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Voici un très bon numéro de la collection Folio. Deux petits bijoux De Balzac réunis en un seul volume pour notre plus grand plaisir. Ce sont deux courts romans que l'auteur avait positionné dans la catégorie des " célibataires " dans sa gigantesque Comédie Humaine.

Je ne saurais trop vous dire lequel j'aime le mieux tellement ils sont à point tous les deux et de très haut vol. Ils montrent l'un et l'autre le lent travail de positionnement social et d'alliances pour parvenir à ses fins au détriment d'un tiers, en l'occurrence, celui ou celle qui donne son nom à l'ouvrage.

1) LE CURÉ DE TOURS.
On découvre ici le bon abbé Birotteau, qui accouchera quelques années plus tard d'un frère, le célébrissime César Birotteau, autre opus génialissime d'Honoré de Balzac. C'est donc un homme rondouillard, un peu simple d'esprit, qui ne voit de mal nulle part et qui s'imagine naïvement que les gens qui lui veulent du bien le font pour ses beaux yeux.

Ainsi, à la mort de l'abbé Chapeloud, chanoine de la cathédrale Saint-Gatien de Tours, son protégé, l'abbé Birotteau croit qu'il va hériter sans coup férir, " naturellement " pourrait-on dire, des prérogatives de son prédécesseur...

Une fois encore, Balzac saura faire surgir devant lui la plus grande mesquinerie humaine, l'envie, la basse vengeance, l'orgueil, le calcul politique, bref, tout ce qui fait que Balzac est Balzac, un auteur, pour ne pas dire L'AUTEUR incontournable de la littérature française toutes époques confondues.

Contrairement à certains de ses autres romans qui lassent parfois les lecteurs non avertis par des descriptions fouillées, nous avons ici affaire à un bref roman, à la limite de la nouvelle longue, où les descriptions ne sont point trop invasives et le plaisir est prompt à s'emparer du lecteur.

Encore une fois, le personnage qui donne son nom à l'oeuvre ne semble pas être le personnage principal, puisqu'à la fin on assise encore à son échouage, victime des vicissitudes de la cruelle vie et des calculs des gens peu enclin à la noblesse d'âme, en l'espèce, le retors et machiavélique abbé Troubert.

L'autre grande figure de l'histoire est la logeuse de Birotteau, Mlle Gamard, grenouille de bénitier pingre, ambitieuse et malfaisante à souhait dont Honoré nous dresse un portrait aux petits oignons, qui à lui seul vaut le détour.

À lire ou à redécouvrir absolument sans modération pour se délecter des bas calculs, jalousies, orgueils et autres naïvetés. À mon sens, l'un des très bons crus acides, corrosifs à souhait de notre fantastique Honoré de Balzac, mais suis-je bien objective avec ce géant parmi les géants ?

2) PIERRETTE.
Ensuite, nous sommes transportés au sud-est de la région parisienne, dans le Provins des années 1825-1830 et l'on voit s'y épanouir la petite mesquinerie commerçante et provinciale d'un couple borné et absolument irrespirable, les Rogron frère et soeur, tous deux célibataires endurcis après une minable quoique rentable vie de merciers à Paris.

Parmi les rejetons éparpillés du rameau familial, exactement à l'instar des Rougon-Macquart capable de faire germer, sur un malentendu, un individu estimable, on trouve la petite Pierrette Lorrain, cousine des deux affreux, d'au moins vingt-cinq ans leur cadette, et aussi innocente, simple et admirable que les autres sont retors, prétentieux et détestables.

Par un hasard de mauvaises fortunes et d'héritages détournés, Pierrette va donc se retrouver pupille de ses cousins à Provins, elle qui a grandit près des embruns en Bretagne.

Tour à tour faire-valoir social, outil stratégique et enjeu matrimonial, on assiste impuissants à la mise au pilori de Pierrette (Pierrette et le poteau laid, en somme) par son cousin et surtout sa cousine Sylvie Rogron. Mais c'est sans compter sur l'intervention de Jacques Brigaut, un brave parmi les justes, qui voudrait bien arriver à inverser la tendance et à rendre à Pierrette un peu de sa dignité d'être humain et d'amour tout simplement. Y parviendra-t-il ? Ça c'est ce que je m'interdis de vous révéler.

