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EAN : 9782748530568
224 pages
Syros (25/08/2022)
4.03/5   54 notes
Résumé :
Qui aurait pu prévoir qu'ils étaient capables de tuer ? Le nouveau roman choc de Patrick Bard.

Février 2021 : le corps d'un jeune fille de quatorze ans est retrouvé dans la Marne. Ses meurtriers, identifiés très vite, sont deux camarades de classe. Une fille et un garçon qui ne semblent pas conscients de la gravité de leur acte et invoquent des mobiles inconsistants. Entre addiction aux écrans, haine déversée sur les réseaux sociaux, harcèlement et c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Un soir d'hiver, le corps de la jeune Louna est retrouvé au fond de la Marne. La jeune fille de 15 ans a été violemment frappée avant d'être jetée à l'eau. Très vite, les responsables de ce crime sont désignés. Il s'agit de deux autres adolescents, Emma et Enzo, tous deux des camarades de Louna au collège.

En matière de littérature ado, Patrick Bard aime beaucoup traiter des phénomènes de société qui touchent les jeunes. Qu'il s'agisse de "Le Secret de Mona" ou bien de "POV, Point of view", il décrit les faits, s'intéresse aux différents protagonistes de chaque scénario et donne toujours à voir une situation ultra réaliste sans jamais porter de jugement. C'est également le cas pour "Dopamine".
Ce roman qui s'inspire d'un fait divers survenu en 2021 en France met en avant l'addiction aux réseaux sociaux ou aux jeux en ligne des jeunes et ses conséquences parfois dramatiques. Déconnexion du monde réel, isolement et repli sur soi jusqu'au cyberharcèlement où caché derrière un écran, on se croit tout puissant.... Patrick Bard révèle surtout comment cette addiction se met en place en créant une dépendance et un plaisir toujours plus croissant chez l'utilisateur. Au fil des chapitres qui alternent les différents points de vue des personnages - le juge, les parents, les adolescents -, le lecteur suit donc l'escalade qui va débuter sur le meurtre final, tout en essayant de comprendre, comme le juge, comment deux ados peuvent en arriver à une telle extrémité.
Justement, si ce roman fait froid dans le dos, il faut avant tout se replacer dans le contexte des événements, ce que Patrick Bard prend bien le temps de faire en revenant sur le passé respectif d'Emma et Enzo, des ados à la dérive dont la vie est loin d'être rose, et notamment sur la période de la Covid-19 où beaucoup de jeunes, par ennui et par désoeuvrement lors du confinement, ont trouvé une échappatoire dans les réseaux sociaux pour garder un semblant de vie sociale. On le sait, tous les ados accros aux réseaux ne deviennent pas des assassins en puissance (!) mais certains éléments permettent de mieux cerner les profils psychologiques d'Emma et Enzo qui ont chacun un bagage familial, scolaire et social compliqué.

Comme d'habitude, Patrick Bard nous propose une histoire où le lecteur est très vite embarqué et des thèmes sujets à discussion avec les ados.

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Au départ, il y a un fait divers bien réel dont la presse nationale s'est fait l'écho : deux ados qui provoquent la mort d'un troisième. Ensuite, il y a la volonté de Patrick Bard de chercher à comprendre comment l'impensable à pu se produire et comment on devient, à seulement 15 ans, un meurtrier. Enfin, il y a l'envie d'explorer à nouveau une thématique actuelle mais encore trop peu explorée dont Patrick Bard à le secret, lui qui est déjà l'auteur de POV ( sur la cyberaddiction au sexe ) , Et mes yeux se sont fermés ( sur l'embrigadement) ainsi que le Secret de Mona ( sur la pauvreté, la précarité, l'isolement social). La dopamine, c'est ce petit « shoot de plaisir » que l'on reçoit quand on surfe sur Internet, réussit une mission dans un jeu vidéo ou lorsque quelqu'un like une de nos publications sur les réseaux sociaux, c'est ce à quoi Emma et Enzo, personnages principaux de Dopamine, étaient, insidieusement, devenus accros.

