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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Voici un beau livre reposant où il ne se passe rien et poutant...
Muriel, Anne et Florence, trois femmes d'aujourd'hui, la cinquantaine , enseignantes ,se retrouvent dans une grande maison de campagne , isolée, sans piscine , ce que déplore Florence, la parisienne.
A Paris, en cette fin d'été" le ciel du soir était couleur soufre, on s'empoisonnait, ici, dans l'Ouest de la France, en pleine campagne l'air était pur. ..."
On aurait pu se croire au dix- neuvième siècle et l'immobilité de la campagne faisait peur à Anne et Florence et les étouffait sauf que dans ce merveilleux décor de campagne, écrasée de chaleur , l'orage menaçait ..
Elles se sont connues en Fac, au Quartier latin ---- la conversation tourne autour de ces années - là-----les années de leur jeunesse ...celles des années 80---où elles avaient suivi les cours de Boulis , leur prof de litterature, dont Anne était amoureuse ....leur année commune en Fac avait pour sujet essentiel : " L'Education Sentimentale " d'où le titre de l'ouvrage....
L'auteur tisse une oeuvre délicate , pétrie de mélancolie, cerne leurs émotions anciennes , disséque à la loupe et de belle maniére leurs souvenirs communs, leur voyage en Italie , sac au dos , et short désuet, ...montre à mots feutrés au sein de ce huit clos de plein air , leurs réussites et leurs échecs, leurs destins qui se croisent et se parlent ....
Elles perçoivent avec acuité le temps qui passe,partagent leurs anciennes photos de vacances , leurs premières amours, les cours , les profs , les amis disparus, les rêves abandonnés , leurs chagrins, s'observent en silence, se jaugent , cachent certaines choses...
Iront- elles au delà de leurs souvenirs ?
Le temps du bilan viendrait-il?
L'orage vient avec la tombée de la nuit tandis qu'Hugo, , dernier fils de Muriel s'entretient avec sa petite amie aux USA sur Skype, il parle des amies de sa mére: "Deux Vioques plutôt sympa " ...
Quand l'ancien monde rencontre le nouveau monde ......
Au final, une langue subtile et nostalgique sur fond de campagne en toile de fond ., riche en émotions fugaces ....

Une belle oeuvre, fine, à la psychologie ciselée , un calme moment de lecture bien agréable
Je ne connais pas l'auteur .


