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sur 9247 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un de mes premiers classique que j'ai lu en 4ème. ..
Celui qui m'a conduit vers la littérature...
Contrairement à mes petits camarades de l'époque, j'ai adoré les détails interminables des pièces, les portraits détaillés des personnages, leurs vêtements ou costumes, l'ambiance feutrée des pensions de famille. Cela m'aidait à imaginer les scènes.
Je pense que je le relirai un jour ...
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J'ai dû faire preuve de persévérance durant le premier tiers du livre car ces mots, aussi bien choisis soient-ils, ces phrases aussi bien tournées soient-elles, ces paragraphes aussi longs soient-ils, produisaient dans mon esprit un soporifique ronron.

Par la suite, l'histoire prenant forme, je ne suis pas parvenue à éprouver de l'empathie pour les personnages qui me sont apparus sordides pour certains, inconsistants pour d'autres. À l'exception de Vautrin qui, paradoxalement vu sa condition d'ancien bagnard non repenti, m'a semblé le plus honnête, le plus respectable.
Pas d'avis tranché au sujet de Rastignac dont la personnalité réelle n'est pas encore construite tant il se débat dans des conflits intérieurs entre ce qu'il veut, ce qu'il peut et ce qu'il doit.
Quant à ce Père Goriot, je l'ai trouvé à la fois exalté et pitoyable. Difficile pour moi d'avoir la moindre compassion pour cet homme.

Finalement, c'est en refermant ce roman, que j'en suis arrivée à la conclusion que cette galerie de personnages - à mon sens, insipides - était, contre toute attente, bien intéressante.
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"Le Père Goriot" a la réputation d'être l'un des romans les plus accessibles De Balzac ; de là sans doute vient le fait qu'on le donne facilement à lire à l'école. Pourtant, je n'avais jamais eu l'occasion de le lire, ne comptant pas parmi les fervents admirateurs de l'auteur.

Je suis heureuse de l'avoir découvert adulte car je ne pense pas qu'adolescente, en pleine période de rébellion contre l'autorité parentale, j'en aurais apprécié toute la finesse. La subtilité et la beauté de ce portrait de père est remarquable et nécessite, de mon point de vue, le recul que donne la maturité pour bien saisir la notion de sacrifice qui est au coeur du roman.

Le terme "Père" du titre désigne à la fois une civilité familière et un statut sociologique et social. M. Goriot devient, au fil des pages, une figure archétypale, quasi allégorique de la paternité avec une dimension christique : l'homme qui donne tout à ses enfants, aux êtres qui lui sont le plus chers, sans en attendre de reconnaissance, l'homme qui se sacrifie avec abnégation jusqu'à l'abandon et la misère, celui qui pardonne sans conditions et qui se réinvente au service du bien-être et du bonheur de ses petits.

Face à l'image du père, Balzac nous offre une autre image forte, celle d'un fils sous les traits d'Eugène de Rastignac, jeune arriviste déchiré entre son ambition et sa probité. Les scènes d'intérieure de la pension Vauquer annoncent le courant réaliste teinté de naturalisme précoce et sont admirables de véracité. Balzac aurait pu titrer son roman "Splendeurs et misères des parisiens".

Le roman est foisonnant de personnages, tant d'hommes que de femmes même si une réelle féminité s'en dégage ; le rythme que j'ai d'abord trouvé lent et alourdi de descriptions mobilières s'est finalement accéléré au gré d'une action chargée d'émotions. le fait qu'une grande partie du récit se déroule dans le huis-clos de la pension Vauquer n'a pas été sans m'évoquer le futur "Pot-Bouille" de Zola, bien plus crû mais tout aussi insolent et voyeur. Logique puisque "Le Père Goriot" fait partie des scènes de la vie privée de la "Comédie humaine".


Challenge XIXème siècle 2020
Challenge des 50 objets
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Les interminables pages sur la pension Vauquer avec lesquelles Balzac campe -ou plutôt installe- le décor, sont les 40èmes rugissants du Père Goriot: passé le pensum de cette longue description, c'est une belle traversée et le lecteur aguerri peut jouir du voyage...

J'aime tellement le livre et j'aime tellement Balzac désormais - mon premier contact, trop tôt, avec Eugénie Grandet, a été un coup d'épée dans l'eau- que même la description de la pension Vauquer, avec ses pensionnaires répartis en strates sociologiques obligeamment expliquées et surlignées par l'auteur, a pour moi un charme magnétique: essayons de le faire partager...

Eugène de Rastignac a quitté sa province charentaise et vient tenter sa chance à Paris. Il est jeune, plein d'idéaux et de principes, plein de fougue et d'empathie.