Le lecteur est au côté du juge Romain Ségara qui a en charge cet épineux dossier. Au fil des interrogatoires de l'entourage d'Emma et Enzo et des flash-back, l'homme de loi remonte le fil, découvre un univers qu'il maîtrise mal et cherche à comprendre ce qui a bien pu se passer dans la tête des deux adolescents. Deux portraits, très différents se dessinent peu à peu. D'un côté, Emma, une jeune fille élevée par une mère célibataire et qui a fait plusieurs passages par des foyers, accro aux réseaux sociaux et en quête perpétuelle d'une validation sociale. de l'autre, Enzo, un ado lui aussi élevé seulement par sa mère, passionné par les jeux vidéos et qui faute de parvenir à nouer des amitiés réelles, va devenir accro à une application permettant d'avoir une petite amie virtuelle… Deux ados isolés, solitaires, cibles faciles des pires aspects du numérique que le confinement lié au covid-19 va venir exacerber.

Dopamine pointe les dérives, les excès de l'usage de certaines applications et les raisons qui font que certains tombent dans l'addiction avec tous les risques que cela comporte : la perte des repères, de la distinction entre le bien et le mal, entre le réel et le virtuel, entre les sentiments et les chimères du numérique. Si l'acte d'Emma et Enzo est impardonnable, Patrick Bard semblent les considérer comme les victimes des attentes et enjeux de la société actuelle. Des ados perdus qui n'ont pas tous les codes et qui n'ont pas vu qu'ils devenaient de plus en plus extrêmes, des ados incapables de comprendre le poids et les conséquences de leurs actes. En effet, le lecteur comprend très vite qu'Emma et Enzo ne sont pas des meurtriers en puissance. Au contraire, Patrick Bard montre avec finesse comment chacun à pu basculer, sournoisement, de l'amitié au harcèlement et à la violence, de l'amour à la volonté de tuer.
Lien : https://www.lirado.fr/dopami..
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Un juge d'instruction prend en charge sa nouvelle affaire, sordide : le corps d'une jeune fille de 14 ans, Louna, est retrouvé dans la Marne. Deux adolescents de son entourage, Enzo et Emma, sont très vite identifiés comme étant les auteurs de ce meurtre. Mais le juge d'instruction est déstabilisé par leur désinvolture et leur indifférence face à l'atrocité de ce qu'ils viennent de commettre. Il creuse donc les interrogatoires, renouvelle les témoignages, pour comprendre et identifier les moindres rouages qui ont mené à cette issue dramatique.

Le récit est constitué d'une mosaïque de voix, du point de vue de chacun des personnages impliqués : le juge d'instruction, bien sûr, les deux adolescents, d'autres amis ou connaissances de la jeune fille assassinée, les parents des uns et des autres, désemparés face à la violence de ce fait divers qui les touche.

On comprend petit à petit que les deux adolescents sont complètement perdus, déconnectés de la réalité. Louna était brillante, solaire, attirante, et s'était rapprochée d'Enzo d'abord, avec lequel elle avait eu une histoire, puis d'Emma, dont elle était devenue proche. Enzo et Emma, de leur côté, connaissant des situations familiales difficiles, voire dramatiques en ce qui concerne Emma, glissent sans s'en rendre compte dans la paranoïa et finissent par détester tout ce qui rend Louna si captivante. Leur haine grandit, s'alimente dans la spirale des réseaux sociaux, jusqu'à ce qu'Enzo et Emma décident de tuer Louna et d'élaborer froidement leur plan macabre.

Pourquoi Dopamine ? Parce que le principal coupable identifié de cette dérive se niche au coeur des failles de notre société moderne, dont les réseaux sociaux, et des dérèglements émotionnels qu'ils peuvent provoquer. Finalement, peut-être que si les deux adolescents sont incapables de mesurer l'horreur de ce qu'ils ont fait, c'est un peu parce que la société a permis leur dérive : parents dépassés, institutions incapables d'une prise en charge humaine et bienveillante d'Emma, accessibilité sans limite aux paradis artificiels d'Internet …

Comme dans le Secret de Mona, Patrick Bard embrasse un sujet actuel qui concerne les adolescents, plus précisément un fait divers récent. L'écriture est fluide, le rythme soutenu, l'alternance des narrateurs est intéressante, même si par moments on passe un peu trop de temps avec l'un ou l'autre des personnages.

Une déception cependant : le début du livre nous promet de décortiquer les rouages de ce drame du point de vue judiciaire, et le fait d'en démarrer la narration par les yeux du juge d'instruction place le lecteur dans l'attente de la découverte des détails du processus d'une enquête pour meurtre. On s'attend à se glisser dans le secret de l'instruction, et on est déçu par conséquent de retrouver, après un premier tiers du récit effectivement rythmé par l'enquête, une narration plus classique centrée sur Emma et Enzo, délaissant le bureau du juge pour un récit plus conventionnel.