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Elles ont cinquante ans, elles étaient à la fac ensemble et elles se retrouvent une journée d'été chez l'une d'entre elles pour parler du passé…
Moi, je lis ce petit résumé, je me jette littéralement sur le livre.
1. Parce que j'adore les romans où il ne se passe rien ou pas grand-chose, où les personnages sont autour d'une table et discutent. Rohmer n'est plus, c'est dommage, c'eût été un bon scénario de film pour lui.
2. J'aime la dimension théâtrale de ce roman qui a un petit air tchékhovien…
3. Les personnages me ressemblent - c'est un peu nombriliste mais tant pis, j'assume - je m'imagine très bien passer un été sous un arbre à discuter de tout et de rien avec les copines de toujours. Si vous ajoutez lectures et baignades, vous m'offrez le paradis…
En plus, la fac qu'elles ont fréquentée est la mienne, les cours qu'elles ont suivis ont été les miens à peu de chose près, les livres qu'elles ont lus et qui demeureront à tout jamais leurs références sont aussi ceux sur lesquels je m'appuie pour juger les autres (Flaubert, eh oui, toujours Flaubert…), elles sont enseignantes, comme moi (que faire d'autre après des études de lettres modernes???) Bref, j'ai lu ce roman comme on se regarde dans un miroir. C'est confortable, on a l'impression d'être précisément sur la même longueur d'onde que l'auteur, d'avoir le même vécu. de piger le plus petit sous-entendu. Pas besoin de notes en bas de page. Et surtout… on a...
4. le même humour ! Car, oui, c'est très drôle ! Imaginez le personnage de Florence qui débarque de Paris, scrute la campagne avec un léger dégoût, déteste les mouches qui piquent et les maisons qu'on ne ferme pas à clef la nuit, déplore l'absence de piscine (il fait très très chaud, l'orage se prépare), s'inquiète de la trajectoire des avions au-dessus de sa tête « Muriel, tu dois être sur le tracé d'une route aérienne. Ce n'est pas gênant ? C'est embêtant quand même d'être sur le tracé d'une route aérienne. Vous y avez pensé quand vous avez acheté votre maison ? Moi, ça m'aurait fait réfléchir. », repense aux soirées en Italie avec son mari « Pourquoi manges-tu tant de pain ? Il y a des pâtes. Tu n'as pas besoin de pain avec tes pâtes », déplore les tatouages sur le corps de son beau-fils...
Je vous promets, mes copines ne sont pas aussi chiantes ! Quoique... (je plaisante...)
Et puis, il y a Muriel, celle qui reçoit, qui a fait la salade ananas-crevettes-avocat (hum, faudra que j'essaie…), elle ne va pas fort… « Mais quelquefois, je reconnais, j'ai envie de marcher ailleurs. Ouvrir le portillon et partir, juste partir, il y a des tas de petites routes dans le coin que je ne connais pas et qui sont près d'ici, des routes que je n'ai pas prises. C'est drôle. On vit quelque part des années, et on ne sait pas vraiment où on vit. »
Pauvre Muriel, on a juste envie de la prendre dans ses bras et de la réconforter…
Enfin, il y a Anne, la discrète, celle qui a réussi sur le plan professionnel, est devenue prof de fac. Bon, sentimentalement, il y a des hauts et des bas…
Autrefois, (c'est bien le mot qu'on emploie, non, pour parler du passé quand on a 50 ans?), donc autrefois, elles avaient suivi le cours de Boulis sur l'Éducation sentimentale…, l'amphi n'était pas chauffé mais qu'est-ce qu'elles n'auraient pas fait pour assister au cours de Boulis (d'ailleurs, Anne était amoureuse de lui...)
Autrefois, en 81…, 1900…, elles étaient allées en Italie ensemble… Les souvenirs sont là… La nostalgie à fleur de peau…
Depuis, « elles avaient des milliers de fois mis la table, débarrassé la table, secoué les miettes, mis la vaisselle dans la machine, fait cuire du bifteck, acheté du Sopalin. »
Comme c'est étrange, ça me dit quelque chose tout ça, une impression de déjà vécu… Ah, vous aussi ?
Depuis, elles avaient pris conscience que « ces hommes grisonnants qui calculaient leurs points de retraite et qui ressemblaient à leurs oncles étaient leurs maris. »
Depuis, elles ressemblaient de plus en plus à leurs mères (enfin, c'est ce que disaient leurs maris pour être méchants). Mais c'était vrai.
C'est le fils de Muriel qui aura le dernier mot de l'histoire : il appelle par Skype sa petite copine qui est à l'autre bout du monde et lui dit : « J'ai passé la soirée avec des amies de maman, deux vioques plutôt sympas. »
Bon, si on reste sympa même en étant « vioque », c'est déjà pas mal, hein ?
Faut bien se consoler comme on peut...
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Une presqu'île ou « le concept n'est rien d'autre que le résidu d'une métaphore » Nietzsche

J'y ai retrouvé l'atmosphère De Maupassant dans ses nouvelles de « l'Adieu » et dans « le bonheur » des "contes du jour et de la nuit". Chacune d'elles se conjuguait merveilleusement bien pour offrir ce que l'on ne devine pas juste en lisant des mots les uns derrière les autres. Il faudra au lecteur la puissance de la réflexion, la capacité de s'abstraire des contingences matérielles des « mots sans mémoire » pour envisager les idées comme l'affirmait déjà Camus « la philosophie n'est rien d'autre que des images mises en roman » et ainsi faire jouer son regard critique dans la création littéraire. Dans « l'Adieu » De Maupassant , nous devions percevoir le temps qui passe et surtout efface , vieillir c'est toujours finir par s'en remettre à Dieu et renoncer à l'amour ici-bas dans son éternité d'autant plus qu'il se transfigure/défigure dans la descendance ou dans son absence.

Que retenir de la définition du bonheur présentée ici ? Dans sa nouvelle « le bonheur », Maupassant propose une définition différente selon les êtres mais avec cette faiblesse essentielle en son coeur qui s'opère et se réalise, par la concrétisation du choix. Ce libre arbitre que nous ne possédons pas toutes selon que nous ayons été enlevées, happées par l'amour ou que nous ayons choisi nos destins méticuleusement avec l'ambition de durer envers et contre tout …ce petit roman fait la distinction, crée « la ligne Maginot », celle que vous trouverez sera peut-être celle de Flaubert , qui relira «l'Éducation sentimentale » dans le bon sens pour une fois en commençant par le début s'il vous plaît …

Ce petit roman est un bijou aussi rare qu' exceptionnel autant que "l'heure exquise" , autre roman de Dominique Barbéris cherchant en vain à retenir cet instant magique de la vie qui de toute manière était voué à l'oubli sans cette trace écrite …si vous avez vécu ce moment crucial d'un instant d'amour dont vous pourriez avoir la tendresse de vous souvenir, alors vous aussi , n'oubliez pas de vous dire que vous êtes heureuse malgré tout !