Il est pauvre aussi et plein d'ambition : c'est pourquoi il est installé à la fameuse pension Vauquer, perchoir sordide pour oiseaux de passage ou nid discret pour grands prédateurs, avec vue sur la houle parisienne... plus vous êtes haut dans les étages, plus vous êtes bas sur l'échelle de la réussite: notre étudiant crèche en hauteur, inutile de le préciser!

Sa tante lui conseille de faire un beau mariage: d'"arriver par les femmes" - comme on conseillerait la route des alizées à un coursier des mers...

Le Père Goriot c'est donc un roman de formation, encore un, mais contrairement à la formation lente, machinale et sans événement d'un Frédéric Moreau chez Flaubert, ou à la lente consomption d'un amour interdit pour le jeune Félix dans le Lys du même Balzac, la formation de Rastignac va se faire au pas de charge, à la hussarde : Eugène n'est pas un colimaçon comme Félix, ni un mollasson comme Frédéric: c'est un gascon, et il a du répondant!

Dans la pension - vous voyez comme elle est importante, on y revient toujours, ne sautez pas les pages, persévérez!- se trouve un négociant en bonneterie, le Père Goriot, sorte de Christ de la paternité , vrai pélican pour ses deux filles, Delphine et Anastasie, qui le spolient allègrement et consciencieusement de ses biens pour éponger leurs dettes, vaquer à leurs plaisirs, entretenir leurs amants, vivre leur vie.

Plus elles le dépouillent, plus le malheureux vieillard monte dans les étages de la pension, devenant le souffre-douleur et la risée de tous.

Rastignac se prend d'affection et de pitié pour le vieil homme et rencontre ses filles... L'une, la blonde Dephine, épouse du baron de Nucingen, navigue dans le milieu de la haute finance, et l'autre, la brune Anastasie, devenue comtesse de Restaud, dans la faune huppée de l'aristocratie parisienne. Rastignac tombera sous le charme de l'une et deviendra l'amant de l'autre, mais sans perdre la tête pour autant. En revanche il joue,il gagne et sauve Delphine de la déroute puis il perd. Beaucoup.

Tentera-t-il une nouvelle carte, que lui propose l'inquiétant Vautrin - un rapace de haut vol, pensionnaire mystérieux de madame Vauquer, - qui le prend sous son aile protectrice et lui conseille la timide Victorine Taillefer,- tiens, tiens, une autre pensionnaire- mais millionnaire potentielle? Il suffit juste de tuer son frère.

Vautrin est dénoncé comme forçat en cavale par une pensionnaire - vous l'aviez deviné, non?- , et arrêté, mais le frère de Victorine meurt quand même, assassiné dans des circonstances obscures...

Le père Goriot apprend la ruine financière et le scandale qui menacent ses deux filles -Anastasie doit vendre ses diamants pour sauver son amant Maxime de Trailles- Il a un malaise et meurt bientôt, abandonné de ses filles qui n'assistent pas à son agonie, ne viennent pas à son enterrement et y pourvoient encore moins....

Rastignac qui lui a lui fait donner des soins, le veille, l'enterre. Il n'a même pas le sou qu'il faut donner au fossoyeur.

Le tour de force de Balzac est d'avoir concentré dans cette narration alerte, menée grand train, nombre d'événements violents, marquants, de personnages vénéneux, amoraux, mais, avant de les lâcher dans le monde, face à face, et de les regarder se déchirer à belles dents, il les a fait mijoter au préalable dans le chaudron de sorcière de la pension Vauquer.

Lenteur de la décoction, réaction explosive du mélange. La parfaite alchimie romanesque!

Même jeu d'antithèse pour les personnages: douceur et abnégation du personnage éponyme, le pauvre Père Goriot, cynisme et cruauté de son entourage.

Quant au jeune Rastignac, cette leçon de vie expéditive l'aura instruit mieux que de longues années d'apprentissage.

Un grand fauve est né.Le voilà prêt à entrer dans la jungle parisienne.

Oui, décidément, il faut lire attentivement et relire, je dirais même se délecter, se pourlécher de la description de la pension Vauquer: ce grouillant microcosme est la matrice même du roman...
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Classique parmi les classiques hérités de la production colossale de M. Balzac, "Le Père Goriot" est en dehors de l'histoire de ce vieil homme abandonné par ses deux filles ingrates dans une misérable pension parisienne, l'apparition d'un tout autre personnage qui fera le succès de l'auteur : le jeune Rastignac, un étudiant en droit qui se révèlera être doté d'une profonde ambition.