Public : 3ème, Lycée
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J'avais découvert Patrick Bard avec son roman La Frontière... uppercut à l'estomac, avec l'histoire, qui prend aux tripes, de jeunes ouvrières exploitées par les grandes firmes mondiales et retrouvées sauvagement assassinées. Puis, le secret de Mona, l'histoire d'une jeune fille prête à tout pour ne pas être séparée de son frère. Vous l'aurez compris Patrick Bard écrit sans concession. C'est direct, taillé à la serpe, sans complaisance pour les nantis et les puissants, l'auteur est dans le vrai. Et c'est pour cela que j'aime son style et les histoires qu'il nous raconte.

Nous sommes en février 2021. le corps de Louna, une jeune fille de 14 ans est retrouvé dans la Marne. le visage tuméfié, le corps bleui par les coups répétés reçus, la piste s'oriente très vite vers deux de ses "camarades" de classe. Une jeune fille Emma et Enzo qui semblent complètement détachés de la gravité de leur acte. Romain Segara, le juge d'instruction chargé de l'affaire, décide d'aller au bout de son enquête pour tenter de cerner ce qui a pu pousser les jeunes gens à commettre l'irréparable. Ce qu'il va découvrir au fil de son investigation va bien au-delà de tout ce qu'il aurait pu imaginer. Que ce soit l'addiction totale aux écrans, à la haine que les jeunes déversent si facilement sur les réseaux sociaux... il n'y a qu'un pas (et il est vite franchi) vers le harcèlement... Que ce soit par des mots, des photos compromettantes ou des rumeurs qu'aucun jeune ne prendra même la peine de vérifier.. Ces calomnies, vexations et humiliations en rafale mettent bien à mal le moral et le mental des jeunes gens qui vivent toute la journée en vase clos dans les établissements. Et, de plus, ils connaissent très bien les façons de dissimuler tout cela aux adultes, que ce soit leur parents ou le corps enseignant. Dès lors, la question est posée.. "Et si quelqu'un s'était rendu compte de la situation, la mort de Louna aurait-elle pu être évitée ?"

Patrick Bard ne se place pas du tout dans le jugement. Bien au contraire. Dans son roman il retrace le parcours d'Emma et Enzo. Pas à pas, en nous tenant par la main, il nous décrit leur situation familiale, ce qu'ils ont vécu et tente avec nous de comprendre ce qui a pu mener ces deux jeunes gens à l'irréparable. Enzo et Emma sont deux êtres élevés par leur mère. Chacune, seule pour élever son ado, fait de son mieux, travaillant beaucoup pour subvenir à leurs besoins. Une enfance difficile donc ? Oui, certainement, pour Emma qui a dû passer du temps en foyer quand sa mère était souffrante et pas en état de s'occuper d'elle. Mais cela peut-il expliquer ce qu'ils ont fait ? L'auteur nous parle du confinement qui a placé les deux ados dans une bulle, dans une sorte d'univers qui leur est propre, faisant se developper une réelle dépendance l'un vis à vis de l'autre, une addiction là encore, mais différente. Louna, de par ce qu'elle représente, travaillant bien à l'école, très jolie, toujours disponible pour aider quelqu'un ferait forcément figure de "bouc émissaire"? La tête de turc d'Emma et Enzo qui verraient en sa gentillesse et empathie une façon hautaine de se comporter, de les mépriser ? Eux qui sont loin de briller en classe. Eux, les parias, laissés pour compte, ceux avec qui personne ne veut s'afficher ? Là encore, même si l'on se rend compte de la situation, cela n'explique pas tout et surtout cela n'excuse pas tout. Comment deux êtres peuvent-ils en supprimer un troisième ?

Une autre tentative d'explication se profile à l'horizon : je vous laisse découvrir le pourquoi du titre.