En tout cas, c'est du très grand art Monsieur de Balzac, ça ne donne pas spécialement le moral, ça ne nous fait pas particulièrement aimer davantage l'humanité, mais c'est admirable dans son style, un patrimoine romanesque à inscrire sur la liste de l'Unesco, car malheureusement, ça a existé et ça existe encore de nos jours, peut-être avec une ou deux modalités différentes, mais si peu.

Bref, selon moi un autre opus majeur de la Comédie Humaine et de la littérature française en général, qui est probablement à la source des Rougon-Macquart de Zola et des Misérables d'Hugo, rien que ça, excusez du peu.

Mais ce n'est que mon avis, un tout petit avis aux pieds de l'immense Balzac, c'est-à-dire vraiment pas grand-chose.
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Ce n'est rien de dire que l'abbé Birotteau est aux anges quand il hérite à la mort de son ami l'abbé Chapeloup de ses beaux meubles et de sa chambre dans la pension de la respectable mademoiselle Gamard. Il en avait tant rêvé, et voilà que son rêve devient réalité. Il est même persuadé que la charge de chanoine laissée vacante par son ami ne peut maintenant que lui échoir. Pauvre abbé Birotteau, il est tellement naïf et crédule. Comment pourrait-il imaginer dans quelle taupinière il vient de mettre les pieds?

Alors là, je me réconcilie avec Balzac ! Cette critique des clivages d'une société et de ses luttes de pouvoir est féroce mais que c'est finement observé, analysé, orchestré !

La plume acérée De Balzac ne nous épargne rien des dessous peu ragoutants qui s'enchevêtrent sous la robe rutilante de la bienséance, les rivalités intestines qui grouillent, les enjeux personnels et manoeuvres retorses qui régissent les individus. Médisance, mesquinerie, convoitise, jalousie, vengeance, manipulation, ambition, vanité s'étalent et rivalisent sans complaisance. D'un évènement anodin, c'est toute la société tourangelle qui va être ébranlée.

L'ambition et la vanité tiennent bien évidement une place de choix. le célibat (particulièrement celui des vieilles filles) n'est pas non plus en reste. le tandem mademoiselle Gamard et l'abbé Troubert est délicieusement méprisable, d'un machiavélisme redoutable. La confrontation finale de l'abbé Troubert et madame de Listomère est un grand moment d'hypocrisie et de duplicité. Un dialogue d'une justesse remarquable. Quant à notre pauvre abbé Birotteau, il ne pipe pas grand-chose à ce qui se passe…

Oh que tout cela est bien peu chrétien. C'est féroce, poignant, implacable. Je l'ai lu il y a maintenant plusieurs mois et je saigne encore…
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L'abbé Birotteau n'est pas méchant mais vaniteux, voire ambitieux. Pensionnaire chez mademoiselle Gamard, une vieille femme tout aussi égocentrique, il convoite la chambre de son voisin l'abbé Chapeloup décédé recemment. C'est que le mobilier, les tableaux et surtout la bibliothèque ont une grande valeur à ses yeux. Tant qu'à y être, pourquoi pas sa charge de chanoine, ou bien le titre d'évêque ! Il en hérite bien la chambre meublée mais à quelques conditions auxquelles il n'a pas vraiment fait attention. C'est qu'il est un peu naïf, d'un naturel si ouvert qu'il ne peut imaginer des vilenies de la part des autres. Il est aussi un homme du monde, qui aime la compagnie de la bonne société alors que l'autre pensionnaire, le retors abbé Troubert qui, lui, pour s'assurer les bonnes grâces de la logeuse passe ses soirées avec elle. Cette vieille fille malfaisante et ambitieuse, ne voit pas d'un bon oeil que Birotteau préfère la société des autres à la sienne. J'ai bien aimé cette courte histoire, le curé de Tours. L'intrigue est claire et elle se développe à un rythme appréciable. C'est que, contrairement à d'autres romans De Balzac, où les longueurs et les descriptions à n'en plus finir peuvent parfois l'emporter sur le plaisir de lire. Ici, rien de tout cela ou très peu. Balzac, est bref, va à l'essentiel, c'est-à-dire à personnages s'accrochant à des faux espoirs, se promènent dans les salons et préparent quelques manigances. J'ai beaucoup apprécié l'échange entre madame de Listomère (amie et conciliatrice de Birotteau) et l'abbé Troubert, où chacun interprète les paroles de l'autre. Cette fine analyse psychologique est parfaite. Puis, avant que le lecteur s'en rende compte, il est rendu à la fin.