Ce roman d'époque traite à sa façon de l'amour paternel et du manque de reconnaissance de ses enfants en retour, le vieil homme ayant tout fait pour le bonheur de ses filles, jusqu'à se ruiner.
Ce livre ayant fait l'objet de nombreuses critiques précédentes, je n'ajouterais pas de commentaires supplémentaires si ce n'est qu'il doit être lu, autant que "La Comédie Humaine" ou "Eugènie Grandet".
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On est dans le Paris de la Restauration au début du XIXe siècle. Tout tourne autour d'une pension, Balzac nous y décrit la saleté, la laideur. Chaque sous dépensé tout au long de l'histoire nous est compté (ou conté). C'est plein de subtilité, les personnages sont hauts en couleurs, la mesquinerie, la vanité sont dépeints avec beaucoup de finesse, la langue est belle. J'ai adoré tout ce jeux entre sentiments réels ou hypocrites, ce personnage de Rastignac qui navigue entre les deux en nous emportant dans ses hésitations, ce monde parisien où tout est faux, et cette description crue de la frontière entre richesse et pauvreté, où les objets, les apparences, les calculs, l'argent, les manigances constituent la base de ce qui porte si bien son nom : «La Comédie Humaine».

C'est en principe une relecture. Balzac avait pour moi le goût de l'ennui des cours de français du collège et lycée. J'aurais pu le suggérer dans la liste «Votre pire lecture scolaire». Mais sa lecture en classe de seconde ne m'a laissé comme souvenir qu'un exploit de cancre, ou nous avions profité lamentablement de la gentillesse d'une professeur remplaçante pour présenter un exposé improvisé (« pas fini » qu'on lui avait dit, « Allez-y quand même » nous avait-elle répondu) sur un bouquin qu'on avait même pas lu. Il fut lamentable et La remplaçante eu beaucoup d'indulgence en nous gratifiant d'un «On voit bien que vous ne l'aviez pas terminé».

Je pense que l'insouciance de nos 15 ans n'était pas du tout en phase avec l'esprit cynique, noir et sans concessions De Balzac. L'achat d'une liseuse m'a donné la curiosité de redécouvrir les classiques et c'est un plaisir que je n'aurais pas imaginé il y a encore peu de temps.
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Le carillon sonne les treize heures quand mon corps s'allonge dans l'herbe touffue. Les doigts de pieds en éventail, je sombre dans une délicieuse sieste aidé par la caresse du soleil et la berceuse du vent. le cri de la ville est maintenant bien loin. Mes rêves m'emportent en bord de mer, où les embruns me chatouillent le nez. Les vagues déroulent leur tapis d'écume et je dors profondément au rythme des ressacs.

Je m'imagine en photographe sur une plage déserte, l'objectif de mon appareil tourné vers la mer. Tout en glissant un oeil dans le viseur je zoome lentement et vois apparaître, dans l'ordre: le sable détrempé, l'incessant va-et-vient de la mer, un paquebot, les grandes profondeurs et puis les falaises blanches de la côte anglaise qui s'effritent devant mes yeux.

L'effet d'optique immersif du zoom me donne l'impression que ce phénomène est à portée de doigts, alors qu'en réalité, il se trouve à des dizaines de kilomètres de là.

Dans le Père Goriot, Honoré de Balzac utilise un procédé similaire pour mettre en place le décor de son roman. Tel l'objectif d'un appareil photographique, il nous emmène dans les rues parisiennes, s'arrête devant la façade d'une maison, nous fait passer par le jardin, avant d'entrer dans chacune des pièces intérieures et nous dépose à table avec les protagonistes… 😉 Comme d'habitude, je vous propose ci-après, une brève analyse de ce classique de la littérature française

Ce roman polyphonique se déroule en 1819, dans une pension miteuse où plusieurs locataires se côtoient. Parmi les principaux intervenants il y a Eugène de Rastignac le jeune étudiant ambitieux, Vautrin la brute épaisse et enfin Goriot, ce vieil homme esseulé qui a fait fortune pendant la Révolution française et qui donne le moindre de ces centimes à ses deux filles afin qu'elles puissent mener la grande vie parisienne.