J'ai beaucoup aimé ce roman pour ce qu'il montre, il nous permet d'ouvrir les yeux sur des situations hélas bien trop nombreuses. L'histoire de Louna n'est, hélas, pas la seule, les chaînes d'infos en continu se faisant un devoir de nous en relater le moindre nouveau cas chaque jour, chaque semaine. Et si, grâce à ce roman l'auteur permettait à des élèves de prendre conscience que ce qui se passe autour d'eux n'est pas normal et d'en parler à leurs parents ou à l'autorité compétente ? Et si ce roman permettait d'éviter à une autre Louna de perdre la vie, à 13 ans, d'une aussi sordide façon ?
Lien : https://mgbooks33.blogspot.c..
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Il aurait fallu tant de choses qui dépendaient du monde des adultes …
Inspiré d'un terrible fait divers, ce roman met en scène de jeunes adolescents qui ont frappé puis poussé dans la Marne une de leurs camarades de classe. Comment ont-ils pu en arriver là ? L'auteur ne prétend nullement apporter des réponses mais, en se plaçant de l'autre côté du miroir, il apporte des éléments pour cerner au mieux l'évolution des personnalités et l'engrenage qui s'est mis en place avant ce meurtre.
Ce sont des collégiens qui partagent des cours, des sorties, des confidences, des mensonges, des moqueries, enfin bref, des ados comme on en rencontre tous les jours. Quelques-uns ont des « casseroles », des passages de leur vie où ce n'était ni rose, ni facile … Les professeurs les connaissent et observent de loin les amitiés et les amours qui se font et se défont. Tout cela reste très banal, des quotidiens ordinaires comme il y en a dans de nombreux collèges.
Et puis, un jour, c'est le drame. Louna est retrouvée noyée. Enzo et Emma, deux amoureux sont les coupables. Pourtant Louna et Emma étaient proches, Enzo avait même eu un début de relation avec Louna. Personne n'a rien vu venir, personne ne sait ce qui a pu les pousser à un tel acte.
Romain Segara, père d'une jeune fille du même âge, juge d'instruction, mène les interrogatoires et par ses questions, son attitude, il espère avoir des réponses. Il se heurte au silence des amants, qui chacun de leur côté, se murent dans le silence. Cet homme plonge les mains dans le cambouis de la détresse humaine. Il va questionner des amis, la famille, des responsables de l'établissement scolaire et petit à petit, le lecteur cerne comment l'impensable a pu voir le jour.
L'épisode COVID a modifié les liens, augmentant le virtuel, donnant une énorme place aux réseaux sociaux et changeant les rapports humains. Chacun essayant de combattre sa solitude, avec ses moyens, parfois en trichant pour rencontrer malgré tout les potes. Ensuite il a fallu revenir à la norme, découvrir comment les amitiés ont évolué pendant cette période. Enzo et Emma qui se sont rapprochés, s'aiment d'un amour fou qui les isole, les coupe des autres. Ils interprètent chaque geste, chaque sms, font « monter la mayonnaise » de la haine…. Réalisent-ils vraiment ce qu'ils ont fait ? Ont-ils conscience de la brutalité de leur geste ?
Dopamine, la molécule du désir. « Cette molécule essentielle, mais aussi celle du jamais assez, du toujours plus ». Est-ce que c'est la « chimie » qui les a entraînés vers l'horreur ? Est-ce qu'en se nourrissant de violence, ils ont augmenté cette inimitié, leur ressentiment jusqu'à une soif de vengeance inarrêtable ? A chacun des lecteurs de se faire son opinion….
C'est un livre bouleversant. Je l'ai trouvé très juste. L'écriture est parfaitement adaptée aux pensées ou paroles des protagonistes. le « parler » jeune est réaliste lorsque ce sont les adolescents qui s'expriment et si le juge réfléchit, on voit que ce n'est pas superficiel, il fait tout pour cerner les individus, les faits. L'auteur a su équilibrer tout ce qu'il présente et j'ai vraiment apprécié cette lecture.


Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Toutes les minutes, elle retournait consulter son écran, toutes les minutes, elle y découvrait de nouveaux messages, de nouveaux posts. C'était comme une drogue, elle ne pouvait pas s'empêcher d'aller vérifier encore et encore. Enfin, elle se sentait importante, enfin, elle se sentait exister, enfin, elle se sentait reconnue.
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Sa popularité et son pouvoir, sur les réseaux, ça revenait au même.
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L'oubli, ça existe pas sur les réseaux.
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Vidéo de Patrick Bard
Perluète #07 - interview de l'invité : Patrick Bard, journaliste, auteur, photographe. Quelle que soit sa forme, le travail de Patrick Bard s'inscrit dans la réalité de notre monde. Il a signé en 2020 un essai biographique sur l'américain Piero Heliczer, artiste aussi important qu'oublié, qui vécut dans le Perche, comme lui.
Réalisation : ©appris
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