Chez Folio, le curé de Tours est suivi d'une autre courte histoire, Pierrette. Celle-là me fut pénible. Dès les premières pages, on découvre la pauvre Pierrette Lorrain et le jeune Brigaut qui s'intéresse visiblement à elle. Toutefois, Balzac tient absolument à décrire son arbre généalogique, remontant jusqu'aux grands-parents, à des oncles et tantes éloignés, racontant la petite histoire de chacun – même si la plupart son déjà morts ou mourants au début de l'histoire. Ouf ! Ce fut pénible. Pas parce que ce fut inintéressant, j'ai trouvé fascinant comment les membres d'une même famille se sont entredéchirés, comment certains ont manoeuvré pour écarté des parents et leur arracher un héritage, comment ces mêmes personnes ont élevé leurs enfants et en ont fait ce qu'ils sont devenus. Une étude digne de Zola. Donc, je comprends qu'il soit important de situer l'intrigue, de mettre en place les «acteurs» du drame. Ce qui m'a ennuyé, c'est que toutes ces informations sont balancées d'une seule venue. L'action ne s'enclenche vraiment que soixante pages plus loin, quand la pauvre et orpheline Pierrette arrive chez ses cousins Denis et Sylvie Rogron : deux célibataires au coeur endurci et qui la maltraiteront. Une fois la longue description passée, j'ai un peu plus apprécié la courte histoire poignante, avec des individus qu'on aime détester.

Ce que j'aime De Balzac, c'est que ses personnages – tant les principaux que les secondaires – ont chacun des motivations qui leur sont propres et qui guident leurs actions tout au long. Un peu comme un engrenage. J'ai mentionné plus haut sa fine analyse psychologique. Birotteau, Gamard, Troubert, Pierrette, les Rogron, etc., tous, ils sont réalistes, crédibles, complets. On comprend pourquoi ils sont ainsi et pourquoi ils agissent comme ils le font. À une exception près. Là où je ne suis pas d'accord avec l'auteur, c'est qu'il tire des conclusions hâtives, qu'il généralise de stéréotypes de personnages à partir parfois d'une seule caractéristique. Je m'explique. J'ai lu la préface après ma lecture des deux nouvelles et ce fut fort heureux sinon ça aurait teinté négativement mon impression. Voyez-vous, on y explique que Balzac estimait que les célibataires sont des individus nuisibles. le fait d'être seul amène les vieux garçons et les vieilles filles à devenir frustrés, égoïstes, à manquer de compassion et, incidemment, à profiter de la naïveté des gens de leur entourage. Allant même jusqu'à les broyer. le sort réservé à Birotteau et Pierrette en est bien la preuve. Mais est-ce vraiment la réalité ? J'ai connu plusieurs célibataires endurcis qui font preuve de dévouement à des causes et à des personnes, puis inversement des gens mariés qui sont atroces.
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J'espérais avec ce second titre des célibataires, un texte moins noir que Pierrette. Cela a été le cas, même si la conclusion est la même, les forts y écrasent les faibles.


Un brave curé, le père Birotteau, ne peut s'empêcher de désirer le logement de son ami le chanoine Chapeloup avec tous ses avantages, les meubles, et les soins de la demoiselle qui le loge. Lorsque Chapeloup meurt le curé se réjouit de recevoir par testament les dits meubles , malgré son chagrin. Le voilà qui chausse les bottes du mort. Mais il n'a pas la finesse de son prédécesseur qui ayant tout de suite deviné le caractère de sa logeuse à su agir en conséquence et s'en faire apprécier.
Dans les débuts tout va bien, Birotteau est choyé, et il passe ses soirées chez la demoiselle Gamard, laquelle peut ainsi à son tour se faire un cercle. Mais lorsqu'il déserte son salon pour reprendre ses habitudes chez les nobles de la ville, la guerre est déclarée.
Dans cette maison loge un autre prêtre apparemment détaché des biens de ce monde et dénué d'ambition. Là encore le manque de clairvoyance de Birotteau l'empêche de tenir compte de la mise en garde de son ami défunt.


Dans ce roman aussi, la ville va se séparer en deux clans mais les intérêts du curé se trouvent pris dans d'autres luttes de pouvoir, et il ne fera pas le poids.