“ Eh bien ! Oui, leur père, le père, un père, reprit la vicomtesse, un bon père qui leur a donné, dit-on, à chacune cinq ou six cent mille francs pour faire leur bonheur en les mariant bien, et qui ne s'était réservé que huit à dix mille livres de rente pour lui, croyant que ses filles resteraient ses filles, qu'il s'était créé chez elles deux existences, deux maisons où il serait adoré, choyé. En deux ans, ses gendres l'ont banni de leur société comme le dernier des misérables … “

Cette oeuvre De Balzac est découpée en trois parties distinctes et chacune représente la trajectoire d'un personnage. On y suit d'abord les traces d'Eugène qui découvre avec naïveté la vie mondaine parisienne et son désir ambitieux de s'y faire une place au chaud. L'auteur ne laisse planer aucun doute quant aux moyens que devra utiliser Eugène de Rastignac pour entrer dans cette société privilégié: il devra parvenir !

Vient ensuite le cas de Vautrin, ce bandit démasqué qui fait une lecture mémorable et cynique de la vie. Chaque personne en prend pour son grade et il sait tirer sur les cordes sensibles du jeune Rastignac: tu domineras ou tu seras dominé.

Goriot, lui, est la figure du sacrifice paternel jusqu'à l'excès. Sa vie en tant qu'être humain n'existe pas. Il n'est qu'un père et … rien d'autre. Il se complaît à se saigner afin de garder, croit-il, ce lien d'amour envers ses filles alors que ces dernières n'en veulent qu'à son argent afin de garder encore un peu leur train de vie. le sursaut lucide du Père Goriot quant à son rapport maladif vis-à-vis de ses enfants arrivera. Oui. Trop tard.

“ Elles se sont bien vengées de mon affection, elles m'ont tenaillé comme des bourreaux. Eh bien ! Les pères sont si bêtes ! Je les aimais tant que j'y suis retourné comme un joueur au jeu. Mes filles, c'était mon vice à moi ; elles étaient mes maîtresses, enfin tout ! Elles avaient toutes les deux besoin de quelque chose, de parures ; les femmes de chambre me le disaient, et je les donnais pour être bien reçu ! “

En conclusion, le Père Goriot est un classique de la littérature car il est l'exemple du roman balzacien par excellence: abouti – immersif – initiatique – descriptif – dramatique – parfois rocambolesque – reprenant des personnages d'autres romans, etc. Certes l'histoire a pris les poussières de presque deux siècles mais la fine analyse de la cruauté qui peut exister dans les rapports humains demeure plus que jamais d'actualité. 😉
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La pension Vauquer, tenue par la veuve du même nom, accueille jeunes étudiants désargentés (Eugène de Rastignac, Horace Bianchon), retraité ou rentier ( Jean-Joachim Goriot, Poiret), jeune fille rejetée par son noble père (Mlle Victorine de Taillefer) et un fort en gueule Vautrin. Ce microcosme se contente, avec bonne humeur, du peu qu'offre à ses pensionnaires Mme Vauquer, vieille sotte mais pingre et calculatrice.
Le jeune de Rastignac venu faire son droit à Paris compte sur une sienne cousine Mme la vicomtesse de Bauséant pour être introduit dans le monde qui compte et fait ainsi la connaissance des deux filles du souffre-douleur de la pension le père Goriot. Goriot a fait fortune dans les farines et ainsi pu marier ses filles à de prestigieux partis. Elles sont devenues Mmes Anastasie de Restaud et Delphine de Nucingen. Toutes deux sont victimes des turpitudes et malversations de leurs maris et de leurs amants. de Rastignac devient le confident de Delphine et le défenseur à la pension du père Goriot qui peu à peu se démunit de tout ce qu'il a pour subvenir aux folles dépenses de ses deux anges.
Vautrin, personnage trouble, tente lui de convaincre Eugène de séduire Mlle de Taillefer car il manigance de la remettre en fortune.

On a peu dit ou écrit le trouble que le lecteur ne peut que trouver à lire ce grand roman De Balzac. Sans concession pour une société abjecte, se souciant peu de morale, chacun cherche à réussir. Même Eugène de Rastignac et Victorine de Taillefer malgré leur apparente naïveté ne tente que d'accéder aux honneurs et à la fortune. Seul Goriot incarne ici détachement et générosité absolus. Vautrin qui va se révéler être un bagnard en fuite cherchant à aider ses deux oies blanches dans le seul but de tenter de redresser les torts de cette même société qu'il renie.