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Nous sommes au mois d'août dans la campagne française par une journée de canicule. Muriel a invité deux de ses amies pour un séjour de retrouvailles.

Dès les premières phrases je me suis sentie bien dans ce livre.
Un quai de gare désert dans la campagne française, 2 voies, quelques trains par jour et me revoilà dans mes Ardennes natales à attendre un TER.
Et puis l'atmosphère, un jour de canicule qui va tourner à l'orage.

Les 3 amies se remémorent leurs 20 ans. Où est passée cette vie qui leur tendait les bras ? Ou sont leurs rêves ? Ou sont nos rêves ?

Challenge Riquiqui 2023
Challenge solidaire 2023
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Acheté sur la foi de la critique de "la Vie" (lien) : c'est un petit livre, 3 amies vingt ans après dans un jardin,à la campagne la nuit tombe, le paysage d'été est omniprésent, l'ombre de vaches ressemble à des baignoires, l'orage approche, les langues se délient, on se souvient de la musique des années 70, des shorts.. on se croirait sur scène avec des dialogues délicats et précis. Trois destins qui se croisent, se parlent, se confrontent au jeune fils de l'hôtesse qui vit dans un autre monde en déambulant parmi elles. Et comme dans tout huis clos, l'orage arrive et libère les paroles, avec des fulgurances dans une très belle langue qui dit le temps qui passe, comme dans leur cours sur "l'Éducation sentimentale" qu'elles suivaient à la fac.
J'ai été intéressé de voir ensuite l'entretien donné par l'auteur sur Web-TV qui a été mis sur le site Babelio : merci

Lien : http://www.lavie.fr/culture/..
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Il faut se laisser prendre au charme vénéneux des romans brefs de Dominique Barberis, où rien ne se passe vraiment, des instants, où rien ne ressort véritablement, des détails, des souvenirs isolés, des sortes de lumières lointaines, des étoiles peut-être ou des loupiotes de bateaux dans un port allez savoir, jusqu'à ce que nous nous rendions compte que ces riens, ces instants, ces souvenirs et ces détails forment la trame lâche de nos vies, incertaines, peu et mal vécues, indéchiffrables

- « tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent/ pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne », on se croirait dans Alcools d'Apollinaire.

L'année de l'éducation sentimentale, vers le début des années 80, avait réuni à La Sorbonne trois jeunes étudiantes Anne, Florence et Muriel. Elles étaient amoureuses d'un professeur, Boulis, elles s'asseyaient au premier rang, Boulis « un mélange très normalien d'académisme et de gouaille » qui zézayait et qui consacrerait sa vie « façon de parler » au roman de Flaubert.

Elles se revoient trente ans après, deux jours de fin août, chez Muriel, dans sa grande maison à la campagne. Elles se sont perdues de vue, elles ne retrouvent pas leur complicité enfuie, leurs conversations font des zigzags, s'interrompent soudain. La chaleur de l'été brûle tout. Elles ont des secrets, des souvenirs qui remuent. Un orage tourne, qui finit par percer, une révélation aussi, c'est la fin du livre.

Boulis dit de l'Education sentimentale : « Rien n'arrive. Pas de sujet. Rien de décisif, la vie, n'est-ce pas, la vie... ».

L'année de l'éducation sentimentale est très réussi, très mélancolique, très vrai, la vie, n'est-ce pas, la vie. Il serre le coeur.
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Lu après l'article de l'Obs du 22 février ("Un été avec Flaubert" noté ***), que je ne parviens pas à afficher en ligne (j'ai mis la référence); j'avais déjà lu "La ville" et c'est très différent (j'avoue avoir été attiré par la référence à Flaubert)
3 amies de fac se retrouvent dans la campagne de Clisson, dans l'ouest de la France. Deux arrivent en train chez la dernière; urbaines, elle découvrent la maison de de leur hôte, s'installent dans le jardin pour dîner, partagent des photos retrouvées des vieilles vacances en Italie et des premiers amours, se remémorent les années de fac, les cours, les profs et parlent tour à tour de leurs vies, de leurs chagrins, des attentes. La nuit s'installe, tandis que déambule le jeune fils de l'hôtesse qui rêve d'un autre monde et communique avec sa petite amie aux US par Skype... l'ancien monde cohabite avec la jeunesse et l'envie en l'admirant. C'est très dialogué et pourrait être facilement adapté au cinéma ou au théâtre, la langue est très subtile, avec sans arrêt le paysage de campagne en toile de fond qui constitue le 4ième personnage.
C'est la vie même, telle que Flaubert la saisit.
Lien : https://www.epresse.fr/magaz..
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