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● "Le curé de Tours" est une merveille, comme Balzac savait nous en offrir !
Le grand écrivain y dépeint les vices des hommes, la cruauté de la société, avec cette qualité de construction qui caractérise ces ouvrages.
C'est admirable de voir, comme Balzac, utilise tous les moyens à sa disposition, dans des romans totaux, pour écrire des livres parfaits.
Le personnage principal du "Curé de Tours" est un chef-d'oeuvre ; c'est un asocial, bon, affable, qui découvre la société et subit le poids de celle-ci.
Comme toujours, dans ce livre, Balzac est parfait : parfait dans l'histoire, passionnante ; parfait dans la construction narrative ; parfait, de par les personnages ; bref : parfait à tous points de vue !
C'est du grand Balzac, un livre de ce Balzac qui semble préfigurer toute la littérature française du XIXème siècle…
Bref, voilà un excellent Balzac, corrosif, satirique, intelligent, parfait, aussi bien du point de vue de la réflexion que littérairement parlant.
Un coup de coeur, pour ma part.

le curé de Tours semble s'ennuyer un peu, dans sa province, dans ce roman. Pourtant, les sombres machinations d'un clérical arriviste sont bien intéressantes…
Dans ce bref roman passionnant, on sent tout l'art d'écrire balzacien. Balzac décrit la société qui l'entoure, cette société cruelle où la naïveté, l'innocence et la bonté désintéressée n'ont pas leur place. La fin est désabusée au possible ( comme souvent chez Balzac ).
Il y a dans ce roman un crescendo magnifique. Chaque phrase est ciselée à la perfection. Balzac fut un grand et il est encore actuel… Dans ces romans, il y a ( on le sent ) quelque chose de tragique, à l'oeuvre, comme une fatalité. Dans "Le curé de Tours", Balzac nous livre un de ses chefs-d'oeuvre, l'un de ses livres unique, magiques, magnifiques, l'un des plus grands livres de "La Comédie Humaine".
Il y a quelque chose d'un peu mélancolique, parfois, dans "Le curé de Tours". Ce texte est un grand moment d'émotion, vraiment l'un des plus grands Balzac, l'un des plus beaux, l'un des plus réussis.
C'est court, mais ça se lit comme on boit un nectar dont l'on goûte toutes les nuances, toutes les subtilités. J'ai tout aimé : le style, la construction narrative, la grande empathie affichée par Balzac avec ses différents personnages, d'une fine psychologie, l'analyse sociale profonde…
"Le curé de Tours" est, pour moi, une pépite, un chef-d'oeuvre et fait partie de ces livres qu'on oublie pas, qui marque et dont on se souvient encore longtemps après les avoir lus…
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le titre initial de cette nouvelle était " Les Célibataires "et après Balzac l' a intitulé " le Curé de Tours " .Cette nouvelle fait partie Des Scènes de la Vie de Province de la Comédie humaine" .Les principaux protagonistes de cette nou-
-velle sont : le vicaire, François Birotteau- L' abbé Troubert- et la logeuse,mademoiselle Gamard. le vicaire, Birotteau, prêtre simple et débonnaire est victime d' une conspiration menée par la logeuse, mademoiselle Gamard en complicité avec l' abbé Troubert. Ce qui unit les deux comparses, Troubert et la vieille fille Gamard , c' est leur fiel ! Ils font tout pour le rabaisser et l' humilier en le faisant sortir du logement qu' il occupe. L' abbé lui prend sa bibliothèque. le gentil vicaire est harcelé par la vipère, Mlle Gamard et l' hypocrite abbé qui est jaloux du vicaire.
Cette nouvelle est agréable à lire et sa lecture est plaisante.
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Le célibat aigrit, rend méchant et sadique, ce dont ont souffert l'abbé Birotteau, curé de Tours, et Pierrette Lorrain. le premier, lui-même déformé malgré lui par la même condition, est logé par Mademoiselle Gamard, vieille fille desséchée qui se lie avec l'abbé Troubert, tout aussi décharné, pour se liguer ensuite contre ce locataire aussi encombrant que niais, et cela pour des raisons strictement patrimoniales et d'avancement de carrière dans la hiérarchie ecclésiastique.
Pierrette, elle, arrive de Bretagne chez ses cousins de Provins, Sylvie et Jérôme Rogron, qui l'hébergent, en raison de l'état de nécessité dans lequel est tombée cette jeune fille de douze ans, qui va connaître une adolescence perlée d'humiliations en partie dues à la jalousie.
L'atmosphère provinciale de ces deux villes campe les deux personnages principaux dans un environnement clos, où toute échappatoire, bien qu'espérée par quelques éléments, devient illusoire. Les célibataires s'avèrent être des logeurs exigeants broyant leurs hôtes dans le carcan rétréci de leurs habitudes et frustrations. Les intrigues notariales et judiciaires viennent donner à ces deux histoires une teinte des plus glauques, à désespérer de l'humanité, si Balzac n'y mettait pas une bonne dose d'ironie et d'humour noir.
Il s'agit d'une caricature au vitriol, qui avoisine le plaidoyer.
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C'est une nouvelle sur les mésaventures de l'abbé Birotteau dans une ville chère à Honoré de Balzac : Tours.
L'abbé Birotteau est un homme franc, maladroit, bonasse qui est locataire chez Mademoiselle Gamard comme le sont le chanoine Chapeloud et l'abbé Troubert .
La comédie humaine dans toute sa splendeur, avec ses noirceurs, ses bassesses, ses hypocrisies, sa méchanceté et sa cupidité !
