Une cinquantaine d'historiens, philosophes et spécialistes des sciences politiques français et étrangers, 2 tomes, 54 chapitres, 2 500 pages et une triple ambition : « montrer que la guerre [qui débuta en 1937 avec l'invasion de la Chine et s'acheva en 1947 avec les derniers traités de paix] s'est étendue au monde entier », « que ce processus a modifié les catégories et les représentations de l'espace et du temps » et que la guerre fut « un monde en soi ».
Pour ce faire, cette très vaste étude, qui est assurément la plus exhaustive et la plus éclairante qu'il m'ait été donné de lire à ce jour, s'articule en quatre parties, selon « une structure feuilletée où se mêlent [les] différents niveaux de perception des événements, d'appréhension de leur sens profond, d'intelligence du mouvement général » :
- « “Faire la guerre”, ou la manière politico-stratégique de concevoir et de mener les opérations »
- « “Inventer la guerre”, ou les formes que revêtirent les manières de faire la guerre idéologico-militaire »
- « “Vivre la guerre”, ou les manières d'habiter le monde quand celle-ci fait perdre toute évidence aux expériences les plus ordinaires de la quotidienneté »
- « "Hériter de la guerre", ou comment, grâce à elle, notre monde le plus contemporain rompt aujourd'hui encore avec un système international séculaire qui était contrôlé, de 1515 à 1945, par un club de quelques puissances européennes »
Autrement dit, « La guerre-monde », à la fois histoire globale, périple planétaire et réflexion sur le monde en guerre et le monde né de la guerre, nous entraîne, au gré des contributions de son collège d'auteurs, de la prise de Nankin au lâcher de la bombe atomique, d'Auschwitz aux jungles birmanes, de Stalingrad à Manille, des bunkers aux caves, des salles de torture aux maquis, du racisme étatique aux générosités individuelles, des laboratoires aux ministères de l'économie, des choeurs des églises aux organisations internationales, des filières d'évasion aux routes de l'exode et de l'immigration, des ateliers aux domiciles, des champs aux marchés noirs, des camps de jeunesse aux lieux de la nuit, des programmes scolaires aux salles de cinéma, des derniers chevaux aux premiers moteurs à réaction, de l'impérialisme aux décolonisations, de la soumission des femmes à leur prise d'armes, du défaitisme des uns à la révolte des autres, des exécutions sommaires aux procès de Nuremberg et de Tokyo, de la SDN à l'ONU, du laissez-faire aux politiques sociales, d'une époque révolue à la période contemporaine…
Un travail monumental et lumineux qui fera assurément date dans l'historiographie de la Seconde Guerre mondiale.
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Le livre «1937-1947: La guerre monde tome 1» a comme projet ambitieux de survoler l'histoire de la Seconde Guerre mondiale en l'insérant dans une histoire plus globale. En effet, en prenant comme point de départ l'attaque de la Chine par le Japon, les différents contributeurs ont comme volonté affichée d'analyser la guerre en se défaisant du carcan traditionnel où l'Europe est à l'honneur.
Le livre aborde donc les aspects plus connus de la guerre comme les principales batailles, la bombe atomique, l'effondrement de la France, etc. Mais le livre amène de réels informations sur des aspects peu connus tel que l'influence de la Seconde Guerre mondiale sur l'Amérique latine.
Toutefois, l'analyse reste très européocentriste en donnant une plus grande importance aux différents théâtres et belligérants européens. Nous aurions bien aimés abordés plus longuement l'apport des autres nations tel que le Canada, considéré comme une colonie. Toutefois, il est à rappeler que le Canada devint une nation à part entière en 1931.
Toutefois, le livre est intéressant par le nombre et parfois la complexité des informations que l'on y retrouve.
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Des analyses inédites sur le conflit planétaire le plus meurtrier à ce jour.
Lire la critique sur le site : Liberation
MODERNITÉ TOTALITAIRE
Pendant les années de l'entre-deux- guerres, la modernité politique prit le visage du totalitarisme. En août 1939, le pacte germano-soviétique sembla soudainement légitimer ce concept apparu en Italie pendant les années 1920, puis intégré dans le lexique politique occidental, dont le statut demeurait cependant encore incertain.
En novembre 1939, l'American Philosophical Society organisa à Philadelphie, sous la direction de l'historien Carlton Hayes, le premier colloque international consacré à ce thème.
Protester, résister, manifester...Que retenir de la Résistance pour demain ?