle fois l'art de la narration labyrinthique qui est allié à une imagination débordante. Cela étourdit le lecteur et c'est sans doute l'effet recherché. C'est en effet une sorte de vertige qui ne peut pas ne pas le prendre à la lecture d'un tel roman. Je ne suis pas sûr cependant d'avoir bien tout compris, mais j'ai poursuivi ma lecture jusqu'à la fin, et avec plaisir !
Est-ce une remise en cause du langage et du sens des mots ? Est-ce que Auster s'interroge sur les concepts d'identité ? Veut-il, à l'occasion d'un roman à la fois s'attacher son lecteur et ne pas lui imposer complètement un texte en le laissant libre d'imaginer ce qu'il veut ? Explore-t-il ici une forme de folie qui peut s'emparer des hommes des grandes villes tentaculaires (New-York ?) ou des écrivains qui créent autour d'eux un univers de fiction et des personnages qui peuvent finir par leur échapper ? A chacun de répondre !

©Hervé GAUTIER – Février 2011.http://hervegautier.e-monsite.com

































































































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J'ai entendu tellement de bien de ce roman. Partout ! Je me suis jetée dans cette lecture, comme une personne assoiffée dans le désert qui espère rencontrer un oasis. Hélas, ce ne fut qu'un mirage. J'ai eu beaucoup de mal à comprendre ce récit et à m'y intéresser. Tout au long de ma lecture, j'avais la sensation d'être perdu dans un labyrinthe et de ne plus trouver la sortie.
Il s'agit de trois nouvelles, qui sont à mes yeux, les variations sur un même thème : celui de la solitude d'un homme à New-York. Ces histoires sont différentes tout en étant pareils : les personnages quittent au fur à mesure la société pour n'être plus que des ombres, des fantômes, des âmes errantes dans New-York. Existent-ils toujours ou ne sont-ils que des songes et des souvenirs?
La nouvelle « Revenants » est la plus perturbante. Comme les personnages ont des noms de couleurs (Noir, Bleu, Blanc), cela crée d'emblée une certaine distance avec le lecteur donc il est quasiment impossible de s'identifier à eux. C'est étrange comme sentiment pour un lecteur.
Paul Auster est un auteur pour qui j'ai toujours eu des sentiments ambivalents. D'un côté j'aime beaucoup sa plume, son style d'écriture et je considère qu'il a un réel talent de conteur. Si un autre écrivain avait raconté ce même type de récit, j'aurai abandonné dès le début. Mais il a su me tenir, m'intriguer et je suis allée cahin-caha au bout de ce roman.
Mais d'un autre côté, je n'arrive pas souvent à saisir le fil de ses pensées. Je préfère être honnête en avouant que ces trois nouvelles m'ont déroutée tant elles sont complexes, alambiquées, indescriptibles et absurdes.
Pour terminer, je conseille ce livre à un lecteur aguerri, sinon c'est le naufrage assuré. Pour ma part, je ne peux que donner cette note moyenne, car même si l'ensemble ne m'a pas déplu, je n'ai pas accroché ferme non plus. Peut-être suis-je passée à côté d'un roman exceptionnel ?
Lien : http://leslecturesdehanta.co..
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Jeu d'ombres et de lumières, d'identités partagées, d'identités volées. Une écriture étrange, dépouillée, simple, avec de longues digressions curieuses et intéressantes. Une lecture lente pour le solitaire, un imaginaire riche pour lecteur patient, une traduction fine qui rend service à une oeuvre littéraire décalée.

Thriller. le téléphone sonne. Daniel Quinn, romancier, par curiosité, prend la place de ce Paul Auster, détective privé. Répondant à l'appel de Mme Stillman, il surveille Peter Stillman senior lors de sa sortie 14 années de prison. Peter Stillman, son fils, sa victime, ne dors plus. le mystère s'épaissit. Quinn vit, pense, est Auster. Peter Stillman erre dans New-York apparemment sans but et pourtant ses trajets tracent des signes.