L'abbé est ami avec le chanoine Chapeloud et, il lui envie son beau mobilier, ses tableaux de prix, sa bibliothèque et, quand ce dernier décède en lui laissant ses biens, Birotteau est comblé et, il s'imagine même devenir chanoine de la cathédrale de Saint Gatien. Hélas, c'est sans compter sur la jalousie de Mademoiselle Gamard, vieille fille, grenouille de bénitier qui est véxée du fait qu'il préfère les sorties chez des notables de la ville, car lui n'a pas le talent, la diplomatie (ou l'hypocrisie ) de Chapeloud pour s'attirer ses faveurs ! Hélas, c'est aussi sans compter sur l'abbé Troubert qui est ambitieux , malfaisant et, qui avec la logeuse va tout tenter pour le faire partir !
Ils finiront par le faire fuir se réfugier chez Madame de Listomère et ses amis dans un premier temps car, quand les intérêts de la famille de celle-ci sont menacés : elle a tôt fait de négocier avec Troubert qui peut prétendre à devenir Vicaire Général et ensuite Evêque, ils vont tous s'incliner devant la puissance de l'Eglise sous la Restauration.
L'abbé Birotteau sera relégué comme prêtre à Saint Symphorien.
Une belle description balzacienne féroce, acide et réaliste des moeurs et des mentalités du XIX ième siècle.Et, en plus dans cette nouvelle : une analyse du poison des célibats des vieilles filles et des prêtres qui sont des êtres redoutables ! ! !
L.C thématique d'août 2021 : le nom d'une ville dans le titre.
Dans mon édition ( ancienne ) : il n'y avait pas Pierrette.
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Il y a quelques mois j'ai lu La vieille fille et j'avais été particulièrement impressionnée par le portrait saisissant que Balzac avait fait à la fois de la figure de la vieille fille et celle de la ville de province.
Bien que le curé de Tours fasse partie d'une trilogie différente de la vieille fille (Les Célibataires vs Rivalités de province), et que ce soit une nouvelle et non un roman comme la première, on y retrouve quasiment les mêmes thèmes, dans un contexte différent, et poussés à leur paroxysme. J'en ai été encore une fois totalement saisie.
Ici le personnage principal c'est l'abbé Birotteau, François, frère du fameux parfumeur au roman éponyme, César Birotteau. Il mène une vie ecclésiastique plutôt paisible dans la douceur Tourangelle où il loge chez une certaine mademoiselle Gamard. Tout aurait pu se passer sans encombres. Mais c'était sans compter l'indolence de Birotteau qui ne se rend pas vraiment compte de ses maladresses, l'orgueil de mademoiselle Gamard, qui ne peut tolérer qu'on blesse sa fierté et l'ambition de l'abbé Truchard, ami de cette dernière qui sans mot dire est prêt à tout pour franchir les échelons. Les deux amis, que la présence du pauvre Birotteau gène, mèneront une guerre froide et silencieuse pour s'en débarrasser, et tout ira decrescendo pour lui.
C'est une nouvelle et pourtant cette histoire m'a fait l'effet d'un roman tant elle est intense. Encore une fois, tout y est ; descriptions, tension, rebondissements et surtout portraits. Portrait incisif et cinglant de la prêtrise et de ses effets sur les hommes, de la réalité derrière le voile de la religion et du mélange malsain entre ambition terrestres et ambition céleste. Portrait de la province qui a élevé au rang de sport la médisance et les bavardages malveillants dont elle a besoin pour maintenir la vie sociale. Mais le portrait le plus saisissant, le plus marquant est celui de mademoiselle Gamard dont Balzac dissèque et analyse aussi finement que chirurgicalement les tensions internes que crée, en elle et en chaque femme de ce temps, cette position presque contre-nature du célibat prolongée, de la frustration qu'engendre cette place floue que ces femmes occupent malgré elles et qui doivent tenter tant bien que mal de continuer à exister dans la société. Là ou mademoiselle Cormon (La vieille fille) avait choisi d'agir avec bonté malgré les regards, mademoiselle Gamard, elle, n'écoutera que son ressentiment.
Je n'aime pas les anachronismes mais j'ai trouvé Balzac particulièrement féministe lorsqu'il pointe du doigt ce que la société inflige à ces femmes et ce que ces femmes s'infligent elles-mêmes à cause de la société :
« Ces êtres ne pardonnent pas à la société leur position fausse, parce qu'ils ne se la pardonnent pas à eux-mêmes. Or, il est impossible à une personne perpétuellement en guerre avec elle, ou en contradiction avec la vie, de laisser les autres en paix, et de ne pas envier leur bonheur. »
« Un préjugé dans lequel il y a du vrai peut-être jette constamment partout, et en France encore plus qu'ailleurs, une grande défaveur sur la femme avec laquelle personne n'a voulu ni partager les biens ni supporter les maux de la vie. Or, il arrive pour les filles un âge où le monde, à tort ou a raison, les condamne sur le dédain dont elles sont victimes. »
Si l'on n'y prend pas garde et qu'on lit ces passages avec le regard de 2024 on pourrait mal y voir, mais si l'on se place en 1832 l'analyse qu'il livre devient avant-gardiste, frappante et compatissante. En utilisant la fiction Balzac étudie les femmes sous toutes leurs coutures, les contradictions et les difficultés auxquelles la société les confronte, et c'est vraiment un aspect que j'adore absolument chez Balzac. C'est pour cela que j'avais tant aimé La maison du chat-qui-pelote, le bal de Sceaux, La vendetta, Eugénie Grandet et La vieille fille. Et encore une fois j'ai adoré, j'ai été totalement fascinée par le curé de Tours, et même quelques fois émue.
Bref, encore un coup de coeur. Tu as trop de talent Honoré.
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Avec Pierrette et La Rabouilleuse, le Curé de Tours  forme la trilogie des Célibataires . Court roman qui se lit d'un seul trait.

