Je continue avec les classiques découverts à l'école, il y a presque 10 ans, grâce à des extraits. Ce n'est pas une mauvaise chose que je prenne tant de temps avant de me lancer dans leur lecture. Je me rappelle que les extraits me donnaient envie, mais là, en commençant "
Le père Goriot", j'ai eu un peu peur... Je me suis retrouvée face à une description sans fin de la pension de Mme Vauquer, cet endroit miteux dans lequel réside entre autres
le père Goriot et le jeune Rastignac. Je craignais que tout le roman soit bourré de longues descriptions du même genre. Heureusement, ce n'est pas le cas.
Autre surprise : je ne sais pas pourquoi j'avais cette idée en tête mais il me semblait que le roman était principalement centré sur l'agonie du père Goriot. Je pensais que sa grave maladie s'étalerait sur des pages et des pages. J'ai dû trop rêvasser en cours, car il n'en est rien. Cela ne survient que dans les cinquante dernières pages du livre.
Au fait, la manière dont il tombe malade est tout sauf réaliste, on ne meurt pas des chamailleries de sa progéniture ! On fait à la limite un petit malaise, mais là c'est vraiment trop dramatique !
On suit surtout le parcours d'Eugène Rastignac, un jeune homme nouvellement arrivé à Paris pour y étudier le droit. A travers ses yeux, on découvre les secrets de la capitale. Eugène est un garçon très ambitieux et plutôt malin, il accède assez vite aux salons des dames les plus riches de la ville. Ce n'est pourtant pas gagné pour un jeune sans le sou, obligé de loger dans un taudis ! Au départ, j'avais du mépris pour Rastignac, qui cherche à s'élever mais ne parvient pas à se faire tout seul. Il gémit auprès de sa famille, quémandant de l'argent. Mon opinion sur lui a changé lorsqu'il a fait plus ample connaissance avec
le père Goriot. La sollicitude et le dévouement dont il a fait preuve à l'égard du vieillard m'ont convaincue que Rastignac n'était pas un mauvais bougre.
On ne peut pas dire la même chose des filles du père Goriot. Elles ont mangé toute sa fortune, comme des moustiques lui pompant le sang. Et quand elles se sont rendu compte que leur père détonnait parmi le beau monde de Paris, elles ont eu honte de lui et l'ont quasiment renié. C'est là le drame de ce roman, le lecteur est choqué par le contraste entre l'amour sans limites de ce bon père Goriot et le rejet que lui témoignent ses deux filles.
L'histoire est vraiment parlante. Elle reflète une facette de la société de l'époque, mais aussi de celle d'aujourd'hui : le règne de l'argent, l'importance des apparences, la solitude,... Je comprends pourquoi ce roman est devenu un classique, mais je n'ai malheureusement pas assez accroché au style
De Balzac pour que ce soit un coup de coeur. C'est très, très bien écrit, mais ça ne me touche pas spécialement. Ceci dit, j'ai adoré les discours de
Vautrin ou du père Goriot, s'étalant parfois sur plusieurs pages ! Il y a parfois un côté si théâtral que j'avais l'impression de lire une pièce.
Je suis heureuse d'avoir enfin lu ce grand roman, mais je ne suis pas certaine de vouloir découvrir d'autres pans de "La comédie humaine".