De thriller la nouvelle devient une angoissante chute. Cette mystérieuse relation entre Henry Dark et Peter Stillman, ce curieux Paul Auster qui n'est même pas détective, Peter Stillman et Peter Quinn, le fils disparu de Quinn et les Stillman qui ne répondent plus…

Un jeu de lumière toujours quand, sur commande de l'invisibleM Blanc, Monsieur Bleu surveille Monsieur Noir finissant par lui offrir un black & white en parlant de Monsieur Lerouge et perd sa couleur, son identité, le fil de son existence. Une sorte de bis repetita de la première partie sous un angle différend, un exercice de style. de nouveau, reviennent les thématiques de l'identité, de soi, des mots, de leur valeur, de leur signification.
Intéressant cette explication de l'Amérique puritaine qui fit de la chute de la Tour de Babel, le messianisme américain. Quelques belles balades les rues de Manhattan.

Au final, je trouve un sentiment d'inachevé, trop de longueurs amollissent l'imaginaire, l'étonnement. le premier, la Cité de verre est abouti, le deuxième est expédié et le troisième est long. Il fut refusé par 17 éditeurs et j'avoue comprendre les comprendre. le 18ème y a cru et ce fût le premier succès de Paul auster en 1985.
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Tome 1 - Cité de verre

Quinn, un détective privé, dont la femme et le petit garçon sont morts, reçoit un coup de fil qui ne lui est pas destiné. Il accepte de rencontrer Peter Stillman, un jeune homme perturbé. Celui-ci lui confie avoir été tenu reclu par son père pendant des années. le père, ayant été condamné à de la prison pour ces mauvais traitement envers son fils, sort de prison. Peter Stillman fils confie à Quinn la mission de suivre Peter Stillman Père (celui-ci aurait juré vouloir assassiner son fils). Dans cette mission de filature de Peter Stillman Père, Quinn y perdra son appartement, sa vie, sa raison.
Le début de ce livre est époustouflant, extraordinaire, le monologue de Peter Stilman est passionnant (poétique) :
Peter Stillman (fils) parle en ces termes à Quinn, le détective privé.
"Je suis surtout poète, maintenant. Chaque jour je reste dans ma chambre à écrire un nouveau poème. J'invente tous les mots moi-même, comme lorsque je vivais dans le noir. C'est comme ça que je commence à me souvenir, en faisant semblant d'être revenu dans le noir. Je suis le seul à savoir ce que ces mots signifient. Ils ne peuvent pas être traduits. Ces poèmes me rendront célèbre. J'ai tapé dans le mille. Ya, ya, ya. de beaux poèmes. Si beaux que le monde entier pleurera.
Plus tard, peut être, je ferai autre chose. Lorsque j'en aurai fini d'être poète. Un jour ou l'autre je serai à court de mots, voyez vous. Chacun n'a qu'un certain nombre de mots en lui. Et où serai je alors ? Je crois que je voudrais être pompier, ensuite. Et après cela docteur. La dernière chose que je serai c'est funambule. Quand je serai très vieux et que j'aurais enfin appris à marcher comme tout le monde. C'est alors que je danserai sur le fil et les gens en seront abasourdis. Même les petits enfants. C'est ce que j'aimerais. Danser sur un fil jusqu'à ce que je meure."
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Tome 2 – Les revenants
Les personnages ne sont pas les mêmes que dans le premier tome, même si on retrouve un personnage de détective privé. On sait juste que Blanc a engagé Bleu pour surveiller Noir.
Ce roman interpelle sur une interrogation sur l'identité : les trois personnages n'ont pas de véritable nom : qui est qui ? qui surveille qui ? un jeu de miroir où on se perd ! Cette fois on suit plus particulièrement Bleu qui perd peu à peu pied :
"Le vrai problème revient à identifier la nature dudit problème. Et d'abord qui le menace le plus, Blanc ou Noir ? Blanc a tenu sa part du contrat : les chèques sont arrivés à l'heure toutes les semaines, et se retourner contre lui maintenant – Bleu le sait bien – serait mordre la main qui le nourrit. C'est bien pourtant Blanc qui a lancé ce cas, jetant Bleu dans une pièce vide, en quelque sorte, puis éteignant la lumière et verrouillant la porte. Depuis Bleu tâtonne dans l'obscurité, cherchant à l'aveuglette l'interrupteur et il se trouve prisonnier de l'affaire. Tout cela est bel et bon, mais pourquoi Blanc ferait il une chose pareille ? Lorsque Bleu se heurte à cette question il ne peut plus penser. Son cerveau s'arrête de fonctionner, il n'est pas capable d'aller plus loin.
