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EAN : 9782070760701
272 pages
Gallimard (02/01/2001)
3.55/5   10 notes
Résumé :

29 juin 1996.Quatre ans après l'assassinat du président algérien Mohamed Boudiaf, Hocine parcourt les rues de Cyrtha, une ville qui emprunte ses traits à Constantine ou Alger, et, plus loin dans le temps, à Cirta, l'antique, la numide.De cette errance naît un récit étrange, halluciné, une odyssée ivre qui entremêle lyrisme et grotesque, ombre et lumière.

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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Rappel : En ce 29 juin, on a assassiné l'espoir tant attendu des algériens, un homme qui leur tendait la main sans rien attendre, un homme qui voulait changer les choses, qui misait sur les jeunes pour le changement,... Un homme qu'on a fait disparaître et avec lui beaucoup de rêves se sont évaporés.

"[...je sus qu'il n'y aurait plus rien à attendre de ce pays. » dit Kaim dans le livre




Avant de lire le roman, j'essayais de faire le lien entre le titre et la couverture. Ulysse m'évoque bien sûr mon héros d'enfance et toutes les aventures qui vont avec. La couverture par contre est un supplice pour la claustrophobe que je suis: j'ai d'abord pensé aux escaliers étouffants des anciens bâtiments d'Alger, puis à un labyrinthe et bien sûr pour ne pas aller loin de la mythologie je me suis rappelée l'athénien Dédale. Je me préparais donc à lire quelque chose de sombre avec un touche légendaire.

Je ne tarde pas à plonger dans le vif du sujet: Cyrtha. Une ville imaginée par l'auteur mais qui me fait penser à Alger ou Cirta homophone de Cyrtha, nom antique de Constantine mais il parle de la mer [La mer seule permets aux captifs de la ville d'espérer un jour échapper au cauchemar... P12]

Le roman s'ouvre sur des passages descriptifs de la ville et de ses gens: [Forteresse hérissée d'immeubles branlants...][Ici chante un peuple de vagabonds, d'enfants sales,...] et apparaît le "Je" de notre narrateur. On apprend alors que c'est le fils d'un ancien moudjahid, qu'il a un chien et un ami Mourad avec qui il a des projet de "départ".



Tout commence un matin, quatre ans après l'assassinat du président Mohamed Boudiaf (si vous ne le connaissez pas, cliquez ICI) Hocine et Mourad se retrouvent à la gare de Cyrtha, ils passent d'abord chez l'un de leur professeur qui compte leur présenter un de ses amis.

Tout va bien , on pense à une routine de deux jeunes universitaires que nous sommes ou que nous avons croisés un jour.

La journée de Hocine sera longue et dense. le roman dure le temps de cette journée si particulière. Nous allons rencontrer une panoplie de personnalités qui évoluent dans une ville imaginée, fantasmée par l'auteur. J'ai fait appel à toutes mes connaissances historiques (surtout en mythologie) pour pouvoir analyser, et comprendre l'intention de l'auteur. Tout au long de l'histoire, j'ai vécu l'humour, l'humour noir, l'absurde, l'ironie, l'autodérision, le réel et le mythique. L'écriture de Salim Bachi est riche en émotion, poétique. Il a réussi à me faire voyager en suivant les pas de Hocine, en lisant les discours des autres.

Le récit dans sa totalité a une tonalité épique. L'aventure de Hocine prendra plusieurs coloris. Des rebondissements inattendus et des rencontres changeront le rythme de sa journée. Un lecteur averti se délectera de cette actualisation de l'Odysée; une "parodie" magnifique que j'ai eu le plaisir de revivre.

La notion du voyage est omniprésente à travers les récits de certains personnages, j'ai relu plusieurs fois les magnifiques passages de Khan et Kaim.
Ces deux personnages sont un peu la mémoire : ils racontent les choses du passé: comme les événements du 5 octobre 1988. C'est à ce moment que je vous dis: ne lâchez pas le livre parce que d'autres voix vont remplacer celle du narrateur et des fois on pourrait confondre. Concentrez-vous pour ne pas passer à côté de choses importantes.

Qui dit Odyssée évoque aussi le mal que rencontrera éventuellement notre héros. Métaphore et subtilité sont utilisés pour représenter les ennemis, les autres. Hocine et Mourad sont présentés à Smard , un militaire, qui voudra les enrôler dans son camp. Mourad décline ouvertement.

Revenant à notre "Ulysse" et son périple cyrthien (je ne sais pas si je peux l'employer ainsi). Hocine sera viré de son travail d'étudiant, dans un hôtel. Je voulais marquer un arrêt pour parler des propriétaires mais je vous laisse ce plaisir amis lecteurs. Il croisera un "borgne"[ tiens tiens a t-il un rapport avec Cyclope qui a terrorisé mon enfance? ] et suite à un incident, la police s'en mêle et Hocine se retrouve au poste pour finalement s'en sortir grâce à une connaissance : Seyf, un ancien camarade devenu policier. Ce dernier, nous plongera dans le côté obscure de son travail et essaie tant que faire se peut de justifier ses actes. La police est pointée du doigt dans le livre. Les dépassements, le non-respect des droits du citoyen, les tortures, la corruption...
Hocine finit par rejoindre Smard dans une boîte de nuit (l'enfer pour rester dans le thème). Smard essaie de le convaincre en faisant entrer en scène Narimène pour l'accabler à sa manière.