Il contient les ingrédients balzaciens. le décor bien planté et décrit avec minutie : une maison dans le Cloitre , rue de la Psalette, à l'ombre de Saint Gratien. Une collection de caractères : deux ecclésiastiques, l'un débonnaire et naïf : l'Abbé Birotteau, l'autre ambitieux et retors, l'abbé Troubert, la vieille fille logeuse des deux prêtres, mademoiselle Gamard. A ces célibataires s'ajoutent les personnages gravitant dans les salons, avec intrigues, ragots et ambitions politiques. 

La tragédie de l'Abbé Birotteau s'annonce par des contrariétés minimes :

"quatre circonstances capitales de la porte fermée, des pantoufles oubliées, du manque de feu, du bougeoir porté chez lui, pouvaient seules lui révéler cette inimitié terrible "

Des vétilles, dont l'accumulation trahit l'hostilité subite de sa logeuse. L'abbé Birotteau et loin de savoir qu'elles ne sont les prémisses du drame.

On s'ennuie parfois en province. Les soirées sont occupées par des parties de whist ou de boston en bonne société. Et c'est la première faute de l'abbé Birotteau que de s'être soustrait aux parties de Mademoiselle Gamard pour fréquenter le cercle de Madame Listomère. Et privant mademoiselle Ggamard de sa société il s'attire l'inimitié de la vieille fille - caractère redoutable que caricature Balzac

"restant fille, une créature du sexe féminin n'est plus qu'un non-sens : égoïste et froide, elle fait horreur."

En effet, Balzac n'est pas tendre avec les femmes et sa misogynie est poussée à l'extrême dans le cas des "vieilles filles"

préjugé dans lequel il y a du vrai peut-être jette constamment partout, et en France encore plus qu'ailleurs, une grande défaveur sur la femme avec laquelle personne n'a voulu ni partager les biens ni supporter les maux de la vie."

Jalousie et ambition politique sont le moteur de l'intrigue qui pousseront à sa perte le naïf abbé, sûr de son bon droit, qui ira se jeter dans un procès perdu d'avance...

Un roman écrit au vitriol, bien méchant et diablement mené!
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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