Prenons Noir, alors. Jusqu'à présent il constituait toute l'affaire, c'était la cause apparente de tous les ennuis de Bleu. Mais si Blanc cherche en réalité à atteindre Bleu – et pas Noir-, alors il se peut que Noir n'ait rien à voir dans tout ça, qu'il ne soit rien de plus qu'un figurant innocent. Dans ce cas, c'est Noir qui occupe la position que Bleu a toujours cru être la sienne propre et Bleu prend le rôle de Noir. C'est une éventualité qui se tient. Par ailleurs, il se peut aussi que Noir soit de mèche avec Blanc et qu'ensemble ils aient conspiré pour régler son compte à Bleu"
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Tome 3 – La chambre dérobée
Le narrateur, un jeune homme, journaliste désargenté, raconte son enfance avec Fanshawe. Il est contacté par Sophie, la femme de Fanshawe. Celui-ci a disparu quelques semaines avant la naissance de son fils, Ben, et a chargé sa femme de contacter le narrteur pour faire paraître son oeuvre.
Le narrateur parviendra à faire éditer l'oeuvre de son ami, se marie avec sa veuve, adopte l'enfant. Il accepte de rédiger la biographie de Fanshawe. Et sa raison vacille : il n'a dit à personne qu'il avait eu des nouvelles de Fanshawe (et que donc celui-ci n'est pas mort) : il part à sa recherche en Europe et plus particulièrement à Paris
"Curieusement les choses m'ont paru plus grandes à Paris. le ciel était plus présent qu'à New York et ses caprices plus fragiles. Il m'attirait, et le premier jour, ou les deux premiers jours, je suis resté dans ma chambre d'hôtel à examiner les nuages en attendant qu'il se produise quelque chose. C'étaient là des nuages du nord, les nuages de rêve toujours changeants qui s'amoncellent en immenses montagnes grises, qui déversent de courtes ondées, se dissipent, se regroupent à nouveau, roulent devant le soleil, réfractent la lumière selon des modes toujours différents. le ciel à Paris a ses propres lois qui opèrent indépendamment de la ville en dessous. Autant les immeubles semblent solides, ancrés dans la terre, indestructibles, autant le ciel est vaste et amorphe, soumis à un bouleversement constant. Pendant la première semaine j'ai eu l'impression d'avoir été placé les pieds en l'air, la tête en bas. C'était une ville de l'ancien monde et elle n'avait rien à voir avec New York où les ciels sont lents et les rues chaotiques, où les nuages sont fades et les immeubles agressifs. J'étais déplacé, ce qui me rendait soudain peu sûr de moi. Je sentais ma maîtrise faiblir et au moins une fois par heure je devais me rappeler pourquoi je me trouvais là."
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En conclusion, trois tomes sans réel lien entre eux si ce n'est les trois détectives privés. Peter Stillman et Quinn apparaissent également très rapidement dans le troisième tome. le lecteur se perd dans l'histoire, voit il réellement la vérité, y a-t-il une vérité ? qui est qui ?
Quand je dis le lecteur se perd, ce n'est pas du tout péjoratif, l'auteur balade le lecteur dans le bon sens du terme, l'emmène d'hypothèse en hypothèse : pas de réelle réponse d'ailleurs à la fin. Une quête sur l'identité : qui sommes nous, jusqu'où sommes nous prêts à aller ?
Un livre difficile à raconter, mais qui mérite amplement sa place dans les romans cultes tellement les questions sont innombrables, bien posées et éveillent de nombreux échos et de réflexions chez le lecteur.
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Je ne suis pas familière de Paul Auster en dehors de Brooklyn Follies que j'avais adoré mais celui ci me tentait depuis longtemps.
Je sors mitigée de cette trilogie, avec un sentiment de malaise. La première nouvelle surtout m'a parue très déstabilisante et la fin ouverte est perturbante.
Les deux autres m'ont plus plues, surtout la troisième.
Au final Paul Auster nous entraîne dans les sujets de la quête d'identité, de l'écriture, du travail d'écrivain, c'est très interessant mais ces fins ouvertes m'ont laissée sur ma fin.
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