Les dialogues sont vraiment bien construits. Les jeux de mots, les figures de style donnent du tonus au déroulement des événements. On ne s'en lasse pas. La journée de Hocine aurait pu durer plusieurs ères, le style de Bachi l'a rendue attrayante, riche en émotions. S'il n y avait pas toute cette réalité tranchante, j'aurai osé dire que la journée de Hocine est contée tel une belle légende qui nous vient de loin, encensée de senteurs d'Orient. Un conte réel qui lève le voile sur des vérités poignantes.


Le livre se termine avec une tragédie. Une fin qui mettra en scène un chien, LE chien, celui qui reconnaîtra son maître partout. fidèle comme le fut Argos pour Ulysse.

Je ne suis pas déçue. Une fin joliment écrite ne peut être contestée. Pas quand je lis et relis ceci:

" Implorant, il leva les yeux au ciel. Ganymède, Cassiopée, Orion dansaient dans le bleu de la nuit, doucement, de toute éternité dansaient "



Je veux écrire plus et donner des détails mais j'ai peur de me laisser aller et de tout dire. Je vous invite à le lire sans tarder pour découvrir une plume riche et forte.

Un livre plein d'émotions. Mélancolique.Flamboyant


Lien : https://monboudoirdelivres.b..
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Comme Nedjma de Kateb Yacine auquel il emprunte de nombreux éléments, le chien d'Ulysse, odyssée d'un Ulysse algérien s'inspirant largement de l 'épopée satirique de Joyce, s'inscrit dans un univers mythique où s'enchâssent et se répondent plusieurs histoires, où se mêlent le passé et le présent, le rêve et la réalité.
En érigeant Cyrtha, cette cité à la frontière du réel et de l'imaginaire , allégorie de L'Algérie, Salim Bachi bâtit, avec une maîtrise stupéfiante un univers romanesque jubilatoire mêlant l'Orient et l'Occident .
Il arrive ainsi à dire avec lucidité la tragédie algérienne des années 1990 , la désillusion et le désarroi d'une jeunesse sans repères plongée dans l'enfer après l'assassinat du Président Boudiaf, sans sombrer dans le désespoir. Et le lecteur est emporté par la beauté et la vitalité d'un style contrasté mêlant des dialogues incisifs et vigoureux, drôles ef familiers à une langue ample et poétique , baroque et flamboyante.

( Analyse et longs extraits sur mon blog L'or des livres )
Lien : http://l-or-des-livres-blog-..
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Vraiment pas terrible... Pas mal écrit ...mais difficile de s'accrocher et de s'intéresser !!! En érigeant Cyrtha, cette cité à la frontière du réel et de l'imaginaire , allégorie de L'Algérie, Salim Bachi bâtit, un univers romanesque ( qu'il imagine) jubilatoire mêlant l'Orient et l'Occident .
Il arrive ainsi à dire avec lucidité la tragédie algérienne des années 1990 , la désillusion et le désarroi d'une jeunesse sans repères plongée dans l'enfer après l'assassinat du Président Boudiaf, sans sombrer dans le désespoir. Et le lecteur est emporté par la beauté et la vitalité d'un style contrasté mêlant des dialogues incisifs et vigoureux, drôles et familiers à une langue ample et poétique , baroque et flamboyante. Peut être interessant pour les amoureux de l'Algérie ????
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Et personne ne témoignerait de ce qui avait été : le récit de Kaïm, la journée d'un étudiant, la vie d'un flic, la mort d'un fou, Ithaque et Cyrtha rejoindraient une obscure région où l'homme s’élèverait comme un chant perdu, traces et esquisses sous le vent. Le chaos bousculait les lignes de mon journal. J'avais tout inventé. Menti, du premier au dernier mot. Du commencement à la fin des temps. On ne me chassait pas de chez moi. Je n'errais pas dans Cyrtha à l'agonie. (p 288-289)
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Je me perdais. Mon œuvre se consumait. Plus jamais je ne reprendrais la plume. Plus jamais je n’agencerais les mots pour qu’ils creusent le sillon ou germe la vie. (p145)
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"Depuis le début des événements, on ne s'attardait guère la nuit à Cyrtha. Combien ont été assassinés par mégarde? Comme ce fou. Ithaque : un nom aux sonorités exotiques. Il cherchait son chemin à travers les méandres de son esprit. Comme moi."
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Le soleil et là mort ne peuvent se regarder en face. (P130)
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"Si le coeur vous en dit encore, jetez-moi la pierre, l'eau du bain et la femme adultère à la figure."
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