On a aussi beaucoup glosé sur le roman dit d'apprentissage. Mais je vois surtout dans ce père Goriot s'exprimer le profond et lourd mépris De Balzac pour une société hypocrite et veule. Ici, nait son grand système de "La condition humaine", sa grande fresque de la bêtise, du calcul, de l'arrivisme dont vont tant s'inspirer Hugo et Zola.
Vautrin, formidable personnage transcende le falot de Rastignac, dans sa lucidité face aux rouages d'un monde infernal animé par des pantins en proie à leur vanité et leurs passions.
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Le père Goriot est un roman clé de l'édifice monumental de la Comédie Humaine. Publié dans la série des "scènes de la vie privé", il fait parti des "débuts" de cet immense et fabuleux ensemble.
Ce livre, très étudié et lu par la plupart des élèves de France et de Navarre est en effet l'archétype du roman Balzacien. On le rapproche aussi parfois de l'histoire du Roi Lear, à cause de la présence de deux filles malaimantes. Mais ceci est une autre histoire.
Le style est classique, très réaliste. L'auteur dresse un portrait de la petite société parisienne sous la Restauration, période où se battent les dents-longues pour se faire une place, où la vieille noblesse et la nouvelle bourgeoisie se jalousent mais aussi s'entendent pour partager le pouvoir et les richesses. On y voit aussi de jeunes provinciaux débarqués à la capitale pour se faire un nom (dont le fameux Rastignac !), la bourgeoisie commerçante et les pauvres gens...
Au delà de ce portrait précis et acide de la société française, Balzac sait aussi donner à lire de belles pages intimes sur la folie du Père Goriot, sa folie d'amour pour ses filles qui sont pourtant loin de la mériter ! Autour de lui gravitent de nombreux personnages que l'on retrouvera dans d'autres titres et qui ici se côtoient dans la pension où tout le monde loge et s'observe.
Le père Goriot finira presque seul, sans ses filles, et sans tombe jusqu'à ce que deux autres résidant lui en paye une, ses filles refusant de sortir les mains des poches.
Portrait saisissant d'une époque passionnante, pleine de mutations et de renversement de fortune qui se poursuivra dans tous les autres tomes de la Comédie humaine.
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Balzac écrivait dans son avant-propos à la " Comédie humaine" en 1842: "En peignant les caractères, en choisissant les évènements principaux de la Société, peut-être pouvais-je arriver à écrire l'histoire oubliée par tant d'historiens, celle des moeurs." "Le père Goriot", paru en 1834 en est une belle illustration.

Les deux personnages qui sont présentés en parallèle illustrent deux représentations typiques de cette comédie humaine, où les mensonges, les faiblesses, les compromissions, les cruautés des uns et des autres sont dénoncés par l'auteur.Il y a tout d'abord Eugène de Rastignac, ce jeune homme intelligent mais pauvre, qui désire plus que tout se faire une place dans la société et la figure douloureuse du père méprisé par ses filles, le père Goriot.

On reproche souvent à Balzac les descriptions fastidieuses qu'il utilise pour planter le décor et rendre l'atmosphère d'un lieu, d'une scène.C'est qu'il veut coller le plus possible à la réalité et l'environnement détermine pour lui l'être humain.La pension Vauquer, présentée longuement au début du roman, peut effectivement rebuter le lecteur mais il faut persévérer et comprendre que ce lieu est important dans le roman, c'est là qu'habitent au début de l'histoire les personnages essentiels .C'est le point de départ de tout.

Deux éléments surtout me plaisent dans ce roman: tout d'abord, l'analyse très fine et poussée de l'évolution d'un jeune homme ,provincial naïf et qui veut réussir honnêtement, qui se transformera en être cynique et d'une ambition froide, calculée."Je veux travailler noblement, saintement; je veux travailler jour et nuit, ne devoir ma fortune qu'à mon labeur", se disait-il au début, à son arrivée à Paris. Vautrin, cet homme au passé mystérieux lui conseillera ensuite de se dégager de ses valeurs morales s'il veut s'élever socialement.Ce qu'il finira par faire, effectivement.

J'ai apprécié aussi la façon dont Balzac nous fait découvrir la passion immodérée et dévorante que le père Goriot éprouve pour ses filles.Ce personnage laborieux, économe à l'extrême ne vit que par elles et il est prêt à tout pour les contenter.Et aucune reconnaissance ne lui sera donnée en retour.C'est un être qui souffre et n'est jamais reconnu.La description de sa chambre à la pension Vauquer est en elle-même le symbole de toute son existence: "L'aspect de cette chambre donnait froid et serrait le coeur, elle ressemblait au plus triste logement d'une prison."La prison de ce père, ce sera l'indifférence de ses filles, leur non-amour.

Balzac mènera le plus jeune aux sommets et le plus vieux descendra aux Enfers.

La conclusion de cette histoire, je la laisse à la comtesse de Beauséant, s'adressant à Eugène de Rastignac: "Le monde est infâme et méchant.Eh bien !monsieur de Rastignac,traitez ce monde comme il mérite de l'être".Message bien pessimiste, à l'instar de ce roman puissant et